05 octobre 2008

Un bon petit garçon

Voilà les mots employés par la mère du jeune suspect sur lequel la police à fait feu hier à Montréal et qu'elle reprend en quelque sorte ici. «Mon frère n'est pas un gars comme ça, il n'aurait jamais menacé un policier», a renchéri sa soeur. Peut-être...
Permettez-moi de ressentir un léger doute raisonnable : au cours des 10 derniers mois, Nashwan Abdullah a comparu deux fois au palais de justice pour des affaires d'introduction par effraction dans une église et de possession de stupéfiants. Il était aussi recherché activement pour une tentative de meurtre.
Est-ce là le comportement d'un bon garçon? J'en doute. A-t-il menacé un policier? Peut-être que non. De toute façon, chaque citoyen a droit à la présomption d'innocence. Sauf que je suis sidéré de constater combien de bons petits garçons réussissent à se retrouver là ou il ne le faut pas. Et puis, la présomption d'innocence peut aussi s'appliquer à l'égard de l'intervention qu'ont effectuée les forces de l'ordre dans le présent.
D'ailleurs, c'est à peu près les mêmes mots - un bon petit garçon - qu'emploient les parents d'un jeune qui tue des innocents alors qu'il conduit une voiture à haute vitesse sous l'effet de l'alcool.
À cet égard, l'entrevue qu'accordait Guy Lafleur à propos de son fils a ceci de touchant qu'il ne considère pas ce dernier comme un individu innocent, mais comme un jeune qu'il a parfois négligé et dont le comportement doit être compris sans être excusé. Rien n'est noir, rien n'est blanc.
Toujours est-il que, depuis quelques semaines, on remet beaucoup en question le comportement des forces policières montréalaises. Ces dernières useraient d'une force démesurée et tireraient à vue de jeunes innocents. Come on!
À un moment, il va falloir relativiser les choses. Sinon, à force de critiquer un peu trop rapidement le travail des agents de la paix, ces derniers vont finir par constamment avoir peur d'intervenir alors qu'on leur demande de réagir dans des situations ou l'erreur existe. Qui veillera alors au respect de la loi? Les gangs de rue, la mafia, chaque citoyen avec un .22 tronçonné?
Les policiers font des bourdes et je ne suis pas un fan de certaines de leurs méthodes d'intervention. Le cas Parasiris en est un bon exemple. Se croyant victime d'une invasion de domicile alors qu'il s'agissait en fait d'une opération policière, cet homme, qui n'a rien d'un saint, a tué un policier engagé dans cette arrestation mal organisée.
Dans mon esprit, il était évident dès le départ que le prévenu devait être acquitté. Et ce n'est pas par sympathie pour ce dernier puisque j'ai côtoyé sa femme qui est policière dans mon secteur et j'ai vu à quel point elle était dévastée par cet incident.
Les policiers feront sûrement encore des abus, des erreurs qu'il conviendra de dénoncer. Mais de là à ce que chaque jeune soit un petit saint, il y a un limite. Aimer son enfant ne signifier pas le défendre envers et contre tous.
Comme enseignant, on connait tous un cas de parent qui refusait de constater à quel point son jeune était à l'origine, au moins en partie, des malheurs qui s'abattaient sur lui. Un parent qui passait du bureau de l'adjoint à celui du directeur, puis à celui du commissaire du quartier.
J'ai connu une situation de ce genre. Un jeune tarla a fait suer mes collègues pendant quatre ans. Il enfreignait tout ce qu'il s'appelle code de vie, ne respectait aucun adulte, mentait comme il respirait, ne faisait aucun effort pour réussir et savait à peine écrire et lire en cinquième secondaire. Ses parents le voyaient blanc comme neige et ont intimidé plus d'un enseignant.
Il a fait trois mois dans ma classe. Puis, il s'est pendu comme un grand avec la corde que je le regardais tresser à chaque cours avec moi. Expulsé après trois mois. C'est le seul jeune dont je me suis réjoui du départ précipité.
Je l'ai croisé, sa mère et lui, alors qu'ils vidaient son casier. J'ai eu droit à une bordée d'injures.
Un bon petit garçon... Une si belle famille si unie... Cela m'a appris à relativiser.

1 commentaire:

bobbiwatson a dit…

Dans le JdeM de ce matin, "La maman croit son fiston". C'est vrai qu'une mère se doit de protéger ses enfants et de les aider dans la vie. Mais elle ne doit pas avoir les yeux fermés sur les comportements de ses enfants parce que ce sont ses enfants! Et le père, il est où?

10/06/2008 8:31 AM