23 septembre 2015

La faillite politique et intellectuelle du PLQ

Je n'ai jamais eu d'appartenance politique trop tranchée. Je suis généralement capable de reconnaitre les bons et les mauvais coups des formations politiques québécoises en matière d'éducation. Mais je suis obligé d'admettre aujourd'hui que le Parti libéral du Québec, à force d'improvisation, de mensonges et de régime d'austérité, est une véritable faillite politique et intellectuelle.

Réduction de la bureaucratie


Tout d'abord, référons-nous à la plateforme électorale du PLQ des dernières élections. En avril 2014, il y a 18 mois à peine, la formation de Philippe Couillard s'engageait à réduire la bureaucratie: «Puisque les commissions scolaires sont bien implantées et jouent pleinement leur rôle de gestion des services offerts aux écoles de leur territoire, la mission du ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport (MELS) doit être recentrée.»


Si les directions régionales du MELS de l'époque ont été abolies, cette décision administrative n'a engendré que huit millions d’économies, au lieu des 15 espérés. Par ailleurs, on est sans nouvelle de la réduction de 100 personnes par année pendant cinq ans quant aux effectifs administratifs du MELS. Dans les faits, il est fort à parier que ceux-ci se sont maintenus ou ont même augmenté avec la relocalisation de certains fonctionnaires reliée à l'abolition des directions régionales.


Dans ma boule de cristal, il n'y a aucune économie à espérer du côté du ministère. Ce dernier restera un château bien protégé pendant qu'on coupe les services directs aux élèves dans les écoles.


Le sort des commissions scolaires


Alors qu'on loue sur la plateforme électorale du PLQ l'expertise des commissions scolaires, l'ancien ministre de l'Éducation, Yves Bolduc, avait songé, pendant un temps, à en réduire le nombre et à redécouper le territoire de certaines autres: deux mesures qui n'ont pourtant jamais été présentées en campagne électorale. 


Quelques mois après sa nomination, M. Bolduc avait également indiqué l'intention du gouvernement d'abolir les élections scolaires, une autre mesure sur laquelle les Québécois ne sont pas prononcés lors du dernier scrutin provincial. On pourra toujours arguer que la faible participation aux récentes élections scolaires indique le peu d'importance que les citoyens leur accordent, il n'en demeure pas moins que la solution de rechange  proposée par le PLQ n'a fait l'objet d'aucun véritable débat et constitue, dans les faits, un déficit démocratique puisque ce sera le gouvernement qui nommera les membres des «conseils d'administration» des CS. Il est ironique de constater que des représentants municipaux, élus par acclamation, pourraient y siéger...


Avec l'accession de François Blais à l'Éducation, l'ère des fusions forcées semble révolue. Le nouveau ministre se serait rendu compte que ce genre de décision administrative génère rarement les économies escomptées. Il est toujours rassurant de voir un ministre dire, quelques mois à peine après sa nomination, le contraire de son prédécesseur. On sent que les décisions de nos hommes politiques sont basées sur des analyses sérieuses et rigoureuses. Dans les faits, il est troublant de voir avec quelle légèreté ce ministre se rend soudainement aux arguments énoncés depuis des années par de nombreux chroniqueurs (dont je fais partie).


De façon machiavélique, on peut se demander si le gouvernement Couillard n'a pas laissé les CS en place afin qu'elles portent l'odieux de certaines décisions, comme l'augmentation de la taxe scolaire et la coupure de certains services aux élèves, pour ensuite prendre le crédit de les réformer.


Dans ma boule de cristal, le gouvernement libéral va aller de l'avant avec son projet d'abolition des élections scolaires. Il risque cependant de rencontrer quelques écueils du côté de la communauté anglophone. Quant à la restructuration des commissions scolaires, en abandonnant le projet d'Yves Bolduc, le ministre Blais est habile. Il évite de braquer les intervenants du milieu. Il a déjà indiqué qu'il mettra de l'avant des «incitatifs» afin de favoriser la fusion volontaires de certaines commissions scolaires ou de certains services d'entre elles, espérant ainsi entrainer une réduction des couts administratifs  On peut parier que ces «incitatifs» permettront de faire indirectement ce que le ministre ne voulait pas faire directement, quitte à forcer la main à certains. Advenant un échec de cette réforme «administrative douce», il sera facile pour nos dirigeants gouvernementaux provinciaux  de blâmer les CS et de s'en laver les mains.


Le sort des commissions scolaires est également intimement lié au degré d'autonomie que le gouvernement voudra conférer aux écoles. Mais on comprend déjà que la volonté du ministère est de s'assurer qu'elles constituent des centres de services pour les écoles. De nombreuses questions restent cependant en suspens, par exemple la délimitation des bassins des écoles ou l'approbation des programmes régionaux. Elles devraient trouver réponses bientôt. On est loin de la pensée de l'Action démocratique du Québec de Mario Dumont qui voulait l'abolition complète des CS et on se rapproche davantage des positions avancées par la Coalition avenir Québec de François Legault. Soulignons ici aussi l'ironie de cette situation: le PLQ n'a jamais présenté aux électeurs des mesures qui sont largement empruntées à une formation concurrente..


L'école autonome


Dans la plateforme du PLQ, on indique que les écoles québécoises bénéficieront de plus d'autonomie dans le cadre de leur projet pédagogique. Il reste à voir comment celle-ci se traduira concrètement. C'est actuellement là le plus grand mystère du ministère... Et surtout, il s'agira de voir comment s'opéreront les mécanismes de reddition de comptes. À titre d'illustration, il en coute $800 000 par année à l'Université Laval en termes de rapports à fournir au ministère de l'Éducation.


La lutte contre le décrochage


C'est actuellement en ce qui a trait à ce volet de sa plateforme électorale que le PLQ connait sa plus grande faillite politique et intellectuelle. L'écart entre les promesses, la réalité d'aujourd'hui et le discours du ministre est sidérant.


En avril 2014, cette formation politique s'était engagée à:

  • Assurer un service d’aide aux devoirs dans toutes les écoles primaires;
  • Étendre l’aide aux devoirs aux écoles secondaires;
  • Élargir les périodes d’aide aux devoirs avec des séances certains midis et soirs.
On comprend bien que le gouvernement Couillard, au nom de la saine gestion économique, laisse sciemment les CS couper en matière d'aide aux devoirs. Il a beau dénoncer cette pratique; elle l'arrange pourtant bien politiquement. Les CS portent l'odieux de mesures impopulaires et remplissent le mandat qui leur est demandé de réduire leurs couts.

Un endroit où le PLQ est encore plus en profonde contradiction avec ses engagements politiques en matière de décrochage est quand il s'engageait à:

  • Soutenir les projets issus de la communauté tel le CRÉPAS au Saguenay-Lac-Saint-Jean.
En effet, on apprenait hier que le ministère de l'Éducation allait couper 25$ millions en ce qui a trait au décrochage scolaire et que cette mesure allait toucher justement des initiatives locales, dont le CRÉPAS! Il fallait voir le ministre Blais honteusement justifier ces coupures. Cet ancien universitaire de haut niveau s'est s'abaissé à n'être qu'un politicien avec des raisonnements tordus dont celui qu'il fallait prendre le temps d'évaluer la performance des programmes en place alors qu'en fait, il leur coupe tout financement et est incapable d'indiquer les mesures qu'il compte mettre de l'avant!  Aussi bien dire que, pendant une année (une année de «transition», dit le ministre), le Québec n'a aucune véritable politique en matière de décrochage scolaire.

Une autre promesse brisée est ce qui a trait aux élèves en difficulté. En avril 2014, on pouvait lire sur la plateforme électorale du PLQ qu'il entendait:
  • Prioriser le diagnostic hâtif chez les jeunes montrant des difficultés d’apprentissage et l’intervention rapide dès la petite enfance en s’assurant du nombre adéquat de spécialistes.
Pour l'instant, aucune mesure concrète ne semble appuyer cette promesse. Et, en suivant les négociations actuelles entre le gouvernement et les enseignants, on découvre que les élèves en difficulté risquent d'être laissés pour compte. En effet, les offres patronales prévoient des dispositions qui les toucheront directement. On songe à l'augmentation du nombre d'élèves par classe, à l'abandon de certaines «cotes d'identification» des élèves en difficulté d'apprentissage, au dépistage et à la reconnaissance des élèves à risque plus difficiles, à la disparition de 600 postes d'enseignants ressources et d'enseignants orthopédagogues, etc.

Encore une fois, il est ironique de constater la volonté de ce gouvernement de réduire le déficit des finances publiques actuelles du Québec en coupant les services destinés à certaines clientèles parmi les plus vulnérables, comme le premier ministre Couillard le reconnaissait enfin hier. Il lèguera une province moins endettée à des citoyens plus dépourvus parce qu'ils n'auront pas reçu les services nécessaires à leur bon développement - économique et social - au sein de notre société. 

J'arrête ici cette démonstration exhaustive de la faillite politique et intellectuelle du gouvernement actuel en matière d'éducation. Des engagements jamais annoncés, des promesses brisées, des improvisations inquiétantes, des raisonnements intellectuels défaillants...  «L’éducation,  c’est  le  meilleur  investissement  qui  soit  pour  le futur», déclarait M. Couillard en avril 2014. Force est de constater que le gouvernement de ce dernier ne le démontre pas par ses actions. Et que dire de l'actuel ministre de l'Éducation de ce gouvernement qui approuve sans aucune opposition des coupures qui nous permettent de douter de sa volonté d'être le véritable représentant de ce volet important de la société québécoise.

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Et les autres promesses?

Question de rire jaune encore un peu, voici quelques autres promesses libérales du mois d'avril 2014:

  • Travailler de concert avec les partenaires pour lutter contre la violence et l’intimidation à l’école;
  • Régler de façon prioritaire les problèmes de qualité de l’air dans les écoles.
  • Insister sur l’importance de la lecture et de l’écriture;
  • Accentuer la promotion de la qualité du français dès l’école primaire.








20 septembre 2015

Les tout-venants arrivent!

Depuis plusieurs années, dans le réseau de l'éducation, on ne doit plus utiliser l'expression régulier pour désigner un élève qui n'est pas rattaché à un parcours particulier (PEI, sport-études, SE, etc.). Non, il faut dire ordinaire. Ouf! avec quelle joie j'aimais apprendre à certains élèves qu'ils étaient ordinaires... ben ordinaires, d'autres qu'ils étaient super et d'autres enfin qu'ils étaient sans plomb

La raison de ce changement: l'adjectif régulier est un anglicisme qui provient de l'anglais regular:

«Toutefois, lorsqu’on l’utilise dans le sens de «courant», «ordinaire», «usuel» ou «normal», l’adjectif régulier est un anglicisme sémantique, puisqu’on lui prête alors le sens de l’adjectif anglais regular. On peut alors le remplacer, selon le contexte, par des adjectifs comme ordinairenormalstandardhabituel, courant et permanent.» (source)

C'est d'ailleurs pour cette raison qu'on n'achète plus de l'essence régulière mais ordinaire.

Mais voilà: être un élève ordinaire, c'est très ordinaire... surtout quand l'un des sens de ce mot est:  «Qui ne dépasse pas le niveau commun ; banal, quelconque, médiocre».  (source)

Or, j'ai appris que cette appellation connaitrait un changement: dans la région de Québec, on parlerait maintenant d'élèves tout-venant. Il est certain que l'une des définitions de ce mot correspond à ces jeunes: «Ce qui n'a pas fait l'objet d'une sélection; ensemble de choses ou de personnes sans caractère d'exception.» (source)  

Pour ma part, bêtement, je me demande si certains décideurs n'ont pas pris connaissance des définitions suivantes:

- «Marchandise non triée, non sélectionnée» (source);
- «Le premier venu, n'importe qui» (source);
- «Ensemble de personnes ou de choses banales, courantes» (source);
- «Personne ordinaire» (source).

Bon, on ne part pas en peur avec cette nouvelle. Je n'ai actuellement qu'une source qui la confirme. Mais avouez que ça vous semble pas mal crédible, hein, une fois qu'on connait notre merveilleux monde de l'éducation au Québec? 






08 septembre 2015

Pour en finir avec le dopage des enfants: un ouvrage qui passe mal (ajout)

La Presse+ publiait récemment un texte relié à l'ouvrage  Pour en finir avec le dopage des enfants de Jean-Claude St-Onge. Comme je ne compte pas lire celui-ci, il me sera difficile de le critiquer dans son entièreté. Par contre, j'ai relevé deux propos qui me font douter de la validité de cette analyse mais aussi du travail du journaliste Alexandre Vigneault qui a peu, pas ou mal vérifié les faits avancés par l'auteur.

Le premier propos : «Les écoles reçoivent deux trois fois plus de financement pour les enfants TDAH ou autistes que pour les enfants normaux. Alors, dans un contexte où on coupe, il est très tentant pour les directions d'école d'obtenir des diagnostics pour ces enfants-là et recevoir un plus grand financement.» En aucun temps, les écoles publiques québécoises ne reçoivent quelque financement supplémentaire que ce soit pour des enfants atteints d'un TDAH. De suggérer que des directions font de la course au financement sur le dos de certains enfants «fragiles» est purement indécent. Il serait bon de voir où cet auteur a trouvé de telles informations.

Soulignons également que ce genre d'affirmation est fort dommageable pour l'école publique puisqu'elle implique tout d'abord qu'on y favorise la médication à outrance alors que, contrairement au portrait dépeint par Jean-Claude St-Onge, bien d'autres façons sont mises de l'avant afin de travailler efficacement avec un jeune ayant un TDAH: «L'école veut que ça marche rondement. Quand quelque chose accroche, ça ne marche pas. Quand un enfant est turbulent ou cause des problème, qu'il perturbe les classes, ils vont parfois - très souvent, même - essayer de convaincre les parents que leur enfant a un TDAH et qu'il faut l'emmener chez le médecin pour qu'un diagnostic soit posé.» Cela revient à nier tous les efforts d'adaptation mis de l'avant pour ces élèves particuliers: balle de stress, coussin avec bulles, ballon-chaise, vélo-chaise, pâte de sel, période de motricité entre les tâches, segmentation des tâches, jumelage avec un pair, local particulier pour passer une épreuve, durée des examens plus longue, etc.

En fait, la seule raison que j'ai connue pour qu'une direction insiste pour qu'un enfant soit évalué est pour qu'il ait droit, si le diagnostic de TDAH était fondé, à des mesures d'appui afin de l'aider car il ne faut pas oublier que notre bon système scolaire semble parfois avoir pour maxime: «Hors de tout diagnostic médical, point d'appui!» Et encore: parfois, les mesures ne suivent pas autant qu'on le souhaiterait, faute de budget.

Un autre impact de ce genre de propos erroné est que certains parents en viennent à exiger que leur enfant reçoive des services en lien avec le «pseudo» financement qu'il est supposé générer et accusent parfois les directions d'école de se servir de ces «sommes» à d'autres fins. Dans les faits, on l'a vu, ce financement supplémentaire n'existe pas et l'école doit travailler avec les ressources qu'on lui octroie, ressources qui varient généralement selon le milieu socio-économique des élèves et qui n'a surtout rien à voir avec des diagnostics de TDAH.

Deuxième propos douteux: les diagnostics concernant les enfants ayant un TDAH sont généralement bâclés. L'auteur affirme: «Très souvent, c'est fait sur le coin du bureau, lors d'une rencontre de 15 minutes avec le médecin ou le pédiatre.» Pour avoir complété à plusieurs reprises des questionnaires d'évaluation et discuté avec des parents en quête d'un diagnostic pour leur enfant, je me demande sur quelles études ou informations sérieuses il s'est une fois de plus basé pour avancer cette idée puisqu'elle me semble très loin de la réalité que je connais depuis plus de 20 ans et dont m'ont également fait part des dizaines de personnes. Si je suis d'accord avec l'idée que les diagnostics quant à d'éventuelles difficultés d'apprentissages chez les enfants devraient être mieux encadrés, j'ai peine à croire que les professionnels de la santé soient tous aussi peu soucieux des jeunes qu'ils reçoivent en consultation.

Dans ma carrière, comme enseignant, j'ai rarement suggéré qu'un enfant soit évalué quant à des difficultés d'apprentissage et, dans un cas précis, après une longue période de déni des parents, le verdict médical a été bien plus grave encore que ce que je suspectais. Au secondaire, règle générale, les enfants atteints d'un TDAH sont déjà diagnostiqués et je n'ai vu qu'un seul cas où une évaluation médicale me semblait - à mon humble avis - erronée. Par contre, combien de fois ai-je vu des jeunes oublier leur médication et être complètement incapable d'effectuer une tâche simple ou purement hors contrôle!

S'il est sain de questionner la médication qu'on administre à nos enfants, il vaudrait mieux le faire en s'intéressant à un nombre important de variables probantes concernant ceux-ci (pauvreté, situation familiale, anxiété, mode de vie, antécédents médicaux, etc.) et ne pas s'en tenir qu'aux comparaisons entre provinces ou pays comme le fait l'actuel ministre de la Santé (ici et ici). Mais surtout, il faut éviter de se baser sur certaines informations fausses ou douteuses comme c'est le cas ici. Sous des apparences très rigoureuses, certains ouvrages se livrent parfois à des analyses fort paresseuses pour reprendre les mots du Dr Jean-François Chicoine dans le cadre de cette excellente entrevue à ce sujet.

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Tiens, un petit erratum minuscule... :



01 septembre 2015

Quand le ministre Blais pense comme Lise Ravary et Éric Duhaime...

Si j'étais ministre de l'Éducation, je serais drôlement inquiet. En effet, ce matin, la pensée de M. Blais a rejoint étrangement celles d'une grande intellectuelle québécoise. J'ai nommé Lise Ravary.

Ainsi, devant la tenue de chaines humaines formées de parents et d'élèves devant 250 écoles du Québec, M. Blais a déclaré: «Ce qui me déçoit, c'est la question des enfants. C'est l'utilisation des enfants ce matin, pour tirer des slogans qu'ils ne comprennent pas, pour reproduire des demi-vérités qu'ils ne peuvent pas comprendre non plus. Les enfants ne devraient pas être mêlés à la politique, surtout quand ils ne la comprennent pas, dans un contexte où les plus petits vivent parfois de l'anxiété à rentrer à l'école.»

Si on comprend bien, M. Blais n'accepte pas que des parents partagent avec leurs enfants des valeurs sociales et politiques. À quel âge devraient-ils avoir le loisir de le faire? 18 ans? Et devrait-on cesser de parler d'écologie et d'environnement à l'école? Dans la même veine, le ministre peut-il être cohérent et immédiatement abolir les écoles religieuses où des parents endoctrinent des enfants à propos de religions qu'ils ne comprennent pas et qui véhiculent des valeurs parfois misogynes, homophobes et racistes? De plus, ces pauvres enfants ne pourraient-ils pas vivre de l'anxiété devant des notions comme le péché ou la crucifixion? Et puis, le ministre peut-il nous garantir que son gouvernement cessera de se servir des enfants et des élèves pour faire de belles photos pour illustrer les réalisations de sa formation politique? Les enfants ainsi instrumentalisés et souriants comprennent-ils, par exemple, toutes les subtilités des politiques scolaires?

Et que dire de la position similaire de Lise Ravary qui emprunte honteusement le titre d'un des plus grands textes d'Émile Zola - J'accuse! - pour pourfendre les méchants syndicats. Elle écrit:

«Une fois encore, les syndicats d'enseignants utilisent, manipulent des enfants à peine sortis des couches pour faire avancer leurs négociations avec l'État. Si cela ne vous révolte pas de voir des enfants de 5 ou 6 ans qui ânonnent des slogans que des enseignants leur ont mis dans la bouche en faisant une chaine humaine devant leur école, expliquez-moi votre point de vue.»

Tout d'abord, une précision s'impose. Ce mouvement de chaines humaines origine de parents. Ce sont très majoritairement des parents et des élèves qui ont fait ces chaines 30 minutes avant le début des classes. 
Donc, encore une fois ici, les parents ne peuvent pas partager des valeurs avec leurs enfants? J'ai hâte que Mme Ravary pourfende tout endoctrinement religieux, sous quelque forme que ce soit, avant que la personne concernée soit majeure et apte à faire ses propres choix.
Et que dire d'une position connexe adoptée cette fois-ci par le très grand intellectuel Éric Duhaime. Sur Facebook, le coloré animateur de radio de Québec déclarait:

«APPEL À TOUS: Certains profs portent des t-shirts avec des slogans syndicalistes pour la rentrée scolaire. J'aimerais ça que des enfants portent des t-shirts apolitiques pour riposter à cet endoctrinement de bas étage. Que devrait-on inscrire sur ces t-shirts? "Ne me prenez pas en otage!" ou "Je ne suis pas en négo" ou "Élève, pas syndicaliste" ou "Non à la propagande politique infantile" ou n'importe quelle autre suggestion est la bienvenue. Soyez imaginatif!»

Donc, ce qu'Éric Duhaime propose, c'est d'utiliser des enfants pour passer de messages politiques qu'ils ne sont pas nécessairement en mesure de comprendre afin de dénoncer des messages politiques qu'ils ne sont pas nécessairement en mesure de comprendre. On repassera pour la cohérence.

Monsieur Blais, si j'étais en si bonne compagnie intellectuelle, je m'inquiéterais.