À chaque fois qu'on parle de décrochage scolaire, on parle de refaire l'école, toujours l'école. Or, il existe au moins trois variables extérieures à l'école sur lesquelles l'État pourrait exercer un certain contrôle, mais il ne le fait pas pour des raisons pratiques, financières ou électorales.
La première est la valeur de l'éducation dans la société québécoise. D'après un sondage dont je chercherai la source si vous me le demandez, le Québec vient au dernier rang au Canada quant à l'importance qu'on accorde aux études. L'école, bof!
La seconde est que le Québec est devenue l'une des provinces les plus pauvres du Canada. Certains quartiers montréalais sont des nids de pauvreté intolérables. Or, des conditions socio-économiques défavorables sont souvent l'une des causes du décrochage scolaire.
La troisième est les parents québécois qui seraient plus cool que ceux de France ou d'Italie, par exemple. Cool ou qui s'en contrefoutent? Un exemple, juste pour le plaisir. Je sais: il ne faut pas généraliser, sauf que, parfois, il y a des exemples qui valent mille mots.
Jonathan est un élève qui connait des difficultés scolaires. On demande à ses parents de se présenter à une rencontre pour discuter d'un plan d'intervention personnalisé (un PIP). Ceux-ci ne travaillent pas, donc on est en droit de s'attendre qu'ils se présentent sans trop de problème à l'école. On offre même de leur payer le taxi, s'il le faut. Devinez leur réponse. Pas étonnant que leur enfant ne réussit pas. Avec des parents comme ça, je ne décrocherais pas: je me suiciderais.
Alors, quand on parle de refaire l'école, j'invite tous nos gérants d'estrade à regarder ailleurs. On travaille toujours sur la partie du problème qui est la plus facile à cerner et on oublie le reste, ce qui fait que toutes les solutions au décrochage seront condamnées à être inefficaces et l'école sera toujours obligée à se renouveler sans que cela apporte les résultats escomptés.
Prochain billet: un petit mot sur l'Ontario.
7 commentaires:
Bien d'accord M.Prof masqué.
À inclure dasn les raisons financières cependant: les frais scolaires (livres) au cégep et université qui augmentent d'une façon exhorbitante. Au cégep, les jeunes de la 1ere cohorte Réforme ont certains nouveaux volumes que les maisons d'édition fournissent à grand prix. Ex: 200$ pour un seul livre pour un seul cours de science ??!! Plusieurs jeunes (et parents) ne pourront plus s'offrir une panoplie de volumes.
À l'université, l'an dernier, il me fallait acheter une nouvelle édition d'un volume collectif d'auteurs. Or nous avons lu qqs chapitres sans plus. L,enseignante n'était pas en accord avec plusieurs notions dans d'autres chapitres. Aurait-elle pu télécharger les chapitres à lire et les rendre disponibles sur le réseau intranet tout en faisnt payer par l,université les droits d'auteur ?
Bien d'accord M.Prof masqué.
À inclure dasn les raisons financières cependant: les frais scolaires (livres) au cégep et université qui augmentent d'une façon exhorbitante. Au cégep, les jeunes de la 1ere cohorte Réforme ont certains nouveaux volumes que les maisons d'édition fournissent à grand prix. Ex: 200$ pour un seul livre pour un seul cours de science ??!! Plusieurs jeunes (et parents) ne pourront plus s'offrir une panoplie de volumes.
À l'université, l'an dernier, il me fallait acheter une nouvelle édition d'un volume collectif d'auteurs. Or nous avons lu qqs chapitres sans plus. L'enseignante n'était pas en accord avec plusieurs notions dans d'autres chapitres. Aurait-elle pu télécharger les chapitres à lire et les rendre disponibles sur le réseau intranet tout en faisnt payer par l'université les droits d'auteur ?
Ps; le cas de Jonathan et ses parents est pathétique. Il faut renverser les "patterns" familiaux . $ dépensé en enfance (prévention ) éviterait bien des $$ en coûts sociaux plus tard. Ici , vous faites face à un réel mur d'opposition des parents, quelle tristesse..
Que pensez-vous de l'idée de contraindre les parents à envoyer leurs enfants à l'école? J'ai entendu dire que dans quelques pays d'Europe, il était question de «tickets», et même de prison pour les parents dont les enfants ne fréquentaient pas l'école de façon assidue. Pensez-vous qu'une telle rigueur serait également de mise au Qc? Que cela pourrait améliorer la situation, en quelque sorte?
Lud: la France a cette idée. Je pense que certains parents sont négligents. Ils devraient faire la preuve qu'ils ont tout tenté avec leurs enfants.
Bonjour,
Comme vous semblez le constater, le décrochage est un problème qui "précède" l'école. Mon prof de fondements, par son interprétation marxiste, disait que l'école est un lieu de
"reproduction sociale". Il disait ça à ceux qui pensaient
"changer le monde" en oeuvrant en éducation. Il n'avait pas tort.
Il y en aurait beaucoup à dire sur la valeur de l'éducation dans la société québécoise. Grand'maison et Balthazar ont écrit d'excellent textes sur le sujet mais ils n'ont pas la notoriété d'un Patrick Roy,
Guy Lepage ou Véronique Cloutier.
Vous identifiez trois angles: éducation peu valorisée, pauvreté, et immaturité. Il y en a beaucoup plus. Néanmoins, juste avec ces trois là, il faudrait être asiatique pour réussir dans de telles circonstances (ce qu'ils font)!
Enfin, pour ce qui est des histoires de cas, c'est la façon d'argumenter des vendeurs de chars et d'assurance. Comme le disait Chartrand à Derome: moi, le "human
interest", ça me fait...
Lud. : Cette politique existait au Québec dans les réserves. Peut-être existe-elle encore.
Paul C.: J'aime bien Chartrand. L'homme et le poète.
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