30 novembre 2008

Campagne électorale: et le français, lui? (ajout)

Plus ça va, plus je pense que la qualité du français est un sujet tabou. Si on en parle, on est automatiquement un souverainiste, un péquiste ou même un anti-immigrant. Je ne vois pas le lien entre ces associations, mais elles semblent exister pour certains esprits obtus.

Si, en plus, on parle de la qualité du français à l'école, là, on est carrément de droite, castrateur, réducteur de la langue au seul phénomène grammatical...

Uniquement aujourd'hui, je roulais en voiture et regardais une somptueuse affiche en aluminium d'un mètre par deux sur laquelle on pouvait lire le plus sérieusement du monde: «Dompage interdit (sic)». À la radio, cette réclame des cinémas Guzzo qui invitait les jeunes à poser leur candidature pour un emploi le «fun (sic)». Comme dirait cette autre réclame que j'entends chaque matin à 98,5MF: «Ça regarde mal».

Et je vous épargne tous les Claude Poirier et Danny Dubé de ce monde...

PS Merci MissMath!
PPS J'ai photographié la pancarte. Avouez qu'on la remarque!

27 novembre 2008

Chers conservateurs

Comme ça, quand vous irez voter la prochaine fois au fédéral (on ne sait jamais: ça pourrait arriver assez rapidement), n'oubliez de prendre en compte les éléments suivants:
Des droits suspendus

La loi suspendra aussi, dans le secteur public et dans certaines sociétés d'État, jusqu'à la fin de 2010-2011, le droit de grève pour des motifs liés aux salaires.

Les conservateurs veulent aussi interdire le recours aux tribunaux pour régler les cas d'équité salariale. L'équité salariale deviendra ainsi un élément à part entière dans les négociations collectives.
On savait déjà que le gouvernement conservateur ne reviendrait pas sur sa décision d'abolir les programmes PromArt et Routes commerciales, destinés au rayonnement des artistes canadiens à l'étranger.

Ce qu'on ne savait pas encore de manière certaine, c'est que le gouvernement conservateur n'a aucune intention de remplacer ces programmes, essentiels à la survie de dizaines d'entreprises culturelles, de quelque façon que ce soit.
Je ne sais pas, moi, mais je commence à être tanné qu'on me mente en pleine face.

22 novembre 2008

Vite que quelqu'un l'embauche!

Je lis tout dans un journal. Les sports, les potins, parfois même la notice nécrologique tout à coup quelqu'un que je déteste s'y retrouverait.


Aujourd'hui, je lisais un texte sur la saga du restaurant Les princesses, à Montréal. Ce dernier a la particularité que les serveuses sont en petite tenue, contrevenant ainsi à un règlement municipal qui interdit l'exploitation d'un établissement à caractère érotique dans le secteur de l'arrondissement d'Hochelaga-Maisonneuve, près du Stade olympique. «On risque le tout pour le tout», a déclaré l'un des propriétaires conscient d'enfreindre la loi.


Là ou le texte devient délicieux, c'est lorsqu'on cède la parole ayant travaillé à ce restaurant.


«On a tenté de porter un haut et un string, mais la clientèle a aussitôt commencé à chuter. Après quelques semaines, on est revenus à l'ancienne manière et tout a repris pour le mieux», a raconté la jeune femme de 28 ans. Détentrice d'un bac en enseignement du français à l'Université de Montréal, elle a travaillé à ce resto de 2005 à 2008.


Que madame Courchesne se le tienne pour dit: je sais maintenant ou l'on pourrait trouver du personnel pour contrer la pénurie d'enseignants.

21 novembre 2008

Une vieille nouvelle...

Le MELS dévoilait fin octobre ce que devaient apprendre chaque année nos petits chérubins en français. Ce document - intitulé Progression des apprentissages en français - faisait suite à la promesse de la ministre Courchesne de déterminer clairement les connaissances que les élèves devraient avoir vues en classe chaque année. On remarquera que celui-ci aborde uniquement l'orthographe et la conjugaison. D'autres documents traitant de la ponctuation, la structure de la phrase, les fonctions et les accords seront rendus public plus tard cette année.
Pour la ministre, il s'agit d'une «réécriture des savoirs essentiels contenus dans le programme de français du primaire.» On propose aux enseignants des moyens très classiques pour mémoriser et comprendre ces connaissances : copie de mots, le recours aux règles et la consultation de dictionnaires.
Pour ma part, j'aurais envie de dire «trop peu trop tard». Ce correctif au programme de français s'intègre mal à l'esprit de la réforme et constitue - tant physiquement que philosophiquement - un document à part. L'enseignant devra potasser deux documents de front pour pouvoir s'y retrouver. Pas bon signe...
De plus, on ne se contentera pas de peurs : il est un peu tard pour indiquer ce que les élèves doivent apprendre en français quand le programme existe depuis 11 ans et que tous les manuels et cahiers d'exercices que les enseignants utilisent en classe ont déjà été conçus et imprimés. Va-t-on revoir le contenu de ces derniers avec ce nouvel édit ministériel? J'en doute. on dirait un plaster sur une jambe qui a la gangrène.
Quant à moi, j'ai toujours été réfractaire à plusieurs aspects de la réforme à cause de son esprit rousseauiste: l'élève est intrinsèquement bon et aura plaisir à apprendre des connaissances étendues et variées dans un contexte signifiant.
J'enseigne à des élèves doués qui ont fait beaucoup de projets au primaire, mais la moitié d'entre eux ne savent pas ce qu'est un verbe du premier groupe. Ils ont peut-être développé certaines habiletés, mais leurs lacunes quant aux connaissances de base est parfois ahurissantes.
D'ailleurs, vous seriez surpris de voir à quel point ils ont soif de voir ce qu'ils ne savent pas. Voulant réussir et bien écrire leur langue (une lubie de leur enseignant), ils se sentent démunis devant les tâches qu'on leur demande d'accomplir. Si la grammaire ne leur semble toujours pas amusante, il est apparent qu'elle est devenue utile à leurs yeux.

18 novembre 2008

L''enfant-roi et le prof masqué

Le prof masqué a un enfant-roi dans ses classes qui manifestement comprend mal la signification du mot Non.
Aujourd'hui, nous avons eu un échange savoureux.
PM: Je répondrai à ta question dans deux minutes.
ER: Oui, mais je veux savoir...
PM: Dans deux minutes.
ER: Oui, mais...
PM: Non.
ER: Oui, mais...
PM: (tranchant) Écoute, à la maison, tu peux être l'enfant-roi que tu veux. Ici, tu es uniquement un élève. Alors, attends deux minutes, puis apprends à vivre dans la normalité.
ER: ...

On a senti un courant d'air froid passer. Pauvre petit traumatisé.

C'est pas moi, je l'jure!

Bon, ce n'est pas de ma faute si Mme Marois me fournit autant d'occasions d'écrire. Aujourd'hui, elle affirme ne pas être responsable des déboires du Renouveau pédagogique.
«J'ai engagé une réforme sur la base de faire en sorte que nos enfants sortent de l'école en sachant lire, écrire, compter. C'était l'objectif. La réforme a été bien engagée, mais on l'a abandonnée en cours de route.» Abandonnée? Vraiment? Pauvre petite...
Ce seraient les Libéraux, les méchants: «Quand Pierre Reid est arrivé, la première chose qu'il a faite, sans consulter personne, a été de retarder la réforme d'un an. Les libéraux ont démissionné, ils ne se sont pas occupés de cette réforme. Elle a pris toutes sortes de tournures dont je ne suis pas responsable.»
Selon elle, il aurait fallu que le gouvernement «ajuste la réforme en fonction des difficultés qu'elle rencontrait», entre autres sur redoublement et sur l'appellation des «compétences transversales» dont on aurait dû «simplifier le langage». Laissez-moi penser deux secondes: la réforme n'a connu des difficultés qu'après l'élection des Libéraux? Avant cela, tout allait bien?
D'aucuns analystes politiques vous diront que le PQ va perdre les prochaines élections parce qu'il est constamment en mode défensif. C'est paradoxal pour un parti d'opposition, ne trouvez-vous pas?

Mise à la retraite: excellent article du Devoir

Mme Marois a défendu sa décision de pousser à la retraite des milliers d'employés de l'État, dont des enseignants.

Jean-Robert Sansfaçon réplique à cette dernière dans un texte des plus clairs. En voici un longextrait pour vous montrer qu'en plus de créer des pénuries de personnel dans l'appareil gouvernemental, cette décision fut un échec budgétaire.



Rappelons les faits: quelques semaines après le référendum, en janvier 1996, Lucien Bouchard succède à Jacques Parizeau comme premier ministre et convoque un sommet des partenaires sociaux pour septembre suivant. La conclusion centrale de ce sommet, c'est qu'il faut s'attaquer au déficit chronique qui afflige les finances du Québec. Quelques mois plus tard, M. Bouchard menace d'adopter une loi d'exception si les négociations n'aboutissent pas à la récupération de 6 % de la masse salariale des employés de l'État.


Une entente intervient in extremis: les salaires ne seront pas réduits, mais on puisera 1,6 milliard dans les surplus de la caisse de retraite, la moitié prise à même les contributions de l'employeur, l'autre dans celles des syndiqués. Grâce à cette cagnotte, on pourra réduire de 16 500 le nombre de fonctionnaires à qui on offre de prendre une retraite immédiate, sans pénalité.


Le programme est si populaire -- 33 000 personnes acceptent l'offre -- que ce ne sont pas 800 millions que l'État devra payer, mais... 2,3 milliards, en plus des 800 millions de la partie syndicale, selon les chiffres du vérificateur général. Et comme Québec n'a pas cette somme, il l'ajoutera à sa dette à long terme. En d'autres mots, les contribuables paient encore aujourd'hui au moins 150 millions par année pour un programme de départs volontaires aux conséquences majeures sur le réseau de la santé.


Contrairement aux prétentions du gouvernement d'alors, les mises à la retraite n'ont pas permis de réduire le nombre d'employés et la masse salariale sur une base permanente. Ainsi, alors que l'on affirmait que les départs allaient faire économiser 900 millions par année de façon récurrente, le vérificateur général en est arrivé à la conclusion que les économies réelles n'ont été que de 553 millions la première année, 435 millions la deuxième année et 371 millions par la suite. Au total: 10 milliards de moins que les prévisions à long terme! Et la cerise sur le sundae: à peine 6200 des postes abandonnés par leurs titulaires en 1997-1998 n'avaient pas été remplacés seulement deux ans plus tard, alors qu'on visait l'objectif de 16 500!


Aux 1500 médecins qui ont quitté le navire, on a offert jusqu'à 300 000 $. Le programme ne devait causer aucune pénurie, nulle part au Québec. Pourtant, dès l'année suivante on implorait les «jeunes» retraités de reprendre le collier à coup de primes d'exception.

Dans sa réponse aux journalistes, dimanche, Mme Marois a soutenu sans en démordre que le gouvernement n'avait pas le choix. Faux! Si la plupart des Québécois étaient d'accord avec l'objectif du déficit nul, rien n'obligeait Québec à devancer d'une année son propre plan d'action. L'Ontario a agi différemment et a aussi atteint le déficit zéro quelque temps plus tard. En outre, il y avait le choix des moyens: un programme ciblé aux seuls employés en trop dans les hôpitaux fermés, par exemple, comme au fédéral où 45 000 salariés sont partis en douceur, aurait été beaucoup plus approprié. Même l'ancien premier ministre Lucien Bouchard a reconnu son erreur, comme M. Charest s'est empressé de le rappeler.


Que s'est-il passé dimanche dernier pour que Mme Marois adopte un point de vue contraire au bon sens? Voilà qui est de mauvais augure pour le reste de cette campagne déjà difficile pour le Parti québécois.

17 novembre 2008

Ah! nos politiciens... (ajout)

Au tour de Mme Marois de parler de réduction de la taille des groupes. Au rythme ou l'on fait ce genre de promesses, on enseignera bientôt à des classes vides!
En passant, Mme Marois est revenue sur sa position quant à l'enseignement de l'anglais. On se souviendra du tollé qu'elle avait soulevé lorsqu'elle avait proposé d'enseigner l'histoire en anglais. Mais vous jugerez du sérieux de la chose : Mme Marois propose maintenant (ici et ici) de réenseigner en anglais ce qui aura été vu en français auparavant. Me semble que les élèves vont aimer ça, le radotage. Le Devoir précise que «...cet enseignement de certaines matières se fera en anglais seulement si les élèves possèdent déjà les compétences minimales en français.» Compétences minimales comme dans pas beaucoup?
Et puis, l'anglais dans tout cela, on l'enseigne quand, lui?
Dans la même veine, Mme Marois s'est exprimé sur le départ à la retraite de milliers de médecins et d'infirmières du réseau de la santé il y a dix ans. Et les 8 000 enseignants, eux, à qui on a consenti des conditions avantageuses pour quitter le réseau de l'éducation, personne n'en parle. C'est bizarre qu'en ces temps de pénurie de personnel enseignant, personne ne voit le lien... C'est vrai qu'on ne meurt pas d'une pénurie de profs dans les écoles. on devient simplement moins bien instruit... Ça ne compte pas.
C'est un peu comme M. Charest qui offre des primes de 3 000$ aux futures infirmières et de 8 000$ à celles qui retardent la prise de leur retraite : «On veut alléger le fardeau des infirmière en attirant davantage de nouvelles infirmières et en améliorant leur vie au quotidien.» Ai-je choisi le mauvais métier traditionnellement féminin, moi, là?

16 novembre 2008

À vos ciseaux, les enfants!

Parait-il qu'il y aurait un exhibitionniste qui s'amuserait à montrer son zizi à des élèves de la région de Montréal.

Certains jours, décidément, je suis pour la castration à froid. J'ai alors des airs de prof Mailloux.

Je vais remettre les deux ou trois paires de ciseaux que j'ai confisquées à mes élèves. Qui sait, peut-être en feront-ils bon usage?

PS: J'ai choisi une illustration fort à propos. Vieux et rouillés, les ciseaux. Si le connard au zizi ne meurt pas au bout de son sang, il restera le thétanos...

15 novembre 2008

Loi 142: je me souveins

Dans toute cette campagne électorale non désirée, ce qui m'horripile le plus est de voir comment il est facile pour nos politiciens de promettre des projets qui coûtent des millions.

Comme j'ai de la mémoire, je me rappelle qu'on a gelé ma paie pour quatre années parce que le gouvernement québécois n'avait soi-disant pas les moyens de nous payer. On se demande pourquoi on manque de profs. Parce que le salaire ne suit pas, parce que les conditions de travail se dégradent tout comme nos écoles, parce qu'on manque d'argent et que celui existant est mal géré.

Si vous pensez que les profs sont des chialeux, je peux vous rappeler aussi, si vous n'êtes pas un enseignant, la hausse des tarifs d'électricité, des frais d'immatriculation, etc.

Et attendez après l'élection des Libéraux comment il va nous passer à la casserole, notre petit Jean Charest.
D'abord l'économie oui! On est mieux d'avoir des économies si vous voulez mon avis.

Les CP se font attendre...

Une des promesses de Mme Courchesne dans le cadre de son plan sur le français a été d'augmenter le nombre de conseillers pédagogiques spécialisés dans cette matière. Cette mesure les ramène en quelque sorte au niveau d'avant les coupures et les fusions des commissions scolaires.

Tout d'abord, chez nous, les CP ont été embauchés en novembre. On voit la rapidité de l'appareil scolaire... Mais le plus rigolo est qu'ils ne sont même pas en poste! En effet, il s'agit de profs pour lesquels on ne trouve pas de remplaçant. Impossible pour eux d'entrer dans leurs nouvelles fonctions avant qu'on ne leur ait trouvé un remplaçant.

Chez nous, on a embauché des profs d'expérience, mais dans certaines CS, on m'a signalé que ceux-ci étaient plutôt verts. Il ne sera pas facile pour eux de se faire valoir.

13 novembre 2008

Toujours à propos de l'irréalisme de nos décideurs (ajout)

Marie Allard publie un texte intéressant ce matin dans La Presse ou elle questionne l'annonce de la ministre Courchesne de réduire le nombre d'élèves par classe de 10 pour cent. Aux points qu'elle soulève, j'ajouterais un autre élément.

Faisons un peu de mathématique. Réduire de 10% la taille des groupes revient à diminuer ceux-ci de deux à trois élèves environ. Pour que cette mesure soit applicable, il faudrait donc qu'il y ait au moins 10 groupes d'un même niveau à réduire par école pour ouvrir une nouvelle classe. 10 groupes! On y parviendra peut-être dans une polyvalente de 2 000 élèves mais, dans la majorité des écoles du Québec, on comprendra que cette mesure ne pourra entrainer pratiquement l'ouverture de nouveaux groupes. Les directions d'école ne créeront quand même pas des groupes de 12 ou de 15 élèves! Elles n'ont pas les marges financières pour le faire.

Le nombre d'élèves par classe ne peut donc pas diminuer. En fait, les seules choses qui augmenteront seront les classes en dépassement (à cause de la réduction du nombre d'élèves) et un peu le salaire des profs (à cause des primes de dépassment).
On aurait mieux fait de consacrer ces sommes à l'embauche de personnel de soutien aux enseignants, quant à moi.
Ajout
Il ya aussi d'autres facteurs en prendre en compte.
Premièrement, la notion d'école de quartier. Un parent inscrit son enfant dans l'école de son quartier. Il faut qu'il soit d'accord ou de mautadites bonnes raisons pour faire voyager un jeune par autobus scolaire ailleurs.
À cet égard, on fait quoi en région avec les élèves? Un jeune de Matane en débordement ira à Rimouski pour combler une classe? Si on voyageait aussi aisément les enfants que certains le pensent de façon à obtenir des classes pleines partout, il n'y aurait pas actuellement de problème de débordement.
Or, les classes débordent parce que c'est rentable pour une école. Ça coûte moins cher 20 jeunes en débordement qu'embaucher un nouveau prof. Ça coûte moins cher 200 jeunes en débordement dans chaque école secondaire d'une commission scolaire que de construire une nouvelle école. Le problème est là.Regardez les chiffres. Chez nous, tout déborde au secondaire. Ça fait dix ans qu'on nous promet une baisse de clientèle...

12 novembre 2008

Un manque de logique

Québec entend embaucher 2 400 nouveaux profs pour diminuer le nombre d'élèves par classe, peut-on lire dans La Presse aujourd'hui. La mesure est louable mais totalement irréaliste. J'ai toujours cru, pour l'avoir rencontrée, que la ministre Courchesne était consciente des difficultés de notre métier, mais il lui manque parfois une vue d'ensemble des problèmes qui assaillent le réseau de l'éducation
Quelqu'un peut-il rappeler au MELS et à la ministre que nous sommes actuellement en pénurie d'enseignants? Que peu de personnes seront tentées de cumuler et un emploi exigeant et une maitrise en même temps? Déjà, des collègues ne travaillent plus à temps complet parce que la tâche est trop exigeante. D'autres quittent même avant leur retraite tellement ils n'en peuvent plus. Ce phénomène du départ hâtif d'enseignants est d'ailleurs peu couvert par les journalistes et peu documenté. Le MELS lui-même n'avait pu me fournir de chiffres à cet effet.
Désolé, mais c'est par l'amélioration des conditions de travail actuelles (locaux propres, bureaux décents, nombre d'heures travaillées réduit, salaire augmenté) qu'on réussira à retenir des enseignants et à attirer des nouveaux candidats.
Cette mesure - une promesse politique dont on peut douter puisqu'elle est faite à l'aube d'une récession qu'on dit majeure - sera un coup d'épée dans l'eau, quant à moi.

10 novembre 2008

Autre lieu, mêmes problèmes...

Quelques extraits d'un excellent texte de Daphné Dion-Viens dans Le Soleil ce matin. Dites-moi que cette situation ne ressemble pas à celle que vous connaissez.
En deux ans seulement, le nombre d'élèves ayant des troubles d'apprentissage a presque doublé,
... ils ne reçoivent pas les services auxquels ils auraient droit.
«Présentement, les services sont quasi inexistants, dit-il. Les profs sont démunis, ça alourdit considérablement la tâche dans la classe. Il y a un grand manque de formation.»
«Il y a cinq ans, les élèves en difficulté d'apprentissage, c'était un phénomène très rare. Maintenant, ça explose littéralement. On n'a jamais eu autant d'appels d'enseignants qui craquent et qui ne savent pas quoi faire avec ces jeunes.»
«Les dossiers ne suivent pas, dit M. Bérubé. On a encore beaucoup de chemin à faire là-dessus.»
On a décidé que l'embauche d'un orthopédagogue était la meilleure façon de répondre à ce problème», affirme la directrice des ressources humaines, Nicole Laflamme. La présidente de l'Association des orthopédagogues du Québec, Lise Bibaud, confirme la tendance. «Mais ça commence lentement, dit-elle. La machine est grosse et ça prend du temps avant de dégager des budgets.»
Petit détail: on parle de cégeps devant accueillir de plus en plus d'élèves en difficulté.

Un Halloween hypersexualisé

Safwan raconte dans un de ses billets qu'un de ses collègues s'est costumé en sado-maso cette année. Dans une veine similaire de sexualisation de notre société, chez nous, plusieurs élèves se sont déguisés em pimps et en putes.

Dans le cas de ces dernière, il était parfois difficile de voir la différence avec leurs vêtements de fin de semaine, selon certains commentaires. Le phénomène est à ce point préoccupant que la direction de mon école songe à encadrer les costumes permis l'année prochaine lors de cette fête.


On en est rendu là...

01 novembre 2008

Halloween: la suite

J'ai eu beaucoup de plaisir à lire les commentaires que vous avez laissés et certains m'ont fait longuement réfléchir.

Tout d'abord, l'Halloween est une fête sociale, ancrée depuis longtemps dans la tradition, même si elle a été importée et a des relents de consommation aigüe.

Au primaire et dans les premières années du secondaire, elle permet aux jeunes de se retrouver en groupes d'amis. On passe rarement l'Halloween seul, à ce que je sache. À l'extérieur des grands centres, l'école est souvent l'unique endroit ou un jeune retrouvera tous ses amis, distance et autobus scolaire obligent. Fêter l'Halloween à l'école est donc un incontournable si l'on pense en terme de socialisation.

Pour les élèves plus vieux, cette fête a moins de sens: on ne se costume plus, on ne va qu'à la danse et on se gèle la bette. Bof!

Ensuite, l'Halloween est associée directement aux bonbons. Les morts et les méchants esprits qui viennent hanter la nuit, on s'en balance un peu. On se déguise, on s'amuse et on récolte!

Il fut un temps ou elle constituait la seule occasion de l'année (avec Pâque!) pour un jeune de se gaver allégrement de cochonneries. On allait de porte en porte ramasser ce que nos parents n'avaient parfois ni les moyens ni le goût de nous donner. On travaillait fort pour obtenir qui un sac de croustilles qui un chocolat. C'était avant notre époque ou les gamins doivent obligatoirement tout avoir.

En ce sens, oui, le ramassage de nananes a un caractère moins précieux. Je me rappelle mes retours de collectes nocturnes ou je m'émerveillais devant mon sac rempli de Rocket, de gommes, de sucettes rouges et autres friandises tout aussi rares chez moi.

Mais voilà, les nananes n'ont plus la cote avec le discours des nutritionnellement corrects. Elles constituent de la malbouffe qu'on doit interdire dans nos écoles. À ce sujet, deux réflexions.

N'est-il pas hypocrite de bannir de nos écoles un produit en vente libre que tous les parents ou presque achètent à leur enfant? Un produit qu'on retrouve au dépanneur d'en face? L'école doit-elle être un lieu ou le seul lieu social de vertu alimentaire?

Oui mais, diront certains, l'école a des obligations éducatives. Or, pour moi, éduquer, ce n'est pas interdire mais informer, sensibliser, conscientiser. Interdire rime avec abrutir. Et quand on va jusqu'à saisir les bonbons qu'un jeune apporte avec lui en classe, on est véritablement bête et abruti. Comme le souligne Bibco, c'est si facile d'interdire pour une CS.

Rien, dans la politique du MELS, n,indique qu'on doive saisir les bonbons et les lunchs des jeunes, à ce que je sache! Cette politique concerne la bouffe offerte par les écoles, point à la ligne.

«Tout est dans la mesure», a écrit Laurence et, comme le souligne le stagiaire, on «pousse le bouchon un peu loin». Il ne s'agit pas de noyer les jeunes sous une couche de friandises quand même! Si un jeune se rend malade à manger des sucreries, le problème, c'est avant le jeune!

Transformer la fête de l'Halloween en fête de l'automne pour des raisons religieuses est une aberration sociale. Noël va être la fête de l'hiver, Päque, celle du printemps et ainsi de suite? Allez dans certains pays et proposez de transformer le Ramadan, par exemple, en fête du solstice de Pluton et vous verrez la réaction!

L'Halloween est une fête célébrée dans tout le Québec. La travestir pour des raisons religieuses est une façôn de créer un ghetto montréalais et de couper des individus d'une réalité québécoise, d'une réalité propre à notre jeunesse.

Peut-on amener nos gamins à être plus conscients des effets néfastes des sucreries sur leur santé? Non seulement il le faut mais on le doit. Mais est-ce en interdisant qu'on y parviendra? Je ne crois pas. Diversifier ls produits offerts, proposer des choix santé, pourquoi pas? Il faut savoir faire preuve d'imagination, ce que bien des gestionnaires ne semblent pas avoir.

À ce sujet, je termine ce texte avec un article qui illustre bien ce qu'on peut faire avec l'Halloween quand on a un peu d'esprit.

«Le village de Saint-Mathieu-du-Parc, en Mauricie, a de nouveau été bouclé par les autorités, hier soir, précisément un an après les événements qui avaient nécessité la mise en quarantaine de la municipalité en raison du comportement étrange de plusieurs citoyens.

Les trois accès routiers au village ont été fermés par la Sûreté du Québec et l'armée. Chaque véhicule a été soigneusement décontaminé pour empêcher la propagation du virus qu'on croit être à l'origine des changements de comportements observés.Comme l'an dernier, les enfants du village ont été épargnés, le virus n'ayant semble-t-il aucun effet sur eux. C'est d'ailleurs grâce à eux si le village a retrouvé une vie normale aujourd'hui, les jeunes ayant été d'un précieux secours aux Hommes en blanc, dépêchés sur place pour tenter d'éradiquer le mal qui menaçait de s'étendre aux villes avoisinantes et, pire encore, à la planète...

Vous aurez compris qu'il s'agissait du scénario proposé aux enfants pour l'Halloween à Saint-Mathieu-du-Parc. Comme l'an dernier, ceux-ci sont passés d'une maison à l'autre pour faire la collecte de bonbons, mais aussi pour recueillir des informations permettant de sauver les adultes du village. Encore une fois, ces derniers se sont prêtés au jeu en se costumant et en adoptant des comportements bizarres.»

Cinq profs de maternelle en deux mois

Voilà le titre d'un article de Marie Allard dans La Presse à propos d'une situation déplorable. Voici maintenant ce qui ne fera pas la manchette.

Laissez-moi vous parler d'une école de ma région qui connaitra trois directeurs en plus de cinq ans. Trois! Belle exemple de stabilité! Surtout que deux ont quitté en pleine année scolaire!

Si celle-ci réussit à se maintenir parmi les meilleures de sa CS, croyez-vous qu'elle le doive à une équipe gestion qui a aussi connu des adjoints à répétition ou à ses enseignants qui tentent de tenir le fort?

Chaque directeur et adjoint a amené avec lui une nouvelle philosophie, une nouvelle façon de faire, une volonté de laisser sa marque à sa manière. Certains croyaient à l'informatique, un voulait fermer la médiathèque... Et quant aux adjoints, ils ont tous commencé par vouloir être à l'écoute des élèves et les comprendre afin de réaliser que, dans une école de 2 000 élèves, il faut davantage être incisif que tolérant.

Pour les profs,chaque changement de garde représente de l'insécurité quant à sa tâche, un changement de procédure administrative, un nouvel esprit d'école. Chaque changement représente aussi le fait qu'ils doivent, dans le cas des bons enseignants, refaire leurs preuves parce que le gestionnaire nouvellement arrivé ne le connait pas. Pendant un temps trop long et contreproductif, un prof dévoué et travaillant va être traité sur le même pied qu'un cabochon avec un brevet. Quelle perte de temps et d'énergie!

Et puis, quelle crédibilité ont ces nouveaux venus qui débarquent dans une équipe d'enseignants parfois tissée serrée et qui tentent d'imposer leur autorité alors qu'ils n savent même pas ou sont certains locaux et ne connaissent pas l'historique de certains dossiers? Ils sont alors des gestionnaires à la petite semaine.

Les directions d'école devraient signer un contrat de cinq ans avec une clause de non échange... Mais oubliez cela: on est en pénurie de directeurs chez nous. On recrute (débauche) même à Montréal! Et plusieurs de ceux qui travaillent comme directeurs ont un plan de carrière très établi ou chaque école est une marche vers un poste plus élevé.

Me fais-je des idées mais, au privé, on retrouve moins cette instabilité?