20 avril 2008

Franchement, comme hypocrisie... (ajout)

Dans le Journal de Montréal d'aujourd'hui, on apprend que le CRTC a blâmé la chaîne spécialisée ARTV d'avoir diffusé en heure de grande écoute le film Mourir à tue-tête. Ce dernier comporte, de par la nature même de son propos, des scènes de violence sexuelle explicite puisqu'il montre le destin tragique d'une femme victime d'une agression sexuelle particulièrement sordide.

ARTV a plaidé qu'elle était une chaîne qui s'adressait à des adultes et que des mises en garde accompagnaient la diffusion de cette oeuvre. Rien n'y fit: selon le CRTC, ARTV a manqué à ses obligations en ne diffusant pas cette émission comportant des scènes de violence entre 21 h et 6 h : «Le Conseil est d'avis qu'ARTV aurait dû être plus attentive au fait qu'en diffusant Mourir à tue-tête avant 21 h, elle risquait d'exposer des enfants à une programmation délibérément dérangeante»

Non, mais quelle hypocrisie! Des émissions violentes sont diffusées à toute heure du jour et de la nuit au Canada. Et je ne parle pas de Playboy Channel et compagnie!

Non, le vrai problème avec Mourir à tue-tête est justement qu'il s'agit d'un docudrame dérangeant. De la porno soft, des viols scénarisés et banalisés, de l'hémoglobine coulant à flots, pas de problème! Mais sitôt qu'on diffuse un film qui aborde une dynamique sociale et psychologique de façon crue, directe et sans artifices, voilà qu'on monte aux barricades en ignorant toutes les autres émissions dont les effets sont encore bien plus insidieux et dévastateurs.

D'ailleurs, ce n'est pas la première fois que Mourir à tue-tête soulève la controverse à cause du traitement du sujet qu'on y aborde. C'est sans doute le signe qu'il s'agit d'une oeuvre marquante.

Quant au fait que cette production aurait dû être diffusée après 21 h, on vit dans la pensée magique de croire que nos jeunes sont couchés à cette heure.

J'espère que le citoyen qui s'est plaint au CRTC le fera aussi pour toutes les autres émissions dérangeantes qui sont diffusées sur les ondes. Mais permettez-moi d'en doutez: la porno soft, les viols scénarisés et banalisés, l'hémoglobine coulant à flots, c'est devenu banal.
PS: une question m'empêche de dormir: ajoint jaunâtre a-t-il déjà travaillé au CRTC?

11 commentaires:

Hortensia a dit…

Quelle connerie, vraiment!
Et imagine ce que ce sera si on va plus loin avec le projet de loi C-10.

Anonyme a dit…

Encore une fois, nous partageons les mêmes valeurs. Je vais commencer à croire qu'on a des choses en commun. ;]

L'hypocrisie, oui, il y en a marre, mais aussi l'imposition de modèles de sexualité devenus des emblèmes, des normes, des obligations, des standards. Et si on s'offusque, c'est qu'on est coincés. Bin oui, c'est sûr.....

Zed

Gooba a dit…

Quel film, non? Je ne l'ai vu qu'une seule fois mais il m'avait profondément remuée.

Hypocrisie? Mets-en! Tant que ça reste dans le domaine de l'arrachage de tête, de ventres éventrés et de mutilations diverses, c'est ok. Dès qu'on voit un sein, c'est la cata. Pourtant, entre un sein et une mutilation par un psychopathe, quel est le plus naturel, selon vous?

Le professeur masqué a dit…

Hortensia: un film qui dénoncera la violence pourrait donc être privé de financement. Belle logique quand on y pense!

Zed: personnellement, moi, ce qui m'embête, c'est le double discours là-dedans.

Gooba: allo à toi! À l'époque de la sortie de ce film, ma blonde de l'époque était dans le comité femmes de mon cégep et j'étais encore un affreux macho. Je ne comprenais pas pourquoi elle était si bouleversée après avoir vu ce film que je n'ai pas été capable de regarder aui complet quelques années plus tard...

Tu vois, même le sein passe à grande écoute en autant qu'on ne vise pas à faire réfléchir les gens. On peut même voir des scéne de cul pas subtil... Mais dénonçons le viol mais après 21 heures s'il vous plait.

Missmath a dit…

Ce film est le plus troublant et le plus dérangeant que j'ai vu de toute ma vie. Quand on considère les modèles sexuels qu'ont les jeunes et la banalisation de la sexualité, je pense que ce documentaire devrait être obligatoirement vu pour pouvoir obtenir son D.E.S. ! J'exagère... mais à peine.

Hortensia a dit…

C'est un film qui m'a vraiment bouleversée quand je l'ai vu. J'avais peut-être 18 ans... Je pense que jusque-là, j'avais une idée très vague de ce qu'était le viol.

Sylvain a dit…

Une autre preuve que le CRTC vit dans un univers parallèle, complètement déconnecté de la réalité...

Je suis on ne peut plus d'accord avec les propos que je lis ici (billet + commentaires).

bobbiwatson a dit…

Tout ce qui est réel dérange. Tout ce qui est fiction passe. Que ce soit en littérature, en cinéma ou en art, nous vivons cette réalité.

Anonyme a dit…

Lors d'une brève recherche sur Google concernant les parts de marché de la chaîne ARTV, on obtient que cette chaîne possède 1,3% (en hiver) de tout le potentiel d'auditeurs/téléspectateurs du Québec. La probabilité que des enfants aient fait partie de ce pourcentage est très faible. Un ou deux enfants au Québec auraient regardé ce film ? Et alors. Vont-ils en faire des cauchemars, parce que leurs parents n'étaient pas là pour leur dire de regarder ailleurs ?

Hortensia a dit…

Toujours dans le même ordre d'idées, tu as vu que le gouvernement fédéral a censuré un livre publié par le Centre québécois de lutte aux dépendances sous prétexte qu'il est trop nuancé. Pour ma part, quand je corrige, un texte nuancé est un bon texte. Incroyable, non?!

A.B. a dit…

Ma question à moi: où sont les parents de ces enfants? Ces derniers ne sont pas supposés être laissés seuls devant un téléviseur. Il ne revient pas au CRTC de les élever , tout de même!