Le 29 août dernier, dans une entrevue à Dutrizac, la présidente de la Fédération des commissions scolaires du Québec (FCSQ), Josée Bouchard, déclarait qu'on verrait des changements à 180 degrés quant à la gestion de ces dernières «dès cette année» (à 7 minutes 35 secondes). «Au mois d'octobre, à la fin octobre, je devrais vous revenir là-dessus avec, comme on dit, une liste très concrète d'actions qui vont être mises en branle», précise-t-elle (à 7 minutes 46 secondes).
Or, aujourd'hui, on apprend en lisant Canoe que la FCSQ tiendra un sommet national sur l'éducation à Québec les 31 mai et 1er juin 2012 afin de créer un projet de «commission scolaire nouvelle».
L’exercice consistera au final à réduire les contraintes administratives imposées aux écoles, valoriser l’école publique, redonner une légitimité aux commissaires via les élections scolaires et ainsi faire taire les mauvaises langues qui souhaitent la disparition des commissions scolaires.
La présidente annonce qu'il y aura des changements importants mis en branle dès octobre et, seulement deux jours plus tard, dit qu'elle consultera divers intervenants quant à un nouveau modèle de commission scolaire en début juin. Compte-t-elle oublier les changements qu'elle a pourtant annoncés il y a deux jours ou tenir une consultation sur des changements qu'elle aura déjà mis de l'avant sept mois plus tôt?
Honnêtement, je ne comprends pas.
31 août 2011
Les profs ne sont pas technos? :)
Ce matin, je lisais dans le JdeM que les directeurs estiment «qu'il est maintenant temps de permettre aux élèves de tweeter en classe et d'utiliser davantage les nouveaux outils technologiques, comme le iPad, malgré une certaine résistance du corps enseignant.» Là, j'ai immédiatement répété mon mantra: avec le sourire, PM, avec le sourire.
La principale source de résistance aux nouvelles technologies dans mon école, ce sont ma CS et mon école elles-mêmes. Tout d'abord, parce que leurs choix politiques indiquent très bien que les technos les embêtent plus qu'autre chose. On interdit l'utilisation des réseaux sociaux sur la bande passante parce qu'on ne veut pas que les élèves puissent avoir accès à un contenu inapproprié via Facebook, par exemple. La Fédération des comités de parents du Québec est pleinement d'accord avec cette position. Certaines directions également parce que c'est plus facile de gérer les choses ainsi. D'ailleurs, douce ironie, il convient de souligner que Facebook et compagnie sont interdits d'accès dans la CS du directeur interviewé dans cet article. Je me demande alors qui résiste le plus. On ne verra jamais une direction d'établissement affirmer publiquement que sa CS l'empêche d'avancer dans ce dossier. Mais questionner la volonté des profs, par contre... Bébéfafa, comme dirait l'autre.
Un autre aspect politique réside dans le fait qu'on choisisse de ne pas travailler avec des logiciels libres de droit ou du matériel autre que celui des grandes compagnies internationales. Puis, qu'on équipe des gens avec des Ferrari alors qu'une simple Nissan suffirait. Et ensuite, on se plaint de ne pas avoir les sommes suffisantes pour appuyer des projets pédagogiques en classe. Vous devriez voir comment notre centre administratif et la salle des commissaires sont équipés!
Dans la même veine, depuis 20 ans que j'enseigne, j'ai pu remarquer que tous les postes administratifs sont informatisés. Les classes... pffffff! Peut-être un canon ici et là, mais rien qui n'appartient au monde de la technologie. Même nos craies sont aussi archaïques qu'il y a 50 ans. Les salles de prof... pffffff! Tenez: dans la mienne, nous avons quatre ordinateurs, dont deux ont des écrans qui ne fonctionnent plus, et deux imprimantes pour 25 profs. Pour avoir du papier et des cartouches d'encre, on a longtemps eu à connaitre la joie des réquisitions. Il peut s'écouler quatre mois avant qu'on répare ou remplace de l'équipement défectueux ou brisé. Si certains collègues n'avaient pas des portables, ce serait tout simplement l'enfer. Avec la rentrée, il nous a fallu rebrancher tous ces appareils qu'on avait déplacés pour faire le ménage de l'été.Si on avait attendu que le technicien vienne le faire, on en aurait au moins jusqu'en octobre!
Pour ce qui est des profs eux-mêmes, on commence à leur fournir des portables sur une base individuelle, mais la mesure n'est pas systématique et on oublie l'idée de formation et d'accompagnement. On leur remet une belle machine et voilà! Pendant ce temps, depuis quelques années, directions, cadres et commissaires sont équipés de pied en cap, si je puis dire.
Et si l'on parle du réseau sans fil, on commence à l'installer dans mon école, mais le qualité du signal varie selon les classes. Cela, c'est sans compter que l'entretien du réseau est effectuée le jour. Pour des raisons budgétaires, on ne veut pas payer des employés le soir et les fins de semaine. Alors, comme enseignant, tu n'es jamais certain d'avoir une connection sans fil pour le cours que tu as préparé. Mummmm... tentant de prendre le virage pédagogique! On comprend alors qu certains enseignants soient réticents aux nouvelles technologies. Ils veulent être certains qu'elles existent et qu'elles soient de qualité avant de les intégrer dans leur enseignement.
Enfin, dernier point, on n'a jamais osé réunir les enseignants et leur demander: «Bon, de quoi avez-vous besoin pour prendre le virage NTIC? Comment voulons le vivre?» On a simplement peur de ne pas être capable de leur livrer la marchandise, quant à moi.
Pour la réticence des profs, on repassera! La réticence, elle part de plus haut. Et l'inertie de certains de nos dirigeants scolaires n'aide en rien l'avancement du dossier NTIC. La position de Chantal Longpré, présidente de la Fédération des directions d'établissment d'enseignement, me semble plus juste.
Je me rappelle ce proverbe: «Give us the tool, we will give you the work.» Dans la grande majorité des cas, on en est rendu là. Pour résister à quelque chose, encore faudrait-il qu'il existe.
La principale source de résistance aux nouvelles technologies dans mon école, ce sont ma CS et mon école elles-mêmes. Tout d'abord, parce que leurs choix politiques indiquent très bien que les technos les embêtent plus qu'autre chose. On interdit l'utilisation des réseaux sociaux sur la bande passante parce qu'on ne veut pas que les élèves puissent avoir accès à un contenu inapproprié via Facebook, par exemple. La Fédération des comités de parents du Québec est pleinement d'accord avec cette position. Certaines directions également parce que c'est plus facile de gérer les choses ainsi. D'ailleurs, douce ironie, il convient de souligner que Facebook et compagnie sont interdits d'accès dans la CS du directeur interviewé dans cet article. Je me demande alors qui résiste le plus. On ne verra jamais une direction d'établissement affirmer publiquement que sa CS l'empêche d'avancer dans ce dossier. Mais questionner la volonté des profs, par contre... Bébéfafa, comme dirait l'autre.
Un autre aspect politique réside dans le fait qu'on choisisse de ne pas travailler avec des logiciels libres de droit ou du matériel autre que celui des grandes compagnies internationales. Puis, qu'on équipe des gens avec des Ferrari alors qu'une simple Nissan suffirait. Et ensuite, on se plaint de ne pas avoir les sommes suffisantes pour appuyer des projets pédagogiques en classe. Vous devriez voir comment notre centre administratif et la salle des commissaires sont équipés!
Dans la même veine, depuis 20 ans que j'enseigne, j'ai pu remarquer que tous les postes administratifs sont informatisés. Les classes... pffffff! Peut-être un canon ici et là, mais rien qui n'appartient au monde de la technologie. Même nos craies sont aussi archaïques qu'il y a 50 ans. Les salles de prof... pffffff! Tenez: dans la mienne, nous avons quatre ordinateurs, dont deux ont des écrans qui ne fonctionnent plus, et deux imprimantes pour 25 profs. Pour avoir du papier et des cartouches d'encre, on a longtemps eu à connaitre la joie des réquisitions. Il peut s'écouler quatre mois avant qu'on répare ou remplace de l'équipement défectueux ou brisé. Si certains collègues n'avaient pas des portables, ce serait tout simplement l'enfer. Avec la rentrée, il nous a fallu rebrancher tous ces appareils qu'on avait déplacés pour faire le ménage de l'été.Si on avait attendu que le technicien vienne le faire, on en aurait au moins jusqu'en octobre!
Pour ce qui est des profs eux-mêmes, on commence à leur fournir des portables sur une base individuelle, mais la mesure n'est pas systématique et on oublie l'idée de formation et d'accompagnement. On leur remet une belle machine et voilà! Pendant ce temps, depuis quelques années, directions, cadres et commissaires sont équipés de pied en cap, si je puis dire.
Et si l'on parle du réseau sans fil, on commence à l'installer dans mon école, mais le qualité du signal varie selon les classes. Cela, c'est sans compter que l'entretien du réseau est effectuée le jour. Pour des raisons budgétaires, on ne veut pas payer des employés le soir et les fins de semaine. Alors, comme enseignant, tu n'es jamais certain d'avoir une connection sans fil pour le cours que tu as préparé. Mummmm... tentant de prendre le virage pédagogique! On comprend alors qu certains enseignants soient réticents aux nouvelles technologies. Ils veulent être certains qu'elles existent et qu'elles soient de qualité avant de les intégrer dans leur enseignement.
Enfin, dernier point, on n'a jamais osé réunir les enseignants et leur demander: «Bon, de quoi avez-vous besoin pour prendre le virage NTIC? Comment voulons le vivre?» On a simplement peur de ne pas être capable de leur livrer la marchandise, quant à moi.
Pour la réticence des profs, on repassera! La réticence, elle part de plus haut. Et l'inertie de certains de nos dirigeants scolaires n'aide en rien l'avancement du dossier NTIC. La position de Chantal Longpré, présidente de la Fédération des directions d'établissment d'enseignement, me semble plus juste.
Je me rappelle ce proverbe: «Give us the tool, we will give you the work.» Dans la grande majorité des cas, on en est rendu là. Pour résister à quelque chose, encore faudrait-il qu'il existe.
29 août 2011
La présidente de la FCSQ en entrevue: un moment plutôt gênant
Cette année, j'essaie de prendre les choses avec le sourire. Une philosophie pour vivre vieux, du moins pour vivre jusqu'à ma retraite....
Je souriais donc jusqu'à ce que j'écoute, ce soir, une entrevue que la présidente de la Fédération des commissions scolaires du Québec (FCSQ), Mme Josée Bouchard, donnait à Dutrizac. Aussi bien le dire, ce fut un désastre. Une pièce d'anthologie de ce qu'il ne faut pas faire. Et je ne le dis pas avec méchanceté ou arrogance. Au risque de vous surprendre, je ne suis pas convaincu qu'il faille nécessairement abolir les commissions scolaires. Revoir leurs rôles et la philosophie qui les guident, oui. Sauf que Mme Bouchard semble définitivement éprouver de sérieuses difficultés à défendre ses idées
Durant cette entrevue, la présidente de la FCSQ bafouillait fréquemment, ne répondait pas aux questions, manquait d'assurance, se livrait à des digressions inutiles, contestait l'animateur, s'est fait mettre en boite avec un tournoi de golf ou se contredisait. Un grand moment de trash radio! La ligne directrice qu'elle voulait développer trébuchait sur les questions assez bien préparées de l'animateur. Dutrizac a mangé tout rond son interlocutrice alors qu'il faut l'avouer, ce dernier est parfois un peu paresseux dans sa préparation. C'est pour vous dire! Il lui a réservé un traitement royal. L'animateur du 98,5 FM pourra sûrement continuer à dire «qu'elle ne connait rien à son affaire» comme elle le lui reprochait en ouverture d'entrevue. Quelle autre gaffe en passant!
Ce que l'on comprend en écoutant Mme Bouchard, c'est qu'elle reconnait - avec humilité - que le message de la FCSQ «ne passe pas». Pourtant, avec une équipe de communication et des millions de budget de fonctionnement, la chose m'apparait assez incroyable. Elle a annoncé un plan qu'elle ne connait pas encore, parlé d'outils de gestion qu'il faudra commander pour mieux suivre les élèves... Elle ignorait combien a couté le dernier congrès que son organisme a pourtant organisé. Elle invitait l'animateur à amorcer un virage à 180 degrés alors qu'il lui parlait d'un congrès au Reine-Élisabeth... Elle affirmait que les CS hausseront d'un cran leurs exigences, mais refusait d'être questionnée sur les pratiques de celles-ci. Bravo pour la rédition de compte et la transparence!
Plus clairement, elle aurait gagné à développer un discours plus serré, qui ne s'éternise pas sur 14 minutes, à parler de mieux suivre les élèves, de fusionner certains services sur une base régionale, d'offrir des services aux écoles sur une base coopérative (ici).
Sauf que Mme Bouchard est dans une position difficile parce qu'il est inutile de parler de changements dans les CS si on n'assiste pas de façon spectaculaire à une remise en question de la culture de gestion de ces dernières. Il est ridicule de dire qu'on va mieux gérer les choses aux citoyens tout en continuant à tenir des congrès dans des hôtels comme le Reine-Élisabeth. Il faut marquer un grand coup et cesser de parler, d'annoncer. On reproche aux CS des dépenses discutables: tenez vos congrès au Best Western, coupez dans l'alcool et le golf! Refaites-vous une crédibilité, de grâce!
Je n'arrive encore pas à comprendre comment la présidente d'un organisme aussi important puisse donner une aussi mauvaise entrevue. Elle était mal préparée par un entourage déficient, elle n'écoute pas ses conseillers, ceux-ci n'osent pas souligner ses défauts ou elle n'est pas la bonne personne pour mener cette lutte? Chose certaine, des changements s'imposent si Mme Bouchard veut convaincre la population du sérieux des intentions des CS. Actuellement, de la façon dont elle mène ce dossier, celle-ci nuit plus à son organisme qu'elle ne l'aide. Ses adversaires doivent tout simplement jubiler à la regarder aller et à l'écouter.
Pour ma part, il est regrettable qu'un débat politique aussi important risque d'être complètement manqué parce que certains intervenants qui y participent défendent leur point de vue avec autant de difficulté. Pas de méchanceté. Juste le constat d'un prof qui souhaite qu'on prenne de bonnes décisions pour l'avenir de nos gamins.
Actuellement, les CS sont plus ou moins protégées par le ministère de l'Éducation, mais on ose à peine imaginer ce qui arriverait si elle perdait l'appui d'un grand frère parfois complaisant.
Je souriais donc jusqu'à ce que j'écoute, ce soir, une entrevue que la présidente de la Fédération des commissions scolaires du Québec (FCSQ), Mme Josée Bouchard, donnait à Dutrizac. Aussi bien le dire, ce fut un désastre. Une pièce d'anthologie de ce qu'il ne faut pas faire. Et je ne le dis pas avec méchanceté ou arrogance. Au risque de vous surprendre, je ne suis pas convaincu qu'il faille nécessairement abolir les commissions scolaires. Revoir leurs rôles et la philosophie qui les guident, oui. Sauf que Mme Bouchard semble définitivement éprouver de sérieuses difficultés à défendre ses idées
Durant cette entrevue, la présidente de la FCSQ bafouillait fréquemment, ne répondait pas aux questions, manquait d'assurance, se livrait à des digressions inutiles, contestait l'animateur, s'est fait mettre en boite avec un tournoi de golf ou se contredisait. Un grand moment de trash radio! La ligne directrice qu'elle voulait développer trébuchait sur les questions assez bien préparées de l'animateur. Dutrizac a mangé tout rond son interlocutrice alors qu'il faut l'avouer, ce dernier est parfois un peu paresseux dans sa préparation. C'est pour vous dire! Il lui a réservé un traitement royal. L'animateur du 98,5 FM pourra sûrement continuer à dire «qu'elle ne connait rien à son affaire» comme elle le lui reprochait en ouverture d'entrevue. Quelle autre gaffe en passant!
Ce que l'on comprend en écoutant Mme Bouchard, c'est qu'elle reconnait - avec humilité - que le message de la FCSQ «ne passe pas». Pourtant, avec une équipe de communication et des millions de budget de fonctionnement, la chose m'apparait assez incroyable. Elle a annoncé un plan qu'elle ne connait pas encore, parlé d'outils de gestion qu'il faudra commander pour mieux suivre les élèves... Elle ignorait combien a couté le dernier congrès que son organisme a pourtant organisé. Elle invitait l'animateur à amorcer un virage à 180 degrés alors qu'il lui parlait d'un congrès au Reine-Élisabeth... Elle affirmait que les CS hausseront d'un cran leurs exigences, mais refusait d'être questionnée sur les pratiques de celles-ci. Bravo pour la rédition de compte et la transparence!
Plus clairement, elle aurait gagné à développer un discours plus serré, qui ne s'éternise pas sur 14 minutes, à parler de mieux suivre les élèves, de fusionner certains services sur une base régionale, d'offrir des services aux écoles sur une base coopérative (ici).
Sauf que Mme Bouchard est dans une position difficile parce qu'il est inutile de parler de changements dans les CS si on n'assiste pas de façon spectaculaire à une remise en question de la culture de gestion de ces dernières. Il est ridicule de dire qu'on va mieux gérer les choses aux citoyens tout en continuant à tenir des congrès dans des hôtels comme le Reine-Élisabeth. Il faut marquer un grand coup et cesser de parler, d'annoncer. On reproche aux CS des dépenses discutables: tenez vos congrès au Best Western, coupez dans l'alcool et le golf! Refaites-vous une crédibilité, de grâce!
Je n'arrive encore pas à comprendre comment la présidente d'un organisme aussi important puisse donner une aussi mauvaise entrevue. Elle était mal préparée par un entourage déficient, elle n'écoute pas ses conseillers, ceux-ci n'osent pas souligner ses défauts ou elle n'est pas la bonne personne pour mener cette lutte? Chose certaine, des changements s'imposent si Mme Bouchard veut convaincre la population du sérieux des intentions des CS. Actuellement, de la façon dont elle mène ce dossier, celle-ci nuit plus à son organisme qu'elle ne l'aide. Ses adversaires doivent tout simplement jubiler à la regarder aller et à l'écouter.
Pour ma part, il est regrettable qu'un débat politique aussi important risque d'être complètement manqué parce que certains intervenants qui y participent défendent leur point de vue avec autant de difficulté. Pas de méchanceté. Juste le constat d'un prof qui souhaite qu'on prenne de bonnes décisions pour l'avenir de nos gamins.
Actuellement, les CS sont plus ou moins protégées par le ministère de l'Éducation, mais on ose à peine imaginer ce qui arriverait si elle perdait l'appui d'un grand frère parfois complaisant.
28 août 2011
Que penser de ce discours de la présidente de la FCSQ? (ajout)
La présidente de la Fédération des commissions scolaires du Québec (FCSQ), Josée Bouchard, y est allée hier d'un discours sur les grandes orientations que les CS prendront sous peu (ici et ici). Si on attend encore le plan détaillé et les mesures qui accompagneront ces intentions, on peut se questionner sur ce qu'entendent faire concrètement les CS. Pourquoi se questionner? Parce que ce que madame Bouchard propose devrait déjà être le mandat de ces organismes. Quand on dit qu'on va entreprendre un virage à 180 degré, c'est qu'on avoue avoir roulé dans le mauvais sens depuis un bout, non? Ce n'est pas trop grave si c'est seulement depuis une semaine, un mois mais, ici, on parle en terme d'années.
Parmi les intentions indiquées par Madame Bouchard, l'on retrouve:
Je veux bien donner la chance au coureur, mais voilà: comment avoir confiance envers des gens qui ont défendu parfois l'indéfendable et qui, tout à coup, semblent se convertir sur leur chemin de Damas?
Déjà, certaines idées de ce discours sentent (je me trompe peut-être) le réchauffé. Par exemple, l'affirmation 1 est en lien direct avec l'idée de jumeler les élections scolaires à celles des municipalités. Rien de bien neuf. L'affirmation 2 est ni plus ni moins un énoncé fréquent du MELS qui n'arrête pas de mentionner le nombre de raccrocheurs au Québec. C'est bien que les jeunes raccrochent de la sorte mais, s'ils décrochaient moins, ce ne serait pas un peu mieux? C'est un peu comme un médecin qui se vante de guérir des patients dont il aurait pu plutôt prévenir la maladie. Les affirmations 3, 4 et 5 sont troublantes parce que, comme je l'ai souligné, ce devrait déjà être des objectifs des CS.
Je ne sais pas si Mme Bouchard est consciente que les organismes qu'elle représente ont, à tort ou à raison, toute une côte à remonter. Sur le site de Radio-Canada, les commentaires étaient lapidaires à ce sujet. Mais son discours d'hier montre bien la situation incohérente des CS qui disent vouloir maintenant se préoccuper d'efficacité et de diplômation. À cet égard, les critiques de la Coalition sur l'avenir du Québec et de la Fédération québécoise des directions d'établissement d'enseignement ont peut-être commencé à porter fruit. Attendons voir.
********
En lien, ces deux textes publiés ce matin:
Éducation: l'effet Legault
Coup de balai à la CSDM
Parmi les intentions indiquées par Madame Bouchard, l'on retrouve:
- changer nos façons de faire pour renouveler la gouvernance et la gestion des commissions scolaires;
- parler des enfants et des jeunes adultes qui reviennent à l'école et qui poursuivent leur cheminement par l'éducation des adultes et la formation professionnelle.
- les projecteurs seraient braqués sur les résultats des élèves et leur potentiel, et ce, afin de favoriser leur diplomation;
- transformer leur mode de fonctionnement pour s'attaquer à la réussite scolaire des Québécois
- simplifier leur administration et à redonner à l'école publique ses lettres de noblesse.
Je veux bien donner la chance au coureur, mais voilà: comment avoir confiance envers des gens qui ont défendu parfois l'indéfendable et qui, tout à coup, semblent se convertir sur leur chemin de Damas?
Déjà, certaines idées de ce discours sentent (je me trompe peut-être) le réchauffé. Par exemple, l'affirmation 1 est en lien direct avec l'idée de jumeler les élections scolaires à celles des municipalités. Rien de bien neuf. L'affirmation 2 est ni plus ni moins un énoncé fréquent du MELS qui n'arrête pas de mentionner le nombre de raccrocheurs au Québec. C'est bien que les jeunes raccrochent de la sorte mais, s'ils décrochaient moins, ce ne serait pas un peu mieux? C'est un peu comme un médecin qui se vante de guérir des patients dont il aurait pu plutôt prévenir la maladie. Les affirmations 3, 4 et 5 sont troublantes parce que, comme je l'ai souligné, ce devrait déjà être des objectifs des CS.
Je ne sais pas si Mme Bouchard est consciente que les organismes qu'elle représente ont, à tort ou à raison, toute une côte à remonter. Sur le site de Radio-Canada, les commentaires étaient lapidaires à ce sujet. Mais son discours d'hier montre bien la situation incohérente des CS qui disent vouloir maintenant se préoccuper d'efficacité et de diplômation. À cet égard, les critiques de la Coalition sur l'avenir du Québec et de la Fédération québécoise des directions d'établissement d'enseignement ont peut-être commencé à porter fruit. Attendons voir.
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En lien, ces deux textes publiés ce matin:
Éducation: l'effet Legault
Coup de balai à la CSDM
Rentrée sous le signe de l'improvisation
Une fois n'est pas coutume et, cette année, la Ligue nationale d'improvisation n'aura rien à envier à ma planification.
En effet, cette année, je vis à l'heure du bulletin unique de trois étapes. On connait les dates où ceux-ci devront être complétés. Mais je ne sais pas encore:
- quels volets seront mesurés à chaque étape;
- s'il y a des examens à la fin de l'année;
- et à quoi pourraient ressembler ces examens (type de discours, etc.).
Pour ajouter à cette situation, on demande cette année aux enseignants de mon niveau d'avoir une évaluation commune alors que nous avions l'habitude de manoeuvrer un peu à notre guise. Cela, c'est sans compter que le document sur la progression des apprentissages en français au secondaire vient à peine de sortir et qu'on risque de me demander de m'approprier le tout pour avant-hier parce que les CP vous sûrement concevoir des situations d'évaluation qui vont tenir compte de celle-ci.
En passant, on ne le dira jamais assez, mais c'était illusoire de créer un programme de français sans préciser à quel niveau correspondait certains compétences. Les fonctionnaires du MELS voulaient éviter une approche par objectif et nous ont enfoncés dans un grand maelstrom notionnel. «C'est aux équipes-école de décider sous forme de planification verticale», que j'ai déjà entendu. Mettez trente profs de français dans une même salle et attendez-vous à tout, sauf un projet commun... Ce sont les maisons d'édition, qui ont eu à l'époque un accès privilégiés au programme de français, qui ont finalement déterminé ce qui serait vu chaque année à travers la conception de divers manuels.
Aujourd'hui, il faut se demander si ces manuels, achetés à fort prix, sont toujours valides. De même pour certains cahiers d'exercices actuellement achetés par les parents. Pour ma part, les manuels de français trainent au fond d'une armoire depuis quatre ans... et je ne doute pas qu'ils soient quelque peu dépassés.
En effet, cette année, je vis à l'heure du bulletin unique de trois étapes. On connait les dates où ceux-ci devront être complétés. Mais je ne sais pas encore:
- quels volets seront mesurés à chaque étape;
- s'il y a des examens à la fin de l'année;
- et à quoi pourraient ressembler ces examens (type de discours, etc.).
Pour ajouter à cette situation, on demande cette année aux enseignants de mon niveau d'avoir une évaluation commune alors que nous avions l'habitude de manoeuvrer un peu à notre guise. Cela, c'est sans compter que le document sur la progression des apprentissages en français au secondaire vient à peine de sortir et qu'on risque de me demander de m'approprier le tout pour avant-hier parce que les CP vous sûrement concevoir des situations d'évaluation qui vont tenir compte de celle-ci.
En passant, on ne le dira jamais assez, mais c'était illusoire de créer un programme de français sans préciser à quel niveau correspondait certains compétences. Les fonctionnaires du MELS voulaient éviter une approche par objectif et nous ont enfoncés dans un grand maelstrom notionnel. «C'est aux équipes-école de décider sous forme de planification verticale», que j'ai déjà entendu. Mettez trente profs de français dans une même salle et attendez-vous à tout, sauf un projet commun... Ce sont les maisons d'édition, qui ont eu à l'époque un accès privilégiés au programme de français, qui ont finalement déterminé ce qui serait vu chaque année à travers la conception de divers manuels.
Aujourd'hui, il faut se demander si ces manuels, achetés à fort prix, sont toujours valides. De même pour certains cahiers d'exercices actuellement achetés par les parents. Pour ma part, les manuels de français trainent au fond d'une armoire depuis quatre ans... et je ne doute pas qu'ils soient quelque peu dépassés.
24 août 2011
Frais exigés aux parents: des disparités planétaires
Dans la couverture médiatique concernant le coût du matériel scolaire demandé aux parents, Gaston Rioux, le vice-président de la Fédération des comités de parents du Québec (FCPQ), y va d'une déclaration assez surprenante: «Les listes sont de plus en plus raisonnables. Leur coût varie de 20 à 40 dollars.» Dans un autre texte, notre homme, qui est devenu cette fois président de la FCPQ, explique: En général, c'est raisonnable. Dans ma commission scolaire, ça varie de 40 à 50 dollars par élève. Ça inclut les cahiers d'exercices, les agendas plus quelques sorties éducatives.» Des sorties éducatives en plus!
Il est vrai que les écoles font davantage attention de ce qu'elles exigent des parents, mais des listes variant de 30 à 40$? Sur quelle planète vit cet homme? À mon école, si je vous disais que j'ai vu des factures de plus de 250$.
Il y a beaucoup d'hypocrisie quant à cette question. Certaines directions d'école savent sciemment qu'elles ne respectent pas la loi à ce sujet mais prennent une chance. D'autres libellent la facture envoyée aux parents en additionnant tous les items et en leur laissant le soin de soustraire ce qui est optionnel de ce qui ne l'est pas. Et je ne parle pas du MELS qui ne tient pas à clarifier la question plus qu'il ne le faut. Par exemple, une école a-t-elle le droit d'exiger une tenue vestimentaire obligatoire achetée chez un fournisseur officiel?
Il est vrai que les écoles font davantage attention de ce qu'elles exigent des parents, mais des listes variant de 30 à 40$? Sur quelle planète vit cet homme? À mon école, si je vous disais que j'ai vu des factures de plus de 250$.
Il y a beaucoup d'hypocrisie quant à cette question. Certaines directions d'école savent sciemment qu'elles ne respectent pas la loi à ce sujet mais prennent une chance. D'autres libellent la facture envoyée aux parents en additionnant tous les items et en leur laissant le soin de soustraire ce qui est optionnel de ce qui ne l'est pas. Et je ne parle pas du MELS qui ne tient pas à clarifier la question plus qu'il ne le faut. Par exemple, une école a-t-elle le droit d'exiger une tenue vestimentaire obligatoire achetée chez un fournisseur officiel?
23 août 2011
Ces anciens ministres de l'Éducation qui oublient leur performance
J'écoutais Mme Marois parler de son leadership ce matin. Lorsqu'elle a souligné qu'elle avait déjà piloté des dossier difficiles à l'époque où elle était ministre de la Santé et de l'Éducation, j'ai failli avaler ma toast d'un coup. Piloter dans le mur?
Et quand je pense que l'autre futur aspirant au pouvoir a déjà déclaré que les enseignants lisaient des revues lors des journées pédagogiques, je me dis qu'on est mal barré. Dans un article du JdeQ, il s'en prend aux enseignants incompétents et oublie tout le reste de la machine éducative qui n'est pas un modèle de performance et d'efficacité. C'est tellement plus facile de s'en prendre aux petits.
Ma question: et les ministres de l'Éducation incompétents, on fait quoi avec eux? Peut-on envisager une procédure de rappel comme en Californie avec les gouverneurs?
Et quand je pense que l'autre futur aspirant au pouvoir a déjà déclaré que les enseignants lisaient des revues lors des journées pédagogiques, je me dis qu'on est mal barré. Dans un article du JdeQ, il s'en prend aux enseignants incompétents et oublie tout le reste de la machine éducative qui n'est pas un modèle de performance et d'efficacité. C'est tellement plus facile de s'en prendre aux petits.
Ma question: et les ministres de l'Éducation incompétents, on fait quoi avec eux? Peut-on envisager une procédure de rappel comme en Californie avec les gouverneurs?
21 août 2011
Matériel scolaire gratuit en Ontario: vous n'êtes pas tannés de payer, bande de caves!
Voilà! Après des années de vérification et de questions, le sujet est sorti dans les médias. Parents québécois, vous payez pour les effets scolaires de vos enfants alors qu'ils sont fournis gratuitement par les écoles en Ontario. Pour pasticher le très indélicat Péloquin: «Vous n'êtes pas tannés de payer, bande de caves!»
Maintenant, analysons les réactions de deux intervenants en éducation et passons aux VRAIES (...) questions.
Pour Gaston Rioux, président de la Fédération des comités de parents du Québec (FCPQ): «La question est de savoir si on a les moyens de s'offrir cela, même si ça répondrait à un besoin.» Il ne faut pas que cela se fasse «au détriment des services aux élèves».
Un son de cloche similaire du côté de Chantal Longpré, présidente de la Fédération québécoise des directions d'établissement qui estime que cette idée est inapplicable en fonction des budgets actuels.
Tout d'abord, distribuer gratuitement le matériel scolaire est un service aux élèves à ce que je sache. Un point de moins à M. Rioux. Ce dernier semble être du calibre de son prédécesseur, finalement.
Ensuite, intéressons-nous à l'argument des budgets. Si on ne fournit pas gratuitement le matériel scolaire en éducation, ce n'est pas parce que le MELS manque d'argent.
Des petites données comparatives
Ainsi, le Québec fournissait 6,9% de son PIB à l'éducation comparativement à 6,2 en Ontario.
En 2001-2002, au Québec, la dépense globale par élève à l’enseignement primaire et secondaire (7 492 $) était plus élevée que celle des provinces de l’Atlantique (6 846 $), mais moindre que celle de l’Ontario (7 552 $) et des provinces de l’Ouest (7 835 $). Ce 60$ de différence s'explique-t-il par l'achat de crayons, cahiers, etc.? Permettez-moi d'en douter.
En 2001-2002, la dépense de fonctionnement par élève des commissions scolaires du Québec est estimée à 7 117 $. Par comparaison, cette dépense est estimée à 6 096 $ dans les provinces de l’Atlantique, à 6 868 $ en Ontario et à 7 037 $ dans les provinces de l’Ouest. (ici)
Donc, au Québec, on dépense généralement en éducation qu'en Ontario. La question est de savoir où va le fric. Il est difficile de comparer les deux systèmes puisqu'ils sont sensiblement différents. Mais voici deux choses que je sais:
Uno: au Québec, les enseignants sont moins payés qu'en Ontario.
Deuxio: en Ontario, il n'y a ni commissions scolaire ni financement public des écoles privées.
Il est donc faux à mon avis de répondre qu'on ne peut fournir gratuitement le matériel scolaire aux enfants du primaire et du secondaire parce qu'on manque d'argent au Québec en éducation. Le réponse est davantage dans savoir comment on dépense cet argent. Et Mme Longpré, qui côtoie M. Legault, devrait le savoir depuis longtemps.
J'espère que le JdeM ne lâchera pas le morceau et tentera d'avoir les réactions de la ministre de l'Éducation, Line Beauchamp, qui n'était pas disponible pour répondre à ses questions vendredi. C'est son rôle de répondre à de telles interrogations.
20 août 2011
L'encan aux esclaves, les nouveaux enseignants et les postes du mois d'août
On parle dans le JdeM de l'attribution des tâches des enseignants au mois d'août. Il est sûr que c'est un peu tard pour savoir ce qu'un prof enseignera au cours de l'année qui vient. Mais en même temps, il faut savoir qu'au secondaire, il est difficile de composer les tâches des enseignants pour trois raisons.
La première concerne les déménagements. Vous seriez surpris du nombre de parents, ayant déménagé durant l'été, qui avisent la nouvelle école de leur enfant à la dernière minute. Et quand je parle de dernière minute, ça peut aller après la rentrée...
La seconde a trait aux cours d'été. Les groupes d'élèves d'une année scolaire sont formés selon combien auront réussi et combien auront doublé. Il faut donc attendre que les résultats de ces cours soient digérés par la machine administrative.
La troisième est simplement reliée au fait que les administrations scolaires prennent leurs vacances l'été, à ce que je sache.
Dans un grande école, il n'est donc pas rare qu'on doive modifier les tâches prévues en juin et ajouter des groupes ou en soustraire à la mi-août. Cela arrive même en septembre! C'est pour cette raison qu'on attend jusqu'à la dernière minute pour afficher les nouveaux postes et les tâches résiduelles.
Est-ce qu'on pourrait réduire ces aléas? Certains intervenants de l'éducation disent que oui. J'aimerais bien savoir comment. En même temps, quand Guy Savard, vice-président de la Fédération des syndicats de l'enseignement (FSE) affirme qu'«il y a un peu de laxisme là-dedans», il faudrait peut-être lui rappeler que nos syndicats sont aussi responsables de cette situation avec les nombreuses exigences contenues dans les conventions collectives. De mémoire, il y a bien la Fédération autonome de l'enseignement (FAE) qui a conclut avec les employeurs une entente pour simplifier certains processus de l'attribution des tâches.
Est-ce qu'on assiste ici à une séance de chiâlage pour chiâler? Non et oui. Je connais des collègues qui vivent cette situation depuis des années et qui prennent le tout avec philosophie. «On a quand même une job et on travaille», m'a déjà dit l'un d'entre eux. Le drame est davantage pour ceux qui se retrouve devant rien. C'est le cas d'une de mes collègues de 32 ans qui devra envisager la suppléance ou travailler au WalMart.
Mais je dois souligner que les récriminations de l'enseignante interviewée par le JdeM ne m'ont pas beaucoup ému. Je me demande quelle expérience de l'enseignement a celle qu'on décrit comme une orthopédagogue de 26 ans. Pourquoi cette question? À cause de sa déclaration: «C'est stressant. Je n'ai pas le temps de me préparer comme je le voudrais. Je ne connais ni mes élèves, ni mes collègues.»
J'enseigne à la même école depuis des lustres. J'ai rarement connu les élèves que j'allais avoir et il m'est arrivé fréquemment de travailler avec de nouveaux collègues. Ce sera d'ailleurs le cas cette année. J'ai de plus l'intention de travailler à créer du nouveau matériel. Qui plus est, dans la majorité de mes emplois antérieurs, j'ai eu à vivre des situation similaires (appelons ça l'inconnu) et je n'en suis pas mort. Personne n'a rédigé d'article sur des employés qui occupent un nouvel emploi dans un nouveau cadre de travail. Tout cela me rappelle cette histoire d'une jeune enseignante qui se plaignait de ne pas avoir d'emploi alors qu'elle détenait un bac... comme si c'était un automatisme.
De même, je ne suis plus capable d'entendre dire qu'il faut s'occuper des nouveaux enseignants parce que 20% d'entre eux décrochent après cinq ans, comme le ramène Chantal Longpré, présidente de la Fédération des directions d'établissement du Québec. Combien de nouveaux employés décrochent après cinq ans dans d'autres secteurs du monde du travail? Et surtout, quelles sont les compétences réelles de ceux qui décrochent après cinq ans? Quand j'ai débuté en éducation, il y avait un poste pour vingt élus. L'employeur avait le choix. Aujourd'hui, on cherche des candidats dans certains domaines! Certains bons nouveaux enseignants que je connais songent à décrocher parce qu'il n'y a pas ou peu de travail dans le champ de compétence qu'ils possèdent alors qu'on leur promettait mer et monde à l'université. Par contre, j'en vois d'abominables avoir des postes protégés par le biais d'une convention collective et une pénurie de candidats.
Les choses ne sont pas aussi simples qu'on le laisse croire parfois.
La première concerne les déménagements. Vous seriez surpris du nombre de parents, ayant déménagé durant l'été, qui avisent la nouvelle école de leur enfant à la dernière minute. Et quand je parle de dernière minute, ça peut aller après la rentrée...
La seconde a trait aux cours d'été. Les groupes d'élèves d'une année scolaire sont formés selon combien auront réussi et combien auront doublé. Il faut donc attendre que les résultats de ces cours soient digérés par la machine administrative.
La troisième est simplement reliée au fait que les administrations scolaires prennent leurs vacances l'été, à ce que je sache.
Dans un grande école, il n'est donc pas rare qu'on doive modifier les tâches prévues en juin et ajouter des groupes ou en soustraire à la mi-août. Cela arrive même en septembre! C'est pour cette raison qu'on attend jusqu'à la dernière minute pour afficher les nouveaux postes et les tâches résiduelles.
Est-ce qu'on pourrait réduire ces aléas? Certains intervenants de l'éducation disent que oui. J'aimerais bien savoir comment. En même temps, quand Guy Savard, vice-président de la Fédération des syndicats de l'enseignement (FSE) affirme qu'«il y a un peu de laxisme là-dedans», il faudrait peut-être lui rappeler que nos syndicats sont aussi responsables de cette situation avec les nombreuses exigences contenues dans les conventions collectives. De mémoire, il y a bien la Fédération autonome de l'enseignement (FAE) qui a conclut avec les employeurs une entente pour simplifier certains processus de l'attribution des tâches.
Est-ce qu'on assiste ici à une séance de chiâlage pour chiâler? Non et oui. Je connais des collègues qui vivent cette situation depuis des années et qui prennent le tout avec philosophie. «On a quand même une job et on travaille», m'a déjà dit l'un d'entre eux. Le drame est davantage pour ceux qui se retrouve devant rien. C'est le cas d'une de mes collègues de 32 ans qui devra envisager la suppléance ou travailler au WalMart.
Mais je dois souligner que les récriminations de l'enseignante interviewée par le JdeM ne m'ont pas beaucoup ému. Je me demande quelle expérience de l'enseignement a celle qu'on décrit comme une orthopédagogue de 26 ans. Pourquoi cette question? À cause de sa déclaration: «C'est stressant. Je n'ai pas le temps de me préparer comme je le voudrais. Je ne connais ni mes élèves, ni mes collègues.»
J'enseigne à la même école depuis des lustres. J'ai rarement connu les élèves que j'allais avoir et il m'est arrivé fréquemment de travailler avec de nouveaux collègues. Ce sera d'ailleurs le cas cette année. J'ai de plus l'intention de travailler à créer du nouveau matériel. Qui plus est, dans la majorité de mes emplois antérieurs, j'ai eu à vivre des situation similaires (appelons ça l'inconnu) et je n'en suis pas mort. Personne n'a rédigé d'article sur des employés qui occupent un nouvel emploi dans un nouveau cadre de travail. Tout cela me rappelle cette histoire d'une jeune enseignante qui se plaignait de ne pas avoir d'emploi alors qu'elle détenait un bac... comme si c'était un automatisme.
De même, je ne suis plus capable d'entendre dire qu'il faut s'occuper des nouveaux enseignants parce que 20% d'entre eux décrochent après cinq ans, comme le ramène Chantal Longpré, présidente de la Fédération des directions d'établissement du Québec. Combien de nouveaux employés décrochent après cinq ans dans d'autres secteurs du monde du travail? Et surtout, quelles sont les compétences réelles de ceux qui décrochent après cinq ans? Quand j'ai débuté en éducation, il y avait un poste pour vingt élus. L'employeur avait le choix. Aujourd'hui, on cherche des candidats dans certains domaines! Certains bons nouveaux enseignants que je connais songent à décrocher parce qu'il n'y a pas ou peu de travail dans le champ de compétence qu'ils possèdent alors qu'on leur promettait mer et monde à l'université. Par contre, j'en vois d'abominables avoir des postes protégés par le biais d'une convention collective et une pénurie de candidats.
Les choses ne sont pas aussi simples qu'on le laisse croire parfois.
17 août 2011
Faisons payer les parents!
Il est toujours intéressant de comparer ce qui se fait au Québec et dans d'autres régions du monde. Parfois, on n'a pas à aller très loin pour ce faire.
Ainsi, nous sommes à l'approche de la rentrée. Les parents, tout joyeux, vont magasiner les effets scolaires de leur gamin et maudissent les listes qu'on leur demande de suivre.
Saviez-vous qu'en Ontario, pour le primaire tout au moins, on ne peut rien imposer comme matériel scolaire: tout est payé par l'école, crayons, cahiers, etc. J'ai eu la confirmation de ce fait par trois sources enseignantes ontariennes différentes.
Pauvres parents ontariens qui n'ont pas le plaisir de connaitre la cohue des magasins....
Ainsi, nous sommes à l'approche de la rentrée. Les parents, tout joyeux, vont magasiner les effets scolaires de leur gamin et maudissent les listes qu'on leur demande de suivre.
Saviez-vous qu'en Ontario, pour le primaire tout au moins, on ne peut rien imposer comme matériel scolaire: tout est payé par l'école, crayons, cahiers, etc. J'ai eu la confirmation de ce fait par trois sources enseignantes ontariennes différentes.
Pauvres parents ontariens qui n'ont pas le plaisir de connaitre la cohue des magasins....
Prof masqué regarde de la porno ardente
AVERTISSEMENT
Je vous rassure tout de suite: je préfère la réalité à la fiction et les chix italiennes qui cuisinent bien.
C'est un peu une marotte pour moi de suivre l'histoire de Samantha Ardente (ici, ici, ici et ici). Il ne s'agit pas d'une forme d'acharnement, mais plutôt d'amusement intellectuel. Il y a des événements qui sont parfois très révélateurs dans notre société. Et puis très souvent, on ne va pas plus loin que le caractère ponctuel d'une nouvelle et néglige d'en faire un suivi ou une analyse plus complète.
Cette adjointe administrative, on se le rappellera, a été congédiée par la commission scolaire qui l'employait après qu'elle eut refusé de s'entendre sur un code comportemental à la suite de la découverte qu'elle avait tourné dans des vidéos pornos. À l'époque, madame Ardente a participé à plusieurs entrevues concernant sa situation, certaines soulevant des interrogations, d'autres étant contradictoires, mais toutes affichant une certaine complaisance. Ainsi, la question à savoir si cette employée était en contact ou pas avec des élèves n'a jamais vraiment été clarifiée.
Toujours est-il que la CS qui l'a congédiée l'a fait pour des questions de valeurs et d'images tandis que Mme Ardente invoquait son droit à la vie privée. Plusieurs individus sont alors venus à sa défense en traitant le comportement de son employeur de rétrograde et puritain. Certains médias qualifiaient ses vidéos d'osés, sans plus. Et au diable le fait que Mme Ardente banalise l'hypersexualisation et les comportements sexuels à risque!
Pour les fins de ce billet, je me suis tapé la semaine dernière un des vidéos de Mme Ardente. Celui-ci s'intitule: Pegas Pyjama Party. Voici d'ailleurs le court résumé de ce vidéo tel qu'on le retrouve sur Illico:
Chanelle Lajoie vient d'avoir 18 ans. Sous la supervision de sa maman, elle organise un pyjama party entre copines. Ces jolies ados québécoises, à peine majeures, profitent de cette nuit blanche pour s'initier aux plaisirs du sexe. Ces gamines espiègles s'amusent en cachette à découvrir leur corps de jeunes filles. Madame Lajoie, une MILF sexy et avide de chair fraiche, profite de ces jeunes immatures à la peau douce en les initiant à des plaisirs interdits. (Les caractères gras sont de moi.)
On comprend donc que Mme Ardente y joue le rôle d'une «mère de famille» dont la «fille» fête ses 18 ans en accueillant ses «jeunes amies» à la maison dans le cadre d'un pyjama party. Elle participe alors avec les «amies de sa fille» à divers plaisirs lesbiens. Je tiens à rappeler que ce vidéo est une oeuvre de fiction et c'est d'ailleurs pour cette raison que j'ai mis entre guillemets certains termes s'y rattachant. De plus, il convient de mentionner que Mme Ardente n'a vraisemblablement eu aucun droit de regard sur le texte de présentation de ce vidéo et la mise en marché de celui-ci. Mais il est clair que Pegas Pyjama Party explore une problématique trouble et troublante.
En effet, un visionnement de ce vidéo nous montre que Mme Lajoie a des pratiques sexuelles dans la chambre même de sa «fille» alors que celle-ci y dort. «Rendors-toi», lui dit-elle pendant qu'elle butine deux de ses «amies».
Également, deux autres faits m'interpellent.
Tout d'abord, il y a l'âge allégué des «jeunes filles» dans ce vidéo. On prend soin de préciser qu'elles ont toutes 18 ans et sont majeures, soit. Mais si on insiste ici sur leur âge, ce ne semble pas tant pour montrer qu'elles soient majeures, mais bien qu'elles sont jeunes. Le personnage de Mme Lajoie semble d'ailleurs bien consciente de cette situation dans ses répliques avec les autres comédiennes. J'ai peine à croire que certains échanges de ce vidéo puissent avoir lieu avec des individus de 18 ans tellement ils sont infantilisants.
Ensuite, bien que ces «amies» qui butinent avec Mme Lajoie soient présentées comme étant majeures, on comprend que cette dernière détient un statut d'adulte en position d'autorité puisqu'elles la vouvoient et s'adressent à elle par son nom de famille.
Même si on parle d'une oeuvre de fiction, l'adjointe administrative congédiée ne peut invoquer le fait qu'elle ne savait pas que celle-ci présentait un contenu équivoque et douteux. À cet égard, si Mme Ardente avait été M. Ardent et que certains journalistes avaient effectué un traitement plus rigoureux de ce dossier, il n'est pas du tout clair qu'elle aurait eu le même type de couverture médiatique et la même sympathie dans l'opinion publique. J'ose espérer que quelqu'un à la commission scolaire qui employait madame Ardente fera ce travail.
Je vous rassure tout de suite: je préfère la réalité à la fiction et les chix italiennes qui cuisinent bien.
C'est un peu une marotte pour moi de suivre l'histoire de Samantha Ardente (ici, ici, ici et ici). Il ne s'agit pas d'une forme d'acharnement, mais plutôt d'amusement intellectuel. Il y a des événements qui sont parfois très révélateurs dans notre société. Et puis très souvent, on ne va pas plus loin que le caractère ponctuel d'une nouvelle et néglige d'en faire un suivi ou une analyse plus complète.
Cette adjointe administrative, on se le rappellera, a été congédiée par la commission scolaire qui l'employait après qu'elle eut refusé de s'entendre sur un code comportemental à la suite de la découverte qu'elle avait tourné dans des vidéos pornos. À l'époque, madame Ardente a participé à plusieurs entrevues concernant sa situation, certaines soulevant des interrogations, d'autres étant contradictoires, mais toutes affichant une certaine complaisance. Ainsi, la question à savoir si cette employée était en contact ou pas avec des élèves n'a jamais vraiment été clarifiée.
Toujours est-il que la CS qui l'a congédiée l'a fait pour des questions de valeurs et d'images tandis que Mme Ardente invoquait son droit à la vie privée. Plusieurs individus sont alors venus à sa défense en traitant le comportement de son employeur de rétrograde et puritain. Certains médias qualifiaient ses vidéos d'osés, sans plus. Et au diable le fait que Mme Ardente banalise l'hypersexualisation et les comportements sexuels à risque!
Pour les fins de ce billet, je me suis tapé la semaine dernière un des vidéos de Mme Ardente. Celui-ci s'intitule: Pegas Pyjama Party. Voici d'ailleurs le court résumé de ce vidéo tel qu'on le retrouve sur Illico:
Chanelle Lajoie vient d'avoir 18 ans. Sous la supervision de sa maman, elle organise un pyjama party entre copines. Ces jolies ados québécoises, à peine majeures, profitent de cette nuit blanche pour s'initier aux plaisirs du sexe. Ces gamines espiègles s'amusent en cachette à découvrir leur corps de jeunes filles. Madame Lajoie, une MILF sexy et avide de chair fraiche, profite de ces jeunes immatures à la peau douce en les initiant à des plaisirs interdits. (Les caractères gras sont de moi.)
On comprend donc que Mme Ardente y joue le rôle d'une «mère de famille» dont la «fille» fête ses 18 ans en accueillant ses «jeunes amies» à la maison dans le cadre d'un pyjama party. Elle participe alors avec les «amies de sa fille» à divers plaisirs lesbiens. Je tiens à rappeler que ce vidéo est une oeuvre de fiction et c'est d'ailleurs pour cette raison que j'ai mis entre guillemets certains termes s'y rattachant. De plus, il convient de mentionner que Mme Ardente n'a vraisemblablement eu aucun droit de regard sur le texte de présentation de ce vidéo et la mise en marché de celui-ci. Mais il est clair que Pegas Pyjama Party explore une problématique trouble et troublante.
En effet, un visionnement de ce vidéo nous montre que Mme Lajoie a des pratiques sexuelles dans la chambre même de sa «fille» alors que celle-ci y dort. «Rendors-toi», lui dit-elle pendant qu'elle butine deux de ses «amies».
Également, deux autres faits m'interpellent.
Tout d'abord, il y a l'âge allégué des «jeunes filles» dans ce vidéo. On prend soin de préciser qu'elles ont toutes 18 ans et sont majeures, soit. Mais si on insiste ici sur leur âge, ce ne semble pas tant pour montrer qu'elles soient majeures, mais bien qu'elles sont jeunes. Le personnage de Mme Lajoie semble d'ailleurs bien consciente de cette situation dans ses répliques avec les autres comédiennes. J'ai peine à croire que certains échanges de ce vidéo puissent avoir lieu avec des individus de 18 ans tellement ils sont infantilisants.
Ensuite, bien que ces «amies» qui butinent avec Mme Lajoie soient présentées comme étant majeures, on comprend que cette dernière détient un statut d'adulte en position d'autorité puisqu'elles la vouvoient et s'adressent à elle par son nom de famille.
Même si on parle d'une oeuvre de fiction, l'adjointe administrative congédiée ne peut invoquer le fait qu'elle ne savait pas que celle-ci présentait un contenu équivoque et douteux. À cet égard, si Mme Ardente avait été M. Ardent et que certains journalistes avaient effectué un traitement plus rigoureux de ce dossier, il n'est pas du tout clair qu'elle aurait eu le même type de couverture médiatique et la même sympathie dans l'opinion publique. J'ose espérer que quelqu'un à la commission scolaire qui employait madame Ardente fera ce travail.
12 août 2011
Frais exigés aux parents: un scoop?
On fait grand état ce matin (ici et ici) d'une entente survenue entre des parents et la commission scolaire des Seigneuries, parents à qui on aurait exigé des frais illégalement en ce qui a trait à l'achat de matériel scolaire relié notamment au français (dictionnaire, recueil de conjugaison, roman). Passons rapidement sur cette situation (que j'ai déjà commentée ici) pour aller sur ce qui serait un scoop.
Ainsi, à la suite d'une plainte d'un parent basée sur la Loi sur l'instruction publique, une commission scolaire de la couronne nord de Montréal demanderait maintenant à ses écoles de ne plus facturer quel que montant que ce soit aux parents pour des sorties ou des activités scolaires ou parascolaires. Tout se devrait d'être gratuit et, si on exige une contribution des parents, elle devrait être formulée sous forme de contribution volontaire uniquement.
On comprend que cette nouvelle politique pourrait avoir plusieurs impacts, dont celui d'entrainer la suppression des activités tenues les années précédentes. En effet, quel enseignant voudra organiser une activité alors que le financement conditionnel à la tenue de celle-ci n'est pas garanti? Quelle école voudra financer à même son budget des activités alors qu'on sait le manque criant d'argent dont certaines disposent déjà? Quels parents accepteront de payer pour une activité à laquelle prendra part leur enfant si le voisin peut refuser et voir la participation du sien payée par l'école? Il ne faut pas oublier que les écoles seront tenues d'offrir ces activités à tous les enfants, que leurs parents aient payé ou non pour celles-ci.
Cette nouvelle directive touchera-t-elle également les programmes particuliers comme les programmes sport-étude ou PEI, par exemple? Je doute que les écoles aient les moyens de payer l'inscription des enfants à des organisations internationales. La situation demande à être éclaircie, mais une porte de sortie existe peut-être à la page 4 de ce document du MELS:
«Pour ces services, la commission scolaire peut exiger une contribution financière de l’utilisateur (art. 258), mais il faut d’abord qu’une personne choisisse d’utiliser ces services pour qu’une contribution soit exigible. Il ne s’agit donc pas de services dont les frais peuvent être imposés à tous.»
Je comprends qu'au Québec, l'éducation se doit d'être gratuite et qu'on a assisté à des dérives. Sauf qu'actuellement, si on ne procède pas à une réflexion en profondeur des frais exigés aux parents, on risque de se retrouver avec un réseau public donnant un service gratuit mais appauvri dans les classes ordinaires, un réseau public donnant un service payant et enrichi dans les programmes particuliers et un réseau privé subventionné par l'État et plus attirant pour une certaine catégorie de parents. Tous les efforts faits pour créer des programmes concurrençant le secteur privé pourraient, quant à moi, être cependant compromis si la Loi n'est claire quant aux frais qu'on peut y exiger. De même, il faut également réfléchir à comment l'argent est dépensé en éducation. Il y a trop de cadres qui vont en voyage et pas assez d'enfants qui vont au théâtre gratuitement.
J'ai également du mal à comprendre que des parents acceptent de payer une multitude de frais en santé pour leurs enfants mais que l'éducation gratuite doive encore demeurer une vache sacrée. Ce discours est aussi empreint d'hypocrisie quand on pense aux hausses des frais de scolarité au cégep et à l'université. Bien sûr, ces frais touchent des jeunes adultes, ce qui me donne à penser que certains parents ne veulent pas payer pour l'éducation de leurs jeunes enfants et ne font plus rien quand la facture ne les concerne pas directement.
Enfin, si je peux me permettre, j'ai assez hâte de voir des parents contester autre chose que des factures et des mesures disciplinaires données à leurs enfants. Également, je me demande ce que vont faire certains de nos beaux organismes culturels qui ont dénoncé le boycottage qu'avaient effectué les enseignants des activités parascolaires il y a quelques années. Il leur a été facile de «bucher» allègrement sur les profs. Comment vont-ils réagir maintenant avec les CS et le MELS qui sont ni plus ni moins d'importantes vaches à lait? Je termine en rappelant que je cherche à vérifier l'affirmation voulant qu'en Ontario, une bonne partie du matériel scolaire des enfants est payée par l'État et non les parents. Un journaliste? Un enseignant? Quelqu'un?
******
En passant, saviez-vous que:
Ainsi, à la suite d'une plainte d'un parent basée sur la Loi sur l'instruction publique, une commission scolaire de la couronne nord de Montréal demanderait maintenant à ses écoles de ne plus facturer quel que montant que ce soit aux parents pour des sorties ou des activités scolaires ou parascolaires. Tout se devrait d'être gratuit et, si on exige une contribution des parents, elle devrait être formulée sous forme de contribution volontaire uniquement.
On comprend que cette nouvelle politique pourrait avoir plusieurs impacts, dont celui d'entrainer la suppression des activités tenues les années précédentes. En effet, quel enseignant voudra organiser une activité alors que le financement conditionnel à la tenue de celle-ci n'est pas garanti? Quelle école voudra financer à même son budget des activités alors qu'on sait le manque criant d'argent dont certaines disposent déjà? Quels parents accepteront de payer pour une activité à laquelle prendra part leur enfant si le voisin peut refuser et voir la participation du sien payée par l'école? Il ne faut pas oublier que les écoles seront tenues d'offrir ces activités à tous les enfants, que leurs parents aient payé ou non pour celles-ci.
Cette nouvelle directive touchera-t-elle également les programmes particuliers comme les programmes sport-étude ou PEI, par exemple? Je doute que les écoles aient les moyens de payer l'inscription des enfants à des organisations internationales. La situation demande à être éclaircie, mais une porte de sortie existe peut-être à la page 4 de ce document du MELS:
«Pour ces services, la commission scolaire peut exiger une contribution financière de l’utilisateur (art. 258), mais il faut d’abord qu’une personne choisisse d’utiliser ces services pour qu’une contribution soit exigible. Il ne s’agit donc pas de services dont les frais peuvent être imposés à tous.»
Je comprends qu'au Québec, l'éducation se doit d'être gratuite et qu'on a assisté à des dérives. Sauf qu'actuellement, si on ne procède pas à une réflexion en profondeur des frais exigés aux parents, on risque de se retrouver avec un réseau public donnant un service gratuit mais appauvri dans les classes ordinaires, un réseau public donnant un service payant et enrichi dans les programmes particuliers et un réseau privé subventionné par l'État et plus attirant pour une certaine catégorie de parents. Tous les efforts faits pour créer des programmes concurrençant le secteur privé pourraient, quant à moi, être cependant compromis si la Loi n'est claire quant aux frais qu'on peut y exiger. De même, il faut également réfléchir à comment l'argent est dépensé en éducation. Il y a trop de cadres qui vont en voyage et pas assez d'enfants qui vont au théâtre gratuitement.
J'ai également du mal à comprendre que des parents acceptent de payer une multitude de frais en santé pour leurs enfants mais que l'éducation gratuite doive encore demeurer une vache sacrée. Ce discours est aussi empreint d'hypocrisie quand on pense aux hausses des frais de scolarité au cégep et à l'université. Bien sûr, ces frais touchent des jeunes adultes, ce qui me donne à penser que certains parents ne veulent pas payer pour l'éducation de leurs jeunes enfants et ne font plus rien quand la facture ne les concerne pas directement.
Enfin, si je peux me permettre, j'ai assez hâte de voir des parents contester autre chose que des factures et des mesures disciplinaires données à leurs enfants. Également, je me demande ce que vont faire certains de nos beaux organismes culturels qui ont dénoncé le boycottage qu'avaient effectué les enseignants des activités parascolaires il y a quelques années. Il leur a été facile de «bucher» allègrement sur les profs. Comment vont-ils réagir maintenant avec les CS et le MELS qui sont ni plus ni moins d'importantes vaches à lait? Je termine en rappelant que je cherche à vérifier l'affirmation voulant qu'en Ontario, une bonne partie du matériel scolaire des enfants est payée par l'État et non les parents. Un journaliste? Un enseignant? Quelqu'un?
******
En passant, saviez-vous que:
L’IMPOSITION DE CERTAINS FRAIS EXIGÉS ET
L’UTILISATION DE CERTAINES PRATIQUES SONT À
REVOIR. EN VOICI UNE LISTE NON EXHAUSTIVE :
• les frais pour l’entretien des instruments de musique ;
• le dépôt exigé pour les manuels scolaires et remis à la
fin de l’année ;
• les frais pour l’achat d’une flûte ;
• les frais pour l’achat d’une calculatrice graphique ;
• les frais pour l’achat de romans, de bibles ;
• les frais pour l’achat de dictionnaires et de grammaires ;
• les frais pour un changement d’horaire ;
• les frais pour la reprise d’épreuves d’établissement ou
d’épreuves officielles ;
• les frais d’inscription pour un projet particulier ;
• l’obligation de louer ou d’acheter un cadenas ;
• le refus de remettre l’horaire aux élèves qui n’ont pas
acquitté leurs frais scolaires ;
• la retenue du matériel scolaire dans le cas des élèves
qui n’ont pas payé les frais dus.
(source: MELS)
10 août 2011
Je ne suis pas masculiniste
Par contre, parfois, il m'arrive de me dire qu'on manque de belles occasions de passer un beau message ou on en émet un auquel il aurait fallu réfléchir davantage.
L'idée de permettre à des athlètes d'être accompagnés de leur mère grâce à une nouveau programme mis de l'avant par le comité international olympique et la firme Proctor and Gamble lors des cinq prochaines olympiades est sympathique. Mais pourquoi uniquement leur mère? Si on avait donné aux athlètes le choix entre leurs deux parents, on les aurait placés dans une situation embêtante. Mais de favoriser uniquement un parent, est-ce mieux? Et si le père d'un athlète avait joué un rôle plus prépondérant, pourquoi ne pas lui donner aussi cet avantage? Si sa mère était l'être le plus abject au monde et son père le plus gentil? Pourquoi ne pas avoir choisi de subventionner les parents, point?
J'ai beaucoup de difficulté à lire ce texte sans me demander ce qu'en pensent les pères de certains athlètes qui n'ont pas été interviewés.
L'idée de permettre à des athlètes d'être accompagnés de leur mère grâce à une nouveau programme mis de l'avant par le comité international olympique et la firme Proctor and Gamble lors des cinq prochaines olympiades est sympathique. Mais pourquoi uniquement leur mère? Si on avait donné aux athlètes le choix entre leurs deux parents, on les aurait placés dans une situation embêtante. Mais de favoriser uniquement un parent, est-ce mieux? Et si le père d'un athlète avait joué un rôle plus prépondérant, pourquoi ne pas lui donner aussi cet avantage? Si sa mère était l'être le plus abject au monde et son père le plus gentil? Pourquoi ne pas avoir choisi de subventionner les parents, point?
J'ai beaucoup de difficulté à lire ce texte sans me demander ce qu'en pensent les pères de certains athlètes qui n'ont pas été interviewés.
07 août 2011
Manipulateur
Une année, j'ai connu un élève qui manipulait ses collègues de classe en affirmant qu'il était suicidaire. Il racontait ses envies de mort, ses scénarios morbides pour en finir avec la vie. Vous comprenez l'effet puissamment négatif qu'il exerçait sur les autres. Chacun se sentait coupable quand il n'allait pas bien; tous portaient constamment attention à sa personne, à ses humeurs. Il régnait en quelque sorte sur un groupe qui avait déjà connu d'autres malheurs et qui était très fragile.
Une bonne journée, alors que j'enseignais en classe, j'ai été appelé d'urgence à intervenir auprès de lui alors qu'il s'était embarré dans une cabine des toilettes. J'ai passé une heure à jaser, à discuter, à tenter de le raisonner. Il est finalement sorti de sa réclusion et a été confié aux ambulanciers qui attendaient de l'amener à un hôpital disposant d'une section psychiatrique.
Avant d'embarquer dans l'ambulance, je lui dis: «Prends soin de toi.» Ce dernier m'a alors répondu: «Ne t'inquiète pas: je sais quoi exactement leur répondre pour avoir la paix. On se revoit dans deux jours.» Comme de fait, deux jours plus tard, il était de retour en classe et reprenait son manège. Le gamin était intelligent, très intelligent.
Il ne fait aucun doute que cet élève était manipulateur. Mon entourage comprenait mal que je lui accorde tant d'importance. Une blonde bourgeoise et pincée d'Outremont m'a quitté pour cela et j'ai fini l'année en burn out, plongeant ironiquement à mon tour dans des idées suicidaires. Je n'ai jamais regretté mes actions parce qu'elle était en accord avec mes valeurs comme enseignant. Lorsqu'on me répliquait que ce jeune ne méritait pas mon attention parce qu'il était manipulateur, j'ai toujours eu deux pensées dans mon esprit:
- il faut être drôlement fêlé pour manipuler les autres de la sorte. Ses actions montraient bien sa folie et ce n'est pas parce qu'il contrôlait les autres qu'il était nécessairement responsable des actions qu'il posait et qu'il distinguait le bien du mal.
- le danger avec quelqu'un manipulateur de la sorte est qu'il finisse par croire lui-même à ses propres mensonges et passe à l'acte.
Voilà. Cette anecdote est en lien avec le billet précédent.
Une bonne journée, alors que j'enseignais en classe, j'ai été appelé d'urgence à intervenir auprès de lui alors qu'il s'était embarré dans une cabine des toilettes. J'ai passé une heure à jaser, à discuter, à tenter de le raisonner. Il est finalement sorti de sa réclusion et a été confié aux ambulanciers qui attendaient de l'amener à un hôpital disposant d'une section psychiatrique.
Avant d'embarquer dans l'ambulance, je lui dis: «Prends soin de toi.» Ce dernier m'a alors répondu: «Ne t'inquiète pas: je sais quoi exactement leur répondre pour avoir la paix. On se revoit dans deux jours.» Comme de fait, deux jours plus tard, il était de retour en classe et reprenait son manège. Le gamin était intelligent, très intelligent.
Il ne fait aucun doute que cet élève était manipulateur. Mon entourage comprenait mal que je lui accorde tant d'importance. Une blonde bourgeoise et pincée d'Outremont m'a quitté pour cela et j'ai fini l'année en burn out, plongeant ironiquement à mon tour dans des idées suicidaires. Je n'ai jamais regretté mes actions parce qu'elle était en accord avec mes valeurs comme enseignant. Lorsqu'on me répliquait que ce jeune ne méritait pas mon attention parce qu'il était manipulateur, j'ai toujours eu deux pensées dans mon esprit:
- il faut être drôlement fêlé pour manipuler les autres de la sorte. Ses actions montraient bien sa folie et ce n'est pas parce qu'il contrôlait les autres qu'il était nécessairement responsable des actions qu'il posait et qu'il distinguait le bien du mal.
- le danger avec quelqu'un manipulateur de la sorte est qu'il finisse par croire lui-même à ses propres mensonges et passe à l'acte.
Voilà. Cette anecdote est en lien avec le billet précédent.
06 août 2011
Affaire Turcotte: réflexion
Je n'ai pas voulu écrire sur le procès de Guy Turcotte. Il y avait trop d'émotion, trop d'opinions dans l'air. De plus, comme je n'ai pas assisté à celui-ci, je préfère me taire. Le verdict était-il juste? Aucun verdict ne peut être équitable dans ce genre de cas.
Par contre je remarque que, souvent, l'être humain a l'indignation à géométrie variable. Au Québec, la justice actuellement est dans un état de délabrement semblable à un viaduc. Le système judiciaire n'est plus accessible à la classe moyenne, les procureurs de la Couronne sont sous-payés et en nombre insuffisant, certains procès sont retardés quand on ne libère tout simplement pas les accusés... On pourrait citer des cas qui dépassent l'entendement: les Hell's, les Mohawks, Norbourg, l'industrie de la construction...
Mais ce qui occupe le citoyen aujourd'hui est l'affaire Turcotte. À cause de sa conclusion apparemment incompréhensible, il flotte dans l'air une odeur de colère, de vengeance. «Un meurtre, c'est un meurtre. Quelle que soit la raison, il doit payer pour ça», ai-je lu ici.
Je ne sais pas si les gens sont conscients des conséquences de certaines de leurs revendications, mais elle risque d'ouvrir une boite de Pandore et de produire des effets opposés à ce qu'ils réclament.
Les jurés et la notion de citoyen
En estimant que des jurés ne sont pas capables de se prononcer dans des causes complexes, c'est la notion même de citoyen qu'on remet en question. Car derrière l'institution que contitue un jury, il y a cette idée de la justice rendue par les pairs.
Si, comme citoyen, je remets entre les mains de spécialistes le pouvoir de rendre la justice, qui dit qu'elle sera plus juste ou, à tout le moins à mon goût? On le voit à l'occasion dans le cas de verdicts rendus par un juge seul. Remet-on en question cette façon de faire pour autant? De plus, qui dit que des psychiatres mandatés par la Cour seront plus «éclairés» quand viendra le temps d'évaluer un accusé? Comment choisira-t-on ces derniers et qui le fera? On le voit: cette solution n'en est pas véritablement une. Souvent, on reproche à la psychologie et à la psychiatrie d'être des disciplines manquant de rigueur scientifique. Le système actuel permet de faire valoir des idées opposées et de laisser certains citoyens juger.
Trop souvent, on estime que les citoyens n'ont pas de véritable pouvoir, qu'ils n'ont pas de prise sur le monde qui les entoure et là, parce qu'un seul verdict déplait, on voudrait se départir d'un privilège dont on sous-estime la valeur dans le contexte d'un système démocratique.
Si on considère que, comme citoyen, on ne peut pas rendre la justice, quelle sera la prochaine étape: retirer le droit de vote à certains parce qu'ils ne comprennent pas les grands enjeux politiques?
La responsabilité criminelle
Par contre je remarque que, souvent, l'être humain a l'indignation à géométrie variable. Au Québec, la justice actuellement est dans un état de délabrement semblable à un viaduc. Le système judiciaire n'est plus accessible à la classe moyenne, les procureurs de la Couronne sont sous-payés et en nombre insuffisant, certains procès sont retardés quand on ne libère tout simplement pas les accusés... On pourrait citer des cas qui dépassent l'entendement: les Hell's, les Mohawks, Norbourg, l'industrie de la construction...
Mais ce qui occupe le citoyen aujourd'hui est l'affaire Turcotte. À cause de sa conclusion apparemment incompréhensible, il flotte dans l'air une odeur de colère, de vengeance. «Un meurtre, c'est un meurtre. Quelle que soit la raison, il doit payer pour ça», ai-je lu ici.
Je ne sais pas si les gens sont conscients des conséquences de certaines de leurs revendications, mais elle risque d'ouvrir une boite de Pandore et de produire des effets opposés à ce qu'ils réclament.
Les jurés et la notion de citoyen
En estimant que des jurés ne sont pas capables de se prononcer dans des causes complexes, c'est la notion même de citoyen qu'on remet en question. Car derrière l'institution que contitue un jury, il y a cette idée de la justice rendue par les pairs.
Si, comme citoyen, je remets entre les mains de spécialistes le pouvoir de rendre la justice, qui dit qu'elle sera plus juste ou, à tout le moins à mon goût? On le voit à l'occasion dans le cas de verdicts rendus par un juge seul. Remet-on en question cette façon de faire pour autant? De plus, qui dit que des psychiatres mandatés par la Cour seront plus «éclairés» quand viendra le temps d'évaluer un accusé? Comment choisira-t-on ces derniers et qui le fera? On le voit: cette solution n'en est pas véritablement une. Souvent, on reproche à la psychologie et à la psychiatrie d'être des disciplines manquant de rigueur scientifique. Le système actuel permet de faire valoir des idées opposées et de laisser certains citoyens juger.
Trop souvent, on estime que les citoyens n'ont pas de véritable pouvoir, qu'ils n'ont pas de prise sur le monde qui les entoure et là, parce qu'un seul verdict déplait, on voudrait se départir d'un privilège dont on sous-estime la valeur dans le contexte d'un système démocratique.
Si on considère que, comme citoyen, on ne peut pas rendre la justice, quelle sera la prochaine étape: retirer le droit de vote à certains parce qu'ils ne comprennent pas les grands enjeux politiques?
La responsabilité criminelle
Certaines personnes indignées par le verdict dans le procès Turcotte semblent mal comprendre la notion de responsabilité criminelle. La loi ne demande pas que l'individu soit troublé psychologiquement en permanence mais, qu'au moment de poser les gestes qui lui sont reprochés, il ne pouvait distinguer le bien du mal.
De plus, on semble croire qu'un individu atteint de trouble d'adaptation avec humeur dépressive est conscient de son état et peut rationnellement aller chercher de l'aide. Il faut mal connaitre les divers désordres mentaux pour affirmer une telle idée. J'ai frôlé la mort plus d'une fois alors que j'ai connu un épisode dépressif. Je ne m'appartenais plus: la maladie me possédait. Cautionner la pensée des gens dénonçant le verdict Turcotte revient ni plus ni moins à dire que tous les anorexiques, les boulimiques, les dépressifs, les gens abusés sexuellement ou physiquement sont responsables de leur sort parce qu'ils ne vont pas consulter d'eux-mêmes.
Certains - et ils ont une formation médicale - poussent plus loin et estiment qu'un médecin devrait être encore plus conscient de son état et des ressources qui lui sont offertes. J'oeuvre en enseignement. Je côtoie des individus intelligents qu'on doit quasiment forcer à aller chercher de l'aide. Il faut ne pas comprendre du tout ce que sont certains désordres psychologiques pour affirmer une telle chose. Pis encore, en avançant cela, on cautionne l'idée qu'il existe deux catégories de citoyens: les nuls à qui on doit pardonner et les autres - plus instruits - qui sont condamnés à la perfection. Où est la justice alors?
De plus, on semble croire qu'un individu atteint de trouble d'adaptation avec humeur dépressive est conscient de son état et peut rationnellement aller chercher de l'aide. Il faut mal connaitre les divers désordres mentaux pour affirmer une telle idée. J'ai frôlé la mort plus d'une fois alors que j'ai connu un épisode dépressif. Je ne m'appartenais plus: la maladie me possédait. Cautionner la pensée des gens dénonçant le verdict Turcotte revient ni plus ni moins à dire que tous les anorexiques, les boulimiques, les dépressifs, les gens abusés sexuellement ou physiquement sont responsables de leur sort parce qu'ils ne vont pas consulter d'eux-mêmes.
Certains - et ils ont une formation médicale - poussent plus loin et estiment qu'un médecin devrait être encore plus conscient de son état et des ressources qui lui sont offertes. J'oeuvre en enseignement. Je côtoie des individus intelligents qu'on doit quasiment forcer à aller chercher de l'aide. Il faut ne pas comprendre du tout ce que sont certains désordres psychologiques pour affirmer une telle chose. Pis encore, en avançant cela, on cautionne l'idée qu'il existe deux catégories de citoyens: les nuls à qui on doit pardonner et les autres - plus instruits - qui sont condamnés à la perfection. Où est la justice alors?
Les risques de récupération et de faux espoirs
Certaines idées avancées aujourd'hui par les manifestants méritent qu'on s'y attarde. Mieux définir la notion de responsabilité criminelle? L'exercice a été fait il y a quelques années, je crois. Permettre à un avocat représentant les victimes de participer au procès? Pourquoi pas? Donner plus de ressources aux gens victimes d'actes criminels? Assurément!
Sauf que je crains surtout que ce genre de manifestation ne servent de caution à la droite canadienne et québécoise en ce qui a trait à la justice. Le modèle qu'elle propose, et c'est généralement admis, ne fonctionne pas. Il ne réduit pas la criminalité: au contraire, il l'augmente! Pire, dans certains cas, il met de l'avant une justice douteuse comme celle aux États-Unis où l'on condamne à mort des gens intellectuellement démunis.
De plus, ces manifestations créent de faux espoirs. On ne peut pas réouvrir le procès Turcotte sauf si l'appel du procureur général du Québec actuellement en cours est accepté. Et où trouvera-t-on un jury impartial et juste après tout le battage médiatique et les manifestations qui ont suivi cette affaire? Bien sûr, on peut modifier une loi rétroactivement et demander que Guy Turcotte soit de nouveau jugé mais quel législateur va vouloir le faire dans le présent cas et créer un précédent aussi dangereux?
Je n'ai pas voulu écrire sur le procès de Guy Turcotte. Il y avait trop d'émotion, trop d'opinions dans l'air. Mais si l'on propose de réformer le système de justice canadien, ce serait une erreur de le faire à partir d'un seul cas sans y réfléchir davantage et ceux qui dénoncent le verdict actuel devraient s'assurer de ne pas créer des injustices à leur tour.
Certaines idées avancées aujourd'hui par les manifestants méritent qu'on s'y attarde. Mieux définir la notion de responsabilité criminelle? L'exercice a été fait il y a quelques années, je crois. Permettre à un avocat représentant les victimes de participer au procès? Pourquoi pas? Donner plus de ressources aux gens victimes d'actes criminels? Assurément!
Sauf que je crains surtout que ce genre de manifestation ne servent de caution à la droite canadienne et québécoise en ce qui a trait à la justice. Le modèle qu'elle propose, et c'est généralement admis, ne fonctionne pas. Il ne réduit pas la criminalité: au contraire, il l'augmente! Pire, dans certains cas, il met de l'avant une justice douteuse comme celle aux États-Unis où l'on condamne à mort des gens intellectuellement démunis.
De plus, ces manifestations créent de faux espoirs. On ne peut pas réouvrir le procès Turcotte sauf si l'appel du procureur général du Québec actuellement en cours est accepté. Et où trouvera-t-on un jury impartial et juste après tout le battage médiatique et les manifestations qui ont suivi cette affaire? Bien sûr, on peut modifier une loi rétroactivement et demander que Guy Turcotte soit de nouveau jugé mais quel législateur va vouloir le faire dans le présent cas et créer un précédent aussi dangereux?
Je n'ai pas voulu écrire sur le procès de Guy Turcotte. Il y avait trop d'émotion, trop d'opinions dans l'air. Mais si l'on propose de réformer le système de justice canadien, ce serait une erreur de le faire à partir d'un seul cas sans y réfléchir davantage et ceux qui dénoncent le verdict actuel devraient s'assurer de ne pas créer des injustices à leur tour.
05 août 2011
Joe Nesbo et le refus de la peur
Joe Nesbo est un auteur de romans policiers que j'adore. À la suite des événements survenus en Norvège, il a publié ce texte que je reproduis ici. Parfois, on a plus besoin d'écrivains que de politiciens.
* * * * * * * * * * * * * *
Quelques jours avant la bombe posée devant le siège du gouvernement et la fusillade de l'île d'Utoya, je discutais avec un ami de la façon dont coexistent en nous la joie de vivre et la tristesse de voir changer les choses. Même l'avenir le plus lumineux ne peut jamais faire oublier qu'il n'existe pas de chemin pour revenir en arrière. L'innocence de l'enfance. Le premier amour. Le parfum de juillet, les brins d'herbe qui chatouillent votre dos en nage juste avant de sauter d'un rocher, pour plonger dans l'eau glaciale d'un fjord norvégien, tandis que votre nez et votre palais s'emplissent des goûts de sel et de glaciers.
Il n'y a pas moyen de revenir à mes dix-sept ans, quand j'étais sur le port de Cannes avec dix francs en poche, et où je regardais deux hommes en uniforme blanc ridicule débarquer de leur yacht avec une femme, un caniche et une carte de crédit. C'est à cet instant que j'ai compris que la société égalitaire que je connaissais n'était pas la règle mais l'exception. Il y a aussi des moments où j'ai écarquillé les yeux devant un Parlement étranger, cerné de soldats armés de fusils automatiques. Une vision qui a provoqué en moi un mélange de découragement et de satisfaction : d'où je viens, on n'a pas besoin de ces précautions-là.
Car je venais d'un pays où la peur de l'autre ne s'était pas définitivement enracinée. Un pays que l'on peut quitter trois mois durant pour assister ailleurs à deux coups d'Etat, une famine, un massacre dans une école, deux attentats et un tsunami, avant de rentrer au bercail et de s'apercevoir en lisant les journaux que la seule chose qui a changé, ce sont les mots croisés. Un pays dont la sécurité matérielle est venue avec la découverte du pétrole dans les années 1970, et dont l'orientation politique définitive a été décidée dès la fin de la Seconde Guerre mondiale. Le consensus y est omniprésent, les débats portent sur le meilleur moyen d'atteindre des objectifs qui mettent d'accord la droite et la gauche.
Ce pays là pensait que son intérêt était de rester à l'écart. Il a choisi de ne pas entrer dans l'Union européenne alors que la plupart des petits pays sont prêts à sacrifier leur bras droit pour y adhérer. Les débats idéologiques n'apparaissent que lorsque la réalité environnante se fait trop pressante, lorsque le peuple, composé quasi exclusivement jusqu'aux années 1970 de citoyens ayant les mêmes origines ethniques et culturelles, doit décider si leurs nouveaux compatriotes peuvent porter le hijab et construire des mosquées, et s'il faut envoyer des soldats en Afghanistan et en Libye. Jusqu'au 22 juillet 2011, l'image que la Norvège avait d'elle-même était celle d'une vierge : une nature que les mains humaines n'avaient pas touchée, une société que les maladies de la civilisation n'avaient pas souillée.
Cette vision était surfaite, bien entendu, mais tout de même : en juin, le Premier ministre norvégien, Jens Stoltenberg, un ami commun et moi-même traversons Oslo en vélo pour aller faire un peu d'escalade sur une paroi rocheuse en pleine forêt, le tout sans sortir des limites de cette grande petite capitale. Deux gardes du corps nous suivent, en vélo eux aussi. Nous nous arrêtons à un feu rouge, une voiture se range au niveau du Premier ministre, vitre baissée. Un homme crie son prénom. 'Jens !' Le fait que presque tous les Norvégiens s'adressent à lui en l'appelant par son prénom est une tradition égalitaire qui ne m'étonne plus depuis longtemps.
"Je connais un petit gars qui sera super content de pouvoir te dire bonjour." Jens Stoltenberg sourit et serre la main du petit garçon assis sur le siège passager : "Salut, je m'appelle Jens."
Le Premier ministre coiffé d'un casque de cycliste. Le petit garçon derrière sa ceinture de sécurité. Tout le monde s'est arrêté au feu rouge. Les gardes du corps se tiennent derrière nous à distance respectueuse. Ils sourient. C'est une image de sécurité et de confiance mutuelle. Dans l'idylle sûre de la Norvège de tous les jours. Dans ce que nous considérons comme normal. Comment les choses pouvaient-elles mal tourner ? Nous avions des casques, des ceintures de sécurité, et un code de la route que tout le monde respectaient.
Bien sûr que ça pouvait mal tourner. Ça peut toujours mal tourner.
En février, il y eut les Championnats du monde de ski nordique. Les sportifs norvégiens ont donné le maximum d'eux mêmes et réuni chaque soir pour les remises de médailles plus de 100 000 Norvégiens enthousiastes. Le 25 juillet, 150 000 des 600 000 habitants d'Oslo se sont réunis dans le deuil. Le contraste était frappant. Tout comme les similitudes. Les deux moments ont montré la force presque étonnante des sentiments chez un peuple pour qui la maîtrise de soi est une vertu nationale et qui a toujours à l'esprit de 'garder la tête froide', mais pas 'le cœur chaud'.
Même pour ceux d'entre nous qui avons une aversion naturelle pour l'autosatisfaction cocardière, les drapeaux, les grands mots et les débordements de joie ou de chagrin de la foule, le fait que tant de gens se rassemblent ne peut qu'impressionner. Tous sont venus pour montrer que ces idéaux et ces valeurs dont nous avons hérité et que nous avons considéré petit à petit comme une évidence ont un sens. Ces rassemblements ont voulu signifier au monde que les Norvégiens ne laisseront personne leur enlever leur sentiment de sécurité et de confiance. Nous ne voulons pas perdre ce combat contre la peur.
La volonté est là.
L'autre jour, j'ai entendu un homme pousser un hurlement de rage dans le train. Avant le 22 juillet, ma réaction aurait été de me retourner, voire de m'approcher. C'était peut-être une dispute intéressante sur laquelle j'aurais pu - après un examen objectif des arguments - prendre position. Ou - encore mieux - peut-être y avait-il une femme à défendre et j'aurais sans aucun doute été aidé par d'autres passagers.
Mais ma réaction a été de regarder ma fille, de m'assurer qu'elle était en sécurité, d'évaluer nos possibilités de fuite au cas où l'homme se révélait dangereux. Espérons que cette réaction nouvelle finira par s'émousser avec le temps. Mais je sais qu'elle ne disparaîtra jamais - jamais - complètement. La date du 22 juillet reviendra chaque année, et pour tous les Norvégiens, jusqu'à la fin de leur vie, elle restera comme un rappel que rien ne peut être considéré comme acquis, en dépit des casques et des ceintures de sécurité.
Après l'explosion de la bombe, dont j'ai senti la déflagration alors que j'habite à plus d'un kilomètre de là, et lorsque les informations sur la fusillade d'Utoya se sont répandues, j'ai demandé à ma fille si elle avait peur. Elle m'a répondu en me rapplelant ce que je lui avais dit un jour : "Oui, mais si on n'a pas peur, on ne peut pas être courageux."
Alors s'il n'existe aucun chemin qui permette de revenir en arrière, il y a par contre moyen d'aller de l'avant vers la quiétude naïve de ce qui n'a pas été souillé. D'être courageux. De continuer comme avant. De tendre l'autre joue, tout en posant la question : "C'est tout ce que vous avez trouvé ?" De refuser que la peur modifie la façon dont nous avons bâti notre société.
Toute une déclaration de Mme Marois
Nos politiciens rivalisent d'imagination pour se livrer à des déclarations remplies de... Prenons Sam Hamad, l'actuel ministre des Transports, qui affirme: «Toutes les routes qui sont ouvertes sont sécuritaires.»
Cette fois, c'est Mme Marois qui y va de son grain de sel, en parlant du sinistre des Transports: «Si j'étais là, il ne serait pas ministre.»
Effectivement, Pauline, effectivement. Ça m'étonnerait que tu nommes un Libéral comme ministre...
Cette fois, c'est Mme Marois qui y va de son grain de sel, en parlant du sinistre des Transports: «Si j'étais là, il ne serait pas ministre.»
Effectivement, Pauline, effectivement. Ça m'étonnerait que tu nommes un Libéral comme ministre...
04 août 2011
Un roman vraiment pénible...
Lancinant et pénible, même.
Il m'a fallu quatre mois d'acharnement pour enfin me dire: «Fini.» Quatre mois où, certains soirs, je lisais deux pages et j'avais atteint ma limite. Quatre mois où j'ai lu cinq ou six autres romans au lieu de terminer celui-ci.
Il faut savoir que je suis un lecteur rapide. Un roman. Une journée ou une nuit. J'ouvre la première de couverture et c'est parti. Tellement rapidement d'ailleurs que mes bouquins ont l'air neufs. Mais celui-ci...
J'ai déjà connu de grandes batailles. Moby Dick entre autres, pour lequel j'ai dû m'y prendre à cinq reprises. J'y ai trouvé de grandes joies, de grands moments. Ulysse, de Joyce, qui n'est pas encore terminé mais que je regarde comme un trésor que je saurai découvrir et comprendre un jour. Sauf que ce roman dont je parle dans ce billet a toutes les allures d'une victoire misérable.
L'abomination a pour titre Métacortex, de Maurice G. Dantec. Qu'est-ce qu'Albin Michel lui trouve pour l'éditer, je me le demande. Une enquête policière longue, sans fin, sans suspens, sinon un peu vers la fin, truffée de détails techniques inutiles, de descriptions sans pertinence. Quelques beaux flashes, dont ce parallèle entre le père nazi et son fils policier ou encore ces ombres revenues des morts. Sauf que. Que. 807 pages de verbiage, de superflu et d'accessoire. Facilement l'impression que 500 pages auraient pu être arrachées sans que le récit n'en souffre.
Voilà. Je l'ai terminé. Je ne vous le recommande définitivement pas. Même le bac de recyclage va rouspéter, j'en suis sûr.
Il m'a fallu quatre mois d'acharnement pour enfin me dire: «Fini.» Quatre mois où, certains soirs, je lisais deux pages et j'avais atteint ma limite. Quatre mois où j'ai lu cinq ou six autres romans au lieu de terminer celui-ci.
Il faut savoir que je suis un lecteur rapide. Un roman. Une journée ou une nuit. J'ouvre la première de couverture et c'est parti. Tellement rapidement d'ailleurs que mes bouquins ont l'air neufs. Mais celui-ci...
J'ai déjà connu de grandes batailles. Moby Dick entre autres, pour lequel j'ai dû m'y prendre à cinq reprises. J'y ai trouvé de grandes joies, de grands moments. Ulysse, de Joyce, qui n'est pas encore terminé mais que je regarde comme un trésor que je saurai découvrir et comprendre un jour. Sauf que ce roman dont je parle dans ce billet a toutes les allures d'une victoire misérable.
L'abomination a pour titre Métacortex, de Maurice G. Dantec. Qu'est-ce qu'Albin Michel lui trouve pour l'éditer, je me le demande. Une enquête policière longue, sans fin, sans suspens, sinon un peu vers la fin, truffée de détails techniques inutiles, de descriptions sans pertinence. Quelques beaux flashes, dont ce parallèle entre le père nazi et son fils policier ou encore ces ombres revenues des morts. Sauf que. Que. 807 pages de verbiage, de superflu et d'accessoire. Facilement l'impression que 500 pages auraient pu être arrachées sans que le récit n'en souffre.
Voilà. Je l'ai terminé. Je ne vous le recommande définitivement pas. Même le bac de recyclage va rouspéter, j'en suis sûr.
02 août 2011
L'enfant dans la cage - des nouvelles
À la suite d'un commentaire d'un anonyme, j'ai effectué une petite recherche sur ce qui est advenu de toute cette histoire concernant Félix ou l'enfant dans la cage. Et j'ai trouvé quelques textes intéressants! Pour ceux qui ne savent pas ce dont il s'agit, voici un petit résumé des faits, mais cet article brosse un bon topo de l'histoire.
Un petit résumé
En 2007, une mère effectue une sortie dans les médias régionaux et nationaux, dénonçant le traitement qu'aurait fait subir une enseignante à son enfant. Elle comparait alors l'aire de retrait où était placé son fils à une cage ou à un enclos. Elle y va alors de plusieurs propos et réclame, si je me souviens bien, la démission de cette dernière et de la direction de l'école de son fils. Dans une conférence de presse, l'employeur prend la défense de son enseignante et rectifie, selon lui, certains faits.
L'enseignante, soutenue par son syndicat, décide alors de poursuivre les parents du jeune élève en diffamation pour une somme de 200 000$. Ceux-ci répliquent avec une poursuite de 1 670 000$ contre la commission scolaire et l'enseignante, car ils estiment avoir subi des dommages matériels et moraux. Par la suite, le montant réclamé par les parents est ramené à 1 100 000$ tandis que celui de l'enseignante est passé à 275 000$.
Des poursuites ont également été intentées par l'enseignante contre certains médias ayant traité de cette nouvelle et ont fait l'objet d'une entente hors cour à son avantage en novembre 2009. Je ne peux placer un lien vers la source appuyant cette information puisqu'elle indique le nom de l'enseignante concernée et que ce dernier ne peut actuellement être mentionné puisqu'il fait l'objet d'une ordonnance de non-publication dans l'affaire qui nous concerne.
Maintenant devant les tribunaux
Il importe de préciser que le but de ces deux procès croisés n'est pas à proprement parler de déterminer si l'enseignante a bien agi ou pas dans le cas de Félix, mais davantage si les propos exprimés par les différentes parties étaient diffamatoires et ont causé des préjudices. (ici)
Le juge doit également tenir compte, si j'ai bonne mémoire, de différents facteurs dans sa décision, dont la bonne foi des individus concernés mais aussi leur degré de responsabilité quant à cette situation et des dommages qu'ils ont véritablement subis. Il est difficile effectivement de dédommager quelqu'un qui est responsable de son propre malheur ou qui n'a vécu aucun dommage vérifiable.
Des faits mensongers?
Pour Louise Sinotte, la mère de Félix, le communiqué et la conférence de presse convoquée par la commission scolaire de l'enseignante au coeur de ce litige étaient truffées d'erreurs et ont nui à sa réputation, entre autres lorsqu'on affirmait que Félix avait un comportement perturbateur connu de ses parents et que sa mère aurait refusé plusieurs services offerts pour aider ce dernier. (ici)
On apprend également que la mère de Félix aurait refusé la reconduction à deux reprises de services destinés à son fils si l'on se base sur les témoignages d'un orthopédagogue et d'un agent de réadaptation. (ici)
Pour sa part, Félix se décrit comme un enfant normal, ne présentant aucun problème de comportement. Il ne se rappelle pas avoir été un élève dérangeant ou violent, à part un coup de poing donné dans le dos d'un confrère de classe, alors qu'un ancien camarade dit plutôt de lui qu'il se chamaillait souvent. Il ne se souvient pas non plus avoir bénéficié pendant plusieurs mois des services d'un orthopédagogue. (ici)
Pour le frère jumeau de Félix, qui était dans la même classe, la chose est assez simple: «Je crois qu'elle ne l'aimait pas. Elle était méchante et préférait les filles aux garçons, c'était clair.» (ici)
Pour l'enseignante, les parents ont tenu des propos diffamatoires en affirmant que l'enfant était placé dans une cage ou un enclos, que le jeune y était gardé en permanence et que cette mesure avait débuté le 9 janvier 2007 et non le 19 janvier. (ici)
Déjà, diverses photos ont bien montré que les termes employés par les parents pour désigner l'aire de retrait où Félix était assignée sont exagérés puisqu'il ne s'agissait pas d'un endroit clos. Par contre, il faut noter que les médias ont retenu la photo qui donnait à penser qu'il s'agissait d'une cage en treillis de bois fermée. Un autre angle aurait présenté cette réalité bien différemment. (voir les deux photos dans ce billet)
Maintenant, pour ce qui est de savoir si Félix a passé ses journées complètes à l'école dans cette aire de retrait, on a affaire ici à des versions contradictoires, comme on pouvait s'y attendre. Le juge aurait à trancher entre celles de l'enseignante et de sa direction et celles de Félix, de son frère et d'un camarade de classe. Il aurait été intéressant que d'autres adultes aient été convoqués en cour à cet effet, ce qui aurait permis d'éclairer cette zone d'ombre.
En ce qui a trait à la durée du retrait et du moment où les parents ont eu connaissance de cette mesure, on est davantage dans une situation où, manifestement, la direction de l'école et l'enseignante sont dans une position vulnérable parce qu'elles ne se sont pas assurées d'une communication efficace avec les parents.
Dans les cas litigieux ou qu'on sent qu'ils deviendront problématiques, il est préférable de tout noter sur l'élève: copie, retenue, réprimande, etc. Un adjoint de mon école appelle cela «monter un dossier». Également, il vaut mieux toujours avoir des communications écrites. Certains enseignants favorisent des notes au carnet scolaire que le parent doit signer. Pour ma part, je recommande davantage des lettres que l'élève doit ramener signées des parents à son enseignant. Je peux ainsi les garder en ma possession, contrairement au carnet de l'élève
Dans l'histoire de Félix, c'est davantage un récit d'horreurs. Voici quelques exemples tirés des articles que j'ai pu lire.
C'est pourquoi elle (la mère) n'a pas cherché à entrer en contact avec l'enseignante pour en savoir plus, croyant plutôt que s'il y avait quelque chose de grave, celle-ci la contacterait. (ici)
Ce n'est qu'une fois la découverte de l'aire de retrait, le 6 février 2007, qu'il en aurait été question avec la directrice de l'école. (ici)
L'enseignante a admis ne pas avoir parlé des problèmes académiques et de comportement du petit garçon à Mme Sinotte en septembre et octobre 2006 et ce, même si elle l'a rencontrée. (ici)
En novembre, elle a par contre soutenu avoir proposé à Mme Sinotte l'aide d'un psychoéducateur pour son fils, aide qui a été refusée. Toutefois, cette proposition a été faite verbalement et non par écrit. (ici)
Et il faut rappeler que tout cela serait arrivé alors que le jumeau de Félix, pourtant dans la même classe et doté d'une bonne capacité d'expression en français, n'aurait pas été capable de raconter correctement la situation vécue par son propre frère à ses parents. (ici)
Lorsqu'on poursuit quelqu'un en diffamation, un autre aspect important est de savoir si on a contribué à son propre malheur ou pas. Dans le cas qui nous concerne, c'est un point que l'avocat de l'enseignante a tenté d'exploiter, comme on le verra.
Tout d'abord, on pourra toujours s'interroger sur la pertinence du recours à des médias dans certaines situations.
Dès la «découverte» de cette situation, les parents de Félix se sont rendus à son école avec un appareil-photo. «Ils étaient fâchés et criaient après moi en disant que ça n'avait pas de bon sens de faire travailler un enfant là. Ils trouvaient ça abominable. J'étais bouleversée. Je ne comprenais pas trop car je trouvais ça invraisemblable», a affirmé en cour l'enseignante. (ici) La mère de Félix affirme qu'elle ne savait pas, à ce moment, que le couple ferait appel aux médias, même si elle avait pris des photos.
Deux jours plus tard, les parents font part de cette situation à un média télévisé (ici). Par la suite, pendant plusieurs jours et sur plusieurs tribunes médiatiques, ils répéteront à bon nombre de reprises les propos qui leur sont reprochés dans le cadre de ce procès. (ici) De mémoire, ils remettent même aux médias les photos qu'ils ont prises à l'école.
Dans son témoignage, la mère de Félix affirme avoir agi ainsi dans le but de dénoncer la situation vécue par son fils et de pousser la commission scolaire à le retirer de l'aire de retrait. «Nous avons suivi l'ordre des choses. Nous sommes allés voir l'enseignante, la direction de l'école et nous avons contacté la commission scolaire. Nous avons été très patients. La situation était inacceptable.» (ici) Elle reconnait cependant qu'elle a accepté que son fils et elle soient filmés et photographiés. Si on lui avait proposé de masquer son visage, elle aurait accepté, dit-elle. (ici)
Pour sa part, il est vrai que la commission scolaire a diffusé un communiqué et tenu une conférence de presse où elle aurait, selon les parents de Félix, tenu des propos diffamatoires. (ici) Elle s'est cependant abstenue d'identifier les parents ou l'élève concerné pour les raisons légales que l'on sait. (ici)
Aussi bien vous le dire, dans l'état actuel des choses, il ne fait aucun doute dans mon esprit que l'enseignante de Félix est en excellente position dans ce procès. Il faut aussi savoir qu'elle a remporté deux autres «causes» reliées à cette affaire.
La première a trait à une ordonnance de non-publication interdisant que son nom soit mentionné dans les médias concernant cette affaire et que j'ai tenu à respecter ici. La seconde relative à une entente hors cour qui a été conclue avec différents médias dans le cadre d'une autre poursuite en diffamation et qui fait d'ailleurs l'objet d'une clause de confidentialité. (ici) C'est, à mon avis, pour cette raison que vous n'aurez plus un mot de cette affaire dans un média de l'empire Quebecor.
On ne peut que sursauter quand on lit que l'avocat des parents de Félix, Me Julius Gray, affirme que la plainte de l'enseignante n'est qu'une procédure civile abusive dont le seul objectif est de supprimer la critique à l'égard des professeurs. (ici) Tout d'abord, comment Me Gray qualifierait-il la campagne médiatique entreprise par ces deux parents? Ont-ils agi correctement afin de corriger la situation qu'aurait vécue leur enfant? Ensuite, quels mots utiliserait Me Gray pour parler de leur recours de 1 100 000$ contre l'enseignante de Félix et la commission scolaire qui l'emploie? On parle d'une somme cinq fois supérieure à celle demandée par l'enseignante!
S'il est vrai qu'il est exceptionnel qu'un syndicat défraie les couts de l'avocat d'un enseignant dans une telle cause, j'hésite à me réjouir de la tournure qu'ont prise tous ces événements. Peu importe qui gagnera, on retrouvera surtout des perdants dans les deux camps. Sauf qu'il était grand temps, selon moi, qu'un syndicat appuie un enseignant victime d'un tel comportement de la part de certains parents et de certains médias.
Est-ce que toute cette histoire aurait pu se régler à l'origine avec une communication plus efficace et de la meilleure volonté? Honnêtement, à la lumière de tout ce que j'ai lu, je ne le sais pas. Est-ce que les médias y penseront à deux fois avant de rapporter les propos de parents sans vérifier leurs dires? Là aussi, j'en doute encore. Ils oublieront la leçon, croyez-moi.
Un petit résumé
En 2007, une mère effectue une sortie dans les médias régionaux et nationaux, dénonçant le traitement qu'aurait fait subir une enseignante à son enfant. Elle comparait alors l'aire de retrait où était placé son fils à une cage ou à un enclos. Elle y va alors de plusieurs propos et réclame, si je me souviens bien, la démission de cette dernière et de la direction de l'école de son fils. Dans une conférence de presse, l'employeur prend la défense de son enseignante et rectifie, selon lui, certains faits.
L'enseignante, soutenue par son syndicat, décide alors de poursuivre les parents du jeune élève en diffamation pour une somme de 200 000$. Ceux-ci répliquent avec une poursuite de 1 670 000$ contre la commission scolaire et l'enseignante, car ils estiment avoir subi des dommages matériels et moraux. Par la suite, le montant réclamé par les parents est ramené à 1 100 000$ tandis que celui de l'enseignante est passé à 275 000$.
Des poursuites ont également été intentées par l'enseignante contre certains médias ayant traité de cette nouvelle et ont fait l'objet d'une entente hors cour à son avantage en novembre 2009. Je ne peux placer un lien vers la source appuyant cette information puisqu'elle indique le nom de l'enseignante concernée et que ce dernier ne peut actuellement être mentionné puisqu'il fait l'objet d'une ordonnance de non-publication dans l'affaire qui nous concerne.
Maintenant devant les tribunaux
Il importe de préciser que le but de ces deux procès croisés n'est pas à proprement parler de déterminer si l'enseignante a bien agi ou pas dans le cas de Félix, mais davantage si les propos exprimés par les différentes parties étaient diffamatoires et ont causé des préjudices. (ici)
Le juge doit également tenir compte, si j'ai bonne mémoire, de différents facteurs dans sa décision, dont la bonne foi des individus concernés mais aussi leur degré de responsabilité quant à cette situation et des dommages qu'ils ont véritablement subis. Il est difficile effectivement de dédommager quelqu'un qui est responsable de son propre malheur ou qui n'a vécu aucun dommage vérifiable.
Des faits mensongers?
Pour Louise Sinotte, la mère de Félix, le communiqué et la conférence de presse convoquée par la commission scolaire de l'enseignante au coeur de ce litige étaient truffées d'erreurs et ont nui à sa réputation, entre autres lorsqu'on affirmait que Félix avait un comportement perturbateur connu de ses parents et que sa mère aurait refusé plusieurs services offerts pour aider ce dernier. (ici)
Tout d'abord, et c'est un phénomène quasi universel, je remarque que certains parents ont de la difficulté à voir la réalité quand on parle de leur enfant. Pour sa mère, Félix est «semblable aux autres» et elle soupçonne que certains commentaires négatifs à l'égard de son fils auraient été ajoutés dans le carnet de ce dernier après que les procédures judiciaires aient été intentées. Accuser quelqu'un d'avoir falsifié une preuve est une accusation grave. De plus, elle qualifie de «manquements mineurs» le comportement d'un jeune qui ne lève pas la main pour prendre la parole en classe, qui perd son temps et qui dérange souvent.
Ce qu'on apprend aussi, c'est que Félix aurait eu des comportements violents à quelques reprises, ce que la mère a tenté de minimiser. Il aurait notamment eu un comportement dérangeant dans l'autobus scolaire qui a entrainé un suspension de deux jours d'école. Puis, il se serait aussi battu avec un élève de sa classe à qui il aurait asséné un coup de chaise. (ici)
Pour sa part, Félix se décrit comme un enfant normal, ne présentant aucun problème de comportement. Il ne se rappelle pas avoir été un élève dérangeant ou violent, à part un coup de poing donné dans le dos d'un confrère de classe, alors qu'un ancien camarade dit plutôt de lui qu'il se chamaillait souvent. Il ne se souvient pas non plus avoir bénéficié pendant plusieurs mois des services d'un orthopédagogue. (ici)
Pour le frère jumeau de Félix, qui était dans la même classe, la chose est assez simple: «Je crois qu'elle ne l'aimait pas. Elle était méchante et préférait les filles aux garçons, c'était clair.» (ici)
Pour l'enseignante, les parents ont tenu des propos diffamatoires en affirmant que l'enfant était placé dans une cage ou un enclos, que le jeune y était gardé en permanence et que cette mesure avait débuté le 9 janvier 2007 et non le 19 janvier. (ici)
Déjà, diverses photos ont bien montré que les termes employés par les parents pour désigner l'aire de retrait où Félix était assignée sont exagérés puisqu'il ne s'agissait pas d'un endroit clos. Par contre, il faut noter que les médias ont retenu la photo qui donnait à penser qu'il s'agissait d'une cage en treillis de bois fermée. Un autre angle aurait présenté cette réalité bien différemment. (voir les deux photos dans ce billet)
Maintenant, pour ce qui est de savoir si Félix a passé ses journées complètes à l'école dans cette aire de retrait, on a affaire ici à des versions contradictoires, comme on pouvait s'y attendre. Le juge aurait à trancher entre celles de l'enseignante et de sa direction et celles de Félix, de son frère et d'un camarade de classe. Il aurait été intéressant que d'autres adultes aient été convoqués en cour à cet effet, ce qui aurait permis d'éclairer cette zone d'ombre.
En ce qui a trait à la durée du retrait et du moment où les parents ont eu connaissance de cette mesure, on est davantage dans une situation où, manifestement, la direction de l'école et l'enseignante sont dans une position vulnérable parce qu'elles ne se sont pas assurées d'une communication efficace avec les parents.
Dans les cas litigieux ou qu'on sent qu'ils deviendront problématiques, il est préférable de tout noter sur l'élève: copie, retenue, réprimande, etc. Un adjoint de mon école appelle cela «monter un dossier». Également, il vaut mieux toujours avoir des communications écrites. Certains enseignants favorisent des notes au carnet scolaire que le parent doit signer. Pour ma part, je recommande davantage des lettres que l'élève doit ramener signées des parents à son enseignant. Je peux ainsi les garder en ma possession, contrairement au carnet de l'élève
Dans l'histoire de Félix, c'est davantage un récit d'horreurs. Voici quelques exemples tirés des articles que j'ai pu lire.
L'enseignante aurait tenté de téléphoner aux parents pour les informer de son projet mais en vain. Elle leur a donc envoyé une note écrite. Elle n'a pas eu de leurs nouvelles avant le 6 février vers midi. (ici)
Quant à la note qu'elle a écrite aux parents dans le carnet de route de l'enfant pour leur annoncer l'existence d'une aire de retrait, celle-ci ne contenait pas les mots «aire de retrait». L'enseignante avait plutôt écrit que l'enfant travaillait désormais en arrière de la classe pour ses travaux individuels. (ici)
L'enfant a répliqué qu'une fois la situation décrite, il croyait que sa mère avait compris, alors qu'elle avait plutôt imaginé que son fils ne voyait pas bien au tableau en raison d'une poutre, et non d'un treillis. (ici)C'est pourquoi elle (la mère) n'a pas cherché à entrer en contact avec l'enseignante pour en savoir plus, croyant plutôt que s'il y avait quelque chose de grave, celle-ci la contacterait. (ici)
Ce n'est qu'une fois la découverte de l'aire de retrait, le 6 février 2007, qu'il en aurait été question avec la directrice de l'école. (ici)
L'enseignante a admis ne pas avoir parlé des problèmes académiques et de comportement du petit garçon à Mme Sinotte en septembre et octobre 2006 et ce, même si elle l'a rencontrée. (ici)
En novembre, elle a par contre soutenu avoir proposé à Mme Sinotte l'aide d'un psychoéducateur pour son fils, aide qui a été refusée. Toutefois, cette proposition a été faite verbalement et non par écrit. (ici)
Et il faut rappeler que tout cela serait arrivé alors que le jumeau de Félix, pourtant dans la même classe et doté d'une bonne capacité d'expression en français, n'aurait pas été capable de raconter correctement la situation vécue par son propre frère à ses parents. (ici)
Faire son propre malheur?
Lorsqu'on poursuit quelqu'un en diffamation, un autre aspect important est de savoir si on a contribué à son propre malheur ou pas. Dans le cas qui nous concerne, c'est un point que l'avocat de l'enseignante a tenté d'exploiter, comme on le verra.
Tout d'abord, on pourra toujours s'interroger sur la pertinence du recours à des médias dans certaines situations.
Dès la «découverte» de cette situation, les parents de Félix se sont rendus à son école avec un appareil-photo. «Ils étaient fâchés et criaient après moi en disant que ça n'avait pas de bon sens de faire travailler un enfant là. Ils trouvaient ça abominable. J'étais bouleversée. Je ne comprenais pas trop car je trouvais ça invraisemblable», a affirmé en cour l'enseignante. (ici) La mère de Félix affirme qu'elle ne savait pas, à ce moment, que le couple ferait appel aux médias, même si elle avait pris des photos.
Deux jours plus tard, les parents font part de cette situation à un média télévisé (ici). Par la suite, pendant plusieurs jours et sur plusieurs tribunes médiatiques, ils répéteront à bon nombre de reprises les propos qui leur sont reprochés dans le cadre de ce procès. (ici) De mémoire, ils remettent même aux médias les photos qu'ils ont prises à l'école.
Dans son témoignage, la mère de Félix affirme avoir agi ainsi dans le but de dénoncer la situation vécue par son fils et de pousser la commission scolaire à le retirer de l'aire de retrait. «Nous avons suivi l'ordre des choses. Nous sommes allés voir l'enseignante, la direction de l'école et nous avons contacté la commission scolaire. Nous avons été très patients. La situation était inacceptable.» (ici) Elle reconnait cependant qu'elle a accepté que son fils et elle soient filmés et photographiés. Si on lui avait proposé de masquer son visage, elle aurait accepté, dit-elle. (ici)
Les préjudices subis?
Actuellement, à partir des textes que j'ai lus, l'enseignante semble avoir davantage démontré les préjudices qu'elle a subis que les parents de Félix. Si toutes le parties impliquées dans ce procès ont témoigné avec émotion (ici), cette dernière bénéficie en effet d'une expertise psychologique, contrairement à la mère. (ici)
D'après le Dr Pierre Vincent, médecin psychiatre, l'enseignante a éprouvé des troubles d'adaptation avec humeurs anxio-dépressives se traduisant par une perte d'estime de soi, des troubles du sommeil, des difficultés à respirer, de la panique, du stress aigu, d'hypervigilance et une perte d'appétit. Il faut savoir également que cette dernière a été victime de menaces de mort jugées suffisamment sérieuses pour que le service de police de sa région instaure des patrouilles supplémentaires près de sa résidence. (ici)
Pronostics sur le jugement
Ce qui m'interpelle dans toute cette histoire, c'est que des parents poursuivent une enseignante pour les torts qu'ils auraient subis, mais qu'ils ne se soucient pas de réclamer quoi que ce soit pour leur propre enfant. Si Félix a été victime d'un comportement inapproprié, il a pu en subir des conséquences qui méritent une compensation, non? Or, ici, nulle trace véritable de l'enfant au centre de toute cette histoire.
Aussi bien vous le dire, dans l'état actuel des choses, il ne fait aucun doute dans mon esprit que l'enseignante de Félix est en excellente position dans ce procès. Il faut aussi savoir qu'elle a remporté deux autres «causes» reliées à cette affaire.
La première a trait à une ordonnance de non-publication interdisant que son nom soit mentionné dans les médias concernant cette affaire et que j'ai tenu à respecter ici. La seconde relative à une entente hors cour qui a été conclue avec différents médias dans le cadre d'une autre poursuite en diffamation et qui fait d'ailleurs l'objet d'une clause de confidentialité. (ici) C'est, à mon avis, pour cette raison que vous n'aurez plus un mot de cette affaire dans un média de l'empire Quebecor.
On ne peut que sursauter quand on lit que l'avocat des parents de Félix, Me Julius Gray, affirme que la plainte de l'enseignante n'est qu'une procédure civile abusive dont le seul objectif est de supprimer la critique à l'égard des professeurs. (ici) Tout d'abord, comment Me Gray qualifierait-il la campagne médiatique entreprise par ces deux parents? Ont-ils agi correctement afin de corriger la situation qu'aurait vécue leur enfant? Ensuite, quels mots utiliserait Me Gray pour parler de leur recours de 1 100 000$ contre l'enseignante de Félix et la commission scolaire qui l'emploie? On parle d'une somme cinq fois supérieure à celle demandée par l'enseignante!
S'il est vrai qu'il est exceptionnel qu'un syndicat défraie les couts de l'avocat d'un enseignant dans une telle cause, j'hésite à me réjouir de la tournure qu'ont prise tous ces événements. Peu importe qui gagnera, on retrouvera surtout des perdants dans les deux camps. Sauf qu'il était grand temps, selon moi, qu'un syndicat appuie un enseignant victime d'un tel comportement de la part de certains parents et de certains médias.
Est-ce que toute cette histoire aurait pu se régler à l'origine avec une communication plus efficace et de la meilleure volonté? Honnêtement, à la lumière de tout ce que j'ai lu, je ne le sais pas. Est-ce que les médias y penseront à deux fois avant de rapporter les propos de parents sans vérifier leurs dires? Là aussi, j'en doute encore. Ils oublieront la leçon, croyez-moi.
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