31 octobre 2007
Les invasions musulmanes?
28 octobre 2007
Safwan et les Nazis
Le premier s'intitule K, tout simplement. Mais chasuble que cette lettre aura une signification lourde tout au long de l'histoire! Ce roman a été écrit par Daniel Easterman.
Dire que je vous le recommande est un euphémisme. Je serais même prêt à garantir votre achat. Le plus frustrant est qu'il m'es 'absolument impossible de vous parler de l'histoire sans vous dévoiler un des punchs importants. Normalement, à la fin du premier chapitre, vous êtes aussi accroché qu'un brochet affamé à un hameçon. C'est peu dire! On est dans l'aventure, ça bouge, mais ça remue aussi l'intérieur tellement le récit est vraisemblable et aurait pu être vrai. Voilà. Je n'en dis pas plus. À vous de découvrir.
Le deuxième a pour titre Le complot contre l'Amérique et a pour auteur Philipp Roth. Cette oeuvre explore une thématique semblable à K sauf que, cette fois-ci, le ton est plus intimiste, plus introspectif. Il vaut mieux la lire en deuxième quelques mois plus tard, question de ne pas rester sur une comparaison forcément injuste.
Dans les deux cas, ces romans pourraient être utilisés dans un cours de morale ou d'histoire tellement ils sont pertinents.
En passant, ma liste de livres de ma bibliothèque de classe devrait être au point cette semaine.
Bonne lecture!
Dictée: les politiciens arrivent!
27 octobre 2007
Le discours de la ministre Courchesne à l'AQPF
Pendant ce temps, M. Parizeau...
Les lendemains de veille de la ministre
24 octobre 2007
Mes chaînes? Ou sont mes chaînes?
23 octobre 2007
Jaziri et les médias: je t'utilise, tu m'utilises...
Nuançons un fait immédiatement: il est fréquent pour un réfugié politique d'entrer au Canada avec un faux passeport. «Prenons l'exemple d'un réfugié politique tunisien: il est torturé, il est persécuté. On ne lui délivrera jamais un passeport tunisien. Comment va-t-il sortir? Il n'a pas d'autre choix que de se fabriquer un titre de voyage», explique l'avocate de M. Jaziri, Nawal Benrouayene.
Sauf que les ennuis du coloré imam remonte à plusieurs années. Tout d'abord, il a eu maille à partir avec la justice tunisienne parce qu'il a fondé une association islamiste illégale. Ensuite, il a résidé en France ou il a été reconnu coupable de coups et blessures volontaires devant sa mosquée. Au Canada, pour plusieurs, ses propos étaient à la limite de l'incitation à la haïne, notamment à l'égard des homosexuels. Bref, on ne peut pas dire que le personnage fuyait la controverse.
Devant les récriminations de l'imam expulsé, la réplique de l'Agence des services frontaliers du Canada été cinglante. Si la première partie du voyage s'est bien déroulée, l'imam a commencé à devenir incontrolable une fois rendu dans un espace public: ce dernier «se serait laissé choir au sol, se plaignant à grands cris de douleurs et refusant d'aller plus loin.» Il a alors été menotté et ramené dans l'avion en direction de la Tunisie. Une fois sur place, il a recommencé son manège à l'aéroport. Quand on aime se donner en spectacle...
Dans le cas de Jaïd Jaziri, il ne fait aucun doute que les médias québécois ont créé un monstre, au même titre que le maire Gendron, par exemple. Chacun y trouvait son compte: l'imam se voyait offrir une tribune de choix, suscitait la controverse et donnait un bon spectacle. Et tant pis pour l'éthique si cette grande gueule ne représentait pas l'esprit de la communauté musulmane du Québec et suscitait de l'antagonisme! Jusqu'à tout récement, un animateur télé continuait même de l'inviter à son émission alors qu'il avait remarqué que Jaïd Jaziri ne revêtait ses vêtements traditionnels que lorsqu'il était en ondes. On dirait un comédien avec un costume de scène, non?
Soyons honnêtes: les médias ont accordé trop d'espace à cet individu. On se serait attendu à un comportement plus responsable de leur part. Dans un contexte de fortes tensions autour des accommodements raisonnables, on avait bien besoin de laisser des pyromanes allumer des brasiers sur nos ondes.
Jaïd Jaziri expulsé, souhaitons maintenant que la communauté musulmane saura se doter de représentants moins controversés auprès des médias. Souhaitons aussi que ces derniers auront une attitude plus responsable qunat à ceux à qui ils donnent la parole.
En terminant, jamais je n'aurais jamais retourné cet imam en Tunisie, un pays ou l'on pratiquerait la torture, comme l'affiment plusieurs spécialistes et organisations gouvernementales (ici et ici). Le Canada ne sortira possiblement pas gagnant de cette saga.
«Il a eu ce qu'il méritait», m'a expliqué un de mes élèves. Désolé, mais je n'achète pas ce raisonnement. Et je comprends mal qu'on ne boycotte pas ce pays si ces accusations de mauvais traitements sont fondées. Et je comprends mal aussi qu'une école, ayant un programme d'études internationales, organise un voyage dans ce pays. Mais ça, c'est une autre histoire...
21 octobre 2007
Théâtre obligatoire?
- Si vous croyez qu'on ne parle pas de gros sous ici, relisez la proposition adoptée dimanche. On veut y obliger la fréquentation du théâtre «professionnel». Méchante façon corporatiste de favoriser ses intérêts...
- La majeure partie des frais occasionnés par une sortie au théâtre est reliée au transport par autobus. Je connais des propriétaires de gros bus jaunes qui vont être contents si le gouvernement donne suite à cette idée.
- Que fait-on avec certaines régions ou il n'y a pas de troupe de théâtre professionnelle?
De la religion à l'école
- les jeunes du primaire et du secondaire avaient déjà de la difficulté à assimiler une seule religion;
- l'État ne devrait pas s'approprier du droit de parler de religion;
- la vraie neutralité de l'État est de permettre aux deux discours de se tenir dans les écoles;
- le citoyen doit avoir préséance sur l'État pour définir ses valeurs;
- c'est une atteinte à la liberté de choix;
- la loi 95 est une véritable dictature de la pensée.
Bon, si certains arguments font sourire, d'autres sont carrément en contradiction avec le fait même d'enseigner quelque religion que ce soit à l'école.
20 octobre 2007
Projets du PQ: des tests pour les immigrants et les enseignants!
Des tests de français pour les immigrants
Les récentes idées du Parti québécois en matière de citoyenneté québécoise (ici, ici et ici) font jaser. À preuve, ces réactions ce matin (ici , ici et ici).
Pour ma part, ces initiatives, remplies de bonnes intentions, sont dangereuses pour la cause nationaliste et constituent même une très mauvaise idée. Oui, je sais: l'affirmation est grosse, mais revenons sur ce que propose le PQ.
L'idée d'une constitution québécoise qui indiquerait certaines valeurs québécoises est intéressante, mais aussi redondante. En effet, il existe déjà la Chartre des droits de la personne qui fait déjà ce travail. On peut toujours répéter autrement, si l'on veut. C’est pédagogique.
Là, cependant ou on déraille complètement, c'est dans la façon dont on veut s'assurer que les immigrants aient une «connaissance appropriée» du français. Ainsi, la personne qui immigre au Québec aura droit à trois années de cours de français gratuits, après quoi elle devra faire la preuve de sa maîtrise de la langue française, sinon elle ne pourra se présenter comme candidat à des élections scolaires, municipales ou scolaires, financer un parti politique ainsi qu’adresser une pétition à l'Assemblée nationale.
Des cours de français gratuits pour les immigrants, quelle belle idée! Il me semble qu'on a déjà connu les COFI au Québec et que le gouvernement consentissait des mesures incitatives à ceux qui y suivaient des cours.
Par contre, l'idée de priver quelqu'un d'un droit démocratique n’est pas une mince affaire. Oui, il est préférable que chaque nouvel immigrant au Québec maîtrise la langue de la majorité, mais doit-on le faire de façon répressive? Pourquoi utiliser une façon négative de motiver un nouveau venu à apprendre la langue des Tremblay? Est-ce parce que la majorité francophone au Québec n'exerce pas un pouvoir d'attraction suffisant pour intégrer les immigrants? Ne risque-t-on pas de créer des citoyens de seconde classe qui, pour des raisons qui leur appartiennent, refuseront de se plier à cette obligation?
Toujours à propos de l'idée de citoyen de seconde zone, imagine-t-on comment se vivra cette idée de citoyenneté linguistique dans la réalité? Les Québécois ne parlant pas un traite mot de français (anglophones, autochtones, immigrants déjà installés au Québec, etc.) auront la citoyenneté québécoise de facto. Mais qu'en est-il des immigrants venant d'une autre province, qu'ils soient nés au Canada ou non? Avec cette logique, est-ce à dire que, si Stephen Harper immigrait au Québec, il pourrait être premier ministre du Canada mais pas citoyen québécois s'il échoue à faire la preuve de sa connaissance du français?
De plus, l'idée d'évaluer que les immigrants aient une connaissance appropriée de la langue française pour pouvoir jouir de certains droits me rappelle les fameux tests linguistiques des gouvernements Bertrand et Bourassa à l'époque des lois 63 et 22 (ici). Il faudrait peut-être se souvenir de nos mauvais coups, parfois.
Enfin, pourquoi mesurerait-on seulement la langue pour attribuer la citoyenneté à un immigrant au Québec? Sa tolérance à la différence, son respect de l'égalité des sexes ne sont-ils pas tout aussi importants? Imaginez les tests que cela fera.
Ta femme te demande de laver la vaisselle.
- Tu lui réponds que le Coran te l’interdit et tu es content qu’elle ne sache pas lire pour vérifier si c’est vrai.
- Tu proposes que ce soit votre fille qui la lave afin de la préparer à son rôle avec le mari que tu lui as choisi.
- Tu t’empresses de la faire parce que tu es un citoyen québécois modèle qui veut s’intégrer à sa nouvelle communauté et respecter les valeurs d’égalité qui y sont propres et qui expliquent ta venue dans ce futur pays qu’est le Québec.
Je sais, je sais: je m'emporte, mais disons que cette idée de citoyenneté linguistique ne semble pas lumineuse et j'imagine déjà les gorges chaudes que feront les médias du reste du Canada. On colle déjà aux Québécois des étiquettes nazies. Pas besoin de leur donner matière à continuer dans cette voie.
Des tests pour les enseignants
Un aspect qui est passé inaperçu est que le Parti québécois obligerait les étudiants universitaires en enseignement à réussir un «examen national» de français pour obtenir l'autorisation légale d'enseigner. La maîtrise de la langue parlée et écrite serait donc indispensable pour les jeunes qui veulent exercer ce métier. Les vieux croulants comme moi n’auraient donc rien à craindre puisque cette mesure ne s'adresserait qu'aux nouveaux enseignants. Ouf! Quelle joie de pouvoir continuer à malmener la langue française en classe sans qu’il n’y ait de conséquence!
Mais puis-je souligner que ces futurs enseignants ont réussi avec succès l'épreuve d'écriture ministérielle au secondaire, l'épreuve uniforme d'écriture au collégial, l'épreuve écrite d'entrée à l'université (ou, à défaut, ont suivi, une formation censée corriger leurs lacunes) et enfin, avant leur embauche, subiront des tests administrés par les commissions scolaires?
Pour ma part, cette idée du PQ montre bien la faillite de l'enseignement du français au Québec: on doit évaluer la maîtrise de la langue maternelle de futurs enseignants qui ont 17 années de scolarité et qui ont toujours réussi toutes les épreuves auxquelles ils ont été soumis. De plus, pourquoi investir des énergies dans des tests quand on devrait s'assurer de mieux enseigner et évaluer dans nos écoles? Le véritable problème n'est pas à la fin de la formation des enseignants, la bonne solution non plus.
Enfin, faut-il rappeler que ce même parti a été au pouvoir suffisamment longtemps pour corriger de telles lacunes chez les futurs enseignants et que ce sont les mêmes personnes qui ont laissé ce problème perdurer en toute connaissance de cause qui nous proposent aujourd'hui des solutions dont je me méfie?
Voilà ce qui explique peut-être la popularité de l'ADQ et de Mario Dumont: de nouveaux visages. Mais, pour mon grand malheur, je ne peux pas le voir en peinture et je ne suis pas dupe de cet effet de nouveauté. Sauf que je ne suis pas dupe non plus des gens qui essaient de faire du neuf avec de l’usagé qui n’a pas fait ses preuves...
18 octobre 2007
Gang d'hypocrites!
Ainsi, le PQ a l'intention de singer, oups! d'imiter l'ADQ (ici, ici et ici) en souhaitant l'adoption d'une constitution où seraient enchâssées les valeurs communes des citoyens de la Beautiful Province et la création d'une «citoyenneté québécoise». À ce sujet, les projets de loi 195 et 196 referment également des «dispositions assurant la prédominance de la langue française, la maîtrise de la langue parlée et écrite et la connaissance de l'histoire nationale.»
Désolé, mais je ne crois absolument pas aux convictions linguistiques de Mme Marois et de son parti. Le bilan de cette formation souverainiste en matière d'éducation et d'enseignement de la langue française m'a convaincu que nous sommes, encore une fois, devant un beau discours électoraliste ou l'on expoitera la fibre nationaliste des «bons Québécois» pour les amener à voter pour le «bon parti».
C'est sous la gouverne de Mme Marois que nous avons connu à la fin des années 90 la réforme de la grammaire dans nos écoles. Elle devait simplifier et moderniser l'enseignement de la langue française, améliorant ainsi inévitablement la maîtrise que les jeunes ont de celle-ci. Laissez-moi rire de tristesse... C'est là qu'on a compris pourquoi la réforme suivante serait un échec: implantation faite sans véritable concensus et de façon improvisée, formation insuffisante des enseignants, manque de ressources et de moyens, etc.
Et puis, il y a eu aussi le renouveau pédagogique dans lequel nous sommes empêtrés et à cause duquel la maîtrise de la langue des élèves du primaire au Québec est en baisse selon une étude internationale.
La Parti québécois a jeté aux poubelles de l'histoire un chef dont le passé rimait avec «cocaïne». Il lui a plutôt préféré une candidate dont le passé rime avec «héroïne». Seulement, quand on regarde les faits d'arme de Mme Marois, je préférais un politicien «coké» à une politicienne «poquée».
Le PQ se préoccupe du français, langue d'enseignement. Laissez-moi rire de tristesse...
Dalida le chantait si bien: «Paroles, des paroles, des paroles...»
17 octobre 2007
Les interrogations de la ministre Courchesne
La ministre Couchesne est d'une autre trempe. Je sais qu'elle a multiplié cet été et avant la rentrée des classes des rencontres informelles avec différents acteurs de l'éducation. Celle-ci a écouté d'autres propos que ceux des fonctionnaires du MELS et des représentants syndicaux. Elle a ausi remis publiquement en question les avis du Conseil supérieur de l'éducation. Bref, on assiste à une autre ère.
14 octobre 2007
Humour involontaire
Ma bibliothèque de classe: vos suggestions?
13 octobre 2007
Des chiffres et des lettres avec le Prof malgré tout
Je publie à la fin de mon blogue une réponse complète aux différentes interrogations de PMT. On la retrouvera aussi sur son site.
Quelques extraits
Le professeur masqué a dit...
Tout ce débat est stérile. Qu'on attribue une lettre, une chiffre ou un petit bonhomme Charest à l'élève, on transmet au parent une appréciation de son jeune. Et je comprends mal en quoi une compétence peut s'évaluer avec une lettre, mais pas avec un pourcentage. Tous ces indices sont des symboles. En français, nous évaluons des compétences avec des % depuis des années et il n'y a jamais eu de débat là-dessus. On ne peut pas se préoccuper davantage de ce que nos jeunes apprennent dans nos écoles et de comment on détermine le mot «réussite»? Moi, qu'une grille de correction m'oblige à donner un C ou un 60% à un élève qui fait une faute par mot, ça m'interpelle davantage.
Prof malgré tout a dit...
Prof Masqué: Je parle du primaire. "Lire des textes variés" par exemple, est une compétence en français. Comment voulez-vous faire la différence entre 74 et 76% dans l'évaluation d'une telle compétence? Au primaire, on ne parle pas de répondre à un questionnaire suite à la lecture d’un texte. On doit avoir une approche beaucoup plus globale et tenir compte de beaucoup de facteurs. Par exemple, l'enfant lit bien, mais ne connaît pas le vocabulaire utilisé. Dans une classe de cinquième, seulement une élève savait ce qu'est un rossignol... Pour ce qui est d'enlever des points pour les fautes d'orthographe et de déterminer la note ensuite... dites-moi quelle phrase vaut le plus :
1- J'aime le chat. (pas de fautes)
2- L'ornithorinque est l'un de mes animaux favori. (2 fautes)
Qui aura le meilleur résultat et surtout, combien obtiendront-ils en pourcentage pour la compétence «Écrire des textes variés»? En deuxième année, je mets C (développe selon les attentes) au premier et B (développe au-dessus des attentes) au second. Soyez indulgent, je ne suis que prof de musique.
Benoit a dit...
Cher PMT, votre exemple ne tient malheureusement pas la route. Pour une production écrite, les grilles de correction en français ont plusieurs critères: la structure, les idées, le vocabulaire, l'orthographe, etc. À cet égard, Benoit a bien expliqué la chose. Tout dépend de ce que l'on évalue et de l'importance relative de chaque critère. Un des dangers de la réforme, c'est que certains confondent «évaluation d'une compétence» avec évaluation générale et subjective, par exemple. Ce glissement est d'autant plus facile que les critères sont plus flous actuellement qu'il y a quelques années. Les profs manquent de repères. Ils finiront bien par se les donner un jour. Actuellement, au secondaire, on constate qu'il y a plus que jamais des écarts importants entre des élèves ayant des bulletins pourtant identiques. Signe des temps: certaines écoles ne retiennent plus les bulletins du primaire pour sélectionner des élèves pour des programmes particuliers. Elles leur préfèrent des tests standardisés.
Prof malgré tout a dit...
Prof masqué : Mais sur le bulletin, c'est la compétence qu'il faut évaluer. Dans votre grille, vous pouvez mettre une notre précise en pourcentage pour les idées? Est-ce que tous les enseignants donneraient le même pourcentage? Au primaire, croyez-vous vraiment qu'un enseignant peut avoir une grille si complexe pour les 5 ou 6 matières qu'il doit évaluer? Ça fait environ un quinzaine de compétences par élèves. Au risque de me répéter, je parle du primaire. Même la tâche (le temps d'enseignement) est très différent pour nous. On ne peut pas comparer.
La suite
Cher PMT,
Nous mélangeons bien des choses dans cette discussion.
Au secondaire, je dois évaluer les textes de mes élèves en écriture avec une grille détaillée qui donne effectivement des points pour la qualité des arguments, par exemple. Pour ce critère, je retrouve plusieurs indicateurs qui me guident dans l'attribution de la note. Je m'intéresse à sa pertinence, à son utilisation rigoureuse, etc.
Le côté rigolo de cette opération est que, pour chacun des critères de cette grille, j'ai une mini-échelle de compétence de quatre ou cinq échelons désignés par des lettres qu'on convertit ensuite en chiffres! On en sort définitivement pas... Vous pouvez consulter cette grille et cette table de conversion aux pages 14 à 17 de ce document.
On retrouve également des points pour la clarté du propos, la structure du texte, la qualité de la langue, le vocabulaire, l'orthographe, la syntaxe et la ponctuation. Ces critères sont pondérés diféremment et donnent un résultat sur 100. On mesure donc toutes les composantes d'un texte en tenant compte de plusieurs facteurs. On ne peut parler de correction globale, mais la compétence est évaluée, diront plusieurs, dans sa globalité.
Les enseignants de cinquième secondaire, pas tous mais certains, ont suivi des formations sur savoir comment corriger les textes des élèves. Il existe également des ateliers de formation organisés par le MELS à ce sujet. L'un d'entre eux aura lieu lors du prochain congrès de l'Association québécoise des professeurs de français. Sinon, il est fréquent que les anciens enseignants guident les plus jeunes dans la correction du texte argumentatif. Enfin, des correcteurs du MELS sont parfois sollicités pour corriger les textes préparatoires de jeunes de cinquième secondaire à l'examen de fin d'année, question de s'assurer que ceux-ci sont suffisamment préparés à cette épreuve.
On conviendra que cette grille est complexe et renferme de nombreuses aberrations dont je parlerai une autre fois parce que cela n'est pas pertinent par rapport à notre échange. Cependant, aussi imparfaite soit-elle (et elle l'est!), cette grille évite les débordements d'une trop grande subjectivité avec ses nombreux critères et contraintes. Elle encadre la correction, dirons-nous. Il existera bien sûr des écarts entre différents enseignants, mais ils seront moins marqués que s'ils se livraient à une évaluation plus globale. Encore que des enseignants correctement formés à la correction holistique arrivent sensiblement à la même note. Mais le défaut ici, ce n'est pas que la correction holistique peut parfois sembler floue, mais que les enseignants manquent souvent de formation quant à cette dernière.
Des grilles de correction similaires existent aussi au primaire et au collégial, collégial ou l'approche par compétence existe depuis la réforme Robillard dans les années 90, je crois. Les correcteurs doivent donc prendre en compte de façon spécifique d'une foule de caractéristiques. Mais les enseignants de ces niveaux, pour ce j'en sais, ne reçoivent pas de formation systématique comme ceux du secondaire. Le MELS n'organise pas non plus d'atelier à ce sujet. Peut-être certains conseillers pédagogiques s'assurent-ils de cette formation.
En lecture, puisque vous abordez ce volet, les tests au secondaire referment une floppée de questions qui visent à mesurer divers aspects précis de la maîtrise de cette compétences (vocabulaire, capacité à identifier les éléments de la reprise de l'information, etc.). Ces aspects sont pondérés et forment un résultat sur 100, par exemple. On n'évalue donc pas la compétence en lecture de façon globale, mais on croit l'évaluer dans sa globalité avec divers critères précis.
Les enseignants du primaire ont donc des grilles, des indicateurs et des contraintes à respecter, tout comme ceux du secondaire et du collégial. Certains diront que ce que le nombre de matières qu'ils ont à enseigner est contrebalancé par le nombre d'élèves qu'ils ont dans leur classe. Moi, je préfère éviter ces comparaisons, mais je remarque que, pour les spécialistes au primaire, la situation est tout simplement aberrante! Le nombre d’éléments à évaluer en regard du nombre d’élèves est délirant. Elle l’est tout autant pour les profs d’arts ou de musique au secondaire quand on y pense. Alors, évitons les stériles débats primaire versus secondaire.
Il faut enfin savoir qu'avec la réforme, toutes ces grilles, toutes ces évaluations, toutes ces contraintes ne décident pas de la réussite d'un élève. C'est le fameux bilan de fin de cycle qui est déterminant. Et ce dernier ne peut se réduire à un cumul de ces évaluations. Et c'est là qu'on retrouve le plus grand flou. Et c'est là aussi que les enseignants sont victimes de nombreuses pressions de la part de leur direction qui veulent le moins d'échecs possible dans leur école.
Des chiffres, des lettres, des bonhommes Charest? Moi, je m'en fous, comme je vous l'ai écrit. Je me répète: on ne peut pas se préoccuper davantage de ce que nos jeunes apprennent dans nos écoles et de comment on détermine le mot «réussite»? Moi, qu'une grille de correction m'oblige à donner un C ou un 60% à un élève qui fait une faute par mot, ça m'interpelle davantage. Moi qu'un bilan de fin de cycle fait passer un élève qui écrit une faute par mot, ça me décourage de mon métier.
Un dernier point en terminant: le titre de votre billet (Vous avez gagné!) me donne de l'urticaire. Je pense que personne n'a gagné quoi que ce soit dans ce débat. Actuellement, en éducation, il n'y a que des perdants et ce sont surtout ces élèves à qui l'on ment quant à leur pseudo«réussite» scolaire. La réforme n'a pas tenu beaucoup de ses promesses. L'ancien système n'était pas génial. On devait changer pour mieux. On a différent. Pas plus.
J'invite les internautes qui le veulent à poursuivre cet échange sur le blogue sur le site du Prof malgré tout.
12 octobre 2007
Interrogations impertinentes
J'avoue qu'à moins que ce dernier ne se veuille poétique, je ne comprends pas. Comment peut-on réussir MIEUX? Réussir n'est donc plus suffisant? Déjà qu'on vise la réussite du plus grand nombre, va-t-il falloir qu'ils réussissent tous MIEUX les uns les autres?
Des questions comme ça...
11 octobre 2007
Bonsoir, il est parti!
10 octobre 2007
Parlons de décrochage
Dans le Journal à Péladeau
Dans le JdeM, on brosse un portrait assez sombre de ces jeunes qui décrochent dès leur entrée à la maternelle: «De plus en plus d'enfants éprouvant des problèmes de comportement ou des difficultés d'apprentissage décrochent «psychologiquement» dès la première année ou même la maternelle, estiment certains spécialistes.»
Une partie de ce phénomène serait attribuable à ce qu'on appelle les «enfants-rois» défendus bec et ongles par leurs parents. Pour Égide Royer, professeur au Département d'études sur l'enseignement et l'apprentissage de l'Université Laval, «Les deux éléments les plus importants chez les jeunes qui décrochent sont les problèmes de lecture et les problèmes de comportement.»
La situation serait d'ailleurs plus préoccupante en Estrie ou la Commission scolaire de la Région-de- Sherbrooke (CSRS) se livrera à une gigantesque enquête afin de mieux comprendre pourquoi ce phénomène est plus important sur son territoire.
Enfin, le Journal de Montréal complète cette série de textes par un test qui permet au lecteur de savoir si son enfant risque de décrocher.
Dans La Presse à Desmarais
Un autre texte, publié cette fois-ci dans La Presse, nous apprend qu'au Saguenay, cette région s'est attaquée avec un succès certain au décrochage scolaire. La plupart des intervenants du pays des Bluets se sont mobilisés afin de lutter de concert contre ce fléau.
En plus du milieu scolaire, les maires des municipalités, les organismes communautaires, les services de santé et même les commerçants ont participé à cette action: «Le milieu des affaires a compris qu'un élève qui décroche va coûter plus cher à la société qu'un élève qui persévère. Économiquement, le succès de nos élèves donne une valeur ajoutée à toute la région. On peut se servir de ces statistiques pour attirer des gens chez nous et faire en sorte qu'ils s'installent à long terme. On peut dire aux parents que leurs enfants réussiront mieux ici», explique Jean Paradis, président du conseil interordres de l'éducation.
Dans la tête malicieuse du Prof masqué
Les très jeunes seraient donc plus nombreux à décrocher. Peut-on avoir une idée de combien? Sur quoi se base-t-on pour établir un tel constat? Cette affirmation est vague à souhait. Mais ce n'est pas grave: la «une» du Journal est accrocheuse.
Quant au petit test, personnellement, j'en ai soupé! Qu'ils soient de La Presse ou du JdeM, malgré les mises en garde qu'on y retrouve parfois, je trouve inconcevable qu'on tente de faire croire à un lecteur qu'il peut lui-même évaluer si son jeune risque de décrocher ou s'il a les connaissances pour entrer dans un programme d'études internationales. Un média ferait de même avec une question médicale qu'il aurait de nombreux médecins sur le dos. Mais comme il ne s'agit que d'éducation et que tout le monde est un spécialiste...
Puis-je me permettre une réflexion un peu de mauvaise foi, mais comment peut-on avoir des jeunes qui décrochent de plus en plus alors que la renouveau pédagogique devait justement contrer cet écueil? Plus cyniquement encore, mais pourquoi avoir chamboulé tout le monde de l'éducation si la solution se trouve (aussi) à l'extérieur de nos écoles comme le montre l'exemple saguenéen? Également, de nombreux exemples de lutte au décrochage existent et ont fait leurs preuves, à Toronto, entre autres.
Mais de cela, il ne faut pas parler. Mais sur cela, il ne faut pas questionner. Le décrochage continue. Le renouveau magique n'y changera rien, quant à moi.
«The truth is out there.»
09 octobre 2007
De l'argent du public et de l'éthique
Événement 1
Quel poste devrait occuper quelqu'un qui...
- paie les partys de Noël les plus dispendieux au Québec à ses employés bien silencieux?
- s'offre de l'alcool aux frais des contribuables dans un salon privé?
- utilise un prête-nom pour réclamer des frais reliés à des cours d'anglais?
- utilise encore un prête-nom pour réclamer des frais reliés à des repas?
Comme on peut le lire ici et ici, certains, comme Stéphane Harbour, ont une définition du service public bien précise: me servir moi-même avant de servir les autres. Vite une enquête policière! Vite des accusations de fraudes! Et ou devrait finir un tel individu, croyez-vous?
En prison? Rien n'est moins sûr. S'il fallait scruter les comptes de dépense de nos décideurs publics, il y aurait de quoi hurler.
Dans une autre vie, j'ai eu l'occasion de découvrir que certains de nos députés étaient très amis avec les serveurs de la Grande-Allée à Québec et que ces derniers leur gardaient toujours une belle collection de reçus pour leur frais de dépenses...
Et je ne parle pas de ces chauffeurs de taxi qui remettaient des reçus vierges que pouvaient remplir leurs distingués voyageurs...
Et je ne parle pas non plus du matériel de bureau que certains prenaient sans aucune mesure de contrôle...
Événement 2
Je vais au congrès de l'Association québécoise des professeurs de français (AQPF). Mes dépenses sont remboursées par l'école et les frais que je peux déduire sont basées sur ceux reconnus par ma commission scolaire pour ses employés:
- Nuit à l'hôtel: 100$
- Déjeuner: 10$
- Dîner: 20$
- Souper: 30$
- Frais de déplacement: 0,37$ pour les 300 premiers kilomètres et 0,27$ pour les 200 kilomètres suivants. 111
Fort de mes convictions idéalistes, je décide de jaser avec un collègue bien en vue à mon école de ce montant que je trouve élevé et ce dernier me rabroue en me disant qu'avec un verre de vin ou une bière, trente dollars suffisent à peine à payer l'addition.
C'est alors que je comprends quelque chose: il est bien plus facile de dépenser quand il ne s'agit pas de ton argent et que tu te convaincs que tout le monde en fait autant.
Dans ma naïeveté intérieure, je me suis dit qu'on devrait interdire que les fonds publics servent à acheter de l'alcool ou des aliments qui ne respectent pas la politique alimentaire imposée dans nos écoles (...). Puis, je me suis rappelé ces serveurs de la Grande-Allée avec leurs piles de reçus et j'ai vu l'inutilité d'une telle mesure...
En passant, si vous faites le calcul, un cadre ou un dirigeant d'un commission scolaire de la région montréalaise qui va à Québec (envrion 250 km) coûte 155$ aux contribuables alors qu'il existe un service d'autobus aller-retour pour 68$.
Ma voiture, c'est le seul luxe que je me permettrai durant ce congrès. L'alcool aux frais des contribuables, très peu pour moi.
Ajout du 10 octobre 2007 tiré de cet article (pour rager davantage)
M. Harbour blâme deux anciens hauts fonctionnaires, le directeur général Yves Mailhot et le directeur général adjoint Jean-Claude Patenaude, d'avoir «trahi sa confiance».
Allez lire ce texte qui vous fera la liste des irrégularités de tous ces joyeux compères.