27 octobre 2007

Les lendemains de veille de la ministre

On ne peut pas dire que la ministre Courchesne ait passé une bonne semaine. Ses déclarations dans Le Devoir (ici, et ici), son entrevue aux Francs-Tireurs... Tout pour avoir envie de se payer et de lui payer une bonne brosse!

Tout d'abord, à ceux qui estiment que la ministre s'est isolée de ses haut fonctionnaires, je répliquerai qu'elle l'était déjà bien avant cette semaine. La fameuse saga du bulletin a été l'occasion de bien des déchirures au MELS et même dans les commissions scolaires. Et le plus rigolo, c'est qu'on se chicane sur l'emploi de lettres ou de notes alors que c'est de la disparition de l'aspect plus descriptif du bulletin dont on devrait le plus parler. M'enfin...

La ministre est isolée dans son ministère depuis des mois parce qu'elle ne croit pas manifestement à plusieurs des fondements du renouveau pédagogique. Je suis même convaincu que son entourage ministériel proche ne souhaitait qu'une chose: qu'elle s'enfarge royalement. Mais pensez-vous sérieusement que Jean-Marc Fournier croyait davantage à la réforme? Sauf que notre Louis de Funès pédagogique avait compris qu'il valait mieux se tenir peinard. De toute façon, il avait manifestement été nommé au MELS pour mater la grève étudiante qui grondait, pas pour s'intéresser à la pédagogie, ce qui laissait le champ large à bien du monde. D'ailleurs, j'aurais payé cher pour voir sa mine que je devine réjouie quand le premier ministre l'a nommé à d'autres fonctions.

Mme Courchesne a des convictions, des croyances, des pensées, bonnes ou mauvaises. Elle est loin de ses prédécesseurs lobotomisés. C'est donc aux gens qui se disent «éducateurs» de l'éduquer. Leur réflexe de qualifier d'inepties les propos de quelqu'un qui ne partage pas notre point de vue ou qui est en détresse ne mènera nulle part.

Actuellement, l'éducation est dans un cul-de-sac. Et ne blâmez pas uniquement les anti-réformes de l'avoir conduite dans cette situation périlleuse! It takes two to tango. Il y a eu des gens qui ont manqué des occasions d'écouter l'autre et inversement. De plus, les dérapages du renouveau l'ont torpillé joyeusement.

Deux anecdote à ce sujet. Au congrès de l'AQPF, j'ai eu l'occasion de discuter avec des enseignants de toutes tendances.

Un premier a expliqué que la direction de son école lui a indiqué qu'à cause de la réforme, il ne pouvait plus faire lire un roman commun aux élèves de ses groupes. Il devait les laisser choisir un roman sur une base individuelle. À cause de la réforme... On parle d'une direction qui a suivi une formation sur le renouveau, qui est sûrement active dans le milieu de l'éducation depuis plus de six mois comparativement à la ministre. Mais verrons-nous quelqu'un s'en scandaliser?

Dans un autre cas, j'ai longuement discuté avec une enseignante de deuxième secondaire. Comme j'aurais aimé que M. Inchauspé nous entende de son Olympe! Nous nous sommes rejoints sur un point crucial: l'élève. Le programme de formation, la réforme nous appartient dans nos classes et il nous appartient en professionnels que nous sommes d'actualiser nos pratiques d'enseignement tout en ne reniant pas nos convictions profondes. On peut changer ces dernières, c'est vrai, mais ce changement doit être le fruit d'une réflexion, d'une discussion, d'un échange. Et désolé pour tous les batteurs de tambour, mais cet espace de discussion autour de la réforme a peu existé avant l'imposition de celle-ci dans nos classes. Par ailleurs, comment réfléchir sur sa pratique quand on manque de formation et que les documents essentiels arrivent souvent dans les écoles à la dernière seconde?

Sauf que tout cela est du passé, que la «marde est pognée» (dixit Michel Rivard) et que j'ai des élèves dans mes classes. Alors, on fait quoi? On s'entre-déchire? On joue à qui-pisse-le-plus-long? On continue à vouloir tout gagner? On démolit une ministre aux abois? On contribue à affaiblir l'image de l'école aux yeux de la population?

Nous sommes rendus à ce que j'appelle un point de rupture et le prix à payer si on ne sait pas gérer cette situation pourrait être considérable. Rome brûle. Continuons à jeter du bois dans le feu!

3 commentaires:

bobbiwatson a dit…

M. Parizeau vit dans le passé. Ramenez-le dans le présent et soyez assurés que son discours sera différent :)

A.B. a dit…

Oui, nous en sommes au point de rupture. On joue au fou un peu partout. Par exemple,dans mon école, la directrice par intérim avait décidé de tenir tête à la commission scolaire et avait dit à ses enseignants «réformés» que ce seraient des cotes dans le premier bulletin. Elle s'est fait remettre à l'ordre par la commission scolaire. Sauf qu'entre-temps, une enseignante assez rapide dans la correction avait tout corrigé en cotes. Elle a donc dû remettre le tout en notes... pour finalement se faire dire que l'un des deux volets de sa matière (français) ne serait même pas évalué à la première étape. Que d'énergies perdues!

Le point de rupture, j'ignore quand il cédera.

Présentement, toute projection de l'avenir de ma profession m'est impossible.

Anonyme a dit…

C'est drôle mais l'intégrale n'existe plus sur le site de TQ. Est-ce une censure !!!