08 septembre 2020

La subsidiarité ou l'art de faire porter la faute sur les autres

«Le principe de subsidiarité est une maxime politique et sociale selon laquelle la responsabilité d'une action publique, lorsqu'elle est nécessaire, revient à l'entité compétente la plus proche de ceux qui sont directement concernés par cette action.» - Wikipédia

Avec le ministre Jean-François Roberge, c'est surtout une façon de se laver les mains, un geste de circonstance, quand une situation en éducation devient incontrôlée ou incohérente à cause de ses propres directives.

Aujourd'hui, en conférence de presse, ce ministre a repris ce principe de façon peu subtile pour ceux qui oeuvrent sur le terrain. Alors que son ministère et celui de la Santé sont incapables de fournir une liste à jour et sans erreur des écoles ayant un cas d'individu contaminé (une opération essentielle en temps de pandémie qu'un simple parent parvient, lui, à faire seul et rapidement), celui qui a été enseignant pendant 17 ans et qui ne cesse de nous donner des leçons y est allé d'une déclaration très révélatrice: «Selon lui, il est « à peu près impossible » qu’une éclosion survienne dans une école si le concept de « bulle-classe » est bien appliqué.»

Voilà. C'est simple. Si la situation se détériore, c'est que, sur le terrain, on ne suit pas correctement pas ses directives. Les responsables, ce sont ceux qui n'appliquent pas bien son concept magique de bulle-classe. Aucune remise en question, aucun questionnement. «L'erreur, c'est les autres», dirait Sartre.

On se demande dans quelle bulle vit justement ce ministre. Dans les écoles secondaires, c'est l'incohérence la plus complète comme il est facile de l'observer  Les élèves, confinés dans une même classe, peuvent aller diner avec n'importe quel ami tout en ne respectant pas la distanciation physique ou le port du masque. Et on ne parle pas de ce qui se passe après les cours... 

Pis encore, les mesures sanitaires actuelles n'interdisent pas les battements entre chaque période.  On se demande pourquoi on permet aux élèves de se déplacer alors qu'on a exigé que les classes soient fixes. Pour fumer une «top» entre deux cours? En agissant ainsi, on augmente tout d'abord  les risques de contamination entre élèves. Pour les enseignants, déjà que les risques de contamination entre collègues sont plus élevés en leur demandant d'aller de classe en classe, voilà qu'on leur impose aussi de se promener avec leur petit chariot dans des corridors souvent surpeuplés où, non seulement la distanciation physique est impossible, mais où les contacts non désirés sont fréquents. Dans une école secondaire de 1500 élèves, bonne chance pour y parvenir. Aussi bien revenir à ce qui était auparavant.

Manifestement, M. Roberge ne comprend ni ce qu'est un virus ni comment il se propage. Encore aujourd'hui, lors d'une conférence de presse, il y allait du diagnostic suivant: «Bien, bien souvent, c'est un seul élève qui l'a attrapé à l'extérieur de l'école et ne se présente même pas à l'école et, donc, évidemment, ne peut pas le donner, même chose pour les membres du personnel.»

M. Roberge connait-il la durée d'incubation de ce virus ou encore le caractère asymptomatique de certains individus contaminés? Voilà qui est ce ministre à la tête d'un plan qu'il juge quasi infaillible. Est-ce rassurant? On l'invite peut-être à discuter avec la Dre Caroline Quach pédiatre et microbiologiste-infectiologue qui s'y connait davantage. On lui aurait recommandé le Dre Joanne Liu, mais elle ne semble pas assez bonne pour le gouvernement québécois.

Actuellement, au lieu de pavaner de conférence de presse en conférence de presse, le ministre devrait régler le problème de la liste des cas d'individus contaminés dans nos écoles. Ensuite, il devrait mieux se renseigner sur la transmission de ce virus au lieu de dire des énormités. Enfin, je lui suggère un peu de modestie au cours de deux prochaines semaines parce que rien n'est actuellement sous contrôle, contrairement à ce qu'il semble croire.

En passant, voici une photo qui montre que le ministre ne respecte pas les règles de son propre ministère. En tant que visiteur, il n'est peut-être pas obligé de toutes les suivre (un ministre de l'Éducation, visiteur dans une école?). Mais pour l'exemple, on repassera.



 



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