Hier, plusieurs centaines de parents manifestaient devant l'Assemblée nationale pour le maintien des cours d'enseignement religieux catholique et de morale dans nos belles écoles québécoises (ici, ici, ici et ici). Ces derniers souhaitent que les jeunes continuent de recevoir une éducation confessionnelle et préfèrent donc la situation actuelle au nouveau cours d'éthique et de culture religieuse. Bon, ils s'y prennent un peu tard, quant à moi, mais c'est l'intention qui compte comme on dit.
Parmi les arguments invoqués par ces parents, l'on retrouve:
- les jeunes du primaire et du secondaire avaient déjà de la difficulté à assimiler une seule religion;
- l'État ne devrait pas s'approprier du droit de parler de religion;
- la vraie neutralité de l'État est de permettre aux deux discours de se tenir dans les écoles;
- le citoyen doit avoir préséance sur l'État pour définir ses valeurs;
- c'est une atteinte à la liberté de choix;
- la loi 95 est une véritable dictature de la pensée.
Bon, si certains arguments font sourire, d'autres sont carrément en contradiction avec le fait même d'enseigner quelque religion que ce soit à l'école.
Cependant, ce qui m'interpelle tout d'abord dans ce débat, c'est que l'école, de tout temps, a toujours enseigné des valeurs. Le renouveau pédagogique, par exemple, est basé sur des valeurs bien précises. Le nouveau cours d'éducation physique aussi. Et de même quand Gooba parle de sexualité en classe. En français, quand je décide de parler de Gaston Miron, je dois traiter de l'indépendance du Québec. Seulement, je n'en fais pas la promotion tout comme le nouveau cours des religions ne le fera pas non plus.
En cette période de réflexion sur les accommodements raisonnables, ces revendications parentales catholiques pourraient soulever bien des vagues. Si on ramène l'enseignement de la foi religieuse dans nos classes (parce que c'est de cela dont il s'agit), comment peut-on s'opposer à l'enseignement du Coran ou du Talmud?
Tiens, cela me rappelle que l'État québécois subventionne encore des écoles confessionnelles. Je ne veux pas me faire traiter d'antisémite, s'il vous plait, mais il faudrait être cohérent. S'il favorise l'enseignement des religions, le gouvernement devrait cesser de financer l'enseignement de quelque foi que ce soit.
9 commentaires:
Moi, ce qui me choque dans ce discours de ces parents, c'est que c'est ces mêmes parents qui désertent les églises, qui ne font pas faire les sacrements à leurs enfants, etc. Non pas que je les incite à le faire, mais avant de nous demander de parler religion dans nos classes, parlez-en à vos enfants à la maison... C'est comme si un aveugle militait pour qu'on laisse les lumières allumées!
«En cette période de réflexion sur les accommodements raisonnables, ces revendications parentales catholiques pourraient soulever bien des vagues. Si on ramène l'enseignement de la foi religieuse dans nos classes (parce que c'est de cela dont il s'agit), comment peut-on s'opposer à l'enseignement du Coran ou du Talmud?»
C'est exactement, presque mot à mot, ce que je disais à ce sujet à M. Safwan hier soir! C'est rendu que l'on fait de la télépathie?!?
La marâtre: c'est bizarre, mais je suis convaincu que plusieurs des parents manifestant hier le font. Sauf que je me demande si c'est à l'école d'enseigner la foi? Et la réponse, c'est non.
Safwan: je vais commencer à me méfier, là...
Les parents souhaitent faire en sorte que l'enseignement religieux s'enseigne toujours dans les écoles... Je crois qu'ils ne savent pas vraiment ce qui se fait à l'école.. parce que les cours d'enseignement religieux ne sont pas très présent. Les enseignantes connaissent mal (ou pas) leur programme et n'hésitent pas à faire "sauter" cette matière pour faire autre chose.
C'est de vouloir s'en laver les mains que de désirer que l'école enseigne la religion. Que les parents religieux s'implique auprès de leurs enfants si c'est si important pour eux!
Renart: il convient de faire la distinction entre enseigner les religions en général et la foi religieuse. Pas de problème avec le premier, beaucoup avec le deuxième... Le deuxième revient aux parents, mais il y a fort à parier que certains parents se plaindront de l'enseignement des religions qui heurtera leurs convictions personnelles. Ils demanderont des accommodements raisonnables. On parie?
Pas besoin de parier...
Je ne comprends pas le problème avec l'enseignement des religions, ils ont peur que leurs enfants se convertissent, ou pire (ou mieux), qu'ils choisissent l'athéisme!
À propos des arguments, c'est dire comme la cohérence n'est pas accèssible à tous!!
Anioshka
On ne devrait jamais enseigner l'histoire des religions, quant à moi, sans l'intégrer dans l'histoire des connaissances en général, l'anthropologie, la psychologie et l'histoire des sciences.
Ce n'est pas neutre que d'enseigner les (sic) religions. Ce qui apparait alors est la nécessité, la normalité d'en adopter une (et l'anormalité, au sens moral - corrollare malheureux de ce terme statistique, d contraire), de croire, cela mélange encore religion et valeurs, éthique.
Il y a tant de choses intéressantes sur ton blogue, Prof masqué, et ma fatigue accumulée, de cette année de fou, me prive de tout lire et de te répondre. Mais si tu vas chez moi, je crois que tu trouveras des compléments à ce commentaire, ajoutés hier et aujourd'hui, donc samedi et dimanche.
C'est un billet très important que celui-ci, quant à moi.
Merci pour tes propos intelligents et intéressants.
Zed ;-)
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