Ce matin, le journal Le Devoir publie quatre textes intéressants reliés à l'éducation. Je vous transmet les grandes lignes de chacun d'eux brièvement, mais je vous incite à aller les lire. Qui résume souvent trahit...
Johanne Fortier voit la lumière!
Un peu méchant ce commentaire, mais à la lecture de cette entrevue, vous aurez la même réflexion. Johanne Fortier, présidente de la Fédération des syndicats de l'enseignement (FSE) se livre à certains constats sur l'éducation qui sont nouveaux dans son discours.
Mme Fortier relève l'inadéquation entre certaines valeurs et réalités de notre société (consommation rapide, instantanéité) et celles valorisées à l'école (effort, tenacité, performance). Elle souligne aussi - enfin! devrais-je dire- que la pauvreté est un des facteurs de «non-réussite» scolaire. Elle revient également la lourdeur de la tâche éducative, les attentes élevées envers l'école.
Mais surtout, la présidente de la FSE semble moins complaisante à l'égard de la réforme qu'elle ne l'a été: : «Au départ, à partir de celle-ci, on devait revoir les programmes, notamment en se recentrant sur les matières de base; avec les années, on a connu une certaine dérive et on a opté plutôt pour une réforme pédagogique, de telle sorte qu'on l'appelait même "le renouveau pédagogique".» Elle s'interroge également sur le non-redoublement et l'intégration des élèves en difficulté.
Enfin, si elle indique que les conditions de travail des enseignants sont souvent insatisfaisantes, elle y va d'un commentaire qui me laisse songeur: «De même, on devrait assurer une plus grande reconnaissance aux enseignants en leur versant un salaire respectueux de leur formation de base ou adéquat en fonction de celle-ci pour atteindre le même but.» Désolé, Madame Fortier, mais j'ai souvenir que c'est votre organisation syndicale qui, avec les négociations sur l'équité, a littéralement torpillé la notion de scolarité chez les enseignants.
Le renouveau problématique
Cet autre texte s'attarde au renouveau pédagogique. On souligne que le Québec maintient le cap en ce domaine alors que le canton de Genève, en Suisse, qui a servi de modèle au MELS, l'a laissée en majeure partie tomber.
Si la réforme a eu le mérite de déscléroser certaines pratiques pédagogiques, elle ne donne manifestement pas les résultats escomptés chez les enfants en difficulté, ceux-là même pour qui on implantait le renouveau pédagogique, croit Clermont Gauthier, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en étude de la formation à l'enseignement de l'Université Laval.
Serge J. Larivée, professeur au département de psychopédagogie et d'andragogie de l'Université de Montréal, est moins critique envers la réforme, mais il me semble un peu déconnecté de la réalité du travail d'un enseignant. À preuve, ce commentaire: «ils (les enseignants) doivent être à l'écoute des différents élèves pour être plus présents aux côtés de ceux qui en ont le plus besoin.» Avec des classes de 34 élèves, c'est peut-être un peu beaucoup demander...
Les deux universitaires s'attardent enfin à la formation des jeunes enseignants et à leur intégration dans le milieu scolaire.
Enseigner de nos jours
Une rencontre avec une enseignante du primaire qui nous raconte une réalité qui nous est familière.
Cette dernière parle des joies au quotidien de l'enseignement, mais aussi des difficultés qui y sont reliées: manque criant de ressources, intégration difficile des élèves en difficulté, lourdeur de la tâche, parents parfois exigeants. Rien de bien nouveau, au fond, mais ce témoignage nous confirme que nous ne sommes pas seuls «à ramer comme des dingues» dans cet univers.
Les enseignants du collégial
Dans ce dernier texte, Ronald Cameron, président de la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ-CSN), s'attarde au manque de reconnaissance des enseignants de niveau collégial. Il souligne les mythes entourant leurs condition de travail et l'écart de 20% existant entre leur salaire et ceux de leurs confrères ontariens, par exemple.
8 commentaires:
Ce n'est pas en versant un meilleur salaire aux enseignants qu'on leur assurera une plus grande reconnaissance. Qu'on leur permette de bien faire leur travail, ce pour quoi ils ont été formés. Ils ne sont pas psys, pas orthos, pas TES, pas travailleurs sociaux ... et pourtant on leur demande de cumuler toutes ces tâches.
Vous êtes le Hubert Reeves de l'éducation, le vulgarisateur pourfendeur de l'éducation. Moi qui n'ai plus le temps de lire je me tiens au courant grâce à votre vigilance constante. Les héros portent toujours un masque.
Serge J. Larrivée a été un de mes enseignants à l'Université. Je ne dirais pas nécessairement qu'il est déconnecté de la réalité...
Il a été pendant un bon bout de temps directeur d'école dans un milieu plutôt défavorisé... et cela était au primaire (lire ici que les classes de 34 élèves sont innexistantes).
Il faudrait connaître le reste du propos qu'il a tenu au journaliste pour se faire une meilleure idée.
Robin des bois ne portait pas de masque et il était pourtant un ardent défenseur/pourfendeur ... M. Professeur masqué êtes-vous un héros ?????
Bobbi: je troquerais ma fameuse équité pour un horaire de travail moins contrôlé et débile...
Bibco: faux! La preuve: Denis Coderre n'en a pas un.
Catherine: vous avez raison de pondérer mes propos à l'égard de M. Légaré.
Sauf que je suis excédé d'entendre certains universitaires et autres parler de l'intégration des élèves en difficulté comme si c'était une chose facile... et faisable. On brûle de bons profs à vouloir les transformer en ce pour quoi ils ne sont pas former ou en ce qu'ils ne sont pas.
J'ai 14 années d'expérience en cinquième secondaire. Je ne me vois pas devenir du jour au lendemain un prof avec 2 ou 3 élèves intégrés par classe. Cela ne va ni avec ma personnalité, ni mon style, ni mes habiletés, ni ce que je suis. De même, certains profs d'adaptation scolaire sont plus à l'aise avec certains types de clientèle.
Bobbi: le jour ou je me prendrai pour un soi-disant héros, lancez-moi des roches! On a déjà assez du doc Mailloux, pas besoin d'un prof Mailloux.
Peut-être qu'un prof/doc Mailloux pourrait en venir à obtenir "une reconnaissance des enseignants"? Donnons aux profs l'opportunité d'enseigner et donnons aux professionnels (psys et autres du même acabit) l'opportunité de faire leurs jobs. Quand les profs pourront enfin faire la job pour laquelle ils sont compétent, ils auront enfin droit à la "reconnaissance" et le salaire suivra.
ahahaha! `-)
Ce sera chose faite bientôt, il va revenir avec une burka.
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