11 août 2007

Le français au cégep

Dans un autre article du Devoir, on s'attarde à la qualité du français de nos jeunes cégépiens. On cite entre autres les résultats d'une étude de l'universitaire Hélène Tardif qui cherchait à identifier les facteurs qui expliquant le faible taux de réussite des étudiants du secteur technique en français et en philosophie.

Elle suggère plusieurs pistes, dont celles-ci: «Il y a beaucoup de préjugés. Les jeunes pensent que cela ne leur donne rien de réussir ces matières. Les étudiants ont également de la difficulté à prendre des notes et ils perdent facilement le fil du discours du professeur, alors ils se découragent. Je crois aussi que les cégépiens sont plus jeunes de tempérament maintenant qu'en 1978, lorsque j'ai commencé à enseigner.»

Mais là ou je rejoins davantage son propos, c'est lorsqu'elle affirme: «Lorsque j'ai fréquenté le cégep, alors qu'il venait tout juste d'être créé, les étudiants étaient très motivés à apprendre le français. Notre langue était très importante, nous en étions fiers et nous la défendions. Maintenant, le contexte social est différent et on ne sent plus cette motivation.» La langue est davantage qu'une question de grammaire: c'est une question d'identité et de fierté.

Aussi, j'ai le goût de mordre lorsque la journaliste Martine Letarte débute son article avec la phrase suivante: «Avouons-le, notre langue française est bien capricieuse et difficile à maîtriser même pour ceux dont c'est la langue maternelle.»

Dans les faits, ce ne sont pas les exceptions que ne maîtrisent pas nos cégépiens mais les règles et l'orthographe de base. Qu'on cesse de lancer comme prétexte la complexité de notre langue pour expliquer la piètre qualité du français des jeunes. Quand la moitié de mes groupes écrit le mot Québécois avec au moins une erreur, quand écrire le groupe nominal «les belles maisons» devient un défi, c'est qu'il y a quelque chose de plus profond que la non maîtrise de la règle des adjectifs de couleur...

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Je suis ébène et violacée à la lecture de ces propos.

C parsk lo, on écri texto tsé.

Parce que travailler en français, c'est devenu une utopie pour bien des travailleurs/euses.

Parce que les groupes cool chantent en anglais. Les Québécois aussi. Marc Tremblay chantera I am afraid et non J'ai peur. Souvent.

Parce que sur Internet, la moitié des mots, dans l'option French, reste en anglais. On présuppose que de toute manière, on parle anglais.

Parce qu'on consomme comme nos voisins du Sud et qu'on pense pas mal comme eux.

Notre identité fiche le camps.

Si ce n'était pas de la loi, depuis belle lurette qu'à Montréal et environs, la langue française relèverait du folklore et de l'anthropologie.

Anonyme a dit…

le camp. Désolée pour la coquille. J'étais vraiment dans le champs. Hihihi!

Zed :)

A.B. a dit…

«La langue est davantage qu'une question de grammaire: c'est une question d'identité et de fierté.»
C'est avec ce concept que je commence toutes mes années scolaires. J'essaie de faire comprendre à mes élèves que leur langue fait partie de leur être, de leur manière de penser, de leur culture. Je ne sais pas si j'y arrive, mais je sais que je suis souvent malheureusement le seul prof de français à leur en avoir parlé dans leur parcours scolaire.

@ Zed:
«Si ce n'était pas de la loi, depuis belle lurette qu'à Montréal et environs, la langue française relèverait du folklore et de l'anthropologie.» Je suis tout à fait d'accord avec toi. Et les gens n'en sont pas conscients. D'où mle danger grandissant...