Ce matin, j'enseignais le rôle syntaxique du groupe nominal dans un de mes groupes (en langage clair: les fonctions du nom).
Petit exercice ou je laisse les élèves travailler individuellement. Je circule dans les rangées, comme ça, pour affirmer mon autorité despotique. «Travaillez! Suez! Plus fort! Plus fort! Ça fait mal, hein?» pensais-je à voix basse dans ma tête insonorisée. Tout à coup, je m'arrête sur une copie d'élève. À la question Quel est le rôle syntaxique du groupe nominal «ce soir»?, elle me répond: «complément circonstanciel de temps du verbe».
Wow! Minute, là. Il y a quelque chose qui ne marche pas. Ou suis-je? Et en quelle année?
Cette élève n'était pas née que le MELS remplaçait la terminologie de la grammaire par une nouvelle. Cette élève emploie des termes qui n'ont même pas leur place dans nos écoles (à part pour les subordonnées) depuis 12 ans.
Est-ce qu'il y aurait quelqu'un qui vivrait en marge du temps quelque part dans les écoles primaires de la région? Si oui, paie-t-il son électricite au même prix que moi?
9 commentaires:
cette terminologie a aussi été aperçue et entendue dans ma classe.
Probablement des parents qui aident aux devoirs.
Complément de phrase (temps), c'est-y ça?
Tiens, on parle de ça, pourrais-tu me dire quel est le titre de votre livre de (nouvelle, bien sûr) grammaire? C'est un tel charabia de trouver des grammaires qui se rejoignent en ce moment, y compris dans la même collection, comme Bescherelle, par exemple.
Ce qui aiderait possiblement les parents de ton étudiante, si je n'ai pas tort et si la même chose n'existe poas au secondaire, c'est le manuel du primaire, version parents que j'ai acheté l'année dernière avec un petit aperçu très clair au début, qui explque en deux colonnes les différences de base entre ancienne et nouvelle grammaire. Je trouve le livre assez bien fait si on fait exception de certains trucs à rajouter, selon moi, comme les groupes de verbes, disparus (?). La Réforme ortho n'y est hélas pas appliquée Connais-tu La boite à outils (éd. 3, Modulo, Christine Bonenfant) Je l'ai acheté hier après l'avoir zieuté une seconde fois pour examiner sa cohérence avec les autres et ma foi, je crois que c'est très bien. Qu'en penses-tu, si tu le connais?
Une amoureuse des mots et du français. ¦)
La preuve que "l'ancienne façon d'enseigner" a toujours sa place.
Comme vous savez, les réponses à certaines questions se trouvent bien plus près de nous que ce que l'on croit. C'est possible que ce soit les parents de l'élève qui tentent de l'aider dans ses devoirs, mais c'est peut-être aussi à l'école qu'elle acquiert ces confusions. Je m'explique: la fameuse aide aux devoirs, que Mme Courchesne vient de reconduire et même d'améliorer, est donnée la plupart du temps par des gens qui ont en moyenne une 4ème secondaire.
Pas plus tard que l'an passé, un élève du primaire s'est fait dire que le futur proche est un temps de verbe qui n'existe pas, pour ne donner que cet exemple. Je reste persuadée que cette mesure vise bien plus à favoriser la conciliation travail/famille qu'une véritable aide aux devoirs qui sont, de toutes façons, appellés à disparaître (du moins sous leur forme actuelle). J'y ai consacré un billet, qui a pour titre Par devoir, sur mon blog.
Aussi, j'en profite pour y aller d'une suggestion de grammaire: celle de Marie-Eva de Villiers, "La grammaire en tableaux" 4ème ou 5ème édition comporte justement un tableau comparatif des terminologies propres à l'ancienne et à la nouvelle grammaire.
Et j'aime bien penser que bientôt,
ce sera monnaie courant d'accompagner l'élève dans une appropriation du logiciel Antidote. De la grammaire au style, du lexique à la syntaxe, dix guides couvrent tous les aspects de l'écriture. On accède rapidement à une description claire et concise des règles et des exceptions. On retient le tout facilement grâce à des trucs et à des exemples judicieux.
Mais je rêve encore...
Hé hé! Je crois qu'une bonne visite dans les écoles secondaires du Québec te permettrait de constater que le phénomène est assez répandu.
Certaines habitudes sont difficiles à modifier chez certains enseignants peu enclins à la nouveauté et au changement...
Isabelle: c'est peut-être l'aide aux devoirs ou un parent qui a influencé cette jeune comme le suggèrent des commentaires ici. Sauf que les termes lui sont venus spontanément en classe. Donc, ça fait un bail qu'elle n'écoute pas un prof...
Air fou: je travaille avec un résumé de grammaire que j'ai créé et mon propre cahier d'exercice. Il y a le Bescherelle orange qui semble intéressant.
Marielle: je veux aller zyeuter. Elle est devant moi.
Charles: eh misère!
Merci pour vos suggestions.
Et bonjour à Bobbiwatson dont je m'inquiétais.
¦)
La nouvelle grammaire, c'est comme les fonctions de cryptage : on y entre un message en vrai, on y lit un message en vrai, c'est entre les deux que tout est brouillé et rendu incompréhensible.
En ce qui me concerne, je n'ai même pas insisté et j'ai abdiqué. Je laisse ça aux experts comme PM.
Moi, je suis aux adultes cette année dans un Tombouctou québécois avec une méthode en alphabétisation qui vient des franco-ontariens remaniée par les Néo-brunswickois et hier je suis tombé aussi sur un artefact: l'article défini et indéfini, ça faisait longtemps.
Bon, la nouvelle grammaire c'est le fouillis, j'attends qu'on se couche de bonne heure sur cette question aussi (pour ceux qui, fatigué de changer, resterait dans leur merde pour l'éternité)!
Complément circonstancielle de temps et la bande, ça formait déjà à une logique devenue, semble-t-il inutile dans un monde où l'on instaure le néo-conservatisme au goût de mentalité communiste dont cette réforme a le mauvais goût. Chez les paranos de ce temps-ci, on surveille l'OSM et ses filiales (Santé Canada, par exemple) qui se vote des lois fachistes pour une grippe assez ridicule... Mais c'est l'ancienne grammaire qui était illogique, comme chacun sait depuis les réverbérations scandées des partis universitaires!
Et oui, c'est du Jonathan Livingston
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