27 août 2009

Fric et école privée (ajout)

La récente saga des dons d'Hydro-Québec à des écoles privées a suscité chez moi certaines réflexions.

Tout d'abord, ces écoles n'ont de privés que les profits qu'elles génèrent. Il ne s'agit pas d'organismes à but non lucratif et elles ne retournent aucune somme d'argent générée par leurs activités au gouvernement, à part peut-être des impôts reliées aux entreprises. Pourtant, la grande part de leur financement est d'origine publique. Le gouvernement participe alors aux risques mais pas aux profits. Pourquoi ne parle-t-on pas alors d'écoles en PPP? Les qualifier d'école privée est presque mensonger.

Ensuite, il est faux d'affirmer que le gouvernement subventionne ces écoles en leur versant 60% des frais occasionnés par les élèves qui y sont inscrits comme l'a affirmé le directeur général du Séminaire de Sherbrooke, André Métras, quand il a indiqué au Nouvelliste que les écoles privées doivent trouver les 40 % des sommes non financées par l'État et réussir, par leur mode de gestion, à offrir des services de qualité aux élèves.

En effet, à moins qu'on m'ait mal expliqué la chose, dans les faits, le gouvernement verse aux écoles privées 60% de ce qu'il en coût em moyenne pour un élève inscrit au secteur public. Or, on le sait, plusieurs écoles privées sélectionnent leurs élèves et ces derniers ont, règle générale, un meilleur suivi à la maison. Les coûts pour assurer leur réussite sont donc moindres que ceux présentant des difficultés d'apprentissage et nécessitant des spécialistes appropriés.

Comme on estimait, si j'ai bonne mémoire, à 20% le pourcentage du budget du MELS accordé aux élèves en difficulté, on comprend que les écoles privées reçoivent déjà en partant 12% de trop par rapport à un élève comparable du réseau public ne présentant pas de difficulté.

De plus, contrairement aux écoles publiques, il faut également considérer que les écoles privées ont bien d'autres frais qu'elles font assumer directement aux parents, comme l'achat des manuels et de différents matériels scolaires. Elles n'ont pas non plus à gérer et entretenir ceux-ci.

Également, le nombre d'élèves par classe est plus élevé dans le réseau privé, allant parfois jusqu'à 34 et même 36 élèves par groupe. Il y a moins de gestion de classe à faire. C'est donc 12% d'élèves de plus pour le même salaire de l'enseignant.

Enfin, rien n'empêche les écoles privées de bénéficier de subventions spéciales du MELS. Le collège Notre-Dame a ainsi reçu 800 000$ pour l'amélioration de ses équipements sportifs.

Affirmer que les écoles privées doivent trouver 40% de leurs frais de fonctionnement ailleurs que dans les poches du gouvernement me semble donc inexact. Par ailleurs, je connais peu d'exemples d'écoles privées ayant fait faillite mais beaucoup d'écoles publiques qui n'arrivent pas à assurer des services de qualité avec les budgets qu'on leur alloue. À cet égard, il serait intéressant, comme citoyen qui finance des écoles dites privées et qu'on finance de façon majoritaire, qu'on puisse voir leurs livres comptables, comme on dit.

Dans tout ce débat sur les dons faits par Hydro-Québec, certains semblent avoir oublié que le réseau des écoles privées au Québec institue une éducation à deux vitesse et que ce réseau supposément privé est largement subventionné par le gouvernement. En connaissez-vous des entreprises privées financées de la sorte année après année?

Au risque de me répéter, proposer de faire la même chose en santé relève presque de l'hérésie. Et on oublie constamment que l'Ontario, qu'on ne peut pas qualifier de province socialiste, ne finance pas le réseau scolaire privé. On ne s'insurge là-bas pas contre cette mesure et je ne crois pas que les jeunes Ontariens reçoivent une éducation de moins bonne qualité.

En subventionnant le réseau privé, on affaiblit dans les faits le réseau public, surtout quand on ne lui donne pas les moyens de répondre aux besoin de la clientèle qu'il dessert. Le réseau privé devient alors un réflexe individualiste puisqu'on ne se concentre pas à revitaliser le réseau d'éducation gouvernemental.

C'est pour toutes ces raisons que j'en ai un peu marre des éditorialistes comme André Pratte qui pontifie sur ceux qui ne partagent pas ses vues en la matière (paranoïa public-privé). Et de le voir se transformer en ridicule Don Quichotte de l'entreprise privée sans tenir compte du financement gouvernemental qu'elle reçoit, sans tenir compte de la retentissante faillite de celle-ci aux États-Unis et dans le monde, sans tenir compte des Vincent Lacroix et autres fraudeurs d'affaires me rappelle qu'il a perdu son sens critique avec son entrée dans le cénacle Desmarais.

Je ne déteste pas l'école privée quand elle est vraiment privée. Je déteste ceux qui tentent de me faire pleurer sur son sort comme M. Métras.

1 commentaire:

L'engagé a dit…

Pas seulement Pratte, Picher aussi...

Voici un texte un peu vieux qui abonde dans votre sens

http://lepamphletparu.blogspot.com/2009/02/pourquoi-la-presse-mirrite.html