31 mars 2012

À propos des jeunes enseignants qui décrochent...

On parle souvent de jeunes enseignants québécois qui décrochent. On cite le pourcentage à l'effet  que 20% des enseignants sortis de l'université quittent la profession après cinq ans. Un commentaire à la suite de ce billet y fait d'ailleurs référence.

Pour ma part, j'ai toujours vu plusieurs explications possibles à cette situation:
- lacunes dans la formation universitaire qui préparent mal les jeunes enseignants aux réalités de l'éducation d'aujourd'hui;
- conditions de travail plus exigeantes;
- précarités des postes;
- bête sélection naturelle de jeunes enseignants qui auraient dû être recalés au bac.

J'ai toujours été curieux de mettre ce pourcentage en parallèle avec d'autres données. Ne voilà-t-il pas qu'un article publié dans La Presse aujourd'hui me permet d'établir certaines comparaisons. Ainsi, on apprend que:

«malgré plusieurs conditions de travail intéressantes telles que 20 jours de vacances après un an de service, un régime de retraite avantageux et la possibilité de mobilité parmi l’ensemble des ministères et organismes, de nombreux travailleurs de l’effectif régulier de la fonction publique québécoise quittent le navire chaque année pour une autre raison que la retraite. En 2009-2010, ils étaient 760 à le faire. Près de 28% d’entre eux avaient moins de 35 ans.»

Le milieu de l'enseignement ne semble pas être un cas à part du reste de la fonction publique québécoise. Cela ne veut pas dire qu'il s'agit nécessairement d'une situation acceptable. Elle est simplement comparable à ce qu'on retrouve dans la fonction publique québécoise.

27 mars 2012

Trop savoureux...

Il existe des centaines de remixages de cet extrait du film La Chute. En voici un plutôt d'actualité.

24 mars 2012

Anglais intensif: Line Beauchamp à L'Actualité

Tiré d'une entrevue à L'Actualité

La CSQ et la Fédération autonome de l'enseignement ont affirmé que l'objectif du gouvernement d'enseigner l'anglais de façon intensive en 6e année du primaire d'ici 2015 est « improvisé », « irréaliste » et « utopique ». Cette mesure est-elle menacée ?
Non. On s'est donné cinq ans pour la mettre en place. Comme ministre, je ne peux pas faire semblant que j'ai tout prévu, et les ponts ne sont pas coupés avec les professeurs et les syndicats. Les parents demandent cette mesure, alors on va aller de l'avant progressivement.
Certains suggèrent d'augmenter le nombre d'heures passées en classe pour y arriver. Est-ce une bonne idée ?
Je n'ai imposé aucun modèle. Les commissions scolaires ont le choix, mais il y a des coûts liés à une augmentation des heures d'enseignement. Le modèle le plus connu est celui où l'on enseigne l'anglais de façon intensive pendant une moitié de l'année et les autres matières pendant l'autre moitié. Mais certaines écoles préfèrent l'alternance des semaines, d'autres font des demi-journées en anglais. Ce qu'il faut, c'est ajouter 300 heures d'anglais en 6e année.

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Un commentaire: il faudrait qu'on m'explique. Au moins une direction régionale du MELS a indiqué aux CS de son territoire qu'il était possible d'implanter l'anglais intensif en cinquième et non en sixième année du primaire. Pourquoi cette possibilité? Parce qu'on veut éviter de trop remuer les élèves en sixième alors qu'ils auront à subir les évaluations finales du primaire?

22 mars 2012

Gouvernement Charest: oreilles à ouïe variable

Le gouvernement Charest n'arrête pas de dire qu'il doit écouter les contribuables dans le dossier de la hausse des frais de scolarité. La ministre Beauchamp y est allée d'un perle tellement savoureuse:  «Je dois aussi écouter la majorité silencieuse, celle qui ne peut pas être dans les rues parce qu'elle travaille.»

Bizarre comme on a tout à coup l'ouïe très fine quand on pense au temps qu'il a fallu pour instaurer une commission d'enquête sur l'industrie de la construction.

20 mars 2012

Budget et éducation

Je recopie intégralement ce texte qui explique un peu quelques postes budgétaires reliés à l'éducation. Des commentaires en prime.

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Québec | Budget 2012-13
Québec garde le cap en éducation

QUÉBEC - Québec maintient le cap en matière d'éducation. La hausse de 75% des droits de scolarité demeure, les commissions scolaires devront comprimer leurs dépenses administratives de 100 millions $ et les cégeps disposeront d'une majoration budgétaire de 5%.
Commissions scolaires: on parle officiellement de réduction de dépenses administratives. Une façon plus soft pour le gouvernement libéral de passer les CS à la casserole comme le souhaite la CAQ. Néanmoins, on va voir comment celles-ci vont maintenir les services aux élèves...


L'enveloppe globale du ministère de l'Éducation, du Loisir et du Sport (MELS) sera globalement majorée de 342 millions $ (2,2%) pour atteindre 5,97 milliards en 2012-2013. Un effort de 118,5 millions $ est prévu pour modifier ou améliorer les services aux élèves du primaire et du secondaire dont 56,2% servira à réduire la taille des groupes d'élèves.
Dans les faits, le gouvernement atteint rarement cet objectif de respecter ses dépenses. Parfois, il y a  des coupes qui tombent en fin d'année budgétaire pour «équilibrer» les choses. Ou encore le gouvernement s'accapare de certains surplus, ce qui pousse les administrations en dessous à dépenser jusqu'au moindre cent...


Ainsi, Québec dépensera 45,2 millions $ pour réduire la taille des groupes en 5e et 6e années du primaire, comme le veut le programme sur la réussite scolaire «L'école j'y tiens» lancé en 2009. Ce programme prendra fin en 2013-2014. De même, les conventions collectives des enseignants signées en 2010 induiront, en 2012-2013, une dépense de 21,4 millions pour réduire la taille des classes en secondaires 1 et 2.
Question: a-t-on mesuré l'efficacité de cette mesure?

«Des niaiseries»
L'achat de tableaux interactifs au primaire et au secondaire coûtera 38,4 millions en 2012-2013 sur une dépense totale de 239,5 millions étalée sur cinq ans. Un «mauvais choix», estime Réjean Parent, président de la Centrale des syndicats du Québec.

«Quand M. Charest a annoncé ça, ça ne répondait pas à un besoin massif des enseignants. Il y a des écoles où les tableaux sont dans les corridors depuis deux semaines parce qu'il n'y a personne pour les installer. On entend des niaiseries du genre: ça prendrait des rideaux dans les fenêtres parce qu'en après-midi les élèves ne voient pas au tableau et on attend les rideaux depuis six mois», a raillé M. Parent.
TBI: une mesure politique improvisée qui ne répond pas à une demande du milieu. On peut se questionner sur l'efficacité de cette dépense et son impact sur la réussite des élèves.

Langue et intimidation
Lancé en 2008, le plan de lutte à l'intimidation et la violence à l'école coûtera 6 millions $. De plus, une enveloppe de 18,8 millions est prévue pour le Plan d'action sur l'amélioration du français dont 13,4 millions iront à l'embauche de conseillers pédagogiques et au perfectionnement des enseignants. En même temps, Québec dépensera 4,5 millions pour lancer l'enseignement intensif de l'anglais en 6e année du primaire.
Intimidation: 6 millions qui finiront où? On saupoudre. Un véritable plan? Des objectifs? Des moyens? Un bilan?
Plan d'amélioration du français: saupoudrage encore. Sur le terrain, je ne vois pas de changement. Peut-être devrais-je m'acheter des lunettes?
Anglais intensif: programme contesté. On en reparlera.

Après avoir absorbé des compressions de 52 millions l'an dernier, les 48 cégeps bénéficient d'une majoration de leur enveloppe de 5,3% à 1,7 milliard $. De même, le réseau universitaire verra son enveloppe majorée de 3,2% à 2,69 milliards.
Cégeps: les montagnes russes budgétaires. On coupe. On hausse. Inefficace administrativement. Un financement instable occasionne des couts qu'on pourrait éviter avec une meilleure planification.
Universités: ce sont des entités autonomes, mais ce que leurs dépenses sont parfois contestables. La lutte actuelle des étudiants montre bien que certains dirigeants universitaires vivent dans un monde de corporate welfare bums.

Morale: en éducation, un budget pépère de continuité, sauf pour ce qui est de la hausse des frais de scolarité, bien sûr. Une volonté de resserrer les CS. On verra comment cela se traduira dans la réalité. On questionne peu aussi l'efficacité de certaines mesures. Prévisible. On est en fin de mandat.

19 mars 2012

Évaluation version CAQ: les enseignants seront-ils les professionnels les plus fréquemment évalués au Québec?


La Coalition Avenir Québec, par la voix de son chef François Legault, a quelque peu défini ce qu'elle entend faire en matière d'évaluation des enseignants


Cette «évaluation formelle» serait effectuée par la direction de l'école deux fois par année. Le cadre d'évaluation serait déterminé par un ordre professionnel des enseignants qui s'occuperait aussi des cas litigieux. Parmi les critères d'évaluation retenus, on retrouve la réussite des élèves «en tenant compte du milieu socio-économique». (ici et ici).  Il y a un an, le Métro Montréal indiquait «que les enseignants ne pourraient pas gonfler artificiellement les notes de leurs élèves, puisque ceux-ci devraient passer des examens ministériels de fin d’année dans les principales matières, et ce, dès la première année du primaire.» (ici) M. Legault avait aussi mentionné comme critère d'évaluation la satisfaction des parents (ici).


En échange d'une augmentation de salaire de 20%, les enseignants accepteraient donc d'être évalués mais aussi de perdre leur sécurité d'emploi, on l'oublie trop souvent, en se voyant accorder des contrats de trois à cinq ans. Quelles raisons pourraient entrainer le non-renouvellement d'un contrat outre celles énoncées par M. Legault? 


Évaluer, mais...

Je crois au principe de l'évaluation, de la co-évaluation, de l'auto-évaluation et de l'évaluation par les élèves s'il est fait au sein d'une équipe-école animée par un leader pédagogique fort. Sinon, c'est une procédure fastidieuse et pénible. Mais imposer un système d'évaluation comme le veut la CAQ, c'est comme imposer un ordre professionnel: un non-sens. Le besoin, la demande doit venir des principaux concernés, doit venir de l'intérieur. Or, en éducation, il est remarquable de constater comment on ne sait pas «éduquer» les intervenants de ce domaine. On leur impose des méthodes, des programmes. Il est normal donc qu'il y ait des résistances au changement et, quand ils sont si grands, c'est qu'on a mal fait son travail à mon avis.


L’évaluation préconisée par la CAQ sera de nature individuelle.  Cela me semble contradictoire avec l’idée de vouloir créer des équipes-écoles autonomes et fortes puisqu’on risque de renforcer les comportements individualistes trop présents en éducation.  Cela, d’autant plus qu’une somme d’argent sera rattachée à cette évaluation dans certains cas.  

 
Il faut savoir qu'il existe déjà au Québec au moins trois modes d’évaluation des enseignants: celui qu’on retrouve dans les commissions scolaires anglophones (ici) et celui des enseignants au collégial. Il y a également celui des professeurs universitaires, mais je le range dans une autre catégorie. Dans au moins un des cas, (anglophone) ce mode ne prend pas en compte le résultat des élèves. Dans l’autre, je n’en suis pas sûr. Dans le premier, des avantages salariaux y sont rattachés. Pas dans l’autre.   

 
Pourquoi ne pas s’être attardé à regarder ces modèles déjà existants?  Cela aurait constitué, selon moi, une alternative plus vendable «politiquement» et aurait suscité moins de débat. En pratique, il aurait été plus difficile pour certains syndicat de s’opposer à ce qui a déjà été accepté par différentes unités syndicales. De plus, on aurait bénéficié d’une expertise déjà existante.  

 
Également, une évaluation générale de tous les enseignants aux cinq mois me semble grandement exagérée. On ne devient pas incompétent en si peu de temps. Cela s’apparente davantage à de l’inspection et du contrôle.   

 
Plus contraignante que d'autres professions?  

D'ailleurs, une brève enquête auprès de divers ordres professionnels m'a indiqué que, si on va de l'avant avec la proposition de la CAQ, les enseignants seraient les professionnels les plus fréquemment  évalués au Québec.    Par exemple, à moins du dépôt d'une plainte, on parle d'une inspection aux trois à six ans pour un dentiste; d'une fois aux trois ans pour les comptables généraux agréés - CGA; lorsque c'est nécessaire pour les comptables agréés. Dans d'autres cas, aucun mécanisme annuel n'est précisé comme pour les avocats, les médecins et les physiothérapeutes. 


Chaque profession est unique. Par exemple, les infirmières peuvent être évaluées par leur employeur sur une base annuelle, mais le sont seulement aux trois ans environ par leur ordre professionnel.  

 
M. Legault entend valoriser les enseignants en les dotant d'un ordre professionnel, soit. Mais en indiquant déjà trois éléments importants de l'évaluation qu'ils devront subir (bi-annuelle, réussite des élèves, satisfaction des parents), il impose un cadre assez rigide et contraignant. Et il ne semble manifestement pas tenir compte de ce qui s'effectue en la matière chez les ordres professionnels les plus importants.  

 
Les écueils du secondaire   
 
Une dernière remarque enfin concernant l’évaluation.  Si, au primaire, l’évaluation semble plus facile à appliquer, au secondaire, c’est tout autre chose. Or, il ne faut pas oublier le point suivant : c’est toujours au secondaire que les réformes  mal foutues et improvisées finissent par se casser la gueule. Le Renouveau pédagogique en est un bon exemple. On est allé de l’avant sans trop se soucier du secondaire, en sous-estimant le niveau de complexité qu’on y rencontrerait et en se disant qu’on aurait assez de temps devant soi pour trouver des solutions. On a finalement manqué de temps parce que l’implantation au primaire a pris beaucoup d’énergie et parce que la réalité du secondaire s’est avérée plus complexe que prévu.

13 mars 2012

Primes à la défavorisation et évaluation selon la performance des élèves

Retour sur cette annonce de la CAQ sur l'idée de payer davantage les enseignants oeuvrant dans des milieux défavorisés et de les évaluer en partie en se basant sur les résultats de leurs élèves

Tous les enseignants seront égaux mais certains seront plus Legault que d'autres...

Pour François Legault, les enseignants sont le principal facteur de la réussite scolaire des jeunes: «La meilleure façon d'avoir plus d'enfants qui réussissent, c'est de s'assurer de la qualité de l'enseignement, et il faut pour y arriver évaluer les enseignants, mais [aussi] que les enseignants soient convaincus que cette évaluation est faite de façon impartiale.»  On oublie les 35 élèves par classe, les groupes dysfonctionnels, l'absence de services adéquats, le manque de leadership d'une direction, une équipe-école faible, les parents incompétents et les cas relevant de la psychiatrie. Les profs, évalués individuellement. La seule cause. La seule variable.

D'ailleurs, les profs sont si importants en fait qu'il faut tous les augmenter et leur donner en plus une prime s'ils enseignent dans des milieux difficiles. Ce n'est pas la même chose avec les directions d'école qui ne méritent même pas une «prime à la défavorisation»: elles ne font pas de différence, au fond. Et pourtant... Seulement, pour les payer plus cher, il faudrait les évaluer, elles aussi. Or, personne n'a entendu parler d'évaluation pour les directions.

On me traitera d'élitiste, mais j'ai un problème avec l'idée suivante: ««Il n'est pas question d'avoir une "paie au mérite". Tous les enseignants auront la même augmentation de salaire. S'il y a une modulation, elle sera plus entre les [enseignants oeuvrant dans des] milieux favorisés et [ceux] dans des milieux défavorisés. Pour s'assurer qu'on a les meilleurs enseignants là où on a les plus grands besoins.» Pour M. Legault, on comprend que ces besoins sont uniquement reliés au décrochage scolaire. Ce qui revient à dire qu'il n'a aucun problème à ce que des enseignants moyens ou très ordinaires travaillent auprès d'élèves forts ou performants. J'imagine que ces derniers apprendront seuls et n'auront pas besoin d'enseignants stimulants ou particulièrement éveillés.

Pourtant, pour avoir oeuvré auprès d'élèves doués, je peux vous certifier que les besoins de ces jeunes, s'ils sont différents de leurs collègues qui réussissent avec plus de difficultés, sont souvent tout aussi criants. Les maux qu'ils subissent sont aussi variés que l'anorexie, l'auto-mutilation, l'anxiété maladive, la dépression, le suicide, la détresse liée à une contreperformance, etc. Dans certains cas, j'ai même connu des élèves doués qui décrochaient parce que même un programme enrichi et accéléré ne suffisait pas à étancher leur soif de connaissances. Il ne s'agit pas d'établir qui a les plus besoins les plus importants ou de faire pleurer qui que ce soit mais de relever un aspect pernicieux de cette «prime à la défavorisation».

De plus, l'engagement (lire implication) des enseignants oeuvrant dans des milieux favorisés se vit différemment de celui de leurs autres collègues souvent obligés de composer avec une gestion de classe plus difficile. Je le sais: je vis dans une école multi-programmes. Chaque clientèle a ses avantages et ses inconvénients.  Ils partiront en voyage avec les jeunes, organiseront des sorties, des projets d'activités d'enrichissement. Bref, M. Legault semble croire que les défis sont moins grands dans certains milieux et que les enseignants travaillant dans des milieux favorisés ont moins de mérite.

Pourtant, pour faire connaitre des succès à l'école québécoise, on a besoin de bons enseignants dans tous les milieux. La proposition de la CAQ pourrait entrainer ce qu'elle-même dénonce, soit une forme de nivellement de l'éducation au «détriment» de ceux qui réussissent généralement bien. Si on ne peut qu'être d'accord avec l'idée d'aider ceux qui vivent des difficultés, pourquoi certains élèves doués ou travaillants seraient-ils laissés en plan? Un enseignant oeuvrant dans un milieu favorisé n'aura aucune incitation monétaire à amener ces élèves plus loin parce qu'on ne reconnaitra pas son travail davantage. Bien sûr, on compte sur son professionnalisme, mais cela ne devrait-il pas être le cas de tous les enseignants? Et quel message transmet-on ainsi aux parents dont les enfants sont inscrits à des programmes régionaux visant à concurrencer l'école privée? Vous ne trouverez pas les meilleurs profs chez nous? Ils sont ailleurs parce que la paie est plus élevée?

La proposition de la CAQ est une mauvaise solution à une situation mal comprise. Et comme toute mauvaise solution, elle entraine son lot de complications qui me fait dire qu'on «améliore le problème» au lieu de le résoudre.


Une évaluation en partie basée sur la performance des élèves

Si on veut évaluer les enseignants de façon juste et impartiale en se basant en partie sur les résultats de leurs élèves, il faudra également que ceux-ci soient évalués et corrigés de façon à permettre de récompenser les enseignants méritants. Ce qui revient à dire qu'on parle de rien de moins que d'examens annuels uniformes dans toutes les matières et corrigés à l'externe.

Or, pourquoi M. Legault va-t-il de l'avant avec un modèle semblable alors que de nombreuses commissions scolaires anglophones évaluent déjà leurs enseignants depuis 15 ans (ici)? On notera que ces dernières n'ont pas retenu le critère de la performance des élèves dans leur façon de procéder. Et on m'expliquera comment il se fait que nos belles CS francophones ne soient pas capables d'en faire autant?

12 mars 2012

Un billet rapide pour un adjoint plutôt lent

J'ai un ami qui a une fille au primaire. Cette dernière vit une situation problématique avec son enseignant qui est d'un genre plutôt particulier. À ma suggestion, il a appelé l'adjoint responsable de l'année où est rendue son enfant. Il lui a parlé rapidement deux minutes et ils se sont fixé un rendez-vous téléphonique. Deux jours plus tard, comme convenu, ils se sont rejoints à nouveau, mais les circonstances ont fait que l'adjoint devait le rappeler. Six jours ont passé. Pendant ces six jours, mon ami, qui est loin d'être un fou ou un parent querelleur, a rappelé à l'école sans succès à deux reprises. L'adjoint est toujours occupé. Il rappellera, qu'on lui répond. Six jours.

Mes questions: songe-t-on à un genre d'«ordre professionnel» pour les directions d'école? Pourquoi  augmenterait-on leur salaire gratuitement sans ajouter un mécanisme de contrôle «neutre et impartial» de leur travail comme la CAQ entend le faire avec les enseignants? Ce qui est bon pour pitou est bon pour minou, non?

Il ne s'agit pas de casser du sucre sur le dos de mes supérieurs, mais la récente annonce de la CAQ d'augmenter le salaire des directions d'école est basée sur quelle logique au fait? La seule que je peux deviner est d'effectuer un ajustement à la hausse des échelles salariales des individus occupant un poste au-dessus des enseignants. Par ailleurs, pourquoi ne pas aussi accorder une prime aux directions d'école en milieu défavorisé? On a besoin de meilleures directions dans ces écoles pour assurer une plus grande réussite des élèves, non? Définitivement, la CAQ manque de logique.

Je regarde ce que mon ami vit et il m'est très difficile de défendre l'efficacité du système public d'éducation. Un prof particulier, un adjoint peinard. Désolant. Heureusement, la CAQ est là pour régler une partie du problème. (Lire ici l'ironie.)

11 mars 2012

Le lapin du chapeau de François Legault

En conférence de presse aujourd'hui, François Legault a sorti un autre lapin de son chapeau. Ainsi,  l'évaluation des enseignants qu'il entend mettre de l'avant sera effectuée par le biais d'un ordre professionnel: «Plusieurs nous ont dit avoir peur de voir l'évaluation se faire de façon impartiale par les responsables de leurs établissements. Avec l'ordre, il serait possible pour l'enseignant de se tourner vers cette instance en cas de litige.» (ici, ici et ici

Pour ceux qui croyaient que la question de l'ordre professionnel en enseignement avait été largement débattue et rejetée par les principaux intéressés, voilà qu'on la ramène encore à l'avant-scène alors que même l'Office des professions du Québec émettait de sérieuses réserves à ce sujet. 

Immédiatement, il y a deux choses que je ne comprends pas dans cette annonce. Peut-être est-ce une erreur du journaliste, mais pourquoi aurais-je peur de voir cette évaluation «se faire de façon impartiale», dixit M. Legault? Ça devrait être le contraire, non? De plus, M. Legault indique que cet ordre professionnel serait responsable d'évaluer «les enseignants au primaire et au secondaire dans un cadre clair, connu et impartial, avec l'implication des directeurs d'école». Comment pourrais-je me tourner vers celui-ci en cas de litige s'il est responsable de l'évaluation de mon travail?

Je ne veux pas détromper M. Legault mais, en cas de litige ou de congédiement, les enseignants se tourneront davantage vers leur syndicat ou les tribunaux, à moins bien sûr qu'il abolisse cette possibilité lorsqu'il ouvrira les conventions collectives liant ces derniers au gouvernement. 

Un ordre professionnel: une structure de plus?

Disons-le, tout de go, alors que des infrastructures en béton s'effondrent et que des contrats publics sont encore donnés de matière douteuse dans le domaine de la construction, il n'existera pas une profession plus surveillée au Québec qu'enseignant au primaire et au secondaire! En effet, chaque enseignant subira deux évaluations par année. Ensuite, il sera toujours possible pour un parent ou un élève de se plaindre à la direction d'une école, au conseil des commissaires, au protecteur de l'élève ou aux tribunaux. Alors que le chef de la CAQ estime qu'il n'y a que 5% d'enseignants incompétents, ça commence à faire beaucoup de recours possibles pour un si petit pourcentage d'employés problématiques. Il n'y a qu'un pas à franchir pour parler d'obsession. Pourtant, à mon avis, il existe tellement d'autres champs d'action plus préoccupants en éducation.


Parmi les autres aspects du mandat de cet ordre professionnel, on retrouverait:
  • garantir une formation continue, obligatoire et de qualité aux enseignants, en plus d'une formation initiale de qualité en collaboration avec les universités. On notera qu'on transfère ici une partie de la responsabilité de l'employeur à l'enseignant en lui demandant de s'assurer de sa formation continue. Qui la donnera? Qui déterminera aussi ce qu'est une formation initiale de qualité? Les pédagogues et les universitaires qui conçoivent les programmes d'enseignement que dénonce la CAQ?
  • partager les meilleures pratiques en enseignement afin de favoriser le succès des élèves. N'est-ce pas là le travail du MELS? Devant l'incompétence de ce dernier, se contentera-t-on simplement de refiler cette responsabilité aux enseignants?
  • assurer une plus grande autonomie professionnelle aux enseignants. Ah oui? Et comment? La profession d'enseignant ne jouit pratiquement d'aucune autonomie ou presque. La Loi sur l'instruction publique (LIP), le programme de formation, les normes et modalités d'apprentissage, les codes de vie des écoles sont autant de paramètres qui réduisent l'autonomie des enseignants à une peau de chagrin. Toutes ces bornes balisent cette profession d'une façon qui rend quasi impossible une pédagogie propre à la personnalité de certains enseignants. Qu'on ne vienne pas me faire croire que j'aurai plus de liberté parce que 10 ou 12 représentants «élus» parleront en mon nom.
  • superviser l'accès à la profession. Il n'y a pas déjà la LIP qui s'occupe de cela?
  • traiter de façon efficace, impartiale et crédible les plaintes émises par le public. Il n'y a pas le protecteur de l'élève, les conseils de commissaires et ultimement le MELS qui s'occupent de cela?
  • au besoin, conseiller de façon neutre le gouvernement sur diverses politiques touchant le corps enseignant. Il n'y a pas déjà divers conseils, dont le Conseil supérieur de l'éducation, qui s'occupent de cela?
Retour sur une augmentation de salaire

Avec cette dernière sortie de M. Legault, les choses semblent cependant un peu plus claires quant à une éventuelle augmentation de salaire des enseignants: «Nous voulons une augmentation salariale de 20% pour l'ensemble des professeurs parce que c'est en les payant mieux que nous attirerons les meilleurs éléments vers l'enseignement.» Par ailleurs, les enseignants, qui travailleraient dans des milieux plus difficiles, auraient droit à des augmentations de salaire «autour de 30 pour cent afin de s'assurer d'avoir les meilleurs enseignants là où on a les plus grands besoins».

Il ne semble rien avoir à faire avec le chef de la CAQ sur ce point. Pour lui, un meilleur salaire signifie de meilleurs enseignants et non pas simplement des enseignants attirés par un meilleur salaire. Combien parie-t-on que des enseignants près de la retraite seront tentés d'aller finir leur carrière avec une prime «à la défavorisation» qui augmentera d'autant leur pension? 

S'il lit un peu les commentaires de certains internautes, cette augmentation ne serait pas acceptée d'emblée. En plus d'affirmer que les enseignants sont assez payés actuellement avec leurs deux mois de vacances, plusieurs internautes se demandent où il trouvera l'argent et si celui-ci ne serait pas mieux dépensé ailleurs en éducation. Même les profs ne veulent pas de cette augmentation et souhaitent plutôt des investissements dans les services aux élèves et leurs conditions de travail!


On apprend aussi pour la première fois qu'en plus des enseignants, les directions d'école bénéficieront elles aussi de cette augmentation. Mais qu'en est-il des postes où il y a pénurie parce qu'ils sont sous-payés par rapport à ce que l'on trouve dans le secteur privé? La CAQ propose de fournir plus d'orthophonistes et d'orthopédagogues, mais ne semble pas réaliser les pénuries existant dans ces deux domaines, par exemple.


Un porte-parole douteux en matière d'éducation


Lors de sa présentation aujourd'hui, M. Legault était accompagné d'Éric Caire. Je comprends mal que ce dernier soit critique en matière d'éducation. Je ne veux pas être méchant, mais on se rappellera que le CV de ce dernier contenait une inexactitude lors de la course au leadership de l'ADQ. Non seulement le député de La Peltrie ne détient pas de baccalauréat en communication, comme le laissait penser son CV, mais on ne sait même pas s'il a complété ou réussi un seul cours dans ce domaine durant l'unique session à laquelle il a été inscrit à l'université. Les études ne sont pas tout dans la vie, mais comment peut-on nommer comme critique à l'Éducation quelqu'un qui n'a qu'une attestation d'études collégiales en informatique? Sans être méprisant, ça me turlupine.

Encore trop de questions sans réponse

Cette nouvelle sortie de la CAQ en matière d'éducation apporte peu de réponses par rapport aux nombreuses questions que soulève son plan d'action comme on l'a vu dans ce billet. L'étiquette «On verra» colle manifestement très bien à cette formation politique si on lit ces deux paragraphes suivants.

«Les critères d'évaluation seraient fixés par les experts indépendants de l'éventuel ordre professionnel et les membres de la CAQ, qui n'a pas encore évalué le coût d'une telle disposition.


M. Legault a également dit souhaiter rehausser les exigences dans les facultés d'éducation et attirer davantage d'étudiants dans ce domaine, sans toutefois préciser de quelle manière son parti y parviendrait.»

Enfin, si M. Legault dénonce la «malhonnêteté intellectuelle» du président de la CSQ, Réjean Parent, au sujet de la rémunération des enseignants, j'aimerais qu'il ait l'honnêteté intellectuelle de dire sur quelles études et quelles analyses se base son programme politique. Parce que, pour l'instant, il n'est constitué que d'idées formulées par un think tank

09 mars 2012

Pénalité à Concordia: quelle bêtise!

La ministre de l'Éducation, Line Beauchamp, en avait marre de la gestion de l'université Concordia. Selon elle, trop de membres de la direction se sont succédé et se sont vu octroyer des primes de départ discutables: «Je vous signalais que les incidences financières de ces départs excessifs alimentent les préoccupations des citoyens quant à l'utilisation judicieuse des fonds publics par les universités, indique la ministre de l'Éducation dans une lettre adressée à l'université. Je vous invitais à agir avec rigueur et à faire preuve de grande modération dans vos choix budgétaires.» 

Conséquence: la ministre se dit obligéehttp://fr.canoe.ca/infos/quebeccanada/education/archives/2012/03/20120309-134049.html «de prescrire vos obligations en matière de croissance de la rémunération globale des dirigeants de l'Université Concordia et de vous imposer une pénalité de 2 millions $.» S'assurer que la rémunération des décideurs soit mieux gérée, je veux bien, mais les deux millions, qui va en faire les frais, vous croyez?

07 mars 2012

Dépenses: certaines CS ne comprennent pas

Comme d'habitude, le Journal de Mouréal a sorti sa liste annuelle de dépenses étonnantes de la part de nos charmantes commissions scolaires. Comme d'habitude, la présidente de la Fédération de commissions scolaire du Québec (FCSQ), Mme Josée Bouchard, a défendu ses membres en indiquant qu'on ne parlait pas des transactions frauduleuses et qu'il n'y avait pas matière à scandale. 

Personnellement, j'ai beaucoup de difficulté à comprendre qu'on paie autant de tournois de golf et d'alcool à nos décideurs scolaires. Il y a là une culture d'entreprise à revoir, je crois. Ainsi, qu'on paie les frais de déplacement et l'hébergement de 389,67$ d'une directrice générale adjointe d'une CS de la région de Québec pour qu'elle puisse participer à un tournoi de golf dans les Laurentides, je ne comprends pas. On explique que cette dernière représentait la CS au tournoi organisé par la société GRICS, «un partenaire au quotidien». Et puis? Pourquoi le public devrait-il payer pour qu'un donneur d'ouvrage assiste au tournoi de golf d'une compagnie dont elle achète les services? Qu'est-ce que cela rapporte de plus à la qualité de l'enseignement de cette CS?


Ce qui m'embête encore plus, c'est quand, dans le même article, on retrouve de quoi questionner la gestion des CS. 

La Commission scolaire Marguerite-Bourgeoys, dans la région de Montréal, a organisé un déjeuner de la rentrée pour ses employés administratifs.  Total: une facture de 5978 $ pour offrir un «petit déjeuner continental» à 320 employés. Nécessaire? Là où je me questionne encore plus est quand j'apprends qu'on a embauché un graphiste au cout de 275$ pour produire un feuillet d'invitation à cette activité tenue fort probablement sur les heures de travail. «C'est un frais exceptionnel, explique M. Nahas, porte-parole de CSMB. Normalement, elle est conçue à l'interne, mais notre graphiste était en vacances.» Premièrement, ce porte-parole  devrait savoir que «frais» s'emploie ici au pluriel et, deuxièmement, personne dans cette CS n'a eu la jugeotte de prévoir que le graphiste serait en vacances alors qu'on aurait besoin de lui pour l'organisation d'une activité prévue chaque année? Ça me dépasse.

Un deuxième exemple, dans un autre texte toutefois, la Commission scolaire des Affluents a renouvelé ses divers contrats concernant les 300 téléphones cellulaires utilisés par ses cadres. Elle s'est vu infliger une pénalité de 26 000$ parce que « La commission scolaire n’a pas fait attention au renouvellement de certaines lignes, soit environ 75, dont le coût a été imputé au soumissionnaire autre que Telus.» Si je comprends bien, c'est le quart des lignes qui aurait été mal géré dans ce cas précis? Si c'est le cas, il y a un problème.

Enfin, rien de tout cela n'est important.

03 mars 2012

Cellulaire à l'école ou l'hypocrisie de la société et de certains parents

Disons-le tout de suite: pour moi, le texte de Mme Potvin réclamant une loi nationale pour bannir le cellulaire des écoles est davantage un cri du coeur qu'une pensée étayée à l'aide d'arguments solides et  vérifiables. En termes plus clairs, c'est un texte mal foutu, mal construit et démagogique (voir les commentaires reliés au billet précédent).

Mais la démagogie est populaire et fait le plaisir des médias qui s'en délectent. Elle suscite la controverse et non le débat. C'est peut-être là le véritable vautour, l'ennemi qui contamine nos jeunes avec ses raccourcis d'esprit, ses demi-vérités quand ce n'est pas ses mensonges. Mme Potvin permet aux moutons de bêler à l'unisson et de ne pas se regarder dans un miroir qui révélerait leur propre incohérence. Depuis hier, on entend dénoncer le cellulaire à l'école. Puis-je rire? Puis-je rire de ces tartuffes, de ces hypocrites toujours prêts à demander à l'autre de faire leur travail mais incapables d'une auto-introspection?

De prime abord, Mme Potvin veut une loi nationale contre les cellulaires dans les écoles. Or, il existe ce qu'on appelle les conseils d'établissement qui déterminent les règles de vie d'une école. L'utilisation des cellulaires y est encadrée. Des parents y siègent. C'est le cas de mon école. Il y a des règles concernant l'utilisation du cellulaire et elles sont appliquées avec succès dans ma classe. Pourquoi une loi nationale alors? En quoi une loi nationale va-t-elle faciliter la discipline en classe de cette dame quand il existe déjà des règlements à ce propos dans les écoles? Qu'on les applique et c'est tout. Comme je le fais. Comme bien des enseignants le font.

En réalité, quand on comprend bien les propos de Mme Potvin, on réalise qu'elle voudrait interdire le cellulaire de la société. Point à la ligne. Rien de moins. Mais comme elle n'est qu'enseignante, elle entend limiter sa dictature à l'école.

Là où la situation verse dans le délire, c'est quand je lis et j'écoute tous ces parents qui réclament l'interdiction des cellulaires dans les écoles. Qui a acheté généralement ces cellulaires? Des parents. Qui est majoritairement responsable de l'éducation des jeunes? Des parents.  Qui autorise ces jeunes à avoir un cellulaire? Des parents. Qui a assurément en sa possession un cellulaire? Des parents. Qui est un modèle quant à l'utilisation de celui-ci? Des parents. Et voilà ces mêmes parents qui demandent à l'école de faire LEUR travail d'éducation. Les jeunes passent moins de huit heures à l'école. Que certains parents prennent leurs responsabilités s'ils ne veulent pas que leur enfant ait un cellulaire ou l'utilisent intelligemment.

Moi, j'appelle ça des pleutres. Qu'ils mettent leur culotte et qu'ils arrêtent de brailler comme les enfants qu'ils ne savent manifestement pas élever. Y'en a marre de l'hypocrisie et des pleurnichards.

02 mars 2012

Cellulaire: le «yable» est dans nos écoles

Chantale Potvin est enseignante de français. Et romancière. Ça parait dans sa lettre où elle demande à la ministre de l'Éducation de bannir les téléphones cellulaires de nos écoles. À la lire, cette nouvelle technologie est ni plus ni moins le grand satan responsable de tous les maux, notamment en matière d'orthographe. Enseignant depuis 20 ans, tout comme elle, je ne peux souscrire à sa vision apocalyptique en matière de maitrise de la langue.

En effet, de nombreuses études scientifiques démontrent que le texto ne nuit pas à la qualité du français. Certaines vont même jusqu'à démontrer tout le contraire! David Crystal, un linguiste de réputation internationale, abonde dans le même sens. Jusqu'au président du Conseil supérieur de la langue française, Conrad Ouellon, qui affirme que ce nouveau langage n'est pas une menace pour le français.

Le texto est un code qu'emploient les jeunes ET les adultes, faut-il le souligner, afin d'écrire plus rapidement sur un cellulaire. En 20 ans de pratique, je n'ai jamais trouvé de texto sur les copies de mes élèves. Jamais.  Ces derniers savent quand employer ce registre de langue et quand ne pas l'employer. D'expérience, j'ai remarqué que les élèves forts et moyens sont en quelque sorte bilingues puisqu'ils maitrisent à la fois le texto et le français. Les élèves faibles, quant à eux, restent faibles.

Quand Mme Potvin affirme que «cette technologie insidieuse [...] ravage tout en grugeant lentement le taux de diplomation», on comprend qu'elle ne vit définitivement pas dans notre monde puisque celui-ci, au contraire, est en progression depuis quelques années.

Enfin, le seul endroit où je rejoins le point de vue de Mme Potvin est quant à l'usage abusif que certains jeunes font de leur téléphone cellulaire (on pourrait en dire autant des adultes - en passant). À cet égard, c'est aux écoles de prévoir dans leur code de vie des sanctions quant à des comportements inacceptables et au personnel scolaire de les appliquer. Plus encore, c'est aux parents d'apprendre aux jeunes à utiliser sainement ces appareils, ce qui est malheureusement rarement le cas.

01 mars 2012

Mon travail me tue: une suite

La Presse a publié cette semaine une série de textes sur l'amiante dans les édifices publics. Je ne peux m'empêcher de faire un lien entre celle-ci et deux billets publiés précédemment sur ce blogue (ici et ici)
 
Le plus savoureux est sans doute cette citation de 2008 d'un porte parole de la CSDM:

«Ce printemps, une rencontre sur la question de l’amiante a été tenue à la CSDM. Manon Ricard, commissaire chargée de représenter les parents des élèves du secondaire à la CSDM, y assistait. «Je représente les parents, alors c’est sûr que nous avons posé des questions, dit-elle. Les enfants qui restent dans une école où il y a de l’amiante pendant cinq, six ou sept ans sont-ils à risque ? Ils nous ont rassurés, ils nous ont dit qu’il n’y avait pas de danger. Sur 20 ou 25 ans, oui, ça peut être dangereux, mais pas pendant les quelques années que dure le cursus scolaire. »

Je m'en voudrais en terminant de ne pas souligner le fait suivant. À mon école, on a procédé à d'importantes rénovations il y a quelques années. Les mesures entourant ces travaux étaient impressionnantes et a soulevé bien des interrogations. C'est quelques années plus tard, par une source extérieure au monde scolaire, que j'ai appris qu'on avait caché au personnel qu'il y avait de l'amiante au plafond. Ce fait est d'ailleurs confirmé par la carte de l'amiante publiée par La Presse. Comment établir un lien de cause à effet entre un produit et une maladie quand on cache la présence du produit en question?

Comme profs, un poste permanent dans une école nous tue, finalement.

Un prof qui demeure masqué, peut-être pour éviter les fibres d'amiante...

Tableau banc interactif: le chat commence à sortir du sac

Trois textes publiés dans La Presse ce matin nous apprennent ce dont on se doutait un peu tous: la décision du gouvernement Charest de doter toutes les classes des écoles québécoises de tableaux blancs interactifs semble avoir des odeurs de favoritisme (ici) et n'est pas basée sur des études sérieuses quant à leur efficacité pédagogique (ici).

Quelques passages savoureux:

Le prix moyen d'un Smart Board est de 3458$, selon une résolution de la Commission scolaire de Montréal datant de novembre. La commission scolaire des Samares (Lanaudière) les a payés 5330$. Ce prix comprend le projecteur et l'installation. Or, selon nos recherches, les produits concurrents se détaillent entre 1300$ et 3000$ (voir encadré).

...

La Presse a demandé au ministère de l'Éducation de lui fournir l'étude qui a justifié le lancement de ce programme d'un quart de milliard de dollars. Au bout de 10 jours, le Ministère nous a envoyé cette réponse: «La mesure repose sur des analyses effectuées par le Ministère. Les TIC ont un potentiel pour favoriser la réussite scolaire par des approches pédagogiques stimulantes et des ressources didactiques variées offrant la possibilité de différenciation des enseignements.»

En vérité, aucune étude indépendante n'existe pour justifier l'achat massif et rapide de TBI, affirme Thierry Karsenti, directeur de la chaire de recherche du Canada sur les technologies de l'information et de la communication en éducation. «Les seules études sur les TBI ont été subventionnées par les fabricants», précise-t-il.

...

Je me permettrai aussi d'ajouter aux différents textes des journalistes de La Presse qu'avec les achats regroupés, c'est la technologie généralement Apple qui en prend un coup dans les écoles du Québec. Or, la plupart des initiatives NTIC des écoles sont faites avec des produits et des logiciels de cette compagnie.

Quand on regarde les choix de nos décideurs politiques en matière de logiciels et d'appareils informatiques, on sent un biais incroyable en faveur de certains produits et entreprises.

Analyse de l'appui de la FCPQ à l'anglais intensif

Jean-François Vallée, porte-parole du Mouvement Québec français dans le Bas-Saint-Laurent, décortique l'appui massif à 87% des parents au programme d'immersion en anglais en sixième année. Savoureux comment on crée des chiffres...

«Voici la «vraie» vérité: 48 des 55 délégués présents au conseil général de la FCPQ, les 12 et 13 février, ont voté pour un programme d'anglais intensif, se faisant le relais uniquement des parents présents aux conseils d'établissements. Cinquante-cinq délégués, porte-voix de centaines de milliers de parents: côté représentativité, on repassera! Seuls les membres de conseils d'établissements ont été consultés, et par un sondage complaisant et biaisé de la FCPQ.»