La vie de tout enseignant est parfois marquée de moments ou tout est remis en question. Souvent, ces moments ne viennent pas seuls. Cette semaine confirme la règle.
Tremblement de terre
Tout d'abord, dans le cadre du processus d'affectation des tâches, le Prof masqué a manifesté son intention d'enseigner en première secondaire. Gooba, tu aurais dû être là! Passer de la cinquième à la première, il n'en fallait pas plus pour frapper certains collègues de stupeur.
Les raisons de ce choix sont multiples.
Après 15 années à ce niveau, j'ai l'impression d'avoir tracé une piste autour du jardin tellement j'en ai fait le tour. Monotonie, lassitude... La cinquième ne représente plus aucun défi pour moi et le caractère pédagogiquement amorphe de mon école m'a poussé à réfléchir davantage à mon travail. Côté discipline et vie scolaire, j'ai tout d'abord fait le choix de ne pas changer de milieu de travail, les autres écoles de ma CS n'ayant pas nécessairement une réputation meilleure que la mienne.
J'ai alors fait le choix de vouloir changer à l'intérieur de ma propre école et, comme un poste s'ouvrait en PEI de première secondaire (trois groupes à 24 périodes), j'ai compris qu'une telle occasion de bouger ne s'offrirait pas de sitôt étant donné que nous sommes en baisse de clientèle et qu'on ne prévoit pas de départ à la retraite avant trois ans. Stratégiquement, en passant, ce départ à la retraite pourrait représenter une nouvelle occasion de changer si le choix que je compte faire ne me plaisait pas. Faut penser à long terme: on aime l'enseignement pour la vie!
À défaut de vivre dans un milieu stimulant, j'ai donc décidé de provoquer moi-même le changement, de faire tabula rasa (Bernard Landry, sors de ce corps!) de ce que je connais pour expérimenter du nouveau.
À travers leur surprise, je remarque subtilement que mes collègues estiment que la cinquième est plus exigeante: «Un prof de ton envergure... Tes connaissances en littérature... Ton contact avec les jeunes...»
Oh bien sûr, il y a le contact avec les grands, mais je pense qu'on peut allumer les yeux des plus petits d'une façon tout aussi stimulante. Peu importe la clientèle, c'est là le défi de chaque enseignant, je crois. Côté livre, je rangerais L'Orange mécanique pour Rouge Poison. J'aurai à découvrir un tout nouveau monde littéraire. En PEI, nous aborderons le Moyen-Âge, ce qui risque d'être stimulant. Et puis, avoir la responsabilité d'enseigner à des plus petits des choses tellement évidentes en cinquième, ça me fout la trouille! J'ai peur de m'élever à mon niveau d'incompétence.
Un tel changement demandera des ajustements dans mon langage, dans ma discipline personnelle et de classe. Sauf que... si je suis prêt à assumer ce changement, je dois aussi être prêt à devoir modifier certaines de mes comportements.
Il existe aussi de mauvais raisons pour effectuer ce changement: clientèle sélectionnée, charge de travail moins lourde, moins de pression qu'un prof de cinquième avec un examen du MELS en fin d'année ou de deuxième avec un bilan à la con, possibilité d'un projet d'informatique. J'appelle plutôt cela des avantages quand on a l'intention de donner le meilleur de soi-même encore et toujours. Et bien malin celui qui viendrait m'accuser de vouloir paresser.
Bref, je me sens comme Perrette dans la fable de La Fontaine sauf qu'il y a un hic: le droit de gérance de la direction. Le grand patron pourrait refuser ce changement et m'obliger à demeurer en cinquième. La principale raison est que le prof qui occupe le poste que je convoite le fait de façon temporaire depuis un an. Ce poste appartenait à une collègue qui est devenue directrice adjointe et est donc maintenant libre. Comme ce collègue connaît mieux le programme que moi et a une solide expérience du premier cycle, je ne suis pas convaincu que la direction acquiescera à ma demande.
On nage donc dans le doute. J'ai aussi la peur de changer et l'envie folle de reculer. Sauf qu'il y a une ombre à côté de moi et elle me dit qu'elle est écoeurée de me suivre sur des chemins trop battus.
Tremblement de cœur
Je m'étendrai moins sur ce sujet plus personnel et je vous saurai gré de ne pas insister sur celui-ci, mais Prof masqué a perdu la blonde qui partageait sa vie depuis sept ans.
Observation scolaire no 1: est-ce la saison, mais j'ai remarqué que c'est généralement dans les période de rush, surtout en fin d'année, que les conjoints plaquent leur enseignante moitié, les laissant avec leurs corrections, leurs yeux et leur crayon rouge. Un bon timing, quoi!
Observations scolaire no 2: dans un tel contexte, enseigner devient très pesant et très lourd quand on est un prof émotif qui vit proche de ses élèves. Une journée nous épuise totalement et on revient le soir dans une maison aussi vide que son coeur.
Observations scolaire 3: bien sûr, un ou deux collègues mettent en lien cette épreuve avec ma volonté de changer de niveau. Ils ont tout faux puisque ma réflexion date d'il y a quelques semaines. Mais s'ils croient qu'il faut être dépressif pour aller enseigner en PEI de première secondaire, que puis-je y faire?
Pour le reste, vous comprendrez que je préfère garder une certaine réserve sur ce que je vis.
Tremblement de terre
Tout d'abord, dans le cadre du processus d'affectation des tâches, le Prof masqué a manifesté son intention d'enseigner en première secondaire. Gooba, tu aurais dû être là! Passer de la cinquième à la première, il n'en fallait pas plus pour frapper certains collègues de stupeur.
Les raisons de ce choix sont multiples.
Après 15 années à ce niveau, j'ai l'impression d'avoir tracé une piste autour du jardin tellement j'en ai fait le tour. Monotonie, lassitude... La cinquième ne représente plus aucun défi pour moi et le caractère pédagogiquement amorphe de mon école m'a poussé à réfléchir davantage à mon travail. Côté discipline et vie scolaire, j'ai tout d'abord fait le choix de ne pas changer de milieu de travail, les autres écoles de ma CS n'ayant pas nécessairement une réputation meilleure que la mienne.
J'ai alors fait le choix de vouloir changer à l'intérieur de ma propre école et, comme un poste s'ouvrait en PEI de première secondaire (trois groupes à 24 périodes), j'ai compris qu'une telle occasion de bouger ne s'offrirait pas de sitôt étant donné que nous sommes en baisse de clientèle et qu'on ne prévoit pas de départ à la retraite avant trois ans. Stratégiquement, en passant, ce départ à la retraite pourrait représenter une nouvelle occasion de changer si le choix que je compte faire ne me plaisait pas. Faut penser à long terme: on aime l'enseignement pour la vie!
À défaut de vivre dans un milieu stimulant, j'ai donc décidé de provoquer moi-même le changement, de faire tabula rasa (Bernard Landry, sors de ce corps!) de ce que je connais pour expérimenter du nouveau.
À travers leur surprise, je remarque subtilement que mes collègues estiment que la cinquième est plus exigeante: «Un prof de ton envergure... Tes connaissances en littérature... Ton contact avec les jeunes...»
Oh bien sûr, il y a le contact avec les grands, mais je pense qu'on peut allumer les yeux des plus petits d'une façon tout aussi stimulante. Peu importe la clientèle, c'est là le défi de chaque enseignant, je crois. Côté livre, je rangerais L'Orange mécanique pour Rouge Poison. J'aurai à découvrir un tout nouveau monde littéraire. En PEI, nous aborderons le Moyen-Âge, ce qui risque d'être stimulant. Et puis, avoir la responsabilité d'enseigner à des plus petits des choses tellement évidentes en cinquième, ça me fout la trouille! J'ai peur de m'élever à mon niveau d'incompétence.
Un tel changement demandera des ajustements dans mon langage, dans ma discipline personnelle et de classe. Sauf que... si je suis prêt à assumer ce changement, je dois aussi être prêt à devoir modifier certaines de mes comportements.
Il existe aussi de mauvais raisons pour effectuer ce changement: clientèle sélectionnée, charge de travail moins lourde, moins de pression qu'un prof de cinquième avec un examen du MELS en fin d'année ou de deuxième avec un bilan à la con, possibilité d'un projet d'informatique. J'appelle plutôt cela des avantages quand on a l'intention de donner le meilleur de soi-même encore et toujours. Et bien malin celui qui viendrait m'accuser de vouloir paresser.
Bref, je me sens comme Perrette dans la fable de La Fontaine sauf qu'il y a un hic: le droit de gérance de la direction. Le grand patron pourrait refuser ce changement et m'obliger à demeurer en cinquième. La principale raison est que le prof qui occupe le poste que je convoite le fait de façon temporaire depuis un an. Ce poste appartenait à une collègue qui est devenue directrice adjointe et est donc maintenant libre. Comme ce collègue connaît mieux le programme que moi et a une solide expérience du premier cycle, je ne suis pas convaincu que la direction acquiescera à ma demande.
On nage donc dans le doute. J'ai aussi la peur de changer et l'envie folle de reculer. Sauf qu'il y a une ombre à côté de moi et elle me dit qu'elle est écoeurée de me suivre sur des chemins trop battus.
Tremblement de cœur
Je m'étendrai moins sur ce sujet plus personnel et je vous saurai gré de ne pas insister sur celui-ci, mais Prof masqué a perdu la blonde qui partageait sa vie depuis sept ans.
Observation scolaire no 1: est-ce la saison, mais j'ai remarqué que c'est généralement dans les période de rush, surtout en fin d'année, que les conjoints plaquent leur enseignante moitié, les laissant avec leurs corrections, leurs yeux et leur crayon rouge. Un bon timing, quoi!
Observations scolaire no 2: dans un tel contexte, enseigner devient très pesant et très lourd quand on est un prof émotif qui vit proche de ses élèves. Une journée nous épuise totalement et on revient le soir dans une maison aussi vide que son coeur.
Observations scolaire 3: bien sûr, un ou deux collègues mettent en lien cette épreuve avec ma volonté de changer de niveau. Ils ont tout faux puisque ma réflexion date d'il y a quelques semaines. Mais s'ils croient qu'il faut être dépressif pour aller enseigner en PEI de première secondaire, que puis-je y faire?
Pour le reste, vous comprendrez que je préfère garder une certaine réserve sur ce que je vis.
17 commentaires:
Cher prof masqué,
Il y a seulement les bons profs, les passionnés de leur métier qui osent se mettre en déséquilibre en faisant d’aussi grands changements alors qu’ils pourraient garder leurs pantoufles et rester dans ce qu’ils connaissent. Je n’ai aucun doute que tu seras à la hauteur de ce nouveau défi et que celui-ci te fera du bien.
Quant à ta peine de coeur, je respecte ta réserve, mais je te fais une bise que je souhaite, ne serait-ce qu’un tout petit peu, réconfortante.
a vie personnelle ne doit pas interférer dans le choix de modification de carrière! Les conjoint(e)s qui ne peuvent appuyer leur conjoint(e) prof dans leur travail ne les méritent pas!
J'ai connu quelques profs de 6e année du primaire qui ont décidé de continuer leur carrière en première année! Et elles sont pleinement heureuse du changement! Je connais aussi une directrice d'école secondaire, école qu'elle a mené pendant 15 ans, décider de faire un saut au primaire avant de prendre sa retraite! Elle ne regrette rien et a même apprécié l'expérience beaucoup plus qu'elle ne l'aurait pensé!
PM, fait le saut sans avoir peur!
Tu ne pourras qu'apporter plein de +++++ à ces jeunes et, en plus, ceux qui enseigneront en 5e secondaire seront très contents de ne pas avoir des élèves bien préparés :)
Un autre défi : ce sont presque des professions différentes, en un sens, enseigner à des plus jeunes, des enfants, des ados!
Autrement, c'est ce que tu donnes déjà depuis 15 ans, si j'ai bien compris. Quelle bonne idée et sagement planifiée. Fonce!
Un coeur qui tremble est un coeur encore vivant. Nous le consolons avec toi. Parler, c'est... essentiel. Merci de parler et de prendre soin de toi.
Câlin. Zed
Nous allons être presque des voisins cher PM! Vous allez pouvoir chialer après moi en disant que nous ne leur apprenons rien au troisième cycle! *Je blague*
Comme vous entrouvrez la porte juste un peu sur votre vie personnelle, j'y entrerai juste un peu.
Courage et ma main sur la tienne.
Pour le côté personnel, je comprends ta réserve et la respecte. Ceci dit, j'aurai quelques pensées spéciales pour toi... Je t'assure donc de mon soutien virtuel et distant.
Pour le PEI, charge moins lourde : que nenni ! Charge différente, agrémentée de paperasses (avec plusieurs s) OBIssantes, oui... Ce n'est pas mauvais, mais faut le savoir avant.
Ta situation me rappelle trop la mienne d'avant ce mois d'août 2007, même si on n'y joue pas les mêmes rôles. Envoie-moi un courriel (adresse dispo sur mon blogue) et nous pourrons en parler plus personnellement si tu veux.
Finalement, un passionné comme toi saura trouver la voie dans son coeur, même si celui-ci est blessé sur un autre plan.
Oh! lalala!!!
Bonne chance Prof masqué avec 1ere secondaire. C'est tout un changement.
J'suis présentement en 1ere sec. et je pense sérieusement changer pour la 3eme secondaire. J'crois que j'ai beaucoup de difficultés avec l'immaturité de la 1ere secondaire. En tous les cas, mon changement de niveau reste à faire (les tâches se font à la mi-mai)
Donc, sincèrement, je te souhaite bonne chance...
C'est le "renouveau" pour le Prof Masqué.
Je ne retournerais pas en première secondaire car j'y ai enseigné pendant 10 ans. C'est assez. Je suis étonnée de ta crainte du droit de gérance. Habituellement, la direction n'utilise pas ce droit pour tout et pour rien. Bien, chez nous en tout cas...
Concernant "l'autre renouveau", je te souhaite de vivre ta séparation de la façon la plus paisible possible et de trouver le bonheur en chemin.
Bonne chance!
J'ai fait une erreur de formulation! Les profs qui enseigneront en 5e secondaire seront contents D'AVOIR ENFIN des élèves bien préparés! Mille excuses!
Soigne bien ta peine et attentions aux prédateurs rôdeurs. Mes pensées les plus positives t'accompagnent.
un p'tit St-Hub à 4 s'impose, je crois ;)
Bon courage !
Tu m'avais déjà manifesté ton désir d'enseigner en première secondaire dans un avenir rapproché, donc je ne suis pas surprise par le contenu de ton billet. Je te souhaite seulement que le droit de gérance ne s'exerce pas en ta défaveur. Je crois connaître le collègue que tu «délogerais».
Concernant tes trois observations, je ne les comprends que trop bien et ne peut qu'en constater la justesse. Je ne m'étendrai pas davantage sur le sujet également.
Hortensia et Zed: rien n'est encore approuvé, mais j'ai besoin de connaître d'autres souliers.
Bobbi: tout changement entraine un déséquilibre et la crainte.
Bibco: ouins... comme si je ne chiâlais déjà pas...
Sylvain: je ne crois pas qu'il y aura moins de boulot, sauf que les choses seront peut-être un peu plus dynamique. Enfin, attendons voir.
Anne-Julie: le PEI, c'est généralement plus tranquilles comme élèves. Heureusement!
Souimi: renouveau, mets-en! Pour ce qui est du droit de gérance, je ne me donnerais pas le poste si j'étais directeur.
Safwan: tu es ma garantie morale que je n'agis pas sur un coup de tête, finalement.
Pour le reste, je pensais à ce que tu vis et à moi actuellement et il y a plusieurs années.
Grande période de changements prof masqué!
Discrètement, je vous fais un câlin.
Quand j'ai passé par le secondaire, j'aimais bien les pré-ados immatures de 12-13 ans! C'est un âge où ils sont en pleine ébullition, c'est à mon avis un âge riche, entre l'enfance et l'adolescence.
Un jour, pas trop lointain (dans 4-5 ans) j'enseignerai à nouveau à ces jeunes (quoique pas en pei, mais en adapt.)
Bonne chance!
Gros câlin même pas discret, avec les mains ouvertes dans le dos qui prend la peine de se respirer la peine du coeur pour le soulager un peu.
Quant au tremblement de terre, les changements de cours m'ont toujours apporté une énergie nouvelle et, si tu dois rester en cinquième secondaire, peut-être trouveras-tu une nouvelle façon d'aborder le programme pour te désennuyer ?
Bon courage.
Un autre prof: je vois ces élèves du même oeil. Je suis un peu tanné de la cinquième secondaire ou je ne fais qu'éteindre des feux. Là, je risque d'en allumer, si tu me comprends. Au lieu de leur montrer à reconnaître un nom à 16-17 ans, je vais le faire à 12-13 ans. Me smeble que c'est plus normal et qu'il y a plus de chances que ça reste.
Miss math: ouins, mais je suis VRAIMENT tanné de la cinquième. Après trois ans, je maîtrisais pas mal tout et j'accotais les formateurs du MELS. Je ne vante pas: je suis juste comme ça. J'apprends vite, je lis vite, je comrpends habituellement vite et j'enseigne vite... oups!
Pour le reste, si je ne vous soupçonnais pas d'être mariée et SURTOUT partisane de la réforme, je vous demanderais en mariage d'ici deux mois, mettons. merci du mot. J'en ai bien besoin. Corriger une copie n'est pas un acte très réconfortant, disons.
Le PEI, c'est un autre monde. Je le sais en tant qu'ex-PEI mais aussi en tant que suppléante : les défis - car il y en a- ne sont pas les mêmes.
Tu risques d'être requis pour faire, toi aussi, du "service communautaire", mais bon, est-ce que ce sera un changement?? Pas dans le fait d'en faire, mais dans sa nature, oui.
Les élèves de 1ère ont autant besoin d'un prof stimulant et aussi cultivé que toi, que tes actuels élèves de 5.
Je t'espère de tout coeur que ce changement te sera accordé par ta direction.
Tu auras la réponse quand?
"Pour le reste, si je ne vous soupçonnais pas d'être mariée et SURTOUT partisane de la réforme, je vous demanderais en mariage d'ici deux mois, mettons."
pffft, je m'abstiens de passer un commentaire ici.
pffft.
Prof masqué, je te donne une petite tape dans le dos pour t'encourager et te supporter.
De mon côté, j'ai vécu une rupture juste avant mon premier stage en 1re année du primaire et les jeunes m'ont beaucoup aidée (sans le savoir, bien sûr) à retrouver le moral. Je ne sais pas ce que c'est d'enseigner à des "grands" de 5e secondaire, mais peut-être que tu peux trouver le moyen de te remonter le moral à travers eux, leur énergie, leurs progrès...
Bonne chance! ;)
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