14 janvier 2009

La petite fille à sa maman (ajout)

Voilà maintenant que les jeunes peuvent s'adresser à la Cour quand ils ne sont pas contents des décisions de leurs parents. Il était temps, la DPJ ne pouvant suffire à la tâche, on le sait.
Résumons l'histoire: une petite désobéissante met des photos d'elle un peu osées sur Internet. Son papa, qui en avait la garde, menace de lui couper son voyage de fin d'année si elle retouche au réseau maudit. Mais voilà: elle est cyberdépendante (sûrement parce qu'elle n'a rien à faire parce que son père la néglige). Le paternel l'apprend et met sa menace à exécution.
Sauf que notre jeune Britney Spears de 13 ans connait la justice, ses parents divorcés étant en très mauvais termes, et demande aux tribunaux de renverser la décision du père, ce qu'une juge lui accorde. Tiens! dans les dents, le père castrateur et disciplinaire. Et tant pis pour Freud! La punition était trop forte! Et puis, bravo à la jeune fille qui détestait sa nouvelle belle-mère et est retournée chez sa mère! Ne voyez pas là-dedans des petites joutes psychologiques auxquelles les enfants aiment se livrer. Aucune manipulation. C'est ivident.
Lors de l'audition en Cour supérieur, l'avocate véreux du père y est allé d'arguements fachistes qui briment les droits des enfants si on lit bien La Presse: «Par ailleurs, elle croit que le meilleur intérêt de l'enfant, dans le cas présent, est d'apprendre qu'il y a des règles dans la vie. Enfin, elle a signalé qu'à la limite, le père a le droit de se tromper à l'intérieur de sa maison, dans la gestion du quotidien.» Des règles dans la vie! Voyons donc! La principale règle, c'est celle de gagner, non?
Pire! la jeune fille a bien fait de fuir la maison paternelle puisque sa belle-mère semble être une dangereuse marâtre. la preuve, cette dernière a affirmé qu'il s'agissait du cas d'un «enfant roi qui gouverne et qui manipule». Franchement! Qui est-elle pour porter des jugements psychologiques de la sorte? Le Doc Mailloux?
J'espère que les tribunaux vont confirmer la décision de première instance, décision qui ne changera rien puisque la jeune voyageuse est allée à Québec trois jours. J'espère aussi qu'ils vont obliger la juge à s'occuper de la jeune fille, à l'élever et à subvenir à ses besoins. Un salaire de juge devrait suffire. Tant qu'à jouer au parent, qu'elle assume jusqu'au bout!
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J'ai retrouvé ce texte ou l'on explique la raison pour laquelle le père voulait punir sa fille et les motifs invoqués par la juge Tessier pour désapprouver ce choix. Une recherche que Mme Bombardier devrait faire avant de se livrer à des commentaires le matin sur les ondes de 98,5 MF.
«Il (le père) voulait ainsi la punir car elle (sa fille) avait, malgré son interdiction, clavardé sur Internet avec l'ordinateur d'une copine, mettant en ligne une photo d'elle très suggestive pour une si jeune fille.»
Bien que la juge Tessier ait convenu que le père désirait inculquer à sa fille l'importance de respecter ses engagements à son égard, mais a jugé qu'elle avait été déjà assez punie.
«L'enfant a été privée de participer au spectacle de fin d'année alors que ses soeurs ont fait partie de celui-ci», a-t-elle écrit dans sa décision du 13 juin. «Son frère jumeau participe à ce voyage organisé et la mère y consent. Refuser la présente demande ne servirait qu'à isoler l'enfant», a conclu la juge.
Et comme le soulignait fort à propos Une peste, je m'interroge grandement sur le jugement de la juge Tessier qui conclut que le fait que la jeune fille ait choisi de vivre chez sa mère donnait de facto à celle-ci la garde de l'enfant.

14 commentaires:

Une Peste! a dit…

Prof,
Tu as oublié:
Il est à noter que la fille et son père n'ont plus de contact depuis mai dernier. Le père ne veut pas que sa fille revienne demeurer avec lui, à moins qu'elle accepte son autorité

Non mais, quel despote. Imposer son autorité (quel vilain mot) sur une pauvre enfant sans défense.

Quelle ignominie.
Vite! Appelez Brigitte Bardot!
;-DD

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Sur un ton plus sérieux.

Elle signalait en outre que l'enfant résidait chez la mère à ce moment-là, et que cette dernière en avait de facto la garde, selon la jurisprudence. L'enfant a fait le voyage

Pas comme cela que ça se passe. Ce n'est parce qu'un môme va habiter quelques mois chez le parent qui n'a pas la garde que les "modalitsés" de garde changent de facto.

Je crois que si jurisprudence il y a, les pères divorcés du Québec devraient suivre de TRÈS près cette cause. Parce qu'elle pourrait s'avérer riche en information(s).

Anonyme a dit…

Toute cette histoire me laisse abasoudi... Un père peut voir ses décisions renversées par un juge si l'enfant n'est pas d'accord...
À quoi sert l'autorité des parents si l'enfant peut faire annuler les punitions qu'il n'aime pas? on n'est pas sorti du bois !
C'est l'ex du mari qui a payé pour les frais...
N'oublions pas que nos cours sont embourbées de toutes sortes de causes beaucoup plus importantes...

bobbiwatson a dit…

Quelle(s) conséquence(s) veux-tu que subisse cette jeune fille qui a déjà profité de l'objet du litige? Trop publiciser ce genre de situation ne risque-t-il pas de donner de telles idées à d'autres jeunes, même ceux dont les parents ne sont pas séparés ou divorcés?

Une Peste! a dit…

Bobbi,

Je ne suis pas sûre que cela s'adresse à moi .. mais au cas z'ou ... :-)

C'est davantage au niveau de ce fameux transfert de garde "de facto" que je vois un avantage à ce que les regroupements de pères se penchent sur la jurisprudence.

C'est la première fois que j'entends parler de cela. Pourtant, dans une vie antérieure, on m'a imposé de longs exposés sur le sujet.

Je crois qu'existe plusieurs de ces pères qui se font manger la laine sur le dos par l'ex, avec une certaine complicité de la cour, je me dis que plusieurs bénéficieraient d'être alertés.

bobbiwatson a dit…

Pas besoin d'une cour de justice pour que les pères se laissent manger la laine sur le dos!
Les pères sont toujours plus fragiles face à leurs filles, comme les mères le sont face à leurs fils.

bobbiwatson a dit…

p.s. Mon message antérieur ne s'adressait pas spécifiquement à Une Peste. Il se voulait d'ordre plus général.

bobbiwatson a dit…

Peste,

Vous avez changé votre icône mythologique pour une du monde des mangas? Comme le diraient nos jeunes: "C'est buzzant".

Une Peste! a dit…

Bobbi,
Ce n'est pas en ce sens que je le voyais. Je parlais "au sens de la loi" non pas en lien avec les relations filiales.

J'ajouterais. Je pense qu'existe une relation nécessairement particulière entre un parent et son unique enfant. Mais pas obligatoirement entre le père et la fille ou le fils et sa mère.

Ceci dit.
Non, mon actuel icône n'est pas un manga.
Et mon ancien icône n'était pas une représentation mythologique.

À moins de voir le diable comme faisant partie intégrante de la mythologie catholique. En soi, je serais bien d'accord qu'il puisse s'agir-là d'un ramassis de contes, de légendes et de mythes.

De plus, il s'agissait d'une diablesse.

On sait tous que des diablesses, bin ça existe.

;-D

A.B. a dit…

Des aberrations du genre, on en verra plein avec cette posssibilité d'appel à la Cour. Mon commentaire est de mauvaise foi, mais je l'assume: non seulement plusieurs parents laissent à l'école le soin d'éduquer leurs enfants de A à Z, mais voilà donc que la Cour pourra renverser le peu de décisions qu'ils prennent. Qui a dit que le règne de l'enfant-roi était terminé?

La Souimi a dit…

Tout ce que j'ai à dire c'est que je constate que beaucoup de gens ne seront jamais des adultes... Dommage pour les enfants....

Jonathan Livingston a dit…

A notre époque, l'autorité, c'est-à-dire la capacité de faire respecter des règles avec au besoin la force ou la menace de force est de plus en plus interdite, sauf bien sûr pour les forces de l'ordre... et même on les a muni de Taser, ça fait ben plus mal, mais on ne voit personne frapper personne!

Il faut convaincre, séduire, être cool, manipuler quoi et bien suivre la mode... bref tout endurer en bout de ligne. C'est ainsi depuis le bordel à la maison et à l'école...

Mais bon, je crois qu'à la maison, il y a un âge où l'on peut imprimer son ascendance parce que contrairement à l'école, un coup les portes fermées il y a toujours moyen de montrer la réalité à un enfant évidemment si les deux parents sont d'accord! Quand le truc est établi tôt, la suite est de l'entretien. Évidemment, reprendre le contrôle après un certain laxisme peut se révéler ardu! Je vais passer pour une brute et je m'en sacre un peu, parce que bon mes 3 enfants sont maintenant grands (ados et anyway un divorce, c'est un disqualification assurée quand on est devenu le satellite ridicule du noyau familial qui vit ailleurs) et bien équilibrés et je redoute franchement peu qu'il me traîne en cour un jour... Enfin, tout est question de dosage, mais semble-t-il c'est dangereux de laisser l'art des dosages aux gens en responsabilité ...

Bon, évidemment, en tant qu'homme de nos jours, je dirais que ma nature profonde admet très peu la tolérance que notre culture nous impose... J'en suis carrément maladif... au sens littéral... Je ne m'étonne même pas que les gars ne veulent plus trop trop ou ont une peur à peine dissimulée de s'impliquer comme le montre à voir la génération d'éternelles célibataires désespérées et frustrées du début de la trentaine... ou des dérives masculines décrites dans Les invincibles par exemple. J'ai beaucoup aimé un bouquin lu récemment: Homme et fier de l'être qui rappelle quoi ce qu'a été la fierté masculine maintenant interdite de cité par de multiples façons insidieuses. Dans notre monde, l'homme est d'emblée bourreau et la femme victime, ce qui est un préjugé fallacieux entretenu par un système... Avoir su ce que me réservait ce rôle clairement déchu de nos jours, j'aurais épousé la cause de la modération de la surpopulation plutôt que celle de contrer la dénatalité en en faisant 3! Et 3 gars dans un siècle de femmes... Je ne sais pas trop, mais absolument pas du tout quel modèle leur présenter, aussi il arrive souvent que je me pousse... Je refuse viscéralement d'être le pantin informe prêt-à-jouer sans envergure que les médias nous propose.

Il faut dire que je viens d'une famille où le père avait été élevé chez les frères! Et curieusement, j'en ai jamais vraiment voulu à mon père d'avoir eu peur de lui...et d'avoir reçu avant 5 ans un coupe de fessés.

Paradoxalement, j'avais appris à prendre au sérieux et écouter un adulte qui parle... sans que ça m'empêche d'apprendre à critiquer, questionner et contester... Pour rien malheureusement, car il y a de moins en moins de quoi contester ou de gens pour écouter la moindre expression de révolte...

Les temps ont changé... quand les juges se mettent à se mêler de ce qui ne les regarde pas, ça va mal...

Mais bon, je crois que tout cela est voulu, stimulé, entretenu. Castrer les gars a bien servi la cause des puissants depuis 30 ans... L'homme trop homme, on le sait, c'est dangereux...

Désolé, j'en ai un peu sur le coeur...

Anonyme a dit…

Il me semble que si on en est rendu, comme parent, à devoir se justifier en cours, c'est que nous témoignons déjà, par cette seule situation, de notre incapacité à remplir correctement notre rôle de parent.

Puisque nous vivons dans une société de droits, et nous en sommes fort contents comme adultes (nous n'avons pas à justifier nos actes devant de quelconques parrains d'un état totalitaire), nous devrions fonder notre autorité comme parent, non sur la foi en notre statut de figure toute puissante, mais dans la foi raisonné que nos prescriptions sont pour le bien-être de l'enfant. C'est en un sens l'esprit du reste des lois créées pour permettre à la société un « vivre ensemble » fondé sur la raison, le dialogue et le communautarisme.

La jeune fille a par son geste démontré que la société ne cautionnait pas l'arbitraire d'un parent dans le contexte d'un divorce où l'enfant est malmené, si cette arbitraire conduit d'autant plus à porter préjudice à son enfant.

Oui, il est sain que la cour s'immisce dans les décisions des parents; un parent pourrait forcer son enfant à rester à la maison, à le couper de tout contact, de toute activité et se voir à l'abri de toute intervention de la DPJ.

Ce cas n'est qu'une des extensions rendues possibles par les fondements, les présupposés de notre contrat social.

Pourquoi s'en étonner?

Le professeur masqué a dit…

Une peste: je suis d'accord que ce jugement soulève certaines interrogations. Une garde de facto? Peut-être à cause de l'âge?

Garamond: l'autorité des parents a pour limite le bien-être des enfants.

Bobbi: les enfants ont des droits. Mais les obligations, elles...

Safwan: ouais. La Cour décidera si je dois acheter une voityure à ma fille, tiens... Si je dois al laisser traviller 35 heures par semaine pour payer son bal des finissants.

Souimi: adultes? Vous touchez un point sensible. Bien des parents sont des enfants qui n'ont grandi que de corps.

Jonathan: j'appartiens à ce groupe d'hommes qui n'est plus très intéressé par la chose familiale et de couple. J'ai une fille que j'adore, mais il me faut au moins une séance mensuelle de psychologue pour gérer les impacts du comportement de sa mère. C'est le prix à payer, entre autres, pour ne pas tout laisser là. Et la dernière rupture que j'ai vécue m'a laissé un gout très amer dans le coeur.

Anonyme: votre commentaire soulève des points intéressants.

Tout d'abord, le bien-être de l'enfant. Ici, ce n'est pas le père, mais la fille, avec l'aide de sa mère, qui a porté la cause en cour. Cette dernière a même payé le voyage et est devenue soudainement parent bénévole!

On sent toute la dynamique malsaine et dysfonctionnelle d'un couple qui n'a pas réussi son mariage et encore moins son divorce.

Que le père ait eu la garde des enfants peut aussi nous amener à nous interroger sur la mère. Peu de raisons motivent un juge à agir de la sorte, sinon justement qu'il croit que le bien-être des enfants sera mieux servi par ce parent.

D'ailleurs, le père n'a pas été déclaré indigne et a toujours la garde des autres enfants de ce qui fut un couple. Mais là, on entre dans le domaine de l'hypothèse.

Jusqu'ou cette jeune fille a-t-elle effectué un geste volontaire et libre de toute influence? On peut se poser la question.

Chaque cas est une espèce. Je pense ici qu'on est davantage dans le cadre d'une «guéguerre» entre parents divorcés ou une fille tire profit de cette situation qui pourrait créer, quant à moi, un dangereux précédent. Il aurait mieux fallu envoyer tous ces gens chez le psychologue ou le médiateur.

Les enfants ont évidemment droit à ce qu'on assure leur bien-être, mais aussi leur éducation. En ce sens, un père qui estime que sa jeune fille ne doit pas placer sur Internet des photos d'elle la montrant de façon inconvenante assure son éducation (objet de départ de toute cette saga). C'est aussi indirectement ce comportement qu'on cautionne actuellement.

bobbiwatson a dit…

Est-ce que cette petite fille sera une deuxième Lola? Espérons qu'elle n'aura pas la liberté de faire tout ce même cirque lorsqu'elle sera d'âge adulte.