Dans une lettre aux lecteurs publiée dans Le
Devoir et ayant les allures d’une mauvaise info-pub, Jean-Marc St-Jacques, président de la Fédération
des établissements d’enseignement privés, expliquait récemment pourquoi l’école
privée était meilleure que l’école publique : «C’est parce
qu’elle sélectionne son personnel et le mobilise autour d’un projet éducatif
étoffé et inspirant.» Voilà : rien
de moins. Les enseignants et les projets éducatifs y sont meilleurs! Pourtant,
combien de fois ai-je vu des candidats refusés à l’embauche au secteur public
trouver aisément un emploi dans une école privée? Combien d'élèves expulsés de
ces milieux inspirants se sont retrouvés dans mes classes?
À notre ministre
de l’Éducation qui est présentement en consultation afin de développer des
moyens de favoriser la réussite scolaire du plus grand nombre, ne cherchez
plus! Il
suffit de prendre toutes les directions et les enseignants des écoles privées
et de les envoyer dans nos écoles publiques… Non, le succès de l’école privée ne
s’explique pas par la sélection des élèves qui s’y retrouvent, croit M.
St-Jacques, citant le très peu crédible Institut Fraser, un «think tank» reconnu
pour ses postions de droite et en faveur de la privatisation de l’éducation. Ce
que ce dernier oublie de mentionner est que l’école privée opère, dans les
faits, une sélection très nette basée sur le revenu des parents. Peu de
familles ont les moyens de payer autant pour l’éducation de leurs enfants.
C'est d'ailleurs ce que reconnait l'OCDE, une organisation gauchiste (...),
quand elle cérit: «la relation positive entre établissements privés et
performance s’explique donc en partie par les caractéristiques socioéconomiques
des établissements et des élèves, et non par un avantage intrinsèque des
établissements privés.» (OCDE, 2011b:49) »
Quand on sait que
le statut socio-économique d’un élève est un des principaux prédicateurs de la
réussite d’un jeune à l’école, c’est comme de ne pas vouloir voir un éléphant
dans une garde-robe.