29 juillet 2007

Document choc: le plus mauvais coup que j'ai fait!

Victime de la «question ping-pong» (un concept jovialiste et souriant inventé par Forsythia), je dois donc répondre à l'interrogation suivante provenant de J. Raffe: «Monsieur le Professeur masqué, quel est le plus mauvais coup que vous ayez jamais fait (enfant ou adulte, peu m'importe)?»

J'ai longuement réfléchi avant de répondre à cette dernière. Pourquoi J. Raffe pense-t-elle que je puisse avoir commis de pareilles actions infâmes? Et sur un enfant en plus! Ai-je l'air si terrible que cela? Mes écrits traduisent-ils une pensée refoulée dénotant un esprit vengeur et machiavélique? Et puis, pourquoi écrit-elle «peu m'importe»? Se soucie-t-elle vraiment de ma réponse si elle semble se moquer de sa propre question? Deux Ativan accompagnés d'un gros gin plus tard, je me suis mis à penser à autre chose...

Revenu à notre abrupte et déchirante réalité après quelques heures stimulantes de coma nirvanesque (j'entendais même la voix de Kurt Cobain, c'est peu dire!), j'ai pensé tout d'abord à tort que je n'avais jamais vraiment fait de mauvais coups de ma vie. Jamais. Après tout, n'ai-je pas été servant de messe, scout et préposé à la cafétéria lors d'un emploi d'été?

Puis, lentement, subrepticement, insidieusement, discrètement, furtivement, sourdement, souterrainement, anonymement, clandestinement, finalement, je me suis souvenu de la fois où:
  • j'ai servi à ma fille assoiffée un délicieux et incolore verre de vinaigre;
  • j'ai caché des sardines sous les poignées de porte de la voiture d'un de mes profs distraits au secondaire;
  • j'ai posé une pellicule de plastique sur la bolle de la toilette des gars dans un gymnase;
  • j'ai lancé adroitement dans la piscine de mon voisin mal éduqué et négligent les excréments que son horrible chien jappeur venait avec tant de délicatesse déposer sur le parterre devant chez moi;
  • j'ai simulé, avec quelques collègues du cégep, une panne de son lors d'un enregistrement d'une émission de télé;
  • j'ai corrigé le travail d'un collègue analphabète harcelant haineux en m'assurant de le truffer d'erreurs grossières;
  • j'ai laissé copier un voisin indiscret et cancre toutes mes mauvaises réponses avant de les changer à la dernière minute lors d'un examen important;
  • j'ai ...

Une fois ce pénible constat établi, j'ai vite compris que j'étais, au fond, en période profonde de déni et que je devais m'accepter tel que je suis. Donc, voici mon pire mauvais coup jamais fait de TOU-TE-MA-VI-E!

*********

À l'école où je sévis et enseigne occasionnellement (une fois par deux semaines, soit le jour de la paie), je côtoyais un charmant collègue aussi procrastinateur que moi qui entrait dans la salle des profs 30 secondes avant le début des cours le matin pour ramasser son cartable à anneaux où il consignait mot à mot le contenu de ses cours soporifiques ainsi que quelques accessoires utiles pour passer le temps pendant que ses étudiants tentaient de ne pas s'endormir en remplissant des pages et des pages d'exercices inutiles et fastidieux.

Un beau matin, avec l'aide d'un confrère pénitent et bientôt incorrigible, nous avons donc caché ledit cartable, ce qui nous a valu une tempête d'insultes et de menaces quant à notre intégrité physique personnelle et intime. «Le prochain qui touche à ma planif su mon bureau, j'y arrache la tête», nous a confié avec douceur et émotion notre camarade pédagogue émérite.

Aussi, dans un souci de respecter ces sainte paroles d'Évangile à la lettre, le jour suivant, nous avons tout simplement caché le bureau complet ainsi que tous les accessoires appartenant à notre colérique et apprécié collègue...

Deux jours plus tard, cet être perfide et vengeur kidnappait le sapin de Noël installé dans ma classe mais, grâce à certains de mes élèves qui ont vu la joyeuse verdure odorante se promener à travers les fenêtres des portes de classe de mon école, j'ai pu retrouver la piste du résineux décoré!




*********

Maintenant que j'ai répondu à la pernicieuse question de J. Raffe, je dois tout d'abord lui en reposer une en lien avec ma réponse: Madame J. Raffe, vous êtes-vous déjà fait kidnapper un sapin de Noël? Euh... pas sûr.
Allons-y plutôt avec: Madame J. Raffe, avez-vous déjà bu un verre de vinaigre? Euh... pas mieux, je pense.
Ok! Madame J. Raffe, avez-vous déjà eu l'envie de trucider quelqu'un?
Ensuite, je dois poser une question différente à une autre personne qui doit suivre les étapes et poursuivre cette spirale ennivrante. La personne désignée est Magrah et la question à laquelle elle devra répondre est la suivante: Madame Magrah, quel objet avez-vous perdu et qui vous tenait le plus à coeur? Moi, je pencherais pour son carnet de potins, mais ce n'est qu'une intuition féminine, comme ça.
C'est à suivre...

12 commentaires:

A.B. a dit…

Professeur masqué:
Je viens de lire ce billet à mon réveil et je peux te dire que c'en est un enjoué et plein de rires! La piscine du voisin, en plus du mauvais coup à un collègue, m'ont fait beaucoup rire! On en veut encore =)

Magrah a dit…

Tordant!

Magrah a dit…

PS: Je n'ai pas besoin de carnet pour mes potins, j'ai des collègues féminines. J'ai juste à les appeler pour downloader les mises à jour!! Bref, c'est pas du potinage, c'est du networking!

Anonyme a dit…

Ahhh, Prof masqué,

J'adore. Je ne sais quel tour choisir.

Si je jouais à ce ping pong, je te demanderais de nous dire... le prochain!

Hihi! Zed :D

unautreprof a dit…

Il est facile maintenant de comprendre pourquoi vous DEVEZ porter le masque!

Magrah a dit…

C'est répondu et ping-pogné!

Hortensia a dit…

Ah! C'est du joli, ça!
Quel bel exemple pour notre jeunesse! ;-)

Le caca dans la piscine du voisin m'a fait bien rire. Ça va sûrement donner des idées à quelques personnes qui vous lisent.
Quant aux notes de cours cachées, c'est cruel!
La vengeance de votre collègue était bien trop douce. Vous m'auriez fait ce coup-là que vous ne l'auriez sûrement payé un peu plus cher. :-P

Forsythia a dit…

Suc-cu-lent!

J'ai adoré ce billet.
C'est drôle, souvent dans un prof, il se cache un élève qui en vu d'autres.

Marie Eve a dit…

ahahahahahahah! Quel bon billet! J'aime bien votre style, Professeur masqué.

Anonyme a dit…

Jamais de vaseline sur les poignées de porte!!!! Et moi qui croyais que ça venait automatiquement avec la pellicule plastique sur le bolle (combo très apprécié des ex-pensionnaires)

Je prend des notes, on sait jamais...le coup du cartable est intéressant à tester!!!

Le professeur masqué a dit…

Safwan: content de t'avoir fait rire! Ce texte aura eu un résultat agréable! Avoue que tu ne me pensais pas aussi tordu?

Magrah: content de vous voir plus active dans la blogosphère. Nous, comme ensiegnants, devrions davantage échanger et nous soutenir.

Zed: content de te voir ici et j'espère que tu réussis à rattraper le temps qui fuit si rapidement.

Un autre prof: si vous saviez!

Hortensia: des profs qui demeurent jeunes, c'est important en enseignement. Le jour ou je sentirai que je deviens une vieille croûte, ben je prendrai ma retraite ou je deviendrai adjoint! Je dois vous avouer, par contre, qu'il va bientôt falloir me redéfinir. Je sens que je commence à atteindre certaines limites.

En passant, vous m'auriez fait quoi?

Forsyrhia: «souvent dans un prof, il se cache un élève qui en vu d'autres.» Très vrai et on ne devient pas prof pour rien

Lilas: merci du compliment! Je suis habituellement plus sage et plus réservé.

Anne: ma fille se souvient encore du verre de vinaigre et ne m'en veut pas. Sauf que c'est un peu cruel... À éviter avec les estomacs sensibles.

Hortensia a dit…

Pour déterminer ce que je vous aurais fait, il faudrait que je connaisse mieux vos manies d'enseignant, vos petites vulnérabilités. On en a tous. J'aurais tenté de trouver quelque chose qui, sans être méchant, soit aussi dérangeant pour vous que l'absence de ses notes de cours pour votre collègue. Kidnapper le sapin de Noël était définitivement trop gentil comme vengeance!
;-)