17 février 2009

École privée: quand Facal rime avec bancal...


Dans une chronique parue dans le Journal de Montréal et sur son blogue, Joseph Facal tente d'expliquer pourquoi il ne faut pas couper les subventions aux écoles privées. Alors que j'ai souvent admiré la clarté de sa pensée, son raisonnement ici est particulièrement échevelé, pour ne pas dire faux, tout simplement.

Tout d'abord, disons-le crûment: M. Facal vit sur une autre planète si on retient ce passage: «Précisément parce qu’elle est subventionnée, l’école privée coûte autour de 4000 $ par année par enfant. C’est accessible à la grande majorité de la population (...)» La grande majorité de la population? Ah bon? De plus, remettons en question ce chiffre de $4 000$ auquel il faut rajouter le coût de l'uniforme, du matériel scolaire, des manuels et des activités parascolaires, entre autres.

Bon prince, M. Facal y va de suggestions d'économie familiale toutes simples: «C’est accessible à la grande majorité de la population, si elle se dit qu’une auto de 16 000 $ roule aussi bien qu’une de 20 000 $, ou qu’un écran plat n’est pas indispensable. Un carton de cigarettes Player’s coûte 66,99 $ avant taxes. Question de valeurs, j’imagine.»

Plus loin, M. Facal voit poindre le drame: «Mais coupez les subventions aux écoles privées et qu’arrivera-t-il ? Elles devront exiger des frais à la hauteur du coût réel de la formation. Les parents qui n’en auront plus les moyens devront retourner leurs enfants dans le secteur public qui verra ses coûts augmenter. Et nombre d’écoles privées fermeront faute de clientèle.»

Premièrement, quels sont les coûts réels de la formation d'une école privée? À 36 élèves par classe avec des conventions collectives moins généreuses que le secteur public, comment se fait-il qu'il en coûte aussi cher d'étudier au privé si cette formation est subventionnée à 60%, que les élèves présentent moins de problématiques lourdes et dispendieuses, que les manuels et autres matériels scolaires n'ont pas à être fournis par l'école et ce, en calculant tous les frais connexes mentionnés plus haut? Privé égale profits. Si ce type d'école n'était pas aussi rentable, croyez-vous que cette forme d'entreprise serait aussi populaire actuellement?

Deuxièmement, est-ce que les coûts du réseau scolaire public vont véritablement augmenter? Des élèves performants coûtent moins cher qu'un élève ordinaire. Pour avoir une réponse juste à cette question, il faudrait savoir quels profits dégagent les écoles privées, comment sont dépensés les frais exigés aux parents (salaire des directeurs et de certains cadres, par exemple), etc.

Si on veut comparer, il faudrait avoir tous les chiffres, non? Or, actuellement, on discute avec du vent, du sable, de l'air.

Là ou le raisonnement de M. Facal quitte définitivement la route, quant à moi, c'est lorsqu'il écrit: «L’école privée sélectionne, c’est vrai. Mais elle sélectionne sur la base du mérite académique des enfants et non du portefeuille des parents. (...) Les écoles privées restantes seront alors réservées non plus aux enfants talentueux, d’où qu’ils viennent, mais aux parents qui en ont les moyens, peu importe les mérites de leur enfant. C’est ça qu’on veut ? Le message qu’enverrait la fin des subventions est que même si un enfant travaille fort, il n’aura pas accès à l’institution de son choix parce que ses parents n’en ont pas les moyens. Lamentable.»

Désolé M. Facal, mais je ne vous suis plus du tout. C'est davantage votre raisonnement qui est incohérent et lamentable. L'école privée sélectionne sur les mérites académiques des enfants ET sur le portefeuille des parents. Parfois même uniquement sur ce seul dernier critère. Chose certaine, je n'ai jamais vu une école privée admettre un enfant génial... pauvre. Il doit payer. Ses performances, aussi éblouissantes soient-elles, ne lui ouvriront aucune porte.

M. Facal explique que le succès de certaines écoles publiques actuelles reposent sur «Des directeurs à poigne, de la discipline, des enseignants qui aiment leur métier, des parents qui s’occupent des enfants. Comme par hasard, on y livre souvent un combat quotidien contre les conventions collectives soviétiques, les bêtises des commissions scolaires et les théories fumeuses des intégristes de la psychopédagogie.» Plus simpliste que cela, il ne reste plus qu'à viser la chefferie de l'ADQ.

Dans mon milieu, je vois davantage d'enseignants livrer des combats pour leurs élèves contre la bêtise pédagogique et l'illogisme administratif que pour le respect de leur convention collective.

Dans les faits, M. Facal, un des principaux facteurs de réussite d'une école (ce n'est pas le seul, je tiens à le préciser) est le milieu socio-économique dont sont issus les jeunes qui y étudient.

Le fric, le même fric qui sert parfois à les inscrire à l'école privée, tiens. Le même fric qui permet aux jeunes de manger à la maison et d'avoir un lunch décent le midi. D'avoir un environnement décent et calme. D'avoir accès à des livres. À une certaine culture. De ne pas être stressés par des parents qui se demandent de quoi sera fait demain.

Dans les quartiers moins nantis, on le sait, tous les tenants de la droite se tuent à le répéter sans malheureusement en mourir, les parents préfèrent tous une auto à 20 000$ même si une à 16 000$ roule aussi bien, un écran plat et un carton de cigarettes Player’s à 66,99 $ avant taxes.

Parents indignes...

PS: Ce billet, avec de légères modifications, a été envoyé à M. Facal.

21 commentaires:

Pwel a dit…

Bien envoyé

Renart Léveillé a dit…

Je m'incline... ;)

Le professeur masqué a dit…

Pwel et Renart: Merci, simplement.

Anonyme a dit…

Désolé, je reste d'accord avec Facal....

Mario Asselin a dit…

«Joseph Facal tente d'expliquer pourquoi il ne faut pas couper les subventions aux écoles privées.»

La chronique de M. Facal ne poursuit pas ce but M. Masqué; elle tente d'expliquer que la question du décrochage est beaucoup plus complexe et plus large que celle des subventions aux écoles privées. La chronique souhaite démontrer qu'il faut cesser de toujours «blâmer X pour les problèmes de Y».

Pour le reste, je ne sais pas trop où vous voulez en venir... Selon vous, elle est accessible ou pas l'école privée? Vous dites qu'elle coûte encore trop cher (donc, elle ne serait pas très accessible), vous dites qu'elle sélectionne trop (donc, elle ne serait pas accessible), mais vous laissez entendre qu'elle est le choix d'un trop grand nombre de parents et d'élèves (donc qu'elle est accessible).

Le comble, c'est quand vous écrivez «Chose certaine, je n'ai jamais vu une école privée admettre un enfant génial... pauvre.»

J'ai été directeur au privé pendant une quinzaine d'années et je peux vous dire trois choses:
- Le privé compte sur un système de bourses (alimenté par les communautés religieuses et des mécènes) qui lui permettent d'admettre des gens qui ont très très peu de moyen, voir aucun. On parle ici de centaines de milliers de dollars et de milliers d'élèves, partout en province. Oui oui... même des B.S. Dans les écoles que j'ai dirigées, on en comptait par dizaine.
- Il y a une trentaine de pensionnats qui offrent des services qui ne sont pas offerts au public. Saviez-vous que les services sociaux payent pour envoyer les jeunes là, parfois, pour éviter qu'ils se retrouvent en Centre d'accueil?
- Il y a des écoles EHDAA au privé (une douzaine); bon nombre de ces écoles n'accepte que des élèves référés par les C.S.

Que savez-vous de la réalité du privé pour écrire comme vous le faites que M. Facal a une logique «bancal»?

Et si le privé faisait partie de la solution au lieu de constamment dire qu'il fait partie du problème? Et si on le finançait différemment? Une école privée sélectionne et n'accueille pas sa «cote-part» d'enfants en difficulté = elle n'obtient pas sa pleine subvention...

Je le répète, tant que le privé servira d'excuse pour expliquer le décrochage, on n'avancera pas dans ce dossier.

Anonyme a dit…

Il y a certe des choses fortement constestable, dans son billet, mais il me semble que certaines de vos affirmations ne se base pas plus sur des chiffres solides que son billet.

Quand vous dites : "je n'ai jamais vu une école privée admettre un enfant génial... pauvre", vous êtes vous renseigner? J'ai étudier au Séminaire de Sherbrooke, et il existe des bourses d'aide à l'éducation borroméenne justement pour permettre aux enfants pauvres de venir y étudier. Je n'ai pas demandé à mes confrères combien gagnait leur parent, mais j'ai l'impression qu'il y avait plusieurs enfants dont les parents avait des revenus modestes.

Quand vous dites : "Privé égale profit", ce n'est pas le cas du Séminaire de Sherbrooke, qui est un organisme à but non lucratif dépendant de l'archeveché. À ma connaissance toutes les écoles privés de la région avait le même genre de status. Avez-vous des statistiques sur le nombre d'école privé qui sont des organismes a but lucratifs? J'avais l'impression qu'il n'y en avait peu ou pas au Québec. Je ne connais que des cas aux états-unis.

M. Facal se base sur le coût de la subvention que recoit une école publique pour un élève, si demain, vous avez des élèves moins turbulent dans votre classe qui demande moins de resources, croyez-vous que la direction d'école va demander au gouvernement de lui donner moins d'agent ou rénové une salle réunion et acheter des dictionnaires pour utiliser son budget?

Encore, que pour avoir étudier au privé, je crois qu'il y aussi une proportion importante d'élément turbulent, les parents qui ont de l'argent non pas que des anges comme enfant, je crois que si on fesait une étude, on aurait probablement un concentration d'élève tuburbulent des deux cotés du spectre sociaux économiques.

Contrairement à ce que vous dites, je crois que la motivation pour fonder des écoles privées n'est pas la recherche du profit, mais le fait d'avoir plus de liberté pour pouvoir donner une éducation de meilleur qualité aux jeunes.

Quand vous terminez votre billet en disant que dans les quartiers modestes, on préfère une auto à 20 000$, j'ai l'impresssion que vous confirmez un de ses points, l'école privé est accessible à la classe moyenne. Est-ce le point de vue que vous voulez exprimer?

Vous dénoncez beaucoup la faiblesse de l'argumentaire de M. Facal. Je suis d'accord que certain points pourrait être justifier avec de meilleurs chiffres plus solide, mais je crois que les détails sur lesquels vous l'attaquez ne remettre pas en cause son point fondamental :

Les écoles privées recevant des subventions sont accessible à la classe moyenne lorsque l'éducation est une priorité dans leur budget.
Leur couper les subventions fera subitement augmenter d'autant les frais que les parents doivent payer, beaucoup de parents ne pourront pas continuer de payer et enverrait leur enfant au publique (majoritairement dans des programmes particuliers qui sélectionnent eu aussi sur le mérite). La majorité des écoles privés du Québec ayant droit aux subventions fermeraient leur porte.

Comme le gouvernement donne plus de subvention par enfant au publique. Il en couterait donc beaucoup plus cher au gouverment d'enveler ces subventions.

Si vous avez des chiffres qui permettre de contredire le point fondamentale, je suis très intéressé.

Le système d'éducation du Québec est loin d'être le meilleur, mais je suis d'accord avec M. Facal que couper les subventions n'est pas un pas dans la bonne direction. (Même si je pense qu'il pourrait paufiné sa façon d'exprimer sa pensé)

Le professeur masqué a dit…

Garamond: pas de problème avec la différence d'opinion.

M. Asselin: dans son texte sur le décrochage, M. Facal affirme que l'école privée est accessible à tous et que seuls ceux qui refusent de troquer leur luxe, pour des questions de valeur, pour la bonne éducation de leur enfant ne le font pas.

Or, cette affirmation est erronée et méprisante. Il existe du monde pauvre au Québec et ce n'est pas pour une raison de valeur qu'ils n'envoient pas leur enfant au secteur privé. De plus, le montant de 4 000$ est en deça des coûts réels du privé.

Déjà, certains jeunes n’ont pas accès à l’institution de leur choix parce que leurs parents n’en ont pas les moyens. Voit-on M. Facal hurler à ce sujet?

Pour M. Facal, l'école privée sélectionne les jeunes sur leur seul mérite académique. Faux, encore une fois. L'argent est un facteur prépondérant. Il peut exister des bourses mais elles ne sont pas la norme.

M. Facal indique que, si on tente de régler la question du décrochage en abolissant les subventions aux écoles privées, celles-ci disparaitront et seront plus dispendieuses. C'est lui qui introduit cette notion d'argent, d'accessibilité et de survie du privé en abordant certaines solutions reliées au décrochage. Il y consacre quand même quelques mots, je crois.

Pour M. Facal, les bonnes écoles suivent un programme qui se résume à celui de l'ADQ: «Des directeurs à poigne, de la discipline, des enseignants qui aiment leur métier, des parents qui s’occupent des enfants.» Voilà en quelque sorte sa solution au décrochage. Compliquée?

Que M. Facal veuille traiter de décrochage, c'est son choix. Mais qu'il ne le fasse pas en écrivant n'importe quoi ou en avançant des lieux communs.

Je ne crois pas que le privé soit la cause du problème du décrochage. Il en est une partie, au même titre que les chroniqueurs qui estiment qu'elle est accessible à tout le monde qui ont de bonnes valeurs et qu'elle sélectionne uniquement selon le mérite des élèves.

Pour le reste, je vous remercie pour vos informations humblement et vous invite à les préciser pour le développement de ceux qui lisent ici.

Anonyme a dit…

Dans votre commentaire adressé à M. Asselin, vous dites : "M. Facal affirme que l'école privée est accessible à tous", pourriez-vous m'indiquer où il a dit ça?

Dans son texte, tout ce que je lis : "accessible à la grande majorité de la population".

Anonyme a dit…

Quel chiffre venant de la fédération des établissements d’enseignement privés

source :

http://recit.cadre.qc.ca/~feep/article.php3?id_article=226



87,9 p. cent des établissements disposent d’un service d’aide financière, que ces établissements ont octroyé, en 2004-2005, la somme de 4,5 millions de dollars en bourses d’étude à 5 055 élèves, que 72,6 p. cent des établissements déclarent ne pas refuser un élève pour des raisons financières ?


Subventions 2005-2006
Préscolaire 2 989
Primaire 2 568 $
Secondaire 3 536 $


les frais de scolarité moyens et médians en 2005-2006 sont respectivement de :
2 646 $ et 2 090 $ au préscolaire
2 273 $ et 1 995 $ au primaire
2 057 $ et 2 040 $ au secondaire


la presque totalité des établissements sont des organismes sans but lucratif.

Mario Asselin a dit…

Merci de votre réponse.

À moins que je me trompe (je ne corresponds pas avec M. Facal même si j'aime bien, généralement, ce qu'il écrit), le choix du sujet de ses chroniques n'est pas spontané; il est lié à l'actualité et dans le cas du décrochage et du privé ce sont les officiers de la CSQ qui ont «parti le bal».

Dernière chose, (je ne voudrais pas paraître insistant, mais puisque vous m'invitez à développer...). Selon cette source, http://www.ledevoir.com/2008/01/05/170892.html , les frais de scolarité au privé en 2006-2007 se situaient bien en-deçà de votre perception, je crois:
- 3 087$ au préscolaire
- 2 684$ au primaire
- 2 114$ au secondaire

Le chiffre de 4 000$ me paraît être un plafond bien davantage qu'un plancher. En région en particulier, parler d'un tel montant est même exagéré, au secondaire.

Anonyme a dit…

Picher de La Presse a signé une chronique du même genre,

http://lepamphletparu.blogspot.com/

je vois qu'on est une couple à penser sensiblement de la même façon.

Anonyme a dit…

Je suis allée à une école privée, le Collège de Lévis pour ne pas la nommer, et là aussi il y avait un système de bourses pour les plus démunis.

Je suis d'accord que c'est plus compliqué de demander et d'obtenir une bourse pour un truc qui coûte cher que d'avoir directement un truc qui coûte rien (je sais que le public ne coûte pas rien...), mais je crois qu'on peut facilement déclarer et avoir totalement raison : "je n'ai jamais vu une école privée admettre un enfant génial... pauvre." sans que ce soit vrai qu'aucune école privée n'admette d'enfants pauvres.

Je suis d'accord qu'à la base, un parent qui se démerde pour avoir une bourse pour son enfant pour l'envoyer au privé entre en partant dans la catégorie de parents qui se préoccupent de l'éducation de son enfant. Ce qui pourrait laisser présager que cet élève n'est pas dans un contexte où on ne sait pas si on pourra manger à notre faim. Mais à mon avis, ce n'est pas tous les pauvres qui ne savent pas s'il pourront manger demain. Je crois personnellement que la pauvreté comme bien avant ce seuil.

Pour ce qui est du point de vue de M. Facal, je suis d'accord avec lui quand il dit que tout est une question de priorité mais j'ajouterais : quand on est de la classe moyenne.

Mes parents ont jamais été riches mais ont fait plein de sacrifices pour m'envoyer à l'école privée (je ne leur ai jamais demandé en passant). Il faut dire que je suis enfant unique mais quand même, ils ne gagnaient pas plus de 40000$ brut pour les deux au millieu des années 90.

Coccinelle

Le professeur masqué a dit…

Coccinelle: tu vois, c'est sûrement ce manque de nuance de Facal (affirmer que tout le monde a les moyens...) qui m'a irrité: la référence à ne plus fumer des Player's rappelle presque une vieille rengaine que les pauvres et les BS sont pauvres parce qu'ils dépensent comme des cabochons. «Question de valeur, j'imagine.»

De plus, M. Facal donne l'exemple d'une famille avec un enfant. Plus facile pour argumenter... mais tu fais quoi quand tu as une famille nombreuse?

Jonathan Livingston a dit…

Hé Prof, j'ajouterai que, question de valeur, je trouve délirant de devoir payer un surplus en éducation pour l'image du privé alors que collectivement nous nous sommes donnés un réseau public d'enseignement pour démocratiser l'accès à l'éducation. Venir insinuer que je manquerais de considération pour mes enfants avec des comparaisons de valeurs douteuses si je ne les envoie pas au privé, c'est carrément charrier. Question de valeur, je trouve que l'humanisme démocrate en a pris sur la gueule! Et en prend chaque jour un peu plus.

Enfin, tant qu'à regarder des statistiques sur un débat assez insipide en soi, je lancerais cette simple question dont personne ne parle: les taxes scolaires ne devraient-elle pas avoir permis d'augmenter les revenus disponibles pour l'éducation depuis 20 ans, alors que manifestement les budgets de l'éducation n'augmentent pas vraiment . C'est pourtant un secret de Polichinelle que la réforme et l'intégration sauvage des élèves en difficulté dans la classe normale en démantelant le système plus structuré et intelligent des classes spéciales a servi à faire des économies substantielles, comme d'ailleurs d'avoir favorisé la mise à la retraite des enseignants de la génération précédente au détriment de l'encadrement adéquat de la nouvelle génération d'enseignants... Et enfin, le chaos généré précipite la clientèle vers le privé, le sauveur privé, alléluia … (fausse piste vraiment?)

On ne construisait plus ou quoi ces 20 dernières années? Pourtant, jusqu'à récemment, l'immobilier se portait bien. Pourquoi les fonds nous manquent à l'école, s'il y a toujours plus de payeurs de taxes foncières sur le territoire? Serait-ce que les taxes scolaires servent à autre chose? Comme nos cotisations à l'assurance-chômage...

A mon sens, stimuler le privé parce qu'ils coûtent 40% de moins par tête de pipe est devenu l'intérêt du gouvernement de centre-droite qui souhaite se désengager socialement...

Comme on laisse se décomposer le système et pas juste en éducation pour promouvoir la vision de l'Entreprise, on doit à mon sens si on a un sens le moindrement civique s'opposer à cette vision élitiste qui, ces dernières années, a gagné beaucoup de puissance au point de se permettre de délirer sur la place publique une gau-gauche soviétique encore puissante! Non mais, pincez-moi!

Avec les temps dures qui viennent, on ne sera plus à une surprise près. En tout cas, on risque de se souvenir des raisons qui ont poussé les hommes à s'unir pour revendiquer un niveau de vie décent et que l'État-providence a été la structure qui l'a mis en place. Un mal bien nécessaire...

Prof Malgré Tout a dit…

Une chose est certaine : les "pauvres" fument des cigarettes de contrebande et ne paient donc pas si cher pour une cartouche de clopes.

Pfff... 66$!

Monsieur Asselin :

Vous dites: "Oui oui... même des B.S. Dans les écoles que j'ai dirigées, on en comptait par dizaine."

Des dizaines de B.S. à l'institut St-Joseph?

J'apprends quelque chose.

Pour les autres qui pensent que les troubles de comportements sont les mêmes pour les jeunes défavorisés et les jeunes bien nantis, je vous garantis qu'il y a un monde entre l'enfant-roi trop gâté et le môme qui a vu sa mère prostituée se faire battre par son pimp avant de venir en classe le ventre vide.

Un monde? C’est peu dire...

Come on... Vous nous parlez d'école où les gens payent 50$ pour une séance d'information tandis que d'autre font la file dans une banque alimentaire.


Quand on ne voit pas plus loin que ça, l’ADQ est effectivement une option «sérieuse».

J'avoue par contre que je n'ai pas fréquenté l'école privée, donc je ne peux pas juger de la détresse des élèves qui la fréquente. Je parle à travers mon chapeau. Ils font surement "ben pitié".

Personnellement, je crois que les utilitaires sports et autres gros trucs énergivores ne devraient pas avoir le droit de stationner en ville (ils bloquent la vue sur les coins). Je pense aussi que la loi n'est pas assez sévère avec les hommes batteurs et les violeurs. On devrait diminuer les impôts et augmenter les taxes à la consommation (ça serait difficile d'avoir des abris fiscaux, hein?) et tant qu'à y être, on devrait couper dans les subventions aux écoles privées.

J'aimerais aussi connaitre le quotient intellectuel moyen des électeurs pour chaque parti et qu'on ait à répondre à un test facile de connaissance général sur la politique locale avant de voter. La démocratie,ça marche quand les gens comprennent la question.

Peut-on déclarer un vote conservateur comme un crime contre l'humanité? Ensuite, je ne demande plus rien.

Pourquoi je déconne comme ça? Parce que je préfère le déconnage au sophisme.

Prof Malgré Tout a dit…

Ah oui... Une dernière chose.

Les écoles publiques qui se démarquent tellement sélectionnent leurs élèves.

La pogne des directeurs et tout le tralala énuméré, c'est secondaire. Ce sont les enfants d'abord qui font l'école.

bobbiwatson a dit…

Les écoles primaires privées en sont rendues à aller solliciter leur future clientèle "presque dans les garderies". Celles du secondaire commencent dès les premières années du primaire.

Les 4000$ de frais de scolarité de jadis ont fondu jusqu'à environ 1500$, grâce aux subventions. Sans celles-ci .... leur survie serait en jeu.

Anonyme a dit…

Au Prof Malgré Tout

« J'avoue par contre que je n'ai pas fréquenté l'école privée, donc je ne peux pas juger de la détresse des élèves qui la fréquente. Je parle à travers mon chapeau. Ils font surement "ben pitié". »

Avec tout le respect que je vous dois, en effet, vous parlez à travers votre chapeau. Je n’ai pas fréquenté non plus l’école privée (ce n’était pas une question de cigarettes, de contrebande ou pas, mon père, et moi-même ensuite, les roulions à la main) mais vous savez que j’y travaille… depuis plusieurs années. Votre opinion sur l’enseignement privé vous regarde. Je pourrais en débattre avec vous. Cependant…

Je vous sais attachés à vos élèves et c’est tout à votre honneur. Vous comprendrez certainement que je suis attaché aux miens. Aussi, j’aimerais, si cela vous est possible, que vous fassiez preuve de retenu avec la détresse de ceux de mes élèves qui en sont affligés. Vous n’avez aucune idée de ce dont elles sont constituées. Ou plutôt si, c’est seulement que vous ne croyez pas qu’elles puissent en être ainsi pour eux.

Ais-je suffisamment de crédibilité pour que vous me croyiez sur parole?

De toute manière, vous conviendrez avec moi, j’en suis sûr, que ce n’est pas un concours.

Guy D'Amours a dit…

À Mario Asselin :

J'ai eu la chance (ou la malchance, c'est selon) de naître dans un milieu bourgeois et aisé. Je suis allé à l'école privé et mes amis de l'époque (ceux de mon milieu) y sont allés également. Je ne me souviens pas de tout (on finit par oublier, même le pire), mais je me souviens avec une certitude gluante qu'aucun de mes confrères ne venait d'un milieu défavorisé, et ce durant les cinq années de mon secondaire, toutes classes confondues.

Je connais des gens qui prônent désormais l'école privée (c'est en quelque sorte génétique) et qui y envoient leurs enfants. Croyez-moi, Monsieur Asselin, ils ont tous de quoi très bien vivre.

Si une école privée permet à des jeunes de milieu défavorisé d'y étudier, tant mieux. Mais ce serait faire preuve de mauvaise foi que de dire qu'il ne s'agit pas là de rares exceptions...

Cela dit, Facal mérite bien d'être associé à l'ADQ dans ce billet (il en est d'ailleurs peut-être fier). Expliquer les succès de l'école privée par le contenant plutôt que le contenu relève d'une ignorance typiquement bourgeoise, la même qui a fait un des plus pernicieux slogans de notre temps : "Quand on veut, on peut !"

Ah ! Oui ? Malgré les Joe Louis pour dîner ? Les désespoirs de fin de mois ? La vie sans livres et sans musique ? Bien sûr, on connaît tous des histoires de succès à partir de rien... Mais naître avec deux prises --- parfois trois ! --- c'est un facteur qui joue énormément. C'est un triste trait de notre temps que d'accuser les pauvres de l'être et de faire semblant qu'il n'en tient qu'à eux de s'en sortir... et d'aller à l'école privée !

Mario Asselin a dit…

Je crois que cet article de La Presse est très instructif dans la foulée de ces échanges, http://www.cyberpresse.ca/actualites/quebec-canada/education/200904/19/01-848237-lecole-privee-pour-tous.php

Jonathan Livingston a dit…

Hé PM, je ne sais pas si vous êtes allé visiter la suggestion de lecture de M. Asselin.

Mais cet article mérite une attention. Moins pour l'option du privé qui se pète les bretelles de faire mieux qu'au public que pour observer comment il y arrive et à contre-courant de la réforme.

On va contre l'approche de l'intégration à tout prix de l'élève en difficulté en classe normale et on fait faire en 3 ans le premier cycle du secondaire aux élèves jugés en difficulté avec paraît-il un bon succès. C'est tout à fait en lien avec votre entrée sur le non-redoublement et le décrochage. Pour un enseignant comme moi qui a commencé sa carrière en classe spéciale à Vanguard, il fait du bien de revoir le bon sens reprendre au moins une voix publique dans certains aspects de l'éducation...

J'ose faire la suggestion de présenter cet article en entrée pour appréciation de vos visiteurs! Et pour un bon débat!