12 septembre 2007

J'investis dans La Belle Pro!

C'est officiel: le gouvernement québécois a décidé de bannir la malbouffe dans nos écoles (ici et ici). Ces dernières deviendront ainsi plus équilibrées nutritivement que le guide alimentaire canadien. Sauf que... nos jeunes pourront évidemment continuer à manger des lunchs bourrés de gras trans, traverser la rue pour aller à La Belle Province ou se gaver de pizza-pochettes à la maison.

Encore une fois, on se déculpabilise en faisant porter à l'école une responsabilité qui devrait tout d'abord être inculquée aux parents. « Si on n'explique pas en même temps aux parents et aux enfants pourquoi on le fait et ce qu'on vise comme résultat, on va échouer », reconnaît le ministre de la Santé Philippe Couillard. J'ai hâte de voir comment il va s'y prendre. Un pesant doute rempli d'embonpoint m'assaille. Que voulez-vous: il s'agit d'une question de foie, j'imagine.

Qu'on se comprenne bien: je n'ai rien contre une saine alimentation. Je ne mange plus à la café de mon école depuis deux ans parce que le service y est aussi relatif que la bouffe qu'on y sert. Mais en demandant aux écoles de faire la lutte à la malbouffe, on met un peu la charrue avant les boeufs.

D'ailleurs, parlant de boeuf, tant qu'à y être, pourrait-on demander à nos écoles de ne pas servir des aliments génétiquement modifiés ou des produits autres que ceux du Québec? Au moment ou l'agriculture québécoise vit des moments difficiles, il ets illogique d'acheter des produits de la Californie quand il y a des fermes à 10 km de mon école.

En attendant, je vais demander à mon conseiller financier d'augmenter mes parts dans le secteur de la restauration rapide. Mon petit chèque quant au règlement de l'équité salariale va enfin servir à quelque chose.

7 commentaires:

Magrah a dit…

Je suis bien contente que ça se fasse enfin! Depuis le temps qu'on en parle, il était temps qu'on agisse.

Je crois, au contraire, que l'école est le meilleur endroit pour faire de vrais changements durables. Les enfants apportent souvent les idées reçues à l'école à la maison, et peuvent faire changer les habitudes des parents. De plus, il s'agit d'argent en banque pour l'avenir.

Pour ce qui est de la proximité des fast-food, il y a toujours la possibilité de la carte-repas hebdomadaire. Le jeune a sa carte de cafétéria à faire poinçonner, au lieu du 5$ habituel que les parents fournissent à chaque matin. Il n'a ainsi pas le choix de manger à la café de l'école.

Encore faut-il que le parent s'inquiète de ce que le jeune mange... encore faut-il que le parent s'inquiète de son jeune... mais ça, c'est un autre débat!

Bulle a dit…

Pour changer un comportement de santé (disons, manger plus de fruits et de légumes) il faut 50 heures d'enseignement par année. Ce n'est pas des capsules-santé de 3 minutes par semaine en éducation physique qui vont faire ça. Ce n'est pas une émission avec Annie Brocoli qui va changer ça. Réduire la disponibilité du produit c'est faire semblant de régler le problème pour se donner bonne conscience...

A.B. a dit…

Pour faire dans la phrase toute faite, j'écrirai qu'on ne peut pas être contre la vertu. Je me réjouis de cette annonce et, évidemment, je comprends qu'il y a un travail d'éducation à plus grande échelle qui doit être fait, entre autres par les parents. Je vous sens bien pessimiste, mon cher collègue!

bibconfidences a dit…

Lorsque je n'ai pas le temps de faire un lunch à mes enfants ils prennent des sous et mangent au "snak" chips, sandwichs, gâteaux sucrés. Ils refusent malgré mes supplications de manger convenablement à leur cafétéria. "Trop long, pas assez bon". Que voulez-vous que j'vous dise? Alors JE fais LEUR lunch...Et je jette la plupart du temps à leur retour leurs petits légumes qu'ils n'ont pas mangés et leur fromage. Je les chicane et ils me disent qu'ils ont au moins le mérite de ne pas me mentir contrairement à beaucoup de jeunes qui, me disent-ils, jettent tout à la poubelle et se quêtent un peu d'argent pour s'acheter chips et boissons gazeuses. Tirez-en vos propres conclusions...

Une femme libre a dit…

C'est positif et à encourager d'au moins servir des repas santé à l'école. La base quoi. Santé peut vouloir dire délicieux. Tout va dépendre du cuisinier, en fait. J'avais lu qu'une école pilote servait des repas-gourmets santé et le plus souvent végétariens aux élèves d'un polyvalente et que ça avait marché très bien. Des fois, Prof Masqué, vous êtes négatif pour être négatif. On devrait vous appeler Prof Contestataire! Sans rancune.

Hortensia a dit…

Évidemment, je ne suis pas contre le fait qu'on offre des repas plus équilibrés dans les écoles et polyvalentes et qu'on bannisse les machines distributrices de cochonneries pleine de sucre et de gras trans. Le problème, c'est que si cela ne va pas de pair avec une éducation à l'alimentation, à la maison et à l'école, je pense que les bienfaits réels de ce changement seront nuls.

Si seulement la nourriture, toute la nourriture offerte à l'école était simplement meilleure au goût, plus saine et plus goûteuse (du vrai boeuf dans un burger, du poulet de grain, des légumes frais du Québec, etc.). Déjà, les jeunes seraient plus portés à choisir le menu du jour plutôt que la malbouffe. Il faut que ce soit bon! Bon, comme dans de bons produits, bien apprêtés dans des recettes variées. À ma connaissance, c'est plutôt le contraire qu'on trouve dans à peu près toutes les cafétérias (y compris celle du cégep où j'enseigne).

Par ailleurs, je sens que je vais choquer certaines personnes, mais j'avoue que ça me dérange quelque peu que le gouvernement se mêle de ce que l'on met dans nos assiettes. Les fumeurs sont devenus des brebis galeuses, les gros, des pestiférés. Bientôt, on ne pourra plus boire un verre d'alcool sans être catégorisé danger pour la société. Bref, là où on légifère, il ne faut pas oublier que parfois des libertés individuelles se perdent. Ça m'embête...

Le professeur masqué a dit…

Magrah: vaut mieux un changement que rien du tout,c'est bien vrai, mais je ne partage pas votre point de vue sur la durabilité de certaines attitudes que l'école cherche à transmettre à nos jeunes.

Le meilleur exemple en est l'éducation à la sexualité qui s'avère un fiasco quand on regarde les chiffres en matière de MST, de grossesses non-désirées et de connaissances de la sexualité chez les jeunes.

La carte-repas est généralement une excellente stratégie, mais certains jeunes vendent leur repas à d'autres qui leur versent le prix de ce dernier en argent comptant, leur permettant ainsi d'aller au resto du coin. Ah! l'esprit de débrouillardise!

Bulle: réduire l'accès au produit est effectivement insuffisant et ce n'est pas la seule solution que prévoit le MELS. Seulement, je repense aux offensives télé «mangez des légumes et faites de l'exercice» et je m'interroge sur ses impacts après un an.

Safwan: pessisimiste je suis, tu le comprendras dans le billet suivant, parce que le MELS ne travaille pas vraiment en concertation avec les acteurs du milieu. Les écoles, les commissions scolaires, les enseignants et surtout les jeunes ont-ils été consultés sur cette politique? Leur a-t-on demandé leurs suggestions?

La meilleure façon de s'assurer qu'un projet ne marche pas, c'est encore de ne pas solliciter la participation des premiers concernés. Voilà pourquoi je suis dubitatif. Le MELS a toujours cette attitude déplaisante et inefficace de débarquer dans la vie des écoles et de la régir sans rien demander à personne. Cela étant dit, vaux mieux ça que rien «pantout».

Une femme libre: tout d'abord, je crois que les exemples que vous mentionnez devraient être plus connus et devraient servir d'exemples au MELS. Il y a des bonnes choses qui se font côté bouffe dans certaines écoles et ces réusssites sont souvent davantage basées sur le professionnalisme du chef cuisinier qu'une politique quelconque.

Vous avez raison: je suis un peu négatif de ce temps-ci et je m'en excuse. Mais c'est surtout à propos de tout ce qui est «bureaucratique et gouvernemental», je crois. Les absurdités du sytème scolaire m'usent lentement mais sûrement. Je reviendrai là-dessus sous peu. Disons que je conçois mal qu'on fasse une politique alimentaire du mieux-manger alors que certains enfants viennent à l'école le ventre vide.

Hortensia: cette notion de contrôle gouvernemental m'embête aussi. On dirait qu'on est incapable de prendre individuellement nos responsabilités et qu'on se retourne vers le gouvernement pour nous obliger à le faire, ce qui nous permet de le blâmer par la suite. ça fait très adolescent.