03 janvier 2009

Cornellier et la réforme

Tiens, monsieur Cornellier verse un peu dans la nuance quant à la réforme. Un peu. Juste assez. Pas trop. En effet, il conclut une de ses chroniques de la façon suivante: «Le renouveau pédagogique a eu ses idéologues radicaux qui ont nui à sa compréhension et à son accueil. À elle seule, cette réforme ne fera pas de miracles.» Mais...
S'il partage certains points de vue de David Solway, auteur de Le Bon Prof, , il n'en demeure pas moins qu'il croit «qu'on en met beaucoup sur le dos du renouveau pédagogique.»
Pour Cornellier, l'enseignement des connaissances seul ne suffit pas. Il faut s'approrier les savoirs et cela se fait inévitablement par des projets. Il le sait: il a étudié au secondaire et il se rappelle son enfance. «Le virage vers la notion de compétences, au fond, dit-il, souhaite améliorer cette situation. En obligeant l'élève à incarner des connaissances, à mettre des savoirs en pratique, on vise à lui permettre de vraiment se les approprier.»
Il cite l'exemple de son frère, enseignant au primaire. qui a demandé à ses élèves de «reconstituer, sous forme de maquettes, un village iroquoien et un campement algonquien. Les savoirs sur ces sociétés -- présentés en classe -- se sont donc incarnés dans une réalisation concrète qui a exigé un engagement de la part des élèves, très motivés par ce défi.»
Il a la dent plus dure cependant quand il critique l'ouvrage collectif Contre la réforme pédagogique. Il reproche à ses auteurs de laisser croire que les connaissances n'ont plus leur place à l'école: «Je note pourtant, dans le Programme de formation de l'école québécoise (enseignement primaire, version mise à jour en mai 2008), la présence de pages pleines de «savoirs essentiels» qui ne sont rien d'autre que des connaissances (souvent assez savantes).» Plus encore: «Ma belle-soeur, qui enseigne le français au secondaire, m'assure que l'enseignement systématique de la langue est la norme, dans les manuels et en classe.»
Son enfance, son frère, sa belle-soeur, une programme de formation du primaire. Voilà les arguments de M. Cornelier qui demeure un socioconstructiviste convaincu.
On pourrait lui opposer les résultats à la baisse des élèves réformés au primaires, mais bon... On pourrait aussi lui citer les prises de position de l'Association québécoise des professeurs de français, mais là aussi... Le rapport Ouellon... Le comité se penchant sur les connaissances au sein du programme de français...
Encore, on pourrait lui expliquer que créer des maquettes prend du temps, du temps qu'on n'a plus pour les connaissances. Lui expliquer que les programmes de formation sont des papiers loin de la réalité des classes (certaines compétences sont presque de niveau universitaire). Bof!
Les résultats des élèves chutent, le décrochage scolaire est loin de se résorber. Voilà deux réalités que le renouveau se promettait de corriger. Avec tout le fric qu'on y a investi, on aurait pu s'attendre à mieux de cette réforme. À beaucoup mieux. Et loin d'améliorer les choses quant à moi, elle a augmenté le chaos existant dans le monde de l'éducation.

8 commentaires:

bobbiwatson a dit…

N'avait-il pas déjà parlé de sa famille enseignante dans un article dans lequel il décriait un livre écrit par trois enseignants, livre qui traitait de l'état de l'enseignement du français dans nos écoles?

Une Peste! a dit…

Vous êtes donc bin obstineux, Prof Masqué!

Non mais.
Si son frère lui a dit, à Cornellier, ça doit être vrai!!

Quel poids peut bien avoir le récit de milliers d'enseignants sur le terrain et/ou de faits mathématiquement démontrés, devant un tel étal de preuves.
Non mais. Sa belle-soeur, elle est en-sei-gnan-te-bon et elle lui assure que tout va impeccablement bien.

Aaaahhhhh. Hombre de poca fe.

En plus, Corneiller, il a déjà fréquenté un (*)établissement scolaire. Ce qui fait de lui un connaisseur en la matière.

(*)Comme tous nos parents d'élèves, d'ailleurs...;-0

Une Peste! a dit…

J'ajouterais.

J'ai aussi fait des maquettes de village d'iroquoiens et des wigwams d'algonquins. Ou est-ce l'inverse? Je ne me souviens pas lesquels étaient nomades, lesquels étaiens sédentaires.

Bin pour dire. Faire des maquettes n'est pas garant de l'appropriation d'un savoir. ;-))

Fils, môme d'avant le Renouveau Pédago a également fait ce genre de maquettes. C'est un génie et il est merveilleux, soit. Mais ce n'est pas à cause des maquettes. C'est plutôt la faute de ces gènes. Hé.

On a tous fait des maquettes, du travail en équipe et des activités intégratrices. Peu importe notre âge. Ou presque.

Rappelez-vous, pas moyen de faire une sortie de groupe sans en faire une préparation des semaines à l'avance. En plus de devoir y revenir des semaines après.

Je n'ai jamais tant détesté aller au théâtre qu'avec l'école. Mon expérience des Belles-Sœurs en secondaire III en a été complètement scrappée. J'essayais tellement de tout comprendre, tout retenir.. parce que je savais qu'on aurait un texte à faire là-dessus, après. Je suis sortie de là avec un mal de tête carabinée et une petite colère par en-d'dans. On m'avait, en quelque sorte, enlevé le plaisir de découvrir Tremblay.

Faque.
Les maquettes du frère de monsieur Corneiller ont la même valeur que ma séance manquée des Belles-Soeurs.

C'est un à un.

Le professeur masqué a dit…

La Peste: bref, rien ne se perd, rien ne se crée, tout se réforme, euh transforme...

bobbiwatson a dit…

... et tout se consume, après avoir été consommé! comme la réforme!

Une Peste! a dit…

Bah.
Ya des trucs qui se consument vachement lentement. C'est, précisément, la beauté de la chose.

Faudra être patiente.

bobbiwatson a dit…

Vitement que la réforme se consume ... car elle est consommé depuis trop longtemps déjà. La consommation lente laisse souvent un arrière-goût auquel on ne prête attention que lorsqu'il est trop tard.

bobbiwatson a dit…

Même la ministre Courchesne semble aimer les maquettes du "frère enseignant au primaire" de M. Cornellier car elle nous annonce que les élèves de troisième et de quatrième secondaire seront évalués en fonction des compétences et non des connaissances!
La réforme est consommée et ne se consume pas! Elle consume nos enfants! Elle consume aussi les enseignants qui se laissent prendre au piège de sa consommation! Ce qui est consumé lentement a un goût âcre et n'apporte aucun bien-être.
Devenons des consuméristes et défendons les intérêts de nos enfants!