30 novembre 2011

Il est temps qu'on prenne les vrais moyens (ajout virulent)

Une histoire triste. Un autre cas d'intimidation qui se conclut par un suicide. Nos charmants politiciens sont indignés. Mais soyez assurés le tout sombrera dans l'oubli du temps qui passe.

Alors, je n'hésite pas: quelqu'un quelque part doit demander une enquête publique ou du coroner sur la mort de cette jeune fille de Sainte-Anne-des-Monts. Il n'est pas acceptable qu'on ne questionne pas les pratiques des écoles en ce qui a trait à l'intimidation. Trop de gens s'en tirent sans qu'on les interpelle véritablement, trop de jeunes harceleurs ne sont pas inquiétés par la justice, trop d'adultes ne sont pas ramenés à leurs responsabilités, trop de jeunes se suicident parce qu'on ne répond pas adéquatement à leur détresse.

Il faut arrêter de s'indigner et agir. Il faut se dire, naïvement, que cette mort devrait être la dernière.

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Je mets en lien la réaction de l'humoriste Laurent Paquin devant cette triste histoire. Dans ce texte sur Canoe, on peut lire:

Il se moque aussi un peu du premier ministre Jean Charest, qui dit qu'«il faut se poser des questions». «Il faut agir!!!!» rétorque Laurent Paquin, en demandant aux gens d'être solidaires aux victimes d'intimidation. «On n'arrête pas de se poser des questions», a-t-il ajouté en entrevue.

Parlons-en de nos politiciens.


Déclaration de la ministre de l'Éducation: «On sent que c'est inacceptable dans notre société.»

Quelle phrase de n'importe quoi! Du gros «on» impersonnel, indéfni! «On sent que...» Vous, vous sentez quoi? Il me semble vous avoir vu prendre part à une marche contre l'intimidation il y a quelques mois. Et puis, plus rien. Retour au ministère ronflant qui dort ses deux oreilles. Combien de morts faudra-t-il encore pour que vous vous mettiez en mode «action», pas en mode «blabla».

Déclaration de la ministre de l'Éducation: «Et là, le contexte de ce geste-là posé par la jeune Marjorie, il semble bien que ce soit dans un contexte où elle aurait vécu de l'intimidation au cours des derniers jours ou des dernières années autour de son école.»

Euh... voilà la preuve de quelqu'un qui parle sans connaitre ce dossier. «...au cours des derniers jours ou des dernières années autour de son école.» Come on!

Déclaration du premier ministre: «On doit s'interroger si nous pouvons comme société en faire davantage.»

S'interroger comme société? Ne pourriez-vous uniquement vous interrogez, vous, et montrez l'exemple en agissant, en vous mettant à la tête d'un comité interministériel chargé de donner des outils aux écoles pour contrer l'intimidation? Pourriez-vous vous engager à déposer dans les six prochains mois une législation sur cette question et des balises pour guider les CS dans leurs interventions? Au lieu de parler du plan Nord et de voyager partout sur la planète, pourquoi ne pas juste aller à Sainte-Anne-des-Monts et commencer à régler des problèmes concrets?

Ironiquement, on a déployé une cellule de crise à l'école de la jeune maintenant qu'elle est morte. N'aurait-il pas été plus adéquat de s'assurer d'offrir des services alors qu'elle était en vie? 

Plein le c... des politiciens qui manquent de leadership.

28 novembre 2011

Une ostie de belle example pour le Français

Le «Phoenix» de Sherbrooke restera le «Phoenix». Ainsi en a décidé le président de cette future formation de hockey de la ligue junior majeure du Québec. Il faut savoir qu'en anglais, un «phoenix» est un oiseau de feu qui renait de ses cendres, comme le montre le logo de cette équipe. En français, c'est un arbre de la famille des cocotiers...

«On a fait ça sans mauvaise intention, a rappelé le propriétaire et vice-président de l'équipe, Jocelyn Thibault. Le choix du nom "Phoenix" s'est fait en tenant compte de la racine grecque du mot et du côté rassembleur.» Grec? Rassembleur, parce qu'en anglais? 

Ben oui, mon Jocelyn. Toi qui connais si bien le grec, sais-tu comment on dit le mot «foutaise» dans cette langue? En anglais, c'est «bullshit». Mais ça, tu t'en doutais déjà.

Quand on n'a pas la fierté de sa langue, on n'est même pas un peuple.

26 novembre 2011

Les Shafia et certaines interrogations

On connait tous la tragique histoire entourant ce qui est advenu à quatre membres de la famille Shafia. Or, depuis quelques jours, on s'interroge sur ce qui aurait pu ou dû être fait pour éviter ce drame. Trois chroniqueurs y vont de leur avis.

Le torchon de Benoit Aubin

Personnellement, Benoit Aubin a écrit le texte le plus insultant des trois. S'il demeure prudent en ce qui a trait aux accusés, il se livre à un procès en règle des intervenants dans ce dossier.

«Des professeurs, la direction de l'école, un centre d'accueil pour femmes en détresse, des travailleurs sociaux, la DPJ, la police de Montréal, avaient tous été alertés, souvent par les filles elles-mêmes. Mais leur «cas» aura finalement passé au travers des mailles du filet social comme un caillou dans la neige, jusqu'à leur mort tragique au fond du canal Rideau. [...] Aujourd'hui, les filles sont mortes, et j'imagine qu'il y a tout plein de gens qui doivent être sincèrement désolés d'avoir «échappé» une situation qui semble pourtant aujourd'hui tellement flagrante. [...] Mais aucun de ceux qui ont témoigné à ce procès cette semaine n'a formulé le moindre regret, la moindre excuse.»

On verra que l'école n'a échappé quoi que ce soit dans ce dossier, contrairement à ce qu'affirme de façon incohérente M. Aubin. Alors qu'il écrit qu'il «serait trop facile de jouer les gérants d'estrade» et nuance à la sauvette ses propos, ce chroniqueur ne propose aucune solution pour remédier à la situation qu'il dénonce. Facile, incohérent, maladroit, mal écrit...

Martineau et le relativisme culturel

Dans le même journal, Richard Martineau se demande plutôt si «on module notre jugement selon l'appartenance ethnique, religieuse et culturelle des personnes», la famille Shafia étant de pratique musulmane assez stricte, du moins en ce qui a trait aux parents et à un de leurs enfants. Il n'affirme pas: il se questionne.

À mon avis, tout a été fait dans les normes si on se fie à ce que j'ai pu lire. L'appartenance religieuse n'a rien changé aux interventions de l'école et de la DPJ. C'est un autre élément, on le verra, qui explique que certaines démarches n'ont pas pu aller plus loin.

Yves Boisvert: un peu décevant

Habituellement, ce chroniqueur de La Presse livre des propos éclairants et intéressants. Dans le cas qui nous préoccupe, je suis resté sur ma faim. Il demeure néanmoins que c'est ce dernier qui pose la bonne question: «Pourquoi la DPJ n'a-t-elle pas retiré les enfants Shafia de leur foyer?» D'ailleurs, le titre de son texte annonce clairement ses couleurs: «Les Shafia et la DPJ».

Tout d'abord, M. Boisvert montre qu'il suit le dossier Shafia en rapportant les actions concrètes posées par l'école.
  1. Une enseignante observe une marque de violence sur l'une des filles Shafia. («Antonella Enea, enseignante, a dit jeudi avoir remarqué une marque sur la main de Sahar. C'était un coup de ciseau donné par son frère, avait-elle dit.»)
  2. La même enseignante établit un contact avec cette enfant et s'informe de sa situation. («Sahar lui avait confié avoir tenté de se suicider.»)
  3. Il y a une rencontre avec les parents. («Mme Enea avait dû faire venir les parents Shafia pour leur expliquer que la Loi sur l'instruction publique les obligeait à envoyer leurs enfants à l'école les parents retenaient parfois Sahar, pour ne pas qu'elle fréquente des garçons.»)
  4. L'école a signalé ce cas à la DPJ. («Bref, il y avait amplement de quoi faire un signalement à la protection de la jeunesse. Ce qui fut fait en 2008.»)

Ensuite, M. Boisvert rapporte aussi la peine ressentie par les intervenants de l'école quant à cette horrible tragédie:

«On sentait une sorte de malaise et une grande tristesse dans le témoignage des professeures cette semaine. Ce sont elles qui ont pris l'initiative des plaintes. Qui ont recueilli les confidences de Zenaib ou Sahar, souvent en pleurs. Elles ont essayé de les aider, leur ont dit qu'elles n'avaient pas à accepter la violence chez elles.»

On est loin des jugements à l'emporte-pièce du très subtil et éclairé Benoit Aubin...

Là où je suis cependant déçu du texte de M. Boisvert est qu'il m'a habitué à aller plus loin que de rapporter les faits et les analyser.

Mon questionnement

Les trois chroniqueurs s'entendent sur les difficultés pour la DPJ à aller de l'avant avec une plainte alors que les enfants Shafia ont changé leur version une fois le signalement effectué.

La première question est de savoir s'il est normal que ces enfants aient parfois été interrogés par la DPJ et les policiers en présence de leurs parents, comme le souligne à juste titre Yves Boisvert. Une telle façon de fonctionner devrait être tout simplement interdite. C'est comme interroger une victime de viol devant son assaillant!

La seconde est de se demander pourquoi les services policiers et la DPJ n'ont pas poursuivi leurs démarches malgré le changement de version des enfants Shafia. À moins que je ne me trompe, dans le cas de violence conjugale, par exemple, on ne peut retirer une plainte une fois qu'elle est déposée. Pourquoi est-on plus «précautionneux» dans ce genre de situation que dans celui de la violence faite à des enfants? Il y a des changements de mentalité à effectuer et ceux-ci devraient peut-être être appuyés par des modifications à la loi ou à certains règlements.

Enfin, un dernier point. Je connais plusieurs enseignants qui ont effectué des signalements à la DPJ. Ceux-ci ont été classés parce que les enfants, comme dans le cas Shafia, ont changé leur témoignage. Dans d'autres cas, et c'est particulièrement troublant, parce que la famille a tout simplement déménagé dans un autre territoire administratif, entrainant ainsi la fermeture du dossier. Et comme il n'y a pas de suivi efficace entre les différents territoires administratifs de la DPJ, les cas «limites» ou peu documentés disparaissent simplement... laissant le beau jeu aux parents abuseurs.

24 novembre 2011

Vaccination contre la rougeole en vue

Prof malgré tout aborde le sujet sur son blogue en indiquant qu'on demanderait aux personnes non vaccinées de rester à la maison en cas d'éclosion de ce virus. Aujourd'hui, on en apprend davantage.

Primo: il y aura une campagne nationale de vaccination en décembre pour ce qui est des écoles secondaires et en janvier pour les écoles primaires.

Secundo: les élèves qui ne sont pas vaccinés seront forcés de rester à la maison, «le temps que l'éclosion s'estompe ou le temps qu'ils reçoivent le vaccin», disent les dirigeants de la santé publique.

Tertio:  «la politique a été discutée avec le ministère de l'Éducation et l'école prévoira un genre de soutien scolaire pour ces enfants-là», précise le directeur régional de santé publique de la Capitale-Nationale, François Desbiens. Un genre comme style manière de?

Juste par curiosité, quelles sont ici les dispositions légales qui permettent qu'on interdise à un enfant d'aller à l'école? On ne peut légalement, je crois, obliger un individu à subir un traitement médical ou le priver de l'un de ses droits (ici, la scolarisation) s'il ne le fait pas.

Dans un autre article, sur lequel s'est basé PMT, les autorités sanitaires sont moins catégoriques: «Pour les personnes qui refusent la vaccination, parce que la vaccination n'est pas obligatoire, on leur demanderait de s'exclure de l'école, c'est-à-dire pour toute la période - qui peut être de deux semaines - pour ne pas qu'ils retransmettent l'infection. Et ça vaut autant pour le personnel que les enfants.»

Personnellement, la question ne se pose pas: je me ferai vacciner si c'est nécessaire.  Mais on fait quoi avec ceux qui ne croient pas aux mérites de la vaccination?

Permis de tuer

Un automobiliste tue trois cyclistes à Rougemont. Aucune accusation.

À Saint-Gabriel-de-Valcartier, deux automobilistes tuent coup sur coup deux cyclistes. Aucune accusation même si, dans un cas, on indique que le véhicule moteur impliqué roulait à haute vitesse.

Qu'on vienne me dire qu'il est impossible de déterminer la vitesse d'une voiture ayant heurté un vélo en analysant les dégâts sur celui-ci. Dans un reportage sur le naufrage d'un navire, des scientifiques avaient pu évaluer la vitesse des vagues qui avaient coulé le bateau. Mais bon, des cyclistes... on s'en fout pas mal.

Vous vous promenez en voiture dans une zone sans témoin avec un cycliste devant vous. N'hésitez pas. Et surtout évitez de freiner pour laisser un indice de la vitesse à laquelle vous rouliez.

19 novembre 2011

François Legault: évaluer les enseignants en moins de 100 jours

«Je commencerais à évaluer les enseignants et à mieux les payer. [...] Je ferais cela dans les 100 premiers jours parce que je me suis rendu compte que plus on avance dans un mandat, plus les gens sont préoccupés par la réélection.»

- François Legault à La Presse

18 novembre 2011

Hugues Boisvenu: un être démagogue (ajout)

J'ai quelquefois malmené le sénateur Boisvenu pour certaines de ses prises de position intellectuellement douteuses et qui semble surtout animées par un désir de vengeance. S'il a raison quant au sort réservé aux victimes d'infractions criminelles, son incapacité à admettre que le système de justice québécois engendre moins de récidives et de violence prouve bien son étroitesse d'esprit, pour ne pas dire plus.

Quoi qu'il en soit, M. Boisvenu s'est surpassé sur les ondes de Radio-Canada en prêtant des intérêts corporatistes au Barreau du Québec en ce qui a trait au projet de loi C-10.

Le sénateur estime que 80 % des membres du Barreau sont des avocats de la défense. « Ces gens-là disent qu'ils sont contre les projets de loi qui affectent leur clientèle et c'est tout à fait normal », considère le fondateur de l'Association des familles de personnes assassinées ou disparues (AFPAD). « Moi, je défends au Sénat non pas les intérêts des criminels, mais ceux des victimes... », a-t-il ajouté.

Le Barreau n'a pas hésité à répliquer au sénateur. Ainsi, dans les faits, seuls 5% des membres du Barreau plaident dans des dossiers en matière criminelle. Quant à la position du Barreau, elle résulte du travail d'un comité composé de procureurs de la Couronne, de professeurs d'université et d'avocats de la défense.

Le sénateur Boisvenu fait dans la petite politique, la démagogie honteuse. Et dire que ça parle au nom de la justice et du droit.

(Quelques compléments d'information ici.)

Incompétence scolaire: certains bulletins retardés

La ministre de l'Éducation, Line Beauchamp, a  donné une année de plus au monde scolaire pour s'approprier le nouveau bulletin. Même avec cette année supplémentaire qui a été obtenue après de vigoureux débats avec les enseignants, pour 10% des élèves, généralement en adaptation scolaire, il n'y aura pas de bulletin en première étape (ici et ici). «C'est le chaos. Comme d'habitude avec le ministère de l'Éducation, c'est toujours improvisé et on n'est jamais prêt à temps», explique Alain Marois, président de l'Alliance des professeurs de Montréal.

Pourquoi? On semble comprendre que le fournisseur informatique des commissions scolaires n'est pas arrivé à fournir le matériel à temps. Avec une année de plus pour le faire. Imaginez maintenant quand on pense à l'installation de milliers de tableaux interactifs dans les écoles...

Ce fournisseur est-il la GRICS? Je pose cette question tout en me demandant qui sont les fournisseurs informatiques en éducation quant au bulletin. Dans les faits, dans mes réflexions, je m'interroge à savoir s'il existe une saine concurrence dans ce domaine.

Ensuite, concernant cette situation, la ministre va-t-elle demander qu'on sévisse à l'égard des gens concernés ou adopter l'attitude traditionnelle de «non-imputabilité» propre aux décideurs de l'éducation? Un élève qui me remet un travail en retard est pénalisé dans ma classe. Le fournisseur et la CS qui ne sont pas foutus de donner les outils nécessaires à la confection des bulletins, eux, s'en tirent sans aucune conséquence?

17 novembre 2011

Maxime Bernier: cet homme est toujours un menteur

« Le registre des armes d'épaule est inexact, et transférer ces données inexactes là à un gouvernement, ce serait lui donner un cadeau empoisonné. » — Maxime Bernier, ministre d'État à la Petite Entreprise et au Tourisme

S'il y en a un qui s'y connait en données inexactes, c'est bien lui.

15 novembre 2011

CAQ: Un flou un peu moins flou... un peu moins seulement

Après un an d'une tournée provinciale s'apparentant à une grosse campagne de présence médiatique, la Coalition pour l'avenir du Québec (CAQ) s'est convaincue d'être un parti politique: la Coalition Avenir Québec (CAQ).

Disons-le tout de suite, le plan d'action qu'elle propose en matière d'éducation reprend sensiblement les mêmes idées qu'originalement. M. Legault a écouté ce qui faisait bien son affaire sans remettre en question les bases mêmes de ses «solutions».

Ce qui est décevant, c'est que les changements qu'il propose ne sont basés sur aucune étude ou analyse sérieuse. De plus, pour moi, un plan d'action va au-delà des idées générales: il doit proposer des idées, des moyens et des indicateurs d'efficacité.  Or, force est de constater que la réflexion n'a pas trop avancé chez celui qui prétend agir au cours des 100 premiers jours de son mandat. Je me permettrai de reproduire ici en bleu les éléments du plan d'action de la CAQ en ce qui a trait à l'éducation (sauf en ce qui concerne la partie universitaire) et j'y ajouterai en rouge mes commentaires et questions.

1. L’ÉDUCATION, LA PRIORITÉ ABSOLUE
  
Lucien Bouchard tenait exactement le même discours avant de sortir la tronçonneuse. 

La priorité pour relancer le Québec est de s’assurer que notre système d’éducation permette à tous de donner leur pleine mesure. Depuis la Révolution tranquille, le Québec a réalisé des progrès remarquables. Cependant, les défis en éducation restent immenses. Trois orientations caractérisent les mesures avancées pour y parvenir.

La Coalition estime d’abord qu’il est impératif de revaloriser l’éducation en général et la profession enseignante en particulier. À cette fin, elle propose d’améliorer la formation des enseignants et de hausser leur salaire de 20 %. Cette dernière mesure attirera les meilleurs talents et procurera à ceux qui se dévouent à leur tâche une reconnaissance à la mesure de leurs efforts.

1- Concrètement, on parle de la formation des enseignants actuels et/ou de ceux dans nos universités?
2- La hausse de 20% sera-t-elle attribuée à tous les enseignants ou seulement à certains d'entre eux (selon des critères qui restent à définir) comme le sous-entend le libellé «à ceux qui se dévouent à leur tâche»)?
3- En plus de l'ajout d'une évaluation effectuée par les directions d'école, cette hausse s'accompagnera-t-elle d'ajouts dans la tâche des enseignants?
4- Rehaussera-t-on également en conséquence le salaire des autres individus oeuvrant en éducation: adjoints, directeurs, psychologues, etc.?
5- A-t-on mesuré l'impact de cette mesure sur un régime de retraite qui se base sur les cinq dernières années travaillées pour établir la rente payée?
6- Personnellement, ici, M. Legault pense comme un homme d'affaires. Un meilleur salaire attirera de meilleurs candidats. Or, bien des jeunes, qui ont ce qu'il faut pour être enseignant, refusent d'embrasser cette carrière pour des raisons personnelles et non financières. Ils ne se sentent pas les habiletés pour travailler avec des jeunes, par exemple (dans le milieu, on dit «moucher des nez et attacher des souliers»). Cette mesure risque, non pas d'attirer de meilleurs candidats, mais simplement des candidats intéressés par un meilleur salaire. Il s'agit d'une nuance importante quand on sait que les qualités personnelles pour être un bon enseignant sont davantage altruistes.
7- La valorisation des enseignants, selon M. Legault, ne se limite qu'au seul salaire. Or, la problématique est bien plus complexe. Pour de nombreux enseignants, c'est davantage leur rôle, leur statut et leur expertise qu'ils aimeraient voir mieux considérés. Bien des candidats intéressés par l'enseignement choisissent une autre carrière quand ils constatent le peu de cas qu'on fera de leurs opinions et de leurs idées. Ils réalisent que, même avec un bac ou une maitrise, ils seront traités comme de simples techniciens, pour ne pas dire moins.

Le droit à une éducation de qualité exige d’évaluer le travail des enseignants. L’objectif de cette mesure n’est pas de lier le salaire à un quelconque indice de performance, de congédier des enseignants ou de menacer leur sécurité d’emploi. Il s’agit plutôt de soutenir ceux qui seraient en difficulté, puis d’identifier et de partager les meilleures pratiques afin de s’assurer que tous les élèves reçoivent le meilleur enseignement possible. Cette mesure serait appliquée de manière souple et graduelle. Une formation adéquate des directions d’école devra d’abord être assurée. Des mécanismes spécifiques pourraient être mis en place pour éviter toute forme d’arbitraire dans les cas exceptionnels de congédiement.

8- Ici, M. Legault semble avoir modifié grandement sa vision des choses, comme le souligne Jean-François Lisée sur son blogue. Concrètement, est-ce que M. Legault a renoncé à instaurer des évaluations bi-annuelles et des contrats renouvelables de trois à cinq ans aux enseignants comme il l'avait déclaré précédemment? 
9- Comment M. Legault s'y prendra-t-il pour modifier les conventions collectives actuelles, s'il y a lieu?
10- Le libellé de la dernière phrase de ce paragraphe est plutôt troublant: ainsi, des mécanismes devraient obligatoirement être mis en place pour éviter toute forme d'arbitraire et non pas «pourraient».
11- Pour M. Legault, une éducation de qualité ne semble reposer que sur les seuls enseignants. Il n'y a qu'eux qui seront évalués et sur une base individuelle, qui plus est.
12- Le changement de position de M. Legault en ce qui a trait à l'évaluation et le congédiement des enseignants m'apparait troublant. Un homme a le droit de changer d'idée, mais il fallait écouter avec quelle ferveur M. Legault dénonçait sur différentes tribunes l'impossibilité de congédier un enseignant. Il serait tout à coup «assagi»? Peut-être?

Le décrochage scolaire reste trop élevé au Québec. Les solutions proposées par la Coalition s’attaquent à certaines des causes profondes de ce problème. Les ressources consacrées aux enfants handicapés ou éprouvant des problèmes d’adaptation ou d’apprentissage doivent être mieux allouées. Or, le décrochage est plus élevé chez les élèves issus d’un milieu socio-économique moins favorisé. Des
mesures ciblées doivent être prises pour les mener à la réussite, dont une meilleure allocation des ressources spécialisées, une augmentation du soutien aux écoles en difficulté et la possibilité de rémunérer davantage les enseignants travaillant dans des milieux où l’abandon scolaire est plus répandu.

13- La CAQ affirme que ses solutions s'attaquent à certaines des causes «profondes» du décrochage scolaire au Québec. Vraiment?  Ici, les mots sont flous: on parle de «mesures ciblées qui doivent être prises».  Mais que fait-on du rôle des parents? de la valorisation de l'école?  du soutien auprès des mères monoparentales peu instruites, par exemple?  La pensée de la CAQ en matière de décrochage semble se résumer à cette simple idée: donnons davantage de ressources à des écoles autonomes. Chaque école pourra ainsi inventer ou réinventer la roue.
14- La mesure visant à rémunérer davantage les enseignants oeuvrant dans des milieux difficiles s'ajoutera-t-elle celle d'une hausse de 20% de leur salaire?
15- Ce qui attire des enseignants dans un établissement d'enseignement, ce sont des facteurs comme la qualité des élèves, de l'équipe-école (direction, enseignants, etc.)  et le climat général de l'école. Encore une fois, M. Legault croit qu'un incitatif salarial sera suffisant pour attirer des enseignants dans des milieux plus difficiles. Je crois être un bon enseignant et même une augmentation d'un autre 20 000$ avant impôts de mon salaire ne m'inciterait pas à aller travailler dans une école où l'abandon scolaire est plus répandu. Dans les faits, l'argent n'attire que ceux qui aiment l'argent. Les écoles difficiles pourraient tout aussi bien se retrouver avec des enseignants en fin de carrière soucieux uniquement d'augmenter la valeur de leur retraite.
16- Les solutions de M. Legault quant au décrochage scolaire n'ont rien de trop nouveau. Ce dernier semble croire que plus d'argent accordé à des écoles autonomes règlera le problème. 
17- Enfin, M. Legault semble ignorer que la clientèle d'une même école peut être très variée, allant d'un programme international à de l'adaptation scolaire. Va-t-on mieux rémunérer, au sein d'une même école, un enseignant travaillant avec des élèves difficiles et laisser en plan un enseignant menant plus loin dans leur cheminement des élèves doués?

La Coalition croit également que les structures scolaires du Québec doivent être allégées afin d’augmenter les services directs aux élèves. L’abolition des commissions scolaires (incluant les élections scolaires et les postes de commissaires) et des directions régionales, et le redéploiement d’une partie de leur personnel en centre des services pour les écoles visent cet objectif. Le but de cette
réforme est double. Diminuer les coûts de la bureaucratie scolaire et transférer les ressources ainsi dégagées aux écoles afin d’en accroître l’autonomie et donner plus de services aux élèves. Cette restructuration tiendra compte de la réalité des régions, tandis que des écoles pourraient choisir de mettre plus ou moins de ressources en commun.

18- Quand la CAQ dit que les structures scolaires «doivent être allégées», on ne peut que sourire devant un pareil euphémisme... On remarquera que cette formation a quelque peu nuancé sa pensée: avant, on abolissait les commissions scolaires et confiait aux directions régionales le soin de gérer certains dossiers. J'ai vivement critiqué cette mesure ici, soulignant entre autres qu'on remettait à une entité régionale des dossiers pour lesquels elle ne possédait aucune expertise. Maintenant, la CAQ parle d'un nouvel organisme: les centres de service qui s'occupera de la distribution des ressources, de la répartition des élèves et du transport scolaire. 
Cette mesure marque théoriquement la fin de la démocratie scolaire et signifie une augmentation du pouvoir des fonctionnaires non élus. Sous prétexte que les élections scolaires sont peu populaires, la solution de M. Legault consiste tout simplement à supprimer celles-ci. En soi, toujours théoriquement, il s'agit d'une perte de pouvoir pour le citoyen et je trouverai toujours intellectuellement incohérent de voir des groupes de droite (ADQ, Liberté Québec) soutenir une telle initiative. 
19- L’abolition des commissions scolaires (incluant les élections scolaires et les postes de commissaires) soulève la constitutionnalité de cette mesure, notamment en ce qui a trait à la communauté anglophone du Québec.
20- Cette mesure soulève aussi d'autres questions tout aussi pertinentes. Qui sera l'employeur des enseignants et des divers employés des écoles? Comment procédera-t-on à leur embauche? Quelle convention collective s'appliquera? Qui nommera et congédiera les directeurs des écoles autonomes? Qui évaluera les écoles autonomes? Comment seront prises les décisions au sein des centres de services? Ne risque-ton pas d'avoir davantage de décisions centralisées au MELS?
21- Sur quelles analyses ou études se base la CAQ pour croire qu'il y aura effectivement une diminution des coûts de la bureaucratie scolaire? On doit se rappeler que la fusion des commissions solaires et des municipalités a, contrairement à ce qui était prévu, entrainé une augmentation des coûts administratifs de celles-ci.


Finalement, si la pensée de la CAQ a changé en ce qui a trait à deux points de son précédent discours (évaluation des enseignants et abolition des directions régionales), on ne peut que constater qu'en un an, celle-ci a peu étoffé ses idées quant à la façon dont elle va les réaliser.  On est encore devant un devoir moyen d'un étudiant de cégep qui entend refaire le monde.

Je l'ai déjà écrit: quand un politicien met de l'avant des idées aussi grandes de changement, il a aussi la responsabilité morale et politique tout aussi grande de s'assurer de leur validité et de leur réalisation. Divers apprentis sorciers ont suffisamment saccagé le monde de l'éducation au cours des 15 dernières années pour qu'on soit en droit de leur demander plus de rigueur dans leur démarche. L'histoire nous rappelle que M. Legault a été un ardent défenseur de la réforme de l'éducation.  Aujourd'hui, il est plutôt silencieux quant à ce sujet et à son rôle comme ministre de l'Éducation. Pendant trois ans, le fondateur d'Air Transat a été une partie du problème. Aujourd'hui, il se veut une solution. Permettez-moi d'être suspicieux.

De plus, M. Legault se dit à la tête d'une «coalition» qui ne rejoint dans les faits ni les représentants des commissions scolaires ni ceux des enseignants, qu'ils soient de la FSE ou de la FAE, deux organisations pourtant opposées. On peut alors douter de sa capacité à effectuer des changements aussi importants en éducation avec un si faible appui des principaux concernés. Le MELS n'a pas su implanter son Renouveau pédagogique parce qu'il a voulu le faire contre la résistance (fondée ou non) des enseignants.

On ne fait pas la révolution contre les gens mais avec eux. LA CAQ semble penser qu'elle pourra imposer de façon efficace aux principaux acteurs de l'éducation, de nature conservatrice, faut-il le dire, les mesures prévues dans son plan d'action.  Permettez-moi d'en douter.

Je m'en voudrais de ne pas souligner, en terminant, ce texte de Louis Cornellier portant sur le sujet que j'ai abordé dans ce billet.

Le logo de la CAQ

On parlera du contenu plus tard. De toute façon, le contenu, le citoyen moyen s'en fout en autant qu'on lui dise le mot «changement». Vous aimez la ressemblance?





12 novembre 2011

Mythe en éducation 3: gars, décrochage et sport

En réaction à mon précédent billet, Jonathan écrit: «Je suis désolé, mais il faut être myope en maudit pour manquer de modèle masculin à notre époque.»

Je vais en rajouter une couche: je suis tanné des discours de loosers voulant que les garçons soient maganés par un système scolaire matriarcal et féminisant. La plupart des gars en échec dans mes cours sont aussi paresseux à la maison qu'à l'école. Il suffit de jaser avec leurs parents pour comprendre qu'ils ont décroché et pas seulement en classe: «Il ne fait rien à la maison... Il fait juste jouer, manger et dormir...»

Le stéréotype du jeune garçon qui passe son temps sur une console à jouer au lieu de faire du sport et étudier est plus près de la réalité qu'on ne le croit. À mon école, la grande majorité des équipes sportives parascolaires sont constituées de filles (sept contre quatre l'année dernière). À la fédération sportive régionale, gars et filles participent à peu près au même niveau. Quand on affirme contrer le décrochage scolaire des gars par le sport, je rigole! Bien des gars parlent de sports, de hockey surtout, mais n'en pratiquent aucun! Sur Facebook, les filles écrivent à propos de leur dernier match de football, de basketball ou de soccer; les gars, de celui du Canadien...

Quand j'ai organisé des activités sportives, il fallait voir les filles respecter les consignes, jouer en équipe, être en meilleure forme, viser la victoire... et regarder les gars têtus, individualistes, bouder à la moindre difficulté et avoir de l'attitude. Savoureux!

Oui, je généralise mais, comme me le disait une élève aujourd'hui, je généralise à partir des faits tels qu'ils sont autour de moi. Et l'élève masculin québécois, quand il décroche, c'est souvent bien plus à cause d'un mode de vie qu'à cause de l'école. Le «petit roi de la maison à sa maman», le «petit junior à son popa» accepte mal la discipline et l'effort. Point à la ligne.

Heureusement, avec l'âge, vers 16 ans, certains cas désespérants commencent à s'éveiller aux réalités de la vie et commencent à comprendre le cul-de-sac auquel il se destinent.

08 novembre 2011

Les gars et l'école: l'enfer est pavé de bonnes intentions...

Afin de vouloir s'assurer que les gars ne décrochent pas, on crée un peu partout des initiatives pour ces derniers. La dernière en lice: cette école primaire de Chicoutimi qui ira de l'avant avec une sortie de gars.

«On voulait se démarquer en faisant une activité pour encourager les jeunes, surtout les garçons, à s'accrocher à l'école, a expliqué Daniel Morin, animateur de vie spirituelle et d'engagement communautaire à l'école des Quatre vents. Les garçons bougent beaucoup plus. Ils ont besoin de se dépenser. Les filles sont moins agitées que les garçons, qui ont besoin de défis.»

Je suis désolé, mais toutes ces initiatives sont basées sur des visions réductrices et généralisantes. À la limite, elles renforcent des préjugés et des perceptions sexistes. Regardons l'équation suivante:

Un gars = ça crie, ça court, ça aime les sports.

Donc, si ça ne crie pas, si ça ne court pas, si ça n'aime pas les sports, ça ≠ un gars.

Et si ça ≠ pas un gars, ça = une fille ou un fif.

J'ai passé mon primaire et mon secondaire à être traité de fif parce que je lisais, parce que j'aimais l'école, parce que je ne courais pas, parce que je ne criais pas et parce que je n'aimais pas les sports. Étant parmi les plus grands de ma cohorte, je ne compte plus les fois où j'ai dû me battre à 4 heures au rack à bécyk avec des petits teigneux atteints du complexe de Napoléon. Et chaque bagarre que je gagnais ne me rendait pas plus respectable aux yeux des vrais gars, en passant.

Qu'on vienne renforcer, en 2011, des images stéréotypées masculines me dépasse totalement. Et les filles ne perdent rien pour attendre à cette école. Elles auront aussi droit à sortie exclusivement pour elles.

J'ai tellement l'impression qu'on retourne à l'époque de GI Joe et de Barbie.

05 novembre 2011

Sondage: les journées pédagogiques

C'est connu: les enseignants ont deux mois de vacances et des journées pédagogiques pour lire des revues.

Dans les faits, est-ce que je me fais des idées où ces journées sont devenues des journées administratives où l'on nous montre comment gérer ci, comment gérer ça, comment remplir tel formulaire? C'est bien simple: j'ai l'impression que la bureaucratie est devenue verticale, du MELS jusqu'aux enseignants. Et dire qu'on pourrait consacrer ce temps à des activités plus utiles pour nos élèves!

De plus, ces journées sont aussi devenues celles des absents compensés. Impossible de véritablement tenir une rencontre efficace: il manque toujours des collègues à qui l'on remet des heures faites en trop ou partis dans un congrès ou une formation quelconque!

Un petit sondage pour me dire si je suis dans l'erreur. Je reviendrai sur le sondage précédent sous peu.