09 novembre 2010

Parlons chiffres... et admission universitaire

Comme j'échange quelques chiffres avec un intervenant sur ce blogue, je me suis dis qu'il vaudrait mieux en faire un billet à part. Pour chasser toute confusion, dans les chiffres que je mentionne, on parle de la cote R du dernier candidat admis.

En enseignement du français, je vous invite à consulter la page suivante pour les cotes R.

Première de classe : 23,318 à l'UdeM.
Queue du peloton : 20,250 à l'UQAC

Comparatif rapide au hasard.

Communication à l'UdeM: 24,5.
Droit à l'UdeM: 30,5
Science politique à l'UdeM : 24,0
Architecture à l'UdeM : 30,2
Criminologie à l'UdeM: 27,58

Une cote R de 20 équivaut environ à 65% de moyenne au cégep. Une cote R de 25, à 75%.

Donc, on admet comme futurs profs des élèves qui ont parfois moins de 70% de moyenne au cégep. Et entre vous et moi, 70% au cégep, c'est assez moyen.

15 commentaires:

pgiroux a dit…

Vos données sont inexactes ou fâcheusement imprécises... Étant professeur à l'UQAC, je peux témoigner que ça varie d'un programme à l'autre, le programme en éducation préscolaire et enseignement primaire n'accepte, par exemple, personne avec une cote R de moins de 22. Les autres programmes ont aussi des cotes R minimales, souvent plus élevées que les chiffres que vous rapportés. Au module du "prépri", nous avons fait ce changement il y quelques années après que j'ai démontré aux administrateurs un lien statistique entre la réussite et la cote R à l'entrée... Il y avait alors une certaine ouverture à nos arguments pédagogiques. JE crois que cette ouverture n'est plus d'actualité pour des raisons financières. Il semble que les règles changeront prochainement. Dans les couloirs, on parle de déficit et du fait que nos programmes ne diplôment pas suffisamment d'étudiants (ou quelque chose comme ça)... Je crois que nous allons encore avoir à refaire la démonstration. J'anticipe ce moment avec frustration, car chaque fois que l'on parle d'augmenter la côte R pour l'admission, on nous traite d'élitistes ou on nous sert des arguments administratifs financiers contre lesquels nos arguments pédagogiques font rarement le poids (selon les décideurs)...

Je tiens finalement à noter que je suis assez d'accord avec votre dernier paragraphe. C'est assez moyen...

Gabriel a dit…

C'est assez moyen, mais ça ne montre pas nécessairement que ladite personne n'a pas le potentiel de s'améliorer pendant les années universitaires. C'est pourquoi je pense que l'important reste de bien juger les futurs profs à leur sortie de l'université et non à l'entrée.

Le professeur masqué a dit…

PGiroux: ces statistiques proviennent de sources que j'ai mentionnées. Je retiens de votre propos l'idée qu'on doit admettre et diplômer, comme si l'université était une machine à saucisses.

Gabrielle: Quand on est rendus à l'université, on parle d'études supérieures. Je ne dis pas qu'on ne peut pas s'améliorer, mais si on part de loin, on a plus de chemin à parcourir et moins de probabilités de se rendre jusqu'au bout. Et il vient un moment, on doit s'intéresser aux résultats,.

Jean-Pierre Proulx a dit…

La discussion sur les "bons" chiffres a son intérêt, mais l'important est de tenter de dégager la signification de tout cela.

Voici quelques réflexions en vrac:

1- Idéalement, compte tenu des enjeux touchant l'éducation, il faudrait choisir les candidates et candidats à l'éducation les plus brillants.

2- Pour attirer un nombre suffisant de candidats très brillants, il faudrait que la profession soit beaucoup mieux rémunérée qu'elle ne l'est actuellement, ce qui renvoie: a) à des choix de société, b) à la capacité de l'État de payer.

3- La demande sociale touchant cette profession est liée à la clientèle scolaire et au choix (négociée généralement) des ratios maîtres/élève. On se trouve ici forcément dans une économie planifiée. Si la demande de candidats demeure plus grande que l'offre, on peut, compte tenu du contexte actuel, prévoir ce qui va se passer compte tenu qu'on ne peut laisser des écoles sans professeurs.

4- La réponse classique des candidates (surtout) à l'enseignement primaire à la question: "Pourquoi avez-vous choisi cette profession?" est: "Parce que j'aime les enfants". Et non, parce que j'aime l'instruction ou la culture. D'où il suit que le sentiment d'avoir à être très performant(e) pour faire ce métier n'est pas très présent.


5- À mon avis, dans le contexte actuel, les universités, compte tenu notamment, des requêtes de l'opinion, ont raison d'avoir resserré la vis au regard des compétences attendues en français. Le "braillage" d'un certain nombre de candidats entendus à la radio à cet égard (ou lus sur des blogues) me confirme que la qualité de la langue française n'est pas une valeur sociale très forte, même chez les profs, même si elle l'est en tant que valeur identitaire.

Le professeur masqué a dit…

M. Proulx: on n'est pas si loin là-dessus. À ce propos, j'aime bien l'opinion d'un ami trop souvent éloigné, Érik Falardeau, dont la pensée se résume un peu en ces mots: si vous voulez être considérés comme des professionnels, commencez donc à agir comme des professionnels!

On parle de salaire pour attirer les meilleurs candidats. Au risque d'être traité de tous les noms, augmenter le salaire oui, mais les obligations de formation aussi dans certains cas.

Gabriel a dit…

Prof masqué, je suis d'accord avec que ce sont des études supérieures. Je ne contredis pas que ce que vous dites, je ne fais que préciser qu'il ne faut pas non plus imaginer qu'un passé académique (préuniversitaire) moins bon veut dire qu'on ne peut pas devenir un excellent prof. C'est peut-être moins probable comme le note Jean-Pierre Proulx en disant qu'« il y a [...] un lien statistique entre la réussite et la cote R à l'entrée », mais ce n'est pas inexistant. Il y a des gens qui découvrent une voie plus tard. Voilà tout ce que je voulais dire.

P.-S. C'est « Gabriel » et non « Gabrielle » ;)

Jean-Pierre Proulx a dit…

Les réflexions de M. Gabriel me suggèrent trois remarquesL

1- Il y a les données statistiques qui concernent les ensembles, mais il y a aussi les individus et qui ont chacun une histoire personnelle. Je peux vous dire qu'à la fin du secondaire (au classique de l'époque), je ne valais pas cher! L'adolescence m'avait rentré dans le corps. Les choses se sont améliorées après.

2- Un enseignante ou un enseignant qui possède un véritable sens professionnel va continuer de se perfectionner tout au long de sa carrière à l'égard de toutes les compétences que l'on attend d'elle ou de lui et surtout, espérons-le, à l'égard de celles qu'il ou elle maîtrise le moins. Bref, la cote R d'une personne au cégep, malgré ses vertus prédictives pour les ensembles, ne détermine pas en soit et ne doit pas déterminer la trajectoire future de chacun.

C'est pourquoi, à l'entrée des études universitaires, la barre doit être placée à un niveau raisonnablement élevée, même si idéalement, on pourrait ne sélectionner que les très forts.

3- Cependant, parmi les compétences de base, à l'entrée de la profession, se trouve la compétence en français pour laquelle on ne saurait admettre aucun compromis.

Anonyme a dit…

Je trouve assez particulier que des enseignants jugent d'avance de la capacité des étudiants à bien se tirer d'affaire sur la base d'une cote avant leur formation.

Haussez la cote R autant que vous voulez lors de l'admission, ce n'est pas ce qui va faire changer le visage de l'enseignement. On sera toujours pris avec des élèves qui ne savent pas et à qui il faudra faire apprendre quelque chose.

Peut-être que c'est trop de demander aux université de faire en sorte que leurs étudiants apprennent quelque chose.

Smeugd

Anonyme a dit…

Cher PM, le cegep, l'université ne sont plus que ça : des usines à saucisses. Les notions d'apprentissage sont désormais subordonnées aux impératifs beaucoup plus impérieux de la productivité. On ne peut pas bloquer les étudiants à cause de leur cote R ou de leur piètre résultat en français, ça créerait un bouchon terrible qui encombrerait les programmes préuniversitaires et produirait une pénurie de main d'oeuvre. L'état a cautionné leur diplôme, non ? Alors de quel droit les refuserait-on à l'université ? Au cegep, on accepte bien n'importe qui avec un DES, quitte à devoir les inscrire à des cours de mise à niveau en français.
Oui, je sais, c'est un peu déprimant.

L'apprentie a dit…

Il y a aussi une autre "faille" avec cette manière de recruter les futurs étudiants\enseignants, et de les évaluer par la suite.

Monsieur X est ce que j'appelle une "éponge". Il absorbe très vite les informations et est le roi du "par coeur".
Il sort de son Cegep avec une belle côte R.

Monsieur X décide de devenir professeur de français. Avec son bon dossier, il rentre sans problème à l'université. Il valide ses cours et obtient une belle moyenne: quelques heures devant ses notes et il peut facilement retrouver les bonnes réponses en faisant appel à sa mémoire.

Monsieur X est appelé à écrire au tableau aujourd'hui:
"Les enfants récittent une contine"

Pourtant, monsieur X a de meilleurs notes que moi, et a obtenu son TECFÉE ...

Cherchez l'erreur !

Anonyme a dit…

Sans aucun rapport ...
tu en es où avec ta chaise ergonomique masquée ???????????????????

Anonyme a dit…

De mon côté, je suis sortie de l'UdeM en 2009 (donc, je suis une prof encore fraîchement diplomée) et j'avais une très bonne cote R à mon entrée (environ 28-29)... Mais mautadine, que je me suis emmerdée dans certains cours qui n'étaient tout simplement pas utiles. Et... je ne parle pas des autres étudiants... certaines plus jeunes que moi... totalement nounounes qui habitaient encore avec maman et papa et pour qui maman servait de secrétaire. Ces filles n'étaient pas prêtes à entrer sur le marché du travail. Le sont-elles aujourd'hui ? Je ne sais pas, mais je n'aurais pas aimé que mes enfants à venir aient ces filles comme prof.

Enfin, je juge qu'il y a un grand manque de maturité en fac d'éducation (prog primaire) et que les cours devraient être revus.

Le professeur masqué a dit…

Gabriel: tout d'abord, désolé pour le lapsus. Ma fille s'appelle Gabrielle. Réflexe de clavier.

Le risque de votre raisonnement est que certains pourraient suggérer d'ouvrir la porte en disant qu'on devrait accepter tout le monde et que la formation universitaire fera le reste. Il faut traverser la ligne quelque part.

M. Proulx: formation continue des enseignants? Un autre tabou en éductation. Et oui, la maitrise de la langue doit être un incontournable.

Smeugd: il faut tracer la ligne quelque part. Je ne dis pas que c'est génial, mais il y a un risque à ce genre de raisonnement comme je l'ai mentionné. Et j'ai mes réserves sur la formation ultérieure.

Profquifesse: même en maths... Dans les faits, même si tu n'as pas tous les crédits et pré-requis, on t'acceptera si tu t'engages à terminer le tout.

Apprentie: le moins pire des systèmes.

Anonyme: que je suis surpris! : )

Jean-Pierre Proulx a dit…

Vous m'écrivez l'autre jour: "M. Proulx: formation continue des enseignants? Un autre tabou en éducation."

Avez-vous une explication de ce phénomène. C'est pour moi une question majeure.

Bonne semaine!

JPP

Le professeur masqué a dit…

M. Proulx: on va y arriver un jour, croyez-moi. Pour l'instant, je suis plus dans une autre série de texte.