25 octobre 2008

Un décrocheur, ça coûte cher! Et la mauvaise gestion, elle?

Un demi-million, voilà le coût auquel est parvenu l'économiste Pierre Fortin quand on parle de ce que coûte un décrocheur à la société québécoise. Je vous fais grâce des calculs. Toute cette opération mathématique a pour but de légitimer le fait que l'on doive investir davantage en éducation. «Ça nous donne la dimension de la mine à exploiter. Ça vaut la peine d'investir dans l'éducation», croit M. Fortin, en entrevue au Soleil.

Au risque de paraitre iconoclaste, moi, je n'ai pas envie qu'on investisse davantage en éducation. Pourquoi? Parce que le fric ne se rendra pas dans ma classe. ce sera surtout du gaspillage, comme d'habitude. C'est aussi simple que cela. Il se perdra avant. Dans le confort et les avantages de ceux qui auront à le gérer.

Si on demandait à une firme comptable d'étudier les dépenses des CS et des écoles, elle constaterait des choses intéressantes. Par exemple, chez nous, le budget mobilier a surtout été consacré à renouveler les bureaux de la direction. Jusqu'à l'année dernière, le budget peinture a servi à rafraichir les bureaux de la direction, des professionnels et des secrétaires. Les toilettes de notre siège social se sont encore refait une beauté alors que celle de mon école date de 40 ans.

Il y a aussi les comptes de dépenses. Chaque directeur et adjoint a un cellulaire payé par la CS, soir et fin de semaine inclus. D'après vous, en font-ils un usage personnel? Et je ne parle pas des frais de déplacement qui sont toujours calculés comme si l'essence valait 1,50$ le litre... Certains gestionnaires de l'éducation paient leur voiture à force de se déplacer.

Et puis, il y a eu les mauvaises décisions administratives. Un seul exemple à 100$ l'exemplaire. Avec la réforme, les écoles ont dû renouveler les manuels destinés aux jeunes. Quelque $16 000 de manuels inutiles dorment dans un local de mon école pour un cours qu'on ne donne pas. De même, en français, on a dû adopter la politique ministérielle «un élève, un manuel». Il a fallu choisir à la hâte parmi des manuels de qualité moyenne conçus en vitesse sinon on perdait la subvention ministérielle. Résultat: les profs ont acheté des manuels qu'ils n'utilisent plus ou si rarement que cet achat a été un très mauvais investissement. Pendant ce temps, je manque toujours dictionnaires dans ma classe, mais j'ai de beaux manuels tout neufs et quasi inutilisés.

Pensez-vous au mauvais quart d'heure que passerait l'enseignant qui dénoncerait une telle situation publiquement? Davantage de fric en éducation? Non! Davantage une meilleure gestion s'il vous plait.

http://www.cyberpresse.ca/actualites/quebec-canada/education/200810/25/01-32800-un-decrocheur-coute-500-000-a-la-societe.php

10 commentaires:

Anonyme a dit…

Tellement d'accord avec toi...

Je ne suis pas dans le même milieu, mais je partage cette manière de voir. Quand notre syndicat paie le traiteur parce qu'on une réunion, j'ai des boutons. Un lunch persomnnel, ça ne fait pas?

Côté patronal... Des fleurs et des plantes à meubler trois fois ma maison, en plus des traiteurs et tout et tout... pour une inauguration tandis qu'on coupe le personnel et les services essentiels.

Se graisser la pattes, dit-on... Prof masqué, c'est partout pareil.

De plus, dans le cas que tu soulèves, ce qui fait encore plus mal au coeur, c'est comment le bien-être des l'enfant est pris en c...compte...

Zed ¦X

bobbiwatson a dit…

C'est toujours le principe du "bien paraître" qui s'applique! Les parents vont dans les bureaux des directions, ils vont aussi dans ceux des professionnels et voient aussi ceux des secrétaires. Mais,quand les parents vont-ils dans les classes de leurs enfants? Hein?
Quant aux achats sous pression des manuels, c'est au MELS de changer ses règles. C'est sûr que les Loisirs et les Sports ne voient pas la pertinence d'avoir des manuels adaptés! L'Éducation est toute seule de son bord!

Renart Léveillé a dit…

C'est drôle mais je ne réussis même pas à être un minimum sceptique en lisant ce billet...

;)

Le professeur masqué a dit…

Zed: les enfants? Ah oui, c'est vrai. il y a des enfants à l'école.

Bobbi; jamais de visite organisée des toilettes et de certaines classes dégueu. Le «paraitre» et le confort des décideurs.

Renart: y'a comme des choses difficilement contestables.

Anonyme a dit…

Je peux nommer nombre de profs qui "tannés" des murs vert hôpital de leur classe ont peinturé la leur... à leurs frais (peinture et temps). Passer 15 ans dans un local d'une couleur douteuse, je me demande si les gestionnaires l'accepteraient...

la maratre

M. Gronde Lacolère a dit…

bien dit, je ne suis pas dans le milieu depuis longtemps, et je crois que c est la facon dont l argent est géré qui est le probleme. Et on finance l ecole privé tres fortement, comme les ecoles spéciales et les enfants difficiles ser retrouvent entre eleves difficiles.

Anonyme a dit…

La marâtre,

Une idée comme ça... Le vert hôpital : tu en prends un morceau, tu le fais numériser, tu peintures le local du directeur ou de la directrice et ça y est, toutes les classes (plus grandes = plus cher en peinture et en temps) se retrouveront repeinturées en moins de temps qu'il ne faut pour le dire.

Ou ce sera la couleur prison... Mais les couleurs y sont probablement plus joyeuses pour ne pas déprimer les pensionnaires, qui pourraient se rebeller. En fait, pour éviter la sanction, il faudrait que tout le monde s,y mette avec son pinceau. Solidarité rime toutefois avec utopie.

Zed ¦D

Anonyme a dit…

Bonjour à tous,

Je salue votre courage et vous propose cette petite réflexion et mes humeurs toujours perturbés par mon expérience d'enseignant occasionnel dans les 14 dernières années:

Parler d'investir de l'argent avant de parler d'une réflexion approfondie de la zizanie scolaire actuelle, c'est assez bête en effet. Il faut comprendre ce qu'on fait et évaluer des options sérieusement. On aura beau rajouter du gaz dans une bagnole qui fuit... ou qui est en panne même en en faisant le déni, ca n'ira pas plus vite...

Je relisais (et ai réfléchi un peu), parce que j'en ai le temps, je ne travaille pas, le rapport Ouellon et j'ai été frappé par l'absence totale d'analyse de la situation dans ce document. Et on a reconduit 28 ans de réformes inefficaces sans faire absolument aucun effort pour comprendre notre stratégie en matière d'enseignement du français. Non, les experts sans prendre la peine de faire une revue de littérature, c'est à dire un examen de tout ce qui a pu être fait dans la recherche pour analyser ou évaluer ce qu'on fait depuis les années 80, et d'en discuter, ce sont contentés de rappeler des lieux communs (une page pour nous prouver que la difficulté d'écrire ne date pas d'hier, mais bon coudons, puisque tout le monde chiale on va se forcer un peu pour vous pondre une petit quelque chose, reliser l'intro, c'est ça leur analyse) et de passer vite, bien vite aux recommandations attendues... On a reconduit toujours la même soupe en y allant d'ingrédients pour masquer le goût, déjà suggérés par la demande de la cuisto-ministre courtes chaînes (lire attentivement l'intro de ce rapport).

Pourtant, des voix divergentes, il semblent en exister, j'ai croisé un texte d'une didacticienne du français qui parlait notamment de la remise en question des méthodes globales mis en place depuis le tournant des années 80, outrée de ne pas voir elle non plus aucune analyse sérieuse dans le plan Courchesne. Le rapport Ouellon ne rapporte qu'une étude. Ça sert à quoi de faire des sciences de l'éducation, pouvez-vous me le dire, si un comité d'experts est trop paresseux ou pressés d'examiner les études qui pourraient éclairer le débat et fonder son analyse sur autre chose que des dogmes établis?

Comment peut-on faire autant de recommandations sans avoir une connaissance réfléchie du problème?

Non on a répété les mêmes imbécillités: si la stratégie ne fonctionne pas, c'est parce que c'est difficile et compliqué d'écrire, (je vous jure, allez lire ça) et les profs ne comprennent pas encore assez comment aider les jeunes, on va les aider avec des cours, de la formation continue obligatoire, etc. (Je résume, mais c'est tout ce qu'on dit dans ce tas de savants mots bidon).

Voilà l'essentiel de la manière de fonctionner de nos décideurs, du n'importe quoi. Aucune analyse et des solutions pour montrer qu'on fait de quoi et rien ne change...

Le plan Courschesne lui a ajouté en plus 3 stratégies: lecture, dicté, écriture oligatoire par semaine sans fournir aucune preuve de validité de ces outils, néant.

Et nous, on est tous là à se demander d'où sort toute cette intelligence inspirée qu'on va devoir encore une fois intégrée sans comprendre avec peu d'espoir d'avoir réponse à nos interrogations légitimes, comme on nous a passé toutes les réformes.

Vous n'êtes pas tannés de vous faire mener par des connards qui ne connaissent même pas la base d'un processus sérieux de résolution de problème...

Quand le proplème, c'est la solution, rien ne change vraiment. Car on fait toujours plus de la même chose... Le monde de l'éducation aurait avantage à sortir de sa bulle un peu pour être capable de se voir. On n'a aucune rigueur d'analyse, c'est sidérant.

Il faut changer la manière de regarder le problème. Revoir, questionner nos stratégies, de revoir, questionner nos objectifs, de réfléchir à partir de données...
Ça prend un capitaine dans le navire, un commandant de bord, un tête sur les épaules...

A quand les prises de conscience éclairantes et fondés?

Quand on coupe la tête d'une poule, elle continue d'avancer un temps dans tous les sens. Mais elle finit par tomber...

Jonathan Livingston, au large de ce chaos (c'est reposant!)

Claude a dit…

J'ai eu le plaisir de visiter une École Vision récemment et en toute franchise, les classes des élèves avaient l'air aussi confortables -sinon plus- que ceux de la direction.

Quand les parents paient 7,000$ par année (et plus) pour envoyer un enfant à l'école, ça paraitrait mal d'avoir de gros fauteuils neufs pour la direction et des "chaises droites" pour les élèves... alors les élèves ont droit au service "classe affaires".

Mais ce qui me bogue, c'est qu'avec les impôts et les taxes, nous payons collectivement plus dde 7,000$ par année par élève (via le ministère de l'Éducation) et même avec cette somme équivalente à ce que perçoivent les Écoles Vision, nos écoles n'offrent pas le dixième du "luxe standard" de ces écoles d'élite!

Je suis PARFAITEMENT d'accord avec vous et votre article.

Les enfants ne sont pas traités correctement dans les écoles du Québec et il est temps que ça change.

Sylvain a dit…

Juste dénoncer dans les médias ce que j'appellerais "le scandale des manuels scolaires du renouveau pédagogique réformé" ferait toute une bombe, surtout en pleine campagne électorale ;-/

Faudrait faire vite pour écrire l'article !