Tout le monde de l'éducation est en émoi: la réforme est en danger sous la gouverne de la ministre Courchesne. En effet, à l'émission Tout le monde en parle, la ministre a accepté de NOTER une poutine. Elle aurait pu la coter, la décrire. Non, la ministre l'a notée sur dix! Quelle analyse réductrice! De plus, je suis convaincu que l'Association des diététistes du Québec dénoncera le fait que la ministre ait mangé de la poutine. Quel mauvais exemple pour notre jeunesse!
Après son passage aux Francs-Tireurs, on aurait pu craindre le pire pour la ministre de l'Éducation, mais le manque de préparation de l'animateur mentonneux lui aura permis de ne pas trop se mettre les pieds dans les plats. Un exemple: la mauvaise qualité du français de certains enseignants. Le test dont la ministre a parlé existe déjà. Il n'a rien de nouveau. Et quand le roi Lepage dit à la blague qu'il y aura une pénurie d'enseignants à cause des exigences de ce dernier, il ne semble pas savoir qu'on manque déjà de profs dans nos écoles. Je ne parle pas non plus du bouffon qui semble ne pas connaître l'existence de la politique anti-malbouffe dans nos écoles.
Je ne me souviens plus qui a dit que la politique est une chose trop sérieuse pour la laisser aux politiciens. Dans la même veine, je suis convaincu que l'information est une chose trop importante pour la laisser aux animateurs d'émissions de variétés. Quel moment de télévision vide et complaisant!
De plus, voulez-vous rigoler, mais il y a une faute dans la dictée de la ministre, du moins si l'on se base sur le site de l'émission de Guy A. Lepage: «Si le destin m'eût voulue professeur, j'aurais pris sans hésiter dans ma classe le roi et son fou, telles deux petites pestes, et ce, sans aucun frais de leur part, ni deux cents piastres, ni deux cent cinquante sous.»
«Sans aucun frais» doit s'écrire «sans aucuns frais». Dans le cas présent, le mot «frais» a le sens de coût et commande le pluriel au déterminant «aucun». Tous les précis de grammaire l'indiquent. Même Le Petit Robert 2007 en fait état à la page 176. Pas fort...
La ministre va sûrement affirmer être mal citée. On paierait cher pour avoir l'original de son texte.
Hier soir, j'avais un rhume d'homme, donc je continue ici avec quelques observations supplémentaires. Je les place dans ce billet avec quelques réactions aux commentaires que j'ai déjà reçus pour un accès plus immédiat et pour que vous puissiez contater l'ampleur du désastre orthographique des compétences de la ministre.
«Voulue» pourrait ne pas prendre la marque du féminin puisque le genre du référent qui est complément direct («m'») n'est pas précisé, la ministre ayant omis de donner le titre de sa diquetée.
De plus, l'observation de Miss Math est très juste: «si la Ministre est cohérente avec l'Office québécois de la langue française, elle devra préférer le féminin "professeure" à l'épicène, puisque c'est la seule forme retenue par l'Office.»
Également, Patrick Huard peut récupérer des points puisqu'il est permis, avec les récentes modifications apportées à la grammaire et à l'orthographe, d'écrire «deux-cents» et «deux-cent-cinquante» avec un trait d'union. La ministre semble ignorer que l'Office de la langue française accepte ces modifications et qu'un élève ne peut être pénalisé s'il les emploie. Le MELS tolère la nouvelle orthographe, mais n'a pas pris véritablement position sur ce sujet alors qu'en France, Le Petit Larousse a annoncé son intention de prendre ce virage tandis que les dictionnaires Hachette sont 100% nouvelle orthographe. En attendant, le MELS n'est ni pour ni contre, bien au contraire. Cependant, dans son entrevue aux Francs-Tireurs, la ministre a indiqué être contre, mais elle n'a pas le droit de pénaliser un élève pour cela.
Enfin, la virgule avant le deuxième «ni» est fautive ou, soyons prudent, à tout le moins, est d'un usage flottant dans ce cas. (Grévisse: 125 c1 et 125 c4)
16 commentaires:
Donc?
Tiré du site de TLMEP:
.."Si le destin m'eût voulue professeur .."
Je rêve où il y a un "E" mystère à "voulue"?
Cela m'apprendra à lire en diagonal.
Le titre n'ayant pas été donné - La gentille maîtresse - ils n'ont pas tenu compte de l'accord.
Et si la Ministre est cohérente avec l'Office québécois de la langue française, elle devra préférer le féminin "professeure" à l'épicène, puisque c'est la seule forme retenue par l'Office...
De plus, Patrick Huard peut récupérer 3 points puisque l'on peut désormais écrire les nombres avec des traits d'union!
Les autres ne pouvant pas réaliser cet exploit puisqu'ils y vont alléatoirement!
@une peste : le E mystère devra impérativement être converti en note, sinon la ministre va se fâcher !
Peux pas laisser de commentaire sur ton billet du jour. Bouhouhouhou! :-(
La démonstration de Ma'ame Chose, la "miniss" qui confond popularité et populisme, me semble extrêmement convaincante ! Elle est, en effet, parvenue à établir clairement ce dont j'étais convaincue: la dictée, en soi, c'est de la bouillie pour les chats ! Ciel que je m'amuse avec cette histoire (certainement plus que certains des fonctionnaires de la madame, qui doivent passer un mauvais quart d'heure) depuis que les dénonciations d'erreurs (avec un vrai "s" au bout !) fusent de ci, de là... Il y avait la gaffe du "aucun frais", alors que "frais" ne comporte pas de singulier ! Et de un. Puis, les traits d'union dans les numéraux composés, dont la présence a été jugée fautive, du moins dans le corrigé publié sur le site de TLMEP, alors que la Nouvelle orthographe fournit à qui recherche la clarté dans l'expression une excellente explication pour préférer leur emploi. De toute façon, "Aucune des deux graphies [ni l'ancienne ni la nouvelle] ne peut être tenue pour fautive" selon la déclaration précédant les listes du Dictionnaire de l'Académie française (9e édition en cours de publication) dans les fascicules du J.O., depuis le 22.05.93". Et de deux ! Une troisième erreur s'est-elle glissée dans ces deux lignes ? Je m'interroge... N'étant pas une spécialiste, je lance la question: dans "si le destin m'eût voulue", la présence de l'accent circonflexe indique le plus-que-parfait du subjonctif ou le passé, 2e forme du conditionnel. Pourtant, je ne puis m'empêcher de penser que le fameux "eût voulue" aurait dû, en réalité, s'écrire "eut voulu", s'agissant du passé antérieur de l'indicatif... ??? Qu'en est-il ?
Anonyme: quel média en a parlé?
@ Anonyme:
Moi aussi je m'interroge sur l'accent du «eût voulue». Le mode est discutable, en effet.
Si la question s'adresse à moi (message publié le11.12.2007, à 15:47), le seul indice dont je dispose, quant à l'état de confusion extrême qui doit régner à ce propos au sein de la haute administration du MELS, est le retrait temporaire de la page consacrée à la dictée sur le site de TLMEP et son remplacement par une page contenant au moins un bémol (sur la question du "aucuns").
L'interrogation sur le temps du verbe m'est venue en tentant des substitutions pour me convaincre que la conjugaison présentée était bien correcte. La présence du "Si", qui me semblait interdire (selon la règle générale) qu'il soit immédiatement suivi par un conditionnel et l'absence d'un "que" qui aurait indiqué le subjonctif suscitaient chez moi un doute persistant... "Si le destin m'avait voulue professeure, j'aurais..." (plus-que-parfait de l'indicatif) m'est alors apparu nettement plus adéquat et satisfaisant à l'oeil (au mien, du moins...). D'où mon impression qu'il puisse s'agir du passé antérieur... Mais il y a si longtemps que j'ai appris les règles du conditionnel passé qu'il ne m'en reste que les contours... Je pose donc la question, sans l'avoir vue évoquée dans quelque média.
Et, comme disaient les anciens, "Tant qu'à faire", le "telles des petites pestes" pourrait sans doute nourrir aussi quelques arguties d'experts ... Certaines des grammaires consultées font état d'un flottement à ce sujet, l'accord figurant dans le corrigé étant recommandé mais non reconnu comme unique... Tout cela me semble ajouter encore au ridicule extrême dans lequel la ministre se vautre ces jours-ci...
Anonyme: effectivement, l'usage de «tel» est aussi flottant. Plus ça va, plus on dirait le gag de l'arroseur arrosé...
L'équipe de TLMEP a expliqué avoir commis l'erreur pour le «aucuns». Pathétique. (J'aime ce mot.)
«Jeudi soir dernier, la dictée-surprise de la ministre Courchesne a pris notre équipe par surprise! Dans le feu roulant de l'enregistrement, nous avons omis de corriger le mot aucuns qui devant frais prend toujours la marque du pluriel. C'est donc le corrigé de l'équipe incluant cette erreur, et non celui de la ministre, que nous avons malencontreusement reproduit sur notre site. Nous nous excusons sincèrement pour les désagréments que ce s a pu lui causer.»
J'espère lire prochainement dans vos pages des commentaires qui sauront m'éclairer quant à ce qui demeure encore pour moi la "conjugaison mystérieuse" de Madame la ministre... Je pense avoir précisé les paramètres limités de mon raisonnement et la profondeur abyssale de mon ignorance quant à la suite; je ne puis donc qu'accepter par avance que ladite conjugaison figure peut être à bon escient dans le corrigé, mais je demande à voir..., ce qui, dans mon temps, passait pour être le signe d'un bon élève !
Tout cela me semble cependant démontrer de manière éclatante les limites -TRÈS rapidement atteinte, comme on le constate ici- d'une "balloune" comme celle de cette histoire de dictée-panacée-à-tous- les- maux-de-la-langue-dans-nos-écoles !!! Et illustre de plus tous les vices que dissimulait fréquemment le recours à cet instrument-miracle qu'est réputée être la dictée dans le cercle des nostalgiques d'un "bon vieux temps" confortablement idéalisé : combien de gens, depuis hier, ont remis en question le "corrigé" de Madame ??? Combien ont cherché à raisonner les solutions qui s'y trouvaient proposées ??? Qui, parmi les "cobayes" d'hier soir, a posé des questions sur le bien-fondé de la "vérité ministérielle", tombée du ciel avec son corrigé ??? Ça sert à quoi d'avoir "la bonne réponse" quand on ne sait même pas POURQUOI elle est "bonne" ???
La langue, nous le savons, n'est pas une science exacte: comme dans la prose de Raoul Duguay, "toutte" y est souvent "dans toutte"... Le legs le plus précieux qu'un professeur de français puisse transmettre à ses ouailles, c'est le doute ! Si j'ai quelque chose à regretter des pratiques de mes anciens professeurs, c'est bien davantage les exercices d'analyse logique et grammaticale auxquels ils nous contraignaient que le recours à la dictée.
Ces exercices-là m'ont instillé le réflexe que j'ai toujours aujourd'hui de questionner tout ce que j'écris et tout ce que je lis, même si je parviens néanmoins, malgré cela, à commettre des erreurs. Au-delà de ça, dictée de la ministre comprise, c'est exactement l'équivalent des produits qui vous feront maigrir de 40 livres en un mois, sans diète, sans exercice et sans effort, annoncés pour attirer les crédules (ici, le mot est choisi pour sa relative politesse; c'est un autre qui m'était venu à l'esprit en premier... celui-là n'aurait pas été utilisable dans une dictée...) ! En espérant que vous et vos amis saurez continuer la réflexion entreprise, je vous salue.
Anonyme: j'aime bien les «chiâleux» qui veulent apprendre. L'esprit critique, ça manque.
Côté temps des verbes, je suis moyen. Pour l'instant, je vérifie si on peut omettre l'accent circonflexe dans le «eût voulue» avec les nouvelles modifications orthographiques.
Anonyme: Voici ce que me dit mon spécialiste.
«Concernant l’accent circonflexe dans la fameuse dictée, il est obligatoire.
Il s’agit d’un conditionnel passé 2e forme (quelle idée d’aller mettre une telle conjugaison dans une dictée, on n’enseigne même plus cela dans nos écoles!), qui est la même forme que le subjonctif imparfait. Or, les rectifications de l’orthographe disent de maintenir l’accent circonflexe dans les formes du subjonctif imparfait (3e personne : qu’il eût, qu’il fût, pluriel ils fussent), puisque cet accent à la 3e personne du singulier a la pertinence de distinguer le subjonctif imparfait (ou conditionnel passé 2e forme) du passé simple (il eut, il fut, pluriel ils furent).»
Et depuis quand "les 'si' ne mangent plus les 'rai'"? Selon mes souvenirs, dans un système hypothétique, la subordonnée de condition ne se met JAMAIS au conditionnel. C'est comme si elle avait écrit: "si le destin m'aurait voulue... (ach!)". Remarquez que c'est ce qui arrive quand on veut faire les choses trop compliquées.
Une autre anonyme.
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