Protéger les gens contre eux-mêmes. Renoncer à l'éducation et simplement faire disparaître de la réalité publicitaire certains aspects des véhicules automobiles.
Voilà en substance les derniers amendements que la rapide et dangereuse ministre Boulet a déposés quant au projet de loi sur la sécurité routière. Cette dernière entend «interdire tout message publicitaire qui témoigne d'une insouciance à l'égard de la sécurité routière en présentant des situations qui encouragent des gestes imprudents, dangereux ou prohibés».
J'ai hâte de voir ce qui sera considéré comme «imprudents, dangereux ou prohibés». Il ne fait aucun doute que la dernière publicité de Jeep sera bannie: le conducteur a omis de mettre son clignotant en reprenant la route. Ou encore celle de Nissan ou un véhicule familial roule à 100 km à l'heure en plein désert.
Je ne dis pas que l'objectif de cet amendement n'est pas louable. Il est tout bonnement infantilisant et incohérent avec de nombreuses actions gouvernementales. Qu'attend la ministre pour légiférer sur les films et les jeux vidéos qui incitent nos jeunes à conduire comme des fous?
Dans la même veine, qu'attend son gouvernement pour interdire les publicités de Loto-Québec qui vendent de l'illusion? les publicités de bière et d'alccol qui vendent le plaisir social et l'amusement? les publicités de Mc Donald's qui mettent toujours en scéne des jeunes en pleine forme et pétant de santé?
Cette mesure, avec celle des photo-radars, me fait bien pleurer. N'est-il pas incohérent, par exemple, de vendre légalement des voitures qui peuvent rouler à 180 km à l'heure au Québec alors que la limite de vitesse maximale est de 100? Poser la question, c'est encore y répondre.
Je repense à ce conducteur de 18 ans qui a tué la jeune Bianca Michaud à l'Île-Perrot. Il conduisait la voiture manuelle de sa mère à toute vitesse dans les rues de cette municipalité. Pensez-vous que cet amendement aurait changé quoi que ce soit? N'aurait-il pas mieux valu tenter de le sensibiliser davantage aux risques reliés à la sécurité routière? Ne vaudrait-il mieux pas rendre responsable ceux qui prêtent leur véhicule de la sorte? Je ne sais pas.
Ce que je sais, par exemple, c'est que les loteries, l'alcoolisme et les maladies reliées à l'alimentation n'ont jamais été aussi répandus.
15 commentaires:
Prof masqué, as-tu écouté Pierre Maisonneuve à la radio ce midi? Il posait justement la question "Sommes-nous devenus trop moralisateurs?" Malheureusement, je n'ai pu l'écouter (tiens, quand j'aurais une minute, ça doit se trouver sur le site de R.-C.), mais je trouve la question très pertinente et j'aurais plutôt tendance à répondre oui. Cela va dans le même sens que ton billet et je suis tout à fait d'accord pour dire qu'on nous infantilise. Ça me dérange cette tendance à vouloir tout légiférer, de dire aux gens quoi faire et quoi penser au lieu, comme tu le soulignes, de sensibiliser et d'informer.
On ne peut pas prémunir les gens contre eux-mêmes. Ce soir j'ai eu un léger accrochage en revenant à la maison. La dame qui a frôlé "tres serré" ma voiture a presque enguelé celui qui aurait pu provoquer une mauvaise manoeuvre chez moi.
Soyons "cool" : relaxons :)
Cher Prof,
Il y a déjà eu des condamnations de cafetiers qui servaient de l'alcool à des personne manifestement ivre (en Europe, en tous cas).
En Suisse, pour les "excès de vitesse grave", je crois que certains cantons procèdent à la destruction du véhicule, même s'il n'y a pas eu d'accident.
Ça, je crois que c'est très efficace!
Le problème du tabac et de l'alcool, c'est que de nombreuses personnes en vivent et que cela rapporte plein de taxes. Malheureusement, plein de personnes en meurent aussi.
Amitiés
S'il y a de l'intérêt, j'annonce comme ça qu'il y a une bonne discussion à ce sujet chez-moi. Et le pire, c'est que je ne suis pas vraiment d'accord avec ce qui se dit ici, dans ce billet, mais j'aime le sport! ;)
Hortensia: on infantilise et cette façon empêche les gens de prendre leurs véritables responsabilités.
Bobbi: À quand le casque pour les gens qui descendent un escalier?
Armand: des condamnations similaires ont déjà été données au Canada. Un ivrogne, qui a commis un accident au volant de sa voiture, a même poursuivi un bar parce qu'il affirmait qu'il ne l'avait protégé de lui-même.
Renart: Personnellement, j'en ai un peu marre qu'on m'infantilise et qu'on mettre de l'avant des pseudo-solutions qui ne règlent pas les problèmes. Et puis, il y a plein d'autres aspects dont je parle sur mon blogue.
Il y a des excès de vitesse au Québec à cause du manque d'éducation routière, du manque d'effectif policier sur les routes et des conséquences minimes reliées aux infractions.
Dans certains pays, l'amende pour excès de vitesse est reliée directement au revenu du contrevenant. Laissez-moi vous dire qu'on y pense à deux fois avant d'avoir le pied pesant.
En France, le tableau de la sécurité routière frisait l'hécatombe avant que le gouvernement finisse par y aller de mesures rigoureuses.
Ici, au Québec, on parle, on jase, on fait des lois... et des conférences de presse. Pendant ce temps-là, la voiture de la ministre enfreint les lois...
Cette prochaine loi sur la sécurité routière est basée sur un rapport de la Table québécoise de la sécurité routière, présidée par Jean-Marie De Koninck. Selon ce rapport, «la publicité automobile vantant les mérites de la vitesse, de la liberté ou de la puissance des moteurs est susceptible d'influencer le comportement des conducteurs, surtout chez les plus jeunes qui sont plus perméables à la publicité et moins critiques vis-à-vis d'elle».
De la liberté... Big Brodeur n'est pas loin...
Hortensia,
« Ça me dérange cette tendance à vouloir tout légiférer, de dire aux gens quoi faire et quoi penser au lieu, comme tu le soulignes, de sensibiliser et d'informer. »
Il y en a de la sensibilisation et de l'information, mais ça ne fonctionne pas... et c'est manifeste.
Prof masqué,
pour tenter de condenser ma pensée le plus possible, je pourrais dire que je suis avare de tout ce qui peut faire en sorte de contraindre les automobilistes présents et futurs à utiliser le réseau routier de la manière la plus sécuritaire possible, puisque, à les regarder aller depuis belle lurette, et à la lire des histoires d'horreur sur leur cas, je trouve que l'adjectif infantilisant, dérivé du mot enfant, s'applique tout à fait. Mais c'est toujours comme ça, les bons éléments payent pour les mauvais... et je suis certain que vous faites partie de la crème mon cher! des bons conducteurs bien sûr!
Mais je reviens sur mon avarice. J'accueille avec une grande joie la venue de cette loi même si elle a été amputée de sa meilleure partie, c'est à dire la baisse du taux d'alcool permis à 0.05. Et j'en prendrais d'autres comme ça, et encore plus : toutes les bonnes idées que vous apportez dans votre dernier commentaire!
Je sais, je suis le pire extrémiste, je crois que la liberté n'existe pas quand quelqu'un est dans une voiture, elle est en sursis jusqu'au moment où les pieds touchent la terre ferme. Conduire est un privilège qui coûte plus cher que tout l'argent que quelqu'un peut avoir.
Et pourtant, je serais d'accord pour qu'on augmente la vitesse sur les autoroutes, puisque ce sont des voies réservées pour des gens qui se battent à arme égale...
Et je ne vois pas trop le lien avec Big Brother, vous êtes aussi contre l'idée des cinémomètres?
Renart: je reviendrai en détail, mais un exemple de cette loi qui m'horripile: les pneus d'hiver. La loi nous oblige à les avoir sur notre véhicule du 15 novembre au 15 avril. À Montréal, le 15 avril, mes pneus vont fondre!
La contrainte qui s'adresse à tout le monde, de façon aussi indistincte, confine à l'infantilisme et à la bêtise.
Qu'on fasse chier les cons, mais qu'on arrête de me prendre pour un de ceux-ci!
Les contraintes actuelles sont de la foutaise. En rajouter ne règelra rien.
Cher Professeur Masqué,
Pour les pneus, ton raisonnement tient la route... :)
Il me fait penser aux réglementations concernant le tabac en Europe:
Le prix des cigarettes a une influence sur leur consommation.
Multiplier brusquement les taxes par deux fera fumer beaucoup moins. Mais cela entraînera des problèmes: marchands de tabac, cultivateurs de l'herbe à Nicot, spécialistes du cancer dans les hôpitaux, pensions à payer plus longtemps...
Vivez sainement, mais pas trop, disent les politiciens!
Amitiés.
Renart l'éveillé
Je ne parlais pas spécifiquement de ces amendements à la loi sur la sécurité routière, avec lesquels je suis, au fond, en accord (comment être contre la vertu?!). En fait, ma remarque est d'ordre plus général: je suis agacée par cette mouvance sociale qui veut qu'on s'immisce de plus en plus dans la vie des gens pour leur dire quoi faire. Je souhaiterais plutôt qu'on accentue l'éducation à la citoyenneté responsable sur tous les plans... Mais je suis d'accord avec vous que les résultats de la sensibilisation et de l'information ne sont pas toujours convaincants.
Hortensia,
je ne crois pas que « l'éducation à la citoyenneté responsable sur tous les plans... » soit incompatible avec le reste, c'est ça mon point. C'est juste qu'il faut que ce soit clair pour tous que l'irresponsabilité est une attitude perdante.
Renart: oui, mais en m'obligeant à poser mes pneus d'hiver à une date précise, nonobstant les conditions météo, on m'empêche d'utiliser mon jugement.
A partir de là, je n'ai plus à penser: je dois me conformer.
Et tiens, je trouve cette réactions de la CAA-Québec sur les pneus d'hiver:
«Par ailleurs, le CAA se demande s'il était vraiment nécessaire d'imposer l'installation de pneus d'hiver à tous les automobilistes, faisant valoir qu'au cours des dernières années, leur taux d'utilisation est passé de 65 pour cent à 90 pour cent.
L'organisme estime qu'il faudra désormais songer à les interdire l'été, car il dit craindre un effet pervers, soit que les automobilistes gardent leurs pneus d'hiver l'été, alors qu'ils sont moins sécuritaires que des pneus d'été ou quatre-saisons pour le freinage.
Par ailleurs, le CAA note qu'il faudra peaufiner la réglementation reliée à cette mesure pour tenir compte, notamment, des touristes, des voitures de location ou du fait que les concessionnaires vendent habituellement leurs véhicules avec des pneus quatre-saisons.»
Quand une solution crée un nouveau problème, ce n'est pas une solution, d'après moi.
On est loin du temps de la bière entre les jambes et de la promenade dans la boîte du ''pick up'' de mon oncle pour aller au dépotoir... Je ne glorifie pas cette époque. Que de restrictions depuis.
Concernant l'obligation des pneus d'hiver je crois plus que l'idée vienne des cies d'assurance que de notre bon gvt qui souhaite notre protection...
Y'a pas de remède à la connerie humaine quoi qu'en pense madame Boulet.
Ce soir, je prenais un reportage au Grand Journal, je crois (faut en profiter pendant qu'il en est encore temps...hihihi), et un homme oeuvrant «dans le domaine du pneu» affirmait que les garages de fourniraient jamais à la demande si tout le monde devait vêtir sa voiture de pneus d'hiver étant donné qu'ils ont peine à suffire à la demande présentement alors que le tout est encore facultatif.
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