20 juin 2014

Un ordre professionnel pour les enseignants?

Cette question d'un ordre professionnel pour les enseignants a été ramenée récemment dans la sphère publique avec la publication d'un rapport d'un comité d'experts sur le financement, l'administration, la gestion et la gouvernance des commissions scolaires. À ce propos, le ministre de l'Éducation, du Loisir et du Prix de consolation, Yves Bolduc, a indiqué qu'il compte demander un nouvel avis à ce sujet à l'Ordre des professions. Tout comme de nombreux syndicats, je crois que ce comité a outrepassé son mandat, mais on n'en fera pas tout un plat.

Divers commentateurs de l'actualité (ici, ici et ici) ainsi que le président de l'AIRDF-Québec (Association internationale pour la recherche en didactique du français), Érik Tardif, et la présidente de l'AQPF (Association québécoise des professeurs de français), Suzanne Richard, (ici) se sont prononcés en faveur de celui-ci.


Il m'est toujours apparu clairement que cet ordre sera surtout une magnifique structure bureaucratique, sans plus. En effet, tout ce qui encadre la profession (droit d'exercer la profession, traitement des plaintes, révocation du permis d'enseignement, etc.) constituent des pouvoirs déjà dévolus à divers intervenants : MELS, commissions scolaires, directions d’école, etc. Par contre, en ce qui concerne les avantages réels, quotidiens et concrets qu’apporterait cet ordre aux enseignants et au grand public, on verse dans les voeux pieux et l'illusion.


Je ne reprendrai pas l'argumentaire de tous et chacun, mais certains lieux communs méritent d'être démontés.

Un ordre professionnel valoriserait la profession enseignante. Ah bon? C'est bizarre, mais les sondages nous montrent que les enseignants constituent une des professions les plus reconnues par le grand public. En fait, il n'y a que certains médias qui semblent s'acharner à détruire celle-ci à coups de reportages sensationnalistes.

Un ordre professionnel protégerait le grand public. Ah bon? Je regarde ce que font les autres ordres professionnels et j'ai comme un doute. Il s'agit plutôt de grosses corporations qui défendent leurs membres avec une efficacité redoutable au détriment même du public parfois. Ce que je remarque aussi, c'est la porte toute grande ouverte à une judiciarisation des plaintes. Il suffit de repenser à la saga du Doc Mailloux, par exemple.

Un ordre professionnel favoriserait la formation continue. Euh? Tout à fait, mais dans quelles conditions et avec quels avantages pour les enseignants? Le soir et les fins de semaine en surplus du temps de travail alors que la charge de travail n'a jamais été aussi lourde?

La plupart des gens en faveur de cet ordre affirment qu'elle donnera une voix aux enseignants. Or, celle-ci sera noyée dans la cacophonie qui existe déjà dans le monde de l'éducation. Et encore, qui laissera aux enseignants le pouvoir de décider de certains enjeux importants?

Prenons l'exemple de l'accès à la profession et de la formation initiale. Les universités accepteront-elles de se faire dicter les conditions minimales pour être admis dans un programme d'enseignement? J'en doute fortement. De même, le ministère de l'éducation acceptera-t-il de revoir à la hausse les seuils de réussite aux examens de fin d'année pour les élèves? Les commissions scolaires accepteront-elles de resserrer les règles de passage pour les élèves entre la première et la troisième année du secondaire où il n'est pas toujours obligatoire d'avoir réussi un seul cours pour être promu à l'année suivante? Dans les faits, un ordre professionnel ne changera rien à la lourdeur de la tâche des enseignants, à la précarité de leurs conditions de travail, à leur soi-disante autonomie professionnelle.


S'il est un point qu'il conviendrait de ramener sur la table, c'est bien celui d'une formation continue valorisée. Actuellement, un enseignant n'a aucun véritable avantage à se perfectionner. S'il le fait, c'est lors de journées pédagogiques alors qu'il est débordé de corrections qui l'attendent sur son bureau ou à l'extérieur de son temps de travail. Il fut un temps où l'on reconnaissait, à l’aide d’incitatifs monétaires, les enseignants qui se perfectionnaient. Mais voilà: pour des raisons idéologiques, nos vaillants syndicats ont  décidé qu'«équité» signifiait «égalité salariale pour tous». Pourtant, il est anormal, par exemple, que des enseignants ayant réussi des programmes universitaires de 2e cycle ne soient pas reconnus financièrement. Contrairement au proverbe, finalement, il n'y a qu'en éducation où qui s'instruit ne s'enrichit pas. Pour le reste, un ordre professionnel consistera surtout pour les enseignants à choisir eux-mêmes la couleur de leurs chaines.








17 juin 2014

Yves Bolduc : il est important que chaque élève exploite son plein potentiel




Questionné récemment à propos de cas où des d'élèves inscrits au programme de Formation préparatoire au travail (FPT) ne recevraient pas un enseignant adéquat, le ministre de l'Éducation, Yves Bolduc, déclarait par la voix de son attaché de presse:  «Le ministre trouve important que chaque élève exploite son plein potentiel, il ne veut pas que le système scolaire laisse tomber qui que ce soit et il s'attend à ce que les commissions scolaires répondent de leurs décisions.»

S'il est sérieux dans ses intentions, j'invite le ministre à se pencher sur les cas suivants qui poussent l'élève à ne pas donner le meilleur de lui-même et à ainsi ne pas recevoir un enseignement qui exploite son plein potentiel
  • les règles de passage d'un élève d'une année académique à une autre qui sont une véritable comédie. On assiste plus à une promotion automatique qu'à autre chose. Ainsi, au secondaire, dans certaines commissions scolaires, un élève n'a pas à réussir aucun de ses cours pour être promu jusqu'en troisième secondaire.
  • les examens de fin d'année qui mesurent à peine quelques connaissances vues durant l'année pour ne s'intéresser qu'à  des compétences parfois si minimales qu'un bon élève de sixième année du primaire peut réussir des épreuves de quatrième secondaire et de cinquième.
  • les critères de correction des épreuves de fin d'année dont on s'assure qu'ils permettront la réussite du plus grand nombre au détriment même de ce que signifie le mot «réussite».

Voilà ce que devrait faire le ministre s’il veut que chaque jeune exploite son plein potentiel à l'école au lieu de simplement répondre à des attentes minimales et à se contenter de respecter la loi du moindre effort. Mais il est fort à parier qu'on lui expliquera que tout va bien dans le meilleur des mondes en éducation et que le grand mensonge se poursuivra.

14 juin 2014

Dépassement d'élèves et abolition des écoles de quartier au secondaire (ajout)

 Dans Le Soleil d'aujourd'hui, on retrouve un article intéressant sur un phénomène assez bien connu: le cout des dépassements d'élèves dans les classes au Québec. Il en couterait ainsi 13 millions $ pour ces groupes en surplus d'élèves. Depuis trois ans, ce montant aurait connu une hausse de 30%. C'est près de 19 000 classes qui seraient de la sorte surpeuplées au Québec.

On explique ce phénomène en se basant sur le boom démographique des dernières années mais aussi le fait qu'on n'a pas procédé à la construction d'un nombre suffisant d'écoles pour accueillir tous les jeunes Québécois. Il y a également la hausse du nombre d'élèves en difficulté. Ces derniers peuvent parfois «compter» pour deux ou même trois élèves selon leurs caractéristiques.

Dans les faits, cette pratique de préférer payer les enseignants pour un surplus d'élèves est largement répandue parce qu'elle coute moins cher que de constituer de nouveaux groupes plus petits ou construire de nouvelles écoles. On peut se demander aussi si cette façon de procéder est plus fréquente au secteur privé qu'au secteur public.

Un fait qu'on ignore cependant est les couts reliés aux groupes d'élèves en sous-nombre. Par exemple, en première année du secondaire, une classe de 20 élèves représente huit places non utilisées. Ce phénomène me semble plus fréquent au secondaire qu'au primaire à cause des programmes particuliers et des cours optionnels qu'on y retrouve. J'ai en tête un programme où il y a trois groupes de 20 élèves chacun pour une même année. Une perte sèche totale de 24 places sur une possibilité de 84 en une année seulement. Et il ne faut pas oublier que ces places perdues se multiplient quand on sait que ce programme se donne sur plus d'un an. C'est presque un groupe complet qu'on ne remplit pas de la sorte. On parle donc d'un prof et demi et d'un local de classe qui ne sont pas maximalisé par année, ce qui est considérable.

De même, avec les programmes particuliers et les écoles de quartier couvrant la première à la cinquième année du secondaire, on a augmenté d'autant les classes ayant des places non utilisées. Il n'y a aucun doute que le retour à des écoles de cycles aurait un impact économique positif. On retrouverait moins de classes «vides» parce qu'il y aurait un plus grand nombre d'élèves par niveau pour constituer des groupes. On utiliserait ainsi mieux les ressources enseignantes et généreraient des économies substantielles.

Mais le facteur le plus important à considérer est davantage d'ordre pédagogique. Les écoles de quartier actuelles peinent à offrir des services et des options de façon efficace à leur clientèle pas assez nombreuse par niveau. De même, dans ces écoles, les enseignants ont souvent une tâche répartie sur plusieurs niveau ou même entre plusieurs matières, ce qui nuit à leur enseignement.

Mais voilà: les programmes particuliers et les écoles de quartier sont nés d'une volonté politique. Les remettre en partie en question demanderait un courage que peu de nos décideurs ont. Il a fallu des années pour qu'on s'intéresse au rôle des directions régionales du MELS. On a relégué aux oubliettes cette excellente idée du précédent gouvernement de fusionner certaines commissions scolaires afin qu'elles atteignent une taille qui maximiserait leurs ressources. Difficile de s'attendre à ce que l'on aille de l'avant avec une telle idée.





11 juin 2014

La littérature numérique et l’école publique: incompatible et compliquée

Le Devoir nous apprend aujourd'hui que plusieurs écoles piratent les livres numériques.

Je travaille dans une école publique auprès de groupes où chaque élève est propriétaire d’un ordinateur portable.  J’ai vainement essayé cette année d’explorer la lecture d’un roman numérique, mais j’ai dû y renoncer tant le système scolaire et le réseau des librairies sont incapables de suivre le rythme de la technologie et des besoins des écoles comme la mienne.

Il y a tout d’abord la Loi sur l’instruction publique qui vient compliquer les choses. Ainsi, de par la loi, il n’y aucun problème à demander à des parents de payer plus de 1 000$ pour que leur enfant soit inscrit à un programme régional particulier, mais il est impossible d’exiger d’eux qu’ils déboursent 30$ pour l’achat d’un roman numérique puisqu’il s’agit de matériel scolaire qui doit être obligatoirement fourni par l’école.

Devant ces faits, je me suis alors renseigné pour voir si mon école pourrait acheter ces romans auprès des librairies de ma région pour découvrir qu’elles ne sont pas véritablement outillées pour vendre un nombre important d’un même titre numérique. De plus, si mon école achetait une série de 28 exemplaires d’un même roman numérique vendu à peu près au même prix qu'un exemplaire papier, l’utilisation de ceux-ci serait limitée en ce qui a trait au nombre de lectures qu’on pourrait en effectuer. Alors qu’un exemplaire papier pourra être lu par trois groupes différents la même année pendant plusieurs années, un exemplaire numérique verra son utilisation bloquée à quatre ou cinq lectures au maximum. Aussi bien dire que la technologie ne fait pas le poids devant le papier.

Dépité, j’ai vainement cherché des œuvres intéressantes et libres de droit sur Internet. Je savais que la loi sur les droits d’auteurs m’empêche, et c’est bien normal, de proposer la lecture de certaines œuvres récentes disponibles en ligne à mes élèves si elles sont piratées. Là où j’ai été étonné est que la lecture en classe d’œuvres plus anciennes est parfois tout aussi compliquées. Si je prends le cas d’un roman aussi ancien que Lancelot le chevalier à la charrette écrit par Chrétien de Troye au XIIe siècle, je dois tenir compte également des droits de l’éditeur et du traducteur de la version mise en ligne. Ce qui fait que, même dans ce cas précis, je n’ai trouvé aucune version en français «moderne» libre de droit à faire lire à mes élèves pour ce roman qui date de plus de 800 ans.

Finalement, après toutes ces tentatives, j’ai renoncé à faire lire en format numérique des œuvres majeures de la littérature à mes élèves. Nous nous sommes rabattus sur des exemplaires papier dans lesquels ils ne peuvent évidemment ni surligner ni écrire des annotations, des stratégies de lecture que préconise pourtant le ministère de l’Éducation en ce qui a trait à la lecture.
Je voudrais bien être ouvert aux nouvelles technologies et à la littérature numérique en classe mais, manifestement, il semble bien difficile de faire explorer celles-ci à nos élèves dans les écoles publiques québécoises.


03 juin 2014

Toujours à propos de cet examen dificile... (ajout)

Comme Mme Prof m'a donné un lien qui permet la lecture du texte complet sur cet examen  de lecture trop difficile en quatrième année du primaire, j'ai commenté trois passages savoureux que j'y ai relevés.

Le premier: un examen testé

M. Hamel, directeur de la sanction des études au ministère de l'Éducation, reconnaît que l'examen dont on parle avait été préalablement testé auprès de 400 élèves. « Notre mise à l’essai est bonne, mais on s’est aperçus que des éléments nous avaient échappé. Il y a des biais qui s’étaient introduits à notre insu. »

Ouf! Nous voilà rassurés.

Le second: ne pas décourager les enfants

La journaliste du Devoir écrit: «Mais, selon lui, il ne faut pas décourager les élèves dans leur cheminement scolaire. '' C’est sûr que ce n’est jamais une situation plaisante, surtout en début de parcours, pour un élève d’être en situation d’échec. Surtout si ça ne reflétait pas son cheminement pendant l’année. ''» 

Je partage la pensée de M. Hamel. Il importe de corriger des erreurs ou des examens mal foutus qui peuvent nuire injustement à la motivation d'un élève. Par contre, le principe de ne pas décourager les enfants, est-ce que c'est général et c'est valide jusqu'à quel âge?

Le troisième: ne pas savoir calculer

La journaliste du Devoir écrit: «Aux enseignants qui ne voudront pas d’un tel fardeau supplémentaire de correction à ce temps-ci de l’année, la direction de la sanction des études répond que les changements ne nécessiteront qu’une heure de travail. « On a fait des simulations pour évaluer la charge que ça représentait, sachant que les enseignants ont à peu près 25 élèves en 4e année », a expliqué M. Hamel. Il ajoute que la recorrection ne touche que 6 questions sur 20.»

Six questions sur vingt? Ce qui revient à dire que près du tiers de cet examen est... dans les patates.

Ah bon... Voici rapidement l'ensemble des tâches reliées à ce que demande cette «erreur» du MELS.
  1. Reprendre la pile d'examens.
  2. Corriger 6 questions sur 20 (pour un total de 150 réponses).
  3. Recalculer le total de chaque épreuve.
  4. Consigner les notes des élèves dans un cahier.
  5. Consigner les notes des élèves dans le logiciel de la commission scolaire.
  6. Aviser les parents des changements survenus. 
Quant à moi, le MELS ne sait pas évaluer la durée que prend la correction d'une épreuve. Et les enseignants de quatrième année du primaire n'ont pas à faire du surplus pour compenser ses erreurs.

Dans Le Soleil également

À noter que Daphé Dion-Viens, du Soleil, consacre aussi un article au même sujet. On y relève que c'est l'écart entre la note obtenue à l'examen et celle cumulée au cours de l'année scolaire qui a soulevé problème. Par ailleurs, Josée Scalabrini, présidente de la Fédération des syndicats de l'enseignement (FSE-CSQ), indique: «Il y a des profs qui trouvent que l'examen était correct, il y en a d'autres qui pensent qu'il était trop difficile.»

Alors, une question: d'où vient tout ce cafouillage?

Examens trop difficiles: on recorrige à la baisse

Confronté à un taux d’échec inhabituellement élevé, le ministère de l’Éducation force tous les enseignants de la 4e année du primaire à recorriger l’épreuve de lecture de français.

En effet, vendredi, certaines CS ont reçu un message provenant du MELS au sujet de l'examen de lecture de 4 ième année. Comme le MELS a reçu des commentaires des enseignants et de parents à l'effet que la correction de cet examen était trop sévère, celui-ci a décidé qu'il fallait tout reprendre. 

Or, certaines enseignantes avaient déjà corrigé tous les examens et avaient même eu le temps d'envoyer la note aux parents. Elles doivent maintenant reprendre la correction des examens selon les nouvelles recommandations du MELS... et le tout doit se faire à même leur tâche actuelle. Rien n'est prévu pour ce surcroit de travail.

Et si c'était les élèves qui étaient plus faibles que leurs prédécesseurs? 

Quoi qu'il en soit, quand un examen est trop facile et bien réussi, on ne fait pas reprendre la correction, par contre. On parle plutôt de «succès scolaire».

02 juin 2014

Je serai la plus belle pour aller au bal...

Le bal de finissants amène son lot d'articles truculents. J'irai avec deux sujets sur lesquels j'ai lu récemment

Prendre le bal au bond

Le JdeM nous a servi quelques articles très tartinés à propos de cette jeune fille refusée à son bal des finissants parce que son père n'avait pas réglé des factures qu'il devait à l'école de cette dernière (ici).

Sur le fond, étonnamment, je suis d'accord avec ce père. La jeune n'a pas à assumer les conséquences ses gestes de mauvais payeur. Il est odieux de faire pression sur des parents et des jeunes en menaçant une mineure de la priver d'une activité qui, si elle ne relève pas d'un service scolaire obligatoire, demeure quand même importante aux yeux de certains, dont les élèves finissants. Ce sont deux dossiers totalement distincts. La jeune peut avoir travaillé pour se payer cette activité.

Ici, l'école utilise un raccourci odieux (oui! oui!) pour que cette dette soit réglée.  Si la jeune était majeure, il s'agirait peut-être même d'une pratique illégale. En même temps, il est rigolo de voir tous ces gens défendre ce mauvais payeur alors que nos finances publiques n'ont jamais été en si mauvais état. On a aussi établi un parallèle douteux avec certaines dépenses des commissions scolaires, comme si une erreur en excusait une autre. Je me questionne enfin sur les valeurs d'une famille où le père est en faillite et peine à rembourser ses dettes parfois contractées pour l'éducation de sa fille alors que celle-ci travaille, magasine les robes, possède un cellulaire.

Je me suis également posé cette question: en médiatisant ce fait dans les médias, le père sert-il réellement la cause de sa fille? J'en doute. Celle-ci sera identifiée dans son école comme «la fille dont le père...» Sur les médias sociaux, on n'a pas toujours été très tendre à l'égard de cette famille.  On sait peu qu'il existe des fondations et des donateurs pour aider les familles dans le besoin. Il leur est également possible de discuter avec la commission scolaire pour convenir d'une entente de versements (ici). On dirait plutôt que le père a laissé trainer les choses pour ensuite se trouver une cause pour se déculpabiliser. Il a d'ailleurs convenu aujourd'hui d'une entente de remboursement avec la CS, ce qui est tout à fait illogique avec son discours.  «Mon orgueuil est déjà au minimum, je ne voulais pas tirer profit de la situation mais sensibiliser la population à une injustice», a-t-il déclaré.

Sur le fond, a-t-il eu raison de s'insurger contre cette pratique? Oui, car elle est manifestement injuste. Sur la forme, s'y est-il bien pris pour contester celle-ci? Non. Et moins encore maintenant qu'il a chocké.
Parce que le monsieur n'a absolument rien gagné de plus que ce qu'il aurait déjà reçu avant sa chevauchée médiatique.

Un dernier point: Jeunesse au soleil a ouvert un fond pour financer le bal des finissants de certains étudiants. Honnêtement, pour moi, cet organisme a erré et dépasse le cadre normal de sa mission. Il y a déjà assez d'enfants qui vont à l'école le ventre vide. On pourrait peut-être se concentrer là-dessus.

Blessée par bal

Et maintenant, cette autre nouvelle où une finissante poursuit pour 62 000$ son ancienne école secondaire et l'hôtel Hilton de Québec pour un incident survenu il y a trois ans. Elle reproche à l'hôtel et à son ancienne école de ne pas avoir pris les mesures adéquates pour assurer la sécurité. Cette dernière a subi de profondes lacérations causés par un élève, lui aussi poursuivi, qui a atteint un lustre de l'hôtel en lançant une bouteille au plafond. Si la procédure peut choquer, elle est par contre assez habituelle en droit: on vise tout ce qui bouge pour être sûr de récolter quelque chose quelque part.

Là où je décroche, c'est quand je prends connaissance des faits suivants:
  • Il a fallu trois ans pour que des poursuites soient intentées.
  • Le père de la jeune fille affirme que sa fille a conservé des séquelles physiques et psychologiques de l'événement: « Elle se met à pleurer quand elle entend la chanson qui jouait quand c'est arrivé.»
  • Sur une vidéo mise en ligne par le père et la fille pour sensibiliser les écoles et les parents à mieux encadrer les bals de fin d'étude (ça, c'est évidemment avant qu'on intente des poursuites), on met la musique de «Sunday! Bloody Sunday!» et on parle de cette soirée comme un «Wednesday Bloody Party».Euh? Y a-t-il un lien? Vraiment? Un lien entre ça et la boucherie à laquelle s'est livrée l'armée britannique dans les rues de Derry en Irlande du Nord qui a causé 27 morts et 14 blessés? Ouf! On nage dans le délire.
Cette poursuite est-elle fondée? Oui. Mais trois ans plus tard, c'est un peu... particulier. Enfin, la surenchère dans la relation de l'événement et de ses conséquences me trouble beaucoup.