11 juillet 2007

La convergence, voyons donc!

Trois messages dans la même journée. S'cusez-moi, mais celui-là, je ne peux pas pas l'écrire!

Si vous n'habitez pas notre belle Capitale nationale, vous ne savez sans doute pas que les employés syndiqués du Journal de Québec sont en grève depuis le 22 avril dernier. Depuis, des cadres assurent la parution de ce quotidien mais, dans les faits, plusieurs chroniques viennent du Journal de Montréal, des textes de la Presse canadienne, etc.

Les syndiqués ont riposté en lançant leur propre quotidien gratuit, le MédiaMatinQuébec, ce qui a soulevé l'ire de l'empire PKP. La partie patronale a eu recours aux tribunaux pour tenter d'empêcher la parution de ce concurrent et pour d'autres motifs encore. Le service des abonnements se fait insistant auprès de ceux qui ont décidé de ne plus recevoir le JdeQ durant le conflit, on joue dur et Luc Lavoie, porte-parole de Quebecor, est loin d'être un tendre si l'on se base sur les propos ici et ici de Patrick Lagacé, chroniqueur à La Presse et ancien du JdeM.

Bref, un vrai conflit de travail pourri. Sauf que... avec Quebecor, il manquait un ingrédient: le pouvoir de la convergence. Voilà qui serait fait, si l'on se base sur un texte de Daniel Paquet dans le MMQ et que je retranscris ici.

Qu'on me comprenne bien: l'empire Quebecor peut faire de l'excellent boulot, mais on sent une volonté nette de casser un syndicat de journalistes pour pouvoir mieux exploiter le pouvoir de l'information par rapport aux prochains médias du futur. Ce qui se joue à Québec n'est pas une convention collective, c'est une façon de déterminer notre façon de voir notre monde.


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SI T’ES PAS DU BON BORD, TON CHIEN EST MORT!

La grosse machine de Quebecor est-elle en train de décider pour les gens de Québec quels seront les journalistes habilités à rencontrer «ses» artistes? Attention, car si la tendance se maintient, la convergence entreprise par Quebecor pourrait bien se traduire par une uniformisation de la culture et un important contrôle de celle-ci par la compagnie.
Paranoïa de lock-outé? Pas du tout.

Dimanche après-midi, une journaliste du MédiaMatinQuébec devait rencontrer Zachary Richard lors d’une entrevue exclusive, après une entente prise il y a quelques semaines avec l’agente de l’artiste et à la suite de l’acceptation de ce dernier. Zachary Richard se produisait en spectacle avec Francis Cabrel en soirée, à l’occasion du Festival d’été de Québec.

Quelques minutes avant la rencontre, l’agente a annulé l’entrevue, prétextant que celle-ci n’aurait jamais été acceptée si la femme avait su que la journaliste travaillait pour MédiaMatinQuébec, le journal né du conflit de travail au Journal de Québec. Le problème vient du fait que la maison de disques de Zachary Richard au Québec est Musicor, une filiale de Quebecor.

Alors tant pis pour Zachary! Même si lui avait accepté l’entrevue depuis des semaines, Mme Musicor a décidé d’annuler. Un point, c’est tout.

Heureusement, la journaliste a pu assister à la conférence de presse comme tous les autres journalistes, car cette dernière était sous la responsabilité du Festival d’été de Québec et Mme Musicor aurait été bien mal venue de l’empêcher d’y assister. Par contre, encore une fois, cette dernière s’est interposée et a tenté d’empêcher que le photographe de MédiaMatinQuébec fasse une photo plus personnelle de Cabrel et Richard.

Qu’à cela ne tienne. Le photographe s’est adressé directement aux artistes et ceux-ci ont accepté de collaborer, faisant ainsi la nique à une agente peu sympathique. Dangereux.

Le problème pourrait en être un d’individu. Peut-être que l’agente n’aime pas les lock-outés, a peur de perdre son job ou est simplement trop zélée. Mais à MédiaMatinQuébec, nous ne le croyons pas. Il s’agit plutôt d’une tendance lourde vis-à-vis nous. Deux autres exemples. Mme Jeannette Bertrand a annulé une entrevue avec un de nos journalistes, car son livre est publié chez Libre expression (ironiquement), une autre filiale de Quebecor. Elle était mal à l’aise avec la situation, selon la version de son agente.

Autre désistement, Rita Lafontaine, qui a préféré ne pas rencontrer un de nos scribes. Quebecor serait un bailleur de fonds de son centre d’arts et elle préférait ne pas se mêler du conflit!!! Il ne s’agissait pourtant que d’une simple entrevue pour une pièce de théâtre dans laquelle elle jouait…

Inquiétant et dangereux de constater que ces artistes sont muselés. Avec MédiaMatinQuébec, on peut toujours prétexter le conflit. Mais qui sait, peut-être qu’un jour, le mot d’ordre de Quebecor à ses agents sera de ne pas permettre aux artistes de s’adresser à des médias «non québécoriens». Pas sûr que les Québécois en sortiront gagnants et que les artistes y trouveront leur intérêt.

Daniel Paquet
rédacteur en chef
MédiaMatinQuébec

6 commentaires:

A.B. a dit…

«Mais qui sait, peut-être qu’un jour, le mot d’ordre de Quebecor à ses agents sera de ne pas permettre aux artistes de s’adresser à des médias «non québécoriens». Je crois que ça se fait déjà et l'article le démontre d'ailleurs. Les animateurs et comédiens qui travaillent et jouent à TVA se pointent rarement ailleurs (lire à des émissions diffusées sur les chaînes d'appartenant pas à l'empire PKP). Je n'écoute pas beaucoup la télévision québécoise, mais je crois en avoir assez vu pour constater cette désolante situation.
D'un point de vue vraiment personnel maintenant, je crois que TVA ne fait pas vraiment de la bonne télé: ses téléromans sont calqués sur le quotidien des Québécois. Ce n'est pas ce que j'attends d'un divertissemernt télévisuel car, même si la vie ordinaire a ses moments rigolos et tragiques, j'aime bien sortir de mon nombril le temps d'une émission comme Grande Ourse, par exemple, diffusée il y a quelque temps à la SRC.
Quant un JdM, le traitement biaisé rempli de fausses informations qu'il a réservé cet hiver à l'école où je travaille a eu raison du dernier filament de respect qu'il me restait pour lui. Et je ne vous parle pas des erreurs d'orthographe, de syntaxe, de ponctuation, de style, etc.

Le Prof a dit…

N'oublions pas que Québécor possède aussi une maison d'édition de manuels scolaires (CEC pour ne pas la nommer)... Inquiétant.

Safwan: je ne sais pas si c'est intentionnel de la part de TVA, mais le réseau semble spécifiquement cibler les femmes de plus de 35 ans, dont une bonne partie de la tranche d'âge supérieure demeure à la maison, d'où la présence des "Feux de l'amour" et de téléromans très "réalistes" afin de ne pas trop les ébranler, ces petites madames.

La télévision d'État n'a peut-être pas une programmation exemplaire (Virginie, anyone?), mais on peut certainement lui lever notre chapeau pour être sortie des sentiers battus.

J. RAFFE a dit…

Inquiétant, en effet.

A.B. a dit…

Le prof:
Je ne savais pas que CEC appartient à l'empire (du mal...hihihi) Québécor; c'est inquiétant, vraiment.

Je crois que TVA a les femmes à la maison de 35 ans et plus dans son collimateur moi aussi.

En ce qui me concerne, Virginie n'est pas une grande réussite par rapport à mes critères personnels - malgré le fait que ce téléroman ait joué quelque chose comme dix ans et ait atteint des cotes d'écoute spectaculaires pour une quotidienne - mais, comme tu l'affirmes, la SRC prend des risques et on ne peut que l'encourager à poursuivre dans cette voie qui, rappelons-le, lui est imposée par son statut de télé d'état. Les chaînes qui risquent gros, mis à part celle qui est obligée de le faire, se font très rares. Ça, c'est désolant.

unautreprof a dit…

Avant on ne disait pas télé métropole pour le fameux 10?

Cela va t-il devenir télé monopole?

C'est le poste le plus regardé je crois. Comme c'est dommage car comme Safwan et le Prof, je trouve que SRC avec ses séries comme le très "dark" Minuit le soir par exemple, ose davantage, nous montre de bonnes émissions, de qualité.
TVA ressemble de plus en plus, quant à lui à TQS et c'est désolant.
Même chose pour les publications.

Le professeur masqué a dit…

Avant d'entrer dans ce débat, une petite mise au point s'impose. En information, il existe la censure directe et l'auto-censure.

La censure directe, c'est quand on reçoit la consigne de ne pas parler de certains sujets à certaines personnes. Quebecor va-t-il jusque-là? Certaines ententes de ce groupe restreignent le droit de parole des gens qu'ils embauchent. On ne veut pas qu'un chroniqueur dont on fait la promotion aille monter les cotes d'écoute d'un concurrent, par exemple. Cette pratique n'est pas exceptionnelle, mais elle peut être parfois déplorable.

L'auto-censure, c'est quand on a fini par intégrer certaines pratiques de censure directe (réflexe automatique) ou encore c'est quand quelqu'un exerce un pouvoir sur nous et qu'on modifie notre comportement de façon à ne pas lui déplaire. C'est évidemment plus difficile à prouver.

Safwan: pour PKP, Quebecor fait de la bonne télé. Elle est profitable. Une des raisons de son $uccè$ est justement que les gens s'y reconnaissent. Sortir de son nombril est parfois exigeant et on veut une télé réconfortante.

Par ailleurs, j'aimerais ça que tu me parle un peu de ce que le JdeM a fait à ton école.

En passant, je détestais le téléroman Virginie. Totalement irréaliste! Et en plus, j'étais jaloux de la taille de ses groupes d'élèves!

Le prof: actuellement, les télédiffuseurs souhaiteraient atteindre davantage les jeunes, mais c'est une clientèle volatile et difficile à saisir. Les petites madames de plus de 35 ans font quand même de bonnes auditrices à vendre aux publicitaires.

Effectivement, il serait intéressant de voir si Quebecor va influencer le contenu CEC. Pourquoi pas une entrevue de Mari-Mai?

Unautreprof: «télémonopole»! Elle est bien bonne, celle-là. Je la retiens!