08 avril 2008

Rythme et lenteur scolaire

Une brève observation: le monde scolaire ne vit pas la même notion de temps que le reste de l'univers connu.

Un premier exemple: la définition de ce qu'est une année. Pour un individu normal, une année civile débute le premier janvier et se termine le 31 décembre. En éducation, une année scolaire débute à la fin août et se termine à la fin juin. La phrase «J'ai hâte à la fin de l'année» cause parfois des situations ambiguës dans un couple mixte (enseignant et individu normal).

Un deuxième exemple: le rythme des changements. En éducation, tout se fait sur une base annuelle: les tâches, la planification, les achats, les projets éducatifs, les changements de programme pédagogique, etc. Le principal défaut de cette vision des choses est qu'on attend souvent à la prochaine année pour mettre en branle des changements. Cette façon de reporter à plus tard ce qui est parfois urgent peut expliquer en partie la gestion défaillante de nos réseaux scolaires. On manque de dictionnaires? On attend l'année prochaine pour faire un inventaire.

Il existe bien sûr une exception à cette règle : les changements venant du MELS. Ceux-ci prennent toujours plus d’une année à être réalisés.

Un troisième exemple: le rythme des activités personnelles qui suit celui des cloches, surtout au secondaire. Même au mois de juillet, on se surprend à avoir faim, selon l'horaire de son école, à 12h15 exactement, à aller au petit coin entre 14h45 et 15h00... et ainsi de suite. Pavlov parlerait d'un conditionnement. D'ailleurs, il faut un bon mois pour ne plus entendre sonner la cloche à heure fixe, même si on est à la maison!

Une quatrième exemple: les périodes de correction. Que serait Noël sans corriger des textes au coin du feu (avec l'envie de les mettre au feu, mais ça, c'est une autre chose!)? Que serait la semaine de relâche sans corriger des textes sur le coin de la table? Que serait le mois d'avril en cinquième secondaire sans corriger comme un débile avant l'examen du ministère du début mai?
Le monde scolaire est un monde à part. Même quand on parle de temps!

13 commentaires:

Anonyme a dit…

Je connais même un prof de secondaire qui lit trois livres, dix-sept blogues et neuf journaux par jour, écrit de deux à cinq billets quoitidiennement, et trouve le temps d'enseigner à temps plein. Comme dirait Dumas (chanteur) « Va savoir... ».

Tout ça sans compter des activités parentales, et autres activités qu'il ne juge pas bon de discuter publiquement.

Le pire, c'est pas tout ça... Le pire, c'est qu'il fait tout ça de manière réfléchie et ne comprend même pas qu'on se pose des questions sur son... horaire et la durée de ses heures, ses journées, son... année. Bien quoi? semble-t-il dire.

Peut-être que beaucoup de science-fiction entraine son lecteur dans une autre dimension?

À l'inverse, considérons un sérieux rétrécissement du temps : une année parlementaire... presque plus court qu'une saison télévisuelle.

Zed ;-)

Le professeur masqué a dit…

Zed: je ne connais pas ce prof. Moi, je lis trois journaux par jour, j'écris un billet parfois par jour, je lis moins ces temps-ci (correction oblige), mais ma moyenne est d'un livre aux deux jours. Pour ce qui est d'enseigner, là, c'est du temps plein!

Pour avoir travaillé à l'Assemblée nationale, effectivement, le rythme de vie qu'on y trouve est assez particulier.

Sylvain a dit…

Quel billet criant de vérités !

Particulièrement l'épisode des conditionnements par la cloche : ça déteint sur moi de la façon suivante : quand j'ai un rendez-vous, j'arrive toujours pile à l'heure (ou quelques minutes avant) et je peste si je dois attendre quelqu'un plus d'une ou deux minutes (ne manque que mon billet de retard prêt à être donné !!!)

J'exagère un brin, mais Dieu qu'on devient OBIssant à la cloche (encore pls au PEI ? ;-)

Ensuite, l'épisode des corrections (dans) au coin du feu est très réussi et représentatif ! :-)

Anonyme a dit…

PEI??? C'est quoi?

À Montréal, faudrait remplacer votre beau feu par un petit calorifère glougloutant (chauffage à l'eau) ou posé discrètement par terre... Moins glamour et pittoresque, hein? Faudrait demander à vos amis les profs!

;-) Prof masqué, je te le présenterai un de ces jours... Zed

A.B. a dit…

«[...] des situations ambiguës dans un couple mixte (enseignant et individu normal). Mouahahah!
Les enseignants sont bel et bien dans une classe à part pas dans le sens élitiste du terme, seulement, à part. Leur vision de la vie est différente des autres membres de la société. Il y aurait tout un mémoire de socio. à faire là-dessus, j'en suis persuadée. Je me trompe moi-même dans mon «comptage» d'années. Je suis arrivée de la Gaspésie depuis moins longtemps que j'enseigne. Seulement un enseignant peut comprendre cette phrase...lol
Pour les non-initiés: an août 2008, ça fera 7 ans que j'ai déménagé, mais ma septième année d'enseignement est débutée depuis septembre 2007.

Lud. a dit…

C'est drôle, j'ai trouvé un site, danger-école, dans lequel jack, prof et illustrateur, dessine son quotidien d'enseignant (et tout ce qui va avec)... il me semble qu'il y en a quelques uns qui collent très bien avec votre texte d'aujourd'hui. Si vous voulez aller voir, c'est par là:

http://dangerecole.blogspot.com/

Caroline Geoffroy a dit…

C'est tellement vrai. Bien écrit!

Le professeur masqué a dit…

Sylvain: quand j'ai débuté comme enseignant, mon entourage croyait que je ne ferais qu'une semaine tellement je n'étais pas ponctuel. la cloche m'a guéri.

Zed: PEI programme d'éducation international.

Safwan: Couple mixte... Prof masqué a conçu Fille masquée avec une prof. On se reproduit souvent entre nous parce que personne nous aime...

Lud: merci du tuyau!

Caroline: ben, je rougis, là!

A.B. a dit…

Moi, je n'ai même plus de couple, mixte ou pas, donc je suis loin de pouvoir concevoir une ou un mini-Safwan...

Dobby a dit…

Pouhahaha... ma définition de l'année est problématique depuis toujours avec mes parents, depuis que je suis capable de m'y référée en tant qu'élève en fait. Lorsque je parle de l'année passée j'ai souvent quelques discussions étant donné que mon année en couvre deux en fait.

Je crois que lorsqu'on ne quitte jamais le milieu scolaire, passant d'élève à étudiant à prof, c'est pire que pire.

Et je me cherche toujours des agendas débutant en août pour pouvoir comptabiliser mes années...

Gooba a dit…

J'ai adoré. Surtout la passe "enseignant et individu normal". Me suis étouffée avec mon rire! :o)

bobbiwatson a dit…

La reproduction entre ... parce que personne ne nous aime est presque du masochisme ...

Le professeur masqué a dit…

Safwan: là, tu me vois triste. écris-moi un mot.

Dobby: je peux vérifier si ça existe en libraire.

Gooba: je suis content de semer la joie!