31 décembre 2008

2008 en quelques événements

Que diriez-vous d'une petite rétrospective éducative de l'année 2008? N'hésitez pas et embarquez avec moi dans ce grand retour en arrière à travers quelques-uns de mes billets impertinents.
Janvier
  • Annonce de la mort prochaine de Chantal «Virgine» Fontaine. On dénonce dans les foyers québécois cette grande perte pour le monde de l'éducation.
  • Toujours se méfier des muffins faits par des élèves. Certains y ajoutent des ingrédients stupéfiants.
Février
  • Publication (ici, ici et ici) du plan Courchesne quant au français. Aucun dictionnaire de plus ne trouvera place dans ma classe, mais on aura beaucoup parler de l'importance du français...
  • Pauline Marois propose que l'histoire et l'anglais soient enseignés en anglais au primaire. Rappelons-nous qu'elle a déjà été ministre de l'Éducation.
Mars
  • La CSDM fait la preuve qu'elle a des difficultés à gérer la neige sur le toit de ses écoles (ici, ici, ici et ici). Quelle crédibilité aura-t-elle quand elle proposera un plan en 221 points pour contrer le décrochage scolaire plus tard dans l'année?
Avril
  • La ministre Courchesne dévoilait sa politique sur la violence à l'école (ici et ici). Les enfants de Patrick Roy ne se sentent pas trop concernés par celle-ci.
Mai
  • Le rapport Bouchard-Taylor y va de quelques suggestions en ce qui concerne l'école québécoise. Québec-Solidaire y va de sa réaction. Qui se rappelle de tout ce psychodrame?
Juin
  • La ministre Courchesne y va de son plan pour les élèves en difficulté. Le plan lui-même semble connaitre des difficultés.
Octobre
  • La Presse découvre qu'il y a encore une pénurie d'enseignants. Vaut mieux tard que jamais.
  • En manoeuvre pré-électorale, la ministre Courchesne écrit aux parents (ici et ici) et vante ses réalisations tout en faisant une erreur d'orthographe.
  • On fêtera l'Halloween sans bonbon dans certaines écoles québécoises (ici et ici). Mario Dumont manque un bon thème électoral qui aurait pu le porter au pouvoir.
Novembre
  • Québec entend embaucher 2 400 nouveaux profs pour réduire la taille des classes - ça sent les élections
  • Mme Marois surenchérit : on est en élection!
Décembre
  • Élections: l'ADQ est quasi rayée de la carte, les commissions scolaires respirent mieux...
  • Michelle Courchesne est reconfirmée à son poste de ministre de l'éducation
  • Des résultats montrent que les élèves «réformés» en arrachent

Après ce bref survol de l'année 2008, il ne me vient qu'une pensée en tête: «Much to do about nothing». Aussi, vaut-il mieux se concentrer sur l'essentiel et vous souhaiter que 2009 vous apportera plaisir dans votre vie personnelle et dans votre travail!

L'année 2009 devrait être sous le signe de la continuité si l'on pense que Michelle Courchesne a conservé le ministère de l'Éducation. Il ne faudrait cependant pas se surprendre si la prochaine année était marquée par un difficile renouvellement de notre convention collective. Un conseil: économisez, car vous pourriez avoir de mauvaises surprises salariales.

29 décembre 2008

État québécois: protège-moi de moi

Le gouvernement du Québec a l'intention d'imposer un prix plancher aux bars et débits d'alcool afin de contrer l'incitation à consommer de l'alcool. En soi, on pourrait se réjouir d'une telle mesure vertueuse, mais diverses questions me titillent l'esprit.
  • Limite-t-on ainsi les possibilités de commercer de certaines entreprises?
  • À force de vouloir protéger la population contre elle-même, ne finit-on pas par l'infantiliser?
  • Pourquoi ne pas imposer une mesure similaire pour la malbouffe? Après tout, des chips en spécial sont une incitation à nuire à sa santé...
  • Et puis, qu'attend-on pour exiger la présence d'un sauveteur pour toute piscine résidentielle, le port du casque pour les enfants promenés en poussette sur la voie publique et le retrait des Pogo des supermarché?
On a beau adopter toutes les lois du monde contre l'alcool au volant, c'est encore une initiative volontaire et bénévole, soit l'opération Nez Rouge, qui a fait le plus pour contrer l'alcoolisme au volant durant le temps des Fêtes, il me semble.

26 décembre 2008

Ou sont nos fameux pédagogues du Renouveau?

Tiens, encore une autre manchette qui tend à démontrer que le Renouveau pédagogique n'a pas eu les effets escomptés: «Le taux de réussite des élèves de sixième année à l'épreuve d'écriture a encore chuté entre 2005 et 2006, passant de 83 % à 81 %. En 2000, ils étaient pourtant 90 % à réussir cet examen.»
Avec cet autre texte ou l'on apprend que les élèves du secondaire connaissent des difficultés en maths et en science, on se demande pourquoi certains fonctionnaires ministériels ne pourraient pas être redevables devant la population du fiasco qu'ils ont engendré. De même, pour les politiciens qui ont appuyé cette démarche pédagogique hasardeuse.
Ah oui, j'oubliais: les échecs de la réforme sont dus aux enseignants incompétents qui ont peur de devenir de véritables professionnels, aux syndicats qui en auraient fait un objet de négociation et à la ministre Courchesne elle-même...
Et les Marois, les Bisaillon, les Bergevin et tous les autres? Comment peuvent-ils nier toute responsabilité dans cette catastrophe touchant une génération de Québécois? Peut-être commencent-ils à être gênés de défendre ce qui semble de plus en plus indéfendable? Dans certains cas, vaut mieux se taire et garder le profil bas.
Quand on impose un changement pédagogique de cette ampleur, on a la responsabilité de la mener correctement, de tenir compte des impondérables, de rallier les intervenants. Encore une fois, le monde de l'éducation, du moins certains de ses décideurs, aura donné des munitions à ceux qui estiment que tout n'y est qu'improvisation et inefficacité.
Je ne suis pas convaincu que les mesures de la ministre Courchesne réussiront, à court terme, à rétablir la situation. Actuellement, le monde de l'éducation au Québec est totalement désorganisé, tiraillé entre des décideurs qui émettent des directives contradictoires, qui sapent l'autorité minstérielle tout en ne s'apercevant pas qu'ils coupent aussi la branche sur laquelle ils sont assis, des enseignants qui ont appris à ne plus tenir compte de ce qu'on leur demande tellement on les a bardassés de façon absurde.

24 décembre 2008

Un conte de Noël

Je m'étais promis de ne pas le faire, donc... je le fais. Il n'y a rien de plus quétaine que Noël, sinon que les contes de Noël. Chacun et chacune se sentent obligés de s'en farcir un, comme si les lecteurs étaient des dindes en attente de remplissage.

La magie de Noël, ce n'est bon que pour les enfants qui n'ont qu'à déballer les cadeaux et dormir dans les manteaux en fourrure des matantes qui sentent le parfum Neige.

(Afin de chasser toute ambiguïté, je précise que ce sont les manteaux et les matantes qui sentent. À la quantité que les matantes en mettent, on croirait d'ailleurs que l'odorat faiblit avec l'âge, à moins que ce ne soit l'odeur de ce parfum qui finisse par tuer toute capacité olfactive.)

Bref, magie de Noël, bof. Sauf que...

Sauf que ce matin, j'ai croisé une voisine d'une amie qui avait une chienne à donner. Une magnifique shi-tsu lirnois. Sage. Silencieuse. Colleuse. Propre. Tout pour l'allergique aux poils que je suis et qui s'ennuie parfois depuis quelque temps. Pas très viril comme pitou, mais à chienne donnée, on ne regarde pas le look, paraît-il.

Vous me voyez venir, hein?

Et bien, vous vous trompez parce que j'ai écrit qu'elle AVAIT une chienne à donner, mais que je suis arrivé trop tard.

«Magie de Noël, bof!», direz-vous.

Encore une fois, vous êtes dans le champ.

Voici ce que la voisine m'appris. Mon ex- chienne en devenir est maintenant la meilleure amie d'un jeune de 12 ans. Atteint de leucémie, il a passé deux ans à l'hôpital et son retour à la maison a été difficile. Après deux ans, il ne connait plus personne. Les gamins de son âge sont passés à autre chose.

Il promène Peggy, court avec Peggy, dort avec Peggy, mange avec Peggy.

Ce matin, je n'ai jamais été ausi content de ne pas avoir de chien.

Joyeux Noël à tous!

22 décembre 2008

Chansons de Noël

Dans un commentaire au billet précédent, Folle à lier y allait d'une chanson de Noël qu'elle aurait entendue vendredi dernier

Proooooofs à genoooooux
Voiciiii ta délivraaaaaanceu!
Nowwwwellllll! ...

Pour ma part, je fredonnais l'air suivant vendredi:

J'ai tellement hâte que ce jour s'achève
Et que je puisse m'en aller
Pour pouvoir vivre des vacances de rêves
Loin des petits braillards survoltés

On a l'esprit des Fêtes ou on ne l'a pas. Vous avez des chansons de Noël à partager?

19 décembre 2008

Enfin!

Dites sans mentir que vous n'aviez pas hâte que les vacances arrivent!








Et puis, que les élèves partent....

13 décembre 2008

On ne badine pas avec Noël!

Ainsi, une suppléante britannique nouvelle dans le métier a été congédiée parce qu'elle aurait affirmé à de jeunes enfants que le Père Noël n'existait pas. Shocking!

«Apparemment, ils parlaient tous de Noël et ils faisaient un peu de chahut. Elle a simplement tout balancé, a indiqué le parent d'un élève traumatisé. Il était effondré, il n'a que sept ans et ça fait partie de la magie de Noël pour lui».

On sait ce que signifie l'expression «un peu de chahut» dans la bouche d'un parent... Et le silence en classe, quand on le demande, ça ne fait pas partie de la magie de l'école? Bien fait pour les gamins. Vous devriez voir comment je traumatise les mien. Et ils sont sages.

11 décembre 2008

Dans mon temps, les élèves étaient mieux...

Vous connaissez sûrement cette phrase pour l'avoir entendue dans la bouche de vieux enseignants blasés et nostalgiques. Ayez tout de même un peu de respect pour nos grand-pères de l'enseignement, car ils n'ont peut-être pas tort si on se base sur cette nouvelle parue aujourd'hui:
«Les petits Québécois perdent encore des points à l'échelle internationale. Selon l'enquête internationale sur les mathématiques et les sciences (TEIMS), les résultats des élèves du secondaire n'ont jamais été aussi bas, confirmant la dégringolade d'une des premières cohortes d'élèves de la réforme. Au primaire, toutefois, les écoliers commencent à remonter la pente.»
La réforme était pour améliorer la réussite de nos élèves, entre autres en sciences ou on a consacré des budgets incroyables au secondaire: laboratoires neufs, équipements modernes... alors que j'enseigne avec les mêmes dictionnaires vieux de 1992 et 1995.
Or, les résultats du TEIMS semblent montrer que ce fut tout le contraire. Bravo à nos décideurs et pédagogues éclairés! Quand j'aurai un peu de temps, je vous raconterai une rencontretrès éclairante avec un conseiller pédagogique de ma CS.

Nos économies d'abord, oui!

Voilà ce qui devait être le slogan du Parti libéral du Québec lors des dernières élections. Malheureusement, une erreur d'impression a changé celui-ci.

Quoi qu'il en soit, M. Charest se rattrape rapidement si on se base sur cette nouvelle:

«Ce que personne ne dira toutefois c'est qu'en rappelant la Chambre rapidement, le gouvernement pourra immédiatement nommer, parmi ses députés, les présidents de commissions parlementaires, les membres du bureau, les présidents de séance, le whip, ses adjoints, et le président du caucus, en tout une vingtaine de postes dotés de primes de 20 à 25% en plus de leur salaire de député. En gros ces primes annuelles représentent autour de 20 000$ par élu.»
Les quatre prochaines années vont être longues...

09 décembre 2008

Un sondage de mauvaise foi

Je reviens avec un sondage lié à l'actualité. Alors, n'hésitez pas à voter pour montrer votre mauvaise foi ou votre bonne connaissance du monde scolaire.

Cette semaine, la Commission scolaire Marguerite-Bourgeoys (CSMB) a annoncé qu'elle entend dépenser 2,4 M$ pour repeindre ses établissements scolaires. L'opération vise à développer le sentiment d'appartenance et la motivation des élèves. Bof... peut-être. Là ou j'ai souri, c'est lorsque j'ai lu l'extrait suivant:

«La CSMB entend ainsi repeindre 95 % du parc immobilier. En fait, seul le siège social, qui abrite les bureaux administratifs, ne sera pas retapé.»

Alors, d'après vous, pourquoi les bureaux administratifs de la CSMB n'ont-ils pas besoin de peinture?
  1. Ils sont repeinturés aux deux ans anyway.
  2. Si on les repeinture, les portes ne fermeront plus tellement la peinture est déjà épaisse.
  3. Les administrateurs n'ont pas besoin de développer un sentiment d'appartenance: ils ont déjà le golf annuel.
  4. Les administrateurs se sont sacrifiés pour le bien-être des élèves.
Avouez que vous avez du choix. Ce n'est pas une élection provinciale ici!

08 décembre 2008

Élections et autres vacheries (édité)

Voilà! Pauline a eu mon vote. En tant qu'homme, je suis fière (oups, fier) d'avoir fait mon effort pour élire une première première ministre au Québec comme le suggérait une publicité du parti Québécois.

Ça paraîtra bien quand je me mettrai un jour à cruiser la gente féminine, j'en suis convaincu... «Pauline Marois, j'ai voté pour elle, même si c'était une femme. Tu vois comment je suis ouvert», que je lui dirai à ma future ex avant qu'elle me donne une grande claque sur la gueule avant me laisser avec l'addition du repas.

Parce que, pour le reste côté nouveauté au PQ, on repassera. Je trouve cela pathétique de vouloir nous convaincre d'élire une candidate parce qu'elle est une femme. Mais il faut dire que Mme Marois a la paranoïa facile. C'est parce qu'elle est une femme qu'on la critique si durement, dit-elle. Même le candidat Blanchet, ivre dans sa voiture, aurait été victime d'un coup monté toujours selon elle. N'avait-il pas mieux à faire que d'être saoul comme une botte en pleine campagne électorale? Là-dessus, pas un mot.

Non, cette campagne fut un long ennui qui n'arrêtait pas de se languir inlassablement. On aurait dit qu'on élisait un gérant d'une caisse populaire. Mme Marois a manqué le bateau en défendant constamment son bilan et en ne représentant pas ce vent de changement dont le Québec a besoin.

Du côté de l'éducation, mes seules émotions sont venus quand j'ai pris connaissance du plan de... Barack Oubama: augmentation des budgets pour rénover les écoles, plan pour s'assurer que chaque jeune Américain puisse avoir accès à Internet. Chez nous, même le canal Météo semble plus excitant.

Mes prévisions électorales? Après une longue et douloureuse cérémonie vaudou, j'ai lu dans les entrailles d'un élève les résultats suivants:

  • Parti Libéral du Québec: 89 députés
  • Parti Québécois: 29 députés
  • Action démocratique du Québec: 4 députés
  • Québec Solidaire: 1 député

06 décembre 2008

Blogue de prof, épanchements personnels et anonymat

Une amie me faisait remarquer qu'elle ne comprenait pas qu'on pouvait s'épancher de façon parfois aussi personnelle sur un blogue relié à l'éducation.

Bon, vous remarquerez que je ne m'épanche plus. Un peu de censure parce que j'ai une ex qui vient, du moins venait, à l'occasion tenter de s'informer sur mon compte sans avoir à me parler en peine face. Il faut croire que, quand tu es cheap dans ta façon de rompre, c'est bien parce que tu l'es un peu de nature aussi... Un jour, je reviendrai ici avec ma sensibilité et mon vécu de classe. Laissons le temps passer. Mais vous ne manquez rien pour attendre.

Donc, peut-on concilier blogue éducatif et personnel?

À mon avis, les deux vont de pair. Notre vision du monde, nos valeurs sont construites selon ce que l'on a vécu, selon ce que l'on connait. Les événements qui surviennent déterminent notre vie et nos façons d'enseigner. Ma fille et ma relation avec cette dernière ont beaucoup marqué ma façon d'enseigner. Et mes élèves ont beaucoup marqué ma façon d'agir avec ma fille.

On ne peut aussi comprendre un prof sans le connaitre, sans savoir ce qui l'anime. Être prof, c'est être authentique et assez ouvert, quant à moi.

J'ai également beaucoup de difficultés avec ceux qui condamnent l'anonymat avec lequel certains blogueurs se protègent. Celui-ci leur permet de dénoncer des situations incroyables qu'ils constatent dans l'éducation, mais aussi de montrer qu'un prof est un humain qui enseigne.

03 décembre 2008

Mon vote ira à...

Bon, c'est bientôt le temps de voter au provincial. Le fédéral, c'est pour un peu plus tard... Donc, j'ai ruminé les divers choix qui s'offraient à moi.

La revanche du mouton enragé

Je n'ai pas envie de voter dans le cadre d'une élection bidon que Jean Charest a déclenché uniquement pour être certains d'être réélu avec une majorité. L'argument qu'il faille un gouvernement fort pour affronter la récession serait fondé si on ignorait à quel point le monsieur aime le pouvoir et ne veut que prendre sa revanche d'avoir été minoritaire.

On sent qu'il ne rêve qu'à cela. Il faut voir avec quelle force de caractère il a marché sur son orgueil depuis les dernières élections pour donner l'image d'un homme à l'écoute et conciliant. Il suffit de regarder ce qui se passe à Ottawa pour comprendre que la politique actuellement au Canada n'est faite que de partisanerie et d'égos blessés.

Élire les Libraux de façon majoritaire, c'est leur donner le mandat clair de faire ce qu'ils veulent. Pas bon. Pas bon du tout quand on repense à l'arrogance avec laquelle ils ont gouverné le Québec il n'y a pas si longtemps.

Également, les Libéraux, sous Charest, sont des conservateurs déguisés. Il suffit de se rappeler de la façon dont ils ont négocié notre dernière entente de travail et dont ils ont traité les éducatrice en milieu familial. Des lois d'exception parfois inconstitutionnelles ou clairement antisyndicales.

Enfin, je repense au fait que le monsieur nous a imposés un contrat de travail ou l'on ne retrouvait aucune augmentation de salaire alors que le Québec connaissait une prospérité économique incroyable. Imaginez maintenant ce qu'il sera tenté de faire durant une récession.
Mr Bean Dumont fait de la politique

L'ADQ a eu sa chance. Elle l'a manquée. Le surnom de Mr Bean pour Mario Dumont, ce n'est pas seulement à cause de sa ressemblance physique mais aussi de sont potentiel intellectuel. On ne peut pas gouverner le Québec à coups d'idées improvisées et de phrases bien tournées.

M. Dumont est un excellent politicien, un bon orateur, mais sans plus. Dans l'opposition, il aurait dû faire un meilleur travail que la performance qu'il nous a livré avec son parti. Je ne lui confierais jamais un gouvernement du Québec. Il n'a pas l'équipe pour le faire ni le talent.

Pauline à la plage

Pauline Marois. La pauvre femme victime qu'on stigmatise parce qu'elle est une femme et parce qu'elle a une apparence bourgeoise. Un cliché stéréotypé qu'elle s'empresse de répéter.
À ce que je sache, Jacques Parizeau a connu le même traitement et on ne l'a jamais vu pleurer sur son sort. Jean Charest, lui, a subi combien de remarques blessantes sur sa coiffure et son poids sans s'épancher là-dessus publiquement? Mais Pauline, c'est Pauline. Épiderme sensible. Besoin d'être aimée.
Besoin de prendre toute la place aussi: «Un Québec gagnant avec Pauline», «le plan Marois». Bref, le PQ semble ne se résumer qu'à elle alors qu'on y retrouve quand même des candidats valables et ministrables.
Et Pauline, c'est la ministre des mises à la retraite des enseignants et de la réforme. C'est la ministre autoritaire qui a de la difficulté à reconnaitre ses erreur. Blâmer Pierre Reid pour les insuccès du renouveau pédagogique est d'un grotesque total quand on sait qu'il n'a fait que passer au MELS.

Mon choix

Mon choix platement, c'est de voter contre les Libéraux, d'espérer qu'ils seront minoritaires, ce dont je doute.

Mon choix platement, c'est Pauline. Eh oui! Je ne veux pas laisser aux Libéraux un majorité trop grande et l'ADQ n'arrivera à rien de bon comme opposition.

Dans le système électoral dans lequel on vit, on choisit trop souvent contre qui on vote. Et dans certains comtés, un vote peut être noyé dans le flot d'une majorité monolithique indécrottable.

À quand la proportionnelle? À quand de vraies élections? Voilà le vrai débat.

30 novembre 2008

Campagne électorale: et le français, lui? (ajout)

Plus ça va, plus je pense que la qualité du français est un sujet tabou. Si on en parle, on est automatiquement un souverainiste, un péquiste ou même un anti-immigrant. Je ne vois pas le lien entre ces associations, mais elles semblent exister pour certains esprits obtus.

Si, en plus, on parle de la qualité du français à l'école, là, on est carrément de droite, castrateur, réducteur de la langue au seul phénomène grammatical...

Uniquement aujourd'hui, je roulais en voiture et regardais une somptueuse affiche en aluminium d'un mètre par deux sur laquelle on pouvait lire le plus sérieusement du monde: «Dompage interdit (sic)». À la radio, cette réclame des cinémas Guzzo qui invitait les jeunes à poser leur candidature pour un emploi le «fun (sic)». Comme dirait cette autre réclame que j'entends chaque matin à 98,5MF: «Ça regarde mal».

Et je vous épargne tous les Claude Poirier et Danny Dubé de ce monde...

PS Merci MissMath!
PPS J'ai photographié la pancarte. Avouez qu'on la remarque!

27 novembre 2008

Chers conservateurs

Comme ça, quand vous irez voter la prochaine fois au fédéral (on ne sait jamais: ça pourrait arriver assez rapidement), n'oubliez de prendre en compte les éléments suivants:
Des droits suspendus

La loi suspendra aussi, dans le secteur public et dans certaines sociétés d'État, jusqu'à la fin de 2010-2011, le droit de grève pour des motifs liés aux salaires.

Les conservateurs veulent aussi interdire le recours aux tribunaux pour régler les cas d'équité salariale. L'équité salariale deviendra ainsi un élément à part entière dans les négociations collectives.
On savait déjà que le gouvernement conservateur ne reviendrait pas sur sa décision d'abolir les programmes PromArt et Routes commerciales, destinés au rayonnement des artistes canadiens à l'étranger.

Ce qu'on ne savait pas encore de manière certaine, c'est que le gouvernement conservateur n'a aucune intention de remplacer ces programmes, essentiels à la survie de dizaines d'entreprises culturelles, de quelque façon que ce soit.
Je ne sais pas, moi, mais je commence à être tanné qu'on me mente en pleine face.

22 novembre 2008

Vite que quelqu'un l'embauche!

Je lis tout dans un journal. Les sports, les potins, parfois même la notice nécrologique tout à coup quelqu'un que je déteste s'y retrouverait.


Aujourd'hui, je lisais un texte sur la saga du restaurant Les princesses, à Montréal. Ce dernier a la particularité que les serveuses sont en petite tenue, contrevenant ainsi à un règlement municipal qui interdit l'exploitation d'un établissement à caractère érotique dans le secteur de l'arrondissement d'Hochelaga-Maisonneuve, près du Stade olympique. «On risque le tout pour le tout», a déclaré l'un des propriétaires conscient d'enfreindre la loi.


Là ou le texte devient délicieux, c'est lorsqu'on cède la parole ayant travaillé à ce restaurant.


«On a tenté de porter un haut et un string, mais la clientèle a aussitôt commencé à chuter. Après quelques semaines, on est revenus à l'ancienne manière et tout a repris pour le mieux», a raconté la jeune femme de 28 ans. Détentrice d'un bac en enseignement du français à l'Université de Montréal, elle a travaillé à ce resto de 2005 à 2008.


Que madame Courchesne se le tienne pour dit: je sais maintenant ou l'on pourrait trouver du personnel pour contrer la pénurie d'enseignants.

21 novembre 2008

Une vieille nouvelle...

Le MELS dévoilait fin octobre ce que devaient apprendre chaque année nos petits chérubins en français. Ce document - intitulé Progression des apprentissages en français - faisait suite à la promesse de la ministre Courchesne de déterminer clairement les connaissances que les élèves devraient avoir vues en classe chaque année. On remarquera que celui-ci aborde uniquement l'orthographe et la conjugaison. D'autres documents traitant de la ponctuation, la structure de la phrase, les fonctions et les accords seront rendus public plus tard cette année.
Pour la ministre, il s'agit d'une «réécriture des savoirs essentiels contenus dans le programme de français du primaire.» On propose aux enseignants des moyens très classiques pour mémoriser et comprendre ces connaissances : copie de mots, le recours aux règles et la consultation de dictionnaires.
Pour ma part, j'aurais envie de dire «trop peu trop tard». Ce correctif au programme de français s'intègre mal à l'esprit de la réforme et constitue - tant physiquement que philosophiquement - un document à part. L'enseignant devra potasser deux documents de front pour pouvoir s'y retrouver. Pas bon signe...
De plus, on ne se contentera pas de peurs : il est un peu tard pour indiquer ce que les élèves doivent apprendre en français quand le programme existe depuis 11 ans et que tous les manuels et cahiers d'exercices que les enseignants utilisent en classe ont déjà été conçus et imprimés. Va-t-on revoir le contenu de ces derniers avec ce nouvel édit ministériel? J'en doute. on dirait un plaster sur une jambe qui a la gangrène.
Quant à moi, j'ai toujours été réfractaire à plusieurs aspects de la réforme à cause de son esprit rousseauiste: l'élève est intrinsèquement bon et aura plaisir à apprendre des connaissances étendues et variées dans un contexte signifiant.
J'enseigne à des élèves doués qui ont fait beaucoup de projets au primaire, mais la moitié d'entre eux ne savent pas ce qu'est un verbe du premier groupe. Ils ont peut-être développé certaines habiletés, mais leurs lacunes quant aux connaissances de base est parfois ahurissantes.
D'ailleurs, vous seriez surpris de voir à quel point ils ont soif de voir ce qu'ils ne savent pas. Voulant réussir et bien écrire leur langue (une lubie de leur enseignant), ils se sentent démunis devant les tâches qu'on leur demande d'accomplir. Si la grammaire ne leur semble toujours pas amusante, il est apparent qu'elle est devenue utile à leurs yeux.

18 novembre 2008

L''enfant-roi et le prof masqué

Le prof masqué a un enfant-roi dans ses classes qui manifestement comprend mal la signification du mot Non.
Aujourd'hui, nous avons eu un échange savoureux.
PM: Je répondrai à ta question dans deux minutes.
ER: Oui, mais je veux savoir...
PM: Dans deux minutes.
ER: Oui, mais...
PM: Non.
ER: Oui, mais...
PM: (tranchant) Écoute, à la maison, tu peux être l'enfant-roi que tu veux. Ici, tu es uniquement un élève. Alors, attends deux minutes, puis apprends à vivre dans la normalité.
ER: ...

On a senti un courant d'air froid passer. Pauvre petit traumatisé.

C'est pas moi, je l'jure!

Bon, ce n'est pas de ma faute si Mme Marois me fournit autant d'occasions d'écrire. Aujourd'hui, elle affirme ne pas être responsable des déboires du Renouveau pédagogique.
«J'ai engagé une réforme sur la base de faire en sorte que nos enfants sortent de l'école en sachant lire, écrire, compter. C'était l'objectif. La réforme a été bien engagée, mais on l'a abandonnée en cours de route.» Abandonnée? Vraiment? Pauvre petite...
Ce seraient les Libéraux, les méchants: «Quand Pierre Reid est arrivé, la première chose qu'il a faite, sans consulter personne, a été de retarder la réforme d'un an. Les libéraux ont démissionné, ils ne se sont pas occupés de cette réforme. Elle a pris toutes sortes de tournures dont je ne suis pas responsable.»
Selon elle, il aurait fallu que le gouvernement «ajuste la réforme en fonction des difficultés qu'elle rencontrait», entre autres sur redoublement et sur l'appellation des «compétences transversales» dont on aurait dû «simplifier le langage». Laissez-moi penser deux secondes: la réforme n'a connu des difficultés qu'après l'élection des Libéraux? Avant cela, tout allait bien?
D'aucuns analystes politiques vous diront que le PQ va perdre les prochaines élections parce qu'il est constamment en mode défensif. C'est paradoxal pour un parti d'opposition, ne trouvez-vous pas?

Mise à la retraite: excellent article du Devoir

Mme Marois a défendu sa décision de pousser à la retraite des milliers d'employés de l'État, dont des enseignants.

Jean-Robert Sansfaçon réplique à cette dernière dans un texte des plus clairs. En voici un longextrait pour vous montrer qu'en plus de créer des pénuries de personnel dans l'appareil gouvernemental, cette décision fut un échec budgétaire.



Rappelons les faits: quelques semaines après le référendum, en janvier 1996, Lucien Bouchard succède à Jacques Parizeau comme premier ministre et convoque un sommet des partenaires sociaux pour septembre suivant. La conclusion centrale de ce sommet, c'est qu'il faut s'attaquer au déficit chronique qui afflige les finances du Québec. Quelques mois plus tard, M. Bouchard menace d'adopter une loi d'exception si les négociations n'aboutissent pas à la récupération de 6 % de la masse salariale des employés de l'État.


Une entente intervient in extremis: les salaires ne seront pas réduits, mais on puisera 1,6 milliard dans les surplus de la caisse de retraite, la moitié prise à même les contributions de l'employeur, l'autre dans celles des syndiqués. Grâce à cette cagnotte, on pourra réduire de 16 500 le nombre de fonctionnaires à qui on offre de prendre une retraite immédiate, sans pénalité.


Le programme est si populaire -- 33 000 personnes acceptent l'offre -- que ce ne sont pas 800 millions que l'État devra payer, mais... 2,3 milliards, en plus des 800 millions de la partie syndicale, selon les chiffres du vérificateur général. Et comme Québec n'a pas cette somme, il l'ajoutera à sa dette à long terme. En d'autres mots, les contribuables paient encore aujourd'hui au moins 150 millions par année pour un programme de départs volontaires aux conséquences majeures sur le réseau de la santé.


Contrairement aux prétentions du gouvernement d'alors, les mises à la retraite n'ont pas permis de réduire le nombre d'employés et la masse salariale sur une base permanente. Ainsi, alors que l'on affirmait que les départs allaient faire économiser 900 millions par année de façon récurrente, le vérificateur général en est arrivé à la conclusion que les économies réelles n'ont été que de 553 millions la première année, 435 millions la deuxième année et 371 millions par la suite. Au total: 10 milliards de moins que les prévisions à long terme! Et la cerise sur le sundae: à peine 6200 des postes abandonnés par leurs titulaires en 1997-1998 n'avaient pas été remplacés seulement deux ans plus tard, alors qu'on visait l'objectif de 16 500!


Aux 1500 médecins qui ont quitté le navire, on a offert jusqu'à 300 000 $. Le programme ne devait causer aucune pénurie, nulle part au Québec. Pourtant, dès l'année suivante on implorait les «jeunes» retraités de reprendre le collier à coup de primes d'exception.

Dans sa réponse aux journalistes, dimanche, Mme Marois a soutenu sans en démordre que le gouvernement n'avait pas le choix. Faux! Si la plupart des Québécois étaient d'accord avec l'objectif du déficit nul, rien n'obligeait Québec à devancer d'une année son propre plan d'action. L'Ontario a agi différemment et a aussi atteint le déficit zéro quelque temps plus tard. En outre, il y avait le choix des moyens: un programme ciblé aux seuls employés en trop dans les hôpitaux fermés, par exemple, comme au fédéral où 45 000 salariés sont partis en douceur, aurait été beaucoup plus approprié. Même l'ancien premier ministre Lucien Bouchard a reconnu son erreur, comme M. Charest s'est empressé de le rappeler.


Que s'est-il passé dimanche dernier pour que Mme Marois adopte un point de vue contraire au bon sens? Voilà qui est de mauvais augure pour le reste de cette campagne déjà difficile pour le Parti québécois.

17 novembre 2008

Ah! nos politiciens... (ajout)

Au tour de Mme Marois de parler de réduction de la taille des groupes. Au rythme ou l'on fait ce genre de promesses, on enseignera bientôt à des classes vides!
En passant, Mme Marois est revenue sur sa position quant à l'enseignement de l'anglais. On se souviendra du tollé qu'elle avait soulevé lorsqu'elle avait proposé d'enseigner l'histoire en anglais. Mais vous jugerez du sérieux de la chose : Mme Marois propose maintenant (ici et ici) de réenseigner en anglais ce qui aura été vu en français auparavant. Me semble que les élèves vont aimer ça, le radotage. Le Devoir précise que «...cet enseignement de certaines matières se fera en anglais seulement si les élèves possèdent déjà les compétences minimales en français.» Compétences minimales comme dans pas beaucoup?
Et puis, l'anglais dans tout cela, on l'enseigne quand, lui?
Dans la même veine, Mme Marois s'est exprimé sur le départ à la retraite de milliers de médecins et d'infirmières du réseau de la santé il y a dix ans. Et les 8 000 enseignants, eux, à qui on a consenti des conditions avantageuses pour quitter le réseau de l'éducation, personne n'en parle. C'est bizarre qu'en ces temps de pénurie de personnel enseignant, personne ne voit le lien... C'est vrai qu'on ne meurt pas d'une pénurie de profs dans les écoles. on devient simplement moins bien instruit... Ça ne compte pas.
C'est un peu comme M. Charest qui offre des primes de 3 000$ aux futures infirmières et de 8 000$ à celles qui retardent la prise de leur retraite : «On veut alléger le fardeau des infirmière en attirant davantage de nouvelles infirmières et en améliorant leur vie au quotidien.» Ai-je choisi le mauvais métier traditionnellement féminin, moi, là?

16 novembre 2008

À vos ciseaux, les enfants!

Parait-il qu'il y aurait un exhibitionniste qui s'amuserait à montrer son zizi à des élèves de la région de Montréal.

Certains jours, décidément, je suis pour la castration à froid. J'ai alors des airs de prof Mailloux.

Je vais remettre les deux ou trois paires de ciseaux que j'ai confisquées à mes élèves. Qui sait, peut-être en feront-ils bon usage?

PS: J'ai choisi une illustration fort à propos. Vieux et rouillés, les ciseaux. Si le connard au zizi ne meurt pas au bout de son sang, il restera le thétanos...

15 novembre 2008

Loi 142: je me souveins

Dans toute cette campagne électorale non désirée, ce qui m'horripile le plus est de voir comment il est facile pour nos politiciens de promettre des projets qui coûtent des millions.

Comme j'ai de la mémoire, je me rappelle qu'on a gelé ma paie pour quatre années parce que le gouvernement québécois n'avait soi-disant pas les moyens de nous payer. On se demande pourquoi on manque de profs. Parce que le salaire ne suit pas, parce que les conditions de travail se dégradent tout comme nos écoles, parce qu'on manque d'argent et que celui existant est mal géré.

Si vous pensez que les profs sont des chialeux, je peux vous rappeler aussi, si vous n'êtes pas un enseignant, la hausse des tarifs d'électricité, des frais d'immatriculation, etc.

Et attendez après l'élection des Libéraux comment il va nous passer à la casserole, notre petit Jean Charest.
D'abord l'économie oui! On est mieux d'avoir des économies si vous voulez mon avis.

Les CP se font attendre...

Une des promesses de Mme Courchesne dans le cadre de son plan sur le français a été d'augmenter le nombre de conseillers pédagogiques spécialisés dans cette matière. Cette mesure les ramène en quelque sorte au niveau d'avant les coupures et les fusions des commissions scolaires.

Tout d'abord, chez nous, les CP ont été embauchés en novembre. On voit la rapidité de l'appareil scolaire... Mais le plus rigolo est qu'ils ne sont même pas en poste! En effet, il s'agit de profs pour lesquels on ne trouve pas de remplaçant. Impossible pour eux d'entrer dans leurs nouvelles fonctions avant qu'on ne leur ait trouvé un remplaçant.

Chez nous, on a embauché des profs d'expérience, mais dans certaines CS, on m'a signalé que ceux-ci étaient plutôt verts. Il ne sera pas facile pour eux de se faire valoir.

13 novembre 2008

Toujours à propos de l'irréalisme de nos décideurs (ajout)

Marie Allard publie un texte intéressant ce matin dans La Presse ou elle questionne l'annonce de la ministre Courchesne de réduire le nombre d'élèves par classe de 10 pour cent. Aux points qu'elle soulève, j'ajouterais un autre élément.

Faisons un peu de mathématique. Réduire de 10% la taille des groupes revient à diminuer ceux-ci de deux à trois élèves environ. Pour que cette mesure soit applicable, il faudrait donc qu'il y ait au moins 10 groupes d'un même niveau à réduire par école pour ouvrir une nouvelle classe. 10 groupes! On y parviendra peut-être dans une polyvalente de 2 000 élèves mais, dans la majorité des écoles du Québec, on comprendra que cette mesure ne pourra entrainer pratiquement l'ouverture de nouveaux groupes. Les directions d'école ne créeront quand même pas des groupes de 12 ou de 15 élèves! Elles n'ont pas les marges financières pour le faire.

Le nombre d'élèves par classe ne peut donc pas diminuer. En fait, les seules choses qui augmenteront seront les classes en dépassement (à cause de la réduction du nombre d'élèves) et un peu le salaire des profs (à cause des primes de dépassment).
On aurait mieux fait de consacrer ces sommes à l'embauche de personnel de soutien aux enseignants, quant à moi.
Ajout
Il ya aussi d'autres facteurs en prendre en compte.
Premièrement, la notion d'école de quartier. Un parent inscrit son enfant dans l'école de son quartier. Il faut qu'il soit d'accord ou de mautadites bonnes raisons pour faire voyager un jeune par autobus scolaire ailleurs.
À cet égard, on fait quoi en région avec les élèves? Un jeune de Matane en débordement ira à Rimouski pour combler une classe? Si on voyageait aussi aisément les enfants que certains le pensent de façon à obtenir des classes pleines partout, il n'y aurait pas actuellement de problème de débordement.
Or, les classes débordent parce que c'est rentable pour une école. Ça coûte moins cher 20 jeunes en débordement qu'embaucher un nouveau prof. Ça coûte moins cher 200 jeunes en débordement dans chaque école secondaire d'une commission scolaire que de construire une nouvelle école. Le problème est là.Regardez les chiffres. Chez nous, tout déborde au secondaire. Ça fait dix ans qu'on nous promet une baisse de clientèle...

12 novembre 2008

Un manque de logique

Québec entend embaucher 2 400 nouveaux profs pour diminuer le nombre d'élèves par classe, peut-on lire dans La Presse aujourd'hui. La mesure est louable mais totalement irréaliste. J'ai toujours cru, pour l'avoir rencontrée, que la ministre Courchesne était consciente des difficultés de notre métier, mais il lui manque parfois une vue d'ensemble des problèmes qui assaillent le réseau de l'éducation
Quelqu'un peut-il rappeler au MELS et à la ministre que nous sommes actuellement en pénurie d'enseignants? Que peu de personnes seront tentées de cumuler et un emploi exigeant et une maitrise en même temps? Déjà, des collègues ne travaillent plus à temps complet parce que la tâche est trop exigeante. D'autres quittent même avant leur retraite tellement ils n'en peuvent plus. Ce phénomène du départ hâtif d'enseignants est d'ailleurs peu couvert par les journalistes et peu documenté. Le MELS lui-même n'avait pu me fournir de chiffres à cet effet.
Désolé, mais c'est par l'amélioration des conditions de travail actuelles (locaux propres, bureaux décents, nombre d'heures travaillées réduit, salaire augmenté) qu'on réussira à retenir des enseignants et à attirer des nouveaux candidats.
Cette mesure - une promesse politique dont on peut douter puisqu'elle est faite à l'aube d'une récession qu'on dit majeure - sera un coup d'épée dans l'eau, quant à moi.

10 novembre 2008

Autre lieu, mêmes problèmes...

Quelques extraits d'un excellent texte de Daphné Dion-Viens dans Le Soleil ce matin. Dites-moi que cette situation ne ressemble pas à celle que vous connaissez.
En deux ans seulement, le nombre d'élèves ayant des troubles d'apprentissage a presque doublé,
... ils ne reçoivent pas les services auxquels ils auraient droit.
«Présentement, les services sont quasi inexistants, dit-il. Les profs sont démunis, ça alourdit considérablement la tâche dans la classe. Il y a un grand manque de formation.»
«Il y a cinq ans, les élèves en difficulté d'apprentissage, c'était un phénomène très rare. Maintenant, ça explose littéralement. On n'a jamais eu autant d'appels d'enseignants qui craquent et qui ne savent pas quoi faire avec ces jeunes.»
«Les dossiers ne suivent pas, dit M. Bérubé. On a encore beaucoup de chemin à faire là-dessus.»
On a décidé que l'embauche d'un orthopédagogue était la meilleure façon de répondre à ce problème», affirme la directrice des ressources humaines, Nicole Laflamme. La présidente de l'Association des orthopédagogues du Québec, Lise Bibaud, confirme la tendance. «Mais ça commence lentement, dit-elle. La machine est grosse et ça prend du temps avant de dégager des budgets.»
Petit détail: on parle de cégeps devant accueillir de plus en plus d'élèves en difficulté.

Un Halloween hypersexualisé

Safwan raconte dans un de ses billets qu'un de ses collègues s'est costumé en sado-maso cette année. Dans une veine similaire de sexualisation de notre société, chez nous, plusieurs élèves se sont déguisés em pimps et en putes.

Dans le cas de ces dernière, il était parfois difficile de voir la différence avec leurs vêtements de fin de semaine, selon certains commentaires. Le phénomène est à ce point préoccupant que la direction de mon école songe à encadrer les costumes permis l'année prochaine lors de cette fête.


On en est rendu là...

01 novembre 2008

Halloween: la suite

J'ai eu beaucoup de plaisir à lire les commentaires que vous avez laissés et certains m'ont fait longuement réfléchir.

Tout d'abord, l'Halloween est une fête sociale, ancrée depuis longtemps dans la tradition, même si elle a été importée et a des relents de consommation aigüe.

Au primaire et dans les premières années du secondaire, elle permet aux jeunes de se retrouver en groupes d'amis. On passe rarement l'Halloween seul, à ce que je sache. À l'extérieur des grands centres, l'école est souvent l'unique endroit ou un jeune retrouvera tous ses amis, distance et autobus scolaire obligent. Fêter l'Halloween à l'école est donc un incontournable si l'on pense en terme de socialisation.

Pour les élèves plus vieux, cette fête a moins de sens: on ne se costume plus, on ne va qu'à la danse et on se gèle la bette. Bof!

Ensuite, l'Halloween est associée directement aux bonbons. Les morts et les méchants esprits qui viennent hanter la nuit, on s'en balance un peu. On se déguise, on s'amuse et on récolte!

Il fut un temps ou elle constituait la seule occasion de l'année (avec Pâque!) pour un jeune de se gaver allégrement de cochonneries. On allait de porte en porte ramasser ce que nos parents n'avaient parfois ni les moyens ni le goût de nous donner. On travaillait fort pour obtenir qui un sac de croustilles qui un chocolat. C'était avant notre époque ou les gamins doivent obligatoirement tout avoir.

En ce sens, oui, le ramassage de nananes a un caractère moins précieux. Je me rappelle mes retours de collectes nocturnes ou je m'émerveillais devant mon sac rempli de Rocket, de gommes, de sucettes rouges et autres friandises tout aussi rares chez moi.

Mais voilà, les nananes n'ont plus la cote avec le discours des nutritionnellement corrects. Elles constituent de la malbouffe qu'on doit interdire dans nos écoles. À ce sujet, deux réflexions.

N'est-il pas hypocrite de bannir de nos écoles un produit en vente libre que tous les parents ou presque achètent à leur enfant? Un produit qu'on retrouve au dépanneur d'en face? L'école doit-elle être un lieu ou le seul lieu social de vertu alimentaire?

Oui mais, diront certains, l'école a des obligations éducatives. Or, pour moi, éduquer, ce n'est pas interdire mais informer, sensibliser, conscientiser. Interdire rime avec abrutir. Et quand on va jusqu'à saisir les bonbons qu'un jeune apporte avec lui en classe, on est véritablement bête et abruti. Comme le souligne Bibco, c'est si facile d'interdire pour une CS.

Rien, dans la politique du MELS, n,indique qu'on doive saisir les bonbons et les lunchs des jeunes, à ce que je sache! Cette politique concerne la bouffe offerte par les écoles, point à la ligne.

«Tout est dans la mesure», a écrit Laurence et, comme le souligne le stagiaire, on «pousse le bouchon un peu loin». Il ne s'agit pas de noyer les jeunes sous une couche de friandises quand même! Si un jeune se rend malade à manger des sucreries, le problème, c'est avant le jeune!

Transformer la fête de l'Halloween en fête de l'automne pour des raisons religieuses est une aberration sociale. Noël va être la fête de l'hiver, Päque, celle du printemps et ainsi de suite? Allez dans certains pays et proposez de transformer le Ramadan, par exemple, en fête du solstice de Pluton et vous verrez la réaction!

L'Halloween est une fête célébrée dans tout le Québec. La travestir pour des raisons religieuses est une façôn de créer un ghetto montréalais et de couper des individus d'une réalité québécoise, d'une réalité propre à notre jeunesse.

Peut-on amener nos gamins à être plus conscients des effets néfastes des sucreries sur leur santé? Non seulement il le faut mais on le doit. Mais est-ce en interdisant qu'on y parviendra? Je ne crois pas. Diversifier ls produits offerts, proposer des choix santé, pourquoi pas? Il faut savoir faire preuve d'imagination, ce que bien des gestionnaires ne semblent pas avoir.

À ce sujet, je termine ce texte avec un article qui illustre bien ce qu'on peut faire avec l'Halloween quand on a un peu d'esprit.

«Le village de Saint-Mathieu-du-Parc, en Mauricie, a de nouveau été bouclé par les autorités, hier soir, précisément un an après les événements qui avaient nécessité la mise en quarantaine de la municipalité en raison du comportement étrange de plusieurs citoyens.

Les trois accès routiers au village ont été fermés par la Sûreté du Québec et l'armée. Chaque véhicule a été soigneusement décontaminé pour empêcher la propagation du virus qu'on croit être à l'origine des changements de comportements observés.Comme l'an dernier, les enfants du village ont été épargnés, le virus n'ayant semble-t-il aucun effet sur eux. C'est d'ailleurs grâce à eux si le village a retrouvé une vie normale aujourd'hui, les jeunes ayant été d'un précieux secours aux Hommes en blanc, dépêchés sur place pour tenter d'éradiquer le mal qui menaçait de s'étendre aux villes avoisinantes et, pire encore, à la planète...

Vous aurez compris qu'il s'agissait du scénario proposé aux enfants pour l'Halloween à Saint-Mathieu-du-Parc. Comme l'an dernier, ceux-ci sont passés d'une maison à l'autre pour faire la collecte de bonbons, mais aussi pour recueillir des informations permettant de sauver les adultes du village. Encore une fois, ces derniers se sont prêtés au jeu en se costumant et en adoptant des comportements bizarres.»

Cinq profs de maternelle en deux mois

Voilà le titre d'un article de Marie Allard dans La Presse à propos d'une situation déplorable. Voici maintenant ce qui ne fera pas la manchette.

Laissez-moi vous parler d'une école de ma région qui connaitra trois directeurs en plus de cinq ans. Trois! Belle exemple de stabilité! Surtout que deux ont quitté en pleine année scolaire!

Si celle-ci réussit à se maintenir parmi les meilleures de sa CS, croyez-vous qu'elle le doive à une équipe gestion qui a aussi connu des adjoints à répétition ou à ses enseignants qui tentent de tenir le fort?

Chaque directeur et adjoint a amené avec lui une nouvelle philosophie, une nouvelle façon de faire, une volonté de laisser sa marque à sa manière. Certains croyaient à l'informatique, un voulait fermer la médiathèque... Et quant aux adjoints, ils ont tous commencé par vouloir être à l'écoute des élèves et les comprendre afin de réaliser que, dans une école de 2 000 élèves, il faut davantage être incisif que tolérant.

Pour les profs,chaque changement de garde représente de l'insécurité quant à sa tâche, un changement de procédure administrative, un nouvel esprit d'école. Chaque changement représente aussi le fait qu'ils doivent, dans le cas des bons enseignants, refaire leurs preuves parce que le gestionnaire nouvellement arrivé ne le connait pas. Pendant un temps trop long et contreproductif, un prof dévoué et travaillant va être traité sur le même pied qu'un cabochon avec un brevet. Quelle perte de temps et d'énergie!

Et puis, quelle crédibilité ont ces nouveaux venus qui débarquent dans une équipe d'enseignants parfois tissée serrée et qui tentent d'imposer leur autorité alors qu'ils n savent même pas ou sont certains locaux et ne connaissent pas l'historique de certains dossiers? Ils sont alors des gestionnaires à la petite semaine.

Les directions d'école devraient signer un contrat de cinq ans avec une clause de non échange... Mais oubliez cela: on est en pénurie de directeurs chez nous. On recrute (débauche) même à Montréal! Et plusieurs de ceux qui travaillent comme directeurs ont un plan de carrière très établi ou chaque école est une marche vers un poste plus élevé.

Me fais-je des idées mais, au privé, on retrouve moins cette instabilité?

28 octobre 2008

L''Halloween sans bonbons

Tenez-vous bien: dans les écoles de certaines CS, on va fêter sans bonbons. Ben oui, les ayatollahs du sucre et de la friandise s'apprêtent à interdire les nananes en cette journée de fête dans nos écoles.

Il faut être logique: si on a été jusqu'à mettre les distributrices du personnel offrant des cochonneries dehors, ce n'est pas pour permettre aux gamins de se bourrer l'estomac de produits nocifs pour la santé en ce jour de fête quand même!

La commission scolaires des Samarres va même interdire aux gamins d'apporter leurs propres bonbons. C'est drôle, je pensais que les politiques alimentaires adoptées par les CS à l'instigation de Québec ne concernaient que la malbouffe fournie par les cafétéria ou les écoles. Mais laissez un centimètre à des facistes de la pensée et ils prennent un mètre.

Ça me rappelle une anecdote d'une élève dont le prof du primaire avait saisi les bonbons dans sa boite à lunch pour ensuite les manger, croyant être à l'abri du regard des élèves...

Pendant qu'ils se drapent dans la vertu alimentaire, n'oubliez pas que nos décideurs scolaires mangent et boivent à nos frais au restaurant des produits qui sont loin d'être santé. Mais de cela, qui en parle? On voit les priorités de certains. Il me semble que nos écoles ont des problèmes bien plus importants sur les bras, non?

À quand le contrôle systématique des boites à lunch? À quand le détecteur de malbouffe dans nos écoles? À quand les barbelés et les miradors pour empêcher les élèves d'aller à la Belle Pro d'en face?

Moi, mes bonbons sont prêts. Pis, que je ne vois pas un directeur venir m'interdire de les donner. Il y a une limite à la bêtise.


http://lcn.canoe.ca/lcn/infos/regional/archives/2008/10/20081028-072937.html

25 octobre 2008

Un décrocheur, ça coûte cher! Et la mauvaise gestion, elle?

Un demi-million, voilà le coût auquel est parvenu l'économiste Pierre Fortin quand on parle de ce que coûte un décrocheur à la société québécoise. Je vous fais grâce des calculs. Toute cette opération mathématique a pour but de légitimer le fait que l'on doive investir davantage en éducation. «Ça nous donne la dimension de la mine à exploiter. Ça vaut la peine d'investir dans l'éducation», croit M. Fortin, en entrevue au Soleil.

Au risque de paraitre iconoclaste, moi, je n'ai pas envie qu'on investisse davantage en éducation. Pourquoi? Parce que le fric ne se rendra pas dans ma classe. ce sera surtout du gaspillage, comme d'habitude. C'est aussi simple que cela. Il se perdra avant. Dans le confort et les avantages de ceux qui auront à le gérer.

Si on demandait à une firme comptable d'étudier les dépenses des CS et des écoles, elle constaterait des choses intéressantes. Par exemple, chez nous, le budget mobilier a surtout été consacré à renouveler les bureaux de la direction. Jusqu'à l'année dernière, le budget peinture a servi à rafraichir les bureaux de la direction, des professionnels et des secrétaires. Les toilettes de notre siège social se sont encore refait une beauté alors que celle de mon école date de 40 ans.

Il y a aussi les comptes de dépenses. Chaque directeur et adjoint a un cellulaire payé par la CS, soir et fin de semaine inclus. D'après vous, en font-ils un usage personnel? Et je ne parle pas des frais de déplacement qui sont toujours calculés comme si l'essence valait 1,50$ le litre... Certains gestionnaires de l'éducation paient leur voiture à force de se déplacer.

Et puis, il y a eu les mauvaises décisions administratives. Un seul exemple à 100$ l'exemplaire. Avec la réforme, les écoles ont dû renouveler les manuels destinés aux jeunes. Quelque $16 000 de manuels inutiles dorment dans un local de mon école pour un cours qu'on ne donne pas. De même, en français, on a dû adopter la politique ministérielle «un élève, un manuel». Il a fallu choisir à la hâte parmi des manuels de qualité moyenne conçus en vitesse sinon on perdait la subvention ministérielle. Résultat: les profs ont acheté des manuels qu'ils n'utilisent plus ou si rarement que cet achat a été un très mauvais investissement. Pendant ce temps, je manque toujours dictionnaires dans ma classe, mais j'ai de beaux manuels tout neufs et quasi inutilisés.

Pensez-vous au mauvais quart d'heure que passerait l'enseignant qui dénoncerait une telle situation publiquement? Davantage de fric en éducation? Non! Davantage une meilleure gestion s'il vous plait.

http://www.cyberpresse.ca/actualites/quebec-canada/education/200810/25/01-32800-un-decrocheur-coute-500-000-a-la-societe.php

24 octobre 2008

Les incohérences pétrolières

Tiens, le prix du baril de pétrole n'a jamais été si bas. Pourtant, je regarde à la station au coin de chez moi et il n'y a pas grand chose de changer.

Ça se peut-tu qu'on se fasse fourrer d'aplomb?

Excuse-le.

http://argent.canoe.com/lca/infos/quebec/archives/2008/10/20081024-183532.html

Les profs sont malades!

On parle beaucoup dans Le Journal de Montréal du fait que les enseignants prennent plus de jours de maladies que jamais. On ne peut nier les chiffres. Pour ma part, la plupart des jours que j'ai pris à être malades ont servi à corriger à la maison. Spécial, hein?

Une chose qu'on omet de préciser cependant, c'est que les profs ont le réflexe de prendre leurs journées de maladie parce que, il me semble, elles ne sont plus cumulatives comme elles le furent jadis. Il n'y a plus d'incitatif financier à ne pas les prendre, je crois. C'est à vérifier. Si vous avez de l'info à ce sujet, n'hésitez pas!

En passant, pas fort la réaction du MELS quant à ces chiffres: si la tâche des professeurs augmente, le nombre d'enseignant augmente également. Ouins, pis? On est juste davantage à rusher, c'est tout.

http://www.canoe.com/infos/quebeccanada/archives/2008/10/20081024-051300.html

22 octobre 2008

Pénurie des profs et formation: incohérence!

Excellent ce texte de Mme Allard qui résume bien le parcours de certains collègues qui ne pourront jamais être des nôtres finalement: «Profs sans permis dans un cul-de-sac».
À propos des profs ayant obtenu des autorisations provisoires pour enseigner, la journaliste indique «tous les gens qui les ont reçues ont dû s'engager à faire une formation en pédagogie. Or, bien des cours et stages ne se font que de jour, ce qui est incompatible avec le métier de prof.»
Elle cite l'exemple de Karyne Gamelin qui devra donc abandonner son travail d'enseignante payant et reconnu pour aller effectuer des stages bénévoles. De façon absurde, cette femme est assez compétente pour enseigner aux yeux proches d'une direction d'école tout en ne l'étant aux yeux lointains du MELS et des universités. Pire encore, elle côtoie fort possiblement des collègues moins scolarisés qu'elle!
Quant à la formation qui lui manquerait, notamment des stages, je ne comprends pas qu'on ne puisse pas reconnaitre son expérience de travail comme étant une formation pertinente. Je traiterai un jour de la formation en enseignement, mais vous me permettrez de vous dire que la pratique sur le terrain avec de bons collègues vaut bien des cours dits universitaires.
Bien sûr, les universités se défendent d'être des empêcheuses de tourner en rond. «Il faut faire des sacrifices», affirme Spencer Boudreau, vice-doyen à la faculté d'éducation de McGill. Il faudrait peut-être intelligent aussi et voir un peu plus loin que sa propre chapelle.
Le commentaire de Marc Turgeon, doyen de la faculté des sciences de l'éducation de l'UQAM est, à cet égard, très éclairant: «On jette facilement la pierre aux universités. Comment se fait-il que l'employeur n'organise pas le contrat ou l'horaire de ces personnes pour faciliter la formation si on les apprécie?» Que propose-t-il? Qu'elles enseignent à leurs élèves le soir, la fin de semaine, l'été?
Devant une pénurie d'enseignants qui dure depuis plus dix ans et que même les universités ont sous-estimée, il est du devoir des institutions universitaires de favoriser la formation de nouveaux enseignants. Or, elles se traînent la mentablement les pieds, quant à moi.
L'UQAM et l'UdeM offriront en janvier une maitrise menant au brevet d'enseignement pour les futurs profs de français, de maths et de sciences et technologie. Treize ans après les départs massifs à la retraite du plan Bouchard. Treize ans pour une maitrise qui rate en partie sa cible en formant des profs en français (peu de postes vacants) et pas en anglais, par exemple. L'Université de Sherbrooke a fait un peu mieux en offrant une maitrise similaire entièrement par Internet.
Mais encore une fois, on remarquera l'incohérence de notre beau système d'éducation: comprenez-vous comment on peut permettre à un aspirant prof de maths d'obtenir son brevet d'enseignement en ligne et sans stage de l'Université de Sherbrooke alors que Mme Gamelin devra se farcir tout le tralala si elle veut enseigner un jour? Moi pas.

20 octobre 2008

Une maitresse d'école

Loin de moi l'idée de vouloir partir une chicane, mais la lecture de cette lettre dans Le Devoir m'a surtout convaincu du fait qu'on connait peu ce qui se passe dans les autres classes, les autres écoles, les autres niveaux d'enseignement.

Ainsi, dans ce texte, Yves Waddell réfléchit à la condition des enseignantes du primaire et déplore les faits suivants.

Plus qu'enseigner

Tout d'abord, que la tâche au primaire comprend plus que l'enseignement: «J'ai la même formation universitaire que mes collègues, j'ai même une maîtrise en enseignement, mais, contrairement à eux, je ne fais pas qu'enseigner.»

Désolé, mais je ne fais pas qu'enseigner, moi aussi. Ma tâche n'est pas entièrement consacrée à des activités pédagogiques et d'enseignement.

La tâche absurde que ma direction m'a demandé de remplir peut comprendre de la récupération individuelle, la participation à des comités, la surveillance de locaux et de corridors, des activités parascolaires, des sorties éducatives et j'en passe! Même que ma direction m'a récemment souligné que j'étais responsable de la propreté des pupitres de ma classe et m'a suggéré de demander des produits de nettoyage aux concierges! Rien de moins.

Maintenant enseignant de première secondaire, je laisse même dans ma classe le kit du parfait petit infirmier et une traditionnelle boite de mouchoir pour les nez qui coulent. Comme je n'ai qu'un local de classe, j'ai le bonheur de pouvoir le décorer à ma guise, mais je dois me transformer en préposé à l'audiovisuel quand je veux une télé ou un ordi dans mon local.

Et je ne parle pas aussi de ces élèves de cinquième que j'ai connues et qui avaient besoin de mon écoute parce qu'enceintes ou violentées.

L'univers des enseignants du secondaire reste souvent, lui aussi, «calqué sur l'univers des femmes à la maison» et cela, même si je suis un homme.

Des espaces prévus pour les enseignants

M. Waddell souligne ensuite que les enseignants du primaire sont aliénés en quelque sorte parce qu'ils sont confinés à leur classe et qu'on ne prévoit pas pour eux de véritable bureau de travail.

J'invite ce dernier à venir dans mon école. Les espaces de travail des enseignants sont souvent des locaux de classe dans lesquels on entasse jusqu'à une trentaine de bureaux de profs. Impossible de penser, de lire ou de travailler dans ce lieu. Impossible aussi d'avoir tout son matériel sous la main. Les lieux sont trop exigus.

À tort ou à raison, mes collègues envient les enseignants du primaire avec leur classe et leur 32 élèves. Une d'entre elles a eu cette année un horaire comprenant 4 préparations de cours différentes, 6 locaux différents situés sur trois étages et près de 200 élèves. Méchant marathon en perspective!

Du temps de travail reconnu

M. Waddell ajoute: «Tous les professionnels des autres ordres d'enseignement ont des temps bien définis dans leur horaire pour planifier, corriger, rencontrer les étudiants ou leurs collègues. C'est reconnu. Et nécessaire. Mais, semble-t-il, pas au primaire.»

La réalité est semblable au secondaire, convention collective et réalité scolaire oblige.

Si je suis d'accord avec M. Waddell quant au fait qu'on considère à tort l'enseignement primaire comme un ordre mineur, on ne l'élèvera pas en le comparant incorrectement avec les autres ordres d'enseignement, notamment le secondaire.

Car c'est tant l'éducation primaire et secondaire qui en est réduit à du gardiennage aujourd'hui. La tâche de l'enseignant et les programmes qu'il doit enseigner sont devenus des fourre-tout qui nient presque la notion d'éduquer et d'instruire nos jeunes.

L'enseignant est devenu un concierge, un infirmier, un psychologue, un travail social, un travailleur humanitaire, un vendeur de gogosses pour ramasser des fonds, un amuseur public pour les élèves blasés, un travailleur syndiqué qu'on malmène souvent allégrement avec mépris et j'en passe.

18 octobre 2008

Le MELS et les fautes!

Je fais écho à ce billet de Bibco ou elle relève que la lettre que la ministre Courchesne a envoyée aux parents pour la rentrée scolaire contenait une erreur d'orthographe d'usage! Ah oui: parmi les sujets abordés dans la missive ministérielle, l'on retrouvait la qualité du français.
Ça me rappelle la fois ou la grille de correction du MELS pour l'épreuve de production écrite de cinquième secondaire contenait une faute. Y'a pas à dire...

17 octobre 2008

Initiation à la bibliothèque! (ajout)

Un petit jeu tout simple pour initier vos élèves à la bibliothèque de votre école. Vous avez besoin:
  • d'un préposé à la bibliothèque qui aime son boulot:
  • d'une boîte remplie d'objets hétéroclites (bougie, verre, animaux en plastique divers, etc.);
  • une feuille et un crayon;
  • un sac de bonbons;
  • des élèves regroupés en équipes de quatre membres;
  • un prof qui sait compter.
Les élèves sont réunis en cercle dans la bibliothèque. Le préposé sympathique en profite pour expliquer le fonctionnement du service de prêt, les différentes publications disponibles, etc. C'est la partie On plogue les infors importantes. Ensuite, il énonce les règles du jeu.

Celles-ci sont assez simples: chaque équipe pige un objet dans la boite magique et doit ramener à l'enseignant un livre rattaché directement à l'objet qu'elle a pigé. Dans ce cas, elle mérite trois points. Par exemple: si l'objet pigé est un camion, l'équipe doit ramener un livre sur les camions. Si le livre est indirectement relié à l'objet, elle mérite un point. Par exemple, un livre dont le titre seul est relié au monde des camions. L'enseignant, qui tient le compte des points, est le seul juge en la matière.

L'objet pigé et le livre ramené sont conservés par l'enseignant qui attribue un nouvel objet à chaque équipe et ainsi de suite jusqu'à la fin du jeu (une trentaine de minutes environ).

Le préposé peut aider les équipes à bien se retrouver dans la médiathèque et leur faire des suggetsions de recherche. On renforce ainsi son rôle, celui d'AIDER les élèves justement.

Il appartient à l'enseignant de déterminer quelles équipes pourront piger dans le sac de bonbons à la fin du jeu: les trois premières, par exemple. On peut aussi remettre des bonbons à chaque équipe en laissant les première choisir en premier.

Honnêtement, ce petit jeu que j'ai essayé à trois reprises cette semaine s'est avéré un vif succés. La participation des élèves a été incroyable et respectueuse.

Trois mises en garde cependant. La première est de bien préciser aux élèves de replacer correctement les livres lors de leurs recherches ou de les déposer sur les chariots prévus à cet effet. La seconde est de s'assurer d'avoir des objets de nature diversifiée et différents. La troisième est que vous devez être conscient que vous enfreignez la politique alimentaire de votre CS en distribuant des bonbons aux élèves. Vive la délinquance!
S'il ne vous est pas possible d'avoir des objets comme ce fut le cas ici, vous pouvez toujours utiliser des cartes plastifiées avec des images des objets que vous trouverez sur Internet.
Avantages: pas besoin de chercher des objets et plus de facileté pour illustrer certaines idées. Désavantages: l'objet a un pouvoir évocateur plus puissant et je crois que les élèves seront plus stimulés par celui-ci que par une image.
À vous de choisir!

14 octobre 2008

La loi de la gravité en classe

Un des premiers chocs avec mes nouveaux élèves est de constater à quel point la loi de la gravité semble s'appliquer tout particulièrement à leur matériel scolaire en classe.

Qu'un crayon, qu'une efface, qu'une trousse complète, irrésistiblement attiré par cette force que Newton a découverte il y a des lustres, tombe sur le plancher semble un phénomène inévitable. Une fois passe toujours, mais aujourd'hui l'incident gravitationnel est survenu une dizaine de fois avec un groupe!

J'ai discuté avec un collègue expérimenté à propos de ce phénomène physique et il m'a expliqué que celui-ci s'estomperait vers le mois de mars. Jamais je ne saurais attendre jusque-là sans devenir fou. Déjà, j'ai mis en branle l'opération «On ne sort que le matériel nécessaire et on ferme sa trousse». On verra bien.

Des suggestions pour lutter contre cette force maléfique? J'espère que vous mesurez la gravité de cette situation qui installe une atmosphère pesante dans mes cours.

Les maudits dossiers d'élèves

Cette année, j'enseigne en première secondaire. J'ai donc des élèves tout frais sortis du primaire. Qui dit nouvel élève dit nouveau dossier.

Il faut savoir qu'un élève qui réussit son primaire perd automatiquement la plupart de ses cotes qui nous indiquent ses difficultés. Dans un monde utopique, il a réussi, donc il n'a pas vraiment de problème.

C'est avec le temps qu'on découvre donc les difficultés des jeunes devant nous. Un temps précieux et irrémédiablement perdu.

Prenons le cas de Martin. Il a un déficit d'attention et il est dyslexique. Je ne suis informé de rien. C'est parce que son père est un collègue que je le sais. D'ailleurs, le dossier de Martin n'existe plus au primaire et il n'est pas non plus à son école secondaire. Perdu. Quelque part. Des centaines de dollars en évaluations externes.

Heureusement que le papa a gardé des copies de tous les documents. Heureusement que papa travaille dans une école et encore plus heureusement qu'il s'agit de l'école de son fils.

Prenons un autre cas: celui de Marco. Hyperactif à attacher sur sa chaise. S'il ne prend pas sa médication matin et midi, il peut marcher au plafond. J'exagère à peine: je l'ai vu en crise. On aurait un possédé par le vaudou!

Marco est attachant (...) et très intelligent, mais il a des caractéristiques dont je dois tenir compte. Or, je n'ai été informé de rien. C'est sa mère, qui travaille à mon école, qui m'a mis au courant de la situation de son fils.

Je ne sais pas ailleurs mais, chez nous, le suivi primaire-secondaire oblige les enseignants à des éternels recommencements. Comme si on avait du temps à perdre.

Si, en santé, on vivait une situation similaire, on hurlerait au meurtre. En éducation, ce n'est pas grave. Les gamins n'en meurent pas.

Les idéaux de la ministre (suite)

Autres points sur les volontés ministérielles quant au français abordées en réunion à mon école avec mes collègues et l'adjoint responsable du français. Celles-ci sont basées sur les recommandations du rapport Ouellon, on s'en rappellera.

Écrire un texte par semaine

Quelle longueur? Qui corrigera les 128 copies d'élèves? Et surtout, ce texte s'inscrit dans quel continuum logique d'enseignement?

On peut bien sûr favoriser la dictée et la correction par un pair. Mais pourquoi tout cela? Pour rassurer les parents? Parce que ça parait bien politiquement? Pour montrer qu'on écrit à l'école? Pour améliorer la qualité du français comme si les enseignants ne s'en préoccupaient pas déjà? La ministre, je n'en doute pas, est pleine de bonnes intentions. L'enfer aussi.

Une période quotidienne de lecture

Lire quoi? Dans quel but? Comment évalue-t-on les apprentissages des élèves? Et dans quel continuum logique d'enseignement s'inscrit cette période de lecture lecture? Enfin, on fait quoi avec les enfants qui n'ont pas de français à l'horaire telle journée?

Tout comme pour l'écriture, il s'agit d'une mesure difficilement applicable au secondaire. Nous n'en avons strictement pas parlé. Pas important? Pas une priorité?

Je ne crois pas que ma direction veut se mêler de la pédagogie des profs. Du moins, pas encore.

Formation continue des enseignants

Eh oui! Lorsque nous avons eu cette rencontre avec un adjoint sur les volontés ministérielles, c'est sur ce point que celui-ci a insisté. Il a parlé du fait que nous avions une obligation LÉGALE de nous doter d'un plan de formation continue en français.

Après maintes recherches, je n'ai rien trouvé là-dessus. Je l'ai donc invité à appuyer ses prétentions avec des preuves. J'attends toujours...

La qualité du français dans les autres matières

Autre point de discussion: comment évaluer la qualité du français dans les matières autres que le français? Qui va évaluer? Comment?

Un collègue a abordé la notion de projet interdisciplinaire. Le reste du groupe s'est quelque peu braqué. Parmi les réticences que j'ai senties, je note:
  • On manque de temps pour voir le programme.
  • L'ajout d'un projet réduirait le temps et constituerait un ajout à la tâche parce que ce sont évidemment les profs de français qui se farciraient la correction.
  • Les profs de français seraient perdants, car il s'agit pas d'un véritable échange. Qu'est-ce que le prof d'univers social apportera à ma matière, par exemple?

Pour la direction, cette façon de faire permettrait de résoudre le fameux problèmes des compétences transversales. On pourrait ainsi évaluer si l'élève communique correctement. Ou plutôt, le prof de français pourrait évaluer si l'élève communique correctement.

Ajout à la tâche? Redoublement en fait de la mesure d'un objectif déjà mesuré en quelque sorte en français? Encore une fois, une mesure plus facile à appliquer au primaire. Plus facile ne voulant pas dire facilement applicable...

11 octobre 2008

Les idéaux de la ministre Courchesne et la réalité

Mes élèves ont ramené à la maison une lettre de la ministre Courchesne dans laquelle elle expliquait à leurs parents que leurs enfants bénéficient maintenant d'une plage-horaire quotidienne réservée à la lecture à l'école, rédigent un texte par semaine et ont le bonheur de connaitre les joies de la dictée.

Cependant, mes élèves ne font rien de cela. Je ne les fais pas écrire. Ils lisent à la maison. Souvent. Mais pas en classe. En classe, j'enseigne et on travaille dur.

Pour l'instant, n'en déplaise à la ministre, je leur apprends à maitriser les classes et les rôles des mots et groupes de mots dans une phrase. Des choses comme trouver un verbe, identifier un sujet ou un complément direct. Impossible de leur parler d'écriture s'ils connaissent rien de la grammaire et de son fonctionnement de base.

Je ne blâme personne. Pas les profs du primaire. Pas les gamins. Je m'intéresse plutôt à ce que je peux faire avec eux pour qu'ils s'améliorent, pour qu'ils comprennent l'acte d'écrire.

On est à la première marche et certains trouvent cela difficile. C'est normal. Et ils ne savent pas à quel point je les trouve braves.

Je trouve cela difficile aussi. Il faut garder leur attention, les stimuler, les encourager, mimer des classes de mots et j'en passe. Et puis, je déteste les classes et rôles. C'est comme faire des gammes alors que j'ai envie de jouer de la musique!

Ah oui! au fait: je les ai fait rédiger un texte une fois. Celui-ci portait sur l'importe de bien lire et bien écrire. La plupart sont bourrés d'erreurs. Dans un mois, ils le corrigeront avant de me le remettre à nouveau. À ce moment, ils verront pourquoi ils n'ont pas écrit tout de suite en début d'année.

N'en déplaise à la ministre, je n'ai pas envie de corriger de la schnoute, de faire des dictées avec des explications que la moitié de mes groupes ne comprendront pas.

Aller en classe quand tu ne comprends rien et que tu ne peux rien apprendre, ça démotive. Apprendre, c'est stimulant quant on comprend. Encore faut-il avoir les connaissances nécessaires. C'est là que j'en suis rendu avec eux.
Malgré la lettre de la ministre, je fais ce qui me semble nécessaire pour la réussite des jeunes qui me sont confiés. C'est ce que j'appelle de l'autonomie professionnelle.