17 novembre 2010

Sécurité routière scolaire: une bonne idée mais...

Bon, on la sentait venir, celle-là. Voilà qu'on suggère que les écoles secondaires envisage la possibilité d'offrir lors d'activités parascolaires - le midi ou le soir - une formation sur la sécurité scolaire. «Il y a de l'ouverture de notre part pour des activités parascolaires, dans la mesure où on va être capable de l'organiser. Il est important de sensibiliser les jeunes à la sécurité routière», affirme la présidente de la Fédération des commissions scolaires, Josée Bouchard.

Réaction masquée: on dirait que madame Bouchard manque de travail. Il me semble que les commissions scolaires ont déjà assez fort affaire ailleurs que de s'occuper d'un dossier qui ne les concernent pas directement. Il est vrai qu'on peut mâcher de la gomme et marcher en même temps. Sauf que dans la mesure où on remet en question la pertinence même des CS, que la participation des citoyens à l'élection des commissaires est anémique, que le décrochage scolaire est élevé, qu'on manque de matériel dans nos classes, la FCSQ peut-elle se recentrer sur son mandat de base et arrêter de courir partout?

Jean-Marie De Koninck, de la Table de sécurité routière, aimerait bien voir des enseignants apprêter leur cours à la sauce «sécurité routière» en utilisant le matériel pédagogique de la SAAQ. On pourrait ainsi intégrer des notions de sécurité routière dans les cours de physique au secondaire lorsqu'on abordera les notions de vitesse et d'impact: «Si j'étais un enseignant de physique, je sauterais là-dessus parce que c'est une bonne façon de faire d'une pierre deux coups.»

Réaction masquée: les profs de sciences que je connais ont déjà de la difficulté à couvrir leur programme. M. De Koning agit comme un gérant d'estrade en suggérant à ces derniers de modifier les cours pour y intégrer des notions reliées à la sécurité routière. Ça m'embêtera toujours ce genre de sortie publique. Faire des souhaits aussi vertueux sans avoir approché les gens concernés, c'est encore une façon de les culpabiliser.

De plus, M. De Koninck suggère aussi la création dans chaque école d'un responsable de l'éducation routière dans chaque école: «Il ne s'agit pas de créer un poste, mais plutôt qu'un adulte de l'école prenne en charge le dossier en organisant des événements ou des conférences autour de la sécurité routière.»

Réaction masquée: M. De Koninck, qui aime la science, croit-il à la théorie de la génération spontanée? Selon lui, on ne créerait pas de poste. Dans les faits, soit on ajoute ce dossier à la tâche de quelqu'un en place ou soit on fout un autre dossier à la poubelle pour faire une place à celui-là. Alors, qu'élimine-t-on? Là aussi, on remarque cette méconnaissance de la gestion en milieu scolaire et cette attitude vertueuse qui ne s'inscrit en rien dans la réalité sur le terrain.

Que M. De Koning soit dans le champ, ça peut arriver. Mais que madame Bouchard, qui oeuvre en milieu scolaire, ne réagisse pas immédiatement aux impacts de ce genre de propositions me sidère. Sa réponse au projet de la Table de concertation routière est politique: «Oui, en autant que...» Mais voilà, la politique de ce genre, en éducation, on en a peut-être soupé et on voudrait davantage une gestion efficace des dossiers actuels relevant des gens qui sont concerné par ceux-ci.

5 commentaires:

David D'Arrisso a dit…

Dans la catégorie femmes enceintes et tarte aux pommes! Le "dans la mesure où on va être capable de l'organiser" témoigne à mon avis du véritable intérêt de la chose pour la FCSQ. En fait, les projecteurs éloignés, ça risque de prendre le même chemin que...(choisir une énième cause d'intérêt public digne de sensibilisation populaire). Les cours de sécurité aquatique, ça vous rappelle quelque chose?

Le professeur masqué a dit…

Monsieur D"Arrisso: tout à fait. Et j'en ai un peu marre de cette quête des projecteurs...

Anonyme a dit…

Le milieu scolaire est-il une entité immuable?

Smeugd

bobbiwatson a dit…

Dans ma région, il y a une école primaire privée qui a commandé des Guides de la route et des Conduire un véhicule lourd pour ses élèves: un projet pour développer les compétences?

Anonyme a dit…

Jean-Marie de Koninck devrait lui aussi savoir comment ça fonctionne dansle milieu. N'est-il pas prof à l'U. Laval?

Mooki