03 août 2010

Les ayatolas de la malbouffe...

Je mange santé la très grande majorité du temps. Je n'ai aucun mérite. C'est ça ou la goutte et, croyez-moi, on apprend vite dans ce temps-là. Sauf que je ne peux plus supporter ces gens qui ont en tête ma santé, celle de nos jeunes, ces gens qui veulent décider pour moi, pour eux.

La dernière croisée en lice est Nathalie Fortin du Projet Urbanisme et environnement alimentaire autour des écoles et de Association pour la santé publique du Québec dont Le Devoir a publié la lettre ce matin. Comme il est impossible d elui répondre sur le site Internet de ce quotidien, je le fais ici en espérant que cette bouteille se rendra à la mer.

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Madame Fortin,

Je suis enseignant et parent.

Vous me permettrez tout d'abord de questionner les efforts des parents québécois. Ce sont généralement eux qui donnent de l'argent de poche à leur enfant, ce sont eux qui les nourrissent à la maison, ce sont eux qui vont au supermarché acheter les aliments. Les habitudes alimentaires des jeunes ne tombent pas du ciel.

On peut bien blâmer la télé, la publicité... Pourtant, ma fille, en contact avec toutes les réalités de notre société, a appris à manger sainement par mon exemple. Je ne lui ai jamais fait la morale ou de grands discours.

Toujours concernant les parents, ma nièce travaille dans un milieu défavorisé où l'on retrouve pas mal de fast food. Le cliché, qui n'en est pas un, me fait mal à écrire mais que croyez-vous qu'elle côtoie très régulièrement? Des parents adeptes de bien manger? Des parents qui participent à des cuisines collectives? On y peine à distribuer des paniers alimentaires en début de mois, au risque de gaspiller des aliments, mais une fois le chèque fini, là, c'est la cohue. Et je ne parle pas des aliments sains qui prennent parfois le bord de la poubelle sitôt les parents sortis du centre de distribution ou encore des jeunes de trois ou quatre ans qui sentent l'alcool à plein nez parce qu'on les enivre pour les endormir.

Intéressons-nous maintenant aux efforts des écoles. Vous parlez du fait qu'on y a interdit la malbouffe. So what? L'a-t-on réellement remplacée par des aliments santé appétissants et bons au goût? A-t-on rafraichi l'allure des cafétérias scolaires? A-t-on fait une véritable éducation des jeunes? Non, on a interdit. Et je ne parle pas du coût. Quand une simple salade coûte plus de 5,00$ (vendue au poids), on comprend que la santé a un prix que notre société ne veut pas payer. Les concessions qui gèrent les cafétérias scolaires n'ont qu'un seul but: le fric. Un bar à salade pour elles est un paquet de problèmes à gérer.

Alors, quand vous me parlez de réglementer, de légiférer, je ne peux penser qu'un truc abominable: les bonnes habitudes alimentaires, ça ne se commande pas! Ça s'éduque, ça se développe. Un exemple: à mon école, les élèves n'hésitent pas à prendre leur voiture et à rouler comme des fous pour aller au McDo le plus proche. Mettez-le encore plus loin, ils iront encore plus vite! Vous les tuerez au volant au lieu de les tuer avec de la malbouffe.

Une loi, une réglementation, c'est tout le contraire de l'éducation. Et que ferez-vous avec les dépanneurs qui vendent de la malbouffe? Irez-vous surveillez le menu des restaurants qui diront ne pas offrir de la malbouffe? Comment concilierez-vous le fait que vous restreindrez l'offre de restaurants des gens qui demeurent à proximité d'une école? En suivant votre raisonnement, certains quartiers populeux les verront tout simplement disparaitre!

On le voit avec la cigarette, avec l'alcool pourtant interdit aux mineurs: ce genre de mesures est tout simplement inefficaces.

Concentrez donc vos efforts sur l'éducation et assurez-vous donc que toutes nos écoles proposent des alternatives intéressantes au lieu de devenir une croisée de la malbouffe et de risquer de mécontenter la population avec des mesures inadéquates.

L'enfer est pavé de bonnes intentions. Vous y allez comme si vous rouliez sur une autoroute.

8 commentaires:

L'engagé a dit…

On peut pas toujours être d'accord PM, un peu de coercition ne fait pas toujours de torts.

S'il est possible de réduire la compétition, l'offre d'une alimentation saine fera face à une demande accrue et sera par là moins chère. Vous avez raison de proposez un bouquet de mesures, mais si on n'a pas construit un casino là où il aurait fait le plus mal, normal d'obéir à la même logique quand il s'agit de malbouffe?

On paye une sainte fortune en soins de santé, il me semble que c'est donc une mesure logique que de couper dans le gras «trans» et «saturés» avant qu'ils ne fassent leurs ravage.

Ces établissements sont d'ailleurs une plaie (esthétiquement aussi) d'ici à ce qu'on surtaxe cette bouffe immonde, il est normal qu'on l'éloigne des clientèles vulnérables.

Vous inversez le problème, je vous prie de louer le film «FOOD INC.», vous constaterez que l'industrie a choisi pour vous depuis bien plus longtemps que vous ne le pensez.

http://www.youtube.com/watch?v=QqQVll-MP3I

Le professeur masqué a dit…

L'engagé: ouais, on ne peut pas toujours être d'accord. Par exemple, je fais le choix d'aller au McDo ou pas ou, même, je fais le choix d'aller à la café de mon école ou de faire un lunch santé.

Bien sûr que l'industrie détermine certains paramètres. C'est la même chose en matière automobile. Mais un choix éclairé ne repose pas sur la coercition mais bien l'éducation.

Avec une telle mesure, on continue l'État infantilisant. Et dans une maison d'éducation, c'est contradictoire.

Pourquoi ne pas exiger de l'industrie qu'elle coupe dans les gras trans et saturé partout étant donné qu'ils nuisent à la santé? Pourquoi proposer du zonage scolaire si le problème est si important?

Quant au casino, j'ai mes réserves.

L'engagé a dit…

« Pourquoi ne pas exiger de l'industrie qu'elle coupe dans les gras trans et saturé partout étant donné qu'ils nuisent à la santé? »

Tope-là!

« Mais un choix éclairé ne repose pas sur la coercition mais bien l'éducation. »

Sauf que vous savez très bien que certains gouts sont conditionnés par le milieu, si on fait justement de la malbouffe un cas de santé publique, on peut alors exigé, comme la cigarette une saine distance.

La bagarre judiciaire ayant été gagné d'abord dans un cas de «pour les enfants» (car il y aurait sûrement de la contestation), il sera possible d'étendre les restrictions à d'autres milieux...

Vous parlez de liberté de choix et d'éducation, mais dans le contexte de saturation publicitaire et des moyens de marketing qui frôlent le viol mental, la population n'a pas le libre arbitre requis pour affronter les moyens dont disposent les malfrats de la malbouffe.

C'est dans ce cadre que des mesures coercitives compensatoires s'imposent. Si vous, vous avez la souveraineté de choisir, ce n'est pas le cas du reste de la population américaine.

Je comprends le principe d'éviter l'infantilisation, mais je vous dirais que l'industrie a fait de nous des junkies.

Je vous prie de lire ceci :
http://williamreymond.com/Toxic

et cela

http://williamreymond.com/content/toxic-food-enqu%C3%AAte-sur-les-secrets-de-la-nouvelle-malbouffe


Vous comprendrez alors mieux que nous ne nous battons pas à armes égales.

Le professeur masqué a dit…

Nous divergerons d'opinion. C'est tout. Mais je vous dirai que les jeunes iront juste plus loin, simplement.

L'engagé a dit…

Ce débat par contre n'en est pas un comme celui sur la couleur préférée ou l'équipe sportive favorite, vous avez raison de parler d'infantilisation et de dire que les «enfants iront simplement plus loin», mais c'est limiter cette problématique simplement à ce qui vous énerve: les ayatollahs.

Le véritable problème, c'est que cette industrie est indirectement, mais lourdement, subventionnée par le gouvernement américain lequel permet aux éleveurs d'acheter du maïs en dessous du prix coutant et de pratiquer du dumping.

Cela permet à Tyson, Cargill et Smithfield, des éleveurs et des abattoirs géants, d'offrir aux chaines d'alimentation des produits standardisés, uniformes pour l'industrie de la restauration rapide, lesquels produits permettent à leur tour une économie de cout, au détriment de la qualité et de notre santé.

Le maïs est également, à cause de son faible cout, la matière première servant à faire le glucose-fructose, lequel n'étant pas du «vrai» sucre, ne permet pas au corps de comprendre qu'il en a assez bu.

On comprend donc qu'une bouffe trop grasse, saturée et trop salée est disponible dans des contextes qui entravent toute compétition.

Sans la boulette subventionnée et le cola subventionné pour la faire descendre, la malbouffe n'est plus rentable. Elle offre pourtant, pour une somme inférieur aux produits sains que vous pouvez vous procurez en épicerie, un sentiment de satiété.

Vous aurez compris que les populations pauvres et moins éduquées sont donc plus vulnérables encore.

Quand il faudra marcher plus loin et qu'il faudra payer plus cher, les enfants n'iront plus.

Enfin, si nous payons pour les soins de santé de nos concitoyens, il me semble pertinent, dans le contexte d'une assurance collective de limiter les risques.

J'espère que vous écouterez FOOD INC.

L'engagé a dit…

Vous avez raison de parler d'infantilisation et de dire que les «enfants iront simplement plus loin», mais c'est limiter cette problématique simplement à ce qui vous énerve: les ayatollahs.

Le véritable problème, c'est que cette industrie est indirectement, mais lourdement, subventionnée par le gouvernement américain lequel permet aux éleveurs d'acheter du maïs en dessous du prix coutant et de pratiquer du dumping.Cela permet à Tyson, Cargill et Smithfield, des éleveurs et des abattoirs géants, d'offrir des produits standardisés, uniformes pour l'industrie de la restauration rapide, lesquels produits permettent à leur tour une économie de cout, au détriment de la qualité et de notre santé.

Le maïs est également, à cause de son faible cout, la matière première servant à faire le glucose-fructose, lequel n'étant pas du «vrai» sucre, ne permet pas au corps de transmettre un signal de satiété, il y en a 7 cuiller à thé par format normal de boisson gazeuse.

On comprend donc qu'une bouffe trop grasse, saturée et trop salée est disponible dans des contextes qui entravent toute compétition.

Sans la boulette subventionnée et le cola subventionné pour la faire descendre, la malbouffe n'est plus rentable. Elle offre pourtant, pour une somme inférieur aux produits sains que vous pouvez vous procurez en épicerie, un sentiment de satiété.

Vous aurez compris que les populations pauvres et moins éduquées sont donc plus vulnérables encore.

Quand il faudra marcher plus loin et qu'il faudra payer plus cher, les enfants n'iront plus.

Enfin, si nous payons pour les soins de santé de nos concitoyens, il me semble pertinent, dans le contexte d'une assurance collective de limiter les risques. Saviez-vous qu'une entreprise offre une viande lavée à l'ammoniac?

L'engagé a dit…

Le véritable problème, c'est que cette industrie est indirectement, mais lourdement, subventionnée par le gouvernement américain lequel permet aux éleveurs d'acheter du maïs en dessous du prix coutant et de pratiquer du dumping.Cela permet à Tyson, Cargill et Smithfield, des éleveurs et des abattoirs géants, d'offrir des produits standardisés, uniformes pour l'industrie de la restauration rapide, lesquels produits permettent à leur tour une économie de cout, au détriment de la qualité et de notre santé.

Le maïs est également, à cause de son faible cout, la matière première servant à faire le glucose-fructose, lequel n'étant pas du «vrai» sucre, ne permet pas au corps de transmettre un signal de satiété, il y en a 7 cuiller à thé par format normal de boisson gazeuse. On comprend donc qu'une bouffe trop grasse, saturée et trop salée est disponible dans des contextes qui entravent toute compétition.

Sans la boulette subventionnée et le cola subventionné pour la faire descendre, la malbouffe n'est plus rentable. Elle offre pourtant, pour une somme inférieur aux produits sains que vous pouvez vous procurez en épicerie, un sentiment de satiété. Ce cartel rend les populations pauvres et moins éduquées plus vulnérables encore.Quand il faudra marcher plus loin et qu'il faudra payer plus cher, les enfants n'iront plus.

Enfin, si nous payons pour les soins de santé de nos concitoyens, il me semble pertinent, dans le contexte d'une assurance collective de limiter les risques.

Le professeur masqué a dit…

Engagé: j'ai lu Toxic, j'ai lu Coca-Cola aussi (très instructif également). Je ne suis pas naïf quant aux industries alimentaires, loin de là. Encore moins à celles subventionnées par le gouvernement américain.

C'est la lecture de celle livres qui m'a aidé à faire de meilleurs choix. une démarche personnelle est toujours la plus saine.

Les arguments de coût et de meilleure santé m'effraient parfois parce que je crains les limites qu'on pourrait franchir: cesser de soigner les gens parce qu'ils ne suivent pas leur régime, par exemple. C'est pourquoi je reviens toujours à l'éducation.

Je ne dis pas que vous avez tort et je comprends vos points de vue. Mais je ne peux arriver à les partager.