Dans la catégorie «Oui, mais...», le directeur des affaires publiques de la Fédération des commissions scolaires du Québec, Denis Pouliot, a indiqué ses préoccupations au sujet de la nouvelle politique anti-malbouffe dans les écoles: «On se pose des questions sur le calendrier d'implantation. Il faut avoir si les délais seront suffisants pour faire les choses correctement et pour faire en sorte que les élèves embarquent. Il faudra voir aussi le financement qui sera accordé pour soutenir les écoles dans ce changement.» Ça y est: on commene le bras de fer politique. N'oubliez pas de partir à rire quand on vous dira qu'il s'agit d'une action concertée de tous les partenaires en éducation.
Quelques petites observations en passant.
Dans ma commission scolaire, on a déjà implanté depuis deux ans une politique alimentaire du genre. Les jeunes n'ont pas déserté la cafétéria. Ils trouvent cependant la nourriture toujours aussi «dégueux». On ne les a pas éduqués à manger «différent» et leur réaction est parfaitement normale.
Et puis, il y a des incohérences. Les boissons gazeuses ont été remplacées par des jus. Un progrès, direz-vous? Lisez les étiquettes. Certaines contiennent 56g de sucre par 250 ml. Est-ce vraiment une amélioration? Et il faut voir aussi de quel genre de sucre il s'agit. Certains sont plus nuisibles à la santé que d'autres. Dans son livre intitulé «Toxic», l'auteur William Raymond montre à quel point les nouveaux sucres alimentaires sindustriels ont un véritable poison pour l'être humain. On retrouve le cas de ces belles galettes d'avoine bourrées qu'on imagine à tort santé et qui sont bourrées de gras trans. Mummm... Ce n'est donc pas tant les produits servis que les ingrédients qui les composent sur lesquels on doit s'interroger. Une bonne salade OGM avec une portion de gras trans et de fructose-lactose, ça nourrit son élève!
Abordons également des efforts faits par les cafétérias scolaires pour amener les jeunes vers des aliments sains qui comptent. Quand le bar à salade est moche, coûte plus cher que le plat principal et ferme une demi-heure avant le début des cours du midi, on oriente déjà le choix des jeunes, je crois.
Puisqu'on parle de cafétérias, il y a aussi une question d'attitude. Celles-ci sont des entreprise$ qui s'intéressent d'abord et avant tout à leur rentabilité. Ce n'est pas pour rien qu'un jour, on nous a servi des grilled cheese avec du pop corn comme plat principal à l'école...
En fait, j'ai conu peu de chefs intéressés par les jeunes et par leur saine alimentation. En fait, un seul. Il se mêlait aux étudiants, leur faisait visiter les cuisines le midi. Durant l'année, il proposait des menus alternatifs et internationaux. Au lieu d'être un gestionnaire alimentaire, il cuisinait, tentait des expériences, tentait d'entraînait les élèves dans sa folie. Il a fini par ouvrir son propre restaurant, si je me souviens bien.
Il n'existe aucun doute dans mon esprit que les cafétérias vont trouver un moyen de faire passer leurs profits avant la santé des jeunes et sauront contourner l'essence de la prochaine politique ministérielle. Même certaines écoles vont avoir de la difficulté à renoncer aux machines distributrices qui génèrent d'importants profits, souvent investis dans les activités scolaires. Et puis, il ne faut pas oublier que les jeunes continueront à vendre du chocolat pour financer leurs activités... Incohérence, quand tu nous remplis la bouche.
Avant d'imposer aux jeunes de manger santé, peut-on tout d'abord s'assurer qu'ils mangent à leur faim? Oups... il ne fallait pas le dire, mais savez-vous combien de jeunes viennent à l'école le ventre vide, combien ont un lunch ridicule le midi? Question d'argent, question de priorité des parents. Oui, oui: vous avez bien lu: priorité des parents. S'assurer d'avoir à déjeuner avant d'acheter une X-Box, ça me semble logique. Voilà vraiment un des aspects de la mauvaise répartition de la richesse, quant à moi.
7 commentaires:
Tu as tout dit pour moi.
On s'amuse à mettre de tout petits pansements sur des plaies béantes qui exigent de repenser la globalité, l'ensemble, ce qu'on ne peut faire car ça nuirait au profit.
De plus, dans la même boucle, si ça nuit au profit, qui va appuyer, commanditer les campagnes électorales? Et qu'adviendra-t-il de votre charmante sinistre?
Toute la structure sociale est à repenser, mais c'est un immense travail, une puce contre une armée de géants, qui a déjà pensé à tous ces trucs alléchants pour nous garder dedans et nous apaiser (ramollir) l'esprit.
Ceci dit, je ne peux m'empêcher d'y travailler, toi non plus, je le constate de plus en plus. Question de dignité comme être faisant partie de la nature. Sur une grande petite planète où la plupart des gens ne sont pas rendus au Moyen-Âge.
Quand on parle d'environnement, ce n'est pas que des arbres dont on parle.
Zed
Merci car ce billet (m'enlève les mots de ...) assume une partie de ma colère et de mon découragement.
Tant et tellement d'accord: c'est exactement ce que je voulais dire dans le commentaire que je t'ai laissé sur le message précédent.
J'aime beaucoup le petit $ à la fin d'entreprise, ça vaut mille images. Disons que nos sixièmes années soient foutues...Si on instaurait un programme de nutrition gouvernemental géré par des chefs et des diététistes, avec un budget calculé par tête de pipe mangeuse, sans profit au bout, qu'on habituait déjà les maternelles à ce régime couscous, je pense qu'on y arriverait.
Mais ce devrait être pour toutes les écoles. Réglementé au même titre que les règles de base en sécurité.
Pour ce qui est de la malbouffe il faudrait éduquer non seulement les parents mais aussi la société en général. Les enfants qui ont des lunchs santé se font ridiculiser. Il faut élever la société avant les parents et avant les jeunes.
Il faut éduquer la société avant d'éduquer les parents et les jeunes quant à la bonne alimentation. Dans les écoles qui ont pris un "virage santé" on retrouve des jus de fruits contenant plus de sucre que les boissons gazeuses traditionnelles et des aliments contenant plus de sodium qu'avant. Si on veut régler le problème de la malbouffe il faudra corriger les critères de base pour accepter un aliment dans les nouvelles machines distributrices.
Zed: effectivement, j'espère qu'on fera un lien entre malbouffe et écologie dans cette politique alimentaire. Si on m'avait consulté, j'aurais défendu ce point avec vigueur, comme bien d'autres d'ailleurs. Mais on manque souvent de pensée globale au Québec. On raboudine à la pièce, comme nos ponts et nos autoroutes.
En passant, si je me rappelle bien, saviez-vous qu'en Finlande, la bouffe santé est gratuite dans les cafétéria scolaire Si on faisait ça ici, il y aurait plus de batailles de bouffe et c'est tout.
Hortensia: on pensait donc la même chose puisque j'ai fait cet ajout.
Bobco: vision globale avec écoute et engagement des partenaires concernés.
Anonyme: c'est vrai qu'on se moque des lunch santé dans les écoles et je le vis tous les jours avec ce que je mange le midi. Cependant, je finis parfois par éduquer certains élèves, mais c'est bien parce qu'ils m'accordent une certain crédibilté même si je ne suis pas sexy comme Annie Brocoli.
Bobbiwatson: entièrement d'accord avec vous. Il existe des jus pires que le Coca-Cola!
Je suis d'accord que c'est un concept hyper-intéressant, mais reste comme tu le mentionne toute l'aspect de "nourriture" venant de la maison.
Je travaille l'été comme responsable de camp de jour dans le quartier St-Michel et puis il n'est pas rare de voir des lunchs très pauvres en terme de qualité...et da quantité.
pas facile.... c'est un bon pas, mais reste beaucoup d'éducation populaire à faire.
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