Le gouvernement caquiste a annoncé son intention d'interdire le port des signes religieux chez certains fonctionnaires qui sont, selon lui, en position d'autorité. Cette intention inclurait également les enseignants. Le premier ministre François Legault et son équipe disent que cette position s'inspire de celle du rapport Bouchard-Taylor et de la volonté des Québécois.
Il faut tout d'abord souligner que cette affirmation de M. Legault est inexacte. Le rapport Bouchard-Taylor parlait davantage d'«agents de l'État en position d'autorité coercitive», c'est-à-dire des individus ayant le droit de contraindre quelqu'un à respecter la loi comme un policier, un juge ou un gardien de prison et avait, pour cette raison, exclu les enseignants.
Il ne faut donc pas confondre cette notion d'autorité coercitive avec celle d'agents en position d'autorité ou d'individus représentant des modèles d'autorité. Charles Taylor a d'ailleurs repris vertement le premier ministre sur cette question en indiquant que le plan de CAQ est «soit ignorant soit intellectuellement malhonnête». Selon lui, la CAQ «utilise le rapport pour faire des choses que le rapport condamnait complètement.»
Commençons tout d'abord par nous demander si les enseignants sont en position d'autorité coercitive. La réponse n'est pas aussi évidente qu'on sera tenté de le croire et, sur cette question, je ne prétends pas être un avocat. À ma connaissance, sur ce sujet, un enseignant détient deux pouvoirs importants reconnus par la loi. Ainsi, c'est à lui que les parents délèguent leur autorité lorsque le jeune est sous la responsabilité de l'école. Mais est-on ici dans un contexte de coercition? Je ne crois pas. Le rôle de l'enseignant est davantage d'éduquer et d'instruire un jeune. Un autre pouvoir de l'enseignant (mais aussi d'un directeur, d'un TES ou d'un surveillant) se rapproche davantage de la coercition: c'est celui d'avoir le droit de pouvoir fouiller le casier ou les effets personnels d'un jeune. À ce propos, un enseignant a plus de marge de manoeuvre qu'un policier qui, m'a-t-on expliqué, devrait se munir d'un mandat de perquisition. Ce pouvoir est, bien sûr, balisé légalement mais il vise davantage à assurer la sécurité des élèves d'une école et un climat sain qu'à appliquer la loi en tant que tel. C'est d'ailleurs pour cette raison que l'école fera alors appel, si nécessaire, à des policiers pour que le jeune soit accusé en ce qui a trait au Code criminel.
Si un enseignant n'est pas un agent de l'État exerçant une autorité coercitive, est-il cependant un agent en position d'autorité ou un modèle d'autorité? Dans les deux cas, la réponse est oui. Il y a tout d'abord le fait que l'enseignant exerce l'autorité parentale qui lui a été déléguée et qu'il est un représentant de l'école à qui on demande d'appliquer des mesures disciplinaires prévues dans le code de vie déterminé par le conseil d'établissement de l'école où il travaille. L'enseignant peut aussi être un modèle d'autorité par ses actions, sa gestion de classe, ses rapports avec les élèves, etc. Mais on est loin de l'autorité coercitive.
Pour Simon Jolin-Barrette, ministre de l'Immigration, de la Diversité et de l'Inclusion, qui est responsable de ce dossier: «On se retrouve avec le concensus Bouchard-Taylor plus les enseignants, puisque ceux-ci se retrouvent en position [d'autorité] avec les enfants. Et l'éducation, dans le fond, c'est le prolongement de la notion de l'État au niveau de la laïcité.»
Suivant cette «logique» du gouvernement Legault en éducation, pourquoi limite-t-il sa volonté d'interdire le port de signes religieux ostentatoires qu'aux enseignants du primaire et du secondaire? Parce qu'ils oeuvrent auprès d'individus mineurs? Si c'est le cas, notons plusieurs incohérences. Premièrement, tous les employés d'une école exercent leur métier auprès des jeunes, sont tenus d'appliquer le code de vie et sont parfois des modèles d'autorité: secrétaire, TES, psychologues, etc. Deuxièmement, bien des étudiants sont encore mineurs à leur entrée au cégep. Pourquoi leurs enseignants pourraient-ils alors porter des signes religieux ostentatoires? Troisièmement, comment expliquer que l'enseignant qui travaille à la «maternelle quatre ans» devrait ne pas porter de signe religieux ostentatoire mais pas l'éducateur en garderie ou en CPE qui accueille des jeunes du même âge? Quatrièmement, comment expliquer que les enseignants oeuvrant dans des écoles privées religieuses (subventionnées à même les impôts des Québécois) pourront porter de tels signes, contrairement à leurs collègues de l'école publique? Cinquièmement, pourquoi appliquer cette logique uniquement à l'éducation alors qu'il existe de nombreux autres domaines qui sont le prolongement de la notion de l'État au niveau de la laïcité?
On voit, à travers ces nombreux exemples, l'incohérence de la position du gouvernement Legault. Dans le dossier des signes religieux ostentatoires, la CAQ n'a pas l'excuse de ne pas avoir eu le temps de réfléchir à ce qu'elle ferait avec ceux-ci et elle n'a pas non plus le luxe de se permettre d'être aussi mal préparée dans un débat qui soulèvera assurément bien des passions.
*****
Le 26 octobre, le premier ministre Legault explique que cette interdiction doit inclure « les enseignants qui sont avec des enfants qui sont, d'une certaine façon, vulnérables ». On aimerait comprendre sa logique.
20 octobre 2018
09 septembre 2018
CAQ et sorties culturelles
Le prof masqué reprend du service. Ça tombe bien: on est en campagne électorale!
Aujourd'hui, la Coalition Avenir Québec (CAQ) promet que, si elle était élue, chaque élève pourrait effectuer deux sorties culturelles gratuites par année. Elle prévoit en effet ajouter 25 millions aux 27 millions déjà annoncés récemment par le ministre de l'Éducation, Sébastien Proulx. Il est évident que toute somme d'argent favorisant l'éducation est bienvenue dans nos écoles et encore plus dans le présent cas. De plus, cet argent sera versé directement aux écoles et ce seront la direction et les enseignants qui veilleront à disposer de celui-ci, une façon de fonctionner qui éviterait la bureaucratie rebutante et facilitera le travail des profs.
Quelques bémols cependant.
Tout d'abord, où la CAQ trouvera-t-elle cet argent? Certains analystes jugent en effet son cadre financier fantaisiste. Pour ma part, des prévisions budgétaires misant sur un «effet CAQ» me laisse pantois.
Aujourd'hui, la Coalition Avenir Québec (CAQ) promet que, si elle était élue, chaque élève pourrait effectuer deux sorties culturelles gratuites par année. Elle prévoit en effet ajouter 25 millions aux 27 millions déjà annoncés récemment par le ministre de l'Éducation, Sébastien Proulx. Il est évident que toute somme d'argent favorisant l'éducation est bienvenue dans nos écoles et encore plus dans le présent cas. De plus, cet argent sera versé directement aux écoles et ce seront la direction et les enseignants qui veilleront à disposer de celui-ci, une façon de fonctionner qui éviterait la bureaucratie rebutante et facilitera le travail des profs.
Quelques bémols cependant.
Tout d'abord, où la CAQ trouvera-t-elle cet argent? Certains analystes jugent en effet son cadre financier fantaisiste. Pour ma part, des prévisions budgétaires misant sur un «effet CAQ» me laisse pantois.
Ensuite, un fonds totalisant 52 millions $ pour deux sorties culturelles pour chaque élève du Québec par année, ça risque d'être un peu juste selon la région se situe l'école. La CAQ aurait dû tenir compte de cet aspect qui pénalisera les écoles loin des grands centres. Avec le transport scolaire nécessaire dans bien des cas, le salaire éventuel des suppléants au secondaire, une sortie scolaire au théâtre revient au minimum à 25 dollars. Mais bon: il y a moyen d'arriver. On peut jumeler une sortie au théâtre avec une autre moins couteuse. De plus, certaines institutions culturelles vont peut-être ajuster le prix de leurs billets d'entrée. On remarquera que 52 millions $, c'est peu pour parfaire la culture de nos enfants quand on pense aux centaines de millions dépensés de façon douteuse chaque année par nos gouvernements.
Par ailleurs, pourquoi ne s'en tenir qu'aux sorties culturelles? Où est l'argent pour les sorties reliées à la culture scientifique et aux sports? Ne s'agit-il pas de domaines tout aussi importants dans le développements de nos jeunes?
Également, comme c'est malheureusement le cas actuellement avec les sommes annoncées par le ministre Proulx, est-ce que la CAQ a l'intention de rendre disponibles ce nouvel argent aux écoles privées qui, elles, peuvent légalement exiger des frais pour des sorties culturelles aux parents, contrairement aux écoles publiques? Si oui, on comprendra que cette façon de procéder constitue une autre subvention indirecte à ces institutions qui sont tout sauf privées finalement et que la situation devient encore plus inégale pour les écoles publiques.
Enfin, dans tout ce débat entourant les sorties scolaires, ce qui est embêtant est que ni la CAQ, ni le PLQ, ni le PQ n'ont véritablement pris position sur le principe de la gratuité scolaire et ses conséquences sur la réalité des écoles publiques. Qu'on pense aux impacts sur les programmes à vocation particulière (international, sport-étude, etc.) et les cours à option. Les écoles nagent encore dans un flou «artistique» et on devrait exiger que nos formations politiques se prononcent clairement sur celui-ci.
15 juin 2018
Éducation : Un ministre qui a davantage pensé à son avenir politique
Maintenant que les travaux parlementaires sont terminés à l’Assemblée nationale, la tradition veut qu’on évalue les actions effectuées au cours de la dernière année par le gouvernement. En éducation, le bilan du ministre Sébastien Proulx est plus que mitigé et un universitaire comme Égide Royer, qui lui donnait 8 sur 10 en 2017, n’hésite pas à lui remettre aujourd’hui une note de 3 sur 10.
Oublions l’excellence
La création d’un institut national
d’excellence en éducation, dont le ministre Proulx nous vantait il n’y a pas si
longtemps les mérites, semble avoir été passée à la trappe. En effet, l’homme
politique ne dit plus un mot sur celui-ci. Il faut croire que les données
probantes et les études rigoureuses, des expressions dont il émaillait
régulièrement ses discours, sont moins importantes que les retombées
électorales de certaines décisions populaires mais dont la pertinence et l’efficacité
n’ont pas été démontrées. Plusieurs vous le diront : ce genre d’institut
constitue un intervenant gênant quand on veut avoir les coudées franches. Déjà
que le ministre doit se dissocier régulièrement des avis du Conseil supérieur
de l’éducation, pourquoi irait-il s’encombrer d’un organisme de la sorte?
Le Lab-École décolle-t-il vraiment?
Non,
le modèle que le ministre semble privilégier est le Lab-École de l’architecte Pierre Thibault, du
promoteur de sport Pierre Lavoie et du chef cuisinier Ricardo Larrivée.
Les récentes nouvelles concernant celui-ci
ressemblaient d’ailleurs davantage à des annonces électoralistes réchauffées et
ont été qualifiées de floues par plusieurs journalistes.
Ainsi, en mai dernier, le
ministre Proulx parlait de mettre du «wow» dans sept écoles en ajoutant 2
millions à une enveloppe de 60 millions pour des projets déjà prévus et qui
verront le jour au plus tôt en 2021. On a l’impression que peu a été fait dans
ce dossier et que nos Three Amigos de la
réussite ont répété des lieux communs déjà mentionnés en novembre 2017. Pierre Thibault, qui se prête à cette
mascarade politique, a affirmé: «L’école, on va la développer ensemble, on ne la connaît pas encore.»
On peut se demander comment le
ministre en est arrivé à remettre en question toute l’expertise universitaire
mais aussi celle du MEES alors que ces trois individus sont si peu avancés
après une année. On comprend que la recette magique qu’ils préconisent pour l’école
québécoise - du pain, des murs et des jeux - semble davantage relever de
mesures populaires que de pratiques efficaces. Personne ne peut être contre la
vertu, personne ne peut être contre de belles écoles où les élèves bougent et
mangent bien, mais si on veut améliorer la réussite des élèves québécois, les
façons d’y parvenir vraiment n’ont rien à voir avec ce qu’on nous propose. À
cout égal, il existe des mesures bien plus reconnues. Mais doit-on s’en étonner
quand un ministre en quête de réélection préfère le Lab-École à un institut d’excellence
en éducation?
Par ailleurs, il
flotte un certain malaise dans tout ce dossier. Voilà trois hommes dont les
idées ont été retenues par un ministre et qui ont eux-mêmes des intérêts en
éducation. Que feront-ils de cette expertise du milieu scolaire québécois qu’ils
se sont construite au cours des derniers mois en partie à nos frais? Difficile
de ne pas penser que ceux-ci vivront un jour de potentielles situations de
conflits éthiques. Qui aura les contrats d’architecture? Qui s’occupera de
nourrir les élèves? Chose certaine, ils se sont développé, avec la complicité
du ministre, une importance reconnaissance aux yeux du public et de certains décideurs
scolaires. Quand un traiteur affiche que les repas qu’il offre à la cafétéria d’une
école secondaire publique sont des recettes de Ricardo, on réalise les risques
de dérapage.
Et puis, comment
expliquer le silence de ce même Ricardo devant le refus du ministre Proulx d’appuyer
un projet de la CSDM d’offrir des repas gratuits à ses élèves des écoles primaires
et secondaires? Comment peut-il appuyer l’idée que les élèves mangent mieux sans
s’insurger devant le fait que certains ne mangent pas du tout? Maintenant qu’il
est devenu une personnalité publique en éducation, peut-on lui souligner que
cette attitude est incohérente?
Les frais exigés aux parents
Voilà un dossier qui remonte à 2010 et que l'actuel ministre de l'Éducation a laissé trainer depuis qu'il a été nommé à ce poste depuis deux ans, de peur de devoir se prononcer quant
à la gratuité scolaire. Bien sûr, il a eu l’excuse facile de
dire que cette question était devant les tribunaux et qu’il fallait laisser la
justice suivre son cours. Bien sûr, il a appelé les commissions scolaires et
les parents plaignants à en venir à une entente. Mais voilà : maintenant cette
entente survenue, il se réfugie derrière celle-ci sans manifestement trop
comprendre ses impacts et promet un vague consultation sur la gratuité scolaire
en 2019… s’il est réélu.
En deux ans donc, le
ministre, qui a pourtant écrit à titre personnel un livre sur sa
vision de l’éducation, n’a pas réussi à élaborer quelque scénario que ce soit
quant à cette question. C’est un peu comme s’il était encore à la case départ
dans ce dossier. Dans les faits, on peut surtout penser que M. Proulx a décidé
de reléguer cette question électoralement sensible aux oubliettes de l’été et,
pour la prochaine année, ce sont les écoles, les commissions scolaires et son éventuel successeur qui devront gérer les résultats de son inaction. Et quels résultats!
Pour la prochaine année scolaire, il faut savoir que les choix d'école par les parents sont déjà faits. Les élèves sont déjà admis dans des programmes particuliers. Les tâches des enseignants sont déjà effectuées. Les choix de cours des élèves sont déjà complétés. Dans la plupart des écoles, les frais exigés aux parents ont déjà été adoptés par les conseils d'établissement. Mais n'empêche: le ministre ne semble pas au fait de cette réalité.
Si l'on comprend bien la directive du ministre, l'école ne peut plus exiger de frais d'inscription pour les programmes particuliers. Par exemple, dans les programmes d’éducation intermédiaire (PÉI), on retrouve des frais pour que l’enfant puisse obtenir sa certification de l’OBI (organisation du bac international) et de la SÉBIQ (Société des écoles du monde du BI du Québec et de la francophonie). Qui paiera dorénavant ces frais? De même, qu’arrivera-t-il si l’école offre un programme particulier avec l’achat d’un portable? Ce programme particulier (non obligatoire) peut-il encore exiger des frais d’inscription et d’achat pour cet appareil électronique? Si non, qui les paiera?
De façon plus générale, le ministre est-il conscient qu’une telle balise pourrait fragiliser bien des programmes particuliers qui permettent à l’école publique d’offrir des environnements pédagogiques stimulants à des enfants dont les parents n’ont pas nécessairement les moyens de les envoyer à l’école privée? On dirait bien que non.
Pour la prochaine année scolaire, il faut savoir que les choix d'école par les parents sont déjà faits. Les élèves sont déjà admis dans des programmes particuliers. Les tâches des enseignants sont déjà effectuées. Les choix de cours des élèves sont déjà complétés. Dans la plupart des écoles, les frais exigés aux parents ont déjà été adoptés par les conseils d'établissement. Mais n'empêche: le ministre ne semble pas au fait de cette réalité.
Si l'on comprend bien la directive du ministre, l'école ne peut plus exiger de frais d'inscription pour les programmes particuliers. Par exemple, dans les programmes d’éducation intermédiaire (PÉI), on retrouve des frais pour que l’enfant puisse obtenir sa certification de l’OBI (organisation du bac international) et de la SÉBIQ (Société des écoles du monde du BI du Québec et de la francophonie). Qui paiera dorénavant ces frais? De même, qu’arrivera-t-il si l’école offre un programme particulier avec l’achat d’un portable? Ce programme particulier (non obligatoire) peut-il encore exiger des frais d’inscription et d’achat pour cet appareil électronique? Si non, qui les paiera?
De façon plus générale, le ministre est-il conscient qu’une telle balise pourrait fragiliser bien des programmes particuliers qui permettent à l’école publique d’offrir des environnements pédagogiques stimulants à des enfants dont les parents n’ont pas nécessairement les moyens de les envoyer à l’école privée? On dirait bien que non.
Dans la même veine, le ministre a indiqué que «Les sorties
et les activités éducatives organisées en application du régime pédagogique et
du calendrier scolaires [sont] gratuites», mais pas les «activités
parascolaire» ou les «sorties culturelles» facultatives. Ainsi, dans le cadre d’un
cours de français, un enseignant qui veut amener ses élèves au théâtre ne
pourra plus demander aux parents de payer pour cette sortie culturelle s’il
demande un travail d’analyse à leur enfant. Qui paiera alors? Si cette
sortie devient facultative le soir et qu’il ne demande plus de travail, les élèves
pourront-ils y aller?
Est-ce la même chose pour les cours optionnels? Par exemple,
pourra-t-on encore exiger des frais à des parents qui inscrivent leur enfant à
un cours de théâtre afin d’aller voir des pièces en salle? Même chose pour le
cours optionnel en art où l’enseignant voudrait amener ses élèves voir une
exposition dans un musée?
À toutes ces questions le ministre explique que, dans le cadre de sa nouvelle politique culturelle, son gouvernement a ajouté 7 millions au trois déjà prévus pour ce qui est des sorties culturelles au budget du ministère de la Culture. Cet ajout ne sera jamais suffisant. Déjà, certaines écoles facturaient 30$ aux parents AVEC le budget existant de 3 millions. Et comment sera attribuée cette somme? par école? Par élève? Aux premiers arrivés?
À toutes ces questions le ministre explique que, dans le cadre de sa nouvelle politique culturelle, son gouvernement a ajouté 7 millions au trois déjà prévus pour ce qui est des sorties culturelles au budget du ministère de la Culture. Cet ajout ne sera jamais suffisant. Déjà, certaines écoles facturaient 30$ aux parents AVEC le budget existant de 3 millions. Et comment sera attribuée cette somme? par école? Par élève? Aux premiers arrivés?
Si tel est le cas, le ministre réalise-t-il que, peu de sorties scolaires auront lieu et que des entreprises culturelles verront le nombre de leurs spectateurs ou de visiteurs baisser de façon significative, ce qui pourrait mettre en péril leur existence même? Déjà, bien des commissions scolaires et des écoles ont décidé de ne planifier aucune sortie de ce type l’année prochaine.
L’avenir des commissions scolaires
En ce qui a trait aux
commissions scolaires, le ministre Proulx, tout comme bon nombre de dirigeants
de celles-ci, vit dans une certaine forme de déni. Il existe actuellement au
Québec un mouvement fort préconisant soit leur réforme soit leur abolition. Or,
en reportant l’élection des différents commissaires scolaires en 2020 sous
prétexte que la date actuelle de celle-ci du 4 novembre est trop proche du
scrutin provincial du 1er octobre, on présume que le ministre tient
surtout à éviter que la gouvernance scolaire devienne un enjeu électoral dont
il pourrait sortir perdant à cause de l’inaction de son parti sur cette
question. Il a compris qu’il lui est inutile de donner des munitions
supplémentaires à la CAQ sur ce sujet.
À moins d’être naïf, il est
difficile de croire que le ministre Proulx se soit soudainement rappelé cette
proximité électorale pourtant connue depuis des années. Quant à son idée que ce
délai de deux ans permettra aussi d’explorer une façon de rendre cette élection
plus accessible, notamment en implantant le vote à distance, notamment par
Internet, peut-on indiquer que cette suggestion a été soulevée aussi loin qu’en
2010 et que rien n’a été fait depuis?
Quand on regarde les actions
et les inactions de M. Proulx, cyniquement, on pourrait penser que ce ministre
semble davantage travailler à la réussite de sa réélection et à celle de son parti
qu’à régler véritablement les dossiers importants qu’il a devant lui. Il est
inconcevable que ce dernier affiche le même sourire aujourd’hui en annonçant
des «investissements» en éducation que lorsque le gouvernement auquel il
appartient se livrait à ce que le premier ministre Couillard appelait un
exercice de rigueur budgétaire. Cette façon de gouverner à courte vue dans le
but d’être réélu explique aisément les maux qui affligent notre système d’éducation
depuis des décennies et ce sont surtout les élèves qui ont font les frais. Parfois,
pour paraphraser George Clémenceau, c’est à se demander si l’école est une chose trop grave pour la confier à
des politiciens.
22 mai 2018
Il est minuit et deux, Monsieur le Ministre
Le 10 mai dernier, des représentants de parents acceptaient une offre de règlement de 153 millions $ visant à régler un recours collectif concernant les frais que certaines écoles n'auraient jamais dû leur exiger. Le ministre de l'Éducation, Sébastien Proulx, annonçait alors qu'il ferait connaitre «bientôt» les balises pour encadrer de tels frais de la part des établissements scolaires.
Le 10 avril dernier, le ministre Proulx s'engageait à présenter de telles balises «au cours des prochaines semaines, d'ici la fin de l'année scolaire.»
Le 12 octobre 2017, le ministre Proulx disait attendre un rapport sur cette question de la Fédération des commissions scolaires du Québec vers la mi-décembre avant de se prononcer. LA FCSQ s'est finalement retiré du groupe de travail chargé d'examiner les frais exigés aux parents de crainte de s'incriminer quant au recours collectif auquel elle faisait face et le rapport n'a finalement jamais été déposé.
Le 22 aout 2017, le ministre Proulx indiquait que son ministère se penchait sur la question des frais exigés aux parents et précisait: «Je pense que cette année, on va bouger sur cette question-là.»
Nous sommes le 22 mai 2018. Le ministre Proulx n'a pas toujours pas fait connaitre quelles balises devraient guider les écoles par rapport aux frais exigés aux parents. La question n'est pas nouvelle. Le recours collectif réglé ce mois-ci a été déposé en 2013. Un recours semblable avait également été déposé en 2010 contre la commission scolaire des Grandes-Seigneuries et celle-ci avait alors également conclu une entente avec les parents. Par ailleurs, quelqu'un a-t-il informé le ministre que ces balises auraient dû être annoncées au début du mois de mai avant que les directions d'école présente à leur conseil d'établissement les frais exigés aux parents pour la prochaine année scolaire?
Actuellement bien des directions d'école ont dû déposer devant leur conseil d'établissement une liste des frais exigés aux parents pour l'année scolaire 2018-2019 tout en ignorant quelles seraient les lignes directrices du ministère. Certaines craignent de devoir refaire tout ce travail, d'autres n'ont pas pris de chance et ont simplement annulé toutes les sorties culturelles et éducatives pour la prochaine année. Le ministre réalise-t-il que le fait qu'il ne se soit pas encore prononcé sur ce sujet occasionne certains problèmes dans les différents établissements scolaires du Québec?
Par ailleurs, sur un autre plan, se peut-il que certains producteurs culturels, acteurs et artistes ne suivent absolument pas ce dossier? Alors que lors des différents boycotts par les enseignants de différentes activités culturelles et parascolaires, ils n'avaient pas hésité à se dire «pris en otages» et à dénoncer ces moyens de pressions, pourquoi sont-ils étrangement muets devant l'abandon complet de plusieurs sorties scolaires? Et un peu méchamment, devant qui iront-ils manifester cette fois-ci? Sûrement pas devant le siège de la CSQ. :)
Le 10 avril dernier, le ministre Proulx s'engageait à présenter de telles balises «au cours des prochaines semaines, d'ici la fin de l'année scolaire.»
Le 12 octobre 2017, le ministre Proulx disait attendre un rapport sur cette question de la Fédération des commissions scolaires du Québec vers la mi-décembre avant de se prononcer. LA FCSQ s'est finalement retiré du groupe de travail chargé d'examiner les frais exigés aux parents de crainte de s'incriminer quant au recours collectif auquel elle faisait face et le rapport n'a finalement jamais été déposé.
Le 22 aout 2017, le ministre Proulx indiquait que son ministère se penchait sur la question des frais exigés aux parents et précisait: «Je pense que cette année, on va bouger sur cette question-là.»
Nous sommes le 22 mai 2018. Le ministre Proulx n'a pas toujours pas fait connaitre quelles balises devraient guider les écoles par rapport aux frais exigés aux parents. La question n'est pas nouvelle. Le recours collectif réglé ce mois-ci a été déposé en 2013. Un recours semblable avait également été déposé en 2010 contre la commission scolaire des Grandes-Seigneuries et celle-ci avait alors également conclu une entente avec les parents. Par ailleurs, quelqu'un a-t-il informé le ministre que ces balises auraient dû être annoncées au début du mois de mai avant que les directions d'école présente à leur conseil d'établissement les frais exigés aux parents pour la prochaine année scolaire?
Actuellement bien des directions d'école ont dû déposer devant leur conseil d'établissement une liste des frais exigés aux parents pour l'année scolaire 2018-2019 tout en ignorant quelles seraient les lignes directrices du ministère. Certaines craignent de devoir refaire tout ce travail, d'autres n'ont pas pris de chance et ont simplement annulé toutes les sorties culturelles et éducatives pour la prochaine année. Le ministre réalise-t-il que le fait qu'il ne se soit pas encore prononcé sur ce sujet occasionne certains problèmes dans les différents établissements scolaires du Québec?
Par ailleurs, sur un autre plan, se peut-il que certains producteurs culturels, acteurs et artistes ne suivent absolument pas ce dossier? Alors que lors des différents boycotts par les enseignants de différentes activités culturelles et parascolaires, ils n'avaient pas hésité à se dire «pris en otages» et à dénoncer ces moyens de pressions, pourquoi sont-ils étrangement muets devant l'abandon complet de plusieurs sorties scolaires? Et un peu méchamment, devant qui iront-ils manifester cette fois-ci? Sûrement pas devant le siège de la CSQ. :)
06 mai 2018
Utiliser l'ordi lors d'un examen d'écriture
Dans le Journal de Québec, on publie aujourd'hui un article indiquant que le MEES songe à permettre aux élèves d'utiliser un ordinateur et un logiciel de correction comme Antidote lors de l'épreuve d'écriture de cinquième secondaire. Une recherche a même été effectuée auprès de 300 élèves à cet effet. Certaines des conclusions de celle-ci rejoignent ce que l'on constate déjà depuis des années sur le terrain, soit que les élèves qui ont utilisé Antidote ont effectué moins d'erreurs et que ceux qui ont utilisé l'ordinateur sans correcteur, eux, en ont fait davantage que leurs confrères munis seulement d'un crayon et d'une feuille de papier.
La principale raison expliquant le deuxième constat est assez simple: des élèves qui n'ont pas l'habitude d'utiliser l'ordinateur sont «bousculés» dans leurs repères et leurs techniques de correction. Dans bien des cas, ils voient moins leurs fautes à l'écran que sur le papier parce que leur oeil, par un phénomène bien connu, a davantage tendance à «reconstruire» correctement un mot mal orthographié quand il est écrit à l'ordinateur.
Actuellement, il faut savoir qu'il est déjà permis d'utiliser un ordinateur sans logiciel de correction pour compléter l'épreuve du MEES. La principale condition pour ce faire, par contre, est qu'on doit démontrer que l'élève est habileté à le faire, c'est-à-dire qu'il a appris à utiliser l'ordinateur pour rédiger, ce qui est une bonne idée quand on pense aux résultats de la recherche mentionnée plus haut.
Ce que l'on remarque cependant est que ceux qui sont vraiment habiletés à utiliser l'ordinateur réussissent mieux, même sans correcteur, tout simplement parce qu'ils gagnent presque 40 minutes sur un examen qui en dure 195 parce qu'ils n'ont pas à retranscrire leur brouillon au propre. Personne ne soulève cet avantage indu dont bénéficient actuellement des élèves de certaines écoles où l'on exige l'achat d'un appareil électronique ou bien où l'on fournit ce dernier.
Plusieurs difficultés empêchent présentement l'utilisation à large échelle d'un appareil électronique lors d'évaluations en français. La première est bien sûr que les élèves n'ont pas un accès fréquent à un tel appareil afin de devenir habiletés à l'utiliser. La seconde est de s'assurer de la sécurité de la passation de l'épreuve afin d'éviter le plagiat ou la tricherie.
Sur la question de fond, à savoir si les élèves devraient utiliser ou non un logiciel de correction lors de leurs examens d'écriture, les avis sont partagés chez les enseignants. Ceux en faveur de cette idée indiquent qu'en 2018, il est temps qu'on apprenne aux élèves à utiliser un logiciel de correction en classe. Ils vont comparer cet outil à la calculatrice graphique utilisée en mathématique, par exemple. Ils souligneront aussi que ce logiciel peut favoriser l'apprentissage en indiquant à l'élève ses erreurs et comment les corriger. Ceux qui sont en défaveur se demandent plutôt si on aide vraiment l'élève à bien écrire en lui fournissant un tel outil. Ils donneront le même exemple de l'utilisation de la calculatrice qui a amené certains élèves à ne plus savoir multiplier ou diviser sans cet outil.
Selon mon expérience, l'utilisation d'un logiciel de correction à l'école avantagera les élèves déjà bons en français. Ceux-ci jouissent effectivement d'une bonne compréhension de la grammaire française et de sa logique interne. Ils n'en deviendront que meilleurs. Pour les élèves faibles et moyens, il est fort probable que leurs résultats s'amélioreront sans qu'ils comprennent pour autant ce qu'ils feront.
Pour ma part, l'utilisation d'un correcteur ne sera pas une panacée et ne remplacera pas l'enseignant, du moins pour quelques années encore si on se base sur l 'état actuel des programmes informatiques basés sur des concepts de l'intelligence artificielle. Il existe des limites à ce qu'un logiciel peut présentement expliquer à un jeune. Pour ce qui est de l'avenir, par contre, même avec une aide électronique plus développée, l'école et ses enseignants seront toujours aussi nécessaires, mais d'une façon différente. Ils devront mieux éveiller les jeunes à la logique, la beauté et les créations reliées à cette langue qui est la nôtre.
La principale raison expliquant le deuxième constat est assez simple: des élèves qui n'ont pas l'habitude d'utiliser l'ordinateur sont «bousculés» dans leurs repères et leurs techniques de correction. Dans bien des cas, ils voient moins leurs fautes à l'écran que sur le papier parce que leur oeil, par un phénomène bien connu, a davantage tendance à «reconstruire» correctement un mot mal orthographié quand il est écrit à l'ordinateur.
Actuellement, il faut savoir qu'il est déjà permis d'utiliser un ordinateur sans logiciel de correction pour compléter l'épreuve du MEES. La principale condition pour ce faire, par contre, est qu'on doit démontrer que l'élève est habileté à le faire, c'est-à-dire qu'il a appris à utiliser l'ordinateur pour rédiger, ce qui est une bonne idée quand on pense aux résultats de la recherche mentionnée plus haut.
Ce que l'on remarque cependant est que ceux qui sont vraiment habiletés à utiliser l'ordinateur réussissent mieux, même sans correcteur, tout simplement parce qu'ils gagnent presque 40 minutes sur un examen qui en dure 195 parce qu'ils n'ont pas à retranscrire leur brouillon au propre. Personne ne soulève cet avantage indu dont bénéficient actuellement des élèves de certaines écoles où l'on exige l'achat d'un appareil électronique ou bien où l'on fournit ce dernier.
Plusieurs difficultés empêchent présentement l'utilisation à large échelle d'un appareil électronique lors d'évaluations en français. La première est bien sûr que les élèves n'ont pas un accès fréquent à un tel appareil afin de devenir habiletés à l'utiliser. La seconde est de s'assurer de la sécurité de la passation de l'épreuve afin d'éviter le plagiat ou la tricherie.
Sur la question de fond, à savoir si les élèves devraient utiliser ou non un logiciel de correction lors de leurs examens d'écriture, les avis sont partagés chez les enseignants. Ceux en faveur de cette idée indiquent qu'en 2018, il est temps qu'on apprenne aux élèves à utiliser un logiciel de correction en classe. Ils vont comparer cet outil à la calculatrice graphique utilisée en mathématique, par exemple. Ils souligneront aussi que ce logiciel peut favoriser l'apprentissage en indiquant à l'élève ses erreurs et comment les corriger. Ceux qui sont en défaveur se demandent plutôt si on aide vraiment l'élève à bien écrire en lui fournissant un tel outil. Ils donneront le même exemple de l'utilisation de la calculatrice qui a amené certains élèves à ne plus savoir multiplier ou diviser sans cet outil.
Selon mon expérience, l'utilisation d'un logiciel de correction à l'école avantagera les élèves déjà bons en français. Ceux-ci jouissent effectivement d'une bonne compréhension de la grammaire française et de sa logique interne. Ils n'en deviendront que meilleurs. Pour les élèves faibles et moyens, il est fort probable que leurs résultats s'amélioreront sans qu'ils comprennent pour autant ce qu'ils feront.
Pour ma part, l'utilisation d'un correcteur ne sera pas une panacée et ne remplacera pas l'enseignant, du moins pour quelques années encore si on se base sur l 'état actuel des programmes informatiques basés sur des concepts de l'intelligence artificielle. Il existe des limites à ce qu'un logiciel peut présentement expliquer à un jeune. Pour ce qui est de l'avenir, par contre, même avec une aide électronique plus développée, l'école et ses enseignants seront toujours aussi nécessaires, mais d'une façon différente. Ils devront mieux éveiller les jeunes à la logique, la beauté et les créations reliées à cette langue qui est la nôtre.
31 mars 2018
Codes vestimentaires dans les écoles : cachez ce que je ne saurais voir
Récemment, des élèves
de la région de Québec portant un carré jaune ont remis en question les règles
entourant la tenue vestimentaire permise dans leurs écoles. La relance de cet éternel débat montre bien
toute l’hypocrisie et le malaise entourant la définition des genres mais aussi la
sexualité de nos jeunes.
Des codes vestimentaires genrés et s’adressant
à tous les élèves
Tout d’abord, il est
indiscutable que ces codes de vie sont genrés : ils définissent ainsi la
tenue vestimentaire des élèves selon un genre : par exemple, un garçon
porte un short; une fille, une jupe. Mais que fait-on devant les cas des élèves
qui ne s’identifient pas au genre qui leur a été assigné à la naissance? On
peut alors comprendre que le jeune qui vit une volonté d’affirmation de son
identité de genre ne se sente pas nécessairement accueilli dans sa démarche. Chaque
école, chaque commission scolaire a ses propres règles – écrites et non écrites
- en la matière. L’absence de directives ministérielles claires à ce propos
rend d’autant plus insécurisante toute demande de la part d’un jeune vivant
cette situation.
Il y a quelques
années, on m’a rapporté le cas de garçons venus à leur école secondaire en kilt
pour souligner la Saint-Patrick. On a commencé par leur souligner qu’un homme
ne pouvait pas porter une jupe puisqu’il s’agissait d’un vêtement
essentiellement féminin. On s’est par la suite ravisé devant cet argument qui
ne tenait pas la route pour plutôt invoquer qu’il s’agissait d’une tenue
excentrique. Heureusement que ces élèves ne s’appelaient pas O’Connor ou
O’Brien mais plutôt Mongrain ou Chênevert car ils auraient bien embêté les
autorités de mon école en invoquant leurs racines culturelles…
Un autre point qui a
été soulevé récemment par ces carrés jaunes veut que ces codes soient essentiellement
discriminatoires envers les filles. Or, il serait bien plus exact d’indiquer que
ces codes limitent tous les élèves, quel que soit leur genre, dans leurs choix
vestimentaires. Ainsi, généralement, pour les garçons, de nombreuses règles
interdisent le port de la camisole en classe (comme des maillots de basketball)
ou de pantalons très bas sur les hanches. Dans les faits, c’est le choix de
tous les jeunes qui est limité ici, mais il faut noter que les filles sont
souvent plus visées par la mode, les pressions sociales définissant le corps
féminin et l’hypersexualisation.
Un malaise quant à l’éducation et l’affirmation
de nos jeunes
Bien des intervenants
éprouvent un malaise quand vient le temps de déterminer les règles entourant une
tenue vestimentaire acceptable dans nos écoles. On comprendra qu’il s’agit
d’une situation qui soulève des points de vue moraux, éthiques, parfois même religieux.
Ces intervenants sont aussi remis en question quant à leurs valeurs et à ce qui
constituent souvent chez eux des préjugés. Ils vivent aussi ce qu’on peut
appeler un choc générationnel.
«Pute ou prude», voilà
le choix qu’on semble donner à plusieurs jeunes filles qui vivent un
déchirement entre les valeurs d’appartenance à une image de la femme véhiculée
dans notre société et les valeurs de certaines familles ou écoles. Si l’on
était cynique, on pourrait se demander où est la différence entre ces établissements
scolaires dont les règlements excluent certains vêtements et ces religieux zélés
obligeant des femmes à porter une tenue «modeste»? Dans les faits, il n’y en a aucune dans la
mesure où chacun des deux considère que la jeune fille est responsable des
regards pervers qu’elle attire. Pourtant, n’y aurait-il pas lieu de
véritablement éduquer nos enfants à ce sujet?
On pourra souligner
que le ministère de l’Éducation instaurera un programme d’éducation à la
sexualité l’année prochaine dans les écoles québécoises. Mais faut-il rappeler
toute la saga entourant celui-ci? Contenu flou, personnel peu formé : il
est difficile de croire que cette initiative règlera quoi que ce soit à ce
sujet.
Bien sûr, certains
diront que l’école a pour rôle de former les jeunes au marché du travail où il
existe des codes vestimentaires et que, plus tôt, ils l’apprendront, mieux ce
sera. Mais c’est oublier que l’école est avant tout un milieu de vie où l’on
doit former des citoyens faisant preuve d’ouverture et de réflexion. Forme-t-on vraiment des esprits critiques en
interdisant certaines tenues plutôt qu’en éduquant? A-t-on véritablement songé
aux valeurs qui guident ces codes? À cet égard, la contestation des carrés
jaunes est un appel à la réflexion.
L’uniforme : une fausse solution hypocrite
Souvent, afin d’éviter
de se prononcer réellement par rapport à toutes ces questions, certaines écoles
choisissent d’imposer un uniforme obligatoire auprès d’un fournisseur unique. Soulignons
tout d’abord qu’il s’agit généralement d’une solution genrée qui nie l’identité
et l‘affirmation des jeunes. Ensuite, on peut se questionner sur le fait de
privilégier un seul fournisseur.
Pour aller de l’avant
avec une telle mesure, on affirme également que la tenue obligatoire offre de
nombreux avantages alors que c’est tout simplement faux. Ainsi, on n’aplanit
aucunement les différences sociales puisque les jeunes peuvent continuer à se
démarquer en portant des accessoires démontrant leur statut économique. Quant à
l’idée qu’un uniforme permet d’assurer la sécurité en limitant l’entrée
d’intrus dans une école, il suffit de regarder les pages Facebook de certains
établissements scolaires pour constater que n’importe qui peut y acheter des
tenues scolaires usagées, facilitant ainsi la circulation d’individus indésirables.
Enfin, à tous ces parents qui apprécient le côté pratique d’un uniforme,
pourquoi doivent-ils l’imposer à d’autres qui n’en veulent pas? Manquent-ils à
ce point d’autorité qu’ils comptent sur l’école pour se substituer à eux en ce
qui concerne l’éducation de leurs enfants?
Dans les faits,
l’imposition d’un uniforme obligatoire dans nos écoles ne constitue pas une
solution à un problème mais une autre manifestation de celui-ci. Au lieu de
permettre aux jeunes d’établir leur propre identité à un moment important du
développement de la personnalité d’un individu ainsi que de les amener à
adopter des comportements responsables et réfléchis, on interdit au lieu
d’éduquer.
S’il est difficile
actuellement de déterminer un code de vestimentaire dans nos écoles, c’est tout
d’abord parce que notre société de plus en plus éclatée n’arrive pas à dégager
un consensus à ce sujet. Et nos écoles répondent du mieux qu’elles le peuvent,
en choisissant parfois la voie de la facilité avec un uniforme obligatoire, à
ce problème qui prendra encore plus d’ampleur si on n’y réfléchit pas
correctement.
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Dans la catégorie «Préjugés de mononcles», cette intervention de Martin Everell, animateur à BLVD qui n'hésite pas à traiter à plus d'une reprise de «guedoune» une adolescente de 15 ans porte-parole du mouvement des carrés jaunes:
« Regarde, elle a rien qu’à s’habiller comme une guedoune après l’école (…) Une guedoune, j’appelle ça comme ça, une petite fille avec une camisole pas de brassière, avec des shorts très courtes. C’est une guidoune (…) »
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