Alors que va débuter la commission Bouchard-Taylor, Richard Martineau, à la fin d'une chronique plutôt délirante, rapporte le cas de cet enseignant qui s'est fait demander par la direction de son école de ne plus employer l'expression «Oh, mon Dieu!» parce que celle-ci choquait certains élèves musulmans de sa classe. Est-ce exagéré?
Je sens qu'on va beaucoup parler des accommodements raisonnables cet automne et certains dérapages seront inévitables. Pour ma part, à cause du mileu ou j'enseigne, je suis rarement confronté à cette réalité québécoise qu'est l'intégration des immigrants. En fait, je crois qu'au départ, on confond souvent intégration des immigrants et respect des religions. Les deux ne vont pas automatiquement de pair. Je m'explique.
Depuis des années, mes classes comprennent souvent des élèves «québécois de souche plus fléchés que ça tu meurs et qui connaissent par coeur toutes les tounes des Cowboys fringuants». Ce qui les démarque des autres, ce sont leurs convictions religieuses. Ils sont Témoins de Jéhovah, par exemple. Essayez alors d'organiser un échange de cadeau à la Noël! Bien sûr, il existe des moyens de contourner les interdits, mais il faut quand même tenir compte de cette réalité dans l'organisation de la classe.
Bien sûr, on ne verra pas les Témoins de Jéhovah réclamer des locaux de prière, des piscines séparées, des repas différents à la cafétéria... Sauf qu'on les accommode sans trop de problème parce que leurs demandes ne sont pas trop dérangeantes. Ici, il ne s'agit donc pas d'une question de principe, mais de faisabilité.
Je pense aussi à un autre cas ou j'ai dû m'assurer de bien surveiller mon langage en classe (eh oui! le Professeur masqué s'échappe parfois...) et développer toute une nouvelle variété d'expressions pour exprimer divers sentiments, disons, sans faire référence à la religion catholique romaine. L'élève à la source de mes modifications langagières était plus Tremblay que Tremblay et, pourtant, il m'a demandé plus d'efforts d'adaptation que sa voisine qui débarquait à peine du Sénégal.
Et si je songe à mes débuts en enseignement, je me rappelle ces élèves vietnamiens avec qui je devais respecter tout un code non verbal afin de respecter certains comportements propres à leur milieu d'origine: pas de contact physique, éloignement à quelques pieds pour ne pas les mettre mal à l'aise, pas de regard insisitant, etc.
S'adapter à l'autre, l'accommoder est un signe de respect, de politesse. On n'a pas tort en soi d'agir ainsi. On le fait pour des raisons religieuses, politiques, écologiques, personnelles. Le véritable débat est peut-être davantage de savoir jusqu'ou l'on doit aller et ce que l'on est en droit d'exiger de celui qu'on accueille.
Une anecdote en terminant: hier, je suis allé planter au billard un ami directeur d'école. À chaque coup qu'il manquait, il ne pouvait s'empêcher de s'exclamer :«Ah, la pute!» Si madame Madame masquée avait été présente, elle lui aurait sûrement demandé de modifier son langage. Aurait-il s'agi alors d'un accommodement raisonnable? Ah, mon Dieu...
7 commentaires:
Nous avons une cohorte d'élèves baptistes (d'extrême droite) depuis quelques années à notre école (trois familles dans la région, tous ayant autour de 8-9 enfants). Aucun des enfants ne fait d'éducation physique (interdiction de porter des vêtements autres que ceux prescrits, donc pas de short ni de manches courtes) et ils doivent tous quitter la classe lorsqu'un prof présente un film (interdiction de regarder la télé).
La mère de l'un deux a téléphoné au prof de moral cette année pour lui dire que son gars n'avait pas besoin de "cours de sexe", le "cours de sexe" en question étant un cours sur l'hygiène des parties génitales... :oS
Une autre élève (témoin de Jéhovah) a passé une partie de la première étape à la bibliothèque parce que sa mère refusait qu'elle fasse le module en français sur "Les Monstres"... La mère avait d'abord demandé au prof de fournir du travail à sa fille, mais devant le refus catégorique du prof(refus appuyé par la direction), l'élève a dû s'amener elle-même du travail à faire.
J'imagine que tant que ça ne brime que l'élève lui-même, il n'y a pas de problème... mais je n'aimerais pas qu'on vienne me dire comment faire quelque chose dans ma classe (adapter mon langage verbal ou corporel, par exemple). Une mère "éducatrice spécialisée" a déjà tenté de venir me faire la leçon dans ma classe, et elle est ressortie la mine basse, son titre bien enfoncé dans son... ;o)
Toutes les religions de ma connaissance et je suis en contact avec pas mal d'entre elles sont sexistes. Est-il besoin de préciser au détriment de quel sexe...
On ne peut respecter les droits de la personne et avoir une religion à moins de ne pas respecter bonne quantité de ses préceptes. Le voile par exemple, indique clairement qui porte la charge de la sexualtié (parce que étant objet de désir mais n'en éprouvant elle-même que sous l'aimable éveil de son merveilleux (Ahhh. Cendrillon et les Belle aux bois machin)ou alors pas du tout. Rassurant.) et de la morale : la femme uniquement.
Pute, je peux pas. C'est sexiste. les Français ont ce trait culturel de multiplier les expressons offensantes envers la femme. Machiste, sexiste. Grrrr.
Sans farce, pour moi, utiliser les objets liés à une religion, c'est réac au centuple, ado, nono, mais tellemetn moins dommageable que d'accuser et dévaloriser à perpet la moitié de la population.
On devra tous se transformer en robot et rester à trois mètres de distance et regarder en bas ou s'affirmer. pas nos religions, nos valeurs progressistes : droits de la personne.
Vive Hérouxville.
Zed
Magrah: La conclusion du texte de Martineau reflète bien les réactions des écoles devant les demandes de nature religieuse: c'est toujours celui qui gueule le plus fort qui obtient ce qu'il veut.
Cela dit, je crois que votre école est dans l'illégalité en ne donnant pas d'éducation physique à ces élèves. Ce ne sont pas les parents qui décident des cours que suivent leur enfant, mais bien le MELS. Sinon, joyeux bordel en perspective!
Zed: effectivement, mais il y a aussi l'interprétation et l'application des textes religieux. Sauf erreur, le Coran ne demande pas aux femmes de se voiler, mais d'être vêtues de façon humble et modeste.
Quant à moi, Hérouxville a été un incident maladroit mais nécessaire. Il est temps qu'on réfléchisse aux limites et aux attentes que nous avons comme terre d'accueil.
Magrah: en complément à ma réponse, je vous invite à lire ce texte pûblié sur Canoe: http://www.canoe.com/infos/quebeccanada/archives/2007/08/20070815-225904.html
Et aux hommes, qu'est-ce que le Coran demande de ce côté? De na pas dévoilerleurs attributs masculins?
Ici, il est courant de voir une drap Tex-Maid 600 fils au pouce, noire des pieds à la tête (enfin, on pense que ce l'est), le nez un peu visble, avec un mecton en camisole et en jeans, son heureux zépou. 40 ° C avec Humidex. Elle continue d'avoir froid, il semble.
Je m'emporte. Je me tais. J'en peux plus de cette méprise et de cette haine envers les femes et donc, envers les hommes, quand on pense plus loin que le bout de son petit ou grand nez.
Zed
Zed: faudrait que je regarde ce que le Coran demande aux hommes. Mais encore une fois, c'est l'interprétation qu'en ont fait les mollah (des hommes) qui ont travesti bien des choses.
On observe la même chose avec la religion catholique, au fait. Au fond, la seule religion devrait être les droits de la personne.
Travesti... Hahahahahahaha!
Oui, qui n'est pas une religion.
Un milliard de ouiS.
:D
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