26 novembre 2020

Le roi Jean-François 1er annonce que...

Depuis le début de cette crise, on a pu voir à quel point le ministre de l'Éducation est dépassé par les événements. Encore aujourd'hui, il est incapable d'assurer la santé du personnel scolaire et des élèves dans les écoles. Qu'à cela ne tienne: ce dernier, qui semble confondre le titre de ministre avec celui de roi, vient de donner comme directive que les enseignants doivent maintenant assurer la scolarisation des élèves isolés à la maison de façon individuelle.

Mais sur quelle planète vit cet incompétent ministériel? Les enseignants sont déjà au bout du rouleau qu'il leur ajoute un tâche de plus! Mais notre étonnant guide pédagogique a une réponse toute prête:

«Au besoin, ces tâches pourraient être confiées à du personnel supplémentaire, comme des enseignants retraités ou à temps partiel.» 

Peut-être même cet ajout de travail pourrait faire l'objet du fameux «temps supplémentaire» payé dont un représentant du ministre a déjà parlé?

Ce qui est savoureux dans tout cela est que le ministre fait cette annonce le jour même où la FAE a placé 1000 chaises vides avant l'Assemblée nationale pour illustrer la pénurie de personnel en éducation.

Quand va-t-on demander des comptes à ce ministre? Pour les écoles à la ventilation douteuse? Pour les appareils électroniques manquants? Pour les ratés de la rentrée? Pour des mesures pédagogiques insuffisantes alors que plus de 30% d'élèves sont en échec dans nos classes?

M. Roberge ignore manifestement que certains enseignants au secondaire (un monde dont il semble ignorer l'existence) ont parfois plusieurs planifications. Une collègue a 17 groupes différents... Un autre a deux niveaux, trois planifications, deux classes en hybride, une en présentiel et une fermée...

Ben non. On laisse le bon Jean-François gouverner dans une réalité alternative. Pendant ce temps, dans les écoles, c'est parfois l'hécatombe et la détresse.



12 octobre 2020

Télé-enseignement: le réseau public n'est pas prêt

On peut lire ce constat dans La Presse: en cas de confinement, le réseau scolaire public n'est pas prêt à tomber en télé-enseignement.

On peut bien vouloir blâmer les enseignants, les commissions scolaires (qui n'existent plus!); dans les faits, la situation est bien plus simple.

1- Le réseau public est sous-équipé depuis des années en matière de matériel informatique. Le retard à rattraper est donc important. Et la CAQ aura beau blâmer les gouvernements précédents, sa plate-forme électorale ne contenait rien à ce propos et elle n'a rien fait en la matière à ce sujet avant mars 2020. 

2- La décision du ministre de l'Éducation, Jean-François Roberge, de financer l'achat de matériel électronique en vue d'un enseignement à distance est arrivée deux semaines après celle de l'Ontario ce printemps. Deux semaines après.. en mode réaction... en copiant la province voisine. Voilà comment fonctionne ce gouvernement quand il s'aperçoit que ses idées ne marchent pas. Donc, il ne faut pas se surprendre que le matériel arrivera en 2021. Le Québec n'a pas été parmi les premiers à passer ses commandes et la demande mondiale est très forte.

3- Tout le monde de l'éducation a pris des vacances cet été. Je ne blâme personne: l'exemple est venu d'en haut. De très haut.  Mais formater les ordinateurs et des tablettes reçus selon les normes des CCS a commencé à la mi-aout. 

4- On manque de personnel de soutien informatique dans les CSS. Et c'est bien normal, car on est en pénurie de travailleurs dans de nombreux domaines au Québec et que le secteur privé offre des conditions bien plus intéressantes que celles des CSS.

Maintenant, y a-t-il de la résistance de la part de certains enseignants à basculer vers le télé-enseignement? Oui. Mais il serait faux de croire que ceux-ci sont très nombreux. Ce que je vois autour de moi, ce sont des profs engagés qui travaillent fort avec les moyens du bord. Et certains centres de services et directions d'école qui ont une attitude... 

Un exemple? Celles-ci se soucient peu des conditions dans lesquelles oeuvrent les enseignants à distance, en autant que les élèves et les parents ne se plaignent pas. Par contre, quand vient le temps d'autoriser le télétravail lors des journées pédagogiques, les enseignants ont reçu une liste de deux pages de conditions à remplir s'il veulent travailler de la maison. Comme s'ils étaient des «voleurs de temps». Le plus consternant est de voir la liste de matériel et d'équipement que l'enseignant doit obligatoirement fournir. Matériel et équipement qui ne sont soudainement plus exigés formellement une fois qu'un enseignant doit donner ses cours à des élèves à la maison. Deux poids, deux mesures...

Actuellement, dans le cas des classes confinées, on lit peu ou pas de plaintes de la part des parents et des élèves, sinon que cette forme d'enseignement ne les motive pas. À ce propos, juste un rappel: dans certaines classes en présentiel, des élèves dorment sur le bureau, ne font pas leurs travaux et se moquent d'échouer. L'école, en classe ou à distance, ne rejoindra jamais tout le monde. Pour paraphraser un éminent philosophe québécois: «Vaut mieux du télé-enseignement que pas d'enseignement du tout.»

Je connais peu de profs qui aimeraient retourner en télé-enseignement, sauf ceux qui craignent pour leur santé. Mais ça, c'est un autre problème.

- - - - - - - 

Pour illustrer la situation: depuis la parution de ce texte, l'ordinateur du Prof masqué (fourni par l'école) est tombé en panne. On m'a alors demandé de remplir une réquisition pour le faire réparer. On peut compter les jours avant qu'il ne soit vu par le technicien de l'école, qui est débordé.

Autour de moi, je ne compte pas le nombre dec ollègues qui utilisent leur propre oriinateur dans le cadre de leur travail.

28 septembre 2020

Construire un avion en plein vol alors qu'il s'écrase (ajout)

Manifestement, la stratégie actuelle du gouvernement Legault en ce qui concerne la pandémie que nous vivons ne fonctionne pas. Le nombre d'individus positifs repart à la hausse. Les cas de gens hospitalisés ou aux soins intensifs montent lentement. Montréal et Québec redeviennent des zones rouges. Est-ce le plan de la Direction de la Santé publique qui dérape? Sont-ce les citoyens québécois qui sont indisciplinés? Un peu des deux, je crois.

Dans tout ce brouhaha, on parle de contamination communautaire, de restreindre l'accès aux bars et aux restaurants. Mais le tout reste flou. Et qu'en est-il de l'impact de la réouverture des écoles? Pas un mot. Comme s'il s'agissait d'un tabou. Un tabou qu'on maintient au nom de l'économie.

 

On pourrait facilement établir un lien chronologique avec la hausse des cas de covid et le retour en classe. Pourtant, il est encore difficile d'établir scientifiquement si les enfants sont des vecteurs de contamination. De même, la Direction de la Santé publique fournit peu ou pas de données sur l'origine des différentes contaminations. De toute façon, les a-t-elle, ces données, quand 25% des gens ne répondent pas aux appels téléphoniques concernant le traçage des cas infectés?  


Au Québec, il y a près d'une semaine, 334 écoles ont eu un cas de covid diagnostiqué, 234 classes ont dû être fermées et au moins quatre d'entre elles ont même dû fermer leurs portes pour 14 jours. Dans les faits, les chiffres sont plus importants, encore aujourd'hui, si on se base sur le site Covid écoles Québec qui recense 554 écoles ayant un cas de covid. Et rien n'indique que ces mêmes écoles, ou des classes en leur sein, ne devront pas refermer au moins encore une fois au cours de l'année scolaire. Dans certains cas, j'ai déjà des jeunes qui ont manqué deux semaines de classe sans qu'on soit obligé de leur fournir quelque suivi scolaire que ce soit parce c'était un proche qui était atteint de la covid. Et l'année scolaire ne fait que commencer....

 

Ce que l'on remarque aussi est que, pour bien des enseignants (et le personnel scolaire en général), le nombre de contacts quotidiens a littéralement explosés avec le retour en classe, ce qui augmente d'autant les facteurs de risques. Pourtant, des centres de services scolaire s'entêtent à demander aux profs de se présenter à l'école lors des journées pédagogiques et règlementent le télétravail d'une façon si restrictive qu'il devient impossible à effectuer à la maison. Dans un exemple qu'on m'a soumis, un CSS n'arrive même pas à respecter à l'école les consignes qu'il demande à un enseignant de suivre à la maison. Dans un autre exemple, la présence des enseignants a été requise à l'école pour suivre une formation à distance...

 

Il y en aurait beaucoup à dire sur certains décideurs qui manquent tellement de jugement en ces temps de crise. Il faut croire que l'abolition des commissions scolaires n'a pas rendu certaines dirigeants plus compétents ou efficaces. Ils demeurent bien à l'aise cachés derrière leur bureau, sans excuse pour expliquer leur piètre performance. Peut-être devraient-ils venir faire quelques jours dans les écoles et en classe (où on ne les voit jamais) pour qu'ils réalisent la situation dans laquelle nous sommes?

 

Pour ce qui est des élèves, le ministre de l'Éducation, Jean-François Roberge, fabule avec son concept de bulle-classe. Dans les faits, certains jeunes sont rendus à trois, quatre et même cinq bulles-classe quotidiennement. Le nombre de contacts qu'ils ont chaque jour a, lui aussi, explosé. Ils ne voient plus seulement leurs amis proches comme lors du confinement, mais tous leurs amis plus éloignés qui sont maintenant avec eux à l'école. Ils les retrouvent le midi au restaurant, s'amusent avec eux sur des terrain de basket et retournent à la maison le soir sans qu'on sache ce qu'ils ramènent avec eux...

 

De manière générale, le plan du ministre Roberge, soit un retour complet sans masque en classe, a eu comme effet pervers de mettre dans la tête des citoyens que la situation était redevenue plus normale. «Si mon fils peut être avec 29 autres élèves en classe sans masque, pourquoi je ne pourrais pas être avec 10 de mes amis à souper?», ai-je entendu récemment. Les signaux sont contradictoires et les citoyens, écoeurés, font un peu beaucoup n'importe quoi. 

 

Pour ma part, au secondaire, la seule réalité que je connais bien, certaines mesures devraient être mises de l'avant d'urgence. Tout d'abord, on doit permettre l'enseignement à distance aux parents qui le demandent pour leurs enfants. On réduirait ainsi le nombre de contacts quotidiens de certains jeunes qui ne sont pas à l'aise de se retrouver en classe. Ensuite, on doit instaurer l'enseignement hybride, c'est-à-dire alterner entre des moments de présence en classe et des moments de travail à la maison, quitte à assurer un suivi par télé-enseignement. De la sorte, il serait plus facile de faire respecter les mesures sanitaires à l'école. Enfin, on doit obliger le port du masque en tout temps et en tout lieu à l'école. En cédant manifestement à la pression populaire, le gouvernement Legault a discrédité sa propre stratégie, si je puis dire. Il sera difficile pour lui de renverser cette décision politique... sans perdre la face.

 

Ces mesures, je les estime nécessaires, car je crois que l'école est un lieu effectif de contamination communautaire. Le problème est que le ministre Roberge, en favorisant par orgueil «le tout à l'école», comme il a qualifié son plan, a demandé au réseau de consacrer des énergies colossales à organiser une rentrée vouée à l'échec et a négligé des solutions alternatives pour des raisons qu'on comprend mal. Quand l'enseignant en chef affirmait que la rentrée 2020 se déroulerait bien, puisque celle de mai s'était bien passée, il avait manifestement oublié que cette dernière ne se déroulait qu'au primaire, dans des écoles à moitié vides et situées en dehors des zones où étaient concentrés la majorité des cas d'infections. L'autre hypothèse est qu'il soit simplement bête ou qu'il croit ses propres mensonges politiques.


Le personnel scolaire est déjà brûlé et septembre n'est pas encore terminé. Personne n'est pas prêt à effectuer immédiatement de tels changements qui tiendront de l'improvisation parce qu'en haut lieu, on a encore une fois mal planifié les choses. Il faudrait une semaine, voire deux pour y parvenir. Ce qui correspond en passant à la durée de fermeture des écoles ou des classes à cause d'une éclosion en leur sein.


**********


À la suite du point de presse de M. Legault, on comprend que, d'après lui:

  • Il faut protéger les écoles, mais on ne fait rien pour que celles-ci soient plus sécuritaires. Tout semble bien aller.
  • L'école en télé-enseignement semble pire que de tomber malade ou en confinement sans suivi pédagogique.
  • Les écoles ne sont pas un lieu d'éclosion et de transmission communautaire: «Pour l'instant, il n'y a rien de changé dans les écoles.»
  • Le gouvernement veut éviter la socialisation pour un mois... sauf dans les écoles et à l'heure du diner. On continue de coller au plan Roberge.


Une seule question sur les écoles de la part des journalistes...  

12 septembre 2020

La vision embuée du ministre Roberge

Il n'y a pas que les enseignants et le personnel scolaire qui ont de la difficulté à bien voir dans le cadre de leurs fonctions à cause de leur protection oculaire qui est souvent remplie de buée: le ministre de l'Éducation, Jean-François Roberge, qui a pourtant omis de porter une visière ou des lunettes lors de ses récentes visites d'élèves en classe, semble lui aussi manoeuvrer en plein brouillard.

En effet, conformément à la volonté du Premier ministre François Legault, volonté en réaction à des pressions populaires, les activités parascolaires pourront reprendre dès lundi dans les écoles primaires et secondaires des régions où tout se déroule bien. Pourtant, pour qui suit un tant soit peu la situation sanitaire, une telle déclaration n'a aucun sens. Soit le gouvernement québécois ne comprend rien de ce qui se passe actuellement dans plusieurs écoles de la pas si Belle Province, soit il prend des distances importantes avec la réalité pour des raisons politiques, faisant peu de cas de la santé des élèves et des gens qui travaillent dans nos écoles.

Tout d'abord, comment le ministre Roberge peut-il affirmer que la situation est «maitrisée» dans nos écoles alors que le gouvernement auquel il appartient ne dispose d'aucune donnée fiable sur les différents cas de contamination en milieu scolaire? Il faut être bien imbu de soi pour croire maitriser un virus comme celui qui nous afflige. Le ministère de la Santé, Christian Dubé, faisant preuve d'un peu plus d'humilité, a préféré suspendre la publication en ligne d'une liste concernant ces cas, jugeant que celle-ci n'était pas de «qualité». En Ontario, une telle liste est produite quotidiennement depuis la rentrée pour les écoles et les garderies.

Disposer d'informations dûment vérifiées est essentiel dans la prise de décisions dans le contexte dans lequel nous vivons. Soulignons que c'est une initiative citoyenne qui donne actuellement le meilleur portrait de la situation du covid dans les établissements d'enseignement au Québec. À lui seul, un individu disposant de peu de ressources fournit un résultat supérieur à deux ministères réunis. Pourquoi a-t-on encore une fois une impression de malaise et d'improvisation? Pourquoi a-t-on encore une fois cette impression que ce gouvernement, en éducation, est toujours deux semaines en retard sur la pandémie? À cet égard, il est consternant d'entendre le Premier ministre tenter de discréditer ce site en remettant en question la fiabilité de ses informations alors que ses propres fonctionnaires sont incapables de faire mieux. Mais on commence à comprendre que M. Legault a le commentaire aigre quand on le prend en défaut.

Dans ce texte, les propos du Dre Joanne Liu explique très bien en quoi les stratégies du gouvernement québécois soulèvent de nombreuses interrogations. Ainsi, il faut se servir des vagues creuses des épidémies pour se préparer pour les prochains coups. Force est de constater que le ministre de l'Éducation a proposé un plan bien en retard, comme s'il avait pris de longues vacances cet été, et a demandé au réseau scolaire de mettre les bouchées doubles par la suite. 

Ensuite, Mme Liu mentionne que la transparence et la cohérence sont des éléments importants pour établir un lien de confiance entre le gouvernement et la population. Tout comme au printemps 2020, ces deux éléments semblent encore absents en ce moment. En ce qui concerne la transparence, des représentant du ministère de l'Éducation ont songé, un moment, à ne plus tenir une liste officielle des écoles ayant des élèves atteints de la covid pour des raisons de confidentialité rattachée aux individus touchés. Après avoir annoncé leur fermeture devant des risques d'éclosions, les cégeps de Rivière-du-Loup et de Rimouski, tout comme le Centre matapédien d'études collégiales et l'Institut maritime du Québec se sont refusés à tout autre commentaire et ont avisé qu'ils n'accorderaient aucune entrevue aux médias. Quand le ministre Roberge nous parlait du «défi de la transparence», on ne croyait pas que ce serait aussi difficile. Quant à la cohérence, on revit en éducation un mode de gestion qu'on aurait souhaiter ne plus connaitre: une liste d'écoles bourrée d'erreurs, des directives changeantes, des bulles inexistantes... 

Enfin, Mme Liu, qui sera appelée à travailler à l'OMS, indique qu'«une réponse à une pandémie est un exercice d’humilité et la seule chose pour laquelle on a des certitudes, ce sont nos incertitudes. C’est pour cela qu’il faut être extrêmement modérés dans nos propos.» Quand on écoute M. Roberge, on comprend rapidement que l'humilité et lui sont deux réalités bien distinctes.

Mais faut-il se surprendre du ton de l'annonce du ministre de l'Éducation concernant les activités parascolaires quand on se rappelle à quel point il était confiant que la rentrée de septembre se déroulerait aussi bien que le retour en classe du 25 mai? Est-ce par incompétence ou par calcul politique, mais le ministre omettait que celle-ci s'était déroulée dans un contexte particulier: mesures sanitaires beaucoup plus strictes, nombre d'élèves réduit, ouverture dans des régions peu touchées par la pandémie. Bref, des éléments qu'on retrouve peu ou pas dans ce que nous vivons. Avec ses 239 écoles ayant au moins un cas positif et deux écoles connaissant une éclosion, le bilan du Québec est, à titre de comparaison, plus lourd que celui de la France. La crédibilité de M. Roberge, du moins ce qu'il en reste, en prend tout un coup dans le réseau scolaire.

Kim Lavoie, professeure de psychologie en médecine du comportement à l'UQAM, qui codirige l’étude internationale iCare sur l’impact des politiques de confinement et de mesures sanitaires,  a des mots très durs à l'égard de la stratégie du gouvernement Legaut en ce qui a trait aux mesures sanitaires concernant les écoles: «Ma seule insatisfaction, et elle est grande, concerne le plan de retour à l’école du Québec, qui est totalement inadéquat. Le Québec a le plus de cas au pays, et on a les mesures de prévention à l'école les plus faibles. Et ils n'ont pas le courage d'exiger que tous les enfants portent le masque.»

Dans les écoles, on comprend que la fameuse notion de «bulle-classe» est tellement étirée qu'il ne faudra pas se surprendre qu'elle explose sous peu. Avec les récentes annonces gouvernementales, au secondaire, un même élève pourra maintenant appartenir à un groupe d'apprentissage, mais aussi à deux autres bulles. À cela, il faut aussi ajouter la bulle «autobus scolaire» matin et soir. Dans le cas d'un programme sport-étude, un élève pourra aussi appartenir à une autre bulle «autobus scolaire» en journée pour se rendre à son lieu d'entrainement. C'est à se demander pourquoi on exige des enseignants qu'ils se déplacent de classe en classe pour éviter que les élèves multiplient les contacts alors que ces derniers, appartenant dorénavant jusqu'à cinq bulles, peuvent également côtoyer des jeunes autres que ceux de leur bulle d'apprentissage durant les battements et au diner.

Bref, plus que jamais, on comprend que la notion de bulle du ministre Roberge est de la «bulle-shit» politique. Sur le terrain, on a l'impression d'être les dindons d'une gigantesque farce: celle où un gouvernement se dédouane politiquement aux yeux de la population en imposant, sous le couvert de la science, aux différents acteurs scolaires des mesures improvisées qui n'ont aucun sens. Le ministre Roberge l'a d'ailleurs clairement signifié: tout dérapage relève de la responsabilité de ceux qui n'appliquent pas correctement les mesures qu'il a édictées.

Entre les lignes, on voit que certains directeurs-généraux des CSS peinent à contenir leur frustration, tout comme plusieurs directions d'école et enseignants. On revit exactement le même mode de gestion brouillon et approximatif qu'il y a six mois. Et les dindons de cette gigantesque farce ont l'impression qu'ils retourneront  en confinement - quel hasard - après l'Action de Grâces. 

Pour ma part, je crois que ce gouvernement ne pourra se résoudre à fermer les écoles. Il veut trop plaire aux parents, aux travailleurs et aux entreprises. On ira donc de fermeture temporaire de groupes en fermeture temporaire d'écoles. Une même classe pourra être fermée une, deux, trois fois au cours de l'année. On aura des élèves en isolement sans enseignement à distance qui finiront par décrocher faute de suivi adéquat avec tout ce rythme chaotique.  

Après les infirmières et les préposés aux bénéficiaires, les enseignants et tout le personnel scolaire seront assurément les prochains anges gardiens. Peut-être même davantage des gardiens. Après tout, c'est là leur principal rôle actuellement.




08 septembre 2020

La subsidiarité ou l'art de faire porter la faute sur les autres

«Le principe de subsidiarité est une maxime politique et sociale selon laquelle la responsabilité d'une action publique, lorsqu'elle est nécessaire, revient à l'entité compétente la plus proche de ceux qui sont directement concernés par cette action.» - Wikipédia

Avec le ministre Jean-François Roberge, c'est surtout une façon de se laver les mains, un geste de circonstance, quand une situation en éducation devient incontrôlée ou incohérente à cause de ses propres directives.

Aujourd'hui, en conférence de presse, ce ministre a repris ce principe de façon peu subtile pour ceux qui oeuvrent sur le terrain. Alors que son ministère et celui de la Santé sont incapables de fournir une liste à jour et sans erreur des écoles ayant un cas d'individu contaminé (une opération essentielle en temps de pandémie qu'un simple parent parvient, lui, à faire seul et rapidement), celui qui a été enseignant pendant 17 ans et qui ne cesse de nous donner des leçons y est allé d'une déclaration très révélatrice: «Selon lui, il est « à peu près impossible » qu’une éclosion survienne dans une école si le concept de « bulle-classe » est bien appliqué.»

Voilà. C'est simple. Si la situation se détériore, c'est que, sur le terrain, on ne suit pas correctement pas ses directives. Les responsables, ce sont ceux qui n'appliquent pas bien son concept magique de bulle-classe. Aucune remise en question, aucun questionnement. «L'erreur, c'est les autres», dirait Sartre.

On se demande dans quelle bulle vit justement ce ministre. Dans les écoles secondaires, c'est l'incohérence la plus complète comme il est facile de l'observer  Les élèves, confinés dans une même classe, peuvent aller diner avec n'importe quel ami tout en ne respectant pas la distanciation physique ou le port du masque. Et on ne parle pas de ce qui se passe après les cours... 

Pis encore, les mesures sanitaires actuelles n'interdisent pas les battements entre chaque période.  On se demande pourquoi on permet aux élèves de se déplacer alors qu'on a exigé que les classes soient fixes. Pour fumer une «top» entre deux cours? En agissant ainsi, on augmente tout d'abord  les risques de contamination entre élèves. Pour les enseignants, déjà que les risques de contamination entre collègues sont plus élevés en leur demandant d'aller de classe en classe, voilà qu'on leur impose aussi de se promener avec leur petit chariot dans des corridors souvent surpeuplés où, non seulement la distanciation physique est impossible, mais où les contacts non désirés sont fréquents. Dans une école secondaire de 1500 élèves, bonne chance pour y parvenir. Aussi bien revenir à ce qui était auparavant.

Manifestement, M. Roberge ne comprend ni ce qu'est un virus ni comment il se propage. Encore aujourd'hui, lors d'une conférence de presse, il y allait du diagnostic suivant: «Bien, bien souvent, c'est un seul élève qui l'a attrapé à l'extérieur de l'école et ne se présente même pas à l'école et, donc, évidemment, ne peut pas le donner, même chose pour les membres du personnel.»

M. Roberge connait-il la durée d'incubation de ce virus ou encore le caractère asymptomatique de certains individus contaminés? Voilà qui est ce ministre à la tête d'un plan qu'il juge quasi infaillible. Est-ce rassurant? On l'invite peut-être à discuter avec la Dre Caroline Quach pédiatre et microbiologiste-infectiologue qui s'y connait davantage. On lui aurait recommandé le Dre Joanne Liu, mais elle ne semble pas assez bonne pour le gouvernement québécois.

Actuellement, au lieu de pavaner de conférence de presse en conférence de presse, le ministre devrait régler le problème de la liste des cas d'individus contaminés dans nos écoles. Ensuite, il devrait mieux se renseigner sur la transmission de ce virus au lieu de dire des énormités. Enfin, je lui suggère un peu de modestie au cours de deux prochaines semaines parce que rien n'est actuellement sous contrôle, contrairement à ce qu'il semble croire.

En passant, voici une photo qui montre que le ministre ne respecte pas les règles de son propre ministère. En tant que visiteur, il n'est peut-être pas obligé de toutes les suivre (un ministre de l'Éducation, visiteur dans une école?). Mais pour l'exemple, on repassera.



 



27 août 2020

Le jour de la marmotte selon JF Roberge

«Pas d'arts ni de sports à l'extérieur des groupes-classes, tranche Roberge», rapporte Radio-Canada.

C'est la consternation dans les écoles ayant des programmes particuliers, surtout en sport-étude. On dirait que le ministre de l'Éducation, Jean-François Roberge, qui ne connait rien de la réalité du secondaire, vient de se réveiller tout en ne comprenant pas comment fonctionnent ces derniers qui existent pourtant depuis des années. 

La pratique d'un sport à l'extérieur de l'école sous l'égide d'une fédération sportive est l'essence même de ces programmes et n'a rien à voir avec des activités parascolaires. L'excellent article de Martin Leclerc sur Radio-Canada.ca explique d'ailleurs toute l'incohérence de cette décision ministérielle en ce qui concerne la pratique du sport scolaire et civil. En gros, il est donc interdit pour un jeune d'aller pratiquer son hockey l'après-midi dans le cadre d'un programme scolaire particulier mais il le peut le soir avec des jeunes de diverses provenances. Au cégep, les équipes sportives sont même maintenues!

Je comprends donc que la logique veut qu'on prive de sport un jeune qui s'est inscrit dans un programme pour être motivé dans ses études parce qu'il pratiquera une discipline à l'extérieur des murs de son école avec d'autres athlètes qui viennent d'une autre bulle-classe. 

C'est strictement la même incohérence qu'une situation que j'ai vécue ce midi mais permise par les consignes de M. Roberge. J'explique.  Pourquoi dois-je forcer des jeunes qui mangent à la cafétéria à rester avec les élèves de leur bulle-classe mais, que s'ils sortent de l'école, ils peuvent allègrement «chiller» avec leurs amis d'autres groupes au Subway?  Poliment, on comprend que le concept de classe-bulle est surtout de la «bulle-shit» politique.

Bref, aller au Subway sans aucune supervision: oui. Le sport sous l'égide d'une fédération sportive respectueuse d'un protocole sanitaire: non. Comprenne qui pourra.

Le plus incroyable est que M. Roberge annonce sa directive aujourd'hui alors que les groupes de sport-étude sont formés depuis plusieurs jours et que des enseignants leur ont déjà donné leurs premiers cours et leurs premiers devoirs! Encore une fois, ce ministre est en retard comme s'il maitrisait mal ou négligeait ses dossiers: en retard d'une dizaine de journées sur l'Ontario pour un plan de la rentrée; en retard en déposant un plan de rattrapage pédagogique des jours après celui de la rentrée (alors que l'Ontario a tout déposé en même temps). Et maintenant, cette directive lors du premier jour de la rentrée. Comme s'il avait manqué de temps durant depuis la fin juin.

D'ailleurs, cette réaction d'un dirigeant  du Collège Mont-Sainte-Anne, à Sherbrooke  est très éclairante: « Ce n’est pas drôle du tout de voir que le ministère nous convoque aujourd’hui (jeudi), jour de rentrée, en nous disant qu’on va nous éclaircir des points, alors que ça aurait dû être fait il y a deux semaines.» Deux semaines: voilà ce qui semble être le retard moyen que le ministère a dans la majorité de ses décisions.

Le travail en retard de ce ministre, c'est tout le réseau qui en paie le prix: directions, personnel scolaire, enseignants mais aussi les élèves et leurs parents. On comprend mal que M. Roberge ait mérité un vote de confiance aussi grand de la part du premier ministre Legault. Il serait temps que le chef de la CAQ réalise que son ministre de l'Éducation est brûlé dans le monde scolaire et qu'il dessert son gouvernement. Avec M. Roberge aux commandes, on a l'impression de revivre la même gestion improvisée et bâclée du printemps dernier. Et l'année ne fait que commencer.

Si le film Le Jour de la marmotte était drôle et sympathique, celui dans lequel ce ministre nous fait jouer est, de loin, beaucoup moins drôle.

Pour ceux qui croient que ce sont les écoles qui ont mal fait leur travail, je suggère la lecture de ce texte fort éclairant. «Quand on a eu des rencontres avec les 53 programmes sport études au Québec, début juillet, c’était clair pour tout le monde qu’il y avait un groupe classe stable à l’école et un groupe d’entraînement stable au sport. On a tous interprété ce qui était écrit de la même façon. On a demandé de se faire confirmer le tout, on a annoncé au ministère de l’Éducation qu’on allait baser notre modèle scolaire en fonction de ces données -là. Le ministère était courant, mais il ne nous a jamais donné d’indication contraire», explique Jean-Benoît Jubinville, directeur adjoint au 1er et au 2e cycle Sports-études, de l'école Le Triolet. Mais avec M. Roberge, ce sont toujours les autres qui ont tort...

Alors que M. Roberge indiquait que sa position était claire et ferme le matin même, le Premier ministre François Legault est venu calmer les esprits et acheter du temps en promettant que ces activités pourraient se dérouler dans deux semaines si les circonstances le permettent. Il a ainsi désavoué son ministre pour la deuxième fois depuis avril. Il ne faut décidément pas avoir d'orgueil ou trop aimé être le «professeur en chef» pour accepter pareil traitement. D'autres ministres ont déjà perdu leur poste pour moins que cela. Il faut croire que M. Roberge est encore utile.

13 août 2020

Vol des données personnelles: que les enseignants se fassent respecter!

Le 22 février 2020, on apprenait de façon formelle que les données personnelles d'au moins 50 000 enseignants québécois avaient été volées. Toute cette histoire ressemble à celle qu'ont vécu les épargnants des caisses populaires Desjardins, mais on verra que cette institution bancaire a plus de respect pour ses membres que le gouvernement québécois n'en a pour ses enseignants. 

Dans les faits, en éducation, il pourrait y avoir jusqu'à 360 000 victimes potentielles. «Ça touche le niveau primaire, secondaire, collégial, public et privé», confirme Antoine Tousignant, un porte-parole gouvernemental. Selon lui, «la fiabilité des systèmes informatiques du gouvernement n'est pas remise en cause puisque le vol a été réalisé à partir d'une utilisation frauduleuse d'un mot de passe et d'un code d'accès.» 

Euh... donc, c'est une situation normale qu'on puisse ainsi avoir accès à des informations aussi importante avec un simple mot de passe et un code de sécurité? Donc, c'est une situation normale qu'on puisse ainsi transférer celles-ci sur une banale clé USB? C'est ça la sécurité entourant les données personnelles au gouvernement? Il est consternant de constater que mon serveur Wifi semble bénéficier d'une protection similaire.  Juste comme ça, si ce système est si fiable, pourquoi le gouvernement entend-il le réformer?

Quoi qu'il en soit, toujours en février 2020, pour rassurer le personnel scolaire, M. Tousignant indique: «Tous les enseignants de la banque recevront une lettre et vont recevoir une protection d'une firme de surveillance aux frais du gouvernement.»  

Il aura fallu six mois, soit en aout 2020, pour calquer (lire copier) ce qui a été mis de l'avant ailleurs dans des cas similaires.  Explications du délai: «La gestion de cet événement a nécessité la contribution de plusieurs organismes gouvernementaux, dont plusieurs devant gérer prioritairement la crise sans précédent de la COVID-19»indique-t-on au gouvernement. Un retard de quelques semaines peut s'expliquer. Mais de plus de six mois?

Dans les faits, il est important, pour comprendre mon indignation masquée, que ce vol serait survenu au printemps 2018 alors qu'on s'est aperçu que de plusieurs enseignants étaient victimes de fraudes. À cette époque, un groupe Facebook regroupait plus de 6 000 inscrits concernés par ce problème. Mais il semble que le gouvernement ait attendu bien longtemps avant d'agir.  Bien longtemps.

Plus de deux ans après ce vol. Plus de cinq mois après la «confirmation» de celui-ci. Plus précisément le 6 août dernier. On annonçait finalement que tous les enseignants québécois devraient donc recevoir ou avaient reçu une lettre les invitant à s'inscrire à des mesures de protection contre l'usurpation d'identité. En gros, on leur recommande de s'inscrire au service de surveillance de crédit Equifax pour cinq ans. À titre de comparaison, Desjardins a offert un tel service dès les premiers jours après avoir constaté des irrégularités concernant les activités bancaires de ses clients.

Rappelons que, pendant près de deux ans et demi, il était de notoriété publique que de lourds soupçons pesaient sur l'utilisation des données personnelles des enseignants québécois. De nombreux reportages illustrant les conséquences sur la vie de ceux qui ont été victimes de fraudeurs ont été publiés. Mais tant le gouvernement libéral de M. Couillard que celui de M. Legault se sont assis paresseusement sur leurs mains.

Dans cette compétition d'insouciance quant à l'intégrité numérique des enseignants québécois, l'ineffable Éric Caire, ministre délégué à la Transformation numérique, mérite la palme. Ce dernier, qui se dit «désolé», ne se sent pas obligé de présenter des excuses au personnel enseignant. Il rejette plutôt le blâme sur l'administration précédente et refuse de garantir qu'une telle situation ne se reproduira pas. Peut-être faudrait-il rappeler à M. Caire la différence entre représenter l'État québécois et faire de la «petite politique»? Peut-être M. Caire souffre-t-il d'amnésie  mais il a manifestement oublié que son parti a été élu en octobre 2018 et n'a rien fait dans ce dossier précis pendant près de 15 mois. Concernant le même troublant épisode d'oubli, peut-on lui rappeler qu'en décembre 2019, pendant qu'on savait tous que des fraudeurs utilisaient les renseignements qu'ils avaient volés et que son gouvernement semblait inactif, il songeait - ironie - à imposer de sévères amendes aux entreprises qui protègent mal les données personnelles de leurs clients?

Maintenant, pour ceux que nous élisons afin de défendre nos droits comme travailleurs, que comptent-ils faire pour que nous soyons compensés pour tous les désagréments subis par ce manque de protection adéquate de nos données personnelles? Je connais des firmes d'avocats qui salivent en pensant à un éventuel recours collectif.  Mais pourquoi leur verserait-on de généreux honoraires quand nous disposons déjà de services juridiques au sein de nos associations syndicales?

Comme enseignant, lorsque le gouvernement parle de valoriser ma profession, des attitudes comme celle-ci tendent à me prouver que nous sommes peu importants. Comme membre, lorsque l'organisation syndicale à laquelle j'appartiens parle de valoriser ma profession, je m'attends à ce qu'elle travaille activement à faire respecter mes droits. Il serait regrettable que certains profs décident unilatéralement d'entreprendre des recours juridiques, que certains dirigeants syndicaux se fassent dépasser par la base s'ils ne prennent pas ce dossier en main en n'entamant pas rapidement les procédures nécessaires. 

Il est plus que temps d'agir dans ce dossier. Les épargnants de Desjardins l'ont fait. Est-on plus bêtes qu'eux? On dirait tristement que certains enseignants ou leurs représentants ont fini par intégrer cette idée que «nous sommes nés pour un petit pain».

 


04 août 2020

Un ministre qui brille par son incompétence

Avertissement: vous pourriez penser que ce billet est méchant et de mauvaise foi. Il est à la hauteur de la bêtise qui semble vouloir se reproduire en éducation.

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 

Quand le ministre de l'Éducation, Jean-François Roberge, a publié son plan pour la rentrée scolaire à la mi-juin, personne ne s'en est préoccupé. Ni du plan ni du ministre. Pourquoi? Parce qu'après le cauchemar de mauvaise gestion que celui-ci a fait vivre au réseau scolaire québécois, tout le monde avait hâte de partir en vacances et savait bien qu'il faudrait procéder à une réévaluation de la situation au début août. Tout le monde le savait, sauf le ministre, semble-t-il.

Ce fameux plan pour la rentrée, qu'on appelle dans le milieu scolaire le «napperon» (certains diront que c’est parce qu'il a été conçu sur le coin d'une table lors d'un repas au restaurant), je n'ai même pas pris la peine de le critiquer tellement il est incohérent et bourré de trous. À cet égard, il s'apparente davantage à un mauvais brouillon qu'à un devoir bien fait. On remarque cependant qu'une fois de plus, ce seront les directions d'école qui, selon le principe de «subsidiarité» (un mot compliqué qui est finalement une simple excuse pour remettre un travail bâclé), devraient en combler les lacunes. De même avec le principe de l'autonomie professionnelle des enseignants, enseignants qui, apparemment, ne sont bons qu'à faciliter la mise en pratique des ordres venus d'en haut. Le ministre les consulte, nous dit-on. On aimerait bien savoir lesquels parce que j'en connais plusieurs qui semblent avoir une meilleure connaissance de la réalité de ce qu'est enseigner dans une école en 2020 que M. Roberge lui-même. 

Bref, comme d’habitude, ce ministre ne gouverne pas: il règne. Bref, comme d'habitude, les intervenants du réseau ont compris qu’il valait mieux attendre les contre-ordres. Cela a été le cas avec le transport scolaire, un casse-tête finalement réglé en cinq minutes quand on a compris que ce qui était exigé dans un autobus de la STM pouvait également l’être dans celui d’un centre de service scolaire.

À la mi-juin toujours, on retrouvait également un nécessaire sentiment de déni. Comment pourrait-on vivre des vacances agréables en se disant que septembre nous ramènerait ce ministre dont personne n'a encore compris qu'il soit maintenu à son poste, malgré son incompétence évidente, par François Legault? À ce propos, on s'interroge encore plus aujourd'hui à savoir pourquoi M. Roberge est toujours ministre de l'Éducation. Deux possibilités: soit que la députation caquiste est tellement faible qu’elle ne renferme aucun individu pour le remplacer soit que le premier ministre préfère garder à ce poste un individu «malléable» et qui se prêtera à toutes ses demandes. 

Il y a cinq jours encore, donc, tout le monde dormait dans le bienheureux monde de l'éducation au Québec. Certains, par contre, plus nerveux, avait le sommeil agité. C'est l'annonce du plan de la rentrée scolaire en Ontario qui a tiré notre somnolente province de sa quiétude. Il faut dire que, si l'on compare le plan ontarien avec celui concocté par le ministre Roberge, on a l'impression de vivre, non pas dans deux entités administratives différentes, mais sur deux planètes éloignées l'une de l'autre par des années-lumière. Comment les directives de la santé publique peuvent-elles être si différentes des deux côtés de la rivière Outaouais? Peut-être à cause de cela, certains journalistes, chroniqueurs, parents et syndicats se sont enfin réveillés. 

Si je suis plus inquiet encore depuis quelques jours, ce n'est pas seulement à cause de l'ensemble de l'oeuvre de M. Roberge, mais c'est parce qu'il ne semble pas avoir appris de ses erreurs. Encore une fois, ce ministre ne fait pas preuve de dynamisme et n'est pas pro-actif. 

L'Ontario a indiqué qu'elle annoncerait à la fin juillet un plan pour la rentrée scolaire. Le 29 juillet, on précisait que celui-ci serait présenté le lendemain. Le ministre de l'Éducation du Québec a-t-il alors téléphoné à son confrère ontarien pour s'informer des mesures qui seraient mises de l'avant au pays de Doug Ford?  On ne le sait pas. Toujours est-il que M. Roberge aurait pu rapidement organiser un point de presse pour indiquer qu'il allait réajuster son plan de la rentrée. Il se serait évité de nombreux désagréments et aurait donné l’impression qu’il avait la situation bien en main. Mais non. Ce sont principalement des membres de son cabinet qu'on a entendus et lus à ce sujet. Où était le ministre? Ça parait mal. Très mal. 

Ce qui parait encore plus mal, c'est que ce soit le ministre de la Santé, Christian Dubé, qui annonce officiellement en conférence de presse que des réajustements seront apportés au plan du réseau de l’éducation. Où était M. Roberge?  Au gouvernement, a-t-on peur de le montrer en public? A-t-on peur qu'il nous répète encore une fois qu'il possède 17 ans d'expérience en éducation quand il cherche à nous convaincre de sa compétence comme ministre?  On joue une fois encore dans un mauvais plan de communication.

De plus, comment peut-on accepter que ce ministre dévoilera son plan «réajusté» la semaine prochaine alors que certaines directions d'école sont déjà au travail? Ça sent à nouveau l'improvisation, le travail bâclé, l'incompétence. Ce n'est peut-être pas le cas mais, en politique, les apparences sont aussi, sinon plus importantes, que les faits. Ce ministre ne l'a pas appris, ce ministre ne l'a pas compris. Et devant un réseau qui n'a plus confiance en lui, M. Roberge connait un mauvais début d'année scolaire alors qu'elle n'est même pas commencée. 

La logique aurait voulu qu'au ministère de l'Éducation, on soit déjà à pied d'oeuvre et que ce plan réajusté ait été présenté la semaine dernière, quitte à travailler en collaboration avec la province voisine qui vit une situation similaire à la nôtre. Comment fera-t-on s'il faut acheter des masques pour les élèves à la dernière minute? Et si les masques sont nécessaires mais qu'on n'en dispose pas, il sera très difficile de nous resservir la même salade indigeste qu'au début de la pandémie...

En une phrase comme en mille: M. Roberge est-il l'homme de la situation? 

Un dernier point en terminant: où en est-on rendu avec les appareils électroniques promis pour la rentrée?





17 juin 2020

Les belles histoires de Jean-François

Pour bien des acteurs du réseau de l'éducation, on comprend mal lundi le vote de confiance du premier ministre François Legault à l'endroit de Jean-François Roberge. Surtout que dès le lendemain, le ministre de l'Éducation remettait ça avec une déclaration dont seuls des gens bien au fait du monde scolaire pouvaient comprendre toute l'inexactitude, pour ne pas dire plus.

Ainsi, en conférence de presse, M. Roberge soulignait le progrès que le réseau scolaire a fait en matière d'enseignement à distance: «D'un point de vue pédagogique, on a avancé aussi. Ce n'était pas tous les enseignants qui étaient habiles en technopédagogie. Plusieurs se sont rattrapés de très, très belle façon. Certains ont utilisé notre formation bâtie en partenariat avec la TÉLUQ. D'autres ont appris de leurs pairs qui étaient déjà des experts.»

Euh. C'est simplement qu'il y a un problème. Ils n'ont pas eu le choix de consulter leurs pairs. En effet, la formation offerte par TÉLUQ, constituée de modules, est complète à 50% pour le primaire, à 35% pour le secondaire et à environ 50% pour le post secondaire. Des grands pans sont donc manquants, comme celui rattaché à l'évaluation. Les centre de services scolaires, qui exigeaient au départ qu'elle soit complétée en juin, indique maintenant aux enseignants que celle-ci a pris beaucoup de retard et parle maintenant de...  l'automne pour terminer de faire celle-ci.

Il ne s'agit pas ici de faire le procès de la formation donnée par la TÉLUQ qui aurait dû être terminée pour le 5 juin, une date bien tardive quand on sait que l'année scolaire se termine le 19 juin dans certaines écoles. C'est - en passant - à l'image du leadership d'un ministre qui a commandé des appareils électroniques qui viennent à peine d'arriver dans les mains de certains jeunes alors qu'en Ontario... Bien des raisons, à l'interne, peuvent expliquer que le produit  ne soit pas livré à temps. Il se peut qu'on ait mal planifié les tâches, qu'on ait sous-estimé le temps nécessaire pour livrer l'ensemble du produit final. À l'externe, la commande a assurément été donnée tardivement par le MEES. Mais il est -                      - (placer ici l'adjectif de votre choix) que le ministre de l'Éducation ne soit pas au courant que la formation offerte par la TÉLUQ soit si incomplète et qu'il aille même dire que c'est grâce à elle que les enseignants aient si progressé.

Ou on informe mal le ministre et il doit s'interroger sur son entourage ou il dit n'importe quoi pour faire paraitre les actions de son ministère sous un jour favorable.

Ce fut la même belle histoire avec le site École ouverte dont il a déjà dit qu'il constituait une référence en matière de télé-enseignement dans la francophonie. Hier, il affirmait que ce site «enregistre plusieurs millions de visites quotidiennes. Il est consulté partout à travers le monde.»  

Et puisqu'on est dans la pédagogie, qu'arrive-t-il avec la formation en ligne utilisée depuis des années par le Centre de services scolaire de Beauce-Etchemmin? On sait que le MEES a signé avec le CSSBE une entente de partage de cette ressource en ligne ce printemps, mais quelle utilisation concrète entend-on en faire? Rien, on dirait.




15 juin 2020

Jean-François, c'est le meilleur!

Aussi bien ne pas perdre notre temps: le ministre de l'Éducation, Jean-François Roberge, a la pleine et entière confiance du premier ministre du Québec, François Legault. C'est ce qu'il faut en conclure du passage de celui-ci au Télé-Journal à 18h00. Par contre, ce dernier n'a eu aucun bon mot pour le personnel scolaire et des propos aigres quant aux différents syndicats enseignants.

Voici un verbatim de cet échange sur l'éducation avec Patrice Roy.

PR M. Legault, les parents se demandent: «Est-ce qu'il y aura une vraie rentrée?»  Là, on a aujourd'hui délié un peu, donné de l'espace, une marge de manoeuvre aux enfants dans les écoles. Est-ce que, dans votre esprit, et c'est ce que vous souhaitez, une vraie rentrée physique pour tout le monde?
FL  Absolument. Écoutez, moi, j'ai été trois ans à l'Éducation. Pour moi, c'est une priorité personnelle, aider entre autres le 20, 25% d'enfants qui ont des difficultés d'apprentissage. Ça n'a pas de bon sens qu'ils ne soient pas allés à l'école, dans certains cas, comme ceux de Montréal, pendant six mois.  C'est pour cela que j'ai pris le risque d'ouvrir en région, mais je n'avais pas l'accord de la Santé publique et du docteur Arruda pour ouvrir les écoles primaires à Montréal avant le mois de juin.
PR: Vous auriez pu, remarquez.
FL: J'aurais pu les ouvrir au mois de juin, mais ouvrir pour deux ou trois semaines, avec tout ce que cela impliquait, je pense que ça n'aurait pas valu la peine. Par contre, ce que l'on a essayé de proposer aux syndicats, c'est d'avoir des camps pédagogiques cet été pour les 20-25% d'enfants qui ont des difficultés d'apprentissage...
PR: Ça n'a pas marché, ça?
FL C'est difficile.
PR Bon, qu'est-ce qui arrive avec votre ministre et le milieu de l'éducation? Notre collègue Martine Biron a fait un texte ce matin en disant qu'il y a un remaniement dans votre tête, qu'il se promène et que lui serait peut-être un des premiers à être déplacé?
FL: Ben, c'est complètement faux parce que Jean-François Roberge, là, c'est un excellent ministre de l'Éducation. Il a fait un très bon travail, là. Quand on a réouvert les écoles primaire en région, si ça avait mal marché, là, on l'aurait su. Ça s'est bien passé. On est en négociations avec les syndicats de l'éducation comme avec la FIQ (note: Fédération des infirmières du Québec) aussi. Vous avez vu les publicités de la FAE. On a demandé aux enseignants cet été d'accepter de travailler dans des camps pédagogiques. Y'ont pas aimé ça, pis on est en négociations. On veut augmenter de façon importante le salaire des préposés aux bénéficiaires. On veut donner une meilleure augmentation aux enseignants mais, là, y'a des syndicats qui voudraient plus. Mais...
PR Donc, vous attribuez son passage difficile aux négociations dans le secteur public?
FL Moi, je pense....
PR Essentiellement?
FL Essentiellement.
PR Il a votre confiance pour la prochaine année largement?
FL Totalement. Largement. Pis, je vais vous dire; Jean-François aussi aurait aimé ça ouvrir les écoles bien avant. Pis, là, j'étais content aujourd'hui. Le docteur Arruda a annoncé que, pour les enfants de moins de 16 ans, on va pouvoir être à un mètre ou un mètre et demi. Donc, en pratique, là, tous les enfants dans les écoles primaires et secondaires vont retourner à l'école le premier septembre.

On comprend qu'un premier ministre ne peut pas descendre en flammes dans les médias un des hommes qu'il a nommé et encensé. Mais de lui attribuer implicitement le succès de la réouverture des écoles primaires en dehors de la région de Montréal, c'est pousser un peu fort le café et nier le rôle fondamental du personnel scolaire dans ce tour de force. Mais ce n'est pas dans les habitudes de ce gouvernement de remercier de leur bon travail les employés de la fonction publique, tout comme ce n'est pas dans ses habitudes de se remettre en question.

Il est consternant que M. Legault attribue aux négociations en cours le bris de confiance manifeste qui existe entre M. Roberge et le personnel de l'éducation. À ce que l'on sache, les directions d'école et les dirigeants des centres de services ne sont pas syndiqués et sont, eux aussi, excédés par la gestion chaotique de ce ministre qui a été démontrée à de nombreuses reprises.

Si M. Legault est incapable de prendre la pleine mesure de la crise qui secoue le monde scolaire, cela laisse présager des jours difficiles. Et M. Roberge, gonflé d'orgueil, va s'en permettre encore et plus.

Et que dire de cet autre texte où on comprend à quel point le gouvernent à une vision de la réalité totalement différente de bien des acteurs du réseau:

« On s’est compliqué la vie, mais les enfants sont contents, les enseignants sont contents, les parents sont contents », se félicite-t-on à Québec. Le travail de Jean-François Roberge, parce qu’aussi éreintant, n’est rien de moins qu’une « épopée héroïque ».

03 juin 2020

Le ministre Roberge et le rasoir de Hanlon

Le ministre de l'Éducation, Jean-François Roberge, retourne encore une fois sa veste. Du moins, en apparence. Les fameux camps pédagogiques obligatoires dont il a annoncé la création lundi à la grande surprise de tout le réseau scolaire sont maintenant devenus optionnels.

Dans sa grande mansuétude, le ministre avait déjà laissé le soin aux commissions scolaires de déterminer quels élèves y seraient invités. Maintenant, on pourrait penser qu'il leur laisse encore plus de liberté.

Or, il ne faut pas être dupe. Dans bien des CS, dans bien des écoles, des appels ont été faits, des courriels ont été envoyés, des ententes ont déjà été prises. Alors que tout est organisé ou presque, M. Roberge change soudainement d'avis et dit laisser le libre choix aux écoles. Mais comment pourraient-elles reculer sans en porter l'odieux aux yeux des parents?

Bien sûr, on pourrait taxer cette vision d'un ministre machiavélique de paranoïaque. Mais il existe une autre hypothèse qui s'inspire de la célèbre règle du rasoir d'Ockham  («lex parsimoniae») pour comprendre le comportement erratique du ministre de l'éducation. 

Plutôt que d'éliminer les explications improbables d'un phénomène, la règle du rasoir de Hanlon veut qu'il ne faut jamais attribuer à la malveillance ce que la bêtise ou l'incompétence suffit à expliquer («never attribute to malice that wich is adequately explained by stupidity»).  

Seuls les décideurs qui ne croient plus à la cohérence du ministre et attendent ses contre-ordres avant de se mettre à l'oeuvre ont compris comment sauver leur peau sous sa gouverne. Ses partisans fidèles de la première heure ne le suivent plus. Il faut le dire haut et fort: il n'est pas normal de voir un élu occuper un tel poste lancer ainsi des idées aussi improbables pour qu'elles soient accomplies au prix d'efforts considérables ou abandonnées à la dernière minute parce que franchement irréalisables. Cette façon d'agir épuise tous ceux qui subissent de telles pratiques de gestion. Aussi bien le dire: les directions d'école sont à bout. Et elles ne sont pas les seules.  

Une autre chose est tout aussi certaine: jamais de ma carrière, je n'ai vu les équipe-écoles aussi unies; jamais, je n'ai vu un ministre de l'Éducation faire autant l'unanimité de la sorte contre lui. Sur Facebook, dans des conversations privées, même avec des cadres scolaires, sa crédibilité est plus que mise à mal.  Dans certains cas, on commence à réclamer sa démission. Quelques collègues m'ont confié même s'ennuyer d'Yves Bolduc. Si le ministre déclarait oeuvrer à remettre le pouvoir entre les mains des directions et des enseignants, on a l'impression que son tempérament le pousse ordinairement à faire tout le contraire.

Aussi bien le dire: le ministre, celui qui répète qu'il a été enseignant pendant 17 ans, ne passe plus. Peut-être est-on simplement devant un autre exemple du principe de Peter? Ses rires, ses mimiques, ses leçons de morale à peine voilées, son comportement que plusieurs attribuent à de la suffisance: tout en lui devient insupportable aux yeux et aux oreilles de ceux qui, depuis plus de deux mois, subissent sa gestion erratique du réseau scolaire québécois.

Le personnel scolaire ne se sent plus respecté et écouté par ce ministre mais bêtement utilisé à des fins partisanes. Il ne le croit plus quand il parle de travailler ensemble à la prochaine rentrée scolaire alors qu'il gouverne à coups de bâillons, de décrets et d'annonces surprise. Et s'il fallait qu'il change encore d'idée ou improvise une mesure venue dont on ne sait où d'ici la fin de la présente année scolaire, je ne serais pas surpris de voir certaines personnes autour de moi craquer. Cet homme n'a pas idée de toute la détresse et la désaffection qu'il cause inutilement actuellement dans le réseau de l'éducation.

Finalement, Hanlon avait peut-être raison.
 

01 juin 2020

Les surprises du ministère de l'Éducation

Le ministère de l'Éducation a annoncé aujourd'hui à 16h00 que toutes les écoles primaires et secondaires du Québec devront organiser pour lundi prochain des «camps pédagogiques» pour les élèves éprouvant des difficultés scolaires. Cette mesure inclut toutes les écoles secondaires du Québec et toutes les écoles primaires du Grand Montréal actuellement fermées. Organiser des camps de la sorte en quatre jours. En quatre jours. L'ai-je bien dit: en quatre jours?

La Presse écrit d'ailleurs:  «Il s'agit d'une nouvelle surprise pour le réseau de l'éducation.» Surprise? Quel euphémisme! Le mot est faible. Certains enseignants, qui ont pris connaissance de la nouvelle sur Internet, l'ont annoncée à leur propre direction qui croyait qu'il s'agissait d'un canular. Des CS contactaient leur personnel de direction ce soir pour lui dire qu'elles cherchaient des stratégies afin de répondre à la demande du ministre...

Chaque jour, le monde scolaire en est rendu à se demander ce que le MEES va effectuer comme revirement ou mettre soudainement de l'avant. La blague court qu'en septembre, le ministre «va décréter quotidiennement le menu des cafétérias des écoles et que celui-ci sera annoncé chaque jour pour le lendemain.»  

Quatre jours donc pour préparer des locaux, trouver des enseignants disponibles et volontaires, rejoindre les familles des élèves concernés, bâtir des horaires de classe, organiser le transport scolaire. Voilà la tâche qui attend différentes directions d'école, surtout celles du primaire du Grand Montréal, qui sont déjà épuisées à force de répondre aux demandes-surprise du MEES depuis des semaines: ferme l'école tout en mettant sur pied des services de garde d'urgence pour les employés de services essentiels, organise l'enseignement à distance, pense à rouvrir l'école, puis finalement ferme l'école. Rappelons que ces directions ont aussi à terminer administrativement l'année scolaire en cours et à en préparer une autre selon un scénario qui n'a pas encore été choisi tout en se demandant quelle sera la véritable situation en septembre.

Et maintenant ce qu'il ne faut pas dire, pour ne pas déplaire à ceux qui croient aux licornes:
  • Des camps pédagogiques de trois semaines ne changeront rien à la réussite des jeunes en grande difficulté. Il faut être purement naïf ou ne rien connaitre à la pédagogie pour penser que ces camps feront une différence. 
  • Au secondaire, où va-t-on trouver les enseignants dans les matières de base dans le Grand Montréal? De jour, on leur a donné un horaire de présence virtuelle. Ils font des visioconférences, s'approprient le télé-enseignement, préparent des capsules Internet, contactent les élèves, etc. 
  • Un autre point: selon divers reportages, la plupart des élèves en grande difficulté ne sont actuellement pas en classe dans les régions hors du Grand Montréal où cela est pourtant possible.  Dans bien des cas, ils ne sont même pas présents lors des visioconférences organisés par leurs enseignants.
Encore une fois, quelqu'un au MEES a eu une idée qu'il trouve brillante mais personne n'a réussi à le raisonner, 

Un gouvernement ne peut fonctionner par décret pendant trois mois de la sorte, sinon ça porte un autre nom. Et ça finit par croire qu'il détient la vérité. Il faut que les décrets cessent. 

Pour reprendre une autre blague qui circule sur Internet, on comprend que, dans son livre, le ministre proposait de réinventer l'école, mais on ne pensait pas que, sous sa gouverne, le MEES le ferait «chaque jour  n'importe comment».