03 février 2009

Les ayatollas de la bonne bouffe et le retour de la prohibition (ajout)

Le Journal de Montréal rapportait hier que nos jeunes mangeaient encore mal aux abord de nos écoles. Maudite jeunesse!

Trouvant la nourriture offerte dans les cafétérias scolaires «dégueulasse», ceux-ci se rendraient plutôt dans des établissements de restauration rapide situés non loin de leur école respective.

Il s'agissait, quant à moi, d'un des effets prévisibles des politiques antimalbouffe dans les écoles.

Cependant, il faut noter que le JdeM exagère un brin quand il affirme que l'école secondaire de Chambly est «encerclée» de commerces de restauration rapide. Il suffit d'observer l'illustration fournie par ce journal pour s'en apercevoir.

Ce n'est pas ce qu'on peut appelé être «encerclée» à ce que je sache.
Quoi qu'il en soit, il n'en fallait pas plus pour que les ayatollas de la santé montent aux barricades et suggèrent rien de moins que de mieux encadrer la vente de malbouffe aux abords des écoles.
Pour Isabelle Huot, la docteure en nutrition et chroniqueure au JdeM, le mieux «serait une loi qui interdirait les commerces de restauration rapide trop près des écoles.» Même son de cloche (et je parle ici de cloche) du côté de la Fédération des commissions scolaires du Québec: «Les municipalités devraient revoir leur zonage», affirme le porte-parole de la FCSQ, Denis Pouliot.
Yo les gourous du tofu, allez-vous aussi fermer aussi les dépanneurs et les postes d'essence à proximité des écoles parce qu'on y retrouve des croustilles ou que des jeunes respirent des vapeur de gaz?
En plus de la liberté de commercer, du fait que la malbouffe est un produit légalement vendu aux mineurs et de bien d'autres complications juridiques, avez-vous pensé que vous voulez fermer des commerces qui desservent des quartiers entiers? Pensez-vous que les résidents du boulevard Périgny vont apprécier de voir le Mike's devoir s'établir ailleurs?
En plus, je remarque que, dans le cas de trois des commerces mentionnés (Subway, Tim Horton et - étonnamment Mc Donald's), il est possible d'y acheter un menu santé ou, à tout le moins, assez équilibré.
Je pensais que les écoles étaient un lieu d'éducation. Là, au nom de la bonne santé, on veut étendre la répression jusqu'aux abords de celles-ci.
Quant à moi, si on veut interdire la malbouffe auprès des jeunes, il serait plus logique qu'on commence donc par réglementer les épiceries faites par les parents élevant des enfants, qu'on nomme des inspecteurs jouissant de pouvoirs extraordinaires leur permettant de perquisitionner le domicile des parents indignes et qu'on interdise en tout temps l'accès des jeunes à des commerces de restauration rapide. Là, on sera plus efficace!
Et puis, simplement, pourquoi ne pas bannir la malbouffe, tout simplement? Une prohibition. Rien de moins.
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À propos de prohibition, un autre effet de la politique anti-malbouffe a commencé à apparaitre à mon école. Un jeune, qui a compris la loi de l'offre et de la demande, s'en met plein les poches grâce à la revente de gâteaux Vachon. Il achète une boite de type familial au dépanneur du coin et revend les petits gâteaux à l'unité, moyennant profit.
Voilà un bel esprit d'entrepreneurship et d'application concrète de notions reliées à l'économie! Nul doute que cet élève fait preuve de solides compétences dans ce domaine. À quand une bourse pour lui permettre d'aller aux HEC?
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A lire: la réaction de l'Union des municipalités du Québec qui fait passer la FCSQ et Mme Huot pour de joyeux zozos.

9 commentaires:

bobbiwatson a dit…

Nos dirigeants n'ont-ils pas compris "l'attrait de l'interdit"? Ils doivent être immunisés contre ce phénomène, comme les robots le sont!

Anonyme a dit…

À l'école, il faudrait qu'on donne aux jeunes la valeur nutritive respective des repas offerts chez McDo, Tim Horton et autres restos rapides et qu'on compare les résultats avec la valeur nutritive de la bouffe du cafétaria de l'école.
On aurait de belles surprises.....

bobbiwatson a dit…

Dans nos journaux on retrouve à pleine page des études sur les calories, sur les gras trans, sur la teneur en sodium (et autres) contenus dans les aliments "fast foods". On compare McDo à Burger King, à Wendy etc. N'est-ce pas là un incitatif pour nos jeunes quand ils lisent que McDo est le moins pire de tous?

Anonyme a dit…

Prof masqué,

Vous êtes délibérément en plein Martinisme (tendance à écrire comme vous savez qui).

Depuis que vous vous insurgez contre les Ayatollahs, soyez le pédagogue exemplaire que vous êtes d'ordinaire et jetez-nous par terre de votre plus belle plume en réitérant le mandat de l'école, soit celui d'instruire sur les bienfaits d'une saine alimentation, choisie et pratiquée par un sujet éclairé et lucide (qui soit dit en passant reconnait « en soi » les bienfaits du sport), apprentissage qui devrait être financé à même les budgets et les privilèges des cadres que vous condamnez avec raison.

La une du journal est absurde, nos ayatollahs le sont tout autant. Pourquoi s'asseoir dans le vide entre leurs chaises.

Un segment important de la population souffre de problèmes chroniques (liés à l'hygiène de vie) et une part importante de la société fréquentera des services de santé pour des problèmes qui auraient pu être prévenus.

Il ne s'agit pas d'activisme puritain nouvel âge, mais d'une logique aussi évidente de celle qui bannira un jour la voiture au profit du train et du vélo, et qui verra la malbouffe comme une tare aussi préjudiciable à l'écologie humaine que l'excès d'alcool et de tabagisme a pu le paraitre à un moment donné.

En somme, encourager la malbouffe, c'est encourager des ponctions trop énormes de nos taxes pour financer la « gargantuisation » des profits des industries pharmaceutiques et de l'escroquerie de l'assurance.

Voilà, comme prof, le type de combat que nous devrions choisir de mener. Imaginez les sommes dont nous bénéficierions si elles cessaient d'être aspirées, pour rien, par notre système de santé, parce que des citoyens se rendent malades simplement par ignorance.

Centre de plein air, piscine et bar à jus... un peu plus de ces derniers et une grande part de notre travail serait gagnée.

Désolé pour le « picossage » une fois sur cent, je suis en désaccord avec vous.

Étienne

Lapsus a dit…

J'habite près de Chambly et effectivement, il y a des fastfoods près de l'école secondaire. Sauf qu'elle est situé près de la 112 (boul.Périgny) qui est le boul.Taschereau de la place. C'est normal qu'il y ait des restos de fastfood à cet endroit. ces établissements n'ont pas ''encerclé'' l'école du jour au lendemain. Maudit Journal de Montréal de démagogue.

Le professeur masqué a dit…

Bobbi: personnellement, tant que nos dirigeants conserveront un bar dans leur bureau et se verront rembourser leur frais de bouffe avec de l'alcool, ils n'auront aucune crédibilité à mes yeux.

Garamond: aux États-Unis, ce pays d'obèses demeurés, dans certains états, cette pratique est obligatoire pour tous les restaurants. À quand une photo d'un obèse sur un Big mac avec la mention : «AVERTISSEMENT: le Big Mac va vous rendre aussi gros que lui.» ?

Étienne: en autant que vous me comparez avec Martineau quand il a ses périodes lucidité, je n'ai rien contre...

Mais pour revenir à votre billet, je m'en prends davantage au crétinisme des gens qui pensent qu'il faille toujours interdire pour arriver à un résultat. Songez à zoner les terrains à côté des écoles pour interdire la malbouffe, c'est comme cacher les itinérants et les putes de rues lors des Olympiques... Sans compter les implications légales d'une telle idée garrochée en l'air comme si c'était LA solution magique.

Je n'encourage pas la malbouffe. J'ai une boite à lunch et je ne mange pas à la café de mon école parce que c'est vrai que c'est dégueulasse et qu'on se contrefout de la clientèle captive que nous sommes. Ma boite à lunch est santé et presque écologique. Les élèves le voient, le savent. On en parle parfois. J'appelle ça faire ma part.

Il y a des parents (ceux qui nourrissent leur enfant) qui devraient en faire autant. Ma fille mange généralement santé parce qu'elle me voit le faire. Elle ne court pas les poutines et autres cochonneries. C,est la force de l'exemple. J'appelle cela aussi faire ma part.

Mais que mon école me prenne pour un taré en interdisant les barres de chocolat et les croustilles des distributrices accessibles uniquement au personnel, j'appelle cela de l'hypocrisie administrative. Les grands boss mangent au restau à nos frais et ce n'est pas toujours santé. Et qu'attend-on pour interdire aussi le café en milieu de travail?

Dans le présent cas, interdire est le contraire d'éduquer. Dans le présent cas, interdire est synonyme de mépriser et infantiliser.

J'aspire à éduquer les jeunes qu'on me confie. Je les bardasse, les remets en question, les câline, les rassure, le rebrasse... Ils ne sont jamais indifférents à mon enseignement et à mon engagement professionnel envers eux.

Lapsus: bonjour à vous! Merci de votre commentaire précis sur cette situation.

Anonyme a dit…

Prof masqué,

Cette réponse m'éclaire un peu mieux.

Je faisais évidemment référence aux passes
« lucides » de Martineau, mais il a cette tendance à monter aux barricades en cherchant le biais « extrême ». C'est ce que j'ai perçu dans votre billet sur les ayatollahs; la une du Journal est une fausse polémique : cette interdiction créerait un foutoir municipal et vous en êtes clairement conscient. Vous vous servez de l'occasion pour fustiger les « interdictionnistes ».

Je suis très rassuré qu'une personne telle que vous enseigne, mais ce n'est pas tant que je doive croire à « l'interdiction » de malbouffe, qu'elle ne doit simplement pas être offerte.

L'école devrait incarner la doctrine du « mens fervida in corpore lacertoso » et par principe, non pas « interdire », mais refuser d'offrir une bouffe ignoble et éviter d'offrir de la visibilité à la camelote dans les machines distributrices.

Un burger, des frites,une poutine, ce n'est pas « mal », mais comme le sucre ou différents intoxicants, il démontrer que c'est un bonbon à consommer à l'occasion (comme la bière ou le scotch). Il n'y a pas de distributrice à bière ni à cigarette, il ne devrait pas être possible d'acheter une cadbury non plus. Les jeunes sont encore trop plastiques, il faut donc viser une certaine cohérence.

Ce qui se passe dans la classe n'est pas assez, tout le « temple » doit être convoqué à cet exercice.

Par contre, il est dommage que certains énervés dénaturent un tel projet, s'excitant pour une «canne» de Noël. En ce sens, vous avez raison de les ridiculiser par moment, mais je vous trouve toujours plus éloquent en «pédabloque» qu'en pamphlétaire... sauf bien sûr quand vous vous attaquez aux cadres.

Étienne

bobbiwatson a dit…

Prof, c'est l'application du principe de Deux poids deux mesures: tout pour la classe dirigeante le reste pour le petit peuple, quand il en reste.

KaYoUx a dit…

Hey à ce que je sache on est des enseignants, pas des mères!
J'veux bien encourager les jeunes à bien manger, mais c'Est la job des parents de ne pas leur donner l'argent pour aller bouffer au MacDo du coin.

À les entendre parler à la télé et à les lire dans les journaux, c'est comme s'ils ne nous demandent pas de les torcher ces jeunes-là!

Tout pour pas faire sa job de parents!