Dans une entrevue à Dutrizac sur le bulletin unique, Catherine Renaud, vice-présidence de l'Alliance des professeurs de Montréal, y allait de la déclaration suivante:
«La ministre avait dit d'ailleurs à l'automne en conférence de presse qu'on revenait à l'évaluation systématique des connaissance. Malheureusement, le modifications au régime pédagogique nous disent autrement: ils nous disent qu'on garde toujours les compétences. Les connaissances, on peut les évaluer, mais ça dépend de chaque enseignant. Chaque enseignant peut décider d'évaluer les connaissances ou pas et à quelle hauteur il peut en tenir compte dans sa note globale à la fin de l'année.»
Pour la FAE, «il n'y a rien de changer» avec le bulletin unique.
J'ai beaucoup de difficulté avec ce raisonnement. Dire qu'on va évaluer systématiquement des connaissances ne signifie pas qu'on ne va évaluer uniquement que des connaissances. D'autant plus qu'il y a des matières où la notion même de compétence est fondamentale, notamment les langues. Imaginez-vous un cours de français consistant uniquement à des connaissances? Est-ce ce que veut la FAE?
On dirait que cette dernière ne fait pas confiance aux enseignants pour utiliser intelligemment le nouveau bulletin et veut une uniformisation complète et de l'enseignement, et du contenu enseigné, et de l'évaluation. C'est pas mêlant: on dirait le MELS dans ses pires années...
Par ailleurs, pour la vice-présidente, les cours d'été seraient plus faciles à réussir avec l'évaluation des compétences. «Depuis l'implantation de la réforme au secondaire, on a vu les effets. L'évaluation est plus basée sur les compétences, comme je vous disais, et c'est donc une évaluation beaucoup plus subjective. Alors, il y a un lien à faire.»
Ben, voyons donc! C'est du grand n'importe quoi! Et on tombe encore plus dans le n'importe quoi quand la médame y va d'un exemple pour se gargariser: «Alors, comment on évalue la compétence Apprécier des oeuvres littéraires. Alors, si vous êtes capable de me dire ça en toute objectivité, moi, je serais bien curieuse de le savoir.»
Je ne sais pas ce que Mme Renaud enseigne mais, si c'est le français, vaut mieux que ses élèves envisagent un suicide collectif parce qu'ils sont vraiment mal pris. N'importe quel prof de français compétent peut répondre à cette question. Et il est regrettable que Dutrizac n'interviewe que des représentants syndicaux à son émission. Parfois, dans leur acharment à vouloir tuer les compétences, comme si ces dernières étaient des chiens galeux, ils me font honte.
5 commentaires:
Je suis un peu surpris de votre opposition à la position de la FAE. Ce qui est surtout en cause ici, c'est la persistance dans le programme de critères d'évaluation vaseux comme justement «apprécier des textes littéraires» (primaire), notamment dans leurs aspects «interpréter», «critiquer» et «réagir» qui la plupart du temps sont franchement peu adaptés au niveau de l'élève et donnent lieu à du grand n'importe quoi. En passant au secondaire, enfin 2e cycle cette compétence n'est pas directement nommé dans le salmigondis infecte qu'on appelle le programme de français où on se perd dans des stratégies, famille de situation et je ne sais quel autre angle d'appréciation de l'enseignement de ces fameuses compétences à faire développer.
Pendant ce temps, les jeunes continuent d'avoir du mal à lire et comprendre ne serait-ce que des mots... et continuent de perdre leur temps à des tâches de hautes voltiges pas de leur niveau au lieu d'acquérir et renforcer régulièrement leur connaissance de la langue écrite notamment.
Quand je vois les notions d'intertextualité au programme du primaire et du secondaire, notions que j'ai rencontrées dans mon parcours à l'université en littérature, je me demande si on ne nous prend pas tous pour des imbéciles. Quand ces même notions sont adressés à des élèves du primaire, on se demande si on ne perd pas tous notre temps au lieu de donner aux jeunes l'enseignement des bases.
La FAE,au delà des exemples malhabiles dans des entrevues à la radio, revendique surtout un recadrage des objectifs d'apprentissage autour des savoirs essentiels pour une formation de base plus consistante. Rien n'a été fait en ce sens dans les récents développements du MELS. La même poutine infecte est toujours au menu.
Dans la progression des apprentissages du français, on a travesti beaucoup de compétences en connaissances pour faire taire la galerie. Au secondaire, on attend toujours une progression des apprentissages.
Jonathan: Le problème ici que vous soulevez n'est pas la compétence «Apprécier des textes littéraires» mais les descriptifs des réponses acceptables dans des corrigés.
La notion d'intertextualité est vue à l'université, c'est vrai, sauf qu'elle n'a rien de bien sorcier: des liens entre des textes. En musique, c'est une chose tellement fréquente que les élèves le comprennent rapidement.
Ce que la FAE essaie de faire, c'est de réécrire les programmes de formation à travers la lutte contre le bulletin. Qu'elle fasse une lutte à visière levée et cesse de vouloir atteindre indirectement ce qu'elle ne fait pas directement.
Ce qui m'intéresse aussi dans ce débat, c'est ce que la FAE semble proposer: des évaluations uniformes, des contenus uniformes. Pourquoi pas des préparations et des plans de cours uniformes? Et quand on dit «uniformes» au Québec, on parle rapidement de nivellement par le bas.
Bien que je sois d'accord avec la plupart de vos propos, le tout uniforme dont vous parlez n'amènerait pas nécessairement un nivellement par le bas.
Je pense qu'on assiste bien davantage à du nivellement par le bas en ce moment parce que le cadre est démesurément grand et que certains d'entre nous s'attardent dans les coins,que d'autres se contentent de regarder le tout globalement et que d'autres sont le plus souvent en dehors du cadre. Au chapitre des connaissances, il n'est pas normal de reprendre les mêmes affaires année après année.Je ne travaillerai certainement pas les mêmes notions en 1re et en 5e secondaire, mais je trouve inconcevable qu'un jeune qui est passé à travers toutes ses années de secondaire fassent encore des erreurs d'accord élémentaires(nombreuses), mais qu'on le juge compétent. Compétent de quoi?
Entendons-nous, je ne veux pas que le MELS vienne me dire comment je m'y prendrai pour rejoindre les cibles, mais j'aimerais bien qu'il y ait des cibles connues de tous y compris des élèves et que leur atteinte puisse être mesurée. La rigueur manque,le flou domine et ce, à tous les niveaux de l'organisation scolaire.
Anonyme: l'élève de cinquième secondaire qui fait des fautes d'accord élémentaires est déclaré compétent parce que les grilles de correction sont trop généreuses. Ce n'est pas tant le concept de compétence qui est en cause mais la rigueur avec laquelle on évalue les jeunes.
Eh bien mon cher Masqué, je vous suis à tous ces égards et avec égards!
J'ajoute: ma fille qui enseigne les arts plastiques doit développer la compétence suivante: "Etre capable d'apprécier une œuvre d'art". Or elle sait parfaitement comment faire cela! Ce qui ne l'empêche pas de savoir et de faire savoir qui est Picasso, Gauguin et Riopel et les autres.
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