29 mars 2007

Je corrige, donc je n'existe plus!

N'ayez crainte: je ne me prends pas pour Un autre prof qui a malencontreusement induit en erreur ses lecteurs en suggérant qu'elle mettait fait à son blogue. Oh que non! Je sévirai jusqu'à ce que le sinistre Jean-Marc et ses acolytes me réduisent au silence! Gnac-gnac-gnac!

En fait, je voulais simplement illustrer qu'un enseignant qui corrige n'existe plus. Et en français, la situation est encore plus vraie. Finis la vie de famille, les amis, la réalité! Le crayon vert devient ton fidèle accompagnateur pendant quelques jours. En passant, j'évite le rouge sanglant; je lui préfère le vert, porteur d'espoir...

Prenons un exemple tout simple. Un enseignant de cinquième secondaire en français demande à ses élèves de rédiger un texte en prévision de l'examen d'écriture du MELS du 3 mai prochain. Ce dernier exige un texte d'environ 500 mots mais, dans les faits, il est difficile de satisfaire ses exigences en deça de 625 mots.

Donc, 4 groupes X 32 élèves X 625 mots = 80 000 mots!

Une autre méthode de calcul peut aussi illustrer la tâche qu'il doit affronter: 4 groupes X 32 élèves X 15 minutes minimum par copie = 32 heures!

Et il ne faut pas oublier que cet enseignant demandera plus d'une production écrite à ses élèves s'il veut qu'ils apprennent de leurs erreurs et mettent en pratique leur habileté à écrire un texte argumentatif. De plus, il faut ajouter que cet enseignant continuera à enseigner alors qu'il corrige. Il n'a alors pas le choix: il ouvre des quarts de soir, de nuit et de fin de semaine.

Bien sûr, il peut se rabattre sur le travail en équipe, mais on sait tous comment les choses se passent quand on se met à quatre pour écrire un texte...

Finie la vie de famille, les amies, la réalité! Je retourne à mon esclavage de correction.

27 mars 2007

Union contre-nature...

Lendemain de soirée électorale. Une sonnerie de téléphone.
- Allo. André, c'est Jean.
- Oui, quelle heure est-il?
- Un peu trop tard, André.
- Mummm, que me veux-tu?
-Comment as-tu dormi? Moi, j'ai rêvé toute la nuit qu'un gros barbu avec un scalpel voulait ma peau.
- Pas bien du tout, moi aussi. Je ne sais pas pourquoi, mais René Lévesque m'est apparu dans un grand nuage de fumée et m'a dit: «Tu disais que tu avais une équipe de rêve. Ça t'apprendra!»
- André?
- Oui, Jean.
- Le petit Dumont, je l'haïs.
- Moi aussi, Jean.
- Il commence à être dérangeant, là.
- Oui, je suis d'accord.
- André, mon parti est minoritaire, pis le tien est troisième. Ça va plutôt mal.
- Jean, tu ne me proposes pas de faire une coalition quand même?
-Penses-y, André. On n'a pas le choix!
- Ouais, vu de même...
- André?
-Oui, Jean.
- Je crois que nous sommes Unis pour réussir.

...

24 mars 2007

La maman de Félix en rajoute!

Je concluais mon dernier commentaire sur les chicanes de guénille à l'école en parlant des parents qui alertaient les médias au moindre prétexte et de la saga de l'enfant dans la cage (voir: The boy in the box).
Or, ne voilà-t-il pas que la maman du jeune enfermé récidive dans le Journal de Mouréal aujourd'hui! En effet, elle demande rien de moins qu'une enquête publique sur le traitement infligé à son fils:
«La femme a convoqué un point de presse hier pour «remettre les pendules à l'heure». Elle estime que son enfant a été traité de manière humiliante par la direction de l'école Saint-Paul et par la Commission scolaire de l'Énergie. «Des propos d'une extrême méchanceté ont été dits sur mon fils et je suis bien déçue de la position de l'école. (...) J'espère que les futurs politiciens au pouvoir vont prendre l'affaire en main.»
Je vous rappelle que cette dame affirme que son fils aurait été isolé pendant cinq semaines dans un enclos au fond d'une classe. Cinq semaines pour s'apercevoir de ce traitement dans une classe dans laquelle on retrouvait aussi son frère jumeau... On peut avoir un doute raisonnable. D'ailleurs, un journaliste à qui j'en ai parlé et qui a suivi l'affaire partage également mes interrogations.
Quoi qu'il en soit, faut-il se surprendre que la commission scolaire et les parents ne se parlent plus? «La maman de Félix déplore maintenant l'arrêt des discussions avec la Commission scolaire», indique le journal. Ben quin! Par ailleurs, la dame a retiré ses deux enfants de cette classe depuis plusieurs semaines et leur enseigne actuellement à la maison.
En passant, si vous avez prêté attention à cette affaire, remarquez le glissement quant au vocabulaire employé pour décrire cette histoire. Au début, on parlait d'une cage. Aujourd'hui, il s'agit d'un enclos.
Pour en savoir davantage:

23 mars 2007

Gérer de la guenille

Au Québec, on aime ça gérer de la guenille! En plus de la burqa dans les bureaux de vote, voilà qu'on reparle du code vestimentaire dans les écoles.

Dernier incident en lice: une élève du primaire est menacée d'expulsion parce qu'elle porte un petit diamant au nez (dixit La Presse). Écoutons un peu les arguments de la maman de la délinquante:

«Ma fille n'a pas le droit d'avoir un petit piercing dans le nez, mais les kirpans sont acceptés dans les écoles, déplore Manon Giroux. Le piercing n'est pas dans le sourcil ni dans la lèvre. Dans le nez, ce n'est pas pire que dans l'oreille.»

Ici, je ne peux que faire une montée de lait. Si jamais j'avais le bonheur d'avoir cette maman éplorée devant, voici ce que je lui répondrais:

Chère maman Papoute*,

L'école ou va votre fille a un code de vie que vous connaissiez depuis le début de l'année. Vous n'avez donc pas l'excuse de l'ignorer. Ce Code de vie est adopté par le Conseil d'établissement de votre école ou siège des représentant des parents, représentants que vous pouvez élire au début de l'année scolaire. D'ailleurs, pour votre gouverne, en fin d'année scolaire, votre CE devra reconduire ou modifier ce Code de vie. Pourquoi ne pas aller y défendre votre point de vue?

Quoi qu'il en soit, en envoyant votre fille à l'école de la sorte et en la soutenant dans son propos, vous avez pris le parti de contester l'autorité d'une institution qui est l'école. La question dans tout ce débat n'est pas savoir si celle-ci a tort ou raison dans les règlements dont elle se dote, mais bien de respecter la légitimité de l'adoption des règlements qu'elle se donne. Vous avez voulu établir votre propre justice en dehors de tout cadre légal reconnu. Quel bel exemple en tant que parent! En suivant votre raisonnement, j'invite les professeurs de votre fille à lui enseigner la futilité de respecter des consignes que vous pourriez lui donner comme de rentrer avant 22h00 le soir ou de faire le ménage de sa chambre. Je suis sûr que vous allez apprécier.

De plus, votre référence au kirpan est inappropriée. Ce dernier, à tort ou raison, a été autorisé par la Cour sûprême du Canada et est donc légal. L'école a l'obligation légale de l'accepter en classe, qu'elle le désire ou non.

Alors, s'il vous plait, peut-on consacrer nos énergies à faire autre chose que gérer de la guenille dans nos écoles?

Bref, encore un autre bel exemple de parent qui soutient l'école et qui s'intéresse aux apprentissages réels des enfants dans nos classes. Désespérant!

* Le terme vient d'une chronique du Prof maudit.

Pour en savoir davantage:
http://www.cyberpresse.ca/article/20070323/CPACTUALITES/703230676/1023/CPACTUALITES

Les Caronitudes

Situons le contexte: cette semaine, dans la mouvance électorale, la Fédération des directeurs d'établissement d'enseignement a remis en question les commissions scolaires et la légitimité des commissaires. (Voir billet: Dehors les commissaires!)
Comme le lien menant vers le texte du Devoir rapportant la réaction du président de la Fédération des commissions scolaires, M. André Caron, n'est que partiel, je me permets de reproduire ici un extrait juteux de cet article, question d'alimenter vos réflexions :
«On a ici un groupe (les directeurs d'école) qui relève de la direction générale d'une commission scolaire, qui elle-même est sous le conseil des commissaires, et qui remet en question la structure qui la dirige» affirme M. Caron. Sur leur chèque de paye, il y a des signatures! Et c'est la présidence et la direction générale de la commission scolaire. Disons que tout ça est étonnant et déplacé »
Quelle argumentation pénétrante qu'on peut résumer ainsi: «Messieurs, on signe vos chèque faque vos yeules!» Pour M. Caron, la loyauté à l'employeur doit confiner les directions d'école au silence et à la bêtise. On comprend alors à quel point il est difficile pour un cadre scolaire d'émettre une opinion contraire au diktat du minitère de l'Éducation ou de sa commission scolaire. De plus, quelqu'un peut-il rappeler à M. Caron que l'argent qui sert à payer les cadres scolaires vient des payeurs de taxes, pas de sa poche...
Je reviendrai à l'occasion sur ce monsieur Caron, un acteur important de l'éducation au Québec, qui semble n'avoir de compte à rendre à personne. Mais force est de reconnaître que Maurice Duplessis a l'air d'un intellectuel féru à coté de ça, non? Le bonhomme est tout un spécimen, je vous avertis. Et il n'est pas le seul roitelet de l'éducation à être maintenu en place pour des raisons politiques. Il faut le voir copiner avec notre sinistre Jean-Marc Fournier quand vient le temps d'aborder la réforme ou de s'en prendre aux enseignants... Voilà que je m'emporte! gardons-en pour une autre fois...
Terminons avec ce jeu de mots bien senti et un peu facile à propos de l'abolition des commisssaires scolaires, gracieuseté d'un collègue pince-sans-rire: «Commissaire à rien, pourquoi les garder?»

21 mars 2007

Les incompétents transversaux

Le Conseil supérieur de l'éducation (CSE) l'a décrété. Donc, ça doit être vrai: les compétences transversales (à une exception près) sont pertinentes et doivent demeurer! Écrit comme cela, on dirait un Concile qui aurait précisé des points de théologie. Et la comparaison n'est pas si boiteuse quand on y pense.

«Le Conseil supérieur de l'éducation conclut à la pertinence et à l'applicabilité des domaines généraux de formation et des compétences transversales malgré les difficultés qu'il constate au regard de leur prise en compte dans la pratique enseignante. Le Conseil considère comme essentiel de soutenir davantage les enseignantes et les enseignants afin qu'ils puissent véritablement intégrer, dans leur pratique, ces deux composantes du Programme de formation de l'école québécoise et que, à terme, les objectifs visés à cet égard soient atteints», peut-on lire sur le site du CSE.

Au fait, qui a consulté le CSE pour arriver à un tel avis? Des profs, des directions d'école, des conseillers pédagogiques. Le hic, c'est davantage de savoir qui sont ces gens et quelles sont leurs convictions pédagogiques. Dans le dossier de la réforme, ce n'est pas la première fois que le CSE et le MELS consultent des convertis au Renouveau qui nous indiquent que ce dernier fonctionne merveilleusement bien. Les mécréants, eux, sont relégués aux oubliettes de la consultation.

En effet, il faut avoir la foi pour faire partie de ces comités bidons, croyez-moi. J'ai participé à une ou deux reprises à ces exercices de «disons ce que le MESL veut entendre». J'en suis ressorti profondément dégoûté et on s'est bien assuré de ne plus jamais me réinviter. Au ministère, parce qu'on a peur, on déteste la chicane et les idées différentes. Ce sera sûrement l'objet d'un autre billet un jour.

Si l'on revient à cet avis du CSE, le plus incroyable, c'est que sept années après le début de la réforme, il ait écrit que les enseignants ont besoin d'accompagnement et qu'il faudra leur donner des guides pour mieux évaluer ces compétences. Plusieurs pensées se bousculent alors dans ma tête:

  • il a fallu sept années pour qu'on s'aperçoive de telles lacunes;
  • on donne suggère que les enseignants sont des débiles qui ne comprennent rien de la réforme;
  • et surtout, on donne l'impression que la réforme n'est pas le véritable problème; ce sont plutôt les enseignants.

Décidément, les ayatollas pédagogiques en mènent large au Québec et n'hésitent pas à ramasser subtilement les profs qui sont tous des incompétents transversaux!

Pour en savoir plus:
http://www2.canoe.com/infos/quebeccanada/archives/2007/03/20070321-112911.html
http://www.cyberpresse.ca/article/20070321/CPACTUALITES/703210646/1028
http://www.cse.gouv.qc.ca/FR/Bulletin/index.html#2007-03-20CTDGF

Dehors les commissaires...

Tiens... tiens... Voilà que les directeurs d'école remettent en question le rôle des commissaires dans nos belles commissions scolaires. Pauvres élus par 8% de la population! Personne ne les aime, finalement.

Bon, soyons sérieux. Je connais d'excellents commissaires qui veulent jouer un rôle actif dans leur communauté. Ils sont des leaders actifs qui apportent une contribution appréciable auprès des élèves et des écoles.


Mais j'en connais aussi qui se servent davantage de ce poste comme d'un tremplin politique pour ensuite migrer vers le municipal ou le provincial. Les élèves, ils n'en ont rien à cirer, honnêtement. Et je ne parle pas du mépris qu'ils affichent pour les enseignants...

Puis, il y a ceux qui sont là pour passer à la caisse et en retirer un profit personnel. On se souvient de tous ces reportages du journal de Mouréal ou l'on explique les avantages que se donnent parfois ces petits Ceauscecu de la démocratie scolaire. J'en ai même déjà entendu un suggérer qu'il devrait être rénuméré au même titre qu'un élu minicipal... Rien de moins!


Sauf que soyons honnête: si les directeurs ne veulent plus de commissaires, c'est évidemment pour des raisons politiques. Ils auront les coudées franches pour gérer leur école.


Pour en savoir plus:

18 mars 2007

Tout le monde en parle PAS!

Ce soir, le signifiant Jean Charest est passé à TLMEP. Une entrevue un peu complaisante de la part du signifiant Guy A. Lepage, il faut l'avouer. Devant tant de servilité, Bernard Derome et Jean-Luc Mongrain n'ont pas à craindre pour leur emploi. Quand le recyclage des déchets de l'autobus de campagne électorale du PLQ est le principal sujet de discussion, un candidat au poste de premier ministre peut se permettre de sourire.
Un moment intéressant est survenu lorsque Jean Charest a parlé de santé. Il a alors blâmé, comme d'habitude, le précédent gouvernement péquiste pour la mise à la retraite quasi forcée d'infirmières et de médecins qui a laissé le réseau de la santé dans un piètre état.

Il est regrettable qu'il n'y ait eu personne dans la salle, et ni un journaliste dans tout le Québec d'ailleurs, pour expliquer que le réseau de l'éducation a lui aussi connu une pareille saignée. En effet, avec le programme de mises à la retraite dans la fonction publique en 1997, on assite depuis à une pénurie d'enseignants dont les impacts sont nombreux dans nos écoles:
  • augmentation du nombre d'autorisations provisoires d'enseigner;
  • embauche de profs qui n'en sont pas et qui enseignent à des élèves réformés;
  • modifications aléatoire et incohérente quant à l'obtention du permis d'enseigner;
  • groupes sans enseignant pendant de longues périodes.

Si l'on se base sur les chiffres du MELS, cette pénurie devait ne pas exister, pour ensuite se terminer en 2001, puis en 2004, puis en 2007... Mais ce n'est pas grave comme disait un collègue: les jeunes ne meurent pas dans les écoles. On trafique les notes et ils sont même en excellente santé scolaire! Ah! Guy A., les déchets, y a rien de mieux pour interrroger un premier ministre...

17 mars 2007

Le PQ et les scouts

Nouvelle percutante ce matin dans le Journal de Mouréal: le PQ embauche des scouts pour distribuer des dépliants! Bon, bon... On sait bien que cette formation politique manque de bénévoles. Non, le punch réside plutôt dans le discours du député Camil Bouchard qui a eu recours aux émules de Baden Powell:

Pour M. Bouchard, il n'y a rien de répréhensible à rémunérer des jeunes pour effectuer le travail partisan. Il s'agit même, selon lui, d'une pratique parfaitement conforme «à l'éducation à la citoyenneté» enseignée dans les écoles. «L'argent s'en va pour l'organisation à laquelle ils sont membres et ils travaillent pour les autres. Y a-t-il une plus belle valeur que ça?», a lancé le député sortant.
Deux faits cependant me rendent mal à l'aise :
  • Âgés de 13 à 15 ans, les jeunes conscrits se sont fait promettre 500 $ pour distribuer des brochures partisanes à plus de 27 000 portes (un peu plus de 3 cennes la porte);
  • Camil Bouchard est pressenti pour être ministre de l'Éducation sous un éventuel gouvernement péquiste
Coudonc, on est-tu mieux de voter libéral finalement?

Pour en savoir plus:

http://www2.canoe.com/infos/quebeccanada/quebec2007/archives/2007/03/20070317-131249.html

15 mars 2007

Vive l'équité!

Maintenant que l'équité est réglée et que j'en ai plein les poche, mon syndicat passe aux choses sérieuses: on augmente les cotisations syndicales! Je ne sais pas pourquoi, mais je pense que la photo illustrant ce billet pourrait servir pour mon prochain passeport.


À propos de l'équité, un intéressant billet du Prof Maudit «Équité, mon cul!»:

La chaise vide

Je ne peux m'empêcher... Il s'agit d'une pensée bien méchante, je sais, mais il m'est impossible de ne pas la partager.

Ainsi, le sinistre Fournier a refusé de participer à certains débats reliés à l'éducation. Pour marquer l'absence de notre ami Jean-Marc à un débat qu'elle organisait, la Fédération autonome de l'enseignement (FAE) «a laissé sa chaise vide sur l'estrade devant la photo du ministre en noir et blanc.» Bof, quand on connaît la performance intellectuelle de notre leader péadgogique ministériel, on sait qu'il n'y a pas que la chaise qui est vide.

Le Grand Débarquement

Ça y est: elles arrivent! Elles, parce que ce groupe de stagiaires est majoritairement composé de filles. Pendant toute une session, elles viendront nous observer, nous les praticiens de l'éducation, les maîtres de l'enseignement, les professionnels de la pédagogie, les virtuoses de l'apprentissage, les...
Bref, d'un ton poli, j'ai déjà accueilli quelques-unes de ces jeunes insouciantes. Un mot d'encouragement («Il est encore temps de te réorienter professionnellement»), un sourire avenant et hypocrite («Les élèves ne vont faire qu'une bouchée de celle-là»), puis elles se replongent dans le monde du secondaire, qu'elles ont quitté il n'y a pas si longtemps quand même, en violant l'intimité de mon sanctuaire scolaire.

Une fois une complicité bien établie, elles me parlent de cette autre école ou leur stage d'observation a consisté à boire du café toute la journée, car les profs n'étaient pas très enthousiastes à l'idée de leur ouvrir les portes de leur classe. Loin de vouloir excuser ce comportement affligeant, un enseignant, il faut le savoir, c'est sensible et très insécure. Il a peur du regard de l'autre, du jugement. är contre, il est plus rapide sur la gachette quand vient le temps de juger un élève.
Et avec ce que m'ont raconté ces stagiaires à propos de certains de mes collègues que je croyais bien structurés, je comprends maintenant pourquoi il vaut mieux ne pas tout savoir des autres... Car le plus rigolo dans une école, c'est qu'on travaille avec des gens qu'on ne voit jamais travailler. Chacun dans son local et fermons la porte, même si les murs ne sont parfois pas assez épais pour cacher le désordre d'une classe voisine.

Enfin, ces étudiantes m'ont réconforté en me parlant de profs que j'aime bien qui les ont laissées parler en classe, prendre le tableau et le contrôle. Pour ma part, de façon un peu sadique, je les ai obligées à s'asseoir à l'avant, à côté de moi:«Tu viens pour les observer, ben observe-les t'observer, ma grande! Tu vas voir si tu aimes ça 33 paires d'yeux qui te regardent et qui t'évaluent...»

Mais le pire, c'est d'accueillir des anciennes élèves, de celles qui t'ont subi pendant un an et qui en redemandent encore. Des masos, rien de moins! Dans ce temps-là, je les enguirlande un peu avec mon mordant habituel: «Va observer ailleurs! Magasine un peu! Sors du 450 pour voir la vraie vie!» Sauf que je sais que je parle dans le vide. Ce sont de futurs profs et elles ont déjà un trait de personnalité typique de cette profession : elles sont insécures, bâtard!

11 mars 2007

Les Québécois rejettent la réforme scolaire

Bon... Bon... on parle en fait de 57% des Québécois, selon un sondage SOM à paraître demain dans le Journal de Montréal. La nouvelle est intéressante cependant: elle va peut-être obliger certains à parler d'éducation et des problèmes qu'on y retrouve. Quoique, côté déni, notre sinistre Jean-Marc ne donne pas sa place.

Je complèterai ce billet demain quand on en saura davantage mais, pour l'instant, il vous est possible de cliquer ici.
http://lcn.canoe.com/lcn/infos/national/archives/2007/03/20070311-170602.html

********

Voilà, on est rendu déjà demain. De tout le nouveau texte qu'a publié le JdeM sur ce sujet, je retiens cette phrase: «C'est une réforme déphasée par rapport aux attentes des parents. Il y a une opposition massive, constate Jean Bayard, vice-président des Services professionnels chez SOM. Si une entreprise avait le même genre de résultat dans un milieu concurrentiel, je ne ferais pas de pari sur sa chance de survie», lance-t-il.

Le reste du texte nous apprend des évidences que seul le MELS ne semble pas vouloir comprendre: la réforme ne passe pas; les nouveaux bulletins sont en chinois; les compétences transversales, en polonais, etc.

Deux choses en terminant.

Primo, les cordonniers sont toujours les plus mal chaussés. En effet, il s'agit d'une réforme que le ministère de l'Éducation n'arrive pas à expliquer aux Québécois. Éducation... expliquer... Me semble qu'il y a un lien, ma foi?

Deuxio, le sinistre Fournier va pédaler fort aujourd'hui. Je ne suis pas devin, mais gageons qu'il va parer les coups en abordant les points suivants:

  • il faut une éducation pour le XXIe siècle et qui tient compte de la réalité des enfants;
  • la réforme vise à contrer le décrochage scolaire;
  • la table de pilotage et ses recommandations (en passant, un comité d'experts formé par le MELS sur l'enseignement du français ne s'est toujours pas réuni des mois après l'annonce de sa création);
  • des nouveaux examens sont prévus à la fin de chaque cycle pour s'assurer de la qualité des apprentissages des élèves (honnêtement, la majorité des examens de fin de cycle actuels sont bidons et l'importance des futures évaluations sera noyée dans un bilan des apprentissages très subjectif);
  • l'ajout de 1 000 spécialistes pour aider les élèves en difficulté (mesure prévue dans la dernière pseudo convention collective alors qu'on a de la difficulté à en trouver et que certaines écoles utilisent ce budget à d'autres fins);
  • le redoublement est possible et on peut ajouter une année en cours de cycle si nécessaire (alors que des directions d'école ont obtenu un avis contraire des fonctionnaires mêmes du MELS);
  • le sondage a été commandé par un méchant syndicat.

Désolant! Et il ne faut pas compter sur le PQ pour brasser le dossier... Il dort dans le même lit que le PLQ.

Pour la suite des choses:

http://www2.canoe.com/infos/quebeccanada/archives/2007/03/20070312-053300.html

05 mars 2007

Au poète

Il cherchait ses mots et il ne les comprenait plus et on ne comprenait plus ceux qui sortaient de sa bouche. Le seul que tous autour de lui semblaient saisir était aphasie. Ils lui plaquaient d'ailleurs si souvent au visage qu'il en était devenu muet.

Le poète qu'il était avait connu mille tourments, mille plaisirs, mille débauches. Plus d'une fois, il avait assisté à la Création, sous ses doigts comme dans sa pensée unique et lumineuse. Mais, aujourd'hui, tout cela n'était plus que néant; il n'était plus que néant. Il était devenu la feuille vierge parce que la maladie y avait effacé toutes les phrases.

Les livres qu'il avait écrits, les poèmes qu'il avait composés, les discours qu'il avait prononcés, tous ces mots n'avaient plus de sens, même le nom Baudelaire.

03 mars 2007

Comment ne pas répondre à une question

Le premier sinistre Charest était à la télé hier dans une émission qui ressemble beaucoup à ce que font les Américains en campagne électorale et qu'on appelle des town hall : des citoyens ordinaires, des questions, un candidat et un modérateur. Tout cela donne l'illusion d'une certaine démocratie directe.

Or, donc, voilà qu'un parent interpelle notre frisé national à propos de la lisibilité des bulletins de la réforme. La réponse de ce dernier: «Il faut en parler à votre conseil d'établissement, madame.»

Quelqu'un peut-il m'expliquer ce que le CE d'une école peut changer là-dessus? Chez nous, la direction des ressources éducatives a produit un format de bulletin et la table des directions d'école l'a adopté par souci de cohérence. Quand j'ai questionné mon directeur à savoir si nous pouvions changer celui-ci la réponse fut non.

Alors, pourquoi en parler au CE? Les dés sont déjà pipés... comme d'habitude. M. Charest n'a pas menti: il n'a juste pas dit toute la vérité.

02 mars 2007

Y'é trois heures, on «farme»!

Mon école, fermée! Mon Dieu, est-ce la tempête du Siècle à l'extérieur? De mémoire, cet établissement scolaire n'a jamais fermé ses portes de toute ma carrière ou presque. Même durant la tempête de verglas de 1998, il n'était pas touché par ce désastre météorologique et accueillait les élèves tout heureux et les enseignants tout épanouis.

Je me souviens que je demeurais à Montréal à l'époque et que la ville avait l'air d'une zone sinistrée: tout était fermé, pas d'électricité, l'armée dans les rues, les arbres qui gémissaient de douleur. On stockait même de l'eau malgré les avis de la municipalité qui nous disait que c'était bien inutile. Quelques années plus tard, on a appris que les usines de filtration avaient failli lâcher... De quoi donner confiance en nos élus.

Chaque matin, durant quatre jours, j'éteignais la bougie qui me servait de chauffage la nuit et je prenais la voiture pour me rendre à mon lieu de travail. Les rues étaient glissantes, désolées, dangereuses. Mais 40 km plus loin, voilà que je me retrouvais dans le confort douillet d'une petite banlieue du 450 et que les résidents du coin vivaient dans l'insouciance la plus complète. Ils regardaient les bulletins de nouvelles en disant: C'est donc terrible! Puis, ils zappaient pour écouter leur émission préférée comme s'ils oubliaient que l'enfer glacé était à leur porte. Moi, je squattais ma classe le plus tard possible le soir et lorgnais les douches du gymnase. Finalement, la crise n'en finissant plus de s'éterniser, une collègue a décidé de m'héberger jusqu'à ce que mon petit 4 et demi soit à nouveau habitable.

Jamais je n'aurais cru que mon école aurait pu être si chaude et si accueillante.