Pour bien des acteurs du réseau de l'éducation, on comprend mal lundi le vote de confiance du premier ministre François Legault à l'endroit de Jean-François Roberge. Surtout que dès le lendemain, le ministre de l'Éducation remettait ça avec une déclaration dont seuls des gens bien au fait du monde scolaire pouvaient comprendre toute l'inexactitude, pour ne pas dire plus.
Ainsi, en conférence de presse, M. Roberge soulignait le progrès que le réseau scolaire a fait en matière d'enseignement à distance: «D'un point de vue pédagogique, on a avancé aussi. Ce n'était pas tous les enseignants qui étaient habiles en technopédagogie. Plusieurs se sont rattrapés de très, très belle façon. Certains ont utilisé notre formation bâtie en partenariat avec la TÉLUQ. D'autres ont appris de leurs pairs qui étaient déjà des experts.»
Euh. C'est simplement qu'il y a un problème. Ils n'ont pas eu le choix de consulter leurs pairs. En effet, la formation offerte par TÉLUQ, constituée de modules, est complète à 50% pour le primaire, à 35% pour le secondaire et à environ 50% pour le post secondaire. Des grands pans sont donc manquants, comme celui rattaché à l'évaluation. Les centre de services scolaires, qui exigeaient au départ qu'elle soit complétée en juin, indique maintenant aux enseignants que celle-ci a pris beaucoup de retard et parle maintenant de... l'automne pour terminer de faire celle-ci.
Il ne s'agit pas ici de faire le procès de la formation donnée par la TÉLUQ qui aurait dû être terminée pour le 5 juin, une date bien tardive quand on sait que l'année scolaire se termine le 19 juin dans certaines écoles. C'est - en passant - à l'image du leadership d'un ministre qui a commandé des appareils électroniques qui viennent à peine d'arriver dans les mains de certains jeunes alors qu'en Ontario... Bien des raisons, à l'interne, peuvent expliquer que le produit ne soit pas livré à temps. Il se peut qu'on ait mal planifié les tâches, qu'on ait sous-estimé le temps nécessaire pour livrer l'ensemble du produit final. À l'externe, la commande a assurément été donnée tardivement par le MEES. Mais il est - - (placer ici l'adjectif de votre choix) que le ministre de l'Éducation ne soit pas au courant que la formation offerte par la TÉLUQ soit si incomplète et qu'il aille même dire que c'est grâce à elle que les enseignants aient si progressé.
Ou on informe mal le ministre et il doit s'interroger sur son entourage ou il dit n'importe quoi pour faire paraitre les actions de son ministère sous un jour favorable.
Ce fut la même belle histoire avec le site École ouverte dont il a déjà dit qu'il constituait une référence en matière de télé-enseignement dans la francophonie. Hier, il affirmait que ce site «enregistre plusieurs millions de visites quotidiennes. Il est consulté partout à travers le monde.»
Et puisqu'on est dans la pédagogie, qu'arrive-t-il avec la formation en ligne utilisée depuis des années par le Centre de services scolaire de Beauce-Etchemmin? On sait que le MEES a signé avec le CSSBE une entente de partage de cette ressource en ligne ce printemps, mais quelle utilisation concrète entend-on en faire? Rien, on dirait.
17 juin 2020
15 juin 2020
Jean-François, c'est le meilleur!
Aussi bien ne pas perdre notre temps: le ministre de l'Éducation, Jean-François Roberge, a la pleine et entière confiance du premier ministre du Québec, François Legault. C'est ce qu'il faut en conclure du passage de celui-ci au Télé-Journal à 18h00. Par contre, ce dernier n'a eu aucun bon mot pour le personnel scolaire et des propos aigres quant aux différents syndicats enseignants.
Voici un verbatim de cet échange sur l'éducation avec Patrice Roy.
PR M. Legault, les parents se demandent: «Est-ce qu'il y aura une vraie rentrée?» Là, on a aujourd'hui délié un peu, donné de l'espace, une marge de manoeuvre aux enfants dans les écoles. Est-ce que, dans votre esprit, et c'est ce que vous souhaitez, une vraie rentrée physique pour tout le monde?
FL Absolument. Écoutez, moi, j'ai été trois ans à l'Éducation. Pour moi, c'est une priorité personnelle, aider entre autres le 20, 25% d'enfants qui ont des difficultés d'apprentissage. Ça n'a pas de bon sens qu'ils ne soient pas allés à l'école, dans certains cas, comme ceux de Montréal, pendant six mois. C'est pour cela que j'ai pris le risque d'ouvrir en région, mais je n'avais pas l'accord de la Santé publique et du docteur Arruda pour ouvrir les écoles primaires à Montréal avant le mois de juin.
PR: Vous auriez pu, remarquez.
FL: J'aurais pu les ouvrir au mois de juin, mais ouvrir pour deux ou trois semaines, avec tout ce que cela impliquait, je pense que ça n'aurait pas valu la peine. Par contre, ce que l'on a essayé de proposer aux syndicats, c'est d'avoir des camps pédagogiques cet été pour les 20-25% d'enfants qui ont des difficultés d'apprentissage...
PR: Ça n'a pas marché, ça?
FL C'est difficile.
PR Bon, qu'est-ce qui arrive avec votre ministre et le milieu de l'éducation? Notre collègue Martine Biron a fait un texte ce matin en disant qu'il y a un remaniement dans votre tête, qu'il se promène et que lui serait peut-être un des premiers à être déplacé?
FL: Ben, c'est complètement faux parce que Jean-François Roberge, là, c'est un excellent ministre de l'Éducation. Il a fait un très bon travail, là. Quand on a réouvert les écoles primaire en région, si ça avait mal marché, là, on l'aurait su. Ça s'est bien passé. On est en négociations avec les syndicats de l'éducation comme avec la FIQ (note: Fédération des infirmières du Québec) aussi. Vous avez vu les publicités de la FAE. On a demandé aux enseignants cet été d'accepter de travailler dans des camps pédagogiques. Y'ont pas aimé ça, pis on est en négociations. On veut augmenter de façon importante le salaire des préposés aux bénéficiaires. On veut donner une meilleure augmentation aux enseignants mais, là, y'a des syndicats qui voudraient plus. Mais...
PR Donc, vous attribuez son passage difficile aux négociations dans le secteur public?
FL Moi, je pense....
PR Essentiellement?
FL Essentiellement.
PR Il a votre confiance pour la prochaine année largement?
FL Totalement. Largement. Pis, je vais vous dire; Jean-François aussi aurait aimé ça ouvrir les écoles bien avant. Pis, là, j'étais content aujourd'hui. Le docteur Arruda a annoncé que, pour les enfants de moins de 16 ans, on va pouvoir être à un mètre ou un mètre et demi. Donc, en pratique, là, tous les enfants dans les écoles primaires et secondaires vont retourner à l'école le premier septembre.
On comprend qu'un premier ministre ne peut pas descendre en flammes dans les médias un des hommes qu'il a nommé et encensé. Mais de lui attribuer implicitement le succès de la réouverture des écoles primaires en dehors de la région de Montréal, c'est pousser un peu fort le café et nier le rôle fondamental du personnel scolaire dans ce tour de force. Mais ce n'est pas dans les habitudes de ce gouvernement de remercier de leur bon travail les employés de la fonction publique, tout comme ce n'est pas dans ses habitudes de se remettre en question.
Il est consternant que M. Legault attribue aux négociations en cours le bris de confiance manifeste qui existe entre M. Roberge et le personnel de l'éducation. À ce que l'on sache, les directions d'école et les dirigeants des centres de services ne sont pas syndiqués et sont, eux aussi, excédés par la gestion chaotique de ce ministre qui a été démontrée à de nombreuses reprises.
Si M. Legault est incapable de prendre la pleine mesure de la crise qui secoue le monde scolaire, cela laisse présager des jours difficiles. Et M. Roberge, gonflé d'orgueil, va s'en permettre encore et plus.
Et que dire de cet autre texte où on comprend à quel point le gouvernent à une vision de la réalité totalement différente de bien des acteurs du réseau:
« On s’est compliqué la vie, mais les enfants sont contents, les enseignants sont contents, les parents sont contents », se félicite-t-on à Québec. Le travail de Jean-François Roberge, parce qu’aussi éreintant, n’est rien de moins qu’une « épopée héroïque ».
Voici un verbatim de cet échange sur l'éducation avec Patrice Roy.
PR M. Legault, les parents se demandent: «Est-ce qu'il y aura une vraie rentrée?» Là, on a aujourd'hui délié un peu, donné de l'espace, une marge de manoeuvre aux enfants dans les écoles. Est-ce que, dans votre esprit, et c'est ce que vous souhaitez, une vraie rentrée physique pour tout le monde?
FL Absolument. Écoutez, moi, j'ai été trois ans à l'Éducation. Pour moi, c'est une priorité personnelle, aider entre autres le 20, 25% d'enfants qui ont des difficultés d'apprentissage. Ça n'a pas de bon sens qu'ils ne soient pas allés à l'école, dans certains cas, comme ceux de Montréal, pendant six mois. C'est pour cela que j'ai pris le risque d'ouvrir en région, mais je n'avais pas l'accord de la Santé publique et du docteur Arruda pour ouvrir les écoles primaires à Montréal avant le mois de juin.
PR: Vous auriez pu, remarquez.
FL: J'aurais pu les ouvrir au mois de juin, mais ouvrir pour deux ou trois semaines, avec tout ce que cela impliquait, je pense que ça n'aurait pas valu la peine. Par contre, ce que l'on a essayé de proposer aux syndicats, c'est d'avoir des camps pédagogiques cet été pour les 20-25% d'enfants qui ont des difficultés d'apprentissage...
PR: Ça n'a pas marché, ça?
FL C'est difficile.
PR Bon, qu'est-ce qui arrive avec votre ministre et le milieu de l'éducation? Notre collègue Martine Biron a fait un texte ce matin en disant qu'il y a un remaniement dans votre tête, qu'il se promène et que lui serait peut-être un des premiers à être déplacé?
FL: Ben, c'est complètement faux parce que Jean-François Roberge, là, c'est un excellent ministre de l'Éducation. Il a fait un très bon travail, là. Quand on a réouvert les écoles primaire en région, si ça avait mal marché, là, on l'aurait su. Ça s'est bien passé. On est en négociations avec les syndicats de l'éducation comme avec la FIQ (note: Fédération des infirmières du Québec) aussi. Vous avez vu les publicités de la FAE. On a demandé aux enseignants cet été d'accepter de travailler dans des camps pédagogiques. Y'ont pas aimé ça, pis on est en négociations. On veut augmenter de façon importante le salaire des préposés aux bénéficiaires. On veut donner une meilleure augmentation aux enseignants mais, là, y'a des syndicats qui voudraient plus. Mais...
PR Donc, vous attribuez son passage difficile aux négociations dans le secteur public?
FL Moi, je pense....
PR Essentiellement?
FL Essentiellement.
PR Il a votre confiance pour la prochaine année largement?
FL Totalement. Largement. Pis, je vais vous dire; Jean-François aussi aurait aimé ça ouvrir les écoles bien avant. Pis, là, j'étais content aujourd'hui. Le docteur Arruda a annoncé que, pour les enfants de moins de 16 ans, on va pouvoir être à un mètre ou un mètre et demi. Donc, en pratique, là, tous les enfants dans les écoles primaires et secondaires vont retourner à l'école le premier septembre.
Il est consternant que M. Legault attribue aux négociations en cours le bris de confiance manifeste qui existe entre M. Roberge et le personnel de l'éducation. À ce que l'on sache, les directions d'école et les dirigeants des centres de services ne sont pas syndiqués et sont, eux aussi, excédés par la gestion chaotique de ce ministre qui a été démontrée à de nombreuses reprises.
Si M. Legault est incapable de prendre la pleine mesure de la crise qui secoue le monde scolaire, cela laisse présager des jours difficiles. Et M. Roberge, gonflé d'orgueil, va s'en permettre encore et plus.
Et que dire de cet autre texte où on comprend à quel point le gouvernent à une vision de la réalité totalement différente de bien des acteurs du réseau:
« On s’est compliqué la vie, mais les enfants sont contents, les enseignants sont contents, les parents sont contents », se félicite-t-on à Québec. Le travail de Jean-François Roberge, parce qu’aussi éreintant, n’est rien de moins qu’une « épopée héroïque ».
03 juin 2020
Le ministre Roberge et le rasoir de Hanlon
Le ministre de l'Éducation, Jean-François Roberge, retourne encore une fois sa veste. Du moins, en apparence. Les fameux camps pédagogiques obligatoires dont il a annoncé la création lundi à la grande surprise de tout le réseau scolaire sont maintenant devenus optionnels.
Dans sa grande mansuétude, le ministre avait déjà laissé le soin aux commissions scolaires de déterminer quels élèves y seraient invités. Maintenant, on pourrait penser qu'il leur laisse encore plus de liberté.
Or, il ne faut pas être dupe. Dans bien des CS, dans bien des écoles, des appels ont été faits, des courriels ont été envoyés, des ententes ont déjà été prises. Alors que tout est organisé ou presque, M. Roberge change soudainement d'avis et dit laisser le libre choix aux écoles. Mais comment pourraient-elles reculer sans en porter l'odieux aux yeux des parents?
Bien sûr, on pourrait taxer cette vision d'un ministre machiavélique de paranoïaque. Mais il existe une autre hypothèse qui s'inspire de la célèbre règle du rasoir d'Ockham («lex parsimoniae») pour comprendre le comportement erratique du ministre de l'éducation.
Plutôt que d'éliminer les explications improbables d'un phénomène, la règle du rasoir de Hanlon veut qu'il ne faut jamais attribuer à la malveillance ce que la bêtise ou l'incompétence suffit à expliquer («never attribute to malice that wich is adequately explained by stupidity»).
Seuls les décideurs qui ne croient plus à la cohérence du ministre et attendent ses contre-ordres avant de se mettre à l'oeuvre ont compris comment sauver leur peau sous sa gouverne. Ses partisans fidèles de la première heure ne le suivent plus. Il faut le dire haut et fort: il n'est pas normal de voir un élu occuper un tel poste lancer ainsi des idées aussi improbables pour qu'elles soient accomplies au prix d'efforts considérables ou abandonnées à la dernière minute parce que franchement irréalisables. Cette façon d'agir épuise tous ceux qui subissent de telles pratiques de gestion. Aussi bien le dire: les directions d'école sont à bout. Et elles ne sont pas les seules.
Une autre chose est tout aussi certaine: jamais de ma carrière, je n'ai vu les équipe-écoles aussi unies; jamais, je n'ai vu un ministre de l'Éducation faire autant l'unanimité de la sorte contre lui. Sur Facebook, dans des conversations privées, même avec des cadres scolaires, sa crédibilité est plus que mise à mal. Dans certains cas, on commence à réclamer sa démission. Quelques collègues m'ont confié même s'ennuyer d'Yves Bolduc. Si le ministre déclarait oeuvrer à remettre le pouvoir entre les mains des directions et des enseignants, on a l'impression que son tempérament le pousse ordinairement à faire tout le contraire.
Aussi bien le dire: le ministre, celui qui répète qu'il a été enseignant pendant 17 ans, ne passe plus. Peut-être est-on simplement devant un autre exemple du principe de Peter? Ses rires, ses mimiques, ses leçons de morale à peine voilées, son comportement que plusieurs attribuent à de la suffisance: tout en lui devient insupportable aux yeux et aux oreilles de ceux qui, depuis plus de deux mois, subissent sa gestion erratique du réseau scolaire québécois.
Le personnel scolaire ne se sent plus respecté et écouté par ce ministre mais bêtement utilisé à des fins partisanes. Il ne le croit plus quand il parle de travailler ensemble à la prochaine rentrée scolaire alors qu'il gouverne à coups de bâillons, de décrets et d'annonces surprise. Et s'il fallait qu'il change encore d'idée ou improvise une mesure venue dont on ne sait où d'ici la fin de la présente année scolaire, je ne serais pas surpris de voir certaines personnes autour de moi craquer. Cet homme n'a pas idée de toute la détresse et la désaffection qu'il cause inutilement actuellement dans le réseau de l'éducation.
Finalement, Hanlon avait peut-être raison.
Dans sa grande mansuétude, le ministre avait déjà laissé le soin aux commissions scolaires de déterminer quels élèves y seraient invités. Maintenant, on pourrait penser qu'il leur laisse encore plus de liberté.
Or, il ne faut pas être dupe. Dans bien des CS, dans bien des écoles, des appels ont été faits, des courriels ont été envoyés, des ententes ont déjà été prises. Alors que tout est organisé ou presque, M. Roberge change soudainement d'avis et dit laisser le libre choix aux écoles. Mais comment pourraient-elles reculer sans en porter l'odieux aux yeux des parents?
Bien sûr, on pourrait taxer cette vision d'un ministre machiavélique de paranoïaque. Mais il existe une autre hypothèse qui s'inspire de la célèbre règle du rasoir d'Ockham («lex parsimoniae») pour comprendre le comportement erratique du ministre de l'éducation.
Plutôt que d'éliminer les explications improbables d'un phénomène, la règle du rasoir de Hanlon veut qu'il ne faut jamais attribuer à la malveillance ce que la bêtise ou l'incompétence suffit à expliquer («never attribute to malice that wich is adequately explained by stupidity»).
Seuls les décideurs qui ne croient plus à la cohérence du ministre et attendent ses contre-ordres avant de se mettre à l'oeuvre ont compris comment sauver leur peau sous sa gouverne. Ses partisans fidèles de la première heure ne le suivent plus. Il faut le dire haut et fort: il n'est pas normal de voir un élu occuper un tel poste lancer ainsi des idées aussi improbables pour qu'elles soient accomplies au prix d'efforts considérables ou abandonnées à la dernière minute parce que franchement irréalisables. Cette façon d'agir épuise tous ceux qui subissent de telles pratiques de gestion. Aussi bien le dire: les directions d'école sont à bout. Et elles ne sont pas les seules.
Une autre chose est tout aussi certaine: jamais de ma carrière, je n'ai vu les équipe-écoles aussi unies; jamais, je n'ai vu un ministre de l'Éducation faire autant l'unanimité de la sorte contre lui. Sur Facebook, dans des conversations privées, même avec des cadres scolaires, sa crédibilité est plus que mise à mal. Dans certains cas, on commence à réclamer sa démission. Quelques collègues m'ont confié même s'ennuyer d'Yves Bolduc. Si le ministre déclarait oeuvrer à remettre le pouvoir entre les mains des directions et des enseignants, on a l'impression que son tempérament le pousse ordinairement à faire tout le contraire.
Aussi bien le dire: le ministre, celui qui répète qu'il a été enseignant pendant 17 ans, ne passe plus. Peut-être est-on simplement devant un autre exemple du principe de Peter? Ses rires, ses mimiques, ses leçons de morale à peine voilées, son comportement que plusieurs attribuent à de la suffisance: tout en lui devient insupportable aux yeux et aux oreilles de ceux qui, depuis plus de deux mois, subissent sa gestion erratique du réseau scolaire québécois.
Le personnel scolaire ne se sent plus respecté et écouté par ce ministre mais bêtement utilisé à des fins partisanes. Il ne le croit plus quand il parle de travailler ensemble à la prochaine rentrée scolaire alors qu'il gouverne à coups de bâillons, de décrets et d'annonces surprise. Et s'il fallait qu'il change encore d'idée ou improvise une mesure venue dont on ne sait où d'ici la fin de la présente année scolaire, je ne serais pas surpris de voir certaines personnes autour de moi craquer. Cet homme n'a pas idée de toute la détresse et la désaffection qu'il cause inutilement actuellement dans le réseau de l'éducation.
Finalement, Hanlon avait peut-être raison.
01 juin 2020
Les surprises du ministère de l'Éducation
Le ministère de l'Éducation a annoncé aujourd'hui à 16h00 que toutes les écoles primaires et secondaires du Québec devront organiser pour lundi prochain des «camps pédagogiques» pour les élèves éprouvant des difficultés scolaires. Cette mesure inclut toutes les écoles secondaires du Québec et toutes les écoles primaires du Grand Montréal actuellement fermées. Organiser des camps de la sorte en quatre jours. En quatre jours. L'ai-je bien dit: en quatre jours?
La Presse écrit d'ailleurs: «Il s'agit d'une nouvelle surprise pour le réseau de l'éducation.» Surprise? Quel euphémisme! Le mot est faible. Certains enseignants, qui ont pris connaissance de la nouvelle sur Internet, l'ont annoncée à leur propre direction qui croyait qu'il s'agissait d'un canular. Des CS contactaient leur personnel de direction ce soir pour lui dire qu'elles cherchaient des stratégies afin de répondre à la demande du ministre...
Chaque jour, le monde scolaire en est rendu à se demander ce que le MEES va effectuer comme revirement ou mettre soudainement de l'avant. La blague court qu'en septembre, le ministre «va décréter quotidiennement le menu des cafétérias des écoles et que celui-ci sera annoncé chaque jour pour le lendemain.»
Quatre jours donc pour préparer des locaux, trouver des enseignants disponibles et volontaires, rejoindre les familles des élèves concernés, bâtir des horaires de classe, organiser le transport scolaire. Voilà la tâche qui attend différentes directions d'école, surtout celles du primaire du Grand Montréal, qui sont déjà épuisées à force de répondre aux demandes-surprise du MEES depuis des semaines: ferme l'école tout en mettant sur pied des services de garde d'urgence pour les employés de services essentiels, organise l'enseignement à distance, pense à rouvrir l'école, puis finalement ferme l'école. Rappelons que ces directions ont aussi à terminer administrativement l'année scolaire en cours et à en préparer une autre selon un scénario qui n'a pas encore été choisi tout en se demandant quelle sera la véritable situation en septembre.
Et maintenant ce qu'il ne faut pas dire, pour ne pas déplaire à ceux qui croient aux licornes:
La Presse écrit d'ailleurs: «Il s'agit d'une nouvelle surprise pour le réseau de l'éducation.» Surprise? Quel euphémisme! Le mot est faible. Certains enseignants, qui ont pris connaissance de la nouvelle sur Internet, l'ont annoncée à leur propre direction qui croyait qu'il s'agissait d'un canular. Des CS contactaient leur personnel de direction ce soir pour lui dire qu'elles cherchaient des stratégies afin de répondre à la demande du ministre...
Chaque jour, le monde scolaire en est rendu à se demander ce que le MEES va effectuer comme revirement ou mettre soudainement de l'avant. La blague court qu'en septembre, le ministre «va décréter quotidiennement le menu des cafétérias des écoles et que celui-ci sera annoncé chaque jour pour le lendemain.»
Quatre jours donc pour préparer des locaux, trouver des enseignants disponibles et volontaires, rejoindre les familles des élèves concernés, bâtir des horaires de classe, organiser le transport scolaire. Voilà la tâche qui attend différentes directions d'école, surtout celles du primaire du Grand Montréal, qui sont déjà épuisées à force de répondre aux demandes-surprise du MEES depuis des semaines: ferme l'école tout en mettant sur pied des services de garde d'urgence pour les employés de services essentiels, organise l'enseignement à distance, pense à rouvrir l'école, puis finalement ferme l'école. Rappelons que ces directions ont aussi à terminer administrativement l'année scolaire en cours et à en préparer une autre selon un scénario qui n'a pas encore été choisi tout en se demandant quelle sera la véritable situation en septembre.
Et maintenant ce qu'il ne faut pas dire, pour ne pas déplaire à ceux qui croient aux licornes:
- Des camps pédagogiques de trois semaines ne changeront rien à la réussite des jeunes en grande difficulté. Il faut être purement naïf ou ne rien connaitre à la pédagogie pour penser que ces camps feront une différence.
- Au secondaire, où va-t-on trouver les enseignants dans les matières de base dans le Grand Montréal? De jour, on leur a donné un horaire de présence virtuelle. Ils font des visioconférences, s'approprient le télé-enseignement, préparent des capsules Internet, contactent les élèves, etc.
- Un autre point: selon divers reportages, la plupart des élèves en grande difficulté ne sont actuellement pas en classe dans les régions hors du Grand Montréal où cela est pourtant possible. Dans bien des cas, ils ne sont même pas présents lors des visioconférences organisés par leurs enseignants.
Encore une fois, quelqu'un au MEES a eu une idée qu'il trouve brillante mais personne n'a réussi à le raisonner,
Un gouvernement ne peut fonctionner par décret pendant trois mois de la sorte, sinon ça porte un autre nom. Et ça finit par croire qu'il détient la vérité. Il faut que les décrets cessent.
Pour reprendre une autre blague qui circule sur Internet, on comprend que, dans son livre, le ministre proposait de réinventer l'école, mais on ne pensait pas que, sous sa gouverne, le MEES le ferait «chaque jour n'importe comment».
Pour reprendre une autre blague qui circule sur Internet, on comprend que, dans son livre, le ministre proposait de réinventer l'école, mais on ne pensait pas que, sous sa gouverne, le MEES le ferait «chaque jour n'importe comment».
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