18 septembre 2007

Un syndicat de «p'tites madames»

Avez-vous vu comment les médecins spécialistes ont réussi à obtenir de bonnes augmentations du gouvernement (ici et ici)? Mme Jérôme-Forget estime que l'entente est raisonnable, tient compte de la capacité des Québécois et permettra de s'assurer d'avoir un nombre suffisant de médecins au Québec. Ces derniers verront rejoindre leur salaire rejoindre la moyenne des médecins canadiens.

Je sais: je vais me plaindre et recevoir un tas de commentaires à l'effet que les profs sont des gras durs et tout le tralala habituel. Sauf que...
  • des augmentations de salaire pendant qu'on gèle le mien en affirmant que l'État n'a pas les miens de me payer convenablement?
  • rejoindre la moyenne canadienne alors que les profs québécois sont parmi les moins bien payés au Canada?
  • l'abrogation de la Loi 37 qui déterminait les conditions de travail des médecins pendant qu'on nous imposait nos conditions de travail?
  • des journées d'étude et le report d'opérations urgentes alors qu'on nous traînait devant le Conseil des services essentiels parce qu'on s'habillait en noir et refusait de faire du surtemps avec les activités para-scolaires?
  • maintenir des médecins au Québec alors que l'éducation connaît une pénurie d'enseignants sans précédent et qu'on embauche des gens non qualifiés dans les écoles?
Est-ce qu'on me prend pour un imbécile? Ou bien me suis-je trompé de faculté à l'université?

10 commentaires:

Anonyme a dit…

Tu dis vrai, bien trop vrai!

Où est ma prime d'éloignement pour que j'aille enseigner dans une autre région que la mienne? Ma maison financée, mon stationnement réservé, mon temps 1/2?? Oui, il est où mon temps 1/2 et mon temps double?? Il est chez nous pendant que je donne encore des dizaines d'heures comme une idiote pour préparer des trucs "réformes" (je fulmine) à des élèves qui sortent de l'école en crachant sur les profs! Mais pauvres petits médecins, ils ont la vie des gens entre leurs mains. Évidemment, ce n'est pas la vie (au sens de toute la vie future) que l'on a entre les mains, une carrière, une vie, un salaire, des conditions, c'est de la vie ça mes amis! Et puis, s'ils veulent continuer de graisser la patte, déjà bien huileuse de leur cher doc, faudrait qu'on est assez d'enseignants bien payés pour en former, parce qu'au rythme où ça va des médecins, on en produira pas des centaines!

Faites moi faire de la chirurgie à temps partiel et je suis prête à sacrifier deux semaines de vacances, de toute façon j'en profiterai pour passer le reste du temps en Europe, j'aurai le salaire!

Le pire, c'est que j'avais les notes pour entrer en faculté de médecine...mais j'avais la VOCATION! pffff...

Pwel a dit…

Ayoye!

Je suis d'accord que les médecins spécialistes sont importants mais je crois qu'il faudrait absolument sortir de la mentalité de "se sont des médecins donc ils sont PLUS importants"."

J'ai lu quelque part que des milliers de travailleurs du secteur public ont un retard salarial moyen de plus de 15 % par rapport au secteur privé.

C'est inadmissible.

Qu'est-ce-qu'on fait?

A.B. a dit…

Plus j'avance dans ma lecture de ta liste à puces et plus mon moral prend le bord. C'est tellement plus «impressionnant», «important», un «bon» médecin, spécialiste de surcroît, pour les p'tites madames. Tellement plus qu'un «simple» et «pauvre» enseignant. Grrrrrrrrrr...

Hortensia a dit…

Moi aussi, cette nouvelle m'est restée en travers de la gorge.
Deux poids, deux mesures: pour les médecins spécialistes, point de loi spéciale... Pourtant, ils auraient le moyen de payer les amendes!
Tant mieux pour eux, remarque, je suis bien contente qu'ils reçoivent une juste rétribution, entre autres pour qu'on les garde au Québec, mais je suis jalouse de la considération dont ils jouissent si on la compare au mépris qui est notre lot de la part du gouvernement. Gouvernement qui, je le souligne, en appelle sans cesse à notre «professionnalisme» lorsque c'est le temps de nous demander d'en faire toujours plus, mais est totalement incapable de nous rémunérer à la mesure de nos connaissances, de nos compétences et des responsabilités que l'on doit assumer.

P.S. ton titre me laisse songeuse... Si par syndicat de «p'tites madames», tu sous-entends que les profs sont trop frileux pour se tenir debout suffisamment longtemps pour obtenir des résultats, je suis assez d'accord, mais je pense qu'à ce compte-là, les «p'tits monsieurs» ne valent pas mieux que les «p'tites madames».

Mme Prof a dit…

J'ai une question à ce sujet... Jeune, les profs, c'était respecté et respectable. Au primaire, j'en avais peur de ma prof, surtout de la direction. Où est passée notre côté jet set?? L'aurions-nous perdu, comme le disent certains, dans les années 80 alors que les profs subissaient une diminution de salaire?? Vous qui savez tout PM, qu'en pensez-vous?

Anonyme a dit…

Syndicat de tites madames: tu l'as dit, mon cher prof!! Oh boy, je pourrais écrire un roman (platte) sur mes longues années d'engagement syndical SFPQ, à tirer et à pousser sur des tites madames téteuses plus soucieuses de se garder le sourire de leur boss que d'améliorer leur conditions de travail.

Jamais là aux réunions ou aux assemblées, votent systématiquement contre la grève (aye, perdre une journée de salaire!! pas question!!), jamais au courant des nouvelles, sauf bien sûr quand ça touche leurs vacances ou leur pension... là, ça harcèle la déléguée (moi, en l'occurrence), ça veut tous tous tous les détails mais quand même, vite vite vite! Ne lisent jamais la docu, ne se perfectionnent pas, commencent à "focusser" sur leur retraite à 40 ans.

Seules choses importantes: leurs #@$#% de congés (vacances, de maternité, etc.), et encore! Ça valait seulement pour celles qui n'avaient pas encore eu leurs flos. Après, elle s'en câ&?%#@#!! Avec le résultat qu'on voit: clauses orphelins, précarité, non-reconnaissance de l'expérience. Convaincues que les conditions de travail de eur convention collective sont là pour rester, cadeau de l'employeur. Aucune idée du travail et des efforts qui leur ont permis d'être aussi grasses-dur en se donnant si peu de mal. Même, il est devenu de bon ton, chez les tites-madames syndiquées SFPQ, d'être anti-syndicales et de le dire haut et fort (surtout devant les boss). Mais elles s'en foutent, que leurs filles aient à recommencer la lutte. Elles ont eu leurs deux ans de congé par enfant, avec retour le c*l sur leur même chaise, et anyway, c'est le mari qui paie les grosses dépenses avec son VRAI salaire à lui, parce que son syndicat de monsieurs se tient debout, comme ses membres. Normal de se battre pour un vrai salaire, quand on a une tite-madame comme conjointe, à faire vivre même si elle travaille!

Est ben fine pis à gère bien son stress, par exemple. Et tellement "positive"! Pas une bougonneuse, comme son mari.

Le professeur masqué a dit…

Anonyme: beaucoup de rage dans votre commentaire, mais je la comprends tellement. Moi, ce sont les élèves qui me tiennent dans ce métier. Tout le reste, je commence à l'envoyer paître. Conneries administratives, petit boss tyrannique, tâche débile... Il m'arrive même de penser des trucs du genre «Ben, qu'ils me coupent...» ou encore «Envoie-moi ton avis disciplinaire...»

Non, la seule chose que je crains, c'est que les patrons chez nous récupèrent le plein droit de gérance dans l'attribution des tâches, Là, ils pourraient m'en faire baver... Et les négos sont bien mal parties, d'autant plus qu'avec la loi 142, on ne peut faire aucun moyen de pression. Ça me semble illégal et immoral.

Pwel: belle nuance, en effet. En plus de ce retard, les enseignants québécois sont parmi les moins bien payés au Canada. Mais il ne faut pas le dire.

Safwan et Hortensia: les «p'tites madames», c'est la vision que le gouvernement a des enseignants. Ce mot vient de Jean Charest lui-même si j'ai bonne mémoire. On est des «torcheuses» à l'école. J'ai oeuvré à l'Assemblée nationale du Québec et les conditions matérielles de travail n'ont rien à voir avec ce qui se passe dans nos écoles. Le gouvernement méprise généralement les enseignants, certains patrons aussi.

On se comporte souvent aussi comme des «p'tites madames». Je n'ai jamais vu un syndicat aussi peureux et sensible du moindre coup de vent, particulièrement à la FSE.

La marâtre: je ne sais pas tout, ça me rassure, mais les anciens me disent que les négociations de 1980 ont compris une campagne de salissage incroyable à l'égard de la fonction publique et des enseignants. Il y avait de l'exagération du côté de certains profs et le retour du balancier fut terrible, quant à moi. Depuis, le métier d'enseignant a un statut ambigu: dans les sondages, il s'agit d'un métier parmi les plus respectés par la population mais dans les faits... on est souvent des «gras durs» et des «pas fins» avec leurs enfants quand ils font quelque chose de croche.

Anonyme: le constat s'applique aussi à la contrepartie masculine. Il y a beaucoup d'enseignants qui ont des comportements similaires. Ce qui m'embête dans tout cela, c'est le manque d'imagination et l'incapacité de nos permanents syndicaux à repenser l'action syndicale. Certains sont devenus des fonctionnaires, d'autres «couchent avec les boss» comme on dit. Et il existe des lois qui nous empêchent de nous désaffilier ou de remettre en question ce monopole. Grrrrr!

Anonyme a dit…

Oui, malheureusement, ça mène exactement là, ces *&$%"½** de stéréotypes.

Tellement facile de fesser sur les tites madames. Comme sur les gais.

Et oui, saigneuuuur que ça me tape sur les nerfs. Comment veux-tu continuer la progression vers les droits sociaux si ceux qui en ont le moins continuent à tirer par en arrière.

Maintenant, y a-t-il un pire patron que le gouverne et ment, qui fait et défait les lois à sa guise...

Oui, les médecins, c'est de la base, essentielle. Et je dirais que tout de suite après, s'il faut faire un ordre, c'est l'éducation. car l'éducation, entre autres effets, permet l'acquisition de connaissances et l'appropriation d'informations, de comportements, d'attitudes qui permettent l'amélioration des conditions de vie et de la santé physique et mentale.

Zed :-)

Hortensia a dit…

Oui, prof masqué, Charest avait désigné la présidente de la CSN, Claudette Carbonneau, comme "la p'tite madame Carbonneau". Condescendant, sexiste et méprisant.

J'avoue que j'ai un peu de difficulté avec les discours exagérément négatifs comme celui de la personne anonyme. Ils ont pour effet de discréditer les syndicats et de démotiver encore plus les troupes. Il me semble qu'il faut quand même être plus constructifs que ça et continuer de s'investir si on veut arriver à quelque chose. Ce n'est pas en leur tapant sur la tête et en les dénigrant que vous convaincrez les "p'tites madames".
M'enfin, c'est simplement mon opinion de militante... Il faut dire que j'ai la chance d'être dans un syndicat très dynamique et très actif.

C'est vrai que les profs sont peureux, mais disons qu'à coup de loi spéciale, on peut rendre bien du monde peureux, surtout que la force utilisée était disproportionnée par rapport à nos moyens de pression. J'ai encore de la difficulté à y croire.

N'oublions pas que, en mars dernier, le Bureau international du travail a statué que le projet de loi 142 contrevenait à plusieurs conventions internationales, dont celles garantissant le droit à la négociation et le droit de grève. C'est pourquoi il demande au gouvernement du Québec d’amender le projet de loi 142, devenu loi 43, pour en retirer les mesures répressives, de revoir avec les parties concernées le régime de négociation de manière à prévoir un véritable mode de solution des désaccords et finalement de revoir, sans plus attendre avec les parties concernées, la question salariale en s’appuyant au besoin sur une étude indépendante.
(infos trouvées sur le site de la CSN)

Le gouvernement aura-t-il le respect de ses travailleurs et des travailleuses?
C'est difficile d'y croire, même quand on le voudrait...

Le professeur masqué a dit…

Hortensia: c'est encore plus facile de frapper sur quelqu'un quand on sait qu'il ne répliquera pas.