Depuis quelques semaines, je songe à ce genre de billets ou je n’approfondirais rien, mais ou je me permettrais de vous relater quelques flash survenus durant la semaine comme ça. Situs dexat lisit.
La première secondaire
Officiellement, j’ai le poste. Il paraît que cette demande de changement a fait jaser dans les bureaux de profs et ailleurs. Personne ne la voyait venir. C’est fou comme les gens nous prennent pour acquis et nous confinent à une image. Juste pour ça, tout ce changement, même s’il ne réussit pas, en vaudra la peine.
Reste donc l’entrevue maléfique de mercredi. Mais pensez-vous que j’ai sérieusement envie d’aller me vendre quand je me sens le dernier des pichoux? J’aimerais que mon Adrienne me dise d’aller me battre, d’aller gagner le championnat. Mais il n’y a plus d’Adrienne, il n’y a pas d’escalier et Rocky se sent déjà knock out avant même le premier round.
Quand ma mère est décédée quand j'avais 14 ans, toutes mes larmes n'ont pas réussi à la ramener à la vie. J’ai compris que l'amour ne triomphait pas de la mort. Que la vie était une douce illusion et le vide, une réalité tranchante.
Encore aujourd'hui, je pleure et même les larmes ne réussissent pas à ramener l’amour à la vie.
Restent mes larmes, reste moi.
Pour l'instant, c'est très difficile de désapprendre à aimer. Elle était dans chaque geste et dans chaque moment. Pour l'instant, j'ai le coeur en morceaux et la tête dans un étau. Un pied sur l'accélérateur et l'autre sur le frein.
Il y a des mots que je ne peux plus écrire, mais que je pense encore.
Ma bibliothèque de classe
Le meuble est monté et presque fini. Il a fière allure dans toute sa blancheur et les portes givrées lui donnent exactement la gueule que je voulais. Il ne manque que les petites maudites pinouches Ikea pour tenir les tablettes. Vous savez : les maudites petites pinouches Ikea qu’on ne trouve que chez Ikea. Je compte les remplacer par des goujons de bois. Plus simples. Moins loin. Écologique. Stéphane Dion sera content de moi.
Mais même dans la grosse armoire lette en métal rouillé, les bouquins suscitent toujours l’intérêt des jeunes. J’en prête facilement cinq par semaine. Quelle douce musique à mes oreilles quand j’entends : «Prof, j’ai besoin d’un livre à lire. Aide-moi!» Le pusher littéraire en moi a alors son overdose. Si vous verriez les titres que je leur refile, vous tomberiez des nues. «Tu vas prendre un petit Albert Jacquard avec ça? Normand Baillargeon, tu le connais?»
Des livres ciblés
Parfois, dans sa grande méchanceté, Prof masqué cible ses élèves quand il leur propose des livres. Cette année, deux de mes élèves d’origine arabe ont vu atterrir sur leur bureau le bouquin Arabesques qui traite de l’influence de la langue arabe sur la langue française. Ils l’ont lu, l’ont dévoré. Même qu’ils l’ont prêté à leurs parents et à un élève du groupe.
Ça ne bat pas ces deux élèves haïtiens qui redécouvrent Haïti. Là encore, lecture familiale. Maudit que je me sens vilain de raffermir ainsi nos belles familles dysfonctionnelles! «Ma mère veut te l’emprunter, pis elle te remercie!» Pauvre petite, si tu savais comment on est bien quand sa mère nous ignore…
Situs dexat lisit. Ce n'est pas du latin. C'est rien. Que des lettres vides de sens. Que des mots sans âme et sans esprit. Situs dexat lisit.
La première secondaire
Officiellement, j’ai le poste. Il paraît que cette demande de changement a fait jaser dans les bureaux de profs et ailleurs. Personne ne la voyait venir. C’est fou comme les gens nous prennent pour acquis et nous confinent à une image. Juste pour ça, tout ce changement, même s’il ne réussit pas, en vaudra la peine.
Reste donc l’entrevue maléfique de mercredi. Mais pensez-vous que j’ai sérieusement envie d’aller me vendre quand je me sens le dernier des pichoux? J’aimerais que mon Adrienne me dise d’aller me battre, d’aller gagner le championnat. Mais il n’y a plus d’Adrienne, il n’y a pas d’escalier et Rocky se sent déjà knock out avant même le premier round.
Quand ma mère est décédée quand j'avais 14 ans, toutes mes larmes n'ont pas réussi à la ramener à la vie. J’ai compris que l'amour ne triomphait pas de la mort. Que la vie était une douce illusion et le vide, une réalité tranchante.
Encore aujourd'hui, je pleure et même les larmes ne réussissent pas à ramener l’amour à la vie.
Restent mes larmes, reste moi.
Pour l'instant, c'est très difficile de désapprendre à aimer. Elle était dans chaque geste et dans chaque moment. Pour l'instant, j'ai le coeur en morceaux et la tête dans un étau. Un pied sur l'accélérateur et l'autre sur le frein.
Il y a des mots que je ne peux plus écrire, mais que je pense encore.
Ma bibliothèque de classe
Le meuble est monté et presque fini. Il a fière allure dans toute sa blancheur et les portes givrées lui donnent exactement la gueule que je voulais. Il ne manque que les petites maudites pinouches Ikea pour tenir les tablettes. Vous savez : les maudites petites pinouches Ikea qu’on ne trouve que chez Ikea. Je compte les remplacer par des goujons de bois. Plus simples. Moins loin. Écologique. Stéphane Dion sera content de moi.
Mais même dans la grosse armoire lette en métal rouillé, les bouquins suscitent toujours l’intérêt des jeunes. J’en prête facilement cinq par semaine. Quelle douce musique à mes oreilles quand j’entends : «Prof, j’ai besoin d’un livre à lire. Aide-moi!» Le pusher littéraire en moi a alors son overdose. Si vous verriez les titres que je leur refile, vous tomberiez des nues. «Tu vas prendre un petit Albert Jacquard avec ça? Normand Baillargeon, tu le connais?»
Des livres ciblés
Parfois, dans sa grande méchanceté, Prof masqué cible ses élèves quand il leur propose des livres. Cette année, deux de mes élèves d’origine arabe ont vu atterrir sur leur bureau le bouquin Arabesques qui traite de l’influence de la langue arabe sur la langue française. Ils l’ont lu, l’ont dévoré. Même qu’ils l’ont prêté à leurs parents et à un élève du groupe.
Ça ne bat pas ces deux élèves haïtiens qui redécouvrent Haïti. Là encore, lecture familiale. Maudit que je me sens vilain de raffermir ainsi nos belles familles dysfonctionnelles! «Ma mère veut te l’emprunter, pis elle te remercie!» Pauvre petite, si tu savais comment on est bien quand sa mère nous ignore…
Situs dexat lisit. Ce n'est pas du latin. C'est rien. Que des lettres vides de sens. Que des mots sans âme et sans esprit. Situs dexat lisit.
11 commentaires:
Pichoux ... prend un S (pichous). Cesse d'amenuiser tes compérences. Le PEI n'attend que toi ... crois une maman d'élèves dits "ordinaires" :)
Tu devrais aimer P.E.I. sec 1. En tout cas, moi je les adore : ce sont les seuls élèves qui voient arriver la suppléante avec un " Youppi! C'est vous!"
Les autres, c'est généralement : " Yess, qu'est-ce qu'on fait pour niaiser" J'exagère les autres, mais pas les P.E.I.!
Les larmes.. ceux, celles qui nous laissent ou nous trahissent devraient toujours laisser des réserves de kleenex derrière eux. Ça évite de se pointer à la pharmacie avec une face de phase terminale.
Je ne suis pas ton Adrienne, mais quand même je me permets un " let's go!" accompagné de quelques mouvements de cheerleading de mon cru.. (sans beat, sans "timing", mais avec coeur!)
De toute façon, un type qui parle de Normand Baillargeon à ses étudiants mérite une danse de la joie! ;-)
Bonne journée .. et pardonne les anglicismes : trop tard pour chercher les équivalents franco. ;)
Allô prof, le masque tombe certains jours quand la charpie menace le coeur.
Le remède n'existe pas, on réapprend à fonctionner avec une extension; le chagrin. Cependant la greffe finit par prendre un jour...
Le virtuel ne laisse pas place à la chaleur, ni celle d'un café partagé, non plus que celle d'une main posée sur une autre, dommage...
Mais mon gène TNJMMS (Thérèsa Nightningale Jeanne Mance Martha S)
me permet avec bonheur de vous aider dans un autre domaine!
Pour la bibliothèque j'utilise personnellement des petites vis juste un peu plus grosses que le trou des pinouches. On visse et hop! le tour est joué et ça tient très bien. Ou alors vous allez chez Ikéa et vous demandez des pinouches au comptoir des marchandises que l'on retourne et on vous en donne, ça prend votre modèle de biblio naturellement. Je vous enverrai sous peu deux titres de livres extraordiaires pour les activités de lecture au troisième cycle. En fait, cela peut s'appliquer aussi à votre futur degré, vous verrez il y a des activités pour les amoureux de lecture très, très chouettes...Le bonheur est en avant, droit devant!
Merde pour l'entrevue :-)
Patience... pour le coeur. Le rapiéçage prend du temps.
Pour les pinouches, il y en a une sorte (en plastique) qui fait très bien l'affaire chez tous les Rona ou Réno de la Terre...
Hum...Sylvain, tu crois vraiment que le bout mâle québécois s'insèrera sans difficulté dans la partie femelle suédoise? Pfffffffff...
Sur cette question les fabriquants de Pogo pourraient sûrement nous renseigner...
J'ai lu ton billet ce matin et j'ai tout de suite voulu laisser un commentaire, mais je n'ai pas trouvé de manière satisfaisante de le formuler. Je viens de relire ton billet. Je ne trouve toujours pas les mots parfaits qui t'exprimeraient bien la chaleur et le réconfort que je voudrais t'offrir, mais je n'en pense pas moins. Tiens bon. Les larmes vont finir par diminuer et la peine par être de plus en plus tolérable. Bises consolatrices.
Bobbi: le PEI. Ouins... J'vas me forcer fort fort.
Marie-Piou: j'enseigne en partie déjà à des élèves doués et mon régulier est le plus beau de toute l'école. Le PEI, c'est un autre monde, mais je m'estime déjà très gâté avec les élèves que j'ai.
Bibco: je retiens la suggestion bricolage! Dommage que le coeur ne soit pas si facile à réparer... Et j,attends vos suggestions avec plaisir!
Sylvain: ouins, le temps... Tempus fugit, dit-on. Merci également pour les suggestions de bricolage! Je prépare mon entrevue ce soir.
Bibco: Pogo s'y connait en pitoune...
Hortensia: venant de toi et d'un certain passé, ton commentaire me touche beaucoup. C'est rigolo la vie, parfois, quand on y pense.
Traite-moi de folle délirante... L'amour survit à la mort, en soi.
L'amour de ta mère, en toi. Qui te permet à ton tour d'aimer.
Traite-moi de folle, délirante, extra-terrestre. Sans l'amour, quel est le sens de la vie... N'est-ce pas le perdre qui fait si mal? Mal le donner, mal le recevoir, mal choisir, être mal choisi? Mais l'amour, oui, survit. Tu en donneras un jour, mieux, à une personne qui te conviendra mieux et vise versa.
D'ici là, il faut vider le fleuve, oui... prendre les câlins, la tendresse, les enfouir en toi pour t'en faire dans tes réserves.
Traite-moi de folle, délirante, extra-terrestre, adolescente attardée, mais sans amour, comment vivre? Il y a bien des sortes d'amour, tu sais. J'étais sauvage, avant ces dernières semaines. Je ne peux plus me permettre ce luxe. Car perdre l'amour fait si mal, peu en importe la sorte, que le perdre totalement d'un coup, c'est comme perdre le sens à sa vie.
Ma réserve de chats, au cas où, mais malgré cela, perdre l'amour de ses congénères, un ou une, c'est trop pour moi. Je garderai toujours plusieurs amis autour de moi. Même si certains occupent LA place, c'est de toute manière le cas de plusieurs d'entre nous et le coeur s'adapte à son contenu. je crois.
Suggestion? Lis tes courriels.
Tu as été là quand je n'allais vraiment pas bien. Discrètement, mais bien là. J'ai deux vilains défauts : la mémoire et la fidélité. Pas l'obligée, la forcée, qui ne signifie rien, qui insulte, tu sais bien.
Zed xox
Bibco : j'avais pas pensé Pogo, car c'Est loin du bricolage pour moi, mais là, je viens de rire pas mal ! Va falloir que je me revoies ces pubs... ;-)
Salut professeur masqué, est-ce que voir pouvez parler sur l'examen MELS d'écriture de cette année?
Vos articles sont très utiles.
Ciao :D
Un an après ton arrivée en PEI 1? Un peu tard pour te poser la question sur l'examen du MELS de 2009? Un ancien élève? Tu as passé ce stade étant donné que tes mouettes de "1" n'ont pas d'examens de fin de "1" !!!!!!!! Résiste!
Tu est trop accessible et probablement trop gentil pour tes anciens :)
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