26 juillet 2007

Bishop's en lock out: un signe des temps?

On l'a vu avec le cimetière Notre-Dame-des-Neiges, le lock out est devenu une stratégie que certaines parties patronales n'hésitent pas à employer dans le cadre d'une négociation. En éducation aussi, cette façon d'installer un rapport de force existe. Parmi les exemples récents, l'on retrouve les collèges privés Notre-Dame-de-Lourdes, Saint-Sacrement de Terrebonne et Saint-Paul de Varennes ainsi que l'université de Sherbrooke.

Aujourd'hui, c'est au tour de l'université Bishop's, de Lennoxville, de mettre à pied ses 300 employés syndiqués: personnel non enseignant, professeurs, bibliothécaires et chargés de cours. Deux points principaux restent à régler: la question salariale et le régime de retraite.

Pour le principal de cette institution universitaire, M. René Poupart, ce conflit est lié à la situation financière difficile que traverse Bishop's qui a un déficit accumulé de 5 millions $ et qui prévoit un déficit de 3 millions $ en 2007-2008.

Un mode de gestion à revoir?

Je ne peux m'empêcher de faire un lien avec l'UQÀM et je me dis que ce qui se passe à Bishop's a de fortes chances de se produire dans cette université montréalaise. Finances désastreuses, déficit accumulé gigantesque, syndiqués outrés, asssociations étudiantes déjà sur le pied de guerre: tous les ingrédients sont en place pour un affrontement majeur. Il faut réduire les coûts en éducation et le poste budgétaire le plus important et le plus facilement compressible est celui des salaires et des avantages sociaux, alors pourquoi se gêner?

Si, à la suite d'un billet récent, certains d'entre vous avez avancez le fait que nos syndicats devront se renouveler quant à leurs stratégies de négociation, je crois que nos gestionnaires devront aussi revoir leurs pratiques si l'on veut que le monde du travail évolue.

Pour l'instant, tant à Québec que dans les commissions scolaires, on choisit actuellement la voie de la facileté: on coupe ou on réduit les salaire. La réflexion s'arrête là. Pourtant, il y aurait peut-être lieu de réféchir davantage et de remettre en question certains éléments dans la façon dont sont gérés certains services.

De plus, on remarque que nos administrateurs ne sont jamais imputables quant aux mauvaises décisions qu'ils prennent. Un exemple parmi tant d'autres : l'ancien recteur de l'UQÀM, Roch Denis, qui a présidé au fiasco du projet l'ilôt Voyageur. Ce dernier est toujours à l'emploi de l'université à titre de professeur et, même s'il a démissionné volontairement de son poste, il a malgré tout reçu une prime de départ de $170 000.

Enfin, en période d'austérité budgétaire, on remarque qu'on ne questionne jamais les avantages qui sont rattachés aux fonctions de nos gestionnaires. Pourtant, dit-on, charité bien ordonnée commence par soi-même... Par exemple, le même Roch Denis a dépensé 3 000 $ en frais téléphoniques lors d'un voyage au Brésil et 14 000 $ en billets d'avion à l'automne 2005.

C'est le temps des vacances!

Une petite observation en terminant. De plus en plus, les établissements d'éducation ont la machiavélique idée de mettre leurs employés en lock out durant les périodes de vacances. C'est d'ailleurs le cas de toutes celles dont j'ai traitées dans ce texte. On récupère ainsi des salaires sans pour autant couper dans les services.

Et dire que c'est mon syndicat qui a présenté comme un avantage le fait d'être rénuméré sur 26 paies durant toute l'année!

4 commentaires:

Forsythia a dit…

Je suis une "bishopienne", tout cela me fait beaucoup de peine, parce que bien des profs y travaillaient pratiquement bénévolement dans mon temps pour aider l'université. De plus, c'est une superbe école. On y était pas traité comme un "matricule".

-soupir-

La Souimi a dit…

Parle-moi pas de lock-out. Ma fille aînée fréquentait le collège NDL lorsqu'il y a eu le fameux lock-out. Ce fut un vrai cauchemar. Ma fille était en 4e secondaire, à la veille de ses examens du ministère, elle était en sciences et avait besoin de ses cours pour réussir. Elle a vécu l'enfer. Nous aussi. JAMAIS je ne garderai cette école dans mes bons souvenirs, je ne la recommande même pas à mon pire ennemi. Nous avons été traîtés comme des moins que rien. Des gardiens de sécurité ont escorté les petits élèves innocents et les profs à l'extérieur lors du lock-out. Et ce fut le néant pendant des semaines.
À vomir, cette école!
Ma petite fréquente l'école publique. On sait qu'elle ne vivra pas cela.
Nous avons fait une grave erreur en envoyant notre aînée à NDL. Avoir su, on aurait économisé cet argent pour lui permettre de voyager. Elle aurait drôlement appris davantage. Au moins, elle s'éclate et profite de l'effervescence du cégep Edouard-Montpetit. Là, elle APPREND la vie et elle est respectée.

Excuse mon envolée, je ne pouvais pas me retenir. Juste le mot Lock-out me fait monter sur mes grands chevaux.

Et dire qu'ils font comme si de rien n'était....

Anonyme a dit…

Bien évidemment, Prof masqué, il faut revoir les stratégies des patrons, adminstrateurs, etc. Seulement, revoir les stratégies de ceux et celles qui m'écrasent, je n'ai pas trop envie de passer du temps là-dessus, de leur point de vue. Et je trouve qu'ils ont justement, de leur point de vue, trouvé des stratégies qui font très mal en plus de détériorer à tour de bras l'image et la réputation de leurs employés.

Si le lock-out s'oppose à la traditionnelle grève, avec « sagesse » on le pratique là où la population ne sera pas blessée. De ce point de vue, c'est le syndicat qui a des croutes idéologiques à manger, du raffinement à développer, de la psychologie, etc.

En tant que syndicaliste, il faut trouver des stratégies pour contrer toute intervention malicieuse (elles ne manquent pas, n'est-ce pas) en adaptant les moyens de pression aux réalités d'aujourd'hui. Couper, contester, dans ce qui ne fait pas mal aux pauvres et travailleurs précaires ou à la classe moyenne (très moyenne) tout en visant l'administration. Bien, bien des moyens. Mais c'est dangereux d'opérer seul/e, sans la solidarité d'une majorité et le support, l'initiative, la créativité de notre syndicat.

La lutte ne devrait plus utiliser la population mais définitivement se concentrer sur le véritable opposant. C'est à mon sens, une stratégie gagnante à tous points de vue.

Zed :)

Le professeur masqué a dit…

Forsythia: Bishop's forever! Les enseignants sont rarement jugés au mérite, mais plutôt comme des employés syndiqués anonymes dans une entreprise d'éducation.

Souimi: un bel exemple de collège qui avait à coeur le succès de ses élèves! Quand on me dit que l'entreprise privée est meilleure que le secteur public, j'ai des réserves. Et votre expérience vient appuyer celles-ci.

Zed: viser l'administration. Je partage ce point de vue, mais saviez-vous que, lors du dernier conflit de travail en éducation, certaines directions d'école ont pensé invoquer le harcèlement psychologique parce que les profs demeuraient silencieux lors des réunions convoquées par ces dernières?