31 janvier 2010

La lecture chez les élèves

La Presse pose la question des lectures scolaires de nos jeunes (ici, ici et ici) Et, comme c'est souvent l'habitude quand on aborde ce sujet, elle le fait maladroitement avec un certain intellectualisme ou un esprit bourgeois qui me fait grincer les dents. Kafka ou Twilight?

Pourquoi opposer un auteur (Kafka) à une oeuvre (Twilight)? Stephanie Meyers a un nom, à ce que je sache! Ensuite, pourquoi, dans cette opposition littéraire classique versus populaire, avoir choisi Kafka? Qui a lu du Kafka? Pas La métamorphose, récit digérable parce que court. Non, je parle du Procès ou encore du Château.

Est-ce qu'un auteur connu et reconnu est garant d'un bon livre? Si vous avez du temps à perdre, allez lire La Femme de trente ans. Une vraie merde digne des romans Harlequin. Mais comme c'est un certain Balzac qui l'a écrite... Il a un nom, lui. Même qu'il lui a rajouté une particule... Ou encore, tiens, La mare au diable de George Sand. Une femme avec un prénom masculin. C'est gagnant à notre époque de sexualité trouble. Non?

Dans cette veine, pourquoi ne pas imposer la collection Librio, qui offre des oeuvres d'auteurs classiques à un coût raisonnable? Pourtant, à l'exception de quelques titres, on nage dans l'indigeste le plus complet.

Dans ce texte d'Ariane Lacourisère, certains suggèrent une liste de lectures obligatoires. De grâce, épargnez-moi de cette intrusion des bien-pensants dans nos classes! Un enseignant doit choisir les livres qu'il connait, qu'il peut vendre aux élèves.

Un prof du secondaire affirme: «Je pense qu'il faut lire Émile Zola avant la fin du secondaire, mais je préfère qu'on ne m'impose pas de titre.» Zola... peut-être en cinquième et encore! Qu'on ne s'y trompe pas: j'ai adoré Zola. Je fais partie des rares fous qui ont lu l'intégrale des Rougons-Macquart. Sauf que Zola au secondaire...

Une autre suggère que «le gouvernement choisisse des auteurs, des courants littéraires et des époques obligatoires en fonction des différents degrés du secondaire.» Désolé, madame, vous vous êtes trompée de niveau d'enseignement. C'est au cégep que vous devriez aller enseigner. Ah oui! j'oubliais que vous enseigniez au collège privé Villa-Maria... Le programme d'éducation international au secondaire adopte cette approche et je vous dirai que lire Chrétien de Troyes est un calvaire pour eux et ce, même s'il s'agit d'une histoire de chevaliers.

Une liste de lecture entrainerait la guerre entre les maisons d'édition. Et ce serait uniquement une chicane de fric. Pas de culture. Pas de littérature. Choisir un Bruno Hébert (C'est pas moi, je le jure! - un petit bijou d'écriture et d'humour) signifierait davantage de redevances pour cet auteur que si on choisissait un Laberge (Laberge! Au secondaire! Avec des gars de 16 ans full testostérone... Brrrrr!)

Et puis, il y aurait aussi le lobby des maisons d'édition québécoises qui exigerait un plus grand pourcentage d'oeuvres d'ici. On ne parle plus de culture, mais de politique et de fric en oubliant l'essentiel: au secondaire, un prof doit donner le goût de la lecture aux jeunes, la fierté d'avoir lu une oeuvre et des habiletés de bien la comprendre et d'en voir la richesse.

Qu'un élève lise Stephanie Meyers, je m'en moque. Il a lu. Et en plus, un gros livre avec plein de pages. C'est peut-être son premier livre. Et sûrement pas son dernier. Alors, pourquoi dénigrer son choix?

Qu'un élève lise Les Misérables en première secondaire sur une base personnellle, je m'en moque. Il a lu. Un gros livre avec plein de pages. Il n'en a pas compris la moitié. Puis, après? Vous comprenez tout dans la vie, vous? Non, et on ne vous demandez pas d'arrêtez de vivre!

Vous savez quand j'ai véritablement l'impression de montrer à lire à mes élèves? Quand nous lisons de la poésie. Je commence par la réciter, la déclamer, la chanter. Et puis, ils doivent m'expliquer une oeuvre poétique souvent aussi courte qu'un sonnet. Un travail d'une quinzaine d'heures. Une présentation d'au moins quinze minutes. Ils doivent aller chercher les mots, lire, relire, en comprendre le sens.

Actuellement, j'enseigne les figures de style à mes jeunes de douze ans. De la matière de cégep. On s'amuse. On rigole. On joue avec les mots, avec leurs sens et leur sonorité, avec leur pouvoir évocateur.

Et vous savez quoi? Je n'aime pas la poésie. Mais j'aime les mots.

Par ailleurs, nous travaillons actuellement un roman jeunesse très banal. En équipe. Un thème par équipe. Ils ont tous lu le bouquin obligatoire, pour ne pas avoir l'air poche devant les autres quand ils se réunissent. Et ils sont tous en train de le relire, ce qu'ils ont rarement fait avec un livre dans leur vie. Pour constater ce qu'ils n'ont pas lu, mais seulement vu avec les yeux. Et ils présenteront à la classe leur thème pour lui montrer ce que leur regard aiguisé a trouvé et pour surtout lui montré ce qu'elle n'a pas lu, elle aussi. Les détails. Insignifiants. Qui construisent souvent un récit.

J'ai une bibliothèque de classe. C'est un choix personnel. Parfois chiant à gérer. Les jeunes - pas toujours les mêmes - vont y piger un bouquin à l'occasion. Il y a des beaux livres, des romans, des documentaires, des livres objets, des livres jouets. Même des guides de l'auto! Je me fous de ce qu'ils lisent. Ils lisent. J'ai fourgué un Christian Jacq à une maniaque de l'Égypte et elle le dévore actuellement. Christian Jacq. Un incontournable quand tu es passionnée par l'Égypte. Pas un banal Anne Rice et La Momie. Je l'ai connu par hasard, Christian Jacq. En fait, c'est faux. Je l'ai connu parce que mon entourage aime lire.

Et vous savez quoi? Combien de profs de français au secondaire aiment les mots? les détails? Combien ont lu des romans cette année?

Alors, avant de parle de listes d'ouvrages obligatoires pour nos jeunes, faites-en une pour leur prof et montrez-leur à lire s'ils n'aiment pas cela. Ça urge!

30 janvier 2010

Une pluie de nouvelles en éducation! (ajout)

Autant il ne s'est rien passé depuis le début de l'année en éducation dans les médias, autant cette fin de semaine, il pleut des nouvelles reliées à ce domaine. Donc, un petit tour d'horizon masqué en ce samedi! J'y vais parfois avec quelques extraits des articles publiés et mes commentaires.

FAE-CSDM: la ministre annonce ses couleurs

Les recommandations conjointes de la Commission scolaire de Montréal (CSDM) et l'Alliance des professeurs sur la réforme de l’éducation seront mises en œuvre dans leur totalité, a affirmé la ministre de l’Éducation, Michelle Courchesne.

Malgré les ajustements importants qui seront apportés, il n’y a pas lieu de mettre un frein à la réforme et de faire marche arrière, prévient la ministre de l’Éducation, soulignant que l’approche par compétences demeurait pertinente une fois les connaissances acquises.


Bon, je me demande comment on va concrètement concilier les deux approches, mais il était écrit dans le ciel que Mme Courchesne voulait s'éloigner du Renouveau pédagogique. Pas de grosse surprise dans ce dossier.

Voici un lien vers l'entente entre la CSDM et la FAE.

Douze mythes de la profession enseignante

En boutade, je songe de plus en plus à vouloir devenir membre de la FAE. Pourquoi? Parce que la FSE dort au gaz. La preuve: ce petit fascicule publié par la FAE qui déboulonne douze mythes reliés aux conditions de travail des enseignants et publié par la FAE. «Grosse job, gros salaire, grosses vacances … mais personne veut faire la job!» résume Christian St-Louis, vice-président aux relations de travail à la FAE.

J'essaierai d'obtenir une copie pdf de ce document.

Des examens ministériels corrigés au privé

Le MELS a annoncé son intention de faire corriger l'examen de cinquième secondaire de français par une firme privée. Un appel d'offres a d'ailleurs été lancé à ce sujet. Honnêtement, on n'a pas démontré les économies que gèreraient une telle mesure. S'agit-il d'une façon de réduire la fonction publique pour épater la galerie?

Par ailleurs, dans un autre article, on s'inquiète qu'une firme privée puisse être victime de pressions pour hausser les résultats des élèves? Quoi? Ce n'était pas déjà le cas?

Le Canadien: illégalité pédagogique

Vous vous souvenez des fascicules «pédagogiques» du Canadien distribués dans les écoles et financés par le gouvernement québécois lors des interminables célébrations entourant le 100e anniversaire de cette équipe? Après une enquête de plusieurs mois, ils constitueraient de la publicité illégale, selon l'Office de la protection du consommateur. On reproche au CH l'utilisation de logos et d'images qui contreviendraient à la loi. Une enquête de plusieurs mois pour parvenir à un tel résultat ... et qui aura coûté combien en passant?

École: la semaine de quatre jours serait un échec en France

Un petit coup d'oeil du côté de nos cousins sur une pratique qu'on songe parfois à instaurer ici.

Le miracle des abeilles

Une petite touche inusitée en terminant: les abeilles seraient capables de plusieurs apprentissages. Ainsi, elles sauraient compter jusqu'à quatre. Avouez que cela vous en bouche un coin...

28 janvier 2010

La réforme et la CSDM ne vont plus de pair (ajout)

La Commission scolaire de Montréal (CSDM) et l'Alliance des professeurs de Montréal (i.e. le méchant syndicat...) se sont entendus pour apporter des correctifs majeurs quant à l'évaluation.

Si on n'a pas encore vu le texte de l'entente, deux extraits publiés sur Radio-Canada.ca sont déjà très clairs:

Les compétences transversales, l'évaluation actuellement de ça, aussi pertinente pourrait-elle être, ce n'est pas possible, c'est trop compliqué pour le moment. [...] C'est une réforme en profondeur de l'évaluation.

— Diane de Courcy


On vient, selon nous, corriger de façon importante un des pans, sinon le plus important, des ratés de cette réforme. [...] Je pense que la CSDM s'est rendue aux arguments des enseignants sur le fait que la réforme n'avait pas diminué le taux de décrochage, pas amélioré la réussite et qu'il fallait donner un coup de barre.

— Nathalie Morel


Radio-Canada affirme que «l'évaluation formelle des compétences transversales serait abandonnée et les bulletins scolaires seraient standards et chiffrés partout au Québec. Des examens nationaux seraient tenus en toute fin d'année.»

Et aussi bien vous dire un scoop, je connais plusieurs directeurs d'école qui n'en peuvent plus de la réforme. Autant ils étaient enthousiastes au début, autant maintenant ils ont déchanté en voyant les réultats concrets sur le terrain, surtout auprès des élèves faibles ou en difficulté. Les plus forts s'en tirent toujours un peu mieux... comme d'habitude.

On se rappellera aussi du schisme survenu entre l'Alliance des professeurs de Montréal et la FSE à propos de la réforme. Les opinions étaient tellement irréconciliables que l'Alliance avait claqué la porte de la FSE pour fonder la FAE. C'est tout dire.

Tant de fric et d'énergies gaspillées quant à moi.

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Rue.Frontenac y va de quelques précisions ce matin. Ainsi, la CSDM et l'alliance aurait convenu que :
- « l’acquisition des connaissances constitue la pierre d’assise des apprentissages de ses élèves ».
- « l’acquisition des connaissances doit faire l’objet d’une évaluation explicite et continue pour en être témoignée dans le résultat de l’élève.»
« l’acquisition des connaissances doit faire l’objet d’une évaluation explicite et continue pour en être témoignée dans le résultat de l’élève.»


Pour la présidente de l'Alliance des professeurs de Montréal, Natahlie Morel:
«En recentrant sur les connaissances, c’est possible qu’on ait un choc. On va peut-être devoir composer avec une chute des notes. Mais collectivement, ça va être quand même un bon coup parce qu’on va arrêter de se conter des histoires.»

Elle ajoute, concernant les situation d'évaluation : « Ils doivent être beaucoup allégés. En ce moment, ça prend parfois trois semaines pour faire l’examen, qui est étalé sur huit périodes de 75 minutes. Ça n’a pas de bon sens.»

N'oubliez pas: cette dame est une enseignante. Que vaut son avis devant des pédagogues bardés de diplômes universitaires? Pire encore: elle est une syndicaliste...

Une bonne dose d'inconscience dans l'air

Il existe des décideurs scolaires qui vivent sur une autre planète, dans une autre réalité. J'aime bien Diane De Courcy, présidente de la Commission scolaire de Montréal (CSDM). Son discours est centré sur les jeunes et particulièrement sur les jeunes en difficulté.

Mais au-delà des mots, elle semble parfois avoir une telle méconnaissance de la réalité du terrain que c'en est décourageant. La preuve en est sa dernière sortie en lice (ici et ici).

Ainsi, madame De Courcy suggère-t-elle qu'on retrouve deux profs par classe. Sa logique est quand même... logique: «On comprend qu'il n'y a pas une infinité de locaux, dit-elle. Si on les multiplie, on va mettre de l'argent dans le béton, alors qu'il faut mettre l'argent auprès des personnes.»

Mais la président de la CSDM oublie un petit, un tout petit détail insignifiant: on vit actuellement une pénurie d'enseignants. Ou va-t-elle les trouver?

Et un gros zéro sur dix au «journaliste» Sébastien Ménard qui a été incapable de constater cette incohérence majeure.

26 janvier 2010

Réjean Parent a un blogue

Tiens, je pensais vous signaler la chose, comme ça, en passant: le président de la Centrale des syndicats du Québec, Réjean Parent, tient un blogue sur le site de ce regroupement syndical.

«Tient un blogue», l'expression est un peu exagérée quand on y jette un coup d'oeil, mais on verra avec le temps l'évolution de ce mode de communication. Et surtout, j'ai hâte de voir si M. Parent répondra aux commentaires qu'on lui fera parvenir.

25 janvier 2010

Une histoire de cul

Comme on a douté de la véracité de la dernière histoire, je me permettrai donc d'en raconter une autre, tout aussi extraordinaire pour le plaisir d'en rajouter un peu. Je me suis permis de donner un titre sensationnaliste à ce billet, question de bien établir dans quel angle je veux le traiter.

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Un jour, Prof masqué se blesse au dos. Sérieusement. Il a failli s'évanouir tant la douleur est forte. Pas son genre. Il est plutôt du style à terminer un match de foot français avec une fracture à la cheville.

Incapable de bouger. Civière. Ambulance. Urgence. Souffrances. Il pleure et râle comme jamais il ne l'a fait. Douze heures d'attente dans un corridor.

Puis, comme une apparition céleste, vêtue de blanc, apparait la Vierge Marie... euh, une docteure qui décide de m'administrer un soulagement en seringue. Elle éloigne mon pantalon de mon postérieur et s'exclame: «Je vous reconnais: vous êtes le prof de ma fille!»

Avouez que la situation prend une tournure étrange. Comment peut-elle me reconnaitre alors qu'elle devrait normalement observer l'endroit intime ou elle compte m'injecter le nirvana tant attendu?

Quoi qu'il en soit, gelé par la fatigue, courbatu et rebattu de douleurs, je ne sais ou je trouve l'énergie de lui poser cette question:
- Elle a de bonnes notes, j'espère?
- Oui, oui.
- Alors, vous pouvez me piquer.

23 janvier 2010

Des vacances merdiques

J'aurais dû écrire «Des vacances de marde», mais c'était trop punché.

Le Barbare et L'Adulescente nous font part chacun d'une anecdote personnelle reliée à la matière fécale. Immédiatement, m'est venue en mémoire cette tranche de vie d'une collègue toujours très incroyablement malchanceuse.

**************

Natacha - appelons-la Natacha pour lui éviter les railleries - était en voyage avec son amoureux en camping à travers les États-Unis. Un soir, ils arrivent dans un terrain de camping situé dans un petit patelin. Comme il n'y a pas trop de place disponible, ils s'installent dans le coin des gros Winnebago. Le genre de monstres avec la télé écran plat et bain tourbillon.

Au milieu de la nuit, Natacha se réveille. Une odeur caractéristique flotte dans l'air. À moitié endormie, elle dit à son amoureux: «Marc, arrête de péter. Ça pue.» «Mummm... Mummm...», répond le puant personnage. Natacha se tourne de son côté. Flouch! Flouch!

Flouch? Flouch?

Flouch? Flouch?

Natacha sent (au sens propre et au sens figuré) que quelque chose ne va pas. Elle se sent moite, son amoureux pue... Elle allume alors une lampe de poche et constate l'inconstatable, horrifie l'horrifable, hurle l'inhurlable: leur tente est littéralement pleine de marde. De la vraie. Des étrons bien formés. Du papier de toilette souillé. La fabuleuse scène de la tête de cheval du Parrain 1 est de la rigolade à côté de cela.

Réveil en crise. Branle-bas de combat. Natacha découvre finalement que le réservoir de la toilette d'un Winnebago s'est fissuré et que son contenu a suivi la pente ou était installée sa tente.

18 janvier 2010

La quadrature du cercle (ajout)

Il existe comme ça des problèmes mathématiques qu'on tente de résoudre depuis des siècles. Je vous en soumets un agrémenté d'un contexte administratif conventionné.

Vous êtes un enseignant. Vous accueillez un stagiaire. Vous recevez donc, disons, 500$ que vous devez dépenser uniquement en journées de libération ou en achat de matériel pour votre local de classe. Vous comptez acheter un objet technologique perfectionné au coût de 2 000$. Combien d'années vous faudra-t-il avant d'obtenir l'argent nécessaire à cet achat?

Tic... Tac...
Tic... Tac...
Tic... Tac...
Tic... Tac...
2 000$ ... 500$ par année...
Tic... Tac...
Tic... Tac...
Tic... Tac...
Tic... Tac...

Réponse: il vous est impossible d'acheter, semble-t-il, cet objet technologique perfectionné au bout de quatre années parce que le montant que vous recevez pour un stagiaire doit être dépensé dans l'année courante et ne peut être cumulé.

Solution 1: Prenez donc les libérations et arrêtez donc d'être professionnel en voulant investir dans votre classe!
Solution 2: Vous avez des goûts de luxe. Achetez donc des trucs moins onéreux!
Solution 3: Soyez donc patient! Attendez les ventes ou que le prix de l'objet tant convoité baisse avec les années.
Solution 4: Formez un groupe de quatre enseignants et formez une coopérative d'achats! Reste à déterminer qui aura accès à l'objet technologique en premier...

Si vous avez une solution intelligente à me proposer à ce problème (solution qui doit tenir compte des paramètres de gestion budgétaire actuelles), n'hésitez pas à me faire part de vos idées.

Plusieurs enseignants souhaiteraient acquérir du matériel technologique et informatique pour leur classe avec leur budget «stagiaire», mais ne le peuvent. Il doit sûrement exister un moyen d'y parvenir! Pour des considérations de gestion, on les en empêche. Combien de profs prive-t-on ainsi de dépenser ces sommes intelligemment? C'est une situation non seulement contre-productive mais absurde. Ce qui fait que plusieurs d'entre eux choisissent de prendre leur libération... pour se remettre de la bêtise du système scolaire où ils oeuvrent.

Une piste de solution:

L'enseignant utilise sa compensation et l'école défraie le reste. Sauf qu'il faut avoir ne école qui aie les sous et qui accepte cet arrangement. De plus, par qui sera utilisé le tableau? Uniquement le prof alors que l'école en a payé une partie.

Il faut savoir cependant que l'utilisation de la somme versée pour accueillir un stagiaire est utilisée de façon bien différentes selon les commissions scolaires et les écoles. Précisons tout d'abord que celle-ci est versée par les universités. Normalement, elle devrait servir à permettre à l'enseignant de rencontrer son stagiaire ou de lui acheter le matériel nécessaire à l'enseignement de ce dernier en classe.

12 janvier 2010

L'appel de la puck (corrigé)

Prof masqué rêve de pantins, euh des patins. Il en a regardé. Magasiné. Neufs? Usagés? Rien qui fite avec la couleur de sa voiture.

Pensée rationnelle:

Une bonne paire est onéreuse et il faut être sage.

Pensée du gars qui entend les sons de la puck frappant les bandes de la patinoire près de chez lui:

Je vais en chercher une paire demain. L'hiver est court et j'ai envie de patiner.

On verra qui gagnera...

Le top 10 des événements en éducation en 2010

Question de faire l'agace, j'annonce que le Prof masqué va publier cette fin de semaine son top 10 des événements en éducation en 2010. Vous ne perdez rien pour attendre!

Pour l'instant, je corrige.

10 janvier 2010

L'ignorance des élèves

Dans un billet précédent, j'écrivais la phrase suivante à propos des jeunes qu'on confie à l'école: «Ils ne sont pas ignorants: on accepte qu'ils le soient.»

Celle-ci m'est venue en tête à la suite de mes 17 années d'enseignement ou j'ai vu à quel point on est permissif dans la correction des évaluations ministérielles de fin d'année et ou j'ai compris pourquoi des élèves performants et même des élèves «ordinaires» décrochent de l'école. Un récent fait appuie d'ailleurs cette vision des choses.

Nous étions en réunion avec la conseillère pédagogique (une fort charmante personne) quand la discussion a porté autour des participes passés avec avoir ou les fameux PPA. Bref, quelle ne fut pas ma surprise quand on m'a appris que je ne pouvais pas, en première secondaire, pénaliser un élève qui ne les maitrisait pas. Kossésa!

Dans mon imaginaire reptilien et borné, je me rappelle très bien que ma fille les a vus en troisième année du primaire. Elle devait être tombée sur une folle, j'imagine. Qui plus est, comme je les enseigne cette année, je ne comprends pas que je ne pourrais pas évaluer la maitrise de ceux-ci dans un texte. Qui plus est, mes élèves s'y attendent.

Je me suis donc masqué de mon plus beau sourire et j'ai pris une grande décision: je serai cohérent avec moi-même dans mon incohérence avec les attentes ministérielles.

08 janvier 2010

Foglia est un sale con: je persiste et signe!

Dans une réaction à un billet précédent, Groschat affirme que Foglia a avoué son erreur dans une chronique publiée hier. Ah bon! Voici l'extrait où cet auteur avoue son erreur:

RECTIFICATIF - Allons bon, voilà les linguistes fâchés. Et ils n'ont pas tort, je me suis trompé dans la première ligne de ma première chronique de l'année, et en me trompant j'ai induit que la nouvelle orthographe autorisait n'importe quoi. C'est faux. Donc, je disais dans cette première ligne : Michael Jackson est mouru en 2009. La nouvelle orthographe, dans sa logique, autorise effectivement mouru : courir-couru, pondre-pondu, tordre-tordu, mourir-mouru. Sauf qu'il fallait dire, bien sûr : Michael Jackson a mouru en 2009, et non pas est mouru. Avec mes excuses.

Reconnaissons qu'il s'agit d'une drôle de façon de s'amender. Non! Quand il a tort, Foglia a tout du sanglier: il s'entête et continue à foncer droit devant. À force de mauvaise foi, ses détracteurs finissent par lui foutre la paix, ce qui lui procure tout le loisir de continuer à écrire n'importe quoi. L'homme est parfait. Parfaitement buté.

L'avis des jeunes

J'ai lu l'extrait de la chronique de Foglia sur la nouvelle orthographe à mes élèves. Leur réaction: c'est un «gros con». Pas un «sale». Un «gros». Ils auraient bien aimé dire un «criss de con», mais je ne tolère pas qu'on sacre dans ma classe

En discutant avec mes élèves, ceux-ci ont remarqué que la nouvelle orthographe ne leur permettra pas d'écrire au son. Ils ont aussi réalisé que ces modifications sont si peu nombreuses qu'elles ne leur permettront pas de passer de passer leur examen avec une meilleure note. Vous ai-je dit qu'il s'agit de jeunes de première secondaire? Cela en dit long sur la profondeur de la pensée de M. Foglia quant au sujet qui nous occupe.

Au fait, mes gamins font peu d'erreurs d'orthographe d'usage. Ils cherchent au dictionnaire chaque mot consciencieusement ou presque. Ils commettent davantage des erreurs grammaticales (accord des noms et des verbes). Et l'une des raisons qui explique leurs difficultés en écriture est qu'on ne leur enseigne pas de manière rigoureuse la langue française, pas plus qu'on ne l'évalue d'ailleurs. Ils ne sont pas ignorants: on accepte qu'ils le soient.

J'enseigne en première secondaire et, après six mois de rigueur, de cours structurés de façon cohérente, d'évaluations impitoyables, mes élèves se sont améliorés grandement. Eux-mêmes l'ont remarqué: eux-mêmes ont surtout constaté qu'ils peuvent être bons si on les accompagne, si on les aide et si on leur enseigne de façon compétente.

Affirmer qu'on nivelle par le bas l'orthographe parce que les jeunes ne la maitrisent pas revient à leur dire qu'ils sont des incapables, qu'on abaisse le niveau de difficulté de la langue parce qu'ils sont poches. Désolé, je n'achète pas ce raisonnement méprisant.

La fameuse langue de Molière

Si, à défaut d'avoir du jugement, M. Foglia avait de la culture historique, il verrait que la langue qu'il défend n'est pas celle de Molière. En effet, la langue française est une langue vivante qui a connu de nombreuses transformations au fil du temps.

Par exemple, Molière n'écrivait pas comme on peut le lire aujourd'hui. Ainsi, vers les années 1840, on a procédé à une refonte majeure des éditions françaises. Dans certains cas, on s'est assuré cependant de bien montrer l'écart qui séparait l'élite de la plèbe.

La réécriture complète d'une oeuvre de Molière, en particulier, illustre très bien cette situation. Il s'agit de Don Juan. On a refait le tout à la sauce nouvelle orthographe de l'époque, sauf un passage: celui où deux paysans parlent afin de bien montrer qu'ils étaient des arriérés. Voici d'ailleurs comment on les laisse s'exprimer:

ACTE II*, SCÈNE PREMIERE

CHARLOTTE, PIERROT.
CHARLOTTE.- Notre-dinse, Piarrot, tu t'es trouvé là bien à point.
PIERROT.- Parquienne, il ne s'en est pas fallu l'épaisseur d'une éplinque qu'ils ne se sayant nayés tous deux.
CHARLOTTE.- C'est donc le coup de vent da matin qui les avait renvarsés dans la mar.
PIERROT.- Aga guien, Charlotte, je m'en vas te conter tout fin drait comme cela est venu*: car, comme dit l'autre, je les ai le premier avisés, avisés le premier je les ai. Enfin donc, j'estions sur le bord de la mar, moi et le gros Lucas, et je nous amusions à batifoler avec des mottes de tarre que je nous jesquions à la teste: car comme tu sais bian, le gros Lucas aime à batifoler, et moi par fouas je batifole itou. En batifolant donc, pisque batifoler y a, j'ai aparçu de tout loin queuque chose qui grouillait dans gliau, et qui venait comme envars nous par secousse. Je voyais cela fixiblement, et pis tout d'un coup je voyais que je ne voyais plus rien. (...)


La langue française a connu de nombreuses modifications au cours des âges. Et puis, on s'est assuré de la régir dans des codes, des dictionnaires. Cela lui a permis d'être facilement apprise par des non francophones, justement parce qu'elle était si étroitement normée. Si elle est devenue la langue des diplomates, c'est à cause de sa précision. Mais c'est aussi à cause de cette même précision figée qu'elle est devenu une langue qui n'évolue plus, une langue non vivante, une langue dans le vinaigre.

À cet égard, si ce sujet vous intéresse, je vous invite à consulter La Grande Aventure de la langue française, un ouvrage qui fait de loin autorité en la matière.

Peut-être que monsieur Foglia y gagnerait à le lire. Mais il ne faut pas trop espérer.

07 janvier 2010

Bruno Roy: un phare et un écrivain

J. m'a envoyé ce billet touchant portant sur Bruno Roy, décédé hier (ici, ici, ici et ici) . Son témoignage a d'autant plus de valeur qu'elle a eu l'occasion de le côtoyer.

Je n'ai pas l'habitude de céder ma place dans mes billets. Cette exception est amplement justifiée. Je vous invite à lire pour découvrir un grand mésestimé au Québec.

La mort de Bruno Roy me chagrine. Je l’avais revu, il y a un peu plus de trois semaines, à la fête qui soulignait la retraite d’une collègue commune. Il semblait en pleine forme et, fidèle à son habitude, avait des projets plein la tête. Et là… sa vie ne tenait qu’à trois petites lettres : AVC.

Bruno, c’était le collègue charmant mais entêté. J’ai surtout en tête, comme beaucoup de Québécois, son combat pour la défense des orphelins de Duplessis, dont il était non seulement le porte-parole, mais aussi le plus grand pied de nez qu’il pouvait faire à ceux qui l’avaient étiqueté de « arriéré mental ». Oui, l’arriéré mental avait obtenu un doctorat en littérature!

On lui doit aussi une bataille de fond pour la reconnaissance de la littérature québécoise dans la formation commune de littérature dans le réseau collégial. Il s’était insurgé – avec raison – contre le fait qu’on doive enseigner la littérature québécoise en la comparant avec la française, comme si nous n’avions pas le droit d’exister par nous-mêmes!

Ces combats, parmi tous ceux qu’il a menés, font qu’on se souvient un peu plus aujourd’hui de l’homme public, du batailleur, du parleur. Le Québec avait besoin de lui. Ses combats publics font qu’on oublie un peu l’écrivain, l’amoureux des mots, du pouvoir des mots, l’amoureux de la poésie ou de la chanson. Même si ses œuvres sont moins connues que ses combats, la littérature québécoise avait besoin de lui. Bruno, c’était aussi l’amoureux de la vie, sans compromis. Il distribuait encouragement, accolades et sourires sans compter.

Salut, cher Bruno! J’espère que les anges te fredonnent des airs de cette chanson québécoise que tu aimais tant.

03 janvier 2010

Foglia est un con

Bon, si vous êtes choqué par ce titre, sachez que j'ai failli écrire qu'il est un SALE CON. Mais que je me suis retenu. Parce que cela aurait fait un titre qui aurait pu choquer certains regards, mais surtout parce que j ai de la classe. Même que j'en ai trois!

Bon, cela étant dit, je recopie ici un extrait de la chronique du SALE CON publiée aujourd'hui:

J'aime bien les revues de l'année. Sans elles, se souviendrait-on que Michael Jackson est mouru en 2009? Est mouru, parfaitement. Toutes les revues de l'année l'ont passé sous silence; ce fut pourtant un évènement majeur de 2009: l'entrée en vigueur officielle de la nouvelle orthographe. On peut désormais écrire ognon ou oignon ou hognon ou hoignon, nénuphare ou nénufard; on peut écrire que l'imbécillité (ou l'imbécilité) des linguistes qui ont patenté cette réforme est incommensurable ou incaummenssurable ou inquomansurable ou inkommensurable. C'est vraiment comme vous voulez. Y a pu de faute. Soyez-en avertis: cette chronique prend le tournant de la nouvelle orthographe.

Bon, vous me direz que ce texte est humoristique, ironique. Pantoute: c'est de la mauvaise foi crasse. Point à la ligne. De la mauvaise foi crasse d'un SALE CON qui écrit souvent n'importe quoi sans vérifier ses sources. D'ailleurs, qui a dit qu'il fallait des sources valides pour faire de l'opinion? Qui a dit qu'il fallait s'appuyer sur des faits vérifiables?

Il est inutile ici d'expliquer le tissu d'erreurs et d'inexactitudes qu'on retrouve dans cet extrait du texte de M. Foglia. Il fait de l'opinion, de l'humour. Blague. Drôle. «Pipi, caca, poil», comme dirait une collègue.

On reproche souvent à Martineau d'être imbécile. Rarement à Foglia. Pourquoi? Ils ont tellement en commun: tous les deux ont une blonde qui les accepte physiquement comme ils sont, par exemple. Non, on est plus tolérant envers Foglia parce qu'il est culturé, parce qu'il vit sur le Plateau de Saint-Armand.

Personnellement, un con, qui a de la culture, demeure un con. Même qu'un con culturé est encore plus désespérant qu'un simple con. C'est comme une ravissante intellectuelle célibataire faciste, une voiture sport automatique, un camion de pompiers sans boyaux, un muffin aux bleuets sans bleuets.