18 octobre 2007

Gang d'hypocrites!

Voilà: l'insulte est lancée et je l'assume bien.

Ainsi, le PQ a l'intention de singer, oups! d'imiter l'ADQ (ici, ici et ici) en souhaitant l'adoption d'une constitution où seraient enchâssées les valeurs communes des citoyens de la Beautiful Province et la création d'une «citoyenneté québécoise». À ce sujet, les projets de loi 195 et 196 referment également des «dispositions assurant la prédominance de la langue française, la maîtrise de la langue parlée et écrite et la connaissance de l'histoire nationale.»

Désolé, mais je ne crois absolument pas aux convictions linguistiques de Mme Marois et de son parti. Le bilan de cette formation souverainiste en matière d'éducation et d'enseignement de la langue française m'a convaincu que nous sommes, encore une fois, devant un beau discours électoraliste ou l'on expoitera la fibre nationaliste des «bons Québécois» pour les amener à voter pour le «bon parti».

C'est sous la gouverne de Mme Marois que nous avons connu à la fin des années 90 la réforme de la grammaire dans nos écoles. Elle devait simplifier et moderniser l'enseignement de la langue française, améliorant ainsi inévitablement la maîtrise que les jeunes ont de celle-ci. Laissez-moi rire de tristesse... C'est là qu'on a compris pourquoi la réforme suivante serait un échec: implantation faite sans véritable concensus et de façon improvisée, formation insuffisante des enseignants, manque de ressources et de moyens, etc.

Et puis, il y a eu aussi le renouveau pédagogique dans lequel nous sommes empêtrés et à cause duquel la maîtrise de la langue des élèves du primaire au Québec est en baisse selon une étude internationale.

La Parti québécois a jeté aux poubelles de l'histoire un chef dont le passé rimait avec «cocaïne». Il lui a plutôt préféré une candidate dont le passé rime avec «héroïne». Seulement, quand on regarde les faits d'arme de Mme Marois, je préférais un politicien «coké» à une politicienne «poquée».

Le PQ se préoccupe du français, langue d'enseignement. Laissez-moi rire de tristesse...
Le PQ se préoccupe de la langue française des immigrants. Laissez-moi rire quand on voit à quel les évaluations auxquelles le MELS soumet nos élèves sont bidons en français... D'ailleurs, je suis pas sûr de la légalité de priver quelqu'un de son droit de se présenter aux élections scrutins scolaires, municipales et provinciales.

Dalida le chantait si bien: «Paroles, des paroles, des paroles...»

12 commentaires:

A.B. a dit…

«[...] la connaissance de l'histoire nationale.» Ce mot mis en gras peut être interprété de bien des façons. Il pourrait devenir «nationaliste», ce qui est complètement autre chose et a une connotation souverainiste/indépendantiste.

Je suis d'accord avec le fait d'améliorer la connaissance de notre histoire mais, encore là, comment? La réforme n'est même pas encore commencée en 4e secondaire, année où s'enseigne actuellement le cours Histoire générale du Québec et du Canada. Déjà que c'est compliqué avec le Renouveau, il ne faudrait pas complexifier les choses davantage. Bref, comme tu l'écris, ce ne sont que des paroles qui resteront paroles.

Hortensia a dit…

Que de véhémence dans tes propos!
D’abord, le PQ ne singe pas ou n’imite pas l’ADQ, comme tu l’écris, le PQ, après quelques égarements, retourne à ses préoccupations fondamentales, qui ont toujours inclus les questions de langue et d’identité. Au moins, le PQ propose des choses concrètes. Quand on pense que l’ADQ ne déposera même pas de mémoire à la Commission Bouchard-Taylor, car ce parti considère avoir tout dit de sa position sur le sujet. Dumont prouve ainsi, comme c’est toujours le cas, qu’il est bien bon pour lancer des phrases choc en conférence de presse, mais que, quand vient le temps d’apporter des pistes de solutions, il est zéro.

Ensuite, Madame Marois, a simplement déposé des projets de lois, qui ne se rendront peut-être même pas à l’étape d’être étudiés. Pour ma part, et même si je n’ai pas eu le temps de lire et de m’informer sur la question autant que je le fais d’habitude, j’avoue trouver ces projets de lois fort intéressants sur papier. Il faut voir l'application qu'on en ferait… Tout ne peut pas toujours aller plus mal, en éducation comme ailleurs. Cependant, je ne suis pas naïve au point de croire qu’il n’y a pas de visée électoraliste du tout de la part de Madame Marois dans ce dossier. Je dis simplement que les erreurs du passé ne discréditent pas automatiquement l’intérêt des présentes propositions… J’y reviendrai peut-être dans un billet si je me sors vivante de mes corrections.

Le professeur masqué a dit…

Hortensia: l'idée d'une constitution québécoise a d'abord été avancée par l'ADQ dans la foulée des accomodements raisonnables, je crois.

Cela étant dit, je ne suis pas adéquiste. Je suis plutôt néo-rhini depuis quelque temps.

Ce qui me choque, c'est que la langue, au Québec, fait l'objet d'un discours électorale hypocrite de la part de tous les partis. C'est comme mes jeunes qui chiâlent contre les immigrants qui n'apprennent pas la français mais qui ne savent pas eux-mêmes écrire le mot «Québécois».

Dans le cas du PQ, il a eu le temps, alors qu'il était au pouvoir de faire des choses. Oui, il y a eu de grandes avancées comme la Loi 101, par exemple, même si je crois qu'elle a eu l'effet pervers de trop rassurer les Québécois.

Mais au quotidien, dans nos écoles, l'enseignement du français souffre tellement de déficience que c'en est pathétique. Et ce parti porte une large responsabilité dans cette dynamique. De même, on oublie que c'est le ministère d'André Boisclair qie les COFI ont connu une première vague de coupures importantes.

Disons que j'estime que les gens qui se disent vertueux ont plus de concret à fournir, sinon ce sont des tartuffes. D'ou ma véhémence.

A.B. a dit…

Encore moi!
Dans le premier lien de ton billet vers l'article de Cyberpresse «Français: le PQ veut serrer la vis aux immigrants», on peut lire:
«Le Parti québécois veut interdire aux immigrants qui n'ont pas une connaissance «appropriée» de la langue française de briguer les suffrages au Québec
Je trouve cette mesure complètement anticonstitutionnelle, raciste et, à la limite, ségrégationniste. Je suis la première à monter aux barricades pour défendre ma langue et à m'insurger contre son massacre, entre autres, au centre-ville de Montréal. Mais là, vraiment, je trouve que le PQ pousse pas mal fort. À quand l'interdiction du droit de vote pour les handicapés mentaux, tant qu'à y être? Ça frôle le nazisme, tout ça. Histoire de parer d'éventuels reproches, je ne suis ni péquiste, ni adéquiste, encore moins libérale. Présentement, aucun parti ne correspond vraiment à ma vision du monde, alors mes propos ne sont teintés d'aucune appartenance à un parti politique quelconque.
Je crois, comme tu l'affirmes dans ton commentaire, que le PQ a été assez longtemps au pouvoir pour faire quelque chose qu'il n'a finalement pas fait. On a une loi, la loi 101, et je considère qu'on devrait mettre les moyens en place pour l'appliquer. Ensuite, on pourrait penser à d'autres moyens plus drastiques, mais si on n'est même pas capables de faire respecter une loi qui existe, pourquoi vouloir en faire passer d'autres concernant le même problème, soit le statut et l'utilisation de la langue français au Québec?

Anonyme a dit…

J'applaudis à deux mains. Traducteur et amateur d'histoire, je devrais être heureux d'une telle annonce, et pourtant... Débordé de travail, j'ai tenté à quelques reprises de faire appel à de jeunes diplômés/es, mais les résultats ont été pitoyables. Non seulement ne savent-ils/elles pas écrire, ils/elles ne savent pas lire - et je compte là-dedans deux ou trois détentrices de maîtrises! J'en pleurerais, mais au moins, ma place est sûre jusqu'à la retraite!

bibconfidences a dit…

Nous manquons un brin de simplicité. Tout est devenu si compliqué, tout est matière à enjeu politique, l'éducation est prétexte à tout.
L'éducation devrait servir à faire des choix voilà pourquoi une langue devient un outil important dans l'édification d'une société.
Malheureusement il semble qu'on se soucie peu d'éduquer correctement. De tout temps les gouvernements ont éludés les vrais questions, pourquoi serions-nous surpris qu'il en soit maintenant autrement?
Nous ne faisons que tourner en rond, nous nourrissons bien grassement les grattes-papier qui s'efforcent de réécrire l'histoire et les règles, nous gueulons et nous voulons tout sauf le ici et maintenant. Que voulons-nous vraiment?

bibconfidences a dit…

Prof masqué, lisez si vous voulez, mais ensuite, de grâce,effacez mon commentaire. Me relisant, j'ai voulu me corriger au lieu de ça j'ai " envoyé ". Je ne supporterai pas de voir ça publié.

Hortensia a dit…

prof masqué
Si je ne m'abuse, c'est Daniel Turp qui est à l'origine du projet de constitution du Québec et il travaille là-dessus depuis bien avant que Dumont n'en parle, mais, de toute façon, ce n'est pas très important qui en a parlé en premier. Ce qui l'est, par contre, c'est que le PQ, au contraire de l'ADQ, a vraiment planché sur ces questions et est passé de la parole aux actes en déposant ses projets de lois. Pour le moment, malgré ce que tu soulignes avec raison comme erreurs du passé (l'abolition des COFI, entre autres, est scandaleuse), je crois malgré tout encore en la bonne foi de Madame Marois. Peut-être que je suis naïve. On verra bien...

safwan
J'aimerais que tu m'expliques en quoi cela est raciste de demander aux immigrants qui s'installent ici d'être fonctionnels dans la langue officielle avant de se présenter comme candidats aux élections (est-ce que tu aurais confondu le droit de briguer les suffrages et le droit de voter?). Aucun pays dans le monde n'accepterait un candidat aux élections qui ne parle pas sa langue officielle. C'est fou comme on a peur de notre ombre ici. Comment peut-on vouloir représenter un peuple sans parler sa langue? Pour moi, c'est absolument un non-sens. Rappelons-nous seulement que René Lévesque et Camille Laurin se sont aussi fait traiter de racistes et de nazis lors de l'adoption de la loi 101 alors qu'aujourd'hui, on salue unanimement les dispositions de cette loi.

Le professeur masqué a dit…

Bibco: Merde! Je vais devoir apprendre à lire avant de publier! je me sens connard. Ça fait ma deuxième gaffe de la semaine. Bibco, voulez-vous me pardonner?

Supposons malgré tout que ce message existe sans qu'il ne vous soit relié. Conservons: «Que voulons-nous vraiment?» C'est une belle question! En fait, c'est celle qu'on devrait toujours se poser.

Moi, je veux simplement que les jeunes, rendus en cinquième secondaire, ne soient pas handicapés quant à leur langue maternelle. Plus que de voir certains élèves refusés au cégep parce qu'ils ne sont pas assez forts en français, c'est de les voir incapable de comprendre un texte simple ou encore d'exprimer leurs idées qui me dérange. Quand tu ne peux pas dire la détresse qui t'anime, par exemple, il te reste quoi?

De plus, quant à la maîtrise de la langue écrite, celle qui pose le plus de difficulté, combien de jeunes ne peuvent pas occuper le métier de leur choix parce que, pendant des années, il avait l'illusion de bien écrire et que le marché du travail leur a mis la réalité en face...

Hortensia: Turp, c'est vrai! J'ai la mémoire courte. Ce qui me fais rigoler, c'est de voir comment une idée mentionnée par l'ADQ lui appartient aussitôt. Il y a quelque chose là, je crois.

Concernant les propos de Safwan, déjà dans les journaux ce matin, on reprenait cette idée de citoyen de seconde classe. Mais je reviendrai sur cette question dans un autre billet.

A.B. a dit…

La honte. Aucune autre expression ici. Hortensia: «est-ce que tu aurais confondu le droit de briguer les suffrages et le droit de voter?» Si je pouvais m'enfouir profondément sous terre jusqu'à ma mort, je le ferais. J'ai assez tourné le fer dans ma plaie à l'orgueil. Encore une fois, la honte totale... Et je m'en veux. Mais bon. Le ridicule ne tue pas, à ce qu'il paraît. Ça fait mal, cependant...

Anonyme a dit…

EXACTEMENT.

Zed

Anonyme a dit…

Je me propose justement d'écrire un billet sur la fonction de la parole au Québec, prof masqué. Je suis 100 % d'accord avec ton billet.

Zed