Je suis rendu à je-ne-sais combien de courriels sur mon anonymat. J'ai l'habitude de faire connaitre publiquement mes idées et de les défendre. J'ai cependant souhaité conserver une certaine réserve ici pour protéger mes élèves mais aussi certains collègues quand je raconte des anecdotes.
Il me semble qu'il est préférable d'agir ainsi quand j'aborde mes inquiétudes à propos d'un élève dyslexique, par exemple. J'évite que ses collègues de classe qui tomberaient ici par hasard commencent à faire des liens et cherchent à savoir de qui je parle. Parfois, je mets un texte en ligne qui permet à certains intervenants avertis de l'éducation de me reconnaitre et je l'assume.
J'avoue cependant que je suis plus prudent depuis quelques mois à propos de mon vécu enseignant. À mon école, mon identité est connue et, sur certains plans, c'est bien dommage parce que je dois tempérer mes humeurs, mes regards sur mon entourage.
Quant à l'anonymat, comme le soulignait Mario Asselin, il est remarquable de constater que c'est sur les blogues en éducation qu'on le retrouve le plus. Pourquoi? À mon avis, parce qu'il s'agit d'un milieu parfois très dur pour les opinions et ceux qui prennent la parole. Un enseignant est aussi un emploi «public» qui fait qu'on mentionne dans les journaux notre métier si on conduit en état d'ébriété sur la route, par exemple.
Sur ce, c'est gentil de m'écrire pour me dire qui je suis. Je tiens simplement à vous signaler que ma psychologue commence à penser que j'y suis parvenu moi aussi.
11 commentaires:
L'anonymat ne me préoccupe pas du tout car il est de toute façon peu probable que votre nom me soit connu. Seule la qualité des réflexions apportées m'interpellent et celles-ci sont souvent pertinentes et intéressantes même si je ne suis pas un enseignant.
Est-ce à dire que presque tous les anonymes qui écrivent sur ton blogue seraient plusieurs de tes collègues,étant donné que tu dis être maintenant connu dans ton école?
J'assume mes idées, mais de là à les signer publiquement, il y a un pas ...
Je ne suis pas encore enseignante mais j'ai déjà entendu bien trop d'histoires de profs' blogueurs à qui il est arrivé bien des mésaventures.
Vos billets anonymes sont toujours très intéressants à lire.
Dévoiler son identité, quel serait l'intérêt ?
Évidemment, que si l'on suit ce blogue et quelques autres, forcément on fait 2 et 2 font...! Mais bon, il y a bien longtemps que j'ai démasqué...
Pour l'anonymat, disons que le fait de devoir, dans ce métier, soigner sa réputation, ce que disent les autres sur notre compte, apportent évidemment un élément de réserve nécessaire à notre présence publique.
Je l'ai dit ailleurs si l'on tient le langage vide et idéologique du constructivisme patronal qui englue et pollue notre quotidien, on a avantage à claironner ouvertement et publiquement pour avoir de l'avancement. Quand on a d'autres valeurs et points de vue, il faut être bien planqué ou inconscient pour s'offrir en pâture!
Évidemment, Internet et sa vitrine est un lieu public bien réel.
Même anonymement, je me censure en ce qui a trait à mes perceptions du milieu très particulier dans lequel j'évolue.
J'irais plus loin, combien d'enseignants qui en arrachent font comme si tout allait merveilleusement dans leur classe? Il n'est jamais de bon ton de déclarer que des situations nous dépassent dans ce monde qui veut faire de nous des supermans de l'éducation méprisables si on n'y arrive pas.
rép. à L'apprentie:
assumer pleinement ses responsabilités d'homme libre.
Vite, vite, vite comme ça: les enseignants ne sont pas libres, justement.
En tant que prof, nous sommes des personnages publics, que nous le voulions ou non. J'ai environ 4000 anciens étudiants qui se baladent sans doute sur le ouèbe, et je ne vois pas d'intérêt à ce qu'ils connaissent ma réelle identité. Je suis prof et citoyen. C'est le citoyen qui s'exprime sur le blogue avec toute la liberté que ne lui procure pas son statut de prof, mais avec l'expérience du terrain. Nous ne sommes pas libres en effet, surtout pas en classe où l'opinion du citoyen doit s'effacer derrière l'objectivité du prof. Il faut peut-être connaître ce monde de l'intérieur pour savoir qu'il suffit de peu pour que vos collègues vous regardent de travers. L'anonymat n'est pas une lâcheté, c'est une façon de distinguer la vie professionnelle de la vie privée. Je ne suis prof qu'en classe, merci beaucoup, le reste du temps je suis moi-même si vous permettez et entend le rester.
Quand je dis que nous ne sommes pas libres comme enseignants, il faut réaliser que notre autonomie professionnelle est une illusion. On l'a vu avec la réforme: on a imposé une façon d'enseigner et d'évaluer aux enseignants, le réduisant ironiquement à ne pas être une véritable professionnel. Même chose quand on parle d'élèves en difficulté. Il faut voir les chicanes parfois entre des TES et des profs sur la façons d'intégrer des jeunes en classe.
Qui plus est, en matière de choix de romans à l'étude et bien d'autres trucs encore, l'enseignant jouit d'une liberté factice. J'essaierai de revenir sur ce point sous peu.
Il serait peut-être temps que les profs montent aux barricades pour revendiquer leurs besoins réels, et non ceux de leur(s) syndicat(s).
Pour ce qui est des romans à l'étude, il faudrait gagner la ministre. Donnez-lui des arguments "massue" (PM vous êtes bon là-dedans) et elle comprendra.
Je lis plus vite que j'écris. C'est évidant. Il y en a certain qui devrait relire la première fois où vous avez écrit dans ce blog. Tout est expliqué. Pas besoin de se poser de questions... Alors, vous faites quoi, les lecteurs?
Faites du bien à votre cerveau: lisez-donc, pardit!
"L'anonymat n'est pas une lâcheté, c'est une façon de distinguer la vie professionnelle de la vie privée."
J'adore cette phrase de Profquifesse. C'est exactement ça. C'est vrai que nous ne sommes pas libres comme enseignants. Des collègues me disent comme ça avec un clin d'oeil : "Je suis allé nourrir les poissons sur ton blogue." Je souris, mais ça m'intimide.
J'ai un ami qui enseigne dans une autre institution qui a été démasqué. Son école l'a obligé à fermer son blogue et l'a menacé de congédiement. On ne rigole pas. Les contrats d'enseignement renfermeraient des clauses de loyauté à l'établissement. Tenir un blogue critique même sous le couvert de l'anonymat est vu comme un acte de trahison. Ce qui est assez dommage, car ce qu'il dénonçait était absolument scandaleux.
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