Vous êtes un auteur sans le sou et vous voulez connaitre un succès financier, à défaut de plaire à la critique? La recette est simple: écrivez des livres jeunesse remplis d'histoires de voitures et de récits sportifs.
«La lecture, c'est vraiment la clé de tout. Ne vous surprenez pas de voir des projets encore plus ciblés pour les garçons, en 2011», a révélé la présidente de la Fédération des commissions scolaires du Québec, Josée Bouchard, au cours d'une entrevue de fin d'année qu'elle a accordée au Journal.
«Les garçons aiment les voitures, ajoute-t-elle. Ils aiment le sport. Pour qu'ils s'intéressent à la lecture, pour déclencher chez eux le goût de lire, il faut leur offrir des lectures qui les intéressent», plaide-telle.
Heureusement, des mesures plus intelligentes, limitant le travail des ados ou faisant la promotion des métiers traditionnels, devraient aussi être mises de l'avant. Mais on ne pourra m'empêcher de dénoncer cette généralisation à outrance: LES gars aiment les chars, donnons-leur des histoires de chars. Vive Toys Story tant qu'à y être! À quand des romans de maquillage et de linge pour les filles qui décrochent? À quand Scarface en version condensée pour les jeunes tentés par les gangs de rue?
Tant qu'à prendre la parole, la présidente de la FCSQ aurait pu faire une courte recherche et découvrir que, selon l’étude Déchiffrer la culture au Québec : vingt ans de pratiques culturelles (1979-1999),«Les lectures des femmes sont davantage orientées vers des valeurs
intimistes comme la vie amoureuse, le foyer, la famille et la santé, tandis que celles des hommes vont plutôt privilégier l’actualité, la science et la technologie, l’économie et la science-fiction.»
Je croyais qu'à l'école, lire devait permettre l'évasion, confronter le jeune, l'amener ailleurs, lui faire découvrir d'autres réalités et lui permettre d'aborder des oeuvres importantes. Non, au Québec, comme la lecture serait un repoussoir pour LES garçons, on change les lectures au programme. Mais pourquoi s'arrêter en si bon chemin? LES gars n'aiment pas se lever le matin: faisons l'école le midi! LES gars aiment la malbouffe: ramenons les hot dogs dans les cafétérias scolaires!
Il y a dans cette volonté de plaire une abdication devant certains garçons. Encore une fois, l'école doit s'adapter à eux. Encore une fois, l'école n'est pas assez signifiante pour justifier qu'on fasse un effort. Encore une fois, on veut régler un symptôme au lieu de tenter de s'attaquer à des raisons bien plus profondes.
Premier mal: au Québec, l'école n'est pas une valeur importante de notre société. Relisez ce texte d'Yves Boisvert sur l'opinion des Québécois quant à l'école. Une vraie gifle! Par exemple, on y apprend entre autres ceci: «Seulement le quart des francophones de 25 à 34 ans ont un diplôme universitaire au Québec. Chez les anglophones du Québec, c'est 35% et chez les immigrants, c'est 37%.»
Deuxième mal: lit-on à la maison et dans notre société? La lecture y est-elle une activité valorisée? De moins en moins, si on se base sur cet éditorial du Devoir: «Ce désamour grandissant de la lecture laisse évidemment des traces. Ainsi, en 25 ans, on est passé de 24 à 45 % des Québécois qui ouvrent moins de dix livres par année. À l'inverse, si, en 1979, 47 % des Québécois s'étaient régalés de plus de 20 livres en un an, le Québec ne compte plus que 28% de grands lecteurs en 2004 !»
Troisième mal: donne-t-on les moyens aux enseignants de français de présenter aux jeunes des livres intéressants et diversifiés? Relisez ce billet où je montre à quel point cette matière est sous-financée par rapport aux autres dans nos écoles et à quel point aussi je suis obligé d'acheter des manuels scolaires au lieu d'acheter des romans.
Enfin, un dernier point: combien on parie qu'en faisant la promotion des métiers, on ne trouvera pas une façon de cracher sur l'école en passant? Juste la récente campagne du MELS contre le décrochage était déjà un petit bijou qui se résume ainsi: «Reste accroché pour les filles et le fric.» Le savoir et la culture, eux, tout comme toi, on s'en tape.
30 décembre 2010
29 décembre 2010
CS Marie-Victorin: sexualité en douce
Quoi de mieux que de profiter du temps des Fêtes pour passer en douce des nouvelles embêtantes? Ainis, dans le dossier «commission scolaire Marie-Victorin et éducation à la sexualité», on apprend les faits suivants.
Un dépliant de trop
Le dépliant sur les pratiques sécuritaires reliées au sexe oral et remis à des élèves de deuxième secondaire de l'école Mgr M.-A. Parent, après été défendu par les autorités de la CS, sera banni des classes.
Ainsi, dans une lettre écrite par le directeur de l'école, on peut lire:
«Le cours où ce thème a été abordé a été planifié de façon professionnelle par les enseignants qui ont utilisé des documents destinés aux adolescents. Cependant, suite aux commentaires de plusieurs parents, nous avons pris la décision de mettre fin immédiatement à cette thématique prévue dans le cours. Si la façon dont ce sujet a été traité a pu choquer certains parents, nous nous en excusons.»
Je ne comprends pas ces multiples volte-face. On parle ici d'une planification professionnelle. Où est le problème alors? Dans la sensibilité des parents. Personnellement, j'ai beaucoup de difficulté avec la théorie de l'évolution et la présentation du Coran, tiens, dans une classe. Jusqu'où, pour tenir compte de la sensibilité de certains, va-t-on remettre en question le contenu des cours? De mémoire, un jeune a droit à une éducation pleine et entière et on peut même le scolariser contre la volonté de ses parents dans certains cas extrêmes.
Une enseignante sacrifiée
Après avoir été critiquée par le directeur général de sa commission scolaire sur la place publique, on apprend que l'enquête concernant l'enseignante, qui a conçu un questionnaire de type «vrai ou faux» à partir des préoccupations des élèves de deuxième secondaire de ses classes pour corriger les perceptions erronées qu'ils ont quant à la sexualité, est terminée, mais que ses conclusions ne seront pas de nature publique, peu importe qu'on ait lynchée la jeune prof dans les médias.
Personnellement, être cette enseignante, je m'embaucherais un bon avocat. Mais comme elle est jeune dans le métier, elle ne voudra sûrement pas en rajouter à son dossier. Je m'interroge aussi sur l'absence de son syndicat dans la sphère publique à la suite de tout ce qui a été dit sur son compte.
Un dépliant de trop
Le dépliant sur les pratiques sécuritaires reliées au sexe oral et remis à des élèves de deuxième secondaire de l'école Mgr M.-A. Parent, après été défendu par les autorités de la CS, sera banni des classes.
Ainsi, dans une lettre écrite par le directeur de l'école, on peut lire:
«Le cours où ce thème a été abordé a été planifié de façon professionnelle par les enseignants qui ont utilisé des documents destinés aux adolescents. Cependant, suite aux commentaires de plusieurs parents, nous avons pris la décision de mettre fin immédiatement à cette thématique prévue dans le cours. Si la façon dont ce sujet a été traité a pu choquer certains parents, nous nous en excusons.»
Je ne comprends pas ces multiples volte-face. On parle ici d'une planification professionnelle. Où est le problème alors? Dans la sensibilité des parents. Personnellement, j'ai beaucoup de difficulté avec la théorie de l'évolution et la présentation du Coran, tiens, dans une classe. Jusqu'où, pour tenir compte de la sensibilité de certains, va-t-on remettre en question le contenu des cours? De mémoire, un jeune a droit à une éducation pleine et entière et on peut même le scolariser contre la volonté de ses parents dans certains cas extrêmes.
Une enseignante sacrifiée
Après avoir été critiquée par le directeur général de sa commission scolaire sur la place publique, on apprend que l'enquête concernant l'enseignante, qui a conçu un questionnaire de type «vrai ou faux» à partir des préoccupations des élèves de deuxième secondaire de ses classes pour corriger les perceptions erronées qu'ils ont quant à la sexualité, est terminée, mais que ses conclusions ne seront pas de nature publique, peu importe qu'on ait lynchée la jeune prof dans les médias.
Personnellement, être cette enseignante, je m'embaucherais un bon avocat. Mais comme elle est jeune dans le métier, elle ne voudra sûrement pas en rajouter à son dossier. Je m'interroge aussi sur l'absence de son syndicat dans la sphère publique à la suite de tout ce qui a été dit sur son compte.
27 décembre 2010
Bilan masqué 2010
Eh oui! Voici venu le temps des rétrospectives et des bilans. Une petite année en 2010 côté éducation, quant à moi. Des événements qui nous ont animés, qui ont suscité la controverse et qu'on a oubliés deux semaines plus tard. «Je me souviens» est la devise de cette province qui oublie plus vite son ombre.
La nomination de Line Beauchamp au MELS
Le MELS a une nouvelle ministre a sa tête. Elle dit vouloir se familiariser avec les dossiers et lire. Entre les branches, on m'a confié qu'elle compte déjà les semaines. Le MELS est une punition pour un politicien.
Quelques dossiers ont été abordés depuis le début de son mandat (bulletin unique, éducation sexuelle), mais on ne sent pas un très grand enthousiasme de la part de cette ministre de qui on pourrait espérer beaucoup.
Déjà prévisible le 6 juin 2010 (ici)
Le départ de Michelle Courchesne
Madame Courchesne a vu ses voeux de mutation exaucés. Il faut dire qu'elle s'était mise les pieds dans les plats avec la question des congés scolaires. Et puis, il faut l'avouer: on peut comprendre quelqu'un d'en avoir sa claque d'être à la tête d'un ministère aussi ingérable.
Il est difficile d'établir quel héritage laissera la ministre dont le rôle a consisté à réparer les pots cassés des autres. Aurait-elle dû y aller de façon radicale au lieu de procéder de façon progressive? Chose certaine, la rédition de comptes qu'on demandera maintenant aux CS et aux écoles est un aspect majeur de son passage dont on ne mesure pas encore l'ampleur. On retrouve également le TECFÉE que certains n'apprécient pas du tout.
Les premières rumeurs de démission en février (ici)
La saga des congés scolaires qui a nui à sa crédibilité(ici et ici)
Aurevoir madame Courchesne (ici)
Le bulletin unique
Nécessaire et contesté par les tenants de la réforme, le bulletin unique vient rétablir un peu d'ordre dans la pagaille de l'évaluation en éducation. Il fait aussi indirectement ce que certains ne veulent pas faire directement: enterrer certains pans du Renouveau pédagogique. Cette façon de procéder a cependant de graves défauts: entre autres, le bulletin unique ne correspond pas aux programmes disciplinaires et à des milliers de manuels scolaire.
Par ailleurs, il est regrettable que la ministre Beauchamp ait retenu la formule de trois bulletins au lieu de quatre comme le préconisait Michelle Courchesne. Aucune justification concernant ce choix discutable. Une bonne vieille habitude du MELS.
Les premières infos (ici)
Une proposition ministérielle (ici)
Deux lacunes importantes (ici)
Une année de transition, pourquoi? (ici)
Un bulletin à trois étapes (ici)
le bulletin unique et l'estime de soi (ici)
Le Conseil supérieur de l'éducation est contre (ici)
Un report imputé aux profs (ici)
La Déséducation
Ce qu'on annonçait comme un événement en éducation s'est avéré un peu décevant. Rien de bien nouveau dans ces capsules vidéo et ce site internet. Et que venaient apporter des gérants d'estrade comme Gilles Proulx et Benoit Dutrizac? Si chaque épisode était bien découpé, le contenu de chacun manquait de structure, quant à moi. Une honnête prise de parole mais qui répète ce qu'on a souvent entendu.
La fermeture du blogue de Normand Baillargeon
À force de se faire écoeurer, on finit par fermer sa gueule. J'ai connu. Baillargeon en a eu assez. (ici)
L'éducation sexuelle à l'école
Sexualité et éducation ne vont pas de pair. On nage dans un domaine à la fois délicat et sensible où l'hypocrisie est aussi très présente. J'ai hâte de voir si un journaliste fera un suivi quant à la suspension administrative de cette enseignante de la Rive-Sud de Montréal.
Comment adapter son enseignement (ici)
Une enseignante sacrifiée (ici et ici) et un directeur général de CS dur à suivre (ici)
Une proposition ministérielle (ici)
La Fondation Jasmin-Roy
Je n'en ai pas glissé un mot, mais l'initiative mérite d'être mentionnée.
Les résultats des jeunes québécois aux tests PISA
Ou l'art de se réjouir de ce que l'on peut tout en récupérant ce qui ne nous appartient pas pour s'en attribuer implicitement le mérite tout en l'utilisant pour appuyer nos pensées pédagogiques
Des résultats à prendre avec un grain de sel (ici)
Une tentative de récupération honteuse (ici)
Les parents
Cette année, on a entendu pour la première fois un politicien dire que les parents ont leur part de responsabilité dans le décrochage scolaire des jeunes. Dommage que ce soit Jean Charest....
Des parents qui contestent l'école jusqu'en cour (ici)
Des parents qui pardonnent tout (ici)
Et les mauvais parents, eux? (ici)
Sortie de Jean Charest sur les parents: le PM a-t-il lu le PM? (ici)
L'ducation, une valeur peu importante pour des parents (ici)
Le TECFÉE
Rien de bien neuf: les aspirants enseignants éprouvent des difficultés avec le TECFÉE. On est tous des incompétents, bien sûr.
Taux de réussite désastreux (ici)
On s'ajuste en fonction des résultats (ici)
Comment déjouer le TECFÉE grâce à Facebook(ici)
Entente de principe en éducation
Réjouissons-nous de ce contrat de travail qui perpétue un décret qui a été dénoncé pour les conditions de travail insoutenables qu'il nous imposait. Rien pour les profs enseignant à la fin du secondaire à qui on pellete les élèves...
Salaire et durée de l'entente (ici)
Rien de réjouissant en vue (ici)
Des moyens de pression (ici)
Des moyens de dé-pression (ici)
Pourquoi je n'appuie pas cette entente (ici)
Une entente décevante (ici)
Une entente approuvée à la soviétique (ici)
Intégration des élèves en difficulté
Voilà un sujet dont on a parlé cette année. Seulement parlé.
Un exemple comme un autre (ici)
Dans ma commission scolaire (ici)
Et les autres...
Des cours de natation au primaire (ici et ici) quand ce n'est pas de sécurité routière (ici), ce lipdub censuré à Sainte-Foy (ici), le vandalisme dans les écoles (ici), le rôle des commissions scolaires (ici, ici et ici), un examen de français plus facile (ici et ici) et bien d'autres événements qui sont déjà passés à la trappe de la petite histoire.
La nomination de Line Beauchamp au MELS
Le MELS a une nouvelle ministre a sa tête. Elle dit vouloir se familiariser avec les dossiers et lire. Entre les branches, on m'a confié qu'elle compte déjà les semaines. Le MELS est une punition pour un politicien.
Quelques dossiers ont été abordés depuis le début de son mandat (bulletin unique, éducation sexuelle), mais on ne sent pas un très grand enthousiasme de la part de cette ministre de qui on pourrait espérer beaucoup.
Déjà prévisible le 6 juin 2010 (ici)
Le départ de Michelle Courchesne
Madame Courchesne a vu ses voeux de mutation exaucés. Il faut dire qu'elle s'était mise les pieds dans les plats avec la question des congés scolaires. Et puis, il faut l'avouer: on peut comprendre quelqu'un d'en avoir sa claque d'être à la tête d'un ministère aussi ingérable.
Il est difficile d'établir quel héritage laissera la ministre dont le rôle a consisté à réparer les pots cassés des autres. Aurait-elle dû y aller de façon radicale au lieu de procéder de façon progressive? Chose certaine, la rédition de comptes qu'on demandera maintenant aux CS et aux écoles est un aspect majeur de son passage dont on ne mesure pas encore l'ampleur. On retrouve également le TECFÉE que certains n'apprécient pas du tout.
Les premières rumeurs de démission en février (ici)
La saga des congés scolaires qui a nui à sa crédibilité(ici et ici)
Aurevoir madame Courchesne (ici)
Le bulletin unique
Nécessaire et contesté par les tenants de la réforme, le bulletin unique vient rétablir un peu d'ordre dans la pagaille de l'évaluation en éducation. Il fait aussi indirectement ce que certains ne veulent pas faire directement: enterrer certains pans du Renouveau pédagogique. Cette façon de procéder a cependant de graves défauts: entre autres, le bulletin unique ne correspond pas aux programmes disciplinaires et à des milliers de manuels scolaire.
Par ailleurs, il est regrettable que la ministre Beauchamp ait retenu la formule de trois bulletins au lieu de quatre comme le préconisait Michelle Courchesne. Aucune justification concernant ce choix discutable. Une bonne vieille habitude du MELS.
Les premières infos (ici)
Une proposition ministérielle (ici)
Deux lacunes importantes (ici)
Une année de transition, pourquoi? (ici)
Un bulletin à trois étapes (ici)
le bulletin unique et l'estime de soi (ici)
Le Conseil supérieur de l'éducation est contre (ici)
Un report imputé aux profs (ici)
La Déséducation
Ce qu'on annonçait comme un événement en éducation s'est avéré un peu décevant. Rien de bien nouveau dans ces capsules vidéo et ce site internet. Et que venaient apporter des gérants d'estrade comme Gilles Proulx et Benoit Dutrizac? Si chaque épisode était bien découpé, le contenu de chacun manquait de structure, quant à moi. Une honnête prise de parole mais qui répète ce qu'on a souvent entendu.
La fermeture du blogue de Normand Baillargeon
À force de se faire écoeurer, on finit par fermer sa gueule. J'ai connu. Baillargeon en a eu assez. (ici)
L'éducation sexuelle à l'école
Sexualité et éducation ne vont pas de pair. On nage dans un domaine à la fois délicat et sensible où l'hypocrisie est aussi très présente. J'ai hâte de voir si un journaliste fera un suivi quant à la suspension administrative de cette enseignante de la Rive-Sud de Montréal.
Comment adapter son enseignement (ici)
Une enseignante sacrifiée (ici et ici) et un directeur général de CS dur à suivre (ici)
Une proposition ministérielle (ici)
La Fondation Jasmin-Roy
Je n'en ai pas glissé un mot, mais l'initiative mérite d'être mentionnée.
Les résultats des jeunes québécois aux tests PISA
Ou l'art de se réjouir de ce que l'on peut tout en récupérant ce qui ne nous appartient pas pour s'en attribuer implicitement le mérite tout en l'utilisant pour appuyer nos pensées pédagogiques
Des résultats à prendre avec un grain de sel (ici)
Une tentative de récupération honteuse (ici)
Les parents
Cette année, on a entendu pour la première fois un politicien dire que les parents ont leur part de responsabilité dans le décrochage scolaire des jeunes. Dommage que ce soit Jean Charest....
Des parents qui contestent l'école jusqu'en cour (ici)
Des parents qui pardonnent tout (ici)
Et les mauvais parents, eux? (ici)
Sortie de Jean Charest sur les parents: le PM a-t-il lu le PM? (ici)
L'ducation, une valeur peu importante pour des parents (ici)
Le TECFÉE
Rien de bien neuf: les aspirants enseignants éprouvent des difficultés avec le TECFÉE. On est tous des incompétents, bien sûr.
Taux de réussite désastreux (ici)
On s'ajuste en fonction des résultats (ici)
Comment déjouer le TECFÉE grâce à Facebook(ici)
Entente de principe en éducation
Réjouissons-nous de ce contrat de travail qui perpétue un décret qui a été dénoncé pour les conditions de travail insoutenables qu'il nous imposait. Rien pour les profs enseignant à la fin du secondaire à qui on pellete les élèves...
Salaire et durée de l'entente (ici)
Rien de réjouissant en vue (ici)
Des moyens de pression (ici)
Des moyens de dé-pression (ici)
Pourquoi je n'appuie pas cette entente (ici)
Une entente décevante (ici)
Une entente approuvée à la soviétique (ici)
Intégration des élèves en difficulté
Voilà un sujet dont on a parlé cette année. Seulement parlé.
Un exemple comme un autre (ici)
Dans ma commission scolaire (ici)
Et les autres...
Des cours de natation au primaire (ici et ici) quand ce n'est pas de sécurité routière (ici), ce lipdub censuré à Sainte-Foy (ici), le vandalisme dans les écoles (ici), le rôle des commissions scolaires (ici, ici et ici), un examen de français plus facile (ici et ici) et bien d'autres événements qui sont déjà passés à la trappe de la petite histoire.
21 décembre 2010
Un autre moment à préserver
Je vous ai déjà parlé de ce groupe totalement charmant dont je suis le tuteur. Il a récidivé aujourd'hui. Nous avions un concours d'épellation s'adressant à cinq classes de première secondaire. Les élèves étaient appelés à concevoir des pancartes pour encourager les leurs.
Ce groupe a fait des pancartes, comme les autres, mais il a décidé de se démarquer. Chacun des 31 élèves de celui-ci est arrivé vêtu de noir. Comme leur tuteur le fait depuis des années. «On l'a fait en votre honneur», m'a dit l'un d'eux.
Bande de petits téteux adorables.
Ce groupe a fait des pancartes, comme les autres, mais il a décidé de se démarquer. Chacun des 31 élèves de celui-ci est arrivé vêtu de noir. Comme leur tuteur le fait depuis des années. «On l'a fait en votre honneur», m'a dit l'un d'eux.
Bande de petits téteux adorables.
20 décembre 2010
A-t-on besoin d'une campagne de publicité de plus sur le décrochage? (ajout à l'ajout)
Une nouvelle campagne de publicité contre le décrochage scolaire... Euh! pour la persévérance scolaire. En fait, on ne le sait plus trop. Mais tout ça coûtera 400 000$
Un site Internet double( je finis et je lâche), une campagne télévisée sur RDS jusqu'au 17 janvier et ensuite du 28 mars au 28 avril... des arguments rationnels, d'autres un peu moins.. comment dire? Enfin...
- Un diplôme, c’est toujours beau sur un mur.
- Tu as de la difficulté à te lever le matin pour arriver à l’heure à l’école? Une bonne chanson dans ton réveille-matin, ça t’aidera à être plus motivé pour commencer ta journée.
- 80 % des décrocheurs retournent à l’école… aussi bien terminer tout de suite, non?
- Tu veux vivre vieux? Finis ton secondaire. Ceux qui ont un diplôme vivent en moyenne sept ans de plus que ceux qui n’en ont pas.
- Tu veux gagner de l’argent? Étudie pour obtenir un DEP ou un DEC. Le salaire moyen d’un diplômé est 35 % plus élevé que celui de quelqu’un qui n’a pas terminé son secondaire.
- Qui est fier de dire qu’il n’a pas terminé son secondaire?
- T’as envie de rencontrer des filles?
Aucun argument sur le fait que l'école cultive, l'école apprend. L'école forme pour le monde du travail et socialise. L'école rime avec cash. Désolé, mais ce n'est pas là ma définition de l'école.
******
Ce matin, à la radio, la ministre indique qu'elle voulait mettre de l'argent pour rejoindre ceux qui ne sont plus à l'école. Selon ce nouveau site, 80% de ceux qui décrochent retournent aux études. On fait donc une campagne pour 20% des décrocheurs. Du fric concret dans des classes, ça semble trop demander.
ET les filles dans cette campagne? À part de servir d'appât pour motiver les gars à demeurer en classe, elles sont inexistantes. Et en les ignorant, on passe deux messages:
- il n'y a que les gars qui décrochent, pas les filles. Belle image motivante des garçons...;
- les filles qui décrochent, ce n'est pas un problème.
Cette campagne, c'est 400 000$ de bon sentiments et de saupoudrage. Une solution facile digne de la pensée magique. Que connait-on du décrochage scolaire au Québec? A-t-on fait le répertoire des initiatives locales gagnantes? Partage-t-on les bons coups? Les subventionne-t-on adéquatement?
Voilà qui demanderait plus de rigueur et d'effort.
- - - - - - - -
Dans La Presse, on pouvait lire:
Si les garçons veulent savoir ce que cela leur rapportera financièrement d'obtenir un diplôme, les journalistes ont voulu savoir ce que donnent de telles campagnes de promotion.
À cela, la ministre a répondu que «les campagnes ne suffisent pas à elles seules à changer la donne» mais qu'elles s'ajoutent à d'autres mesures qui, ensemble, donnent des résultats.
La ministre a aussi fait valoir que, même si le taux d'obtention du diplôme d'études secondaires avant l'âge de 20 ans a augmenté de 7% depuis 2003, il n'est pas question de «mettre des lunettes roses».
Cette hausse s'explique par le raccrochage à l'école des adultes. Pas autre chose. Et une question, tiens: qui paie pour l'école des adultes? Uniquement le gouvernement provincial? Les utilisateurs? Le gouvernement fédéral?
Un site Internet double( je finis et je lâche), une campagne télévisée sur RDS jusqu'au 17 janvier et ensuite du 28 mars au 28 avril... des arguments rationnels, d'autres un peu moins.. comment dire? Enfin...
- Un diplôme, c’est toujours beau sur un mur.
- Tu as de la difficulté à te lever le matin pour arriver à l’heure à l’école? Une bonne chanson dans ton réveille-matin, ça t’aidera à être plus motivé pour commencer ta journée.
- 80 % des décrocheurs retournent à l’école… aussi bien terminer tout de suite, non?
- Tu veux vivre vieux? Finis ton secondaire. Ceux qui ont un diplôme vivent en moyenne sept ans de plus que ceux qui n’en ont pas.
- Tu veux gagner de l’argent? Étudie pour obtenir un DEP ou un DEC. Le salaire moyen d’un diplômé est 35 % plus élevé que celui de quelqu’un qui n’a pas terminé son secondaire.
- Qui est fier de dire qu’il n’a pas terminé son secondaire?
- T’as envie de rencontrer des filles?
Aucun argument sur le fait que l'école cultive, l'école apprend. L'école forme pour le monde du travail et socialise. L'école rime avec cash. Désolé, mais ce n'est pas là ma définition de l'école.
******
Ce matin, à la radio, la ministre indique qu'elle voulait mettre de l'argent pour rejoindre ceux qui ne sont plus à l'école. Selon ce nouveau site, 80% de ceux qui décrochent retournent aux études. On fait donc une campagne pour 20% des décrocheurs. Du fric concret dans des classes, ça semble trop demander.
ET les filles dans cette campagne? À part de servir d'appât pour motiver les gars à demeurer en classe, elles sont inexistantes. Et en les ignorant, on passe deux messages:
- il n'y a que les gars qui décrochent, pas les filles. Belle image motivante des garçons...;
- les filles qui décrochent, ce n'est pas un problème.
Cette campagne, c'est 400 000$ de bon sentiments et de saupoudrage. Une solution facile digne de la pensée magique. Que connait-on du décrochage scolaire au Québec? A-t-on fait le répertoire des initiatives locales gagnantes? Partage-t-on les bons coups? Les subventionne-t-on adéquatement?
Voilà qui demanderait plus de rigueur et d'effort.
- - - - - - - -
Dans La Presse, on pouvait lire:
Si les garçons veulent savoir ce que cela leur rapportera financièrement d'obtenir un diplôme, les journalistes ont voulu savoir ce que donnent de telles campagnes de promotion.
À cela, la ministre a répondu que «les campagnes ne suffisent pas à elles seules à changer la donne» mais qu'elles s'ajoutent à d'autres mesures qui, ensemble, donnent des résultats.
La ministre a aussi fait valoir que, même si le taux d'obtention du diplôme d'études secondaires avant l'âge de 20 ans a augmenté de 7% depuis 2003, il n'est pas question de «mettre des lunettes roses».
Cette hausse s'explique par le raccrochage à l'école des adultes. Pas autre chose. Et une question, tiens: qui paie pour l'école des adultes? Uniquement le gouvernement provincial? Les utilisateurs? Le gouvernement fédéral?
19 décembre 2010
Les nuités québécoises du prof masqué
Quand le prof masqué va à Québec, il descend toujours au même hôtel. Le Château Laurier. À cause du nom, bien sûr. Pas parce que c'est le seul endroit au monde où l'on peut déjeuner au Saint-Hubert.
Une raison de plus de dormir au Château-Laurier est cette nouvelle publiée dans Le Soleil ce matin. S'affirmer ne veut pas dire dénigrer les autres.
Une raison de plus de dormir au Château-Laurier est cette nouvelle publiée dans Le Soleil ce matin. S'affirmer ne veut pas dire dénigrer les autres.
18 décembre 2010
Défendre un point de vue au lieu d'informer
Je suis capable d'être gentil. On l'a vu dans le billet précédent. Mais je suis aussi capable de mordre et c'est l'envie qui m'anime quand je lis ce genre de texte.
Pour la journaliste Ariane Lacoursière, la réforme est loin d'être la catastrophe appréhendée. Les élèves issus de Renouveau «ont très bien réussi, reconnaissent les syndicats de l'enseignement.» Pourtant, je cherche dans les citations qu'elle utilise dans son texte et je n'en vois aucune qui appuie le «très bien».
«Force est de constater qu'il n'y a pas eu de grand drame avec les élèves de la réforme», reconnaît le président de la Fédération nationale des enseignantes et enseignants du Québec (FNEEQ-CSN), Jean Trudelle.
«On avait des préoccupations au début de l'année. Mais on n'a reçu aucune plainte de la part de nos membres», confirme le président de la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ), Mario Beauchemin
On semble davantage verser dans l'opinion que de vouloir décrire correctement des faits.
Dans le même texte, la journaliste de La Presse nous informe du vécu de quatre jeunes cégépiens issus de la réforme en indiquant « les quatre élèves ne sont pas vraiment surpris de savoir que leur cohorte a aussi bien réussi que leurs prédécesseurs.»
Question 1: leur cohorte a aussi bien réussi que leurs prédécesseurs? Ah oui? Sur quelles bases fait-elle cette affirmation? Les résultats de la session d'automne ne sont même pas connus!
Question 2: en quoi suivre un échantillon de quatre élèves inscrits en sciences de la nature, en arts et technologies des médias et en thanatologie (deux fois, d'ailleurs) est représentatif des cégépiens? Comme portrait, on pouvait difficilement faire pire. Personnellement, pourquoi ne pas aussi affirmer 50% des futurs croque-morts considèrent que la réforme ne leur a pas nui, tiens.
Je vous rappelle qu'il s'agit de la même journaliste qui a écrit «La réforme contestée, mais efficace» en y allant de cette perle: «La fameuse réforme de l'éducation n'aura finalement pas été si néfaste pour les jeunes Québécois.»
Si, dans un billet précédent, je m'étais gardé une petite gêne, là, il m'est difficile de ne pas écrire qu'il s'agit ici de mauvais journalisme. Et qu'on me comprenne bien: je ne suis pas un partisan de ce qui fut la réforme mais, ici, mon propos est de montrer à quel point on peut écrire n'importe quoi pour la défendre. Il y a sûrement des exemples inverses. Mais je laisse la tâche à d'autres de s'en occuper.
Pour la journaliste Ariane Lacoursière, la réforme est loin d'être la catastrophe appréhendée. Les élèves issus de Renouveau «ont très bien réussi, reconnaissent les syndicats de l'enseignement.» Pourtant, je cherche dans les citations qu'elle utilise dans son texte et je n'en vois aucune qui appuie le «très bien».
«Force est de constater qu'il n'y a pas eu de grand drame avec les élèves de la réforme», reconnaît le président de la Fédération nationale des enseignantes et enseignants du Québec (FNEEQ-CSN), Jean Trudelle.
«On avait des préoccupations au début de l'année. Mais on n'a reçu aucune plainte de la part de nos membres», confirme le président de la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ), Mario Beauchemin
On semble davantage verser dans l'opinion que de vouloir décrire correctement des faits.
Dans le même texte, la journaliste de La Presse nous informe du vécu de quatre jeunes cégépiens issus de la réforme en indiquant « les quatre élèves ne sont pas vraiment surpris de savoir que leur cohorte a aussi bien réussi que leurs prédécesseurs.»
Question 1: leur cohorte a aussi bien réussi que leurs prédécesseurs? Ah oui? Sur quelles bases fait-elle cette affirmation? Les résultats de la session d'automne ne sont même pas connus!
Question 2: en quoi suivre un échantillon de quatre élèves inscrits en sciences de la nature, en arts et technologies des médias et en thanatologie (deux fois, d'ailleurs) est représentatif des cégépiens? Comme portrait, on pouvait difficilement faire pire. Personnellement, pourquoi ne pas aussi affirmer 50% des futurs croque-morts considèrent que la réforme ne leur a pas nui, tiens.
Je vous rappelle qu'il s'agit de la même journaliste qui a écrit «La réforme contestée, mais efficace» en y allant de cette perle: «La fameuse réforme de l'éducation n'aura finalement pas été si néfaste pour les jeunes Québécois.»
Si, dans un billet précédent, je m'étais gardé une petite gêne, là, il m'est difficile de ne pas écrire qu'il s'agit ici de mauvais journalisme. Et qu'on me comprenne bien: je ne suis pas un partisan de ce qui fut la réforme mais, ici, mon propos est de montrer à quel point on peut écrire n'importe quoi pour la défendre. Il y a sûrement des exemples inverses. Mais je laisse la tâche à d'autres de s'en occuper.
J'aurais aimé écrire ce texte
(paru dans La Presse le 18 décembre 2010)
La récréation est finie
Stéphane Paradis
L'auteur est intervenant scolaire en estime de soi et conférencier.
Aveu: je souhaite qu'on relise ce texte dans 25 ans et qu'on me traite d'illuminé ayant eu tort de s'inquiéter.
Une fillette de 10 ans doit tenir un rôle de mère pour les plus jeunes puisque maman travaille et que papa est menotté à sa console de jeux. Deux élèves d'une même classe déclarent être un «accident» et une «erreur».
Une mère annonce par téléphone à sa petite de maternelle qu'elle l'abandonne pour suivre un amour outre-mer rencontré sur le web. Un garçon de 12 ans se lève et crie en pleine classe qu'il n'en peut plus de se faire traiter de «gros» dans la cour d'école. La maman d'une jeune analphabète de 11 ans avoue avoir consommé des drogues dures pendant sa grossesse.
Des sujets qui ne feront jamais la une. Des situations qui, si elles étaient imaginées par les meilleurs scénaristes d'Hollywood, n'auraient probablement aucune crédibilité et seraient reléguées au rang de simple science-fiction. Ce sont pourtant là des faits bien réels, puisés à même mon vécu d'intervenant scolaire pour qui la cause première est l'estime de soi.
Où sont les balises? À quels héros nos enfants peuvent-ils s'identifier? À l'ère où avoir des amis se limite à un décompte sur Facebook, où certains métiers en vogue sont «devenir riche» et «faire Occupation double», où nos médias placent la corruption, les crêpages de chignon chez nos élus et la survie des couleuvres brunes en gros titres, il est plus que temps de sonner l'alarme.
«Une vie n'a pas d'importance, sauf dans l'impact qu'elle a sur la vie des autres», affirmait Jackie Robinson. Je crois toujours qu'une majorité de parents et d'enseignants ont cette influence marquée et positive chez nos enfants, par choix, amour et principe. Mais avec tout ce brouillard qui ne cesse de s'épaissir, ne doit-on pas réaffirmer la responsabilité que nous avons tous à l'égard de l'avenir de nos jeunes? Ne sommes-nous pas à la fois parents et beaux-parents, ayant à guider à la fois nos enfants et ceux des autres?
Triste réalité
Il n'est pas normal de voir autant d'enfants la tristesse dans l'âme, se traîner les pieds jusqu'à l'école et souvent le ventre creux, puis retourner à la maison dans l'indifférence la plus totale - après qu'on ait exigé d'eux une concentration à toute épreuve pendant plus de six heures. Au nom de la liberté, voilà que s'épaississent les traits du plus grand des pièges?: l'individualisme et ses dommages collatéraux. Une révolution dangereusement tranquille dont les bruits ne se font entendre qu'entre quatre murs.
Cessons de maquiller la réalité et d'éluder la vérité. La récréation est terminée. Parlons d'accrocher à l'école et non de décrochage. Trahissons l'instantané et enseignons à nos enfants toutes les beautés du fait de désirer. Ne voit-on pas toutes les retombées qu'il y a de s'occuper de nos enfants au lieu de simplement les occuper, eux pour qui le mot «amour» s'épelle souvent t-e-m-p-s?
Notre système de santé - et le budget qu'on y affecte - ne pourrait-il pas inclure tous ces regards éteints d'enfants, de parents et d'enseignants, autant de carencés affectifs? Justement, l'arène politique me donne la nausée, telle une mauvaise cour d'école où l'intimidation règne en maître, telle une classe où l'on demande aux jeunes de faire silence en leur criant après, telle une maison froide et infestée d'arrogance.
Pour l'instant, et je souhaite que ce soit ma vue qui s'embrouille, je n'ai pour spectacle qu'une paire de mains sur un volant et une indifférence totale pour ceux qui font de l'auto-stop, en marge de la route. Et je suis terriblement inquiet, car ils sont de plus en plus nombreux. Et jeunes.
La récréation est finie
Stéphane Paradis
L'auteur est intervenant scolaire en estime de soi et conférencier.
Aveu: je souhaite qu'on relise ce texte dans 25 ans et qu'on me traite d'illuminé ayant eu tort de s'inquiéter.
Une fillette de 10 ans doit tenir un rôle de mère pour les plus jeunes puisque maman travaille et que papa est menotté à sa console de jeux. Deux élèves d'une même classe déclarent être un «accident» et une «erreur».
Une mère annonce par téléphone à sa petite de maternelle qu'elle l'abandonne pour suivre un amour outre-mer rencontré sur le web. Un garçon de 12 ans se lève et crie en pleine classe qu'il n'en peut plus de se faire traiter de «gros» dans la cour d'école. La maman d'une jeune analphabète de 11 ans avoue avoir consommé des drogues dures pendant sa grossesse.
Des sujets qui ne feront jamais la une. Des situations qui, si elles étaient imaginées par les meilleurs scénaristes d'Hollywood, n'auraient probablement aucune crédibilité et seraient reléguées au rang de simple science-fiction. Ce sont pourtant là des faits bien réels, puisés à même mon vécu d'intervenant scolaire pour qui la cause première est l'estime de soi.
Où sont les balises? À quels héros nos enfants peuvent-ils s'identifier? À l'ère où avoir des amis se limite à un décompte sur Facebook, où certains métiers en vogue sont «devenir riche» et «faire Occupation double», où nos médias placent la corruption, les crêpages de chignon chez nos élus et la survie des couleuvres brunes en gros titres, il est plus que temps de sonner l'alarme.
«Une vie n'a pas d'importance, sauf dans l'impact qu'elle a sur la vie des autres», affirmait Jackie Robinson. Je crois toujours qu'une majorité de parents et d'enseignants ont cette influence marquée et positive chez nos enfants, par choix, amour et principe. Mais avec tout ce brouillard qui ne cesse de s'épaissir, ne doit-on pas réaffirmer la responsabilité que nous avons tous à l'égard de l'avenir de nos jeunes? Ne sommes-nous pas à la fois parents et beaux-parents, ayant à guider à la fois nos enfants et ceux des autres?
Triste réalité
Il n'est pas normal de voir autant d'enfants la tristesse dans l'âme, se traîner les pieds jusqu'à l'école et souvent le ventre creux, puis retourner à la maison dans l'indifférence la plus totale - après qu'on ait exigé d'eux une concentration à toute épreuve pendant plus de six heures. Au nom de la liberté, voilà que s'épaississent les traits du plus grand des pièges?: l'individualisme et ses dommages collatéraux. Une révolution dangereusement tranquille dont les bruits ne se font entendre qu'entre quatre murs.
Cessons de maquiller la réalité et d'éluder la vérité. La récréation est terminée. Parlons d'accrocher à l'école et non de décrochage. Trahissons l'instantané et enseignons à nos enfants toutes les beautés du fait de désirer. Ne voit-on pas toutes les retombées qu'il y a de s'occuper de nos enfants au lieu de simplement les occuper, eux pour qui le mot «amour» s'épelle souvent t-e-m-p-s?
Notre système de santé - et le budget qu'on y affecte - ne pourrait-il pas inclure tous ces regards éteints d'enfants, de parents et d'enseignants, autant de carencés affectifs? Justement, l'arène politique me donne la nausée, telle une mauvaise cour d'école où l'intimidation règne en maître, telle une classe où l'on demande aux jeunes de faire silence en leur criant après, telle une maison froide et infestée d'arrogance.
Pour l'instant, et je souhaite que ce soit ma vue qui s'embrouille, je n'ai pour spectacle qu'une paire de mains sur un volant et une indifférence totale pour ceux qui font de l'auto-stop, en marge de la route. Et je suis terriblement inquiet, car ils sont de plus en plus nombreux. Et jeunes.
17 décembre 2010
Des souhaits conservateurs
Voici la photo ornant la carte de Noël d'un premier ministre qui ne croit pas à la théorie du réchauffement climatique. Il y a comme une incohérence.
14 décembre 2010
Brouter la touffe
Voilà les termes qu'on retrouve dans un dépliant sur les pratiques sécuritaires reliées au sexe oral et remis à des élèves de deuxième secondaire de la commission scolaire Marie-Victorin. Celui-ci semble assez explicite puisqu'il explique aux filles comment faire une bonne fellation: ainsi, on indique qu'il faut «"faire attention aux dents», car «peu de gars aiment sentir les dents sur leur pénis».
Certains parents sont outrés, l'organisme qui a conçu ce dépliant affirme qu'il n'aurait pas dû être distribué de la sorte à des jeunes de 13 ans et la sexologue Julie Pelletier juge cette démarche inappropriée.
Mais qui défend cette initiative? Vous l'avez dans le mille: la commission scolaire Marie-Victorin. La même qui n'a pas hésité à clouer au pilori une enseignante pour un sondage sur les tabous sexuels. Même le directeur général de celle-ci, André Byette, ne retrouve rien à redire.
Comprenne qui pourra.
Certains parents sont outrés, l'organisme qui a conçu ce dépliant affirme qu'il n'aurait pas dû être distribué de la sorte à des jeunes de 13 ans et la sexologue Julie Pelletier juge cette démarche inappropriée.
Mais qui défend cette initiative? Vous l'avez dans le mille: la commission scolaire Marie-Victorin. La même qui n'a pas hésité à clouer au pilori une enseignante pour un sondage sur les tabous sexuels. Même le directeur général de celle-ci, André Byette, ne retrouve rien à redire.
Comprenne qui pourra.
12 décembre 2010
Système scolaire québécois : de la fierté mal placée
Depuis quelques jours, si vous êtes un lecteur de ce blogue, vous avez sûrement remarqué certains échanges à propos des résultats des Québécois aux derniers tests PISA.
Une partie de mes diverses réactions est reliée à cette lettre signée par divers universitaires qui indiquent qu'on doit être fier du système d'éducation québécois. J'y reviendrai un peu plus loin dans ce billet, mais faisons tout d'abord un tour d'horizon des tests PISA et des résultats québécois.
Les tests PISA
Je ne ferai pas ici une longue description des tests PISA et me bornerai à recopier cet extrait tiré d'un article du Devoir qui résume assez bien la chose.
«Critiqués par plusieurs experts, les classements PISA (Program for International Student Assessment) sont devenus la bible de nombreux ministres de l'Éducation dans le monde. Ils sont administrés dans 65 pays tous les trois ans à 470 000 jeunes de 15 ans quel que soit leur parcours scolaire. L'enquête est publiée par l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) qui regroupe 34 pays parmi les plus développés du monde. Les tests ne mesurent pas les savoirs, mais quelques habiletés de base en lecture, en mathématiques et en science. Habiletés qui, disent les chercheurs, permettent de participer de manière «productive à la vie» dans un «univers mondialisé». Cette année, les tests ont mis l'accent sur la lecture, notamment sur ordinateurs (digital texts) plutôt que de livres ou d'imprimés.»
«Utilisés par certains gouvernements pour définir les politiques en éducation, les tests PISA ont souvent été critiqués parce qu'ils n'évaluent que certaines compétences de base, mais aucun savoir. Comme ils ne recoupent qu'une mince partie des programmes scolaires, «on ne peut pas considérer que PISA évalue la qualité globale de notre système éducatif», écrivait le mathématicien français Antoine Bodin qui rejette l'idée d'un classement entre des systèmes scolaires aussi différents.»
On comprend donc que ces tests ne mesurent pas des connaissances, mais des compétences. Un élève français, qui est déclassé par un jeune Québécois, peut donc avoir une culture générale et historique cent fois plus étendue, mais ces tests ne tiendront pas compte.
Tests PISA et les élèves québécois
Une petite parenthèse quant à l'échantillon des élèves québécois qui ont participé à ces tests PISA.
Premièrement, comme je l'ai mentionné dans un billet précédent, cet échantillon comprend une légère surévalution d'élèves performants.
Deuxièmement, j'ignore si les tests PISA prennent en compte le taux de décrochage scolaire. Au Québec, depuis 1998, il s'établissait à 22,5% comparativement à 15% dans les autres pays de l'OCDE. Si on ne tient pas compte de cette variable, voilà une façon incroyable de «buster» des résultats.
Si un lecteur de ce blogue veut éclairer ma lanterne à ce sujet, je lui en serais très reconnaissant.
Comment qualifier ces résultats?
Or, que remarque-t-on quant aux résultats des jeunes Québécois depuis 2000? Ceux-ci sont stables ou connaissent une légère baisse si l'on se fie à cet autre texte du Devoir.
«L'enquête, qui a fait de l'évaluation des compétences en lecture sa priorité en 2009, tout en comparant les résultats avec ceux de 2000, révèle que les scores de lecture ont diminué de façon significative dans cinq des dix provinces canadiennes, soit à l'Île-du-Prince-Édouard, au Manitoba, au Québec, en Saskatchewan et en Alberta. Un examen par province démontre également que la proportion d'élèves très performants a diminué de 5 à 12 points de pourcentage dans sept des dix provinces, et le Québec en fait partie.»
Mais voilà mon premier dilemme: peut-on rattacher ces résultats à la réforme qu'a connue le Québec? En effet, bien des gens indiquent que la réforme ne s'est pas véritablement rendue jusqu'au secondaire. Si tel est le cas, on doit donc blâmer les méthodes actuellement utilisées dans nos classes et les revoir. Mais si ce n'est pas le cas et que la réforme est bien implantée, on doit nécessairement s'interroger sur les méthodes préconisées par celle-ci, non?
Par ailleurs, quand on entreprend une réforme des méthodes d'enseignement, on le fait normalement pour que cela se traduise sous forme de progrès. Or, aux tests PISA, le Québec se maintient. On pourrait alors tout aussi bien affirmer qu'il stagne parce que les efforts, le temps et l'énergie investis dans le cadre de ce Renouveau n'ont pas donné de résultats positifs significatifs supplémentaires.
Il faut être complètement déconnectée de la réalité pour écrire un texte intitulé «Enfin du bon de la réforme» alors que, dans les faits, les résultats des jeunes Québécois se sont simplement maintenus, quand ils n'ont pas tout simplement régressé.
De même, comme je l'ai mentionné, on ne peut que sourciller quand on lit un texte intitulé «La réforme contesté mais efficace» où l'on explique que «La fameuse réforme de l'éducation n'aura finalement pas été si néfaste pour les jeunes Québécois.» Restons dans la pensée positive et citons le président de la Centrale des syndicats du Québec, Réjean Parent: «On est obligé de constater aujourd'hui que la réforme n'a pas produit une génération de cancres.» Elle n'a pas non plus tenu les promesses de réussite qu'elle avait faites. Et on ne parle même pas du décrochage scolaire!
Soyons fiers de notre système scolaire québécois?
Tout cela m'amène à cette lettre signée par de nombreux universitaires québécois, dont je sais que quelques-uns ont fait la promotion du Renouveau pédagogique.
Peut-on être fier du système scolaire québécois? Oui et non.
Chose certaine, on pouvait sûrement être plus fiers encore en 2000 quand les résultats québécois de l'époque étaient supérieurs à ceux d'aujourd'hui. Pour le plaisir de la chose, citons le ministre de l'Éducation de l'époque, François Legault, qui déclarait alors: « Autant en lecture, en mathématique qu’en sciences, les jeunes du Québec sont dans le peloton de tête et se situent parmi les meilleurs dans les pays de l’OCDE. Nous pouvons être fiers d’eux, de leurs enseignants et du système d’éducation qui les a amenés à réaliser une pareille performance.»
Mais où étaient donc certains des signataires de cette lettre à l'époque? En train de dénigrer le système scolaire, qui a pourtant produit les meilleurs résultats obtenus par les élèves québécois aux tests PISA, pour le remplacer par un autre – sous l’égide du Renouveau pédagogique - qui ne se révèle finalement pas meilleur. Qui plus est, cet état de fait est d’autant plus décevant que les tests PISA mesurent des compétences, une des bases de cette réforme. Comment peut-on alors être fiers de notre système scolaire si nos élèves ne sont pas meilleurs aujourd’hui après tous ces changements qui auraient dû normalement les avantager?
Que nous disent maintenant les signataires de cette lettre? Qu'ils sont des «universitaires fiers de leur école compétente». Cette désignation est très révélatrice, on le verra. Contrairement au ministre Legault, pas un mot à propos d'une fierté qu'on pourrait éprouver à l'égard des élèves et de leurs enseignants. Tout le mérite semble revenir à un système, à des structures, à des programmes.
Ne soyons pas dupes: derrière cette lettre se cache en fait un réquisitoire pour maintenir les bases du Renouveau pédagogique. Point à la ligne. Ainsi, ces universitaires condamnent ce qu'ils appellent «le recul sur le bulletin unique» et le retour au redoublement, par exemple. Ils dénoncent également l'argent dépensé pour ramener ces mesures: «Or, cette dépense est démesurée. Tout le branle-bas de combat pour mettre en oeuvre un bulletin unique ne laisse plus de place à la recherche de moyens pour aider les élèves en difficultés, par exemple.»
Pourtant, un léger recul historique nous apprend que les résultats des élèves québécois étaient sensiblement supérieurs avant l'implantation de la réforme défendue par ces universitaires. Qui plus est, ces réformes, qui préconisent une approche par compétence, aurait dû normalement se traduire par de meilleurs résultats, ce qui fait qu'on puisse parler de résultats qui stagnent.
Par ailleurs, il faut un certain culot pour demander qu'on cesse de dénigrer le système actuel tel que réformé. Un certain culot parce que certains des signatures de cette lettre n'ont eu de cesse de dénigrer le système scolaire précédent qui donnait pourtant des résultats somme tout similaires ou supérieurs à celui d'aujourd'hui en terme de tests PISA. Les «bonnes vieilles méthodes», comme ils les qualifient en dévalorisant le travail du personnel scolaire, pourtant professionnel de l'enseignement, semblaient ne pas s'en tirer trop mal, finalement.
Comment peut-on également dénoncer l'argent dépensé pour élaborer et implanter un bulletin unique alors que le MELS, sous la férule de certains pédagogues universitaires avec lesquels ils ont tout au moins des affinités, a carburé pendant treize années sur des bases pédagogiques qui n'ont pas tenu leurs promesses de réussite? On parle ici rien de moins que de milliards de dollars investis en formation ou en achat de livres et de matériel. Quand ces signataires invoquent l'idée qu'il faudrait consacrer ces sommes «à la recherche de moyens pour aider les élèves en difficultés, par exemple», faut-il leur rappeler que le nombre de ceux-ci n'a jamais été aussi important tout comme celui des décrocheurs alors que le renouveau se targuait d'être une solution à ces problèmes? Que de drames scolaires et humains aurait-on pu régler si on n’avait pas gaspillé tant d’énergie et d’argent pour si peu ?
Pour toutes ces raisons, je crois que la fierté dont parle cette lettre n'en est une que de parure. Je suis également d'avis ceux qui l'ont signée et qui ont contribué par leurs efforts au Renouveau pédagogique devraient, à défaut de questionner l'efficacité de leurs actions, ne pas revendiquer indirectement des succès dans lesquels leur mérite est bien relatif. Enfin, ces signataires auraient dû avoir l’honnêteté intellectuelle de ne pas utiliser les résultats des jeunes Québécois aux tests PISA pour promouvoir et justifier des idéologies pédagogiques qui sont loin d'avoir fait leurs preuves.
Une partie de mes diverses réactions est reliée à cette lettre signée par divers universitaires qui indiquent qu'on doit être fier du système d'éducation québécois. J'y reviendrai un peu plus loin dans ce billet, mais faisons tout d'abord un tour d'horizon des tests PISA et des résultats québécois.
Les tests PISA
Je ne ferai pas ici une longue description des tests PISA et me bornerai à recopier cet extrait tiré d'un article du Devoir qui résume assez bien la chose.
«Critiqués par plusieurs experts, les classements PISA (Program for International Student Assessment) sont devenus la bible de nombreux ministres de l'Éducation dans le monde. Ils sont administrés dans 65 pays tous les trois ans à 470 000 jeunes de 15 ans quel que soit leur parcours scolaire. L'enquête est publiée par l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) qui regroupe 34 pays parmi les plus développés du monde. Les tests ne mesurent pas les savoirs, mais quelques habiletés de base en lecture, en mathématiques et en science. Habiletés qui, disent les chercheurs, permettent de participer de manière «productive à la vie» dans un «univers mondialisé». Cette année, les tests ont mis l'accent sur la lecture, notamment sur ordinateurs (digital texts) plutôt que de livres ou d'imprimés.»
«Utilisés par certains gouvernements pour définir les politiques en éducation, les tests PISA ont souvent été critiqués parce qu'ils n'évaluent que certaines compétences de base, mais aucun savoir. Comme ils ne recoupent qu'une mince partie des programmes scolaires, «on ne peut pas considérer que PISA évalue la qualité globale de notre système éducatif», écrivait le mathématicien français Antoine Bodin qui rejette l'idée d'un classement entre des systèmes scolaires aussi différents.»
On comprend donc que ces tests ne mesurent pas des connaissances, mais des compétences. Un élève français, qui est déclassé par un jeune Québécois, peut donc avoir une culture générale et historique cent fois plus étendue, mais ces tests ne tiendront pas compte.
Tests PISA et les élèves québécois
Une petite parenthèse quant à l'échantillon des élèves québécois qui ont participé à ces tests PISA.
Premièrement, comme je l'ai mentionné dans un billet précédent, cet échantillon comprend une légère surévalution d'élèves performants.
Deuxièmement, j'ignore si les tests PISA prennent en compte le taux de décrochage scolaire. Au Québec, depuis 1998, il s'établissait à 22,5% comparativement à 15% dans les autres pays de l'OCDE. Si on ne tient pas compte de cette variable, voilà une façon incroyable de «buster» des résultats.
Si un lecteur de ce blogue veut éclairer ma lanterne à ce sujet, je lui en serais très reconnaissant.
Comment qualifier ces résultats?
Or, que remarque-t-on quant aux résultats des jeunes Québécois depuis 2000? Ceux-ci sont stables ou connaissent une légère baisse si l'on se fie à cet autre texte du Devoir.
«L'enquête, qui a fait de l'évaluation des compétences en lecture sa priorité en 2009, tout en comparant les résultats avec ceux de 2000, révèle que les scores de lecture ont diminué de façon significative dans cinq des dix provinces canadiennes, soit à l'Île-du-Prince-Édouard, au Manitoba, au Québec, en Saskatchewan et en Alberta. Un examen par province démontre également que la proportion d'élèves très performants a diminué de 5 à 12 points de pourcentage dans sept des dix provinces, et le Québec en fait partie.»
Mais voilà mon premier dilemme: peut-on rattacher ces résultats à la réforme qu'a connue le Québec? En effet, bien des gens indiquent que la réforme ne s'est pas véritablement rendue jusqu'au secondaire. Si tel est le cas, on doit donc blâmer les méthodes actuellement utilisées dans nos classes et les revoir. Mais si ce n'est pas le cas et que la réforme est bien implantée, on doit nécessairement s'interroger sur les méthodes préconisées par celle-ci, non?
Par ailleurs, quand on entreprend une réforme des méthodes d'enseignement, on le fait normalement pour que cela se traduise sous forme de progrès. Or, aux tests PISA, le Québec se maintient. On pourrait alors tout aussi bien affirmer qu'il stagne parce que les efforts, le temps et l'énergie investis dans le cadre de ce Renouveau n'ont pas donné de résultats positifs significatifs supplémentaires.
Il faut être complètement déconnectée de la réalité pour écrire un texte intitulé «Enfin du bon de la réforme» alors que, dans les faits, les résultats des jeunes Québécois se sont simplement maintenus, quand ils n'ont pas tout simplement régressé.
De même, comme je l'ai mentionné, on ne peut que sourciller quand on lit un texte intitulé «La réforme contesté mais efficace» où l'on explique que «La fameuse réforme de l'éducation n'aura finalement pas été si néfaste pour les jeunes Québécois.» Restons dans la pensée positive et citons le président de la Centrale des syndicats du Québec, Réjean Parent: «On est obligé de constater aujourd'hui que la réforme n'a pas produit une génération de cancres.» Elle n'a pas non plus tenu les promesses de réussite qu'elle avait faites. Et on ne parle même pas du décrochage scolaire!
Soyons fiers de notre système scolaire québécois?
Tout cela m'amène à cette lettre signée par de nombreux universitaires québécois, dont je sais que quelques-uns ont fait la promotion du Renouveau pédagogique.
Peut-on être fier du système scolaire québécois? Oui et non.
Chose certaine, on pouvait sûrement être plus fiers encore en 2000 quand les résultats québécois de l'époque étaient supérieurs à ceux d'aujourd'hui. Pour le plaisir de la chose, citons le ministre de l'Éducation de l'époque, François Legault, qui déclarait alors: « Autant en lecture, en mathématique qu’en sciences, les jeunes du Québec sont dans le peloton de tête et se situent parmi les meilleurs dans les pays de l’OCDE. Nous pouvons être fiers d’eux, de leurs enseignants et du système d’éducation qui les a amenés à réaliser une pareille performance.»
Mais où étaient donc certains des signataires de cette lettre à l'époque? En train de dénigrer le système scolaire, qui a pourtant produit les meilleurs résultats obtenus par les élèves québécois aux tests PISA, pour le remplacer par un autre – sous l’égide du Renouveau pédagogique - qui ne se révèle finalement pas meilleur. Qui plus est, cet état de fait est d’autant plus décevant que les tests PISA mesurent des compétences, une des bases de cette réforme. Comment peut-on alors être fiers de notre système scolaire si nos élèves ne sont pas meilleurs aujourd’hui après tous ces changements qui auraient dû normalement les avantager?
Que nous disent maintenant les signataires de cette lettre? Qu'ils sont des «universitaires fiers de leur école compétente». Cette désignation est très révélatrice, on le verra. Contrairement au ministre Legault, pas un mot à propos d'une fierté qu'on pourrait éprouver à l'égard des élèves et de leurs enseignants. Tout le mérite semble revenir à un système, à des structures, à des programmes.
Ne soyons pas dupes: derrière cette lettre se cache en fait un réquisitoire pour maintenir les bases du Renouveau pédagogique. Point à la ligne. Ainsi, ces universitaires condamnent ce qu'ils appellent «le recul sur le bulletin unique» et le retour au redoublement, par exemple. Ils dénoncent également l'argent dépensé pour ramener ces mesures: «Or, cette dépense est démesurée. Tout le branle-bas de combat pour mettre en oeuvre un bulletin unique ne laisse plus de place à la recherche de moyens pour aider les élèves en difficultés, par exemple.»
Pourtant, un léger recul historique nous apprend que les résultats des élèves québécois étaient sensiblement supérieurs avant l'implantation de la réforme défendue par ces universitaires. Qui plus est, ces réformes, qui préconisent une approche par compétence, aurait dû normalement se traduire par de meilleurs résultats, ce qui fait qu'on puisse parler de résultats qui stagnent.
Par ailleurs, il faut un certain culot pour demander qu'on cesse de dénigrer le système actuel tel que réformé. Un certain culot parce que certains des signatures de cette lettre n'ont eu de cesse de dénigrer le système scolaire précédent qui donnait pourtant des résultats somme tout similaires ou supérieurs à celui d'aujourd'hui en terme de tests PISA. Les «bonnes vieilles méthodes», comme ils les qualifient en dévalorisant le travail du personnel scolaire, pourtant professionnel de l'enseignement, semblaient ne pas s'en tirer trop mal, finalement.
Comment peut-on également dénoncer l'argent dépensé pour élaborer et implanter un bulletin unique alors que le MELS, sous la férule de certains pédagogues universitaires avec lesquels ils ont tout au moins des affinités, a carburé pendant treize années sur des bases pédagogiques qui n'ont pas tenu leurs promesses de réussite? On parle ici rien de moins que de milliards de dollars investis en formation ou en achat de livres et de matériel. Quand ces signataires invoquent l'idée qu'il faudrait consacrer ces sommes «à la recherche de moyens pour aider les élèves en difficultés, par exemple», faut-il leur rappeler que le nombre de ceux-ci n'a jamais été aussi important tout comme celui des décrocheurs alors que le renouveau se targuait d'être une solution à ces problèmes? Que de drames scolaires et humains aurait-on pu régler si on n’avait pas gaspillé tant d’énergie et d’argent pour si peu ?
Pour toutes ces raisons, je crois que la fierté dont parle cette lettre n'en est une que de parure. Je suis également d'avis ceux qui l'ont signée et qui ont contribué par leurs efforts au Renouveau pédagogique devraient, à défaut de questionner l'efficacité de leurs actions, ne pas revendiquer indirectement des succès dans lesquels leur mérite est bien relatif. Enfin, ces signataires auraient dû avoir l’honnêteté intellectuelle de ne pas utiliser les résultats des jeunes Québécois aux tests PISA pour promouvoir et justifier des idéologies pédagogiques qui sont loin d'avoir fait leurs preuves.
11 décembre 2010
Se refuser à l'amélioration
Certains de nos jeunes ne savent pas plus lire, écrire et compter qu'avant. Mais maintenant, au moins, ils réussissent à ne pas le faire avec les nouveaux enseignements qu'on nous a imposés. Est-ce mieux?
- le prof masqué
******************
Je suis sidéré par ce que je viens de lire. Dans La Presse, on traite ce matin de notre voisin ontarien et de ses résultats en ce qui a trait à la lecture selon les tests PISA.
Les moyens ontariens mis de l'avant
La journaliste explique tout d'abord les différents mécanismes mis en place par le gouvernement de cette province pour y parvenir.
1- Augmentation de 40% du financement en éducation depuis 2003.
2- Mesure chaque année des volets lecture, écriture et mathématiques auprès des élèves de première, troisième et neuvième année par le biais de tests administrés par l'Office de la qualité et de la responsabilité en éducation (OQRE), un organisme provincial indépendant financé par le gouvernement ontarien.
3- Aide apportée aux écoles qui n'atteignent pas les cibles par le biais du Secrétariat à la littéracie et à la numératie, mis sur pied en 2003, et de ses quelque 80 «agents du rendement des élèves».
4- Mesure, dès leur entrée en maternelle, des forces et des faiblesses des élèves en lecture, écriture et mathématiques.
5- Nomination d'un responsable de l'apprentissage de la lecture par école. «On met énormément d'efforts entre la première et la troisième année, parce que c'est à ce moment que se joue le principal de la compréhension des jeunes élèves en lecture», dit M. Benoît, directeur de l'éducation du Conseil des écoles publiques de l'est de l'Ontario (CEPEO).
Des résultats
- En lecture, les élèves du Québec obtient 522 points en lecture. Les élèves de l'Ontario, 531.
«En 2002, seulement 54% des jeunes Ontariens de troisième et sixième années avaient des résultats supérieurs à la moyenne provinciale dans les matières de base. Cette année, ils sont 68%, une augmentation de 50 000 élèves.»
«Depuis l'implantation de ces méthodes, le CEPEO a vu son taux de réussite en troisième année passer de 47 à 70% en lecture. En sixième année, ce taux est passé de 67 à 78%. «Ça marche très bien», affirme M. Benoît. Cette réussite a un effet direct sur le taux d'obtention du diplôme d'études secondaires: à la seule CEPEO, il est passé de 88 à 94% en cinq ans. À l'échelle provinciale, le taux d'obtention du diplôme d'études secondaires était de 79% en 2008-2009 en Ontario, une augmentation de 11% en cinq ans.»
Des dérapages
Bien sûr, qui dit tests dit risques de tricherie. Dix écoles sur cinq mille ont été prises à tricher aux examens nationaux. Mais quand on pense qu'au Québec, c'est le MELS lui-même qui définit les programmes, crée les examens, parfois les corrige et finit par s'auto-évaluer, on se dit que cela ne peut pas être pire.
Un autre conséquence de ces tests est que certaines écoles accordent plus d'importance aux matières de base qu'à des matières comme les sciences, l'histoire, les études sociales et les arts. La Fédération des enseignants de l'élémentaire de l'Ontario (FEEO) dénonce d'ailleurs ce fait. Et vous savez quoi? Je suis très à l'aise qu'on s'assure de montre à lire, à écrire et à compter aux enfants avant de tenter de leur enseigner autre chose.
Stupéfaction sidérale
Là où je suis sidéré, c'est lorsque je prends connaissance des propos de Louise Lafortune, professeure au département des sciences de l'éducation à l'Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR). Je voudrais bien croire qu'elle ait été mal citée, mais l'ensemble de ses interventions tendent à prouver le contraire.
Pour cette hérault de la réforme scolaire au Québec, le Québec ne devrait pas imiter ce qui a été fait en Ontario. D'après elle, les résultats des élèves québécois sont tout à fait louables: «Ça fait 10 ans qu'on tape sur le système de l'éducation québécois. Mais on est parmi les meilleurs au monde! Pourquoi ne pas regarder nos bons coups?» On croirait entendre Michelle Courchesne.
De plus, Mme Lafortune est d'avis que la situation du Québec est enviable puisque ce dernier obtient des résultats supérieurs à d'autres pays francophones: le Québec a obtenu un score de 522 en lecture, la Belgique, 506, la Suisse, 501 et la France, 496. «Le Québec n'a absolument pas à être gêné! indique Mme Lafortune. Il ne faut pas faire table rase sur ce qu'on a accompli simplement pour imiter l'Ontario.»
Attendez mais, si je comprends bien ce raisonnement, pourquoi le Renouveau pédagogique au Québec si on était déjà parmi «les meilleurs au monde»? Également, en connaissez-vous des gens qui ne cherchent pas à s'améliorer? À lire ce texte de La Presse, Mme Lafortune semble appartenir à cette catégorie. De plus, quand elle parle ce que le Québec «a accompli», de quoi parle-t-elle au fait? Du fait qu'en 15 ans, les performances du Québec aux tests PISA stagnent ou sont en légère régression malgré tout le branle-bas pédagogique qu'elle a contribué à imposer? Du décrochage scolaire qui ne se résorbe pas?
Une lutte de valeurs pédagogiques
Ma conviction est que certaines personnes n'ont pas tant voulu «améliorer» les choses que les changer pour qu'elles correspondent à leurs convictions pédagogiques personnelles. Cet extrait d'un texte de Philippe Meireux, souvent cité dans le cadre du Renouveau, semble d'ailleurs conforter cette piste:
«Voilà qui devrait décourager définitivement toute velléité applicationniste : les résultats proches obtenus par la Finlande et la Corée du Sud ne permettent de conclure “scientifiquement” ni à l’impératif de s’aligner sur la Finlande, ni à celui de s’aligner sur la Corée du Sud. Ils nous obligent, en revanche, à examiner ces modèles sous l’angle non seulement de leurs résultats, mais surtout de leurs valeurs. Plus encore, ils nous contraignent à nous poser la question de notre propre système de valeurs. Si nous voulons améliorer nos performances, voulons-nous le faire avec les méthodes de la Finlande, de la Corée du Sud ou, mieux encore, avec nos propres méthodes qui restent à inventer ?»
Certains de nos jeunes ne savent pas plus lire, écrire et compter qu'avant. Mais maintenant, au moins, ils réussissent à ne pas le faire avec les nouveaux enseignements qu'on nous a imposés. Est-ce mieux? On a tout voulu changer et on n'est pas plus efficace.
Une dernière chose: il me semble clair que le monde de l'éducation a été le lieu d'une terrible lutte idéologique depuis 15 ans. Les considérations idéologiques ont souvent pris le pas sur le bien véritable de l'élève. Et je perçois aujourd'hui que plusieurs partisans de la Réforme sont des adeptes du statut quo et ils feront tout pour ralentir les nouvelles mesures mises de l'avant par Mme Courchesne et Beauchamp. Actuellement dans l'ombre, ils attendent patiemment l'élection d'un Parti québécois dont la chef est plutôt sympathique à leurs visions des choses.
Misère! On n'est pas sortis de l'auberge, croyez-moi.
- le prof masqué
******************
Je suis sidéré par ce que je viens de lire. Dans La Presse, on traite ce matin de notre voisin ontarien et de ses résultats en ce qui a trait à la lecture selon les tests PISA.
Les moyens ontariens mis de l'avant
La journaliste explique tout d'abord les différents mécanismes mis en place par le gouvernement de cette province pour y parvenir.
1- Augmentation de 40% du financement en éducation depuis 2003.
2- Mesure chaque année des volets lecture, écriture et mathématiques auprès des élèves de première, troisième et neuvième année par le biais de tests administrés par l'Office de la qualité et de la responsabilité en éducation (OQRE), un organisme provincial indépendant financé par le gouvernement ontarien.
3- Aide apportée aux écoles qui n'atteignent pas les cibles par le biais du Secrétariat à la littéracie et à la numératie, mis sur pied en 2003, et de ses quelque 80 «agents du rendement des élèves».
4- Mesure, dès leur entrée en maternelle, des forces et des faiblesses des élèves en lecture, écriture et mathématiques.
5- Nomination d'un responsable de l'apprentissage de la lecture par école. «On met énormément d'efforts entre la première et la troisième année, parce que c'est à ce moment que se joue le principal de la compréhension des jeunes élèves en lecture», dit M. Benoît, directeur de l'éducation du Conseil des écoles publiques de l'est de l'Ontario (CEPEO).
Des résultats
- En lecture, les élèves du Québec obtient 522 points en lecture. Les élèves de l'Ontario, 531.
«En 2002, seulement 54% des jeunes Ontariens de troisième et sixième années avaient des résultats supérieurs à la moyenne provinciale dans les matières de base. Cette année, ils sont 68%, une augmentation de 50 000 élèves.»
«Depuis l'implantation de ces méthodes, le CEPEO a vu son taux de réussite en troisième année passer de 47 à 70% en lecture. En sixième année, ce taux est passé de 67 à 78%. «Ça marche très bien», affirme M. Benoît. Cette réussite a un effet direct sur le taux d'obtention du diplôme d'études secondaires: à la seule CEPEO, il est passé de 88 à 94% en cinq ans. À l'échelle provinciale, le taux d'obtention du diplôme d'études secondaires était de 79% en 2008-2009 en Ontario, une augmentation de 11% en cinq ans.»
Des dérapages
Bien sûr, qui dit tests dit risques de tricherie. Dix écoles sur cinq mille ont été prises à tricher aux examens nationaux. Mais quand on pense qu'au Québec, c'est le MELS lui-même qui définit les programmes, crée les examens, parfois les corrige et finit par s'auto-évaluer, on se dit que cela ne peut pas être pire.
Un autre conséquence de ces tests est que certaines écoles accordent plus d'importance aux matières de base qu'à des matières comme les sciences, l'histoire, les études sociales et les arts. La Fédération des enseignants de l'élémentaire de l'Ontario (FEEO) dénonce d'ailleurs ce fait. Et vous savez quoi? Je suis très à l'aise qu'on s'assure de montre à lire, à écrire et à compter aux enfants avant de tenter de leur enseigner autre chose.
Stupéfaction sidérale
Là où je suis sidéré, c'est lorsque je prends connaissance des propos de Louise Lafortune, professeure au département des sciences de l'éducation à l'Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR). Je voudrais bien croire qu'elle ait été mal citée, mais l'ensemble de ses interventions tendent à prouver le contraire.
Pour cette hérault de la réforme scolaire au Québec, le Québec ne devrait pas imiter ce qui a été fait en Ontario. D'après elle, les résultats des élèves québécois sont tout à fait louables: «Ça fait 10 ans qu'on tape sur le système de l'éducation québécois. Mais on est parmi les meilleurs au monde! Pourquoi ne pas regarder nos bons coups?» On croirait entendre Michelle Courchesne.
De plus, Mme Lafortune est d'avis que la situation du Québec est enviable puisque ce dernier obtient des résultats supérieurs à d'autres pays francophones: le Québec a obtenu un score de 522 en lecture, la Belgique, 506, la Suisse, 501 et la France, 496. «Le Québec n'a absolument pas à être gêné! indique Mme Lafortune. Il ne faut pas faire table rase sur ce qu'on a accompli simplement pour imiter l'Ontario.»
Attendez mais, si je comprends bien ce raisonnement, pourquoi le Renouveau pédagogique au Québec si on était déjà parmi «les meilleurs au monde»? Également, en connaissez-vous des gens qui ne cherchent pas à s'améliorer? À lire ce texte de La Presse, Mme Lafortune semble appartenir à cette catégorie. De plus, quand elle parle ce que le Québec «a accompli», de quoi parle-t-elle au fait? Du fait qu'en 15 ans, les performances du Québec aux tests PISA stagnent ou sont en légère régression malgré tout le branle-bas pédagogique qu'elle a contribué à imposer? Du décrochage scolaire qui ne se résorbe pas?
Une lutte de valeurs pédagogiques
Ma conviction est que certaines personnes n'ont pas tant voulu «améliorer» les choses que les changer pour qu'elles correspondent à leurs convictions pédagogiques personnelles. Cet extrait d'un texte de Philippe Meireux, souvent cité dans le cadre du Renouveau, semble d'ailleurs conforter cette piste:
«Voilà qui devrait décourager définitivement toute velléité applicationniste : les résultats proches obtenus par la Finlande et la Corée du Sud ne permettent de conclure “scientifiquement” ni à l’impératif de s’aligner sur la Finlande, ni à celui de s’aligner sur la Corée du Sud. Ils nous obligent, en revanche, à examiner ces modèles sous l’angle non seulement de leurs résultats, mais surtout de leurs valeurs. Plus encore, ils nous contraignent à nous poser la question de notre propre système de valeurs. Si nous voulons améliorer nos performances, voulons-nous le faire avec les méthodes de la Finlande, de la Corée du Sud ou, mieux encore, avec nos propres méthodes qui restent à inventer ?»
Certains de nos jeunes ne savent pas plus lire, écrire et compter qu'avant. Mais maintenant, au moins, ils réussissent à ne pas le faire avec les nouveaux enseignements qu'on nous a imposés. Est-ce mieux? On a tout voulu changer et on n'est pas plus efficace.
Une dernière chose: il me semble clair que le monde de l'éducation a été le lieu d'une terrible lutte idéologique depuis 15 ans. Les considérations idéologiques ont souvent pris le pas sur le bien véritable de l'élève. Et je perçois aujourd'hui que plusieurs partisans de la Réforme sont des adeptes du statut quo et ils feront tout pour ralentir les nouvelles mesures mises de l'avant par Mme Courchesne et Beauchamp. Actuellement dans l'ombre, ils attendent patiemment l'élection d'un Parti québécois dont la chef est plutôt sympathique à leurs visions des choses.
Misère! On n'est pas sortis de l'auberge, croyez-moi.
Après la sexualité, l'informatique?
La sexualité est devenue, avec la réforme, une matière qui devait être intégrée dans l'ensemble des cours. Même chose avec l'informatique.
Bien sûr, le cours d'informatique pouvait parfois être associé à une récréation. On montrait à des élèves des notions que certains savaient déjà ou qui leur seraient tout à fait inutiles. À quoi sert de programmer en cobol ou un truc du genre? Développer un sens logique, d'accord. Mais sinon?
Un élément du cours d'informatique n'est cependant plus enseigné et c'est fort regrettable à l'heure où chacun de mes élèves a un portable en classe: avoir son doigté au clavier. Bien sûr, il existe des logiciels qui peuvent le leur montrer, mais très peu le savent ou les utilisent.
Je regarde donc mes élèves taper à deux doigts comme moi et je me dis que l'éducation n'a pas effectué de progrès en ce domaine en 30 ans.
À lire: ce texte de Daphné Dion-Viens
Bien sûr, le cours d'informatique pouvait parfois être associé à une récréation. On montrait à des élèves des notions que certains savaient déjà ou qui leur seraient tout à fait inutiles. À quoi sert de programmer en cobol ou un truc du genre? Développer un sens logique, d'accord. Mais sinon?
Un élément du cours d'informatique n'est cependant plus enseigné et c'est fort regrettable à l'heure où chacun de mes élèves a un portable en classe: avoir son doigté au clavier. Bien sûr, il existe des logiciels qui peuvent le leur montrer, mais très peu le savent ou les utilisent.
Je regarde donc mes élèves taper à deux doigts comme moi et je me dis que l'éducation n'a pas effectué de progrès en ce domaine en 30 ans.
À lire: ce texte de Daphné Dion-Viens
09 décembre 2010
Sexualité: formation obligatoire dans des cours existants
Que ceux qui s'attendaient à un retour des cours d'éducation à la sexualité lisent ce texte de Daphné Dion-Viens publié dans Le Soleil. Ils y apprendront qu'on sait pas encore quelle forme prendra ceux-ci, mais on apprend les éléments suivants.
Ainsi, on ajouterait des blocs de formation obligatoire sur l'éducation à la sexualité dans les cours existants comme sciences et technologie, éthique et culture religieuse ou éducation physique et à la santé, indique l'attaché de presse de la ministre de l'Éducation, M. Leclerc.
L'idée est théoriquement bonne, mais pourquoi ai-je cette impression qu'on va saupoudrer l'éducation sexuelle de nos jeunes à droite et à gauche en la confiant à des profs qu'on devra former là-dessus et qui ne seront peut-être même pas à l'aise de le faire?
Ainsi, on ajouterait des blocs de formation obligatoire sur l'éducation à la sexualité dans les cours existants comme sciences et technologie, éthique et culture religieuse ou éducation physique et à la santé, indique l'attaché de presse de la ministre de l'Éducation, M. Leclerc.
L'idée est théoriquement bonne, mais pourquoi ai-je cette impression qu'on va saupoudrer l'éducation sexuelle de nos jeunes à droite et à gauche en la confiant à des profs qu'on devra former là-dessus et qui ne seront peut-être même pas à l'aise de le faire?
Test PISA: les résultats du Québec avec un grain de sel?
On parle beaucoup des résultats du Québec aux tests PISA. Il est ironique de voir des gens qui, une année disent qu'il ne faut pas dramatiser avec ces chiffres, affirmer la suivante que les élèves du Québec connaissent une performance exceptionnelle. De mon côté, vous le savez, avec 13 ans de réforme et des milliards dépensés en suivant cette initiative pédagogique, je m'attendrais à plus que des résultats qui stagnent...
Mais en même temps, je me rappelle qu'il faut prendre les résultats des élèves québécois aux tests PISA avec un certain recul parce que le nombre d'élèves qui ont répondu à ceux-ci soulevait certains questionnements. D'ailleurs, le Québec est la seule province canadienne qui ne satisfaisait pas aux exigences du PISA. Si, en conclusion , Statistique Canada affirmait que «la qualité des données canadiennes, y compris celles du Québec, était suffisante pour qu’on puisse les inclure dans les ensembles de données du PISA sans restrictions», on indiquait:
«...les résultats de l’évaluation linguistique provinciale révèlent que les élèves répondants ont obtenu une note légèrement plus élevée que les élèves non répondants (74,9 par rapport à 72,6, respectivement, sur une échelle de 100 points, selon les données non pondérées, et 74,0 par rapport à 71,9 selon les données pondérées). Cette différence est significative, même si l’écart est petit, et le rendement à l’évaluation linguistique provinciale demeure significatif après la réalisation d’une analyse de régression logistique dans laquelle le système scolaire anglophone ou francophone, la taille de l’école, le milieu socioéconomique, le sexe, et la fréquentation d’une école privée ou publique sont inclus dans le modèle.»
Et si je me souviens bien, il y a avait un autre facteur à prendre en compte également mais, bien honnêtement, je ne m'en souviens plus.
Mais en même temps, je me rappelle qu'il faut prendre les résultats des élèves québécois aux tests PISA avec un certain recul parce que le nombre d'élèves qui ont répondu à ceux-ci soulevait certains questionnements. D'ailleurs, le Québec est la seule province canadienne qui ne satisfaisait pas aux exigences du PISA. Si, en conclusion , Statistique Canada affirmait que «la qualité des données canadiennes, y compris celles du Québec, était suffisante pour qu’on puisse les inclure dans les ensembles de données du PISA sans restrictions», on indiquait:
«...les résultats de l’évaluation linguistique provinciale révèlent que les élèves répondants ont obtenu une note légèrement plus élevée que les élèves non répondants (74,9 par rapport à 72,6, respectivement, sur une échelle de 100 points, selon les données non pondérées, et 74,0 par rapport à 71,9 selon les données pondérées). Cette différence est significative, même si l’écart est petit, et le rendement à l’évaluation linguistique provinciale demeure significatif après la réalisation d’une analyse de régression logistique dans laquelle le système scolaire anglophone ou francophone, la taille de l’école, le milieu socioéconomique, le sexe, et la fréquentation d’une école privée ou publique sont inclus dans le modèle.»
Et si je me souviens bien, il y a avait un autre facteur à prendre en compte également mais, bien honnêtement, je ne m'en souviens plus.
08 décembre 2010
Quel titre honteux!
Il faut lire le titre du texte d'Ariane Lacoursière à propos des résultats au tests du PISA. Un grand n'importe quoi! Je sais que les journaliste ne sont pas responsables des titres de leurs textes, alors je me garderai une petite gêne. Le titre du texte : «La réforme contestée mais efficace». Efficace? Efficace alors qu'au maximum, après 13 ans d'implantation et des milliards de dollars de dépensés, les résultats des élèves sont stables ou en légère régression? N'importe quoi. Vraiment. Surtout quand la première phrase de cet article est: «La fameuse réforme de l'éducation n'aura finalement pas été si néfaste pour les jeunes Québécois.» Pas si néfaste.
Réjouissons-nous! Mais quel gaspillage de temps, d'énergie et d'argent pour finalement si peu!
À cet égard, j'aime mieux la réaction du directeur général du Conseil des ministres de l'Éducation du Canada, Andrew Parkin: «Nos résultats sont bons, mais ils stagnent. D'autres pays progressent, de nouveaux pays s'ajoutent au classement et le poussent vers le haut. Il faut continuer de faire des progrès.»
Réjouissons-nous! Mais quel gaspillage de temps, d'énergie et d'argent pour finalement si peu!
À cet égard, j'aime mieux la réaction du directeur général du Conseil des ministres de l'Éducation du Canada, Andrew Parkin: «Nos résultats sont bons, mais ils stagnent. D'autres pays progressent, de nouveaux pays s'ajoutent au classement et le poussent vers le haut. Il faut continuer de faire des progrès.»
Pauvre madame Bouchard!
Certains individus ne manquent jamais une occasion de s'illustrer. Une preuve de cela est la réaction de Josée Bouchard, présidente de la Fédération des commissions scolaires du Québec. On a appris hier que les résultats des élèves québécois aux tests du programme international du suivi des acquis (PISA).
Pour les analystes, les élèves québécois ont connu une baisse significative en lecture depuis dix ans, passant sous la moyenne canadienne. En sciences, là aussi, on assiste à une baisse, mais rien de significatif compte tenu de la marge d'erreur. Notons cependant qu'ici aussi, nos jeunes sont maintenant sous la moyenne canadienne. En maths, par contre, le Québec garde toujours son excellente position.
Réaction de la madame à ces résultats? «Malgré [...] toutes les critiques formulées à l'endroit du système public d'éducation au Québec, notamment au sujet de la réforme, les résultats du PISA sont la preuve que nous devons être fiers de nos élèves et valoriser davantage l'école publique»
La réforme, cette improvisation pédagogique qui devait RÉVOLUTIONNER l'enseignement et permettre à nos élèves d'être MEILLEURS alors que, manifestement, ils ne sont pas vraiment améliorés? La réforme, cette opération dans laquelle on a investi des milliards en 12 ans? La réforme, dont un des fers de lance devait être l'enseignement des sciences dans lequel on a investi tant de fric pour des nouveaux laboratoires, du nouveau matériel et j'en passe!
Mais pourquoi parler de la réforme?
Pour les analystes, les élèves québécois ont connu une baisse significative en lecture depuis dix ans, passant sous la moyenne canadienne. En sciences, là aussi, on assiste à une baisse, mais rien de significatif compte tenu de la marge d'erreur. Notons cependant qu'ici aussi, nos jeunes sont maintenant sous la moyenne canadienne. En maths, par contre, le Québec garde toujours son excellente position.
Réaction de la madame à ces résultats? «Malgré [...] toutes les critiques formulées à l'endroit du système public d'éducation au Québec, notamment au sujet de la réforme, les résultats du PISA sont la preuve que nous devons être fiers de nos élèves et valoriser davantage l'école publique»
La réforme, cette improvisation pédagogique qui devait RÉVOLUTIONNER l'enseignement et permettre à nos élèves d'être MEILLEURS alors que, manifestement, ils ne sont pas vraiment améliorés? La réforme, cette opération dans laquelle on a investi des milliards en 12 ans? La réforme, dont un des fers de lance devait être l'enseignement des sciences dans lequel on a investi tant de fric pour des nouveaux laboratoires, du nouveau matériel et j'en passe!
Mais pourquoi parler de la réforme?
06 décembre 2010
Une éducation adaptée aux besoins de tous
La douance scolaire a ceci de particulier qu'elle n'est pas toujours là où on la croit. On l'associe souvent à des nerds à lunettes qui connaissent par coeur le tableau périodique des éléments en chimie. On a moins tendance cependant à la voir chez un élève décrocheur avec un chandail d'Iron Maiden ou encore chez ce jeune habillé à la société Saint-Vincent-de-Paul.
J'ai souvent oeuvré avec des élèves doués, des bolles, des monstres dont les habiletés scolaires me dépassaient largement. Différents des autres, ils avaient en commun leur soif d'apprendre, mais aussi une fragilité émotive qui me faisait penser à des purs-sangs. Ces élèves ne sont pas comme les autres et ils leur arrivent de s'ennuyer ferme en classe. Parfois, ils font même des mauvais coups pour se distraire, pour acquérir un certain statut aux yeux de leurs collègues de classe, pour se démarquer. J'en connais quelques-uns qui auraient même pu verser dans la criminalité si on ne s'était pas sainement occupé d'eux. Parfois, leurs parents n'ont ni les capacités intellectuelles ni les moyens financiers pour les accompagner. Certains réussiront malgré tout à atteindre les buts qu'ils se seront fixés dans la vie; d'autres n'exploiteront jamais leur plein potentiel.
Ces élèves sont souvent négligés en éducation. On les inscrit dans des programmes performants mais qui ne correspondent pas à ce qu'ils sont. On les retrouve dans des programmes d'éducation international, par exemple, alors qu'ils n'en ont rien à foutre des aires d'interaction. Sauf qu'ils sont parqués là parce que, sinon, ils s'ennuieraient encore plus au secteur ordinaire.
Mais la douance scolaire a la vie difficile au Québec. Certains parents imaginent leur enfant comme étant un petit Mozart et l'écrasent sous le poids de leurs attentes. D'autres ne veulent pas accepter qu'il soit différent. Enfin, il y a notre société pseudo égalitaire qui refuse d'aider ceux qui auraient plus de chances. On imagine qu'un élève doué ne devrait pas avoir un traitement différent des autres. Ce serait comme si on lui faisait une faveur, comme s'il devait déjà se considérer chanceux d'être doué.
Pourtant, pour avoir vu ce que c'est d'être différent de la sorte, pour avoir entendu ces jeunes se plaindre de ne pas être comme les autres, pour voir à quel point ils sont parfois stigmatisés en classe ordinaire, je ne peux que saluer cette initiative de la commission scolaire Marguerite-Bourgeois.
Reste à voir comment se traduira concrètement celle-ci.
J'ai souvent oeuvré avec des élèves doués, des bolles, des monstres dont les habiletés scolaires me dépassaient largement. Différents des autres, ils avaient en commun leur soif d'apprendre, mais aussi une fragilité émotive qui me faisait penser à des purs-sangs. Ces élèves ne sont pas comme les autres et ils leur arrivent de s'ennuyer ferme en classe. Parfois, ils font même des mauvais coups pour se distraire, pour acquérir un certain statut aux yeux de leurs collègues de classe, pour se démarquer. J'en connais quelques-uns qui auraient même pu verser dans la criminalité si on ne s'était pas sainement occupé d'eux. Parfois, leurs parents n'ont ni les capacités intellectuelles ni les moyens financiers pour les accompagner. Certains réussiront malgré tout à atteindre les buts qu'ils se seront fixés dans la vie; d'autres n'exploiteront jamais leur plein potentiel.
Ces élèves sont souvent négligés en éducation. On les inscrit dans des programmes performants mais qui ne correspondent pas à ce qu'ils sont. On les retrouve dans des programmes d'éducation international, par exemple, alors qu'ils n'en ont rien à foutre des aires d'interaction. Sauf qu'ils sont parqués là parce que, sinon, ils s'ennuieraient encore plus au secteur ordinaire.
Mais la douance scolaire a la vie difficile au Québec. Certains parents imaginent leur enfant comme étant un petit Mozart et l'écrasent sous le poids de leurs attentes. D'autres ne veulent pas accepter qu'il soit différent. Enfin, il y a notre société pseudo égalitaire qui refuse d'aider ceux qui auraient plus de chances. On imagine qu'un élève doué ne devrait pas avoir un traitement différent des autres. Ce serait comme si on lui faisait une faveur, comme s'il devait déjà se considérer chanceux d'être doué.
Pourtant, pour avoir vu ce que c'est d'être différent de la sorte, pour avoir entendu ces jeunes se plaindre de ne pas être comme les autres, pour voir à quel point ils sont parfois stigmatisés en classe ordinaire, je ne peux que saluer cette initiative de la commission scolaire Marguerite-Bourgeois.
Reste à voir comment se traduira concrètement celle-ci.
05 décembre 2010
Cachez ce pénis... ce sperme... que des parents ne sauraient voir. (partie 2)
Pathfinder y va d'un commentaire intéressant sur le sujet abordé dans un billet précédent. Comme il s'interroge un peu sur la réaction des directions d'école dans de pareils cas, j'ai eu l'idée de mettre en lien ici l'entrevue qu'accordait le directeur général de la commission scolaire Marie-Victorin , André Byette, à l'émission Puisqu'il faut se lever de Paul Arcand. Et ne reculant devant rien, je vous en donne même le verbatim pour que vous puissiez former votre propre jugement sur cette affaire ou, tout au moins, une partie. Le mien suivra.
Arcand: Le directeur-général de la commission scolaire est avec nous, monsieur André Byette. Bonjour, monsieur Byette.
Byette : Bonjour, monsieur Arcand.
Arcand: D'abord, l'enseignante qui a distribué le questionnaire, si je comprends bien, a été relevée de ses fonctions?
Byette: On appelle cela une assignation administrative, c'est-à-dire qu'on la retire de la classe pour qu'elle n'ait pas de contact avec les élèves le temps de l'enquête administrative. On ne peut pas condamner une personne comme ça sur la place publique. On lui dit: «Regarde, on va être prudent et, en attendant qu'on est terminé notre enquête, on va te suspendre de tes fonctions.»
Arcand: À votre connaissance, le questionnaire en question, c'est l'enseignante qui l'a préparé ou c'est un questionnaire qui existe ailleurs dans le réseau?
Byette: Actuellement... Non, ça n'existe pas ailleurs dans le réseau. C'est à partir de préoccupations d'élèves, semble-t-il. Je dis bien semble-t-il. Je vous rappelle qu'on est en enquête administrative. Elle aurait préparé ce questionnaire sous l'angle de «Vrai ou faux?» à partir des préoccupations des élèves.
Arcand: Quand vous dites «de la préoccupation de ses élèves», de ses élèves à elle? des préoccupations soulevées en classe?
Byette: Exactement.
Arcand: Par des élèves?
Byette: Tout à fait. C'est actuellement ce qu'on entend.
Arcand: Ok, donc des jeunes de 13 ans qui auraient dit par exemple: «Est-ce que c'est vrai que les personnes noires ont des plus gros pénis?» et ce genre d'interrogations qu'on retrouve dans ce questionnaire?
Byette: Semble-t-il, semble-t-il... Et c'est pour cela qu'on est en enquête. Mais même, même si c'était cela, cela ne justifie pas la mise en place d'un questionnaire de cet ordre-là. Je le répète et je ne suis pas gêné de le dire, la nuit ne m'a pas fait changer d'opinion là-dessus. Je considère que le questionnaire, il y a des questions qui sont extrêmement douteuses même si l'intention était bonne. Elles n'ont pas leur place.
Arand: Je comprends que l'intention, c'est de combattre les clichés ou la discrimination, mais disons que c'est un peu raide pour des jeunes de 13 ans, peut-être?
Byette: C'est un peu raide pour des jeunes, tout court. (Rites) À mon sens, écoutez, en quoi ça peut faire tomber des préjugés que de demander si le sperme est sucré, pis ça fait maigrir? Moi, je me garderais une petite gêne pour poser ce genre de questions à des ados. Vous savez, je suis un père de famille. J'ai eu des enfants et j'ai maintenant des petits-enfants. Je ne souhaiterais pas que mes petits-enfants se fassent poser ce genre de questions-là en classe.
Arcand: Mais je vous ai posé la question à savoir si c'était un cas du professeur dans sa classe parce que je reçois des courriels ce matin de parents qui me disent que leurs enfant ont eu à peu près le même genre de questions dans une autre commission scolaire.
Byette: Ce que je vous dis, c'est que l'information que j'ai actuellement, c'est un questionnaire qui est une initiative de l'enseignante.
Arcand: Ok. Elle a quelle sorte d'expérience, l'enseignante.
Byette: Je rentrerai pas dans des détails de cette nature-là, monsieur Arcand. Ce sont des renseignements nominatifs que je ne peux pas vous livrer. Tout renseignement nominatif qui permettrait d'identifier la personne, je ne ferai pas ça.
Arcand: Mais vous ne pouvez pas me dire si c'est quelqu'un qui a peu d'expérience ou énormément d'expérience?
Byette: C'est une personne qui a pas des tonnes d'expérience.
Arcand: Et vous prévoyez compléter votre enquête à quel moment?
Byette: Euh... le plus rapidement possible. Je vous dirais d'ici la fin de la semaine.
Arand: Et donc, c'est un professeur qui remplace pendant la nouvelle affectation?
Byette: Exactement.
Arcand: Merci, monsieur Byette.
Si je décortique cette entrevue, plusieurs points ne peuvent que venir à mon esprit.
1- En quoi consiste cette enquête? Que reproche-t-on concrètement à cette enseignante? Et sur quelles bases pédagogiques ou psychologiques formelles le fait-on?
2- Quant à moi, même si M. Byette affirme qu'on «ne peut pas condamner une personne comme ça sur la place publique», le cas de cette enseignante est déjà jugé. Par exemple, on le remarque quand ce directeur général affirme: «Je considère que le questionnaire, il y a des questions qui sont extrêmement douteuses même si l'intention était bonne. Elles n'ont pas leur place.» Il ne semble pas comprendre la démarche pédagogique de l'enseignante lorsqu'il indique: «À mon sens, écoutez, en quoi ça peut faire tomber des préjugés que de demander si le sperme est sucré, pis ça fait maigrir?» S'est-on interrogé sur le contexte dans lequel ce questionnaire a été distribué et exploité en classe? Dans la même veine d'idée, si je fais lire Tintin au Congo en classe, cela fait-il automatiquement de moi un raciste?
3- Le directeur général de cette commission scolaire parle de ce cas en invoquant uniquement son expérience et ses valeurs propres. Son argumentaire est hautement personnel. «Vous savez, je suis un père de famille. J'ai eu des enfants et j'ai maintenant des petits-enfants. Je ne souhaiterais pas que mes petits-enfants se fassent poser ce genre de questions-là en classe.» Où sont les avis de spécialistes? Sans méchanceté, on comprend que les enfants de M. Byette sont d'une autre génération que ceux qui sont dans les classes de sa commission scolaire et que son expérience de parent date de plusieurs années.
4- Enfin, l'expérience d'un enseignant est-elle un renseignement nominatif? Je me pose cette question parce que c'est l'argument que M. Byette invoque pour ne pas répondre à une question à ce propos de M. Arcand. Question à laquelle il répondra pourtant cinq secondes plus tard quand il dira: «C'est une personne qui a pas des tonnes d'expérience.» Un peu contradictoire, non?
À mon avis, c'est parce que ce sujet est relié à la sexualité qu'on réagit autant. Point. À la ligne. Quand je pense que je côtoie des collègues qui présentent à leurs élèves des tas de films violents et sexistes pour les occuper ou les récompenser... et que je n'ai jamais vu un parent s'en plaindre.
Arcand: Le directeur-général de la commission scolaire est avec nous, monsieur André Byette. Bonjour, monsieur Byette.
Byette : Bonjour, monsieur Arcand.
Arcand: D'abord, l'enseignante qui a distribué le questionnaire, si je comprends bien, a été relevée de ses fonctions?
Byette: On appelle cela une assignation administrative, c'est-à-dire qu'on la retire de la classe pour qu'elle n'ait pas de contact avec les élèves le temps de l'enquête administrative. On ne peut pas condamner une personne comme ça sur la place publique. On lui dit: «Regarde, on va être prudent et, en attendant qu'on est terminé notre enquête, on va te suspendre de tes fonctions.»
Arcand: À votre connaissance, le questionnaire en question, c'est l'enseignante qui l'a préparé ou c'est un questionnaire qui existe ailleurs dans le réseau?
Byette: Actuellement... Non, ça n'existe pas ailleurs dans le réseau. C'est à partir de préoccupations d'élèves, semble-t-il. Je dis bien semble-t-il. Je vous rappelle qu'on est en enquête administrative. Elle aurait préparé ce questionnaire sous l'angle de «Vrai ou faux?» à partir des préoccupations des élèves.
Arcand: Quand vous dites «de la préoccupation de ses élèves», de ses élèves à elle? des préoccupations soulevées en classe?
Byette: Exactement.
Arcand: Par des élèves?
Byette: Tout à fait. C'est actuellement ce qu'on entend.
Arcand: Ok, donc des jeunes de 13 ans qui auraient dit par exemple: «Est-ce que c'est vrai que les personnes noires ont des plus gros pénis?» et ce genre d'interrogations qu'on retrouve dans ce questionnaire?
Byette: Semble-t-il, semble-t-il... Et c'est pour cela qu'on est en enquête. Mais même, même si c'était cela, cela ne justifie pas la mise en place d'un questionnaire de cet ordre-là. Je le répète et je ne suis pas gêné de le dire, la nuit ne m'a pas fait changer d'opinion là-dessus. Je considère que le questionnaire, il y a des questions qui sont extrêmement douteuses même si l'intention était bonne. Elles n'ont pas leur place.
Arand: Je comprends que l'intention, c'est de combattre les clichés ou la discrimination, mais disons que c'est un peu raide pour des jeunes de 13 ans, peut-être?
Byette: C'est un peu raide pour des jeunes, tout court. (Rites) À mon sens, écoutez, en quoi ça peut faire tomber des préjugés que de demander si le sperme est sucré, pis ça fait maigrir? Moi, je me garderais une petite gêne pour poser ce genre de questions à des ados. Vous savez, je suis un père de famille. J'ai eu des enfants et j'ai maintenant des petits-enfants. Je ne souhaiterais pas que mes petits-enfants se fassent poser ce genre de questions-là en classe.
Arcand: Mais je vous ai posé la question à savoir si c'était un cas du professeur dans sa classe parce que je reçois des courriels ce matin de parents qui me disent que leurs enfant ont eu à peu près le même genre de questions dans une autre commission scolaire.
Byette: Ce que je vous dis, c'est que l'information que j'ai actuellement, c'est un questionnaire qui est une initiative de l'enseignante.
Arcand: Ok. Elle a quelle sorte d'expérience, l'enseignante.
Byette: Je rentrerai pas dans des détails de cette nature-là, monsieur Arcand. Ce sont des renseignements nominatifs que je ne peux pas vous livrer. Tout renseignement nominatif qui permettrait d'identifier la personne, je ne ferai pas ça.
Arcand: Mais vous ne pouvez pas me dire si c'est quelqu'un qui a peu d'expérience ou énormément d'expérience?
Byette: C'est une personne qui a pas des tonnes d'expérience.
Arcand: Et vous prévoyez compléter votre enquête à quel moment?
Byette: Euh... le plus rapidement possible. Je vous dirais d'ici la fin de la semaine.
Arand: Et donc, c'est un professeur qui remplace pendant la nouvelle affectation?
Byette: Exactement.
Arcand: Merci, monsieur Byette.
Si je décortique cette entrevue, plusieurs points ne peuvent que venir à mon esprit.
1- En quoi consiste cette enquête? Que reproche-t-on concrètement à cette enseignante? Et sur quelles bases pédagogiques ou psychologiques formelles le fait-on?
2- Quant à moi, même si M. Byette affirme qu'on «ne peut pas condamner une personne comme ça sur la place publique», le cas de cette enseignante est déjà jugé. Par exemple, on le remarque quand ce directeur général affirme: «Je considère que le questionnaire, il y a des questions qui sont extrêmement douteuses même si l'intention était bonne. Elles n'ont pas leur place.» Il ne semble pas comprendre la démarche pédagogique de l'enseignante lorsqu'il indique: «À mon sens, écoutez, en quoi ça peut faire tomber des préjugés que de demander si le sperme est sucré, pis ça fait maigrir?» S'est-on interrogé sur le contexte dans lequel ce questionnaire a été distribué et exploité en classe? Dans la même veine d'idée, si je fais lire Tintin au Congo en classe, cela fait-il automatiquement de moi un raciste?
3- Le directeur général de cette commission scolaire parle de ce cas en invoquant uniquement son expérience et ses valeurs propres. Son argumentaire est hautement personnel. «Vous savez, je suis un père de famille. J'ai eu des enfants et j'ai maintenant des petits-enfants. Je ne souhaiterais pas que mes petits-enfants se fassent poser ce genre de questions-là en classe.» Où sont les avis de spécialistes? Sans méchanceté, on comprend que les enfants de M. Byette sont d'une autre génération que ceux qui sont dans les classes de sa commission scolaire et que son expérience de parent date de plusieurs années.
4- Enfin, l'expérience d'un enseignant est-elle un renseignement nominatif? Je me pose cette question parce que c'est l'argument que M. Byette invoque pour ne pas répondre à une question à ce propos de M. Arcand. Question à laquelle il répondra pourtant cinq secondes plus tard quand il dira: «C'est une personne qui a pas des tonnes d'expérience.» Un peu contradictoire, non?
À mon avis, c'est parce que ce sujet est relié à la sexualité qu'on réagit autant. Point. À la ligne. Quand je pense que je côtoie des collègues qui présentent à leurs élèves des tas de films violents et sexistes pour les occuper ou les récompenser... et que je n'ai jamais vu un parent s'en plaindre.
Stationnement, civisme et école
Depuis que mon blogue est plutôt connu de mes collègues, je me retiens d'aborder certains sujets ou de faire part de mes humeurs personnelles. Ce matin fera exception.
Dans un billet assez récent, Renart traitait du civisme des automobilistes quand vient le temps de stationner. À mon école, aussi bien le dire, le respect des places de stationnement pour personnes à mobilité réduite est devenu depuis quelques années une de mes préoccupations.
J'ai tout d'abord découvert qu'on ne retrouvait aucune indication claire qui indiquait la place de stationnement prévue à cet effet (à l'époque, il n'y en avait qu'une seule). Ensuite, on m'a fait remarqué qu'il existerait un nombre minimal de places à accorder aux gens à mobilité réduite. Celui-ci tiendrait compte de certains facteurs que je n'ai jamais trop cherché à savoir.
J'ai donc effectué diverses démarches auprès de la direction de mon école pour qu'on corrige une situation qui ne respectait pas la loi. Compte tenu du rythme auquel les choses changent dans le milieu scolaire, le tout a été fait assez rapidement.
Ce qui me choque encore aujourd'hui est de voir des parents et des collègues ne pas respecter la vocation de ces espaces de stationnement. J'ai beaucoup de difficulté à comprendre que, dans une maison d'éducation, certains collègues ne puissent pas faire montre d'un comportement civique et donner le bon exemple en cette matière.
Là où je suis aussi choqué est que ces gestes d'incivisme sont commis impunément. Les autorités de mon école ne poussent pas plus qu'il ne le faut pour que soit appliquée la législation en cette matière. D'un côté, je comprends qu'il existe des dossiers plus prioritaires et qu'on soit débordé. Mais de l'autre...
L'utilisation des places de stationnement pour personnes à mobilité réduite est donc contrôlée de façon plutôt anarchique à mon école. Tout comme l'utilisation du stationnement le soir des rencontres de parents, d'ailleurs. Là, tout semble permis: stationnement en double, dans des zones interdites pour permettre l'accès à des véhicules d'urgence, devant les bornes-fontaine, etc. Personne n'y trouve à redire. Et certains directeurs ne veulent pas appeler les policiers pour faire appliquer la loi parce qu'ils ne veulent pas se mettre à dos des parents ou des collègues. Il est évidemment plus facile de se mettre à dos une personne à mobilité réduite qu'on ne connait pas ou qui ne viendra pas se plaindre...
Je sais, je sais: je suis idéaliste et cela me conduira à ma perte. Pourtant, il me semble qu'un éducateur doit être animé par des idéaux, non?
Dans un billet assez récent, Renart traitait du civisme des automobilistes quand vient le temps de stationner. À mon école, aussi bien le dire, le respect des places de stationnement pour personnes à mobilité réduite est devenu depuis quelques années une de mes préoccupations.
J'ai tout d'abord découvert qu'on ne retrouvait aucune indication claire qui indiquait la place de stationnement prévue à cet effet (à l'époque, il n'y en avait qu'une seule). Ensuite, on m'a fait remarqué qu'il existerait un nombre minimal de places à accorder aux gens à mobilité réduite. Celui-ci tiendrait compte de certains facteurs que je n'ai jamais trop cherché à savoir.
J'ai donc effectué diverses démarches auprès de la direction de mon école pour qu'on corrige une situation qui ne respectait pas la loi. Compte tenu du rythme auquel les choses changent dans le milieu scolaire, le tout a été fait assez rapidement.
Ce qui me choque encore aujourd'hui est de voir des parents et des collègues ne pas respecter la vocation de ces espaces de stationnement. J'ai beaucoup de difficulté à comprendre que, dans une maison d'éducation, certains collègues ne puissent pas faire montre d'un comportement civique et donner le bon exemple en cette matière.
Là où je suis aussi choqué est que ces gestes d'incivisme sont commis impunément. Les autorités de mon école ne poussent pas plus qu'il ne le faut pour que soit appliquée la législation en cette matière. D'un côté, je comprends qu'il existe des dossiers plus prioritaires et qu'on soit débordé. Mais de l'autre...
L'utilisation des places de stationnement pour personnes à mobilité réduite est donc contrôlée de façon plutôt anarchique à mon école. Tout comme l'utilisation du stationnement le soir des rencontres de parents, d'ailleurs. Là, tout semble permis: stationnement en double, dans des zones interdites pour permettre l'accès à des véhicules d'urgence, devant les bornes-fontaine, etc. Personne n'y trouve à redire. Et certains directeurs ne veulent pas appeler les policiers pour faire appliquer la loi parce qu'ils ne veulent pas se mettre à dos des parents ou des collègues. Il est évidemment plus facile de se mettre à dos une personne à mobilité réduite qu'on ne connait pas ou qui ne viendra pas se plaindre...
Je sais, je sais: je suis idéaliste et cela me conduira à ma perte. Pourtant, il me semble qu'un éducateur doit être animé par des idéaux, non?
04 décembre 2010
L'éducation et l'autorité à géométrie variable...
Je reprends ici un propos que j'ai émis en réponse à un commentaire de Jonathan concernant cette histoire de questionnaire sur la sexualité d'une enseignante d'une commission scolaire de la Rive-Sud.
Par ailleurs, vous me permettrez de soulever un point: sept directeurs d'école vont à Cancun sur le bras des contribuables et ils n'ont rien à leur dossier. Personne n'est blâmé. Rien. Le contraire aurait été étonnant puisque le voyage en question était implicitement cautionné par le MELS - peut-être la ministre elle-même - qui était au courant de ce dernier. Une enseignante passe un questionnaire à ses élèves qui soulève la colère de trois parents et elle est immédiatement suspendue. LaFontaine a écrit un belle fable à ce sujet, je crois.
Par ailleurs, vous me permettrez de soulever un point: sept directeurs d'école vont à Cancun sur le bras des contribuables et ils n'ont rien à leur dossier. Personne n'est blâmé. Rien. Le contraire aurait été étonnant puisque le voyage en question était implicitement cautionné par le MELS - peut-être la ministre elle-même - qui était au courant de ce dernier. Une enseignante passe un questionnaire à ses élèves qui soulève la colère de trois parents et elle est immédiatement suspendue. LaFontaine a écrit un belle fable à ce sujet, je crois.
02 décembre 2010
Entendu dans une classe ce matin...
- Neuf divisé par quatre, ça fait?
- Ça va nous servir à quoi de savoir ça?
Eh misère...
- Ça va nous servir à quoi de savoir ça?
Eh misère...
Cachez ce pénis... ce sperme... que des parents ne sauraient voir.
Il ne faut jamais parler de sexualité en classe. Jamais. Il faut laisser les élèves le faire seuls dans la cour d'école, sur Facebook, mais jamais en parler en classe. Voilà la morale qu'on peut tirer de ce qui survient à cette enseignante de la Rive-Sud (ici, ici et ici).
Cette dernière a conçu un questionnaire de type «vrai ou faux» à partir des préoccupations des élèves de deuxième secondaire de ses classes pour corriger les perceptions erronées qu'ils ont quant à la sexualité. Elle l'a soumis à ses élèves l'année dernière. Pas de problème. Elle le soumet à sa nouvelle cohorte cette année. Trois parents se plaignent formellement à la commission scolaire, elle est suspendue et elle fait les pages du JdeM.
Sur les ondes d'une radio de Québec, une de ses anciennes élèves confiait: «Peut-être que les questions sont crues, mais elles viennent de nous. [Ce qui lui arrive] me fait vraiment de la peine. C'est une super bonne prof d'éthique et culture religieuse.»
Quant à moi, on nage en pleine hypocrisie dans tout cet incident et les questions posées par l'enseignante semblaient fort légitimes. «Ce questionnaire, je le trouve douteux, même pour des étudiants de niveau collégial, lance le directeur général de la commission scolaire Marie-Victorin, André Byette. On désapprouve le contenu de certaines questions. C'est totalement inadéquat. En quoi ça peut aider l'éducation à la sexualité des adolescents? Il y a des liens que je ne fais pas.»
Alors, aidons un peu M. Byette à faire des liens et allons-y avec deux questions.
«Le sperme est sucré et fait maigrir.» Réfuter un argument utilisé par certains garçons pour convaincre les filles d'avaler leur sperme, une pratique sexuelle dangereuse.
«Quand j'ai mes règles, je dois accepter la pénétration anale si je veux avoir une relation sexuelle.» Encore une fois, démonter un argument utilisé par certains garçons pour convaincre les filles d'avoir une relation anale, une autre pratique sexuelle dangereuse.
Bon, vous avez compris le topo, je pense. Il faut savoir que bien des jeunes vivent une sexualité active en deuxième secondaire et n'en parlent pas avec leurs parents. Personnellement, dans certains cas, je comprends pourquoi. Au primaire une directrice me racontait qu’elle avait interrompu à temps le tournage d’un film porno…
Si, à la suite de cet incident, la sexologue Julie Pelletier affirme qu’il faudrait un intervenant relié à ce dossier dans chaque école, il en faudrait souvent aussi un dans certaines familles, croyez-moi parce que bien des parents ont la tête dans le sable en ce qui concerne la sexualité de leur enfant.
Certains parents veulent que l’école aborde le volet sexualité, mais en tenant compte de leurs valeurs et non pas en fonction des questions de leurs enfants tels qu'ils existent réellement ou du contexte sexuel dans lequel ils baignent. Par contre, allez chez eux et vous découvrirez qu'ils laissent leur enfant surfer sur Internet sans aucune supervision, par exemple. Combien de familles ont une option internet (gratuite chez certains fournisseurs) restreignant l'accès à certains sites explicites, vous croyez?
Je repense à la conclusion de mon précédent billet sur les NTIC (mon meilleur depuis des lustres) et je la trouve fort à propos pour ce sujet. Alors, je ne me gêne pas et changez les mots qui doivent l'être:
À mon avis, on doit accompagner les élèves dans ce nouvel univers virtuel de l’information et de la communication si on veut comprendre comment ils s’en servent et les éduquer, les guider dans leurs choix. Si on ne le fait pas, ils l’exploreront seuls, sans notre expérience et notre sagesse pour leur indiquer l’importance de respecter certaines balises et principes éthiques.
Est-ce vraiment cela que nous voulons comme éducateurs?
Cette dernière a conçu un questionnaire de type «vrai ou faux» à partir des préoccupations des élèves de deuxième secondaire de ses classes pour corriger les perceptions erronées qu'ils ont quant à la sexualité. Elle l'a soumis à ses élèves l'année dernière. Pas de problème. Elle le soumet à sa nouvelle cohorte cette année. Trois parents se plaignent formellement à la commission scolaire, elle est suspendue et elle fait les pages du JdeM.
Sur les ondes d'une radio de Québec, une de ses anciennes élèves confiait: «Peut-être que les questions sont crues, mais elles viennent de nous. [Ce qui lui arrive] me fait vraiment de la peine. C'est une super bonne prof d'éthique et culture religieuse.»
Quant à moi, on nage en pleine hypocrisie dans tout cet incident et les questions posées par l'enseignante semblaient fort légitimes. «Ce questionnaire, je le trouve douteux, même pour des étudiants de niveau collégial, lance le directeur général de la commission scolaire Marie-Victorin, André Byette. On désapprouve le contenu de certaines questions. C'est totalement inadéquat. En quoi ça peut aider l'éducation à la sexualité des adolescents? Il y a des liens que je ne fais pas.»
Alors, aidons un peu M. Byette à faire des liens et allons-y avec deux questions.
«Le sperme est sucré et fait maigrir.» Réfuter un argument utilisé par certains garçons pour convaincre les filles d'avaler leur sperme, une pratique sexuelle dangereuse.
«Quand j'ai mes règles, je dois accepter la pénétration anale si je veux avoir une relation sexuelle.» Encore une fois, démonter un argument utilisé par certains garçons pour convaincre les filles d'avoir une relation anale, une autre pratique sexuelle dangereuse.
Bon, vous avez compris le topo, je pense. Il faut savoir que bien des jeunes vivent une sexualité active en deuxième secondaire et n'en parlent pas avec leurs parents. Personnellement, dans certains cas, je comprends pourquoi. Au primaire une directrice me racontait qu’elle avait interrompu à temps le tournage d’un film porno…
Si, à la suite de cet incident, la sexologue Julie Pelletier affirme qu’il faudrait un intervenant relié à ce dossier dans chaque école, il en faudrait souvent aussi un dans certaines familles, croyez-moi parce que bien des parents ont la tête dans le sable en ce qui concerne la sexualité de leur enfant.
Certains parents veulent que l’école aborde le volet sexualité, mais en tenant compte de leurs valeurs et non pas en fonction des questions de leurs enfants tels qu'ils existent réellement ou du contexte sexuel dans lequel ils baignent. Par contre, allez chez eux et vous découvrirez qu'ils laissent leur enfant surfer sur Internet sans aucune supervision, par exemple. Combien de familles ont une option internet (gratuite chez certains fournisseurs) restreignant l'accès à certains sites explicites, vous croyez?
Je repense à la conclusion de mon précédent billet sur les NTIC (mon meilleur depuis des lustres) et je la trouve fort à propos pour ce sujet. Alors, je ne me gêne pas et changez les mots qui doivent l'être:
À mon avis, on doit accompagner les élèves dans ce nouvel univers virtuel de l’information et de la communication si on veut comprendre comment ils s’en servent et les éduquer, les guider dans leurs choix. Si on ne le fait pas, ils l’exploreront seuls, sans notre expérience et notre sagesse pour leur indiquer l’importance de respecter certaines balises et principes éthiques.
Est-ce vraiment cela que nous voulons comme éducateurs?
30 novembre 2010
La fin du monde est arrivée... quelques fois
Depuis plus d’un an, à mon école, je travaille au sein d’un projet mettant en œuvre les nouvelles (?) technologies de l’information et de la communication, les fameuses NTIC. L’arrivée d’une batterie de portables et d’un réseau sans fil a suscité beaucoup d’appréhension et d’interrogations. On a toujours peur de ce que l’on ne connaît pas, semble-t-il. L’histoire nous l’a bien montré.
La galaxie de Gutenberg
Avec l’invention de l’imprimerie au 15e siècle, l’élite de l’époque avait annoncé la venue d’un monde terrifiant. La lecture étant un acte solitaire, on allait assister à la fin du tissu social. Prisonniers des livres, les gens allaient s’isoler et l’esprit des communautés, s’atrophier. Or, rien de tout cela ne s’est produit. L’impression a accentué un mouvement religieux naissant, le protestantisme, et créer véritablement une légion d’analphabètes. Lire n’étant plus le privilège des biens nantis qui pouvaient détenir de précieux livres, chaque citoyen, à l’image du roi du conte, découvrait qu’il était nu.
Pour Marshall McLuhan, dont la pensée est plus d’actualité que jamais, l’imprimerie allait surtout ouvrir la voie à un système politique : la démocratie. Si le savoir est synonyme de pouvoir, Gutenberg mettait en marche une véritable révolution politique.
La galaxie de Marconi
Au début des années 50, une autre révolution voyait le jour : celle de la télévision. Cette fois, en plus de la fin des valeurs sociales et familiales, les devins de l’époque annonçaient également la fin du livre et des journaux. Ce sont davantage les cinémas et les boites de nuit qui ont connu un rapide déclin.
La télévision est vite devenue une activité familiale alors que les journaux et les livres n’ont pas disparu. Plus encore qu’avec la Deuxième Guerre mondiale, on a assisté à la montée d’une conscience planétaire. Le petit écran abolissait les frontières.
La fin du monde version 2010
Depuis quelques années, on assiste à une nouvelle révolution : celle des NTIC. Encore une fois, les augures de malheur ont prédit la fin du livre, des journaux et du tissu social. Pourtat, un des changements de cette révolution est que les jeunes n’ont jamais autant lu ou écrit, jamais autant consulté de l’information, que ce soit par écrit ou sous un support imagé ou vidéo. Mais ce changement prend des formes qu’on ne soupçonnait pas toujours.
Au niveau de l’écriture, les NTIC remettent en question la langue française et toutes les langues dans leur ensemble. Internet est parfois devenu un espace où les règles de grammaire ne semblent pas exister pour plusieurs raisons. De plus, les jeunes ne se sentent pas la nécessité de les respecter dans ce monde où on retrouve peu de modèles et d’adultes qui le font. On revient également à une certaine oralité de la langue.
Il est faux cependant de croire que les jeunes écrivent comme ils le veulent. L’intelligibilité que doit posséder un message les oblige à respecter certaines limites qu’ils testent parfois avec maladresse. Il existe donc des nouvelles règles d’écriture, mais elles sont différentes et déterminées par des considérations parfois étonnantes. Par exemple, l’écriture à l’aide d’un clavier a des impacts sur la langue utilisée. Qui a envie de taper un mot complet quand une abréviation suffit? L’insertion dans un échange écrit de symboles mathématiques ou de caractères propres à un clavier n’est pas chose surprenante. Personnellement, j’ai tendance à supprimer les apostrophes et les majuscules. Une espace ou un point me semble des indices suffisants. Pourquoi doit-on être redondant si le message est suffisamment clair en lui-même?
Par ailleurs, aujourd’hui, on a accès en quelques secondes à des informations qui prenaient autrefois des heures et des heures à trouver. On peut entretenir une conversation avec un interlocuteur sur Facebook et inclure dans nos échanges des liens vers des sites ou des vidéos qui illustrent ou appuient nos propos. Ainsi, il m’est arrivé de parler de Bing Crosby avec un jeune (une photo de ce dernier me servant d’avatar ce jour-là) et je pouvais le diriger presque instantanément vers des extraits de films mis en ligne qui montraient les talents de danseur et de chanteur du célèbre crooner américain. Nous avons même poussé jusqu’à Gene Kelly que l’élève trouvait moins endormant. Autrefois, une telle démarche pédagogique aurait été, dans les faits, pratiquement impossible.
Il ne faut pas croire que la communication écrite disparaitra avec la montée des logiciels comme i Chat, par exemple. Les jeunes, avec qui j’ai discuté, adorent les échanges écrits parce qu’ils leur permettent de conserver un certain contrôle du temps dans les échanges. En ne voyant pas celui avec qui ils discutent, ils peuvent prendre leur temps pour trouver la bonne tournure de phrase ou effectuer une autre tâche. De même, en lecture, les documents écrits permettront toujours un survol rapide de ceux-ci, ce qui est impossible un document audio ou vidéo.
Quand je repense aux appréhensions qu’on peut avoir envers les NTIC, je me dis que ce n’est pas tant les technologies de l’information et des communications que l’usage qui en est fait que l’on doit questionner. Comme cela a toujours été la cas avec toute nouvelle technologie. À mon avis, on doit accompagner les élèves dans ce nouvel univers virtuel de l’information et de la communication si on veut comprendre comment ils s’en servent et les éduquer, les guider dans leurs choix. Si on ne le fait pas, ils l’exploreront seuls, sans notre expérience et notre sagesse pour leur indiquer l’importance de respecter certaines balises et principes éthiques.
Est-ce vraiment cela que nous voulons comme éducateurs?
La galaxie de Gutenberg
Avec l’invention de l’imprimerie au 15e siècle, l’élite de l’époque avait annoncé la venue d’un monde terrifiant. La lecture étant un acte solitaire, on allait assister à la fin du tissu social. Prisonniers des livres, les gens allaient s’isoler et l’esprit des communautés, s’atrophier. Or, rien de tout cela ne s’est produit. L’impression a accentué un mouvement religieux naissant, le protestantisme, et créer véritablement une légion d’analphabètes. Lire n’étant plus le privilège des biens nantis qui pouvaient détenir de précieux livres, chaque citoyen, à l’image du roi du conte, découvrait qu’il était nu.
Pour Marshall McLuhan, dont la pensée est plus d’actualité que jamais, l’imprimerie allait surtout ouvrir la voie à un système politique : la démocratie. Si le savoir est synonyme de pouvoir, Gutenberg mettait en marche une véritable révolution politique.
La galaxie de Marconi
Au début des années 50, une autre révolution voyait le jour : celle de la télévision. Cette fois, en plus de la fin des valeurs sociales et familiales, les devins de l’époque annonçaient également la fin du livre et des journaux. Ce sont davantage les cinémas et les boites de nuit qui ont connu un rapide déclin.
La télévision est vite devenue une activité familiale alors que les journaux et les livres n’ont pas disparu. Plus encore qu’avec la Deuxième Guerre mondiale, on a assisté à la montée d’une conscience planétaire. Le petit écran abolissait les frontières.
La fin du monde version 2010
Depuis quelques années, on assiste à une nouvelle révolution : celle des NTIC. Encore une fois, les augures de malheur ont prédit la fin du livre, des journaux et du tissu social. Pourtat, un des changements de cette révolution est que les jeunes n’ont jamais autant lu ou écrit, jamais autant consulté de l’information, que ce soit par écrit ou sous un support imagé ou vidéo. Mais ce changement prend des formes qu’on ne soupçonnait pas toujours.
Au niveau de l’écriture, les NTIC remettent en question la langue française et toutes les langues dans leur ensemble. Internet est parfois devenu un espace où les règles de grammaire ne semblent pas exister pour plusieurs raisons. De plus, les jeunes ne se sentent pas la nécessité de les respecter dans ce monde où on retrouve peu de modèles et d’adultes qui le font. On revient également à une certaine oralité de la langue.
Il est faux cependant de croire que les jeunes écrivent comme ils le veulent. L’intelligibilité que doit posséder un message les oblige à respecter certaines limites qu’ils testent parfois avec maladresse. Il existe donc des nouvelles règles d’écriture, mais elles sont différentes et déterminées par des considérations parfois étonnantes. Par exemple, l’écriture à l’aide d’un clavier a des impacts sur la langue utilisée. Qui a envie de taper un mot complet quand une abréviation suffit? L’insertion dans un échange écrit de symboles mathématiques ou de caractères propres à un clavier n’est pas chose surprenante. Personnellement, j’ai tendance à supprimer les apostrophes et les majuscules. Une espace ou un point me semble des indices suffisants. Pourquoi doit-on être redondant si le message est suffisamment clair en lui-même?
Par ailleurs, aujourd’hui, on a accès en quelques secondes à des informations qui prenaient autrefois des heures et des heures à trouver. On peut entretenir une conversation avec un interlocuteur sur Facebook et inclure dans nos échanges des liens vers des sites ou des vidéos qui illustrent ou appuient nos propos. Ainsi, il m’est arrivé de parler de Bing Crosby avec un jeune (une photo de ce dernier me servant d’avatar ce jour-là) et je pouvais le diriger presque instantanément vers des extraits de films mis en ligne qui montraient les talents de danseur et de chanteur du célèbre crooner américain. Nous avons même poussé jusqu’à Gene Kelly que l’élève trouvait moins endormant. Autrefois, une telle démarche pédagogique aurait été, dans les faits, pratiquement impossible.
Il ne faut pas croire que la communication écrite disparaitra avec la montée des logiciels comme i Chat, par exemple. Les jeunes, avec qui j’ai discuté, adorent les échanges écrits parce qu’ils leur permettent de conserver un certain contrôle du temps dans les échanges. En ne voyant pas celui avec qui ils discutent, ils peuvent prendre leur temps pour trouver la bonne tournure de phrase ou effectuer une autre tâche. De même, en lecture, les documents écrits permettront toujours un survol rapide de ceux-ci, ce qui est impossible un document audio ou vidéo.
Quand je repense aux appréhensions qu’on peut avoir envers les NTIC, je me dis que ce n’est pas tant les technologies de l’information et des communications que l’usage qui en est fait que l’on doit questionner. Comme cela a toujours été la cas avec toute nouvelle technologie. À mon avis, on doit accompagner les élèves dans ce nouvel univers virtuel de l’information et de la communication si on veut comprendre comment ils s’en servent et les éduquer, les guider dans leurs choix. Si on ne le fait pas, ils l’exploreront seuls, sans notre expérience et notre sagesse pour leur indiquer l’importance de respecter certaines balises et principes éthiques.
Est-ce vraiment cela que nous voulons comme éducateurs?
28 novembre 2010
La réussite éducative passe par l'activité physique
Il existe un message qu'on relaie souvent dans les médias avec lequel j'ai beaucoup de difficulté: la réussite scolaire passe par l'activité physique.
Voilà que Pascal-Pierre Paillé, député fédéral de Louis-Hébert, y va de son petit laïus dans Le Soleil : «L'éducation physique et à la santé ne sont pas assez présentes dans le calendrier scolaire. En faire une priorité avec une augmentation d'une heure par jour à tous les niveaux scolaires serait certes favorable pour les garçons qui ont besoin de dépenser leur énergie.»
Tout d'abord, ce député fait preuve de paresse intellectuelle en n'appuyant pas son propos par des études scientifiques. On nage dans des affirmations et dans ce que j'appelle des «opinions faciles». Des faits, validés, s'il vous plait. Là, on pourra véritablement discuter. Et quand il ajoute que les garçons ont besoin de bouger, j'aimerais bien qu'il dise «des garçons et des filles» au lieu de généraliser à outrance et de renforcer la caricature qu'on fait de ces derniers en les dépeignant sous les traits d'hyperactifs intenables en classe.
Ensuite, M. Paillé avance une mesure dont il n'estime absolument pas les coûts. On coupe une heure ailleurs dans la journée ou on en ajoute une? C'est une question à 250 millions. Juste augmenter de 18 minutes la journée scolaire au primaire a été un véritable bordel si on se fie à cet article. Et où va-t-on trouver les spécialistes et les espaces adéquats pour y parvenir quand on sait qu'on manque de gymnases et de profs dans nos écoles?
Enfin, pourquoi toujours demander à l'école de faire bouger les jeunes alors qu'il s'agit avant tout d'une responsabilité parentale? Combien de parents s'assurent que leur enfant fasse de l'activité physique et mangent convenablement à la maison?
Dans mon milieu scolaire, vous savez qui j'entends le plus parler de pratique sportive à l'extérieur de l'école: les filles. Et qui parle le plus de jeux vidéo? ... L'éducation à la santé et à la pratique sportive devrait être initiée et effectuée à la maison. Mais combien de parents prennent le temps de le faire? Combien de parents prennent du temps avec leur enfant de toute façon? Pas assez.
Si on veut que nos jeunes fassent une heure d'activité physique de plus par jour, pourquoi ne pas implanter un réseau de pistes cyclables sécuritaires pour qu'ils puissent se rendre à leur école en vélo? L'autobus jaune est-il toujours si nécessaire quand on parle de transport scolaire? Ne gagnerait-on pas à investir ailleurs que dans de circuits d'autobus?
Aujourd'hui, en banlieue, le moindre jeune vient à l'école en autobus scolaire ou en voiture. Par exemple, un élève du secondaire qui demeure à plus de 1,6 kilomètre de son école a droit au transport scolaire. Est-ce normal quand on sait qu'un être humain se déplace à pied en moyenne à 5km-h et à 20 km-h en vélo?
Voilà que Pascal-Pierre Paillé, député fédéral de Louis-Hébert, y va de son petit laïus dans Le Soleil : «L'éducation physique et à la santé ne sont pas assez présentes dans le calendrier scolaire. En faire une priorité avec une augmentation d'une heure par jour à tous les niveaux scolaires serait certes favorable pour les garçons qui ont besoin de dépenser leur énergie.»
Tout d'abord, ce député fait preuve de paresse intellectuelle en n'appuyant pas son propos par des études scientifiques. On nage dans des affirmations et dans ce que j'appelle des «opinions faciles». Des faits, validés, s'il vous plait. Là, on pourra véritablement discuter. Et quand il ajoute que les garçons ont besoin de bouger, j'aimerais bien qu'il dise «des garçons et des filles» au lieu de généraliser à outrance et de renforcer la caricature qu'on fait de ces derniers en les dépeignant sous les traits d'hyperactifs intenables en classe.
Ensuite, M. Paillé avance une mesure dont il n'estime absolument pas les coûts. On coupe une heure ailleurs dans la journée ou on en ajoute une? C'est une question à 250 millions. Juste augmenter de 18 minutes la journée scolaire au primaire a été un véritable bordel si on se fie à cet article. Et où va-t-on trouver les spécialistes et les espaces adéquats pour y parvenir quand on sait qu'on manque de gymnases et de profs dans nos écoles?
Enfin, pourquoi toujours demander à l'école de faire bouger les jeunes alors qu'il s'agit avant tout d'une responsabilité parentale? Combien de parents s'assurent que leur enfant fasse de l'activité physique et mangent convenablement à la maison?
Dans mon milieu scolaire, vous savez qui j'entends le plus parler de pratique sportive à l'extérieur de l'école: les filles. Et qui parle le plus de jeux vidéo? ... L'éducation à la santé et à la pratique sportive devrait être initiée et effectuée à la maison. Mais combien de parents prennent le temps de le faire? Combien de parents prennent du temps avec leur enfant de toute façon? Pas assez.
Si on veut que nos jeunes fassent une heure d'activité physique de plus par jour, pourquoi ne pas implanter un réseau de pistes cyclables sécuritaires pour qu'ils puissent se rendre à leur école en vélo? L'autobus jaune est-il toujours si nécessaire quand on parle de transport scolaire? Ne gagnerait-on pas à investir ailleurs que dans de circuits d'autobus?
Aujourd'hui, en banlieue, le moindre jeune vient à l'école en autobus scolaire ou en voiture. Par exemple, un élève du secondaire qui demeure à plus de 1,6 kilomètre de son école a droit au transport scolaire. Est-ce normal quand on sait qu'un être humain se déplace à pied en moyenne à 5km-h et à 20 km-h en vélo?
27 novembre 2010
Quand Pauline ne comprend pas
Pauline Marois commente le tout dernier sondage Crop-La Presse.
Ce dernier indique que le PQ, avec Gilles Duceppe, balaierait littéralement le Québec avec 49% des votes. Le PQ de Marois aurait 38% des votes contre le PLQ.
Mais là où c'est rigolo, c'est quand on découvre que Pierre Curzi ou Bernard Drainville ferait mieux qu'avec elle en obtenant 40 et 39% des suffrages. Quand des lieutenants donnent des résultats similaires que ceux de leur chef qui bénéficie normalement de plusieurs avantages médiatiques, il y a un problème. Mais madame Marois ne voit rien de cela.
Pis encore, on apprend que 77% des gens sondés croient que Jean Charest devrait quitter son poste contre 59% pour Pauline Marois. Quand on les questionne à savoir qui ferait le meilleur premier ministre, Mme Marois récolte 20 %, M. Charest 13 % et Gérard Deltell 8 %.
Pourquoi «pis encore»? Parce que c'est la même Pauline Marois qui n'arrive pas à se démarquer nettement d'un premier ministre qu'elle a qualifié récemment de pire «depuis trente ans».
Madame Marois semble nier les évidences les plus évidentes: «La façon dont je dirige le PQ depuis que je suis à la tête du parti a permis de retrouver la voie de la victoire.» Elle ne semble pas comprendre que les gens ne voteront pas pour elle, mais contre Jean Charest.
Celle-ci en rajoute: «Je veux qu'on m'évalue en fonction des résultats. Les résultats jusqu'à maintenant sont positifs et nous permettraient de remporter les prochaines élections.» Les résultats? Avec n'importe qui d'autre, le PQ serait encore plus populaire. Voilà les résultats.
Je ne peux pas croire que cette femme serait la prochaine première ministre. Le Québec a déjà assez souffert actuellement. Faudra-t-il qu'il s'en rajoute encore pour un autre mandat?
Ce dernier indique que le PQ, avec Gilles Duceppe, balaierait littéralement le Québec avec 49% des votes. Le PQ de Marois aurait 38% des votes contre le PLQ.
Mais là où c'est rigolo, c'est quand on découvre que Pierre Curzi ou Bernard Drainville ferait mieux qu'avec elle en obtenant 40 et 39% des suffrages. Quand des lieutenants donnent des résultats similaires que ceux de leur chef qui bénéficie normalement de plusieurs avantages médiatiques, il y a un problème. Mais madame Marois ne voit rien de cela.
Pis encore, on apprend que 77% des gens sondés croient que Jean Charest devrait quitter son poste contre 59% pour Pauline Marois. Quand on les questionne à savoir qui ferait le meilleur premier ministre, Mme Marois récolte 20 %, M. Charest 13 % et Gérard Deltell 8 %.
Pourquoi «pis encore»? Parce que c'est la même Pauline Marois qui n'arrive pas à se démarquer nettement d'un premier ministre qu'elle a qualifié récemment de pire «depuis trente ans».
Madame Marois semble nier les évidences les plus évidentes: «La façon dont je dirige le PQ depuis que je suis à la tête du parti a permis de retrouver la voie de la victoire.» Elle ne semble pas comprendre que les gens ne voteront pas pour elle, mais contre Jean Charest.
Celle-ci en rajoute: «Je veux qu'on m'évalue en fonction des résultats. Les résultats jusqu'à maintenant sont positifs et nous permettraient de remporter les prochaines élections.» Les résultats? Avec n'importe qui d'autre, le PQ serait encore plus populaire. Voilà les résultats.
Je ne peux pas croire que cette femme serait la prochaine première ministre. Le Québec a déjà assez souffert actuellement. Faudra-t-il qu'il s'en rajoute encore pour un autre mandat?
J'aime l'hiver
Aussi bien l'avouer, j'aime l'hiver. Depuis aussi longtemps qu'il m'en souvienne. J'attendais les premières neiges avec tant d'impatience cette année. Un peu à l'image d'un gamin qui trépigne quand il entend le mot «Noël». La première fut un beau cadeau de fête. Je sais: je ne suis pas normal, mais j'assume parfaitement ce côté blanc de ma personnalité.
Un des moments que j'aime de l'hiver est quand je suis couché bien au chaud dans mon lit, sous les couettes et les couvertes. Dehors, il neige et je me sens encore plus enveloppé par les flocons qui tombent à l'extérieur. C'est un peu comme si les couettes et les couvertes de mon lit s'étalaient alors jusqu'à l'extérieur de chez moi.
La nuit, vers minuit, j'entends la charrue passer dans la rue. Plus que de l'entendre, je la sens parce que la maison en vibre et cela me remue également. Même si elle poussera deux pieds de neige devant ma voiture stationnée, un peu imbécile, je me réjouis de savoir qu'on travaille à déblayer les chemins que j'emprunterai plus tard comme si elle ne le faisait que pour moi.
Bien sûr, il y aura le verglas, le grésil, les tempêtes nordiques et merdiques, mais l'hiver demeure ma saison préférée parce qu'elle est faite pour les gens vigoureux, braves, déterminés. J'aime l'hiver avec ce froid qui vous saisit, vous revigore, avec ce froid qui vous dit: «Hey, je te tiens entre mes doigts et tu dois être actif si tu ne veux pas mourir à cause de moi.» Si l'été, on peut ne rien faire des heures durant à l'extérieur, l'hiver oblige à l'action, à l'énergie. Il est cette douche froide vivifiante qui vous réveille et vous tire hors de votre propre inertie.
J'aime l'hiver. Pour ce qu'il est et ce qu'il me demande, pour ce qu'il fait de moi.
Un des moments que j'aime de l'hiver est quand je suis couché bien au chaud dans mon lit, sous les couettes et les couvertes. Dehors, il neige et je me sens encore plus enveloppé par les flocons qui tombent à l'extérieur. C'est un peu comme si les couettes et les couvertes de mon lit s'étalaient alors jusqu'à l'extérieur de chez moi.
La nuit, vers minuit, j'entends la charrue passer dans la rue. Plus que de l'entendre, je la sens parce que la maison en vibre et cela me remue également. Même si elle poussera deux pieds de neige devant ma voiture stationnée, un peu imbécile, je me réjouis de savoir qu'on travaille à déblayer les chemins que j'emprunterai plus tard comme si elle ne le faisait que pour moi.
Bien sûr, il y aura le verglas, le grésil, les tempêtes nordiques et merdiques, mais l'hiver demeure ma saison préférée parce qu'elle est faite pour les gens vigoureux, braves, déterminés. J'aime l'hiver avec ce froid qui vous saisit, vous revigore, avec ce froid qui vous dit: «Hey, je te tiens entre mes doigts et tu dois être actif si tu ne veux pas mourir à cause de moi.» Si l'été, on peut ne rien faire des heures durant à l'extérieur, l'hiver oblige à l'action, à l'énergie. Il est cette douche froide vivifiante qui vous réveille et vous tire hors de votre propre inertie.
J'aime l'hiver. Pour ce qu'il est et ce qu'il me demande, pour ce qu'il fait de moi.
26 novembre 2010
Directeurs dans le Sud: un grain de sable de plus...
Qu'on se comprenne bien: il existe d'excellents directeurs d'école. Mais dans le cas des sept partis en voyage de «formation» dans le Sud, ces derniers ont commis en partie une erreur de jugement importante, une erreur qui semble bien banale pour les institutions publiques quand on regarde le tout de plus près.
Aujourd'hui, le Parti québécois demande que les sept directeurs remboursent le coût de ce voyage. Mais pourquoi eux spécifiquement?
Quand on lit un peu plus sur cette «activité de formation», on apprend que ceux-ci étaient accompagnés d'un fonctionnaire du MELS et qu'un sous-ministre devait les suivre, mais avait vu sa demande refusée par la ministre Courchesne elle-même. Donc, tout le haut de la pyramide du MELS était bien au courant de cette escapade dans le Sud et n'a pratiquement rien fait pour l'interdire.
Les hautes sphères du MELS et le gouvernement seraient donc mal placés pour demander un remboursement pour une activité qui ne s'est pas effectuée à leur insu. Pour des raisons politiques, la ministre actuelle ne peut pas désavouer publiquement sa prédécesseure en demandant le remboursement de cette activité.
Et voilà un des noeuds de bien des problèmes en éducation: la politique. Un autre des noeuds, et je reviens sur ce point, est l'absence de gêne quant à une utilisation pour le moins douteuse des deniers publics. Vous et moi aurions éprouvé un certain malaise à partir en formation dans le Sud comme ça. Mais comme votre patron l'autorise, que le MELS et même la ministre le sait, que faites-vous?
Il existe une culture des dépenses en éducation, et dans le gouvernement en général, qui est complètement coupée de la réalité. On dépense l'argent des autres sans se questionner, sans être véritablement redevable. Les mesures de restriction n'empêcheront pas les décideurs de mal dépenser notre argent. Elles n'éduqueront ni ne responsabiliseront pas ceux-ci. Ils vont simplement peut-être moins mal dépenser. Et encore! Personnellement, comme je l'ai écrit, je crois que les individus les plus puissants de cette caste vont continuer à le faire comme si de rien n'était et que ce seront les moins puissants qui vont écoper.
Qui devrait rembourser les frais de ce voyage selon vous? Pas quel organisme ou institution publique, mais quelle personne?
Aujourd'hui, le Parti québécois demande que les sept directeurs remboursent le coût de ce voyage. Mais pourquoi eux spécifiquement?
Quand on lit un peu plus sur cette «activité de formation», on apprend que ceux-ci étaient accompagnés d'un fonctionnaire du MELS et qu'un sous-ministre devait les suivre, mais avait vu sa demande refusée par la ministre Courchesne elle-même. Donc, tout le haut de la pyramide du MELS était bien au courant de cette escapade dans le Sud et n'a pratiquement rien fait pour l'interdire.
Les hautes sphères du MELS et le gouvernement seraient donc mal placés pour demander un remboursement pour une activité qui ne s'est pas effectuée à leur insu. Pour des raisons politiques, la ministre actuelle ne peut pas désavouer publiquement sa prédécesseure en demandant le remboursement de cette activité.
Et voilà un des noeuds de bien des problèmes en éducation: la politique. Un autre des noeuds, et je reviens sur ce point, est l'absence de gêne quant à une utilisation pour le moins douteuse des deniers publics. Vous et moi aurions éprouvé un certain malaise à partir en formation dans le Sud comme ça. Mais comme votre patron l'autorise, que le MELS et même la ministre le sait, que faites-vous?
Il existe une culture des dépenses en éducation, et dans le gouvernement en général, qui est complètement coupée de la réalité. On dépense l'argent des autres sans se questionner, sans être véritablement redevable. Les mesures de restriction n'empêcheront pas les décideurs de mal dépenser notre argent. Elles n'éduqueront ni ne responsabiliseront pas ceux-ci. Ils vont simplement peut-être moins mal dépenser. Et encore! Personnellement, comme je l'ai écrit, je crois que les individus les plus puissants de cette caste vont continuer à le faire comme si de rien n'était et que ce seront les moins puissants qui vont écoper.
Qui devrait rembourser les frais de ce voyage selon vous? Pas quel organisme ou institution publique, mais quelle personne?
24 novembre 2010
Désolé, mais madame Beauchamp est dans le champ (erroné)
La ministre de l'Éducation a réagi au voyage de formation de sept directeurs d'école en République dominicaine l'hiver dernier. «Dans le contexte actuel, je considère que c'est une dépense de fonds publics tout à fait déplacée», a déclaré Line Beauchamp, à l'Assemblée nationale.
Vous croyez que ce genre de sortie va semer la peur dans la caste des administrateurs. Pantoute! Pourquoi? Parce que la ministre et les mesures qu'elle entend mettre de l'avant ne changeront rien à cette situation. Sa réaction traduit surtout sa profonde méconnaissance du fonctionnement des administrations en éducation ou de la nature humaine.
Ainsi, pour la ministre, ce genre de dépense justifie la volonté du gouvernement de couper dans les budgets de formation et de déplacement des organismes publics: «Je sais qu'il y a des commissions scolaires qui n'ont pas aimé ça, qui ont dit qu'on devrait pouvoir choisir où couper, mais je pense que les faits tels que relatés nous indiquent qu'on a fait les bons choix en obligeant des coupures substantielles dans les budgets de déplacement et de formation.»
Dans les faits, sur le terrain, vous savez ce qui va arriver: certains directeurs pourront encore et toujours aller se former sous le soleil en hiver. C'est davantage dans la formation actuellement donnée aux enseignants et aux membres des castes inférieures que les coupures vont sévir.
Les paroles et les mesures de la ministre ne sont malheureusement que du vent. Un doux vent sec qui souffle sur une plage au sable doré.
*******
Youppie! Je pourrai aller à Punta Cana sur le bras de ma CS! Du moins, si on se base sur le commentaire de M. Saint-Pierre qui a ajouté des précisions ici. Si ce qu'il indique est vrai (et mon instinct lui fait confiance), je dois cependant préciser que je demeure convaincu que, parmi les castes supérieures, c'est encore le boss d'un quelconque cégep qui partira en voyage d'exploration de partenariat en Inde avec Jean Charest et que les employés moins élevés de la caste se feront couper ce qui auraient pu être utile.
Vous croyez que ce genre de sortie va semer la peur dans la caste des administrateurs. Pantoute! Pourquoi? Parce que la ministre et les mesures qu'elle entend mettre de l'avant ne changeront rien à cette situation. Sa réaction traduit surtout sa profonde méconnaissance du fonctionnement des administrations en éducation ou de la nature humaine.
Ainsi, pour la ministre, ce genre de dépense justifie la volonté du gouvernement de couper dans les budgets de formation et de déplacement des organismes publics: «Je sais qu'il y a des commissions scolaires qui n'ont pas aimé ça, qui ont dit qu'on devrait pouvoir choisir où couper, mais je pense que les faits tels que relatés nous indiquent qu'on a fait les bons choix en obligeant des coupures substantielles dans les budgets de déplacement et de formation.»
Dans les faits, sur le terrain, vous savez ce qui va arriver: certains directeurs pourront encore et toujours aller se former sous le soleil en hiver. C'est davantage dans la formation actuellement donnée aux enseignants et aux membres des castes inférieures que les coupures vont sévir.
Les paroles et les mesures de la ministre ne sont malheureusement que du vent. Un doux vent sec qui souffle sur une plage au sable doré.
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Youppie! Je pourrai aller à Punta Cana sur le bras de ma CS! Du moins, si on se base sur le commentaire de M. Saint-Pierre qui a ajouté des précisions ici. Si ce qu'il indique est vrai (et mon instinct lui fait confiance), je dois cependant préciser que je demeure convaincu que, parmi les castes supérieures, c'est encore le boss d'un quelconque cégep qui partira en voyage d'exploration de partenariat en Inde avec Jean Charest et que les employés moins élevés de la caste se feront couper ce qui auraient pu être utile.
Des formations en Républicaine dominicaine: à quand mon tour?
Quand on dit en journalisme qu'une nouvelle est du bonbon, on pense à des textes (ici et ici) comme celui de Sébastien Ménard. Ce dernier a découvert que sept directeurs d'école ont passé une semaine en République dominicaine pour améliorer leurs aptitudes de leadership et étendre leur «réseau» de contacts. Les 21 000$ que cette «formation» a coûté ont évidemment été payés par les contribuables.
«Les directeurs d'école ont appris à développer leur leadership en cherchant, ensemble, des solutions à des problèmes qu'ils vivent au quotidien, indique l'organisatrice de ce voyage de formation. Certains d'entre eux sont maintenant en contact. Ils s'aident mutuellement à régler des problèmes.»
Pourtant, peut-on indiquer que la République dominicaine n'a pas une feuille de route acceptable en matière de persévérance scolaire? Les jeunes y décrocheraient deux fois plus qu'au Québec. C'est un peu comme si on allait étudier chez des cancres. Mais n'empêche!
Personnellement, le choix de cette destination soleil est hautement discutable, pour ne pas dire plus. Ça me turlupine que sept directeurs soient allés en plein hiver se former sous le chaud soleil de ce pays. S'ils y étaient allés en automne ou au printemps, les choses auraient paru moins suspectes. Ensuite, c'est en Ontario et dans le reste du Canada qu'on devrait aller se payer des visites. Nos voisins canadiens sembleraient avoir bien des pratiques dont on pourrait apprendre. Mais, malheureusement, là aussi, on gèle l'hiver. Et Toronto, c'est beaucoup moins exotique.
Tout cela me ramène à cette idée: il existe des castes en éducation, des groupes qu'on ne peut atteindre et qui sont peu redevables, des groupes pour qui tout est permis. Ils s'appuient et se protègent entre eux. Pensez-vous sérieusement que ces sept directeurs seront blâmés et qu'on leur demandera de rembourser leurs frais de voyage? Ce ne sera sûrement pas les commissions scolaires auxquelles ils appartiennent qui vont le faire puisqu'elles ont approuvé cette dépense. Qui alors? La ministre? Pas convaincu. Mais pourtant, il faudrait bien qu'on mette fin à cette dilapidation des fonds publics.
Ce matin, dans certaines commissions scolaires, on va retrouver des petits employés démotivés. Ils auront appris comment on dépense ainsi l'argent des contribuables. Pensez-vous qu'ils auront envie de travailler plus fort, de se retrousser les manches quand on leur dira qu'on manque d'argent en éducation?
L'exemple vient d'en haut et cet exemple est une vraie honte.
«Les directeurs d'école ont appris à développer leur leadership en cherchant, ensemble, des solutions à des problèmes qu'ils vivent au quotidien, indique l'organisatrice de ce voyage de formation. Certains d'entre eux sont maintenant en contact. Ils s'aident mutuellement à régler des problèmes.»
Pourtant, peut-on indiquer que la République dominicaine n'a pas une feuille de route acceptable en matière de persévérance scolaire? Les jeunes y décrocheraient deux fois plus qu'au Québec. C'est un peu comme si on allait étudier chez des cancres. Mais n'empêche!
Personnellement, le choix de cette destination soleil est hautement discutable, pour ne pas dire plus. Ça me turlupine que sept directeurs soient allés en plein hiver se former sous le chaud soleil de ce pays. S'ils y étaient allés en automne ou au printemps, les choses auraient paru moins suspectes. Ensuite, c'est en Ontario et dans le reste du Canada qu'on devrait aller se payer des visites. Nos voisins canadiens sembleraient avoir bien des pratiques dont on pourrait apprendre. Mais, malheureusement, là aussi, on gèle l'hiver. Et Toronto, c'est beaucoup moins exotique.
Tout cela me ramène à cette idée: il existe des castes en éducation, des groupes qu'on ne peut atteindre et qui sont peu redevables, des groupes pour qui tout est permis. Ils s'appuient et se protègent entre eux. Pensez-vous sérieusement que ces sept directeurs seront blâmés et qu'on leur demandera de rembourser leurs frais de voyage? Ce ne sera sûrement pas les commissions scolaires auxquelles ils appartiennent qui vont le faire puisqu'elles ont approuvé cette dépense. Qui alors? La ministre? Pas convaincu. Mais pourtant, il faudrait bien qu'on mette fin à cette dilapidation des fonds publics.
Ce matin, dans certaines commissions scolaires, on va retrouver des petits employés démotivés. Ils auront appris comment on dépense ainsi l'argent des contribuables. Pensez-vous qu'ils auront envie de travailler plus fort, de se retrousser les manches quand on leur dira qu'on manque d'argent en éducation?
L'exemple vient d'en haut et cet exemple est une vraie honte.
23 novembre 2010
Petite revue de presse masquée et réussite scolaire
Ce matin, deux séries de textes à mettre en relation.
La première (ici et ici) explique, et il n'y a rien de nouveau là-dedans, que certains élèves peuvent aller au secondaire sans réussir leur sixième année du primaire. En effet, selon la Loi sur l'instruction publique, un élève qui a échoué une année au primaire ne peut doubler une seconde fois. Il suit alors la cohorte à laquelle il appartient jusqu'à la sixième année. Cet élève travaille idéalement avec du matériel et des évaluations modifiés. Bref, c'est au prof de s'occuper de l'élève en difficulté intégré dans son groupe. De l'élève? Non, des élèves, devrait-on dire. Et tant pis si les ressources manquent et que le groupe devient ingérable.
Dans certaines écoles de ma commission scolaire, on a quelque peu triché en regroupant ces élèves dans les mêmes groupes quand cela était possible pour des raisons d'homogénéité et de fonctionnement. On a alors créé deux catégories de classe: les «correctes» et les «autres», un peu comme si on revenait à des cheminements particuliers. Le hic, c'est que, pour des raisons mathématiques, des élèves sans difficulté se retrouvent parfois dans ces classes «spéciales». Imaginez leur année...
Le père d'un élève ayant un retard académique s'interroge: «Le système scolaire permet à notre enfant de poursuivre un cheminement scolaire régulier malgré le fait qu'il soit continuellement en situation d'échec. Mais ce n'est pas grave, selon la commission scolaire, car notre garçon sera en cheminement particulier au secondaire. Alors pourquoi ne pas lui offrir tout de suite ce cheminement, afin qu'il consolide dès maintenant ses apprentissages?»
Ce que ce père ne comprend pas, c'est qu'officiellement, son enfant est supposé être «en cheminement particulier» au sein même d'une classe régulière grâce au prof qui adopte une pédagogie et une évaluation différenciées ainsi que grâce à des ressources spécialisées. Or, les ressources spécialisées manquent...
Là où cela devient rigolo, c'est que certains élèves ayant les acquis de ceux de quatrième année du primaire réussissent à entrer au secteur régulier au secondaire. Rigolo, mais pourquoi? Lisez la suite.
Dans une deuxième série de textes (ici et ici), on apprend que certains enseignants du secondaire se disent victimes de pression pour qu'il y ait moins d'échecs dans leur classe. Il faut savoir qu'avec la loi 88, adoptée en juillet 2009, les commissions scolaires composer avec les «conventions de partenariat» où elles se sont engagées à atteindre un certain niveau de réussite. Selon le syndicat d'enseignement de la région de Québec (SERQ), les enseignants dont les groupes présentent un taux d'échecs plus élevés seraient alors rencontrés pour trouver une solution à cette situation.
«On entend beaucoup de profs raconter qu'ils se sont fait dire de baisser leurs exigences. On leur dit qu'ils peuvent rencontrer des conseillers pédagogiques pour voir comment ils peuvent réduire les exigences lors des évaluations. C'est pas nouveau, mais ça va être encore pire avec les conventions de gestion. Ça inquiète énormément les profs», a indiqué le président de la SERQ, Denis Simard.
Bernard Tremblay, directeur des relations de travail à la Fédération des commissions scolaires du Québec (FCSQ), affirme: «Quand on gère le changement, il y a toujours des résistances. Mais les appréhensions des enseignants reposent davantage sur des perceptions que des réalités. Ça ne devrait pas être vu comme quelque chose de négatif ou menaçant, il ne faut pas que le prof se sente mis au banc des accusés. Mais la direction a un rôle de supervision à jouer là-dedans.»
Plusieurs remarques:
- comment atteindre des objectifs de réussite au secondaire avec des élèves qui, on l'a vu, ne devraient même pas être dans une classe régulière?
- comment atteindre des objectifs de réussite au secondaire sans l'ajout de nouvelles ressources?
- comment se fait-il que les directions d'école rencontrent souvent les profs dont les groupes ont de nombreux échecs et pas ceux où tous les élèves passent alors qu'ils n'ont rien appris sous la férule complaisante d'un prof qui a compris comment éviter les rencontres avec la direction? Parce que le message qu'envoie très clairement le système d'éducation actuellement est aux profs celui-là: «Fais-les passer et refile le problème au suivant!»
Je plains mes collègues de cinquième secondaire qui se ramassent avec toute cette merde et la pression pour faire réussir les élèves aux examens du MELS.
La première (ici et ici) explique, et il n'y a rien de nouveau là-dedans, que certains élèves peuvent aller au secondaire sans réussir leur sixième année du primaire. En effet, selon la Loi sur l'instruction publique, un élève qui a échoué une année au primaire ne peut doubler une seconde fois. Il suit alors la cohorte à laquelle il appartient jusqu'à la sixième année. Cet élève travaille idéalement avec du matériel et des évaluations modifiés. Bref, c'est au prof de s'occuper de l'élève en difficulté intégré dans son groupe. De l'élève? Non, des élèves, devrait-on dire. Et tant pis si les ressources manquent et que le groupe devient ingérable.
Dans certaines écoles de ma commission scolaire, on a quelque peu triché en regroupant ces élèves dans les mêmes groupes quand cela était possible pour des raisons d'homogénéité et de fonctionnement. On a alors créé deux catégories de classe: les «correctes» et les «autres», un peu comme si on revenait à des cheminements particuliers. Le hic, c'est que, pour des raisons mathématiques, des élèves sans difficulté se retrouvent parfois dans ces classes «spéciales». Imaginez leur année...
Le père d'un élève ayant un retard académique s'interroge: «Le système scolaire permet à notre enfant de poursuivre un cheminement scolaire régulier malgré le fait qu'il soit continuellement en situation d'échec. Mais ce n'est pas grave, selon la commission scolaire, car notre garçon sera en cheminement particulier au secondaire. Alors pourquoi ne pas lui offrir tout de suite ce cheminement, afin qu'il consolide dès maintenant ses apprentissages?»
Ce que ce père ne comprend pas, c'est qu'officiellement, son enfant est supposé être «en cheminement particulier» au sein même d'une classe régulière grâce au prof qui adopte une pédagogie et une évaluation différenciées ainsi que grâce à des ressources spécialisées. Or, les ressources spécialisées manquent...
Là où cela devient rigolo, c'est que certains élèves ayant les acquis de ceux de quatrième année du primaire réussissent à entrer au secteur régulier au secondaire. Rigolo, mais pourquoi? Lisez la suite.
Dans une deuxième série de textes (ici et ici), on apprend que certains enseignants du secondaire se disent victimes de pression pour qu'il y ait moins d'échecs dans leur classe. Il faut savoir qu'avec la loi 88, adoptée en juillet 2009, les commissions scolaires composer avec les «conventions de partenariat» où elles se sont engagées à atteindre un certain niveau de réussite. Selon le syndicat d'enseignement de la région de Québec (SERQ), les enseignants dont les groupes présentent un taux d'échecs plus élevés seraient alors rencontrés pour trouver une solution à cette situation.
«On entend beaucoup de profs raconter qu'ils se sont fait dire de baisser leurs exigences. On leur dit qu'ils peuvent rencontrer des conseillers pédagogiques pour voir comment ils peuvent réduire les exigences lors des évaluations. C'est pas nouveau, mais ça va être encore pire avec les conventions de gestion. Ça inquiète énormément les profs», a indiqué le président de la SERQ, Denis Simard.
Bernard Tremblay, directeur des relations de travail à la Fédération des commissions scolaires du Québec (FCSQ), affirme: «Quand on gère le changement, il y a toujours des résistances. Mais les appréhensions des enseignants reposent davantage sur des perceptions que des réalités. Ça ne devrait pas être vu comme quelque chose de négatif ou menaçant, il ne faut pas que le prof se sente mis au banc des accusés. Mais la direction a un rôle de supervision à jouer là-dedans.»
Plusieurs remarques:
- comment atteindre des objectifs de réussite au secondaire avec des élèves qui, on l'a vu, ne devraient même pas être dans une classe régulière?
- comment atteindre des objectifs de réussite au secondaire sans l'ajout de nouvelles ressources?
- comment se fait-il que les directions d'école rencontrent souvent les profs dont les groupes ont de nombreux échecs et pas ceux où tous les élèves passent alors qu'ils n'ont rien appris sous la férule complaisante d'un prof qui a compris comment éviter les rencontres avec la direction? Parce que le message qu'envoie très clairement le système d'éducation actuellement est aux profs celui-là: «Fais-les passer et refile le problème au suivant!»
Je plains mes collègues de cinquième secondaire qui se ramassent avec toute cette merde et la pression pour faire réussir les élèves aux examens du MELS.
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