Belle série de reportages sur l'intégration des élèves en difficulté dans La Presse (ici, ici et ici)! Madame Hachey a fait du bon travail. Je vous en résume un aspect rapidement parce que le travail m'appelle et je terminerai cet aperçu commenté ce soir.
Le dépistage et le dossier des jeunes
Il y a tout d'abord le dépistage des élèves en difficulté qui pose problème. On manque de spécialistes scolaires pour identifier les élèves présentant des troubles de comportement ou d'apprentissage, ce qui retarde d'autant un diagnostic officiel. Résultat: il s'écoule un temps précieux avant qu'on puisse travailler à aider le jeune, un temps perdu qui aggrave souvent sa situation. «Éviter de guérir en ne prévenant pas», voilà ce qui pourrait être le slogan de nos écoles. Je signale qu'en Finlande, pays du succès scolaire et du socioconstructivisme, ce dépistage est une des mesures de base du réseau de l'éducation.
Il ne faut pas s'étonner du fait que des parents, exaspérés des lenteurs du réseau public, aient alors recours à des spécialistes privés ($$$) pour faire évaluer leur enfant. Un des effets pervers de cette lacune de notre système d'éducation est que les parents de milieu défavorisé n'ont pas la possibilité de payer afin qu'on assure des services à leur enfant. S'enclenche alors un cercle vicieux démentiel qui part des difficultés d'apprentissage, va aux troubles de comportement et finit par la consommation de drogue ou même les pensées suicidaires: «Au primaire, Antoine a beaucoup parlé de suicide», confie la mère d'un jeune dyslexique.
Méchamment, les décideurs scolaires uniquement concernés par leur budget ont tout intérêt à ce qu'on ne dépiste pas les élèves en difficulté parce qu'ils n'ont pas ainsi à fournir les services qui devraient accompagner ces jeunes. D'ailleurs, est-il normal qu'en éducation, on retrouve des listes d'attente et des quotas déguisés en ce qui a trait aux services à donner aux élèves? On ne meurt pas faute de soins dans nos écoles. Alors, qui se soucie de ces jeunes qu'on scrape allégrement année après année?
À moins que je ne me trompe, mais un élève qui complète son primaire avec succès perd toutes les cotes qu'il avait reçues parce qu'il a réussit son parcours scolaire et est présumé sans problème. Le gag, c'est qu'il a souvent eu des mesures pour l'aider... et qu'on les lui enlève quand il change d'école. C'est alors à son école secondaire de refaire l'opération pour le coter à nouveau afin de lui donner les services auxquels il a droit. Combien de temps s'écoute-t-il avant que toute cette opération soit complétée? En plus, il existe peu d'informations (lire aucune) qui passent du primaire au secondaire. On recommence à zéro.
Dans la même veine, on informe peu les enseignants des éléves ayant connu des difficultés scolaires afin d'éviter l'étiquetage. À mon école, on nous informait qu'un élève était en difficulté avec une liste informatisée. Il fallait alors aller consulter le dossier de l'élève dans le bureau du directeur pour en savoir davantage.
On assiste aussi à de la rétention d'informations dans le milieu scolaire. Un jeune consomme de la drogue. L'information est confidentielle et le jeune peut continuer à assister à ses cours gelé comme une balle. Dans le milieu médical, une telle pratique serait vertement dénoncée mais, en éducation, nous ne sommes pas de professionnels.
En Finlande (blablabla socioconstructivisme), on prend les choses un peu plus au sérieux: le travailleur social de l'école peut aller jusqu'à obliger le jeune à subir un test de dépistage et à suivre un traitement approprié.
Et puis, il y aussi ces parents et ces jeunes qui refusent d'être identifiés!
Chez nous, la direction a même aboli les réunions de secteur ou l'on discutait entre collègues de cas d'élèves. Oui, il y a un risque que des informations sensibles tombent dans les oreilles d'un prof maladroit. Seulement, on prive tout un groupe d'enseignants d'éléments qui lui permettraient de mieux comprendre la dynamique d'un jeune et de l'aider à s'en sortir.
Ce n'est que tout récemment, avec le départ en épuisement professionnel de deux collègues, que les profs de mon niveau ont décidé de coincer la direction, euh de proposer à la direction un plan de concertation et d'intervention auprès des jeunes. Bref, on est revenu tranquillement à ce qu'on avait comme structure auparavant, mais le tout de façon informelle. On perd une énergie folle à faire fonctionner ce système parallèle mais, au moins, il donne de bons résultats pour l'instant. Je reviendrai d'ailleurs sur ce comité des 13 un jour.
Le dépistage et le dossier des jeunes
Il y a tout d'abord le dépistage des élèves en difficulté qui pose problème. On manque de spécialistes scolaires pour identifier les élèves présentant des troubles de comportement ou d'apprentissage, ce qui retarde d'autant un diagnostic officiel. Résultat: il s'écoule un temps précieux avant qu'on puisse travailler à aider le jeune, un temps perdu qui aggrave souvent sa situation. «Éviter de guérir en ne prévenant pas», voilà ce qui pourrait être le slogan de nos écoles. Je signale qu'en Finlande, pays du succès scolaire et du socioconstructivisme, ce dépistage est une des mesures de base du réseau de l'éducation.
Il ne faut pas s'étonner du fait que des parents, exaspérés des lenteurs du réseau public, aient alors recours à des spécialistes privés ($$$) pour faire évaluer leur enfant. Un des effets pervers de cette lacune de notre système d'éducation est que les parents de milieu défavorisé n'ont pas la possibilité de payer afin qu'on assure des services à leur enfant. S'enclenche alors un cercle vicieux démentiel qui part des difficultés d'apprentissage, va aux troubles de comportement et finit par la consommation de drogue ou même les pensées suicidaires: «Au primaire, Antoine a beaucoup parlé de suicide», confie la mère d'un jeune dyslexique.
Méchamment, les décideurs scolaires uniquement concernés par leur budget ont tout intérêt à ce qu'on ne dépiste pas les élèves en difficulté parce qu'ils n'ont pas ainsi à fournir les services qui devraient accompagner ces jeunes. D'ailleurs, est-il normal qu'en éducation, on retrouve des listes d'attente et des quotas déguisés en ce qui a trait aux services à donner aux élèves? On ne meurt pas faute de soins dans nos écoles. Alors, qui se soucie de ces jeunes qu'on scrape allégrement année après année?
À moins que je ne me trompe, mais un élève qui complète son primaire avec succès perd toutes les cotes qu'il avait reçues parce qu'il a réussit son parcours scolaire et est présumé sans problème. Le gag, c'est qu'il a souvent eu des mesures pour l'aider... et qu'on les lui enlève quand il change d'école. C'est alors à son école secondaire de refaire l'opération pour le coter à nouveau afin de lui donner les services auxquels il a droit. Combien de temps s'écoute-t-il avant que toute cette opération soit complétée? En plus, il existe peu d'informations (lire aucune) qui passent du primaire au secondaire. On recommence à zéro.
Dans la même veine, on informe peu les enseignants des éléves ayant connu des difficultés scolaires afin d'éviter l'étiquetage. À mon école, on nous informait qu'un élève était en difficulté avec une liste informatisée. Il fallait alors aller consulter le dossier de l'élève dans le bureau du directeur pour en savoir davantage.
On assiste aussi à de la rétention d'informations dans le milieu scolaire. Un jeune consomme de la drogue. L'information est confidentielle et le jeune peut continuer à assister à ses cours gelé comme une balle. Dans le milieu médical, une telle pratique serait vertement dénoncée mais, en éducation, nous ne sommes pas de professionnels.
En Finlande (blablabla socioconstructivisme), on prend les choses un peu plus au sérieux: le travailleur social de l'école peut aller jusqu'à obliger le jeune à subir un test de dépistage et à suivre un traitement approprié.
Et puis, il y aussi ces parents et ces jeunes qui refusent d'être identifiés!
Chez nous, la direction a même aboli les réunions de secteur ou l'on discutait entre collègues de cas d'élèves. Oui, il y a un risque que des informations sensibles tombent dans les oreilles d'un prof maladroit. Seulement, on prive tout un groupe d'enseignants d'éléments qui lui permettraient de mieux comprendre la dynamique d'un jeune et de l'aider à s'en sortir.
Ce n'est que tout récemment, avec le départ en épuisement professionnel de deux collègues, que les profs de mon niveau ont décidé de coincer la direction, euh de proposer à la direction un plan de concertation et d'intervention auprès des jeunes. Bref, on est revenu tranquillement à ce qu'on avait comme structure auparavant, mais le tout de façon informelle. On perd une énergie folle à faire fonctionner ce système parallèle mais, au moins, il donne de bons résultats pour l'instant. Je reviendrai d'ailleurs sur ce comité des 13 un jour.
4 commentaires:
Les directions d'école ont tout avantage à avoir des élèves en difficulté : ils sont payants! Ils font partie du fonds 5 (EHDAA), enveloppe fermée dans laquelle les sous présents doivent servir à donner des services. Oui! des services! On peux donc engager des spécialistes. Une direction d'école quelque peu allumée fera en sorte que le mandat du (de la) spécialiste s'étende "au reste de la clientèle de l'école. Cette enveloppe budgétaire doit obligatoirement être totalement dépensée à la fin de l'année.
Pour ce qui est du manque de transmission d'informations entre le primaire et le secondaire je pense qu'il ne faut pas jeter tout le blâme sur les directions d'écoles. Les parents y ont un grand rôle à jouer. C'est certain qu'il faut que le parent soit tenace et qu'il insiste pour que le dossier de son enfant soit transmis à la direction de l'école secondaire. Pour l'avoir vécu je peux t'assurer que les résultats sont concluants.
Vraiment très intéressant.
Comme on souhaiterait que tout le monde connaisse la situation dans les écoles. Je rêve... Qui ça intéresse. Pas même la plupart des parents, n'est-ce pas?
Zed :)
Bobbi: certaines directions d'école avec des clientèles spécialisées se sont aperçues avec le temps que les budgets donnés ne sont pas à la hauteur des besoins directs et indirects des élèves. Notre ancien directeur aimait les élèves en difficulté $$$$. Le nouveau semble moins croire qu'ils sont si payants que cela.
Zed: une belle série de textes. Et oui, il y a des parents qui ont décroché. En même temps, parfois, la charge est lourde quand on est seul.
Je comprends. Z
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