30 décembre 2007

Vraiment le temps des Fëtes!

Certains célèbrent le temps des Fêtes jusque dans leur dernière demeure s'il faut en croire cette photo prise hier matin au cimetière Côte-des-Neiges.

28 décembre 2007

L'ADQ va se mêler d'éducation...

Ce matin, La Presse nous apprend que Mario Dumont, chef de l'Association pour le... euh, de l'Agglomération pour le... euh, de l'Affaire, là, comme dirait le député Robert Deschamps, a indiqué que la prochaine année serait celle de l'éducation.
Ah! misère... c'était déjà bordélique avec le Parti québécois et le Parti libéral. Si, en plus, l'ADQ vient y mettre son grain de sel...
Mon sondage maison
Comme on a pu le constater, l'ADQ n'a pas la confiance des internautes fréquentant ce site en ce qui a trait à l'éducation. À la question «Pensez-vous que l'ADQ et Mario Dumont feraient un bon travail en éducation?», les résultats sont assez clairs:
  • 6? des répondants estiment que oui;
  • 80% des répondants estiment que non;
  • 2% croient qu'il ne peut pas faire pire que les autres.
Ces résulats m'amènent vers un nouveau sondage que vous pouvez découvrir à votre droite.
Les propos de Mario Dumont
«Au Québec, l’année prochaine devrait porter d’abord sur une question : l’éducation. L’insatisfaction des gens est profonde et palpable à ce sujet. Qu’on pense au taux de décrochage des garçons… c’est un problème qu’on traîne depuis des années», indique le chef de l'Action démocratique du Québec.
Si on ne peut pas lui donner tort sur le fond, les gens sont insatisfaits du réseau de l'éducation, il est consternant de constater que M. Dumont revient avec un problème, le décrochage des garçons, que la réforme était supposé régler. À mon avis, M. Dumont n'a pas réalisé qu'il y a une réforme scolaire au Québec qui a été mise de l'avant pour tenter de contrer ce problème et que le décrochage dont il parle est relié aux élèves n'ayant pas connu la réforme puisqu'il n'existe pas de chiffre, à ma connaissance, sur le décrochage des élèves «réformés».
Que les jeunes garçons en rut se rassurent, la solution de la non-mixité des écoles n'est plus dans le programme de l'ADQ: «C’était un moyen parmi d’autres que certains jugeaient utiles de mettre à la disposition des directions d’école, mais on n’ira pas loin là-dedans.»
Par ailleurs, M. Dumont souligne qu'il est convaincu que les Québécois sont d'accord avec sa position sur le programme d'éthique et de culture religieuse. Dans un sondage que son parti a commandé à Léger Marketing, il souligne que deux Québécois sur trois sont favorables à un moratoire sur ce cours au primaire.
Si l'on peut me permettre: ce programme est connu et public depuis des mois. La réaction de l'ADQ à ce sujet est davantage teintée d'un opportunisme un peu malsain. Je ne dis pas que, sur le fond, certains arguments adéquistes soient mauvais, mais c'est cette tendance à suivre le vent qui devient dangereuse. L'appui de l'ADQ à une idée manque de profondeur et devient, à la limite, presque un baiser de Judas pour certains analystes de l'actualité.
C'est pourquoi il faut prendre avec beaucoup de prudence les propos de M. Dumont tout en se méfiant de l'impact que ces derniers peuvent avoir.
Ainsi, quand M. Dumont aborde la réforme scolaire, il ne va pas très loin dans la réflexion : «Ça fait des années qu’on en parle, le gouvernement a réglé les bulletins… On avait soulevé cette question du bulletin comme le symbole de la communication coupée entre les professeurs et les parents. On a touché à la question des bulletins scolaires comme le proposait l’ADQ, mais on s’est servi de ça comme d’un paravent pour camoufler un problème plus profond.»
«Réglé les bulletins»? Vraiment?
Pour M. Dumont, le problème du Renouveau pédagogique réside dans la mesure des connaissances : «Le corps enseignant n’adhère pas à cette réforme, avec raison à mon avis. Il n’y a pas que du mauvais dans la réforme. Ses principes, à l’origine, étaient louables, mais elle a été kidnappée en cours de route par la bureaucratie»
Et quelle est donc la solution de M. Dumont à toute cette problématique scolaire? Il faut «faire un chantier sur une école plus vivante, stimulante. Il faut chercher à ce que les jeunes restent accrochés à l’école».
Ah! misère... un «chantier»... pas encore...
En passant, le chef de l'ADQ a eu l'occasion de montrer sa mauvaise connaissance du dossier de l'éducation lors de cette entrevue. Lorsque le journaliste Denis Lessard lui parle des très bons résultats des élèves québécois aux tests PISA, M. Dumont n'a pas relevé que ceux-ci avaient 15 ans au moment de cette évaluation et n'appartenaient pas à la réforme.
Ah! misère...

26 décembre 2007

Bingo de Noël!

Avant de vous raconter mon Noël médical, je me permets un billet pour vous expliquer que ma famille est FOLLE!

Chaque Noël, nous nous réunissons, mes frères, soeurs, mes neveux et nièces, conjoints et conjointes (honteux et courageux) pour célébrer Noël. Les moins de 18 ans sont outrageusement gâtés par tous les grands alors ces derniers procèdent plutôt entre eux à un échange de cadeaux selon des règles ancestrales remontant à la nuit des temps et changeant chaque année au gré des humeurs de chacun. Quelques points demeurent cependant immuables.

Tout d'abord, les cadeaux doivent tous respecter un thème déterminé par l'hôte de la soirée. Par exemple: 1976, argent, carré-carreau-«carreauté»... Vous voyez le genre?

Ensuite, tous les présents sont réunis au centre du salon et le premier à choisir un cadeau est déterminé par une endiablée partie de bingo! Vous avez bien lu: une partie de bingo! Comment deux avocats, un fermier, une agente d'immeuble, une fonctionnaire, un agent d'assurances et un enseignant ont-ils pu en venir à déterminer qui choisirait en premier en jouant au bingo demeure un mystère. On écarte l'hypothèse de la drogue et de la boisson puisque ma famille est de nature sobre, du moins sur ce point.

Toujours est-il qu'il est possible de «voler» le cadeau d'un participant si celui pigé ne nous plait pas. La personne «volée» peut alors alors en «cambrioler» une autre ou choisir parmi les cadeaux pas encore déballé. Généralement, les embrouilles surviennent lorsqu'on détermine les conditions entourant les «vols». Celles-ci varient d'une année à l'autre et manquent parfois de cohérence. Avec deux avocats d'avis différents, le litige prend parfois bin du temps à plaider.

Cette année, avec le thème 1976, on retrouvait parmi les cadeaux offerts des DVD de films et des CD de cette année mémorable (Rocky, King Kong, Rolling Stones, Pink Floyd), des souvenirs olympiques, des souvenirs électoraux et un gigot d'agneau, un de mes frères ayant commencé ses études en agriculture cette année-là.

Si vous vous demandez pourquoi le Professeur masqué est parfois fêlé, vous venez sûrement de comprendre qu'il s'agit d'une question de génétique.

24 décembre 2007

Le sapin est dans la maison!

Chez la famille masquée, Noël débute quand le sapin arrive dans la maison. Pas avant. Or, ne voilà-t-il pas que le résineux végétal a fait son entrée triomphante... ce matin. Il faut dire qu'il s'agit d'une tradition de courir le sapin le 24 au matin. Celle-ci s'explique principalement par le fait que, les années antérieures, le prof masqué croulait sous les corrections à la mi-décembre parce qu'il gérait mal son temps. Les copies avant l'esprit des Fêtes. Métier oblige.

Cette année, prof masqué a mieux organisé son horaire de travail, mais il n'a pas cessé pour autant de partir tardivement à la chasse au sapin.

Roule, roule, roule au village. Niet. L'homme qui coupait des sapins est parti. Roule, roule, roule près de la fruiterie. Niet. Le sapineur a levé le camp aussi. Reste le vendeur de verdure hivernale à côté du gros centre d'achats. Victoire! Joie! Gaieté! Délivrance! Il se met même à tomber une douce neige, signe que la magie de Noël s'est encore manifestée.

«Heureusement, on en a un!», s'est écrié le papa masqué couvert de sa tuque de Noël préférée. La preuve que cette course au non-feuillu est une habitude des Fêtes est la réaction lucide de Fille masquée: «Papa, tu dis ça à chaque année...»

Le sapin trône maintenant dans le salon et il n'attend que de dégeler. Normalement, on le décorera demain matin pour ensuite procédér à la distribution des cadeaux. Pour la première fois, le sapin sera électrique, prof masqué n'étant pas un amateur de lumières de Noël.

Pour ceux qui trouveraient étrange de s'échanger les cadeaux le 25 décembre au midi, un premier échange aura lieu en fait chez la soeur du prof masquée qui organise toujours le souper de Noêl chez elle. La fête du 25 est plus intime, personnelle.

Sur ce, un Joyeux Noël à tous et, si vous êtes sages, je vous raconterai comme j'ai fait pour me ramasser à l'urgence en installant mon premier sapin de Noël il y a vingt ans. Un classique des Fêtes qui réjouit toujours le coeur de mes élèves.

22 décembre 2007

Ma rétrospective 2007

Après quelques jours de réflexion, voici donc mes neuf moments importants de l'année 2007 dans le monde merveilleux de l'éducation.
1- Les élections provinciales
Le premier événement, ce sont les Québécois eux-mêmes qui l'ont fait si l'on pense aux résultats des élections provinciales de 2007. Avec un gouvernement minoritaire et une ADQ avec le vent en poupe, les libéraux de Jean Charest n'ont pas eu le choix de rajuster le tir en éducation, quitter à emprunter certaines idées au parti de Mario Dumont. On a donc un gouvernement moins arrogant, plus à l'écoute, mais également et nécessairement plus populiste (populiste signifiant ici vouloir plaire au plus grand nombre possible).
Cette situation est porteuse de grandes remises en question, mais aussi de risques de manque de vision à long terme. Quand on ne veut pas déplaire à tous et chacun, le danger est grand de ne plaire à personne. C'est sur cette mince glace que marche la ministre Courchesne qui doit gérer un ministère ingérable et surtout chercher à plaire au plus large électorat possible. D'ou des annonces comme la politique anti-malbouffe dans les écoles ou le retour du bulletin chiffré. Je reviendrai d'ailleurs sur ces deux mesures mais, chose certaine, en 2007, l'éducation est devenue une chose politique, pour le meilleur et pour le pire. (billet et billet )

2- La réforme et la ministre Courchesne

Plus impopulaire que Jean Charest, la réforme aura été la mal aimée de l'année 2007. Celle-ci passerait mal auprès des parents (billet) et de plusieurs enseignants.

Au début de l'année, le MELS a maintenu le cap mais, après les élections provinciales mais, contrairement à mes prédictions (billet), la ministre Courchesne a remis en question le renouveau pédagogique (billet). C'était bien avant son passage à l'émission Les Francs-Tireurs ou ses propos lors d'une entrevue qu'elle accordait à Patrick Lagacé ont figé certains éducateurs et en ont réjoui d'autres (billet). Elle a repris l'essentiel de sa pensée lors de son passage à l'Association québécoise des professeurs de français (billet) et à l'émission Tout le monde en parle (billet, billet et billet).

3- Les bulletins

En 2007, la question du bulletin, intimement reliée à celle de la réforme, a occupé une large place dans les médias. Jetons un coup d'oeil sur cette une éternelle saga:
  • les bulletins sont réformés en novembre 2006 et désapprouvés par la population (billet);
  • les bulletins sont réformés dans certains cas à la mi-mai 2007 (billet et billet);
  • annonce à la fin mai 2007 par la ministre Courchesne que les bulletins seront réformés pour la rentrée scolaire (billet et billet) et ce, malgré l'avis du Conseil supérieur de l'éducation (billet);
  • les journaux ont un vilain plaisir à souligner le chaos et la mauvaise volonté qui s'en est suivi (billet) alors que, dans certaines écoles, cette transformation s'est opérée sans heurt.

4- L'enseignement du français

L'année 2007 aura également vu les Québécois faire leur traditionnel et hypocrite prise de conscience de la qualité plutôt relative du français enseigné dans nos écoles. Mais ne nous inquiétons pas pour leur équilibre identitaire: après tout, la devise officieuse de cette province n'est «Je me souviens pas» pour rien.

Quoiqu'il en soit, on aura assisté cette année à la publication de nombreux articles relatifs à l'école et l'enseignement du français. Qu'on pense au rapport Berger et à la correction holistique (billet et billet et billet) , à la qualité des enseignante et de celui du français de nos jeunes (billet), le «retour» de la dictée en classe (billet), les résultats des jeunes québécois en lecture (billet) ou encore à l'annonce d'un plan concernant le français à la CSDM (billet).

5- La pertinence des commissions scolaires

Dire que l'avenir des commissions scolaires a rien de moins que failli nous obligés à retourner aux urnes si la motion de l'ADQ avait été approuvée!

Cette année, les CS ont fait l'objet d'un traitement dont elles se seraient passées. Déjà, 2006 avait mis la table avec ses sévères critiques quant aux rôles et aux dépenses de certains commissaires scolaires. Avec le faible taux de participation aux élections scolaires de 2007, il était inévitable qu'on remette en question la représentativité des élus scolaires mais aussi la pertinence de cette forme de gouvernement (billet).

Cela nous a valu une belle prise de bec entre la Fédération québécoise des directeurs d’établissement et le distingué président de la Fédération des commissions scolaires du Québec, l'incroyable André Caron (billet et billet et billet).
6- Éthique et culture religieuse
Après le programme d'histoire au secondaire en 2007, cette année, ce fut au tour du programme d'éthique et de culture religieuse de connaître sa part de controverse. Bien avant Mario Dumont, déjà en octobre dernier, des parents manifestaient contre le programme d'éthique et de culture religieuse (billet). Le chef de l'ADQ a pris la balle au bond.

7- La politique anti-malbouffe
Personne n'est contre la vertu. Les nouvelles consignes que devront respecter les cafétérias des établissements scolaires n'ont donc pas soulevé de controverse, mais ont été l'occasion de nombreuses discussions sur le rôle de l'école (billet, billet, billet et billet).
8- Les devoirs et les parents
Comme bien d'autres années, les parents ont été au coeur des débats portant sur l'éducation.

Ainsi, le Journal de Montréal a souligné leur «incompétence» à accompagner leur enfant dans les devoirs à la maison comme si cela était leur rôle (billet, billet, billet et billet). Cette série d'articles devait évidemment mener à la suggestion d'abolir les devoirs comme l'a fait Nathalie Collard dans La Presse (billet).
9- La gestion des finances des universités

L'année 2007 aura été marquée par de nombreux questionnements sur la gestion des finances des universités. Qu'on me comprenne bien: le gouvernement Charest ne s'est pas tant intéressé à leur financement qu'à la façon dont ces dernières gèrent les sommes qu'elles reçoivent du provincial.
Déjà, avec l'affaire du tristement célèbre Ilot Voyageur (billet), l'Université du Québec à Montréal a connu la médecine de la ministre Jérôme-Forget (billet). Et pas besoin d'être devin pour prédire que cette situation connaîtra de nombreux développement en 2008. La fermeture du Centre en enseignement en milieux défavorisés (billet) et la reprise de l'édifice Saint-Sulpice par le ministère des Affaires culturelles est un exemple des gestes qui seront posés l'année prochaine.
En fin d'année, c'était au tour de l'Université de Montréal d'être mis au pas, même si on sentait déjà, dès juin, que des problèmes se préparaient (billet) . Là encore, la situation risque de connaître des développements intéressants.
Pour moi, 2007 aura été l'année de tous les déchirements. Parents, enseignants, enseignants entre eux, haut fonctionnaires, penseurs, ministre: tous adoptent actuellement des positions et des attitudes qui rendent très difficile la recherche d'un nécessaire compromis. Pendant que plusieurs de nos jeunes connaissent une grande détresse humaine, pendant qu'il est reconnu que la pauvreté est un facteur déterminant dans le phénomène du décrochage scolaire, on discute du sexe des anges.
Maintenant cette rétrospective 2007 effectuée, je me permets une seule question (alors que des dizaines et des dizaines se sont bousculées dans ma tête au fur et à mesure de la rédaction de ce billet) : ou se cachent les quelque 1 000 spécialistes pour aider les élèves en difficulté qu'on prévoyait embaucher si on se base sur notre dernière pseudo convention collective?

Les élections provinciales s'en viennent

Je sais que ce billet, à la veille de Noêl, ne suscitera pas un grand enthousiasme. Mais comme j'avais envie, pour une fois, de jouer au jeu des prédictions, aussi bien plonger d'aplomb.

Trois indices me poussent à formuler cette prédiction.

Le premier est le fait qu'au retour du congé parlementaire, le premier ministre Charest va procéder à un remaniement ministériel: plus de ministres, plus de joueurs, plus de limousines, plus de visibilité. Finie l'époque de la petite équipe qui annonce des mesures simples et immédiates. À cet égard, et même si on peut ne pas partager leur vision des choses, il faudra remarquer que ce sont les femmes qui ont livré la marchandise du côté libéral: Mme Courchesne, Jérôme-Forget et Boulay ont fait chacune le travail pour lequel elles ont été nommées. On ne peut pas en dire autant des ministres masculins.

Le deuxième est que le gouvernement Charest bénéficiera d'un coup de pouce bien involontaire du gouvernement Harper avec 406 M $ de plus que prévu versés en péréquation. Voilà de quoi donner une petite marge de manoeuvre intéressante à tout politicien désireux de déclencher des élections. Ce n'est pas le pactole, mais asez pour faire quelques promesses de plus çà et là.

Enfin, l'annonce d'élections complémentaires au fédéral semble montrer que le gouvernement Harper ne veut pas se présenter devant les électeurs dans un futur proche. On peut être étonné de ce geste tant la popularité du parti Libéral est faible au Canada.

Normalement, dans le jeu politique actuel, c'est à Ottawa que devrait se décider s'il y aura bientôt des élections au Québec, mais je ne serais pas surpris que Jean Charest décide de prendre les devants en mars 2008 lors de la présentatio du budget. Il ira en élection ou poussera le PQ à renverser son gouvernement.

Même s'il surfe encore sur un vague de mécontement, l'ADQ est en position de faiblesse. La dernière session parlementaire a surtout montré les ratés de ce parti qui manque de profondeur et qui ne possède pas les qualités d'un futur gouvernement. M. Charest pourrait alors le prendre de vitesse avant une nécessaire réorganisation. N'oublions pas que c'est pour cette formation politique que les libéraux déçus ont voté aux dernières élections. C'est donc ce même parti que les Libéraux doivent combattre.

Quant aux péquistes, ils pourraient toujours se faufiler entre les deux formations fédéralistes, mais je crois que M. Charest est prêt à courrir ce risque devant un ennemi adéquiste à qui il donnerait le temps de se réarmer.

19 décembre 2007

Votre rétrospective 2007

D'ici quelques jours, après la tourtière et la dinde, les médias se livreront à leur rétrospective annuelle traditionnelle. Alors, avant de nous laisser conditionner par les propos des autres, je vous suggère de vous livrer à un petit exercice tout simple en répondant à la question suivante:

Quels ont été, d'après vous les cinq événements qui ont marqué l'éducation cette année 2007?


Je ne vous cacherai pas que cet exercice me sera fort utile et que vos opinions sont les bienvenues!


18 décembre 2007

Big Brodeur approche

Protéger les gens contre eux-mêmes. Renoncer à l'éducation et simplement faire disparaître de la réalité publicitaire certains aspects des véhicules automobiles.


Voilà en substance les derniers amendements que la rapide et dangereuse ministre Boulet a déposés quant au projet de loi sur la sécurité routière. Cette dernière entend «interdire tout message publicitaire qui témoigne d'une insouciance à l'égard de la sécurité routière en présentant des situations qui encouragent des gestes imprudents, dangereux ou prohibés».


J'ai hâte de voir ce qui sera considéré comme «imprudents, dangereux ou prohibés». Il ne fait aucun doute que la dernière publicité de Jeep sera bannie: le conducteur a omis de mettre son clignotant en reprenant la route. Ou encore celle de Nissan ou un véhicule familial roule à 100 km à l'heure en plein désert.


Je ne dis pas que l'objectif de cet amendement n'est pas louable. Il est tout bonnement infantilisant et incohérent avec de nombreuses actions gouvernementales. Qu'attend la ministre pour légiférer sur les films et les jeux vidéos qui incitent nos jeunes à conduire comme des fous?
Dans la même veine, qu'attend son gouvernement pour interdire les publicités de Loto-Québec qui vendent de l'illusion? les publicités de bière et d'alccol qui vendent le plaisir social et l'amusement? les publicités de Mc Donald's qui mettent toujours en scéne des jeunes en pleine forme et pétant de santé?


Cette mesure, avec celle des photo-radars, me fait bien pleurer. N'est-il pas incohérent, par exemple, de vendre légalement des voitures qui peuvent rouler à 180 km à l'heure au Québec alors que la limite de vitesse maximale est de 100? Poser la question, c'est encore y répondre.


Je repense à ce conducteur de 18 ans qui a tué la jeune Bianca Michaud à l'Île-Perrot. Il conduisait la voiture manuelle de sa mère à toute vitesse dans les rues de cette municipalité. Pensez-vous que cet amendement aurait changé quoi que ce soit? N'aurait-il pas mieux valu tenter de le sensibiliser davantage aux risques reliés à la sécurité routière? Ne vaudrait-il mieux pas rendre responsable ceux qui prêtent leur véhicule de la sorte? Je ne sais pas.


Ce que je sais, par exemple, c'est que les loteries, l'alcoolisme et les maladies reliées à l'alimentation n'ont jamais été aussi répandus.

17 décembre 2007

Argent blanc

Dans la catégorie «message social», le Prof masqué vous suggère la prudence quand vous avez envie de retirer de l'argent d'un guichet automatique, surtout ceux n'appartenant pas à une institution financière reconnue. Pourquoi? Lisez le début de cet article de la Presse canadienne, vous comprendrez:

«Les guichets automatiques privés - ceux qui ne sont pas exploités par des institutions financières - peuvent être utilisés pour blanchir de l'argent avec une facilité alarmante, compliquant la tâche de l'agence fédérale chargée d'enquêter sur les transactions illicites.»

Un guichet anonyme dans un bar appartenant à des motards, ça ne vous éveille pas quelques soupçons?

16 décembre 2007

Violence à l'école et solutions

Ce n'est pas partout pareil, mais il faut se rendre à l'évidence: il est fréquent qu'un enseignant doive travailler dans un milieu violent ou les agressions verbales et même physiques sont tolérées, voire acceptées comme faisant partie de la nature de son travail.


La violence en milieu scolaire est un phénomène complexe, mais je ne suis pas surpris qu'on en vienne à des comportements inappropriés et blâmables de la part des profs comme le montrent ces deux cas (ici et ici).
À quelques reprises, j'ai dû me retirer de ma classe, le temps de reprendre mon souffle, tellement certains jeunes cherchaient la confrontation. Aucun enseignant n'est à l'abri d'un dérapage, je crois, et on nous forme peu à gérer cette forme de stress.
On peut blâmer la société, la télévision ou les parents pour le comportement agressant de nos jeunes, mais cet exercice est futile puisque les écoles n'ont aucune influence directe sur ces derniers. Reste à l'école à tenter d'agir sur elle-même pour améliorer une situation qui est loin d'être rose.
Des solutions?
Il existe plusieurs pistes de solutions, mais peu d'entre elles sont mises de l'avant.
De façon générale, un milieu scolaire vivant et propre favorise le respect et l'harmonie. Comment se sentir serein quand l'environnement immédiat tombe en ruines?
De plus, il faut mieux encadrer les éléves en difficulté d'apprentissage ou présentant des problèmes de comportement, notamment en ce qui concerne la consommation de certaines drogues.
On s'ennuie aussi du plan Pagé qui permettait aux jeunes de demeurer après l'école pour participer à des activités parascolaires qui leur faisaient vivre des activités stimulantes à l'école. En banlieue et en région, le fait que tous les gros autobus scolaires partent à la même heure après l'école limite la participation des jeunes. Occuper nos jeunes et ne pas les laisser à eux-mêmes, ce n'est pas si sorcier.
Il existe aussi des campagnes de promotion du savoir-vivre, campagnes auxquelles Gooba fait référence, par exemple. Si on est parfois lent à sanctionner les gestes inappropriés, il est très significatif qu'on ne reconnaisse que très rarement les actions méritantes et louables qui sont, dans les faits, bien plus nombreuses.
À cet égard, à mon école, j'ai suggéré que chaque membre du personnel puisse remettre une mention ou un avis de bon comportement à un jeune qui pose un geste contribuant au mieux-être de l'école (ramasser des détritus près d'une poubelle, aider un confrère handicapé à porter ses livres, etc.). Chaque mention donne alors droit à une participation à un tirage ou l'élève peut se mériter des billets pour une activité culturelle ou sportive, des livres, des vélos, des bons d'achat, etc. L'idée est restée lettre morte. Trop difficile à gérer, j'imagine...
Un autre facteur qui mine le climat d'une école est également les différentes applications du code de vie. Dans certains cas, on est trop extrémiste; dans d'autres, trop permissif.
Dans une école, tous les éducateurs doivent veiller à l'application des règles de conduite. Cependant, les directions jouent un rôle déterminant à la fois parce que ce sont elles qui appliquent les sanctions importantes (renvoi, suspension, etc.) et parce que ce sont elles qui, par leur leadership, incitent le reste du personnel à être rigoureux et cohérent. J'ai connu des directions qui faisaient preuve d'un laxisme incroyable tant dans l'application des règlements que dans la supervision des enseignants. Il faut peu de temps pour que le climat se dégrade, croyez-moi.
Souvent, ce n'est pas que l'application des règlements mais aussi la communication déficiente entre les divers membres du personnel et un suivi inefficace des élèves qui expliquent que certaines écoles deviennent invivables. Des exemples?
  • Un enseignant accueille une nouvelle élève dans sa classe. On prend bien soin de ne pas lui indiquer que celle-ci a écrit des courriels invitant à une fusillade dans l'école d'ou elle a été expulsée, question qu'elle ne soit pas étiquetée par ses nouveaus profs. Et quand celle-ci se battra à coups de poing à l'heure du midi, l'enseignant l'apprendra une semaine plus tard par la «rumeur» puisque la direction de l'école n'indique pas les motifs d'une suspension..
  • Deux élèves avec lesquels l'enseignant a un contact privilégié sont suspendus. Aucune information n'est divulguée sous le prétexte de la confidentialité du dossier des élèves, dossier que l'enseignant peut consulter s'il se rend au bureau de la secrétaire! Finalement, il finira par découvrir que les élèves ont été surpris à consommer des psychotropes à l'école, ce qui lui permettra de discuter drogue avec ces jeunes et de les accompagner comme adulte signifiant dans leurs démarches auprès des intervenants en toxicomanie. Mais encore a-t-il fallu qu'il fasse la démarche de s'informer...
  • Une direction interdit à des enseignants de parler de cas précis d'élèves en réunion de niveau. Il ne faut pas stigmatiser l'élève... Pourtant, combien de fois ai-je vu des jeunes mieux fonctionner quand ils ont compris que l'ensemble des enseignants travaillaient de concert pour les amener à corriger certains comportements répréhensibles? Combien de fois suis-je intervenu pour indiquer que tel jeune fonctionnait bien dans mon cours, remettant ainsi en question la perception incomplète que quelques collègues avaient de ce dernier?
  • Des jeunes peuvent arriver en retard à leurs cours jusqu'à 15 fois dans un mois avant qu'on se penche sur leur cas.
  • Des jeunes reçoivent une remise de temps de 45 minutes pour avoir séché quatre périodes d'une heure.
Revoir le principe de sanction?
Enfin, le mode de sanction appliqué dans les écoles du Québec est peut-être à revoir. En effet, en Ontario, le concept de «justice réparatrice» semble donner de bons résultats si l'on se fie à cet article du Journal de Montréal.
«Avec la méthode réparatrice, le jeune est en présence de la personne lésée et de ses émotions. Il doit trouver lui-même une solution qui convient à la victime. Ça demande pas mal plus qu'une suspension», affirme Claire Beaumont, codirectrice de l'Observatoire canadien pour la prévention de la violence à l'école (OCPVE).
On peut douter qu'au Québec, on ira de l'avant avec une telle méthode. Il est plus facile de punir que d'éduquer. Et même là, on ne fait pas toujours le travail comme il faut. Même avec nos processus actuels de sanction, on explique peu aux enfants et aux parents la portée de leurs gestes. On fait peu participer le jeune à une possible solution du méfait qu'il a posé. Un peu à l'image de l'anecdote d'Énidan...

14 décembre 2007

Nouveau sondage: l'ADQ et l'éducation

Après trop longtemps de silence, voici un nouveau sondage:

Pensez-vous que l'ADQ et Mario Dumont feraient un bon travail en éducation?
  • oui
  • non
  • oui, il ne peut que faire mieux que les autres
  • non, il ne sera pas mieux que les autres
Nouveau sondage, mais aussi nouvelle formule: vous pouvez expliquer votre position sous forme de commentaire à ce billet si vous le souhaitez.

La violence à l'école

On l'a lu dans le Journal de Montréal hier :

«Dans un élan de frustration, le professeur de chorale aurait lancé (notez le conditionnel prudent - et non! ce n'est pas un temps de verbe) une chaise qui a abouti sur un bras du jeune Rafael. L'enseignante l'aurait ensuite agrippé avec vigueur. L'enfant de huit ans a fondu en larmes.»

Il ne fait aucun doute que ce comportement, s'il a eu lieu tel qu'on nous l'a décrit, est inacceptable. À moins d'exceptions prévues par la loi (légitime défense et exercice raisonnable de la contrainte physique dans le contexte de substitut à une autorité parentale), un enseignant ne doit jamais user de la force physique dans le cadre de son travail.

L'article nous apprend aussi:

«On lui (la mère de l'enfant) a dit que l'enseignante était fatiguée, que les enfants ne savaient pas leur chanson par coeur dans son cours de musique, puis elle s'est énervée. Alors, elle a empoigné le premier qui était devant elle, qui était son fils.

Rafael avoue que ses amis étaient indisciplinés. Ils étaient turbulents, agités et certains riaient de l'enseignante. Mais cela n'excuse pas son comportement violent, croit la mère de l'enfant.
La mère de Rafael croit qu'il y a matière à poursuite criminelle. Elle a logé une plainte à la police pour voie de fait simple.»

Ces précisions nous éclairent sur le contexte dans lequel serait survenu ce geste: des enfants qui n'avaient pas préparé le contenu nécessaire au cours, des enfants agités et qui riaient de l'enseignante.

Moi, ce qui me surprend, c'est qu'il n'y ait pas plus de profs que cela qui «pètent leur coche» en éducation, surtout si on regarde les résultats du sondage que j'avais fait il y a longtemps.

Au cours des trois dernières années, avez-vous déjà été victime de...

  • violence physique de la part d'un élève? 1 (4%)
  • violence verbale de la part d'un élève? 13 (54%)
  • violence physique et verbale de la part d'un élève? (7 (29%)
  • je n'ai jamais été victime de violence de la part d'un élève. 3 (12%)
Je sais que celui-ci n'a pas de valeur scientifique, mais les résultats parlent d'eux-mêmes

Dans les faits, j'aurais tendance à croire que le climat, dans les classes du Québec, se serait dégradé depuis des années ou, à tout le moins, que les jeunes en mènent plus large.

Dans certains cas, l'éducation qu'ils reçoivent à la maison les mènent à penser que l'irrespect et la grossièreté sont en tout temps acceptables. Dans d'autres cas, l'école, en refusant d'intervenir et de sanctionner certains comportants, crée son propre malheur.

L'anecdote que nous raconte Énidan est une belle illustration de la discipline (oh! le vilain mot de droite!) laxiste que nous administrons dans les écoles.

Ma conception du rôle de l'éducation est, je le sais, rétrograde, arrièrée, dépassée... mais j'ai toujours estimé que la direction d'une école devait jouer le rôle d'un père. Elle est l'autorité qu'on ne voit pas, qu'on craint et qu'on apprécie quand on devient adulte. Envoyer un élève à la direction, c'est l'envoyer aux travaux forcés, à la mine, à Alcatraz. Règle générale, les élèves ne veulent pas y aller et la seule mention du mot «DI-REC-TI-ON» suffit à les saisir et à les calmer.

Sauf qu'au Québec, on a plus de «moumans» que de «poupas» dans nos directions d'école. On a des individus qui jouent aux psychologues, aux grands frères, à la bonne oreille au lieu d'assumer leur rôle. Souvent, ils dévalorisent - inconsciemment ou non - les enseignants devant les élèves par leurs attitudes, leurs actions et leur inaction.
Et puis, il y a ces collègues de travail qui laissent tout passer, soit qu'ils s'en moquent et sont capables d'un détachement anti-professionnel soit qu'ils sont carrément dépassés. Dans les deux, c'est encore une fois à la direction de l'école de jouer son rôle et d'intervenir avec les mesures appropriées.

Si je reviens au cas de l'enseignante de ce billet, elle a tenté de gérer, pour des raisons que nous ignorons, la situation à l'interne. Mais jamais un ensiegnant ne devrait accepter qu'une classe ou qu'un éléve rit de lui, l'insulte, l'intimide psychologiquement.

De plus en plus, les écoles ont adopté des politiques relatives au harcèlement et à la violence au travail. J'ai hâte qu'un enseignant se serve de celles-ci pour se retirer de sa classe et demander des mesures disciplinaires contre les élèves au comportement inapproprié.

Lors des dernières négociations entourant le renouvellement de notre convention collective, un des moyens de pression mis de l'avant avait été le refus de toute forme de violence en classe. Quelle stupidité d'en faire un moyen de pression ponctuel! Un enseignant devrait TOUJOURS refuser la violence en classe. Mais à écouter les directions d'école et à les regarder agir, on croitait que cela fait partie de notre description de tâche.

Je sais, je sais: je généralise et je m'emporte, mais, vous, mes deux lecteurs qui ne travaillez pas dans une école, vous seriez décontenancés de voir à quel point on tolère l'intolérable. Il n'est pas étonnant, quant à moi, qu'un jour ou l'autre, un prof lance une chaise. Et on ne parle pas de la violence que les enseignants exercent sur eux-mêmes ou sur leur entourage lorsqu'ils sont en détresse.

Fille masquée a déjà dû endurer mes sautes d'humeur reliées au travail. Étant en thérapie active à l'époque, j'ai appris à mieux gérer le stress. Mais ce ne sont pas tous les enseignants qui ont cette chance ou qui la prennent.

Sauf qu'il n'y a pas de quoi à faire un article de journal avec cela...

12 décembre 2007

Bourgault: parole et liberté

C’est Poussière d'étoiles qui m'a rappelé ce soir le reportage de Manuel Foglia sur Pierre Bourgault à Télé-Québec et qui m'invitait à écrire un billet sur ce sujet puisque j'ai déjà suivi un cours avec ce communicateur hors norme.
J'ai connu Bourgault alors que j'étudiais au bac en communications à l'UQAM. Il enseignait le cours «Analyse critique de l'information» et, avec lui, le mot «critique» prenait tout son sens, pour ne pas dire tous ses sens.

Il n'avait pas bonne réputation auprès des étudiants et encore moins auprès des étudiantes. À cause de son homosexualité, on imaginait sans doute qu'il était plus dur avec les femmes qu'avec les hommes. Dans les faits, il était dur avec tout le monde, surtout ceux qui ne toléraient pas la critique.

Après deux ou trois cours au début de la session, on a rapidement changé de format pour de courtes rencontres individuelles avec chaque étudiant. On lui soumettait un texte, il le critiquait, on le retravaillait jusqu'à ce que le maître soit content ou qu'on abandonne.

Premier rendez-vous individuel avec Bourgault. L'étudiant avant moi sort de son bureau ébranlé, presque en larmes. Assis sur ma petite chaise de plastique orange soudainement encore plus petite, je me demande ce que je peux bien faire là. N'importe quel être humain sensé aurait fui. J'étais ou trop imbécile ou trop docile. J'avais attendu mon tour, donc je devais y aller. C'est beau la naïveté...

En trois minutes, Bourgault avait lu mon texte et n'avait rien trouvé à redire. Je ne comprenais pas. C'était ça le matamore intellectuel du département de communications? Le vaniteux? Le fort en gueule? Puis, tout à coup, après quelques instants de réflexion, il s'est mis à m'enguirlander sans être déplacé. Qu'est-ce que je faisais à l'UQAM? Pourquoi je perdais mon temps à l'université?

J'étais trop jeune, je ne connaissais rien de l'homme sinon qu'il avait «été dans la politique». Bref, je ne comprenais pas la force de ce compliment.

Bourgault continuait à me secouer alors que je ne réagissais pas. Au fond, je pense qu'il aimait bien ça.

Finalement, il m'a presque jeté hors de son bureau en m'affirmant qu'il me collerait zéro si je ne faisais pas publier mon texte. Trois jours plus tard, je lui ramenais mon texte, paru dans La Presse et dans Le Devoir en lui demandant s'il allait me le compter double...

Je n'ai jamais su s'il avait apprécié ce texte pour ce qu'il valait ou parce qu'il ramassait joliment un documentaire réalisé par Lise Payette. Quoi qu'il en soit, j'ai fini le cours avec un A et Bourgault, même des années plus tard, lorsque nous nous croisions sur la rue, me saluait en se rappelant et mon nom et mon côté baveux.

À son décès, je me suis souvenu de cette anecdote que j'ai racontée à madame Masquée. Puis, quelques mois plus tard, nous sommes allés voir sa pierre tombale au cimetière Côte-des-Neiges. Une grosse stèle noire, austère, lugubre. Impersonnelle. Conventionnelle. Aussi, il ne faut pas se surpendre si, chaque année, le 24 juin précisément, nous faisons notre gros possible pour aller poser un petit drapeau du Québec sur sa tombe. D'autres ont d'ailleurs la même idée que nous. Et ce jour-là, sa pierre tombale est sûrement la plus belle du cimetière.

Il y a des idées qui ne meurent pas. Heureusement.

Les déjeuners masqués

C'est presque rendue une tradition: avant chaque gros examen d'étape en écriture, j'invite mes élèves à réviser la matière tout en déjeunant en classe. Oh! mon grille-pain n'a rien de comparable avec celui de la photo illustrant ce billet, mais mon vieux Sunbeam 1977 est vaillant.

Au menu donc: du pain grillé, du beurre d'arachides, des confitures pas trop chimiques, à l'occasion des fruits, le tout évidemment fourni à même mon épicerie.

L'idée de ces déjeuners d'avant exeamen m'est venue pour plusieurs raisons

Tout d'abord, plusieurs élèves ne déjeunent pas en se levant. Ils le font à l'école, quand il le font bien sûr! C'est donc une occasion de leur montrer qu'il ne faut pas travailler l'estomac vide. Je joins la parole aux actes. Être conséquent avec son enseignement, c'est fout comme ça vous donne de la crédibilité et comme les élèves vous estiment pour ce que vous faites pour eux.

Il y a aussi ces quelques élèves de mon coin pour qui le déjeuner que j'organise est un repas qui ne coûte rien à leur famille. Ma banlieue riche a des poches de pauvreté, quoi qu'on en pense. J'accueille tout le monde sans exception, parfois même les élèves de mes collègues. Donc, impossible d'identifier qui est là et pourquoi.

Enfin, il y a des raisons pédagogiques. Ce déjeuner est avant tout une occasion pour les élèves de réviser, d'échanger sur l'examen à venir. Il me permet aussi de répondre à leurs dernières questions et de rassurer les plus anxieux.

Avec les années, j'ai compris que cette formule était gagnante et ne présentait que des avantages. Les quelques dollars que coûte ce déjeuner sont un investissement éducatif bien placé. Plus de la moitié de mes élèves viennent faire leur tour, ce qui est un bon résultat quand on sait que l'autre moitié prend l'autobus scolaire!

Une nouveauté cette année: le beurre d'arachides sera sur une table à part, avec son couteau. On va appeler cela un accommodement alimentaire. J'ai demandé à mes élèves s'il y en avait qui était allergique au Super Smoth Crémeux de Kraft. Aucun. On va juste s'assurer d'éviter la contamination croisée au cas...

11 décembre 2007

Réforme: interdiction de mesurer le français

Le titre de ce billet vous semble hallucinant? Attendez de lire le reste de ce dérapage pédagogique.

Ce matin, de retour d'une formation du MELS et de la CS, un collègue d'histoire m'a expliqué qu'il ne pourrait plus donner ou enlever des points pour la qualité de la langue dans les travaux qu'il demande à ses élèves. Pourquoi? Parce que la langue n'est pas une des trois compétences prévues au programme d'histoire. Il ne peut donc exiger formellement de ses élèves qu'ils lui remettent un travail respectueux de la langue française. Dans ce cas précis, il s'agit plutôt d'une compétence transversale qui se perd dans les méandres de l'utopie pédagogique au secondaire. De toute façon, des points, ça n'existe plus, alors pourquoi s'en faire?

On parle bien sûr d'une autre philosophie pédagogique mais pourquoi doit-il changer ce qui marchait bien dans son cours?

Par ailleurs, en histoire, ce collègue me confiait que le contenu du programme était intéressant, mais qu'un élève habile en lecture et en argumentation pourrait ne pas suivre de cours pendant deux ans et réussir malgré tout l'évaluation finale. À l'image de la réforme finalement: un beau contenu mais une évaluation plus que discutable.

Quant à moi, on recule de quinze ans en arrière pour ce qui est du français. Dans les écoles, il en a fallu des discussions pour qu'elles en viennent à adopter des politiques quant à la qualité du français des travaux écrits. Il est illusoire de s'imaginer que, dans une école de 120 enseignants dont les tâches sont souvent fractionnées sur plusieurs préparations, on arrivera à s'asseoir en groupe pour évaluer la façon dont un élève utilise sa langue maternelle dans ses cours.

Quatre trente sous pour une piasse... et encore!

Purement décourageant.

10 décembre 2007

Les accommodements alimentaires

Une journée de fou aujourd'hui. Il y aurait tant de choses sérieuses à raconter, mais je préfère y aller avec de la légèreté.

Ce matin, Prof masqué n'a pas eu le temps de déjeuner à la maison. Qu'à cela ne tienne: il se sustentera à la cafétéria de son école.

  • (ton affamé) Un orde de toast au beurre de pinottes, s"il vous plait.
  • (ton blasé) On a pas de beurre de pinottes.
  • (ton ironique) Vous êtes back order de pinotte?
  • (ton «y'é tu fatiguant») Non, non, on a pu de beurre de pinottes. C't'à cause des allergies.
  • (ton ahuri) Pardon, je ne comprends pas. Il n'y a pas de beurre d'arachide à la cafétéria, pas même des petits contenants individuels que je pourrais tartiner moi-même sur mon pain grillé?
  • (ton «y va-tu s'tanner de ses questions, lui, là») Non, non, on a pas de beurre de pinottes pantoute. C't'à cause des allergies. Din coup que je salirais queuque chose avec mon couteau, pis qu'un jeune en mourirait.

Une question: si je suis allergique aux légumes mous et trop cuits, pouvez-vous interdire le brocoli?

Une question : si j’amène mon beurre d’arachides, est-ce que je peux l’utiliser quand même?

Une question : si je suis allergique à ceux qui imposent tout à la cafétéria, est-ce que je peux créer une commission Bouchard-Taylor?

09 décembre 2007

Famille, pauvreté et école

Vous le savez, et n'en déplaise à tous les «ogues» de l'éducation, il est utopique de vouloir contrer le décrochage scolaire en réformant l'école sans s'intéresser à des phénomènes extérieurs à celle-ci.
Par exemple, quand l'économie va bien, le décrochage est parfois plus élevé dans certaines régions parce que les jeunes décident d'entrer plus tôt dans le marché de l'emploi. À l'inverse, quand l'économie est au ralenti, les jeunes restent davantage sur les bancs de l'école en se disant qu'ils doivent avoir une meilleure formation s'ils veulent percer dans le monde du travail.

Un autre facteur relié au décrochage est bien sûr la famille, les conditions socio-économiques de cette dernière et l'héritage affectif transmis à l'enfant.

Ce matin, il vous faut absoluement lire cet excellent texte d'Elma Elkouri publié dans La Presse à propos du docteur Julien. Je vous en recopie un extrait.

Le pédiatre a souvent dit que la pauvreté dans Hochelaga lui semblait pire que celle qu'il a côtoyée en Afrique ou dans le Grand Nord. "Malgré tous les problèmes, les enfants que j'ai vus là-bas étaient heureux. Ils riaient avec les adultes. Ils couraient partout. Les adultes surveillaient. Il y avait cette notion du village. Alors que dans Hochelaga, je ne voyais pas ces sourires. Je ne voyais pas d'adultes qui s'occupaient d'eux. La vraie pauvreté, c'est la pauvreté des enfants qu'on ne regarde pas".

Cette pauvreté est aussi bien différente de celle observée dans les familles immigrantes de Côte-des-Neiges, où l'enfant est roi, malgré tout, note-t-il. "L'enfant à Côte-des-Neiges a de l'espace, il peut colorier les murs, il peut être un enfant. Dans Hochelaga, les enfants se font mettre dehors. Il ne faut pas qu'ils rentrent trop tôt le soir parce qu'il y a du monde à la maison. Ils traînent. Cette misère-là, je ne l'ai pas vue ailleurs." Même pas dans les favelas du Brésil et de l'Argentine qu'il a visitées l'an dernier, dit-il. "Là aussi, j'ai vu des enfants de bonne humeur, rire, participer à la vie avec les adultes. Et pourtant, il n'y a pas plus pauvre que ça. Ils vont ramasser du carton la nuit pour survivre. J'y ai visité des petites entreprises sociales. Des mères qui se mettent ensemble pour faire du pain. Et les enfants participent et ont du fun. Je n'ai pas vu ça dans Hochelaga..."

Cette pauvreté, je l'ai vue aussi dans des banlieues riches ou j'enseigne. Mais comme elle est couverte de richesses matérielles, elle est moins poignante, moins médiatique, moins touchante.

Bien sûr, je crois fermement que les condition socio-économique dans lesquels est élevé un enfant sont importantes, bien qu'il ne faille pas généraliser. Mais la véritable pauvreté, c'est celle du coeur, celle qui mène à la détresse humaine.

Que fait l'école sur ce plan? Que fait notre société? Que fait notre gouvernement? On se vote des réformes, bien sûr. On fait la charité une fois par année. Mais ou est l'essentiel? Ou est le soutien à la la famille? aux parents? à l'enfant? à l'élève? à l'enseignant?

Parlez-moi de «paradigme de l'apprentissage», je vous parlerai de manger. Parlez-moi de «dictée», je vous parlerai d'amour. Parlez-moi d'«orthophonistes», je vous parlerai de travailleurs sociaux. Parlez-moi d'«aimer l'école», je vous parlerai tout d'abord d'aimer la vie.

J'ai mes utopies. Et je les préfère à bien d'autres. Elles me semblent, à tort ou à raison, plus réalistes et plus efficaces.
En lien avec cette détresse humaine, cette nouvelle sur le site de Radio-Canada:
Le Service de police de la Ville de Montréal fait appel au public pour retrouver le jeune Olivier Cyr, 13 ans, disparu depuis mardi dernier. L'adolescent avait l'habitude de fréquenter la station de métro Outremont.
Selon ses parents, Olivier Cyr avait des problèmes de comportement depuis le début de l'année scolaire, et venait d'être suspendu, mardi. Il pourrait aussi être sous l'influence de la drogue.
Et pourquoi pas, cette série de textes du Journal de Montréal sur les efforts de la DPJ pour aider les jeunes qui lui sont confiés (ici, ici, ici et ici).

07 décembre 2007

La CSDM et le français

La semaine dernière, la CSDM (Commission scolaire de Montréal) annonçait qu'elle entendait développer un plan d'action pour améliorer le français de ses élèves. On ne peut pas être contre la vertu, il faut l'avouer. Ce matin, Le Devoir publiait une lettre de la président de cette commission scolaire qui expliquait le bien-fondé de cette démarche.

Permettez-moi tout d'abord de soulever que celle-ci illustre bien comment le système d'éducation au Québec fonctionne de façon.

Premièrement, la CSDM veut se doter d'un plan d'action sur le français alors que le MELS devrait publier le sien sous peu. Il y a sûrement des particularité régionales dont il faut tenir compte dans le cas de Montréal, mais n'a-t-on pas là un exemple patent de manque de coordination entre les différents intervenants scolaires? Est-ce moi qui comprend mal ou est-on en train de redoubler une même démarche? Oh bien sûr, Mme De Courcy prend bien soin de montrer qu'elle n'est pas à la traîne en écrivant: «D'ailleurs, bien avant que ne s'engage le récent débat sur l'apprentissage du français au Québec, la Commission scolaire de Montréal (CSDM) s'affairait à préparer un important projet: mobiliser ses enseignants autour de la qualité du français.»

Mais peut-on sourire quand ce débat date de toujours et a commencé à reconnaître de la vigueur dans l'actualité il y a plus de deux ans? Peut-on sourire quand le MELS, lui, est déjà en mode écoute depuis plus d'un an?

Deuxièmement, après tout le blablabla du début de sa lettre (quand on en est rendu à mentionner Orsenna, c'est parce qu'on est loin du plancher des classes), Mme De Courcy explique que «Ce débat appartient à ceux qui enseignent le français et qui font l'école. Il est temps qu'ils aient la parole et qu'ils occupent l'avant-scène. On a vu trop de ces gens qui méconnaissent l'école s'improviser experts sans apporter quoi que ce soit de concret ou, minimalement, de constructif. Pour faire évoluer l'apprentissage du français, tous devront conjuguer leurs efforts.»

Chasuble! Mais ce qu"il en faut du temps à un décideur de l'éducation pour se rendre compte d'une telle évidence!

Bon, j'arrête ici de me moquer doucement parce que le reste de la lettre de Mme de Courcy est véritablement porteuse d'espoir quant à certaines perceptions qu'elle a de la situation actuelle. J'en cite un large extrait:

«À titre d'exemple, que faire pour les nombreux élèves du primaire qui perdent leurs repères une fois entrés au secondaire? Peut-on penser organiser des sessions conjointes de travail avec des enseignants du dernier cycle du primaire et du premier cycle du secondaire afin de faciliter la transition? Mettre sur pied des activités institutionnelles de promotion et d'amélioration du français oral et écrit? Donner accès à plus de dictionnaires et de grammaires? Jumeler des bibliothèques scolaires, des bibliothèques municipales et des bibliothèques virtuelles?

Créer un groupe de travail rapprochant les cégeps et la CSDM afin de trouver des moyens de réduire les écarts en français observés à l'arrivée au collégial? Réfléchir sur la formation initiale des enseignants à l'université? Ce sont autant de discussions qui ont présentement cours à la CSDM pour élaborer des modèles prometteurs ou conserver des moyens qui ont fait leurs preuves, comme la dictée... »

Intéressant. Très intéressant. C'est à suivre.

06 décembre 2007

Les parents, l'école et l'État

Ce soir. Un bon souper. Et puis, réflexion blogale.

Dans le fond, plusieurs des billets précédents ont porté sur les devoirs des parents (ici et ici). Il s'en est suivi un échange, somme toute, intéressant.

Or, voilà que, dans un commentaire, Nullus a allumé une réflexion en moi en écrivant:

«De plus, on empiète sur les valeurs des parents, qui ne sont pas tous des enseignant(e)s et qui n'ont pas nécessairement tous été à la même école...

Les parents ont également leur mot à dire et ont le droit de mettre la priorité sur ce qu'ils veulent. Que cela nous plaise ou non.»

Il m'est alors venu en tête diverses pensées, pas nécessairement toutes cohérentes, mais je les partage avec vous.

Dans les faits, en éducation, les parents n'ont pas un grand mot à dire de façon directe dans l'éducation de leur enfant. Le programme de formation et les programmes disciplinaires sont décidés par le MELS. Par exemple, avec le nouveau cours d'éthique et culture religieuse, tous les élèves doivent se familiariser avec les grandes religions du monde. C'est l'État qui décide en consultant bien ici et là, il va sans dire.

Déjà, certains regroupements religieux, les juifs hassidiques entre autres, ont émis leurs réserves à ce sujet. De même pour des parents catholiques pratiquants qui désirent revoir les bons vieux cours d'enseignement religieux dans nos école.

Ne trouvez-vous pas ironique que l'école puisse mettre en contact un jeune avec des valeurs religieuses qui ne sont pas celles désirées par ses parents? La principale raison pour laquelle on agit de la sorte est bien sûr de s'assurer que chaque jeune Québécois ait accès à une éducation pleine et entière avant sa majorité et que celle-ci ne soit pas brimée par les volontés zélotes de parents ultra-fondamentalistes religieux, par exemple.

Par contre, cette volonté d'éducation pleine et entière tombe devant des parents insouciants qui n'apportent pas leur soutien à leur enfant en motivant ses absences à outrance. L'État veut que chaque jeune puisse avoir accès à une instruction, mais il ne peut pas empêcher un parent de motiver injustement les absences de son enfant.

Je ne dis pas que l'école doit disposer de ce pouvoir. Je souris simplement devant cette apparente contradiction. On me pardonnera cette boutade un peu facile mais, légalement, au Québec, il est plus facile d'obliger un Juif d'étudier Mahomet que de garder un jeune à l'école.

05 décembre 2007

Un gouvernement incompétent

On le sait tous: il s'agit de confier un dossier à un fonctionnaire pour que tout s'écroule.

La dernière preuve en ligne : le pot produit par le gouvernement ne serait pas de qualité. Remarquez: si c'est Stephen Harper qui gère le dossier, ça se comprend un peu...

04 décembre 2007

Réforme: une petite montée de lait en passant

Permettez-moi ce matin de ne pas me faire d'ami.

Début de la montée de lait

Depuis l'arrivée de la ministre Courchesne à l'éducation, il est de bon ton chez les défenseurs de la réforme de se plaindre que le Renouveau pédagogique est voué à l'abattoir, que c'est la faute du MELS qui ne lui a pas donné le soutien nécessaire pour réussir, que les médias étaient tous contre celui-ci dès le début, que les méchants syndicats n'en voulaient pas, que de méchants enseignants ont abusé de la place publique pour le discréditer à coups de mensonges, de demi-vérités et de syllogismes pervers et que sais encore!

Je veux bien compatir avec eux, mais une petite mise au point s'impose :
  • La FSE et la CSQ ont déjà appuyé la réforme scolaire à ses débuts. La FSE a même siégé sur la table de pilotage du renouveau. Cet appui a en partie entraîné la création de la FAE, à ce que je sache.
  • Pendant dix ans, le MELS a lavé les oreilles de tous les enseignants du Québec avec cette réforme qui lave-plus-blanc-que-blanc. Les moyens pour la réaliser étaient peut-être insuffisants, mais n'avaient rien de comparable avec le peu qu'avaient ceux qui la contestaient.
  • Pendant dix ans, les commissions scolaires ont lavé les oreilles de tous les enseignants du Québec avec cette réforme qui lave-plus-blanc-que-blanc. Les conseillers pédagogiques et les directions d'école avaient pour mandat précis de nous vendre le renouveau coûte que coûte.
  • Pendant dix ans, tous les ministres de l'Éducation ont lavé les oreilles de tous les enseignants du Québec avec cette réforme qui lave-plus-blanc-que-blanc.: Marois, Legault, Simard... Reid a eu quelques hésitations et a été éjecté pour être remplacé par Fournier qui était tellement insipide et manipulé que c'en était indécent.
  • Pendant dix ans, il a fallu se plier à tous les programmes et décrets de cette réforme qui lave-plus-blanc-que-blanc.
  • Pendant dix ans, le journal Le Devoir a été davantage partisan de la réforme que le Journal de Montréal (assez contre, si on fait exception d'une chroniqueure dont je ne donnerai pas le nom) et le quotidien La Presse (plutôt neutre). Les lettres aux lecteurs des pro-réformes ont davantage été publiées que partout ailleurs.

Pendant dix ans, bref, les partisans de la réforme scolaire ont eu, pour prendre cette image, le gros bout du bâton. Oui, la réforme risque de connaître des modifications majeures, peut-être parce qu'elle ne tient pas toutes ses promesses finalement. Mais ce n'est tout de même pas ma faute si les pro-réformes n'ont pas réussi à l'expliquer correctement aux parents et aux enseignants! Ce n'est tout de même pas de ma faute si certains d'entre eux ont créé de ridicules bulletins avec des bonhommes de couleur! Ce n'est tout de même pas de ma faute si certains d'entre eux ont voulu «régir» ma classe en traitant d'anciennes et d'inefficaces mes méthodes pédagogiques en allant jusqu'à suggérer de ne plus faire d'examens à choix de réponses et de dictées! Ce n'est tout de même pas de ma faute s'ils n'ont pas su gérer les dérapages parmi leurs propres partisans! Ce n'est tout de même pas ma faute s'ils n'ont pas su réajuster certains éléments dès qu'il devenait apparent que certaines difficultés surgissaient. Alors, de grâce, qu'ils s'assument un peu! Quand on propose un changement de la sorte, on a le fardeau de la preuve et on doit avoir le courage de ses convictions. Blâmer les autres pour ses insuccès, c'est un peu lassant à la longue.

Fin de la montée de lait

J'assume tout ce que j'ai écrit, même si j'aurais pu le faire en termes plus élégants. Et je m'excuse auprès de ceux que j'aurais blessés par la véhémence de mes propos, mais il fallait que mes émotions s'expriment.

Bon, maintenant que tous les enseignants sont déprimés parce qu'on leur a imposé une réforme dont ils ne voulaient pas ou parce que la réforme semble être destinée à être réformée, on fait quoi?

03 décembre 2007

Voici ce qui n'a pas fait la une

Lisez ce petit texte bien caché dans les pages du Journal de Montréal. Avouez qu'on se demande dans quel monde on vit. Je recopie ici les premiers paragraphes.

DPJ - Adolescent
Bientôt rapatrié

Le couple de Boucherville soupçonné d'avoir abandonné son fils en Haïti s'est vu retirer la garde légale de son enfant mardi, une étape de plus vers le rapatriement du jeune au Québec.

Le Tribunal de la jeunesse a accordé une requête pour transférer la garde légale de l'adolescent de 16 ans à la Directrice de la protection de la jeunesse.

La DPJ travaille depuis plusieurs mois à rapatrier l'adolescent au Québec. La décision du Tribunal permettra de placer ce dernier dans une famille d'accueil à son retour au Québec.

Adopté en bas âge dans un orphelinat haïtien par un couple de Boucherville, le jeune avait été «retourné » en Haïti vers l'âge de 11 ans, car ses parents n'étaient pas satisfaits de son comportement.

Plusieurs questions.
  • Pourquoi cet article n'est-il pas en première page?
  • Pourquoi les parents ne sont-ils pas poursuivis immédiatement par les autorités pour avoir abandonné leur enfant?
  • Si j'avais abandonné ma blondinette aux yeux bleus en Haïti, la nouvelle aurait-elle reçu un traitement différent?
  • Pourquoi certains s'imaginent-ils qu'il y a une garantie accompagnant les enfants adoptés»?

01 décembre 2007

La lecture, la réforme et les parents! (la suite)

Le dernier commentaire d'Une femme libre quant à mon billet sur le texte de Mme Collard m’amène à certaines réflexions. Je préfère en faire l’objet d’un billet particulier parce que cet échange est stimulant et parce que je ne veux pas qu’il se perde dans la masse des commentaires en suivi à un autre commentaire. Mais retranscrivons ici les propos de celle-ci pour faciliter la compréhension de cet échange.

Une femme libre :

C'est dans la petite enfance que se développerait le goût de la lecture et les habiletés nécessaires pour apprendre à lire. En ce sens, ce que le parent peut faire de mieux et de plus utile est de lire à son enfant. La fameuse histoire qui est intégrée à l'heure du coucher est un moment affectif fort qui associe lecture à plaisir dans l'inconscient de l'enfant.


Les garderies devraient intégrer quotidiennement l'heure du conte à leur horaire, avoir un coin bibliothèque fourni et qui change aussi! Quand il n'y a que dix livres et toujours les mêmes depuis cinq ans dans l'étagère de livres du local, on ne va pas très loin avec ça!

Le problème est complexe et il n'y a pas qu'un coupable et est-il vraiment nécessaire de trouver un coupable plutôt que de chercher des solutions. On assiste ici à une espèce de procès des parents, qui seraient, avec la réforme, responsables de tous les maux de la société et du nivellement par le bas. La réalité, c'est que la grosse majoprité des parents les aiment leurs enfants et essaient de faire de leur mieux, avec ce qu'ils sont, ce qu'ils ont et ce qu'ils peuvent, pour assurer leur bien-être et leur développement.

Effectivement, tout comme vous, je crois que l'enfance est la période privilégiée de plusieurs apprentissages et certains parents jouent très bien leur rôle à cet égard. Comme vous le mentionnez, l'histoire lue avant le dodo en est un bon exemple.

Si vous me relisez, vous verrez cependant que je parle de «certains parents», «des parents» et non pas de «les parents». Madame Collard n'a d'ailleurs pas ce sens des nuances quand elle parle des enseignants.

Cette dernière demande que l'école ne donne plus de devoir pour permettre à des parents de vivre des activités signifiantes et enrichissantes avec leur jeune, activités qui compenseraient les devoirs enfin disparus. Mais combien de parents le feraient véritablement? Combien de jeunes privera-t-on de ce «service essentiel» (pardonnez-moi ce petit clin d'oeil) pour satisfaire une poignée de revendicateurs?

Quand elle écrit : «Quant aux parents, qui n’ont pratiquement pas vu leur enfant de la journée, ils n’ont souvent qu’une envie : passer du bon temps en famille (les caractères gras sont de moi)», je sourcille et demeure perplexe. Certains parents peut-être, mais combien?

De plus, madame Collard affirme que «Des recherches démontrent que l’enfant qui performe bien à l’école ne retirera pas grand-chose de la période de devoirs.» De quelles recherches parlent-elles? Pour sa gouverne, je peux en trouver quelques-unes qui prouvent exactement le contraire.

Elle ajoute par la suite; «Celui qui éprouve des difficultés, qui évolue dans un milieu défavorisé, ou dont les parents ne sont pas en mesure de l’aider risque pour sa part de ne pas faire ses devoirs ou alors de mal les faire.» Alors, pourquoi en donner s’ils sont inutiles? Abolissons simplement les devoirs au lieu de se battre pour donner les ressources nécessaires aux élèves et aux parents en difficulté!

En finalité, et c’est là le caractère pernicieux de l’argumentaire de Mme Collard tel qu’on peut le lire dans La Presse: que ceux réussissent puissent avoir du temps libre et que ceux qui échouent…continuent d’échouer. Je ne suis pas certain qu’elle ait réalisé la portée de son propos, en passant. Elle est habituellement beaucoup plus sensible à certaines problématiques.

Une femme libre, je ne fais pas le procès des parents en général, croyez-moi. J'en connais d'excellents. J'en connais aussi de très mauvais aussi. Seulement, je ne peux rester de marbre devant les propos généralisateurs de Mme Collard. Son texte est empreint d'angélisme et brosse un portrait idyllique des parents. On est complètement hors réalité. Celle que je vis au quotidien dans ma classe.

L’école et les parents doivent se soutenir, quant à moi, dans l’éducation de nos jeunes. L'enseignant est un prolongement du parent et vice-versa. Je remarque cependant que, depuis des années, on remet beaucoup en question l'école, les enseignants, mais rarement les parents. Or, plusieurs des difficultés vécues à l’école ont pour origine le milieu familial de l’élève.

Prenons un cas extrême : si un jeune ne mange pas à sa faim à la maison et qu’il ne peut réussir un examen à l’école, il y a un problème, problème dont le parent n’est peut-être pas responsable, mais dont il est nécessairement une partie de la solution.

Dans un cas moins sensible, quand un père fume un joint avec son fils, il devrait être poursuivi en cour au même titre qu'un parent abuseur. Sauf que les parents sont des payeurs de taxes, sont ceux qui paient nos salaires. Et qui plus est, ils sont aussi des électeurs, ceux qui élisent le ministre de l'Éducation, par exemple. Alors, on se tait.

Oui, l’école a ses torts. Je m’insurge depuis des années pour que l’école donne le meilleur d’elle-même à nos enfants, pour que nos bibliothèques scolaires aient autre chose que de la poussière sur leurs rayons, pour que les incompétents soient invités à se perfectionner ou à se réorienter.

Or, ce dont parle véritablement Mme Collard à travers sa chronique, c’est d’une nouvelle conciliation école-famille. Elle demande de redéfinir ce partenariat qui, quant à moi, ne vaut déjà plus grand-chose. Trop de parents ne jouent plus leur véritable rôle, trop de parents n’appuient plus activement l’école dans l’éducation de leur enfant. Demander d’abolir les devoirs, c’est d’accepter que la situation continue à se dégrader.

Vous écrivez : «La réalité, c'est que la grosse majorité des parents les aiment leurs enfants et essaient de faire de leur mieux, avec ce qu'ils sont, ce qu'ils ont et ce qu'ils peuvent, pour assurer leur bien-être et leur développement.»

Je vous crois. Mais avoir un enfant est une responsabilité importante et on doit faire davantage qu’«essayer». Au Québec, ce mot se traduit par trop souvent par «J’ai fait un effort et ça ne marche pas.» Au Québec, ce mot est l’excuse parfaite pour s’asseoir sur ses deux mains. Au Québec, «essayer» est souvent devenu le contraire de «réussir».

Si on demandait à un parent de renoncer à tous ses avantages pour voir ses enfants réussir (la grosse, maison, les deux voitures, les appareils électroniques, la piscine, etc.), certains y penseraient à deux fois. Voilà une partie du problème de nos jeunes. Et il n’est pas toujours bon de l’écrire tout comme il n'est pas toujours bon de rappeler certains parents à leur... devoir.

Une femme libre, un dernier mot en passant. Comme tous les intervenants sur ce blogue, j’apprécie vos commentaires et le fait que vous nous fassiez part de votre point de vue. Chacune de vos visites m’enrichissent et me permettent de développer ma pensée à l’égard du monde de l’éducation. J’apprends à moins juger, à nuancer davantage mes positions. Cela fait de moi un pédagogue plus complet et plus humain. C’est d’ailleurs un des bienfaits d’un blogue comme je souhaite que le mien soit: permettre d’apprendre sur soi et sur les autres. En ce sens, je vous remercie de vos interventions ici (et cela vaut également pour tous ceux qui participent à cette belle folie masquée).